ISSN 1977-0936

Journal officiel

de l'Union européenne

C 58

European flag  

Édition de langue française

Communications et informations

61e année
15 février 2018


Numéro d'information

Sommaire

page

 

 

PARLEMENT EUROPÉEN
SESSION 2016-2017
Séances du 11 au 14 avril 2016
Le procès-verbal de cette session a été publié dans le JO C 181 du 8.6.2017 .
TEXTES ADOPTÉS

1


 

I   Résolutions, recommandations et avis

 

RÉSOLUTIONS

 

Parlement européen

 

Mardi 12 avril 2016

2018/C 58/01

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 sur les aspects relatifs à la pêche dans le cadre de l'accord international sur la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale, Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (2015/2109(INI))

2

2018/C 58/02

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 sur la situation en Méditerranée et sur la nécessité d'une approche globale des migrations de la part de l'Union européenne (2015/2095(INI))

9

2018/C 58/03

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 sur les rapports annuels 2012-2013 sur la subsidiarité et la proportionnalité (2014/2252(INI))

33

2018/C 58/04

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 sur le programme pour une réglementation affûtée et performante (REFIT): situation actuelle et perspectives (2014/2150(INI))

39

2018/C 58/05

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016Vers une meilleure réglementation du marché intérieur (2015/2089(INI))

48

2018/C 58/06

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 Apprendre l'Union européenne à l'école (2015/2138(INI))

57

2018/C 58/07

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 sur le programme Erasmus+ et d'autres outils de promotion de la mobilité dans le cadre de l'enseignement et de la formation professionnels: une approche d'apprentissage tout au long de la vie (2015/2257(INI))

65

2018/C 58/08

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 sur le rôle de l'Union dans le cadre des institutions et organes internationaux dans le domaine financier, monétaire et réglementaire (2015/2060(INI))

76

2018/C 58/09

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 sur l'innovation et la diversification de la petite pêche côtière dans les régions dépendantes de la pêche (2015/2090(INI))

82

2018/C 58/10

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 sur des règles communes en vue de l'application de la dimension extérieure de la PCP, y compris des accords de pêche (2015/2091(INI))

93

 

Mercredi 13 avril 2016

2018/C 58/11

Résolution du Parlement européen du 13 avril 2016 sur le projet de règlement d'exécution de la Commission portant renouvellement de l'approbation de la substance active glyphosate, conformément au règlement (CE) no 1107/2009 du Parlement européen et du Conseil concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques, et modifiant l'annexe du règlement d'exécution (UE) no 540/2011 (D044281/01 — 2016/2624(RSP))

102

2018/C 58/12

Résolution du Parlement européen du 13 avril 2016 sur l'Union européenne dans un environnement mondial en mutation — un monde plus connecté, plus contesté et plus complexe (2015/2272(INI))

109

2018/C 58/13

Résolution du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la mise en œuvre et la révision de la stratégie de l'UE pour l'Asie centrale (2015/2220(INI))

119

2018/C 58/14

Résolution du Parlement européen du 13 avril 2016 sur l'épidémie du virus Zika (2016/2584(RSP))

142

2018/C 58/15

Résolution du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la situation en Pologne (2015/3031(RSP))

148

 

Jeudi 14 avril 2016

2018/C 58/16

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 sur le Pakistan, en particulier sur l'attentat de Lahore (2016/2644(RSP))

151

2018/C 58/17

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 sur la situation des défenseurs des droits de l'homme au Honduras (2016/2648(RSP))

155

2018/C 58/18

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 sur le Nigeria (2016/2649(RSP))

159

2018/C 58/19

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 sur le rapport 2015 sur la Turquie (2015/2898(RSP))

164

2018/C 58/20

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 sur le rapport 2015 relatif à l'Albanie (2015/2896(RSP))

175

2018/C 58/21

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 sur le rapport 2015 concernant la Bosnie-Herzégovine (2015/2897(RSP))

182

2018/C 58/22

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 intitulé Remplir l'objectif de lutte contre la pauvreté dans le contexte de l'augmentation des coûts des ménages (2015/2223(INI))

192

2018/C 58/23

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 sur le secteur privé et le développement (2014/2205(INI))

209


 

II   Communications

 

COMMUNICATIONS PROVENANT DES INSTITUTIONS, ORGANES ET ORGANISMES DE L’UNION EUROPÉENNE

 

Parlement européen

 

Mardi 12 avril 2016

2018/C 58/24

Décision du Parlement européen du 12 avril 2016 sur la demande de levée de l'immunité de Hermann Winkler (2016/2000(IMM))

223


 

III   Actes préparatoires

 

PARLEMENT EUROPÉEN

 

Mardi 12 avril 2016

2018/C 58/25

P8_TA(2016)0094
Produits originaires de certains États ACP ***I
Résolution législative du Parlement européen du 12 avril 2016 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil appliquant aux produits originaires de certains États appartenant au groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) les régimes prévus dans les accords établissant ou conduisant à établir des accords de partenariats économiques (refonte) (COM(2015)0282 — C8-0154/2015 — 2015/0128(COD))
P8_TC1-COD(2015)0128
Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 12 avril 2016 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2016/… du Parlement européen et du Conseil appliquant aux produits originaires de certains États appartenant au groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) les régimes prévus dans les accords établissant ou conduisant à établir des accords de partenariats économiques (refonte)

225

2018/C 58/26

Résolution législative du Parlement européen du 12 avril 2016 sur le projet de décision du Conseil relative à la conclusion au nom de l'Union européenne du protocole fixant les possibilités de pêche et la contrepartie financière prévues dans l'accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre la Communauté européenne, d'une part, et le gouvernement du Danemark et le gouvernement autonome du Groenland, d'autre part (11634/2015 — C8-0377/2015 — 2015/0152(NLE))

227

2018/C 58/27

Résolution législative du Parlement européen du 12 avril 2016 sur le projet de décision du Conseil relative à la conclusion de l'accord entre l'Union européenne et le gouvernement de la région administrative spéciale de Macao de la République populaire de Chine sur certains aspects des services aériens (05255/2014 — C8-0040/2015 — 2012/0015(NLE))

228

2018/C 58/28

Résolution législative du Parlement européen du 12 avril 2016 sur la proposition de directive du Conseil modifiant la directive 2006/112/CE relative au système commun de taxe sur la valeur ajoutée en ce qui concerne la durée de l'obligation de respecter un taux normal minimal (COM(2015)0646 — C8-0009/2016 — 2015/0296(CNS))

229

2018/C 58/29

Résolution législative du Parlement européen du 12 avril 2016 sur le projet de décision d'exécution du Conseil portant approbation de la conclusion, par l’Office européen de police (Europol), de l'accord sur la coopération stratégique entre la République fédérative du Brésil et Europol (13980/2015 — C8-0010/2016 — 2016/0801(CNS))

230

2018/C 58/30

P8_TA(2016)0101
Animaux reproducteurs et leurs produits germinaux ***I
Résolution législative du Parlement européen du 12 avril 2016 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif aux conditions zootechniques et généalogiques applicables aux échanges et aux importations dans l'Union d'animaux reproducteurs et de leurs produits germinaux (COM(2014)0005 — C7-0032/2014 — 2014/0032(COD))
P8_TC1-COD(2014)0032
Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 12 avril 2016 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2016/… du Parlement européen et du Conseil relatif aux conditions zootechniques et généalogiques applicables à l'élevage, aux échanges et à l'entrée dans l'Union de reproducteurs de race pure, de reproducteurs porcins hybrides et de leurs produits germinaux et modifiant le règlement (UE) no 652/2014 et les directives du Conseil 89/608/CEE et 90/425/CEE, et abrogeant certains actes dans le domaine de l'élevage d'animaux (règlement relatif à l'élevage d'animaux)

231

 

Mercredi 13 avril 2016

2018/C 58/31

Résolution du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil relative à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (demande de la Suède — EGF/2015/009 SE/Volvo Trucks) (COM(2016)0061 — C8-0033/2016 — 2016/2022(BUD))

232

2018/C 58/32

Résolution du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil relative à la mobilisation du Fonds européen d’ajustement à la mondialisation (EGF/2016/000 TA 2016 — Assistance technique sur l’initiative de la Commission) (COM(2016)0078 — C8-0095/2016 — 2016/2025(BUD))

237

2018/C 58/33

Résolution du Parlement européen du 13 avril 2016 relative à la position du Conseil sur le projet de budget rectificatif no 1/2016 de l'Union européenne pour l'exercice 2016, nouvel instrument destiné à fournir une aide d'urgence au sein de l'Union (07068/2016 — C8-0122/2016 — 2016/2037(BUD))

242

2018/C 58/34

Décision du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la nomination proposée de Samo Jereb comme membre de la Cour des comptes (C8-0025/2016 — 2016/0804(NLE))

245

2018/C 58/35

Décision du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la nomination proposée de Mihails Kozlovs comme membre de la Cour des comptes (C8-0411/2015 — 2015/0814(NLE))

246

2018/C 58/36

Décision du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la nomination proposée de Jan Gregor comme membre de la Cour des comptes (C8-0412/2015 — 2015/0815(NLE))

247

2018/C 58/37

Décision du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la nomination proposée de Ladislav Balko comme membre de la Cour des comptes (C8-0413/2015 — 2015/0816(NLE))

248

2018/C 58/38

Décision du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la nomination proposée de Janusz Wojciechowski comme membre de la Cour des comptes (C8-0414/2015 — 2015/0817(NLE))

249

 

Jeudi 14 avril 2016

2018/C 58/39

Décision du Parlement européen de ne pas faire objection au règlement délégué de la Commission du 5 avril 2016 rectifiant le règlement délégué (UE) 2015/2446 de la Commission complétant le règlement (UE) no 952/2013 du Parlement européen et du Conseil au sujet des modalités de certaines dispositions du code des douanes de l'Union (C(2016)01934 — 2016/2639(DEA))

250

2018/C 58/40

Résolution législative du Parlement européen du 14 avril 2016 sur la position du Conseil en première lecture en vue de l'adoption du règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données, et abrogeant la directive 95/46/CE (règlement général sur la protection des données) (05419/1/2016 — C8-0140/2016 — 2012/0011(COD))

252

2018/C 58/41

Résolution législative du Parlement européen du 14 avril 2016 sur la position du Conseil en première lecture en vue de l'adoption de la directive du Parlement européen et du Conseil relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel par les autorités compétentes à des fins de prévention et de détection des infractions pénales, d'enquêtes et de poursuites en la matière ou d'exécution de sanctions pénales, et à la libre circulation de ces données, et abrogeant la décision-cadre 2008/977/JAI du Conseil (05418/1/2016 — C8-0139/2016 — 2012/0010(COD))

253

2018/C 58/42

P8_TA(2016)0127
Utilisation des données des dossiers passagers (UE-PNR) ***I
Résolution législative du Parlement européen du 14 avril 2016 sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil relative à l'utilisation des données des dossiers passagers pour la prévention et la détection des infractions terroristes et des formes graves de criminalité, ainsi que pour les enquêtes et les poursuites en la matière (COM(2011)0032 — C7-0039/2011 — 2011/0023(COD))
P8_TC1-COD(2011)0023
Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 14 avril 2016 en vue de l’adoption de la directive (UE) 2016/… du Parlement européen et du Conseil relative à l'utilisation des données des dossiers passagers (PNR) pour la prévention et la détection des infractions terroristes et des formes graves de criminalité, ainsi que pour les enquêtes et les poursuites en la matière

254

2018/C 58/43

P8_TA(2016)0131
Protection des secrets d'affaires contre l'obtention, l'utilisation et la divulgation illicites ***I
Résolution législative du Parlement européen du 14 avril 2016 sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil sur la protection des savoir-faire et des informations commerciales non divulgués (secrets d'affaires) contre l'obtention, l'utilisation et la divulgation illicites (COM(2013)0813 — C7-0431/2013 — 2013/0402(COD))
P8_TC1-COD(2013)0402
Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 14 avril 2016 en vue de l’adoption de la directive (UE) 2016/… du Parlement européen et du Conseil sur la protection des savoir-faire et des informations commerciales non divulgués (secrets d'affaires) contre l'obtention, l'utilisation et la divulgation illicites

256

2018/C 58/44

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 sur l'état prévisionnel des recettes et des dépenses du Parlement européen pour l'exercice 2017 (2016/2019(BUD))

257


Légende des signes utilisés

*

Procédure de consultation

***

Procédure d'approbation

***I

Procédure législative ordinaire (première lecture)

***II

Procédure législative ordinaire (deuxième lecture)

***III

Procédure législative ordinaire (troisième lecture)

(La procédure indiquée est fondée sur la base juridique proposée par le projet d'acte.)

Amendements du Parlement:

Les parties de texte nouvelles sont indiquées en italiques gras . Les parties de texte supprimées sont indiquées par le symbole ▌ ou barrées. Les remplacements sont signalés en indiquant en italiques gras le texte nouveau et en effaçant ou en barrant le texte remplacé.

FR

 


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/1


PARLEMENT EUROPÉEN

SESSION 2016-2017

Séances du 11 au 14 avril 2016

Le procès-verbal de cette session a été publié dans le JO C 181 du 8.6.2017.

TEXTES ADOPTÉS

 


I Résolutions, recommandations et avis

RÉSOLUTIONS

Parlement européen

Mardi 12 avril 2016

15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/2


P8_TA(2016)0100

Convention des Nations unies sur le droit de la mer: aspects relatifs à la pêche

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 sur les aspects relatifs à la pêche dans le cadre de l'accord international sur la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale, Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (2015/2109(INI))

(2018/C 058/01)

