Introduction
Le Tchad est un des pays les plus pauvres au monde en raison de son faible développement, de la disponibilité très limitée des services sociaux de base et de l’exposition aux risques climatiques et environnementaux.
La situation humanitaire est complexe, les besoins importants. La population vulnérable du pays souffre principalement des conséquences des déplacements forcés, de la violence intercommunautaire, de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, des inondations et des sécheresses.
Depuis mi-avril 2023, les conséquences de la crise soudanaise affectent l’est du pays. Le Tchad connaît lui aussi une crise durable et complexe dans la province du lac Tchad et une crise alimentaire et nutritionnelle aiguë touche le Sahel (Barh El Gazel et Kanem).
L’aide humanitaire de l’UE propose, entre autres, une protection et une aide multisectorielle pour les populations déplacées de force, des traitements vitaux pour les enfants dénutris, une aide alimentaire et la réduction des risques environnementaux.
Quels sont les besoins ?
Le Tchad est confronté à des crises humanitaires étroitement liées d’origine naturelle et humaine.
En 2024, quelque 6 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire.
Avant le début de la crise soudanaise, le Tchad accueillait déjà un des plus grands nombres de réfugiés d’Afrique de l’ouest et centrale. Avec près de 850 000 nouveaux arrivants dans l’est du pays, depuis début avril 2023 la population contrainte au déplacement dépasse désormais 1,5 million de personnes, dont plus d’un million sont des réfugiés soudanais.
En 2024, 1,7 million d’enfants de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë. 523 000 d’entre eux souffrent de malnutrition aiguë sévère, la forme la plus grave qui soit de sous-alimentation chez les enfants.
Pendant la période de soudure de 2024, le Tchad connaît une augmentation inquiétante de l’insécurité alimentaire aiguë, en hausse de 170 % par rapport à la moyenne de la période comprise entre 2018 et 2023 et en hausse de 80 % par rapport à la même saison de l’année précédente. Près de 3,8 millions de personnes devrait avoir besoin d’une aide alimentaire d’urgence (phase 3+ de l’IPC) entre juin et août 2024. 420 000 d’entre elles sont des réfugiés et des rapatriés qui se trouvent dans l’est du Tchad.
Les violences et conflits sévissant dans les pays voisins ont causé un afflux croissant de réfugiés et de demandeurs d’asile. En raison du manque de ressources et d’infrastructures, les capacités d’aide aux déplacés sont limitées.
Depuis 2015, le bassin du lac Tchad est le théâtre d’attaques menées par des groupes armés non-étatiques qui ont provoqué d’importants déplacements de population à l’intérieur du pays et au-delà des frontières. L’accès aux ressources naturelles est aussi à l’origine de conflits intercommunautaires.
Dans l’est du Tchad, la crise est considérée comme durable car les nouveaux arrivants se retrouvent bloqués dans la région et sans ressources. Cette situation met encore plus à rude épreuve une population déjà extrêmement pauvre et augmente encore le risque de voir la situation se dégrader. Au total, 589 000 individus enregistrés en tant que réfugiés sont présents dans la région, dont 49 % sont hébergés dans différents camps situés plus à l’intérieur des terres (chaque camp accueillant entre 40 000 et 50 000 personnes). Un sixième camp a été ouvert à Dougui pour accueillir les réfugiés encore bloqués dans la ville frontalière d’Adré. D’autres sites sont nécessaires pour accueillir les réfugiés qui continuent de franchir la frontière. L’afflux de réfugiés à mis à mal le système de santé déjà extrêmement fragile du pays. Il est donc urgent d’intensifier l’aide médicale et humanitaire apportée.
Le Tchad est également sujet aux catastrophes naturelles. Chaque année, des centaines de milliers de personnes sont affectées par les inondations et doivent être déplacées et recevoir une aide spécifique sous la forme d’un hébergement, de nourriture, d’eau et d’un assainissement.
En quoi consiste notre aide ?
L’UE est l’un des principaux bailleurs de fonds humanitaires du Tchad. Jusqu’à présent, en 2024, l’UE a augmenté son financement qui dépasse désormais les € 62,9 millions d’aide humanitaire pour prêter assistance aux plus vulnérables dans le pays.
Crise soudanaise
Au lendemain de la crise soudanaise, l’UE a presque doublé son aide humanitaire au Tchad en 2023.
Pour renforcer sa réponse, l’UE a aussi mobilisé ses ressources dans le cadre de la Capacité d’intervention humanitaire européenne (EHRC).
- Le 31 mai 2023, l’UE a mis en place un pont aérien humanitaire (EUHAB) vers le Tchad pour livrer plus de 450 tonnes d’articles de première nécessité aux partenaires venant en aide aux personnes déplacées venues du Soudan (5 vols organisés au total).
