Pourquoi est-ce important ?
Au vu des plus de 65 millions de personnes contraintes au déplacement de par le monde et 130 millions de personnes dépendantes de l’aide humanitaire, il est urgent d’améliorer la cohérence entre actions humanitaires et de développement, et de resserrer la coopération entre ces deux types d’aide afin de créer des solutions durables sur le long terme, comprenant des opportunités de subsistance pour les populations affectées par les crises.
Mettre les différents systèmes de protection sociale à niveau constitue l’une des principales stratégies à suivre pour renforcer la résilience des populations vulnérables.
La protection sociale pourrait être définie, de manière générale, comme un ensemble de politiques et actions renforçant les capacités de tous, mais plus particulièrement des catégories de population pauvres et vulnérables, pour sortir de la pauvreté (ou ne pas y entrer) et mieux gérer les risques et les chocs. En contexte de crise ou de choc, les interventions de protection sociale contribuent, en premier lieu, à répondre aux besoins immédiats et à réduire la mortalité et la souffrance humaine.
Bien que l’établissement de systèmes de protection sociale soit traditionnellement du ressort des acteurs du développement, la communauté humanitaire peut aussi jouer un rôle important dans l’alignement de la complémentarité de ces efforts, lorsque cela s’aère conforme à ses principes. L’utilisation de plus en plus fréquente d’une assistance en espèces dans le cadre des réponses humanitaires s’accorde bien avec l’utilisation de filets de sécurité et l’approche générale de la protection sociale, en particulier en contexte urbain.
On distingue trois types de situations où lier protection sociale et action humanitaire peut contribuer à combler ce qu’on appelle communément le ‘fossé entre aide humanitaire et développement’ :
- Fragilité extrême et crises prolongées : L’action humanitaire peut constituer une fenêtre d’opportunités suscitant l’investissement dans le développement des filets de sécurité naissants. L’aide à plus long terme, dans ce genre de situation, consiste à transférer les cas de dépendance chronique à l’aide humanitaire dans les systèmes de protection sociale.
- Gérer les catastrophes différemment : Étant une composante des cadres gouvernementaux de réponse aux catastrophes et crises, la protection sociale a le potentiel de contribuer au renforcement capacitaire des personnes, des foyers, des communautés et même des États – de sorte que ces différents acteurs soient en mesure de résister aux effets néfastes des chocs qu’ils subissent – tout en promouvant une gestion plus durable des ressources.
- Déplacements forcés : La protection sociale peut devenir la pierre angulaire de toute stratégie de réponse aux déplacements forcés – souvent durables -, que ces derniers concernent des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays ou réfugiées dans un autre pays.
En quoi consiste notre aide ?
Ces dernières années ont été riches en exemples de complémentarité entre les interventions de protection sociale et les interventions d’aide humanitaire, dans des pays comme l’Éthiopie avec la création d’un système de sécurité sociale évolutif pour les personnes en situation d’insécurité alimentaire, ou encore la Turquie avec le Plan d’aide sociale d’urgence, un système d’assistance par carte unique ayant pour mission de permettre à 1,3 million de réfugiés de couvrir leurs besoins fondamentaux. Au Lesotho et au Malawi, l’UE œuvre au renforcement de la conception des systèmes de protection sociale déjà existants afin de les rendre plus résistants aux chocs, renforçant de la sorte les capacités locales de réaction précoce et réduisant les besoins d’interventions humanitaires externes. Les systèmes de protection sociale ont aussi joué un important rôle dans la réponse apportée à la crise de 2016 liée à El Niño.
Les 28 et 29 septembre 2017, la première Conférence internationale sur la protection sociale a été organisée à Bruxelles par l’UNICEF, avec un co-financement de la Commission européenne. La conférence a réuni des praticiens issus d’institutions humanitaires et de développement, y compris des représentants des gouvernements des pays hôtes, des universitaires et des représentants d’organismes de la société civile. Elle a examiné les façons dont les systèmes de protection sociale peuvent contribuer à une réponse aux crises efficace, dans des contextes fragiles et de déplacements forcés. Pour aider à l’opérationnalisation du continuum humanitaire-développement, la conférence a aussi mis en avant quelles étaient les opportunités pour l’aide humanitaire de soit s’appuyer sur et développer les systèmes de protection sociale déjà existants, soit contribuer à en créer. Le document final de la conférence est disponible ici.
Dernière mise à jour: 12/01/2018