Le Parlement européen,

vu la convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) et ses deux accords d'application, l'accord relatif à l'application de la partie XI de la convention et l'accord des Nations unies sur les stocks de poissons,

vu la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies sur l'élaboration d'un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la convention des Nations unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale,

vu le document final de la conférence des Nations unies sur le développement durable, qui s'est tenue à Rio de Janeiro en 2012, document intitulé «L'avenir que nous voulons»,

vu les rapports du groupe de travail spécial officieux à composition non limitée des Nations unies,

vu la convention sur la diversité biologique (CDB) et les objectifs d'Aichi pour la diversité adoptés par les parties à la CDB et en particulier les objectifs 6, 10 et 11,

vu les critères scientifiques et les éléments d'orientation des Açores pour le recensement des zones marines d'importance écologique ou biologique et la création de réseaux représentatifs d'aires marines protégées en haute mer et dans les habitats situés en eau profonde, adoptés par la CDB et publiés en 2009,

vu le processus de la CDB pour l'identification des zones marines d'importance écologique ou biologique (ZIEB), qui a déjà permis d'identifier 204 zones répondant aux critères établis, dont un grand nombre se trouve dans des zones situées au-delà de la juridiction nationale,

vu que, si des ZIEB ont déjà été identifiées dans le sud de l'océan Indien, dans le Pacifique oriental tropical et tempéré, dans le Pacifique Nord, dans l'Atlantique Sud-Est, dans l'Arctique, dans l'Atlantique Nord-Ouest, dans la Méditerranée, dans le Pacifique Sud-Est, dans l'ensemble des Caraïbes et dans l'Atlantique central oriental, les autres régions ne sont pas encore couvertes,

vu la déclaration de Rio sur l'environnement et le développement, l'Action 21, le programme relatif à la poursuite de la mise en œuvre d'Action 21, le plan de mise en œuvre du sommet mondial pour le développement durable (déclaration de Johannesburg sur le développement durable et plan de mise en œuvre),

vu le code de conduite de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) pour une pêche responsable, adopté en octobre 1995 par la Conférence de la FAO, et les instruments qui y sont associés, notamment l'accord de 1995 visant à favoriser le respect par les navires de pêche en haute mer des mesures internationales de conservation et de gestion,

vu le programme de développement durable à l'horizon 2030 des Nations unies (résolution A/RES/70/1 de l'Assemblée générale des Nations unies, adoptée en 2015), ainsi que l'objectif de développement durable 14 qui vise à conserver et à exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable,

vu l'objectif 14 du programme de développement durable des Nations unies,

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission de la pêche (A8-0042/2016),

A.

considérant que les mers recouvrent 71 % de la surface de la Terre et contiennent 97 % des eaux de la planète; qu'elles abritent une part considérable de la biodiversité mondiale, dont une grande partie reste à découvrir;

B.

considérant qu'environ 64 % des mers, notamment la haute mer et les grands fonds marins, sont des zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale des États et sont régies par le droit international;

C.

considérant que les océans jouent un rôle réel dans nombre des systèmes de la Terre, y compris le climat et les conditions météorologiques, et qu'ils sont le théâtre où se déploie un large éventail d'activités humaines, notamment dans les domaines de la pêche, de l'énergie, des transports et du commerce;

D.

considérant que moins de 1 % des zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale sont protégées par la mise en place de zones maritimes protégées et que dans la vaste majorité des régions océaniques, il n'existe aucun cadre de gestion ayant pour mandat légal d'établir des zones maritimes protégées;

E.

considérant que la préservation et la conservation de la diversité biologique marine sont une préoccupation commune pour toute l'humanité, et qu'il convient de les traiter comme telle;

F.

considérant que le maintien d'habitats marins sains et de stocks halieutiques durables est essentiel à la viabilité de la pêche à long terme;

G.

considérant que les écosystèmes protégés représentaient, en 2014, 15,2 % des terres et 8,4 % seulement des zones marines dans le monde;

H.

considérant que le changement climatique et l'acidification aggravent les effets néfastes de la surexploitation, de la pollution, des déchets marins et de la destruction des habitats et des écosystèmes marins;

I.

considérant que le document final de la Conférence des Nations unies sur le développement durable organisée à Rio de Janeiro en 2012, document intitulé «L'avenir que nous voulons», souligne que la protection et la gestion des ressources naturelles sur lesquelles repose le développement économique et social sont à la fois les objectifs premiers et les préalables indispensables du développement durable;

J.

considérant que les mers et les océans ont un potentiel de croissance bleue qui reste largement inexploité, par exemple dans les domaines des énergies renouvelables et des produits pharmaceutiques, et qui peut aussi être considéré comme une piste de développement valable pour les pays qui sont aujourd'hui en voie de développement; que le développement maritime et son potentiel de croissance bleue ont pour prérequis le développement de la connaissance des espèces marines et du milieu marin, de sa bathymétrie, ainsi que la cartographie des écosystèmes vulnérables marins;

K.

considérant que la conservation de la biodiversité marine et son exploitation durable sont directement liées au développement durable à long terme et revêtent, dès lors, une importance sociale, économique et environnementale pour l'ensemble des pays et des territoires;

L.

considérant que le cadre juridique existant relatif aux zones situées au-delà de la juridiction nationale, élaboré il y a plus de 30 ans sur la base du principe de la liberté de la haute mer, doit être davantage développé afin de promouvoir la conservation et l'exploitation durable de la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale;

M.

considérant que les activités développées dans le milieu marin se sont multipliées au cours des dernières décennies; que nous sommes conscients des dynamiques qui se jouent entre les différentes activités menées en haute mer et de leurs effets sur la biodiversité marine;

N.

considérant que nous sommes conscients des interactions entre les différentes activités menées en haute mer et de leurs effets cumulés, et que ces activités ont une incidence sur la biodiversité marine;

O.

considérant qu'en 2004, l'Assemblée générale des Nations unies a mis en place le groupe de travail spécial officieux à composition non limitée dans le but d'étudier et d'analyser la conservation et l'exploitation durable de la biodiversité marine au-delà des zones de juridiction nationale;

P.

considérant qu'en 2011, le groupe de travail a recommandé d'amorcer un processus qui permettrait d'identifier les lacunes et les perspectives envisageables, notamment l'élaboration éventuelle d'un accord multilatéral au titre de la CNUDM, et qu'il a souligné que ce processus devrait traiter l'ensemble des questions liées aux ressources génétiques marines (dont celles relatives au partage des bénéfices) et aux mesures comme les outils de gestion par zone (y compris les zones marines protégées), les méthodes d'évaluation des incidences sur l'environnement, le renforcement des capacités et le transfert de technologies marines;

Q.

considérant que la synthèse des coprésidents du groupe de travail de 2011 a reconnu l'existence d'un écart entre le processus scientifique de description des zones d'importance écologique ou biologique et le recensement ou la désignation de telles zones en réalité, étant donné qu'aucune enceinte internationale ne disposait alors d'un mandat formel et que les forums régionaux et sectoriels existants se trouvaient confrontés, pour ce faire, à des problèmes de légitimité;

R.

considérant que la synthèse des coprésidents du groupe de travail de 2011 contient une reconnaissance générale des limites et des défauts du statu quo;

S.

considérant que, dans le document final de la conférence Rio+20, en juin 2012, les chefs d'État ou de gouvernement se sont engagés à examiner d'urgence, en s'appuyant sur les travaux du groupe de travail et avant la fin de la 69e session de l'Assemblée générale des Nations unies, la question de la conservation et de l'exploitation durable de la biodiversité marine au-delà des zones de juridiction nationale, y compris en statuant sur la question de l'élaboration d'un instrument international au titre de la convention sur le droit de la mer;

T.

considérant que la pêche, tant à elle seule que combinée au changement climatique, à la pollution marine ou à d'autres activités maritimes, a une forte incidence sur la biomasse et la biodiversité marines et que, par conséquent, la question de l'incidence de la pêche sur la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des juridictions nationales devrait être couverte de manière exhaustive par l'ensemble des mesures de conservation et de gestion maritimes, afin d'éviter ou d'atténuer ces effets; qu'en outre, la pêche n'est pas le seul facteur anthropique de mortalité des ressources marines et ne doit pas être le seul levier d'action internationale;

U.

considérant que, de manière non exhaustive, l'extraction de minerais, les forages énergétiques et l'utilisation d'espace au sol par des plateformes urbaines constituent aujourd'hui d'autres facteurs de mortalité des ressources halieutiques, et que le développement maritime futur pourrait engendrer des facteurs de mortalité non anticipés au sujet desquels il faudra être vigilants;

V.

considérant que la biodiversité marine a déjà subi un déclin significatif; qu'il existe un lien étroit entre la préservation des possibilités de pêche pour les générations futures et la protection de la biodiversité marine ainsi que la conservation des écosystèmes marins;

W.

considérant que les techniques de pêche sélective et durable sont un outil indispensable à la gestion durable des ressources halieutiques ainsi qu'à la minimisation des prises accidentelles et donc à la conservation de la biodiversité marine;

X.

considérant que la coordination entre l'ensemble des parties concernées par les activités maritimes et leur consultation sont cruciales pour assurer la conservation de la biodiversité marine et l'exploitation durable des ressources;

Y.

considérant que les régions ultrapériphériques européennes ont par nature des situations géographiques et parfois géopolitiques particulières, et qu'elles intègrent des mécanismes de coopération régionale spécifiques;

Z.

considérant que la pêche est une activité primordiale qui est exercée tant dans les zones relevant des juridictions nationales que dans les zones situées au-delà de ces juridictions;

AA.

considérant que l'Union joue un rôle clé dans la gouvernance mondiale des mers et océans et jouit d'une influence majeure sur la scène internationale en matière de pêche, du fait notamment de sa participation à 17 organisations régionales de gestion des pêches (ORGP); que ce rôle d'acteur de premier plan implique pour l'Union la responsabilité d'adopter une politique proactive en matière de préservation de la biodiversité marine à l'échelle mondiale;

AB.

considérant que l'accord des Nations unies sur les stocks de poissons, qui fixe les droits et les obligations des États parties en ce qui concerne la conservation et la gestion des stocks chevauchants et des stocks de poissons grands migrateurs, est un document exhaustif et tourné vers l'avenir qu'il convient de ne pas modifier, altérer ou amoindrir et dont la mise en œuvre intégrale doit être assurée au moyen des processus de coopération renforcée qui seront adoptés dans le cadre du nouvel instrument international;

AC.

considérant qu'il convient de tirer les leçons des récents désaccords de l'Union européenne avec les Îles Féroé et l'Islande, afin de permettre une gestion durable des stocks au niveau mondial;

AD.

considérant que chaque pays a le droit de bénéficier de la conservation et de l'utilisation durable de ses ressources, conformément à la CNUDM;

AE.

considérant que nous reconnaissons l'obligation faite aux États de protéger et de préserver l'environnement marin, notamment de protéger les écosystèmes rares ou délicats ainsi que les habitats des espèces et autres organismes marins vulnérables, en régression, menacés ou en voie d'extinction;

AF.

considérant que l'accord des Nations unies sur les stocks de poissons constitue un cadre pour la mise en œuvre de l'approche de précaution et de l'approche écosystémique en matière de gestion des pêches, pour les mesures de conservation et de gestion des stocks chevauchants et des stocks de poissons grands migrateurs, pour la coopération internationale, par l'intermédiaire des travaux des organisations et mécanismes sous-régionaux ou régionaux de gestion des pêches (ORGP); qu'il convient d'appliquer plus efficacement cet accord;

AG.

considérant que les résolutions 61/105 et 64/72 de l'Assemblée générale des Nations unies appellent les États et les ORGP à adopter un ensemble de mesures visant à garantir la conservation effective des ressources hauturières et à prévenir toute incidence négative significative de la pêche démersale sur les écosystèmes marins vulnérables dans les zones situées au-delà des juridictions nationales;

AH.

considérant que nous reconnaissons et appuyons les droits et les exigences spécifiques des États en développement dans le contexte du renforcement des capacités, afin que ces États puissent tirer profit de la conservation et de l'exploitation durable des ressources ainsi que des stocks de poissons chevauchants et des stocks de poissons grands migrateurs;

AI.

considérant que la démarche du processus de Kobe constitue une reconnaissance des efforts déjà déployés par les ORGP qui gèrent les stocks de thon et ont procédé à des évaluations indépendantes des performances, ainsi qu'un appel pour que ces ORGP effectuent régulièrement de telles évaluations, en rendent les résultats publics et appliquent pleinement les recommandations formulées; que des instances telles que l'Assemblée générale des Nations unies et le Comité des pêches ont également appelé les autres ORGP à en faire de même et que ces évaluations ont été effectuées;

AJ.

considérant qu'il existe des ORGP et que certaines œuvrent à mettre en place des zones marines protégées afin de conserver et de rétablir les stocks halieutiques à un niveau durable;

AK.

considérant que la CDB a facilité l'organisation d'une série d'ateliers visant à décrire les zones marines d'importance écologique ou biologique, y compris dans les zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale, dont les résultats sont facilement consultables sur un site internet de la CDB pour fournir des conseils en matière d'organisation;

AL.

considérant qu'il est primordial de collecter et de partager des données et des connaissances scientifiques afin de prendre des décisions en toute bonne foi et sur la base des meilleurs avis scientifiques disponibles;

AM.

considérant que le problème écologique des déchets de plastique en mer constitue une menace directe pour la biodiversité maritime, que son ampleur et les mesures à prendre pour y remédier n'ont pas encore été suffisamment étudiées et que la résolution de ce problème pourrait ouvrir des débouchés économiques;

AN.

considérant que le groupe de travail, dans son document du 23 janvier 2015, a souligné que le système complet au niveau mondial devait davantage se pencher sur la conservation et la gestion de la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale;

AO.

considérant que l'Union européenne développe activement et encourage les meilleurs pratiques visant à parvenir à une gestion durable des stocks halieutiques et que, grâce à des programmes tels que Horizon 2020, elle encourage et finance la collecte de données, la recherche et le développement durable;

AP.

considérant que, le 23 janvier 2015, le groupe de travail a fait part de son soutien à une recommandation visant à développer un instrument international juridiquement contraignant au titre de la convention;

AQ.

considérant que, le 19 juin 2015, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution sur l'élaboration d'un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la CNUDM et portant sur la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale;

1.

salue la décision de l'Assemblée générale des Nations unies d'élaborer, au titre de la CNUDM, un instrument international juridiquement contraignant relatif à la conservation et à l'exploitation durable de la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale, afin de remédier entre autres aux lacunes actuelles; souligne que ce processus ne doit pas affaiblir les instruments et les cadres pertinents existants ni les organes mondiaux, régionaux et sectoriels compétents (comme les ORGP); insiste sur l'importance de progresser rapidement mais soigneusement dans l'élaboration de ce nouvel instrument et de respecter l'objectif prévu d'en finaliser la rédaction pour fin 2017;

2.

souligne les perspectives, les opportunités et les conséquences découlant de la CNUDM pour les bonnes relations entre États et pour l'exploitation durable des ressources, tout en reconnaissant que les nouvelles pressions et possibilités rendent des ajustements nécessaires;

3.

souligne l'importance de la conservation et de l'utilisation durable des mers, des océans et de leurs ressources; invite l'Union européenne et la communauté internationale à agir en faveur de la conservation et de l'utilisation durable de la biodiversité marine en mettant en application, entre autres, des concepts modernes et durables de gestion de l'écosystème marin, des principes de gouvernance des océans, au moyen d'une exploitation maîtrisée des ressources marines (qu'il s'agisse de l'exploitation des minerais, des forages énergétiques, etc…) et de la pêche, d'une gouvernance du milieu marin fondée sur la science, d'un rétablissement des stocks et de leur maintien au-dessus des niveaux permettant d'obtenir le rendement maximal durable, d'une gestion et d'une conservation de la biodiversité marine fondées sur l'écosystème, de l'application de la législation existante et de l'approche de précaution;

4.

souligne que, pour faire face aux pressions qui pèseront sur la biodiversité marine d'ici à 2020, les États membres devront prendre des mesures afin de déployer des plans de gestion, de contrôler le respect des réglementations, d'approfondir la base de connaissances et de développer les réseaux de recherche et la coordination des informations sur la biodiversité marine;

5.

reconnaît et soutient le rôle moteur et positif joué par l'Union européenne et la Commission, compte tenu du fait que l'industrie et le marché de la pêche européens occupent une place de premier ordre et que la politique européenne de la pêche est axée sur la durabilité;

6.

reconnaît que l'Union européenne participe de manière essentielle à garantir la gestion durable des ressources biologiques marines, notamment dans le domaine de la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (pêche INN); souligne que la pêche INN menace, de par sa nature même, la biodiversité marine et compromet gravement la préservation des écosystèmes marins; rappelle que l'Union a fait de la lutte contre la pêche INN une priorité et que la coopération internationale est primordiale pour mener à bien cette lutte; encourage la FAO et les ORGP à intensifier leurs efforts afin d'améliorer la coopération multilatérale;

7.

souligne le rôle positif de la labellisation écologique dans le secteur des produits de la mer, qui permet aux consommateurs de contribuer à la durabilité des ressources et à la préservation de la biodiversité marine en exerçant un choix éclairé;

8.

encourage la Commission à mettre en avant les répercussions des activités humaines, y compris de la pêche et de toute exploitation des fonds marins et des océans, sur la biodiversité dans les zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale, ainsi qu'à assurer la coordination à cet égard et à garantir que cette question soit traitée de manière efficace dans le cadre du nouvel accord international; constate dès lors la nécessité de renforcer l'application de la législation existante et de développer les outils de gestion nécessaires pour en garantir la cohérence et l'homogénéité;

9.

encourage les ORGP à veiller à la mise en œuvre intégrale de leurs recommandations, à continuer d'effectuer régulièrement des évaluations indépendantes et à garantir la bonne réalisation de ces évaluations;

10.

prie instamment la Commission de soutenir et de favoriser une démarche holistique et globale en ce qui concerne les zones marines protégées, étant donné qu'une véritable coordination des efforts en matière de conservation et la coopération à cet égard n'existeront qu'avec la participation du cercle le plus large possible de parties prenantes engagées dans un large éventail d'activités maritimes humaines dans les mers et les océans;

11.

encourage vivement la Commission et les États membres à promouvoir la désignation et la mise en place de zones marines d'importance écologique ou biologique dans les zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale;

12.

prie instamment la Commission de travailler avec toutes les parties concernées afin de continuer à appuyer et à encourager, dans le cadre du nouvel accord international au titre de la CNUDM, l'élaboration d'un nouveau mécanisme institutionnel visant à décrire, à gérer et à instaurer les dispositions nécessaires en matière de suivi et de mise en place de réseaux reliés, cohérents et représentatifs de zones marines protégées, étant donné que les réseaux sont des outils essentiels pour garantir la connectivité écologique et biologique;

13.

demande à la Commission de présenter des données exhaustives sur la biodiversité dans les mers régionales d'Europe; est conscient que la collecte de ces données est une tâche difficile mais nécessaire, puisque 80 % des espèces et des habitats visés par la directive-cadre sur la stratégie pour le milieu marin sont considérés comme méconnus;

14.

demande que l'Union européenne joue un rôle moteur dans l'élimination des déchets de plastique en mer et que la recherche dans ce domaine soit financée dans le cadre de l'«économie bleue»;

15.

souligne que le nouvel accord international devrait assurer des conditions égales entre toutes les parties prenantes; estime que le nouvel accord international devrait en outre tenir compte des besoins spécifiques des pays en développement, en particulier les petits États insulaires, en matière de renforcement des capacités nécessaires à la concrétisation des objectifs de la communauté internationale concernant entre autres les zones marines protégées;

16.

prie instamment la Commission d'encourager le développement de la coopération et de la coordination entre tous les acteurs concernés, y compris entre les nouveaux instruments négociés, les instruments existants de l'accord des Nations unies sur les stocks de poissons et de la FAO, les ORGP et les autres organes sectoriels tels que, entre autres, l'Autorité internationale des fonds marins et l'Organisation maritime internationale, ainsi que le renforcement de leur transparence et de leur responsabilité;

17.

invite les Nations unies à collaborer avec les États afin d'appliquer plus efficacement les dispositions existantes et, si nécessaire, d'élaborer des dispositions supplémentaires qui pourraient contribuer indirectement à protéger la biodiversité en haute mer et améliorer les conditions sociales, de sécurité et de contrôle, telles que l'établissement d'outils de gestion à l'échelle mondiale, notamment un instrument centralisé pour l'immatriculation des navires comme le répertoire mondial exhaustif des navires de pêche élaboré sous l'autorité de la FAO, en veillant toutefois à ne pas accroître la charge bureaucratique pour les pêcheurs;

18.

souligne que les répercussions de la pêche sur la biodiversité marine dans les zones situées au-delà des limites de la juridiction nationale devront être couvertes par le mandat des ORGP;

19.

prie instamment la Commission et les États membres d'appuyer et de promouvoir, dans les limites du mandat du nouvel accord international au titre de la CNUDM, l'élaboration d'un nouveau mécanisme institutionnel prévoyant une évaluation préalable de l'incidence sur l'environnement dans le cas des activités susceptibles d'affecter de manière significative l'environnement marin, ainsi que le prévoit l'article 206 de la CNUDM, y compris en ce qui concerne l'exploitation des ressources marines, en s'appuyant dans la mesure du possible sur une base scientifique solide, ainsi que d'assortir ces activités de suivis environnementaux et socioéconomiques détaillés;

20.

invite la Commission européenne à proposer, dans le cadre du nouvel accord international, la reconnaissance des dommages écologiques en mer et la détermination de la chaîne de responsabilité pour de tels dommages;

21.

prie instamment la Commission d'engager les États qui ne l'ont pas encore fait à ratifier la CNUDM ou à y adhérer;

22.

charge son président de transmettre la présente résolution à l'Assemblée générale des Nations unies ainsi qu'au comité préparatoire chargé de rédiger le texte du futur accord international.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/9


P8_TA(2016)0102

Situation en Méditerranée et nécessité d'une approche globale de la question des migrations de la part de l'Union européenne

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 sur la situation en Méditerranée et sur la nécessité d'une approche globale des migrations de la part de l'Union européenne (2015/2095(INI))

(2018/C 058/02)

Le Parlement européen,

vu la convention de Genève de 1951 et son protocole additionnel, et en particulier le droit au non-refoulement,

vu la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales,

vu la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948,

vu la convention relative aux droits de l'enfant de 1989 et la résolution du Parlement européen du 27 novembre 2014 sur le vingt-cinquième anniversaire de la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant (1),

vu la convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982, la convention internationale pour la sauvegarde de la vie humaine en mer de 1974 et la convention internationale sur la recherche et le sauvetage maritimes de 1979, telle que modifiée,

vu la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille de 1990,

vu la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne,

vu la communication de la Commission intitulée «Plan d'action pour les mineurs non accompagnés (2010-20014)» (COM(2010)0213) et la résolution du Parlement européen du 12 septembre 2013 sur la situation des mineurs non accompagnés dans l'Union européenne (2),

vu sa résolution du 29 avril 2015 sur les récentes tragédies dans la Méditerranée et les politiques de migration et d'asile de l'Union européenne (3),

vu sa résolution du 10 septembre 2015 sur les migrations et les réfugiés en Europe (4),

vu les débats qui ont eu lieu à la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen en 2015: le 14 avril en présence du commissaire Avramopoulos; le 6 mai sur la solidarité et le partage équitable des responsabilités, y compris les obligations de recherche et de sauvetage; le 26 mai sur la stratégie de coopération avec les pays tiers; le 4 juin sur la définition d'itinéraires sûrs et licites d'entrée dans l'Union pour les demandeurs d'asile et les réfugiés et sur la mise en œuvre du régime d'asile européen commun; le 25 juin sur la lutte contre les passeurs et les trafiquants et contre l'exploitation des migrants en situation irrégulière par le travail, l'établissement de canaux de migration économique légale appropriés et la gestion des frontières et la politique de visas; le 2 juillet sur la manière dont les fonds destinés aux affaires intérieures sont dépensés dans le contexte de la migration et du développement; le 6 juillet, sur le premier train de propositions de la Commission faisant suite à l'agenda en matière de migration et en matière de solidarité et de partage équitable des responsabilités, y compris les obligations de recherche et de sauvetage et la définition d'itinéraires sûrs et licites d'entrée dans l'Union pour les demandeurs d'asile et les réfugiés; le 16 juillet, en présence d'experts sur les fonds de l'Union européenne destinés aux politiques en matière de migration, sur les politiques, pratiques et données relatives aux mineurs non accompagnés dans les États membres de l'Union européenne et en Norvège, sur la coopération de l'Union avec les pays tiers dans le domaine de la migration et sur l'exploration de nouvelles voies pour la législation en matière de migration économique; le 22 septembre, sur le deuxième train de propositions de la Commission faisant suite à l'agenda européen en matière de migration; le 23 septembre, avec les parlements nationaux, sur l'approche des points d'accès («hotspots») et sur le traitement des migrations aux niveaux national et local; le 19 octobre, sur la lutte contre les passeurs et les trafiquants et contre l'exploitation des migrants en situation irrégulière par le travail; le 10 novembre, sur la communication de la Commission intitulée «Gestion de la crise des réfugiés: état d'avancement de la mise en œuvre des actions prioritaires prévues par l'agenda européen en matière de migration» (COM(2015)0510); le 19 novembre, sur le financement interne et externe par l'Union de sa politique en matière de migration et d'asile; le 10 décembre, sur la coopération de l'Union avec des pays tiers dans le domaine de la migration; le 21 décembre, sur la gestion des frontières et la politique de visas, la mise en œuvre efficace du régime d'asile européen commun et l'élaboration de canaux de migration économique légale appropriés,

vu les débats qui ont eu lieu lors de la réunion conjointe de sa commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures et de sa commission du développement le 1er avril 2015 sur la relation entre migration et développement et lors de la réunion conjointe de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures, de la commission des affaires étrangères et de la sous-commission des droits de l'homme le 15 septembre 2015 sur le respect des droits de l'homme dans le contexte des flux migratoires en mer Méditerranée,

vu les rapports de sa commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures concernant les visites de ses délégations à Lampedusa, à propos des opérations de recherche et de sauvetage, en septembre 2015, et en Tunisie, à propos de la coopération avec des pays tiers dans le domaine de la migration, de l'asile et du contrôle aux frontières, en octobre 2015, et vu le rapport de sa commission des budgets et de sa commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures sur la visite de leur délégation commune en Sicile à propos des solutions face aux pressions migratoires dans la région, y compris en particulier d'un point de vue budgétaire, en juillet 2015,

vu le plan d'action en dix points sur la migration, établi par la Commission et présenté lors du Conseil conjoint des ministres des affaires étrangères et de l'intérieur qui s'est tenu à Luxembourg le 20 avril 2015,

vu la communication de la Commission intitulée «Un agenda européen en matière de migration» (COM(2015)0240,

vu la décision (PESC) 2015/778 du Conseil du 18 mai 2015 relative à une opération militaire de l'Union européenne dans la partie sud de la Méditerranée centrale,

vu la décision de lancer la deuxième phase de l'opération EUNAVFOR Med, rebaptisée opération Sofia, prise par les ambassadeurs de l'Union européenne dans le cadre du Comité politique et de sécurité (5), et vu les opérations menées sous l'égide de l'OTAN dans la mer Égée,

vu la résolution 2240 (2015) du Conseil de sécurité de l'ONU du 9 octobre 2015,

vu la communication de la Commission intitulée «Plan d'action de l'UE contre le trafic de migrants (2015-2020)» (COM(2015)0285),

vu le document de travail des services de la Commission relatif à la mise en œuvre du règlement Eurodac en ce qui concerne l'obligation de relever les empreintes digitales (SWD(2015)0150).

vu la recommandation de la Commission concernant un programme européen de réinstallation (C(2015)3560) et vu les conclusions des représentants des gouvernements des États membres, réunis au sein du Conseil, concernant la réinstallation, au moyen de mécanismes multilatéraux et nationaux, de 20 000 personnes ayant manifestement besoin d'une protection internationale, présentées lors de la réunion du Conseil «Justice et affaires intérieures» du 20 juillet 2015,

vu la note explicative de la Commission sur l'approche des points d'accès («hotspots»), et vu les rapports d'état des lieux sur la Grèce et l'Italie du 10 février 2016 ainsi que le rapport d'avancement sur la Grèce du 4 mars 2016,

vu la décision (UE) 2015/1523 du Conseil du 14 septembre 2015 instituant des mesures provisoires en matière de protection internationale au profit de l'Italie et de la Grèce,

vu la décision (UE) 2015/1601 du Conseil du 22 septembre 2015 instituant des mesures provisoires en matière de protection internationale au profit de l'Italie et de la Grèce,

vu la proposition de la Commission en vue d'un règlement du Parlement européen et du Conseil établissant un mécanisme de relocalisation en cas de crise et modifiant le règlement (UE) no 604/2013 du Parlement et du Conseil du 26 juin 2013 établissant les critères et mécanismes de détermination de l'État membre responsable de l'examen d'une demande de protection internationale introduite dans l'un des États membres par un ressortissant de pays tiers ou un apatride (COM(2015)0450),

vu la proposition de la Commission en vue d'un règlement du Parlement européen et du Conseil établissant une liste commune de l'Union de pays d'origine sûrs aux fins de la directive 2013/32/UE du Parlement européen et du Conseil relative à des procédures communes pour l'octroi et le retrait de la protection internationale, et modifiant la directive 2013/32/UE (COM(2015)0452),

vu la communication de la Commission intitulée «Plan d'action de l'UE en matière de retour» (COM(2015)0453),