- En collaboration avec les autorités locales, l’UE a remis en état une piste d’atterrissage dans la ville d’Adré.
- En partenariat avec HI/Atlas Logistique, l’UE a mis en place un réseau logistique à Adré afin de pouvoir stocker et acheminer les fournitures humanitaires. En juin 2024, l’UE a organisé un point aérien humanitaire constitué de 5 vols, qui a permis d’acheminer 271 tonnes de matériel médical et d’abris jusqu’aux partenaires humanitaires présents sur le terrain.
- En 2023 et en 2024, l’UE a provisoirement déployé un hélicoptère, en partenariat avec le service aérien humanitaire des Nations unies dans l’est du Tchad pour atteindre les zones difficilement accessibles durant la saison des pluies (EU HAF).
De plus, en avril 2024, l’UE a organisé, en collaboration avec la France et l’Allemagne, la Conférence humanitaire internationale pour le Soudan et les pays voisins. La manifestations avait pour but de rappeler au monde entier qu’une crise frappe le Soudan et la région, d’améliorer l’accès humanitaire et le respect du droit international humanitaire et de mobiliser des fonds. € 8,7 millions ont ainsi été mobilisés pour le Tchad.
Le pays a dû faire face cette année à un pic dans l’épidémie d’hépatite E qui s'est propagée dans un environnement sanitaire à haut risque en raison des conditions de vie extrêmement précaires dans lesquelles vivent les réfugiés dans les camps surpeuplés et les populations hôtes dans les villages. Face à cette situation, l'UE a aussi alloué € 800 000 issus de l’Outil de réponse aux épidémies, un instrument mis en place pour répondre aux crises soudaines et qui permet de débloquer rapidement des fonds. Ce financement est destiné aux activités visant à réduire les risques de contamination, à apporter une réponse médicale immédiate et à améliorer la réponse dans le secteur WASH.
Réponse aux besoins humanitaires
L’aide humanitaire de l'UE allouée pour faire face à la crise des réfugiés a servi à satisfaire les besoins les plus urgents des populations réfugiées arrivant dans le pays dans des situations extrêmement précaires (pour la plupart des femmes et des enfants), et ceux des populations d'accueil. Le but est d’améliorer leur résilience et de financer des activités encourageant la coexistence pacifique entre les communautés et de créer des liens entre les actions de développement, les opérations humanitaires et les actions en faveur de la paix.
L’aide humanitaire de l’UE a aussi permis de continuer de répondre aux besoins humanitaires engendrés par le conflit dans la région du lac Tchad.
Nous avons fourni (i) une aide alimentaire et nutritionnelle, (ii) une protection des communautés dans le besoin, (iii) un accès à l’eau, à l’assainissement et aux services d’hygiène, (iv) des soins médicaux, (v) des hébergements, (vi) une éducation et une réponse multisectorielle rapide (RRM).
Face aux crises alimentaires et nutritionnelles, l’UE a financé l’aide sous forme de transferts d’espèces, de coupons, de rations alimentaires pour les familles, ainsi que d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi et de médicaments essentiels pour traiter les enfants souffrant de malnutrition sévère.
Dès que c’est nécessaire, l’UE apporte une réponse rapide aux nouvelles crises tout en s’attachant à diminuer les risques de catastrophe afin de réduire la vulnérabilité des populations aux futures crises.
L’UE finance aussi le service aérien humanitaire des Nations unies (UNHAS) au Tchad. Ce service aide les organisations humanitaires à atteindre les personnes dans le besoin se trouvant dans des zones reculées ou difficiles d’accès.
Dernière mise à jour : 20/09/2024
Faits et chiffres
Les chiffres indiqués pour l’afflux de réfugiés et de rapatriés évoluent en permanence et sont sujets à modification.
6 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire.
Plus de 1,5 million de personnes contraintes au déplacement à l’intérieur du pays, dont :
- Plus de 640 000 nouveaux Soudanais (de nouveaux arrivants viennent encore augmenter ce chiffre suite à la crise)
- Plus de 138 000 réfugiés en provenance de République centrafricaine
- Plus de 11 000 réfugiés camerounais
- Plus de 21 500 réfugiés nigérians
- Plus de 219 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays
- Près de 78 000 Tchadiens rentrés de RCA
- Plus de 213 000 Tchadiens rentrés du Soudan
- 17 000 Tchadiens rentrés de la province du lac Tchad
Aide humanitaire de l’UE :
€ 62,9 millions alloués en 2024
Plus de € 56 millions en 2023