vu la recommandation de la Commission établissant un «manuel sur le retour» commun devant être utilisé par les autorités compétentes des États membres lorsqu'elles exécutent des tâches liées au retour (C(2015)6250) et son annexe,

vu la communication de la Commission intitulée «Règles de passation de marchés publics en lien avec l'actuelle crise de l'asile» (COM(2015)0454),

vu la communication commune de la Commission européenne et de la Haute Représentante intitulée «Faire face à la crise des réfugiés en Europe: le rôle de l'action extérieure de l'UE» (JOIN(2015)0040),

vu la décision de la Commission relative à la mise en place d'un fonds fiduciaire d'urgence de l'Union européenne en faveur de la stabilité et de la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique (C(2015)7293),

vu la communication de la Commission intitulée «Gestion de la crise des réfugiés: mesures opérationnelles, budgétaires et juridiques immédiates au titre de l'agenda européen en matière de migration» (COM(2015)0490) et ses annexes,

vu la communication de la Commission intitulée «Gestion de la crise des réfugiés: état d'avancement de la mise en œuvre des actions prioritaires prévues par l'agenda européen en matière de migration» (COM(2015)0510) et ses annexes,

vu la communication de la Commission intitulée «Un corps européen de garde-frontières et de garde-côtes et une gestion efficace des frontières extérieures de l'Europe» (COM(2015)0673) et la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif au corps européen de garde-frontières et de garde-côtes et abrogeant le règlement (CE) no 2007/2004, le règlement (CE) no 863/2007 et la décision 2005/267/CE du Conseil (COM(2015)0671), vu la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à un document de voyage européen destiné au retour des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier (COM(2015)0668), vu la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le règlement (CE) no 562/2006 en ce qui concerne le renforcement des vérifications dans les bases de données pertinentes aux frontières extérieures (COM(2015)0670), vu la proposition de la Commission en vue d'une décision du Conseil instituant des mesures provisoires en matière de protection internationale au profit de la Suède, conformément à l'article 9 de la décision (UE) 2015/1523 du Conseil et à l’article 9 de la décision (UE) 2015/1601 du Conseil instituant des mesures provisoires en matière de protection internationale au profit de l'Italie et de la Grèce (COM(2015)0677), et vu la recommandation de la Commission relative à l'établissement d'un programme d'admission humanitaire volontaire en association avec la Turquie (C(2015)9490),

vu la communication de la Commission au Parlement européen et au Conseil sur l'état d'avancement de la mise en œuvre des actions prioritaires prévues par l'agenda européen en matière de migration (COM(2016)0085),

vu la recommandation de la Commission adressée à la République hellénique sur les mesures urgentes à prendre en Grèce dans la perspective de la reprise des transferts prévus par le règlement (UE) no 604/2013 (C(2016)0871)

vu la proposition de décision d'exécution du Conseil concernant la suspension temporaire de la relocalisation de 30 % du contingent de demandeurs attribué à l’Autriche en application de la décision (UE) 2015/1601 du Conseil instituant des mesures provisoires en matière de protection internationale au profit de l’Italie et de la Grèce (COM(2016)0080),

vu la communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil européen et au Conseil intitulée «Revenir à l'esprit de Schengen — Feuille de route» (COM(2016)0120),

vu le rapport de la Commission au Parlement européen et au Conseil intitulé «Deuxième rapport sur les progrès accomplis par la Turquie dans la mise en œuvre des exigences de la feuille de route sur la libéralisation du régime des visas» (COM(2016)0140) et le document de travail des services de la Commission qui l'accompagne (SWD(2016)0097),

vu la proposition de règlement du Conseil relatif à la fourniture d'une aide d'urgence au sein de l'Union (COM(2016)0115), et le prochain budget rectificatif no 1 2016 afin de créer la ligne budgétaire de cet instrument,

vu les conclusions adoptées par le Conseil européen lors de sa réunion spéciale du 23 avril 2015, de sa réunion des 25 et 26 juin 2015, de la réunion informelle des chefs d'État ou de gouvernement de l'UE sur la migration du 23 septembre 2015, de sa réunion du 15 octobre 2015, de sa réunion des 17 et 18 décembre 2015, et de sa réunion des 18 et 19 février 2016,

vu les conclusions adoptées par le Conseil sur les pays d'origine sûrs lors de sa réunion du 20 juillet 2015, sur la migration lors de sa réunion du 20 juillet 2015, sur l'avenir de la politique en matière de retour lors de sa réunion du 8 octobre 2015, sur la migration lors de sa réunion du 12 octobre 2015, sur les mesures visant à gérer la crise des réfugiés et des migrants lors de sa réunion du 9 novembre 2015, sur l'apatridie lors de sa réunion du 4 décembre 2015 et sur le trafic de migrants lors de sa réunion du 10 mars 2016,

vu les conclusions de la Présidence adoptées le 14 septembre 2015,

vu les conclusions adoptées par les représentants des gouvernements des États membres, réunis au sein du Conseil, concernant la réinstallation, au moyen de mécanismes multilatéraux et nationaux, de 20 000 personnes ayant manifestement besoin d'une protection internationale, lors de leur réunion du 20 juillet 2015,

vu le plan d'action commun UE-Turquie du 15 octobre 2015, et ses rapports de mise en œuvre du 10 février et du 4 mars 2016,

vu la déclaration des chefs d'État ou de gouvernement de l'UE du 7 mars 2016,

vu la déclaration de la Conférence de haut niveau sur la route de la Méditerranée orientale et des Balkans occidentaux, adoptée le 8 octobre 2015, vu la déclaration des dirigeants du 25 octobre 2015 sur l'arrivée massive de réfugiés le long de la route des Balkans occidentaux et vu son rapport d'avancement du 10 février 2016,

vu le plan d'action et la déclaration politique adoptés lors du sommet Union européenne — Afrique sur la migration, qui s'est tenu à La Valette les 11 et 12 novembre 2015,

vu les travaux et les rapports du Bureau européen d'appui en matière d'asile (EASO), et en particulier son rapport annuel de 2014 sur la situation de l'asile dans l'Union européenne et les tendances mensuelles en matière d'asile,

vu les travaux et les rapports de Frontex, et en particulier son analyse annuelle des risques de 2015 et les rapports trimestriels de son réseau d'analyse des risques,

vu les travaux et les rapports d'Europol, et en particulier de l'équipe opérationnelle conjointe «MARE», et l’établissement du Centre européen chargé de lutter contre le trafic de migrants (EMSC) par Europol,

vu les travaux et les rapports d'Eurojust, et en particulier ses rapports sur la traite des êtres humains,

vu les activités, les rapports annuels et les études de l'Agence des droits fondamentaux, et en particulier ses études sur les formes graves d'exploitation par le travail et sur la criminalisation des migrants en situation irrégulière et des personnes qui leur prêtent assistance,

vu les études du département thématique C concernant l'application de l'article 80 du traité FUE, concernant des approches nouvelles, voies alternatives et autres moyens d'accès aux procédures d'asile des personnes demandant une protection internationale, concernant l'exploration de nouvelles voies pour la législation en matière de migration de main-d'œuvre vers l'Union, concernant le régime d'asile européen commun et les solutions alternatives à Dublin, concernant la coopération de l'Union avec des pays tiers dans le domaine de la migration et concernant l'accueil des femmes réfugiées et demandeuses d'asile dans l'UE, et vu l'étude du département thématique D concernant les fonds de l'Union européenne destinés aux politiques en matière de migration: analyse de l'efficacité et des bonnes pratiques pour l'avenir ainsi que l'étude du département thématique EXPO sur les migrants dans la Méditerranée: la protection des droits de l'homme,

vu les études du réseau européen des migrations (REM) et en particulier son étude sur les politiques, pratiques et données relatives aux mineurs non accompagnés,

vu les travaux et les rapports du Haut-Commissaire des Nations unies aux réfugiés,

vu les travaux et les rapports du rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme des migrants,

vu les travaux, rapports et résolutions du Conseil de l'Europe,

vu les travaux et les rapports de l'Organisation internationale pour les migrations,

vu les travaux et les rapports de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime,

vu l'avis du Comité européen des régions — Agenda européen en matière de migration, adopté lors de sa 115e session plénière des 3 et 4 décembre 2015,

vu les avis du Comité économique et social européen sur l'agenda européen en matière de migration et sur le plan d'action de l'Union contre le trafic de migrants,

vu sa résolution du 17 décembre 2014 sur la situation en Méditerranée et sur la nécessité d'une approche globale de l'Union européenne sur la question des migrations (6),

vu le document de travail sur l'article 80 — Solidarité et partage équitable des responsabilités, y compris les obligations de recherche et de sauvetage,

vu le document de travail sur la lutte contre les passeurs et les trafiquants et contre l'exploitation des migrants en situation irrégulière par le travail,

vu le document de travail sur le contrôle aux frontières et la politique des visas, y compris le rôle de Frontex et d'autres agences ad hoc,

vu le document de travail sur la définition d'itinéraires sûrs et licites d'entrée dans l'Union pour les demandeurs d'asile et les réfugiés, y compris la politique de réinstallation et les stratégies d'intégration correspondantes de l'Union,

vu le document de travail sur l'établissement de canaux de migration économique légale appropriés,

vu le document de travail sur le financement interne et externe par l'Union de sa politique en matière de migration et d'asile;

vu le document de travail sur la mise en œuvre efficace du régime d'asile européen commun (RAEC), y compris le rôle du Bureau européen d'appui en matière d'asile (EASO),

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures et les avis de la commission des affaires étrangères, de la commission du développement, de la commission des budgets, de la commission de l'emploi et des affaires sociales, de la commission des transports et du tourisme, de la commission du développement régional, de la commission des droits de la femme et de l'égalité des genres et de la commission des pétitions (A8-0066/2016),

A.

considérant que, dans sa résolution du 17 décembre 2014, il chargeait la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures d'évaluer les diverses politiques en jeu, d'élaborer un train de recommandations et de faire rapport en plénière sous forme d'un rapport d'initiative stratégique;

B.

considérant que, selon les données de Frontex (7), 1,83 million de personnes ont été appréhendées alors qu'elles tentaient de franchir clandestinement les frontières extérieures de l'Union en 2015, ce qui constitue un record absolu par rapport aux 282 500 migrants qui sont entrés dans l'Union sur l'ensemble de l'année 2014; et que, selon les données de l'OIM/UNICEF, environ 20 % de tous les migrants qui arrivent par la mer sont des enfants (8);

C.

considérant que, selon les données de l'EASO (9), plus de 1,4 million de demandes de protection internationale ont été introduites en 2015 dans l'UE+ (10), et que les chiffres sont en augmentation constante depuis avril, tandis que la part des demandes réintroduites a diminué; qu'environ 6 % des demandeurs ont affirmé être des mineurs non accompagnés; qu'en février 2016, 22 % des personnes arrivées en Grèce par la mer étaient des femmes et 40 %, des enfants (11);

D.

considérant qu'aux fins de la Convention des Nations unies sur les droits de l'enfant, le terme «enfant» désigne tout être humain âgé de moins de dix-huit ans;

E.

considérant qu'en 2015, selon l'Organisation internationale pour les migrations, on a recensé le décès ou la disparition de plus de 3 771 personnes en Méditerranée (12); qu'au 8 mars 2016, les noyades de 444 personnes avaient été recensées en Méditerranée depuis le début de l'année; qu'au cours des neuf premières semaines de 2016, 77 enfants ont péri, ce qui signifie qu'en moyenne, plus d'un enfant décède chaque jour; que, selon des données récentes d'Europol, au moins 10 000 enfants non accompagnés ont disparu après leur arrivée en Europe;

F.

considérant que le 3 octobre devrait être déclaré «Journée de commémoration» en souvenir de tous les hommes, femmes et enfants qui trouvent la mort en tentant de fuir leurs pays en raison des persécutions, des conflits et de la guerre, ainsi qu'à tous les hommes et les femmes qui risquent chaque jour leur vie pour les secourir;

G.

considérant que certaines régions du monde sont touchées par la guerre et la violence, et subissent les effets combinés de l'extrême pauvreté, de la dégradation de l'environnement et du manque de perspectives pour les jeunes, ce qui peut entraîner davantage de violence et d'insécurité, et conduire à d'autres déplacements de population;

Article 80 du traité FUE — Solidarité et partage équitable des responsabilités, y compris obligations de recherche et de sauvetage

H.

considérant que l'article 80 du traité FUE place le principe de solidarité et de partage équitable des responsabilités au cœur de tout le système de l'Union, en fournissant une base juridique pour la mise en œuvre de ce principe dans les politiques de l'Union relatives à l'asile, à la migration et aux contrôles aux frontières;

I.

considérant que la solidarité peut revêtir les formes de la solidarité interne et externe; que la relocalisation, la reconnaissance mutuelle des décisions en matière d'asile, les mesures de soutien opérationnel, une interprétation proactive de l'actuel règlement de Dublin et de la directive sur la protection temporaire sont autant d'instruments de solidarité interne tandis que la réinstallation, l'admission humanitaire et la recherche ainsi que le sauvetage en mer contribuent à la solidarité externe, et que le mécanisme de protection civile peut cibler l'une et l'autre forme;

J.

considérant que, en date du 3 mars 2016, parmi les 39 600 demandeurs d'asile attendant dans les structures d'accueil italiennes leur transfert vers d'autres États membres, seuls 338 avaient en fait été relocalisés, tandis qu'en Grèce, seules 322 des 66 400 relocalisations prévues avaient effectivement eu lieu;

Lutte contre les passeurs et les trafiquants et contre l'exploitation des migrants clandestins par le travail

K.

considérant que le trafic de migrants, la traite des êtres humains et l'exploitation par le travail sont des phénomènes juridiques distincts qui sont pris en considération par des cadres juridiques distincts au niveau européen et international, et nécessitent des réponses correctement ciblées, même si, dans la pratique, ils se chevauchent souvent; que les réseaux criminels de trafic et de traite peuvent changer très rapidement leur mode opératoire, ce qui signifie qu'il convient d'adapter rapidement les réponses sur la base des données les plus récentes et les plus précises; que les efforts déployés pour lutter contre le trafic de migrants ne doivent pas viser ceux qui apportent une aide humanitaire aux migrants en situation irrégulière;

L.

considérant que la lutte contre le trafic et la traite des migrants et contre l'exploitation par le travail nécessite à la fois des réponses à court, à moyen et à long terme, notamment des mesures visant à déstabiliser les réseaux criminels et à traduire les criminels en justice, la collecte et l'analyse de données, des mesures pour protéger les victimes et assurer le retour des migrants en séjour irrégulier, ainsi que la coopération avec des pays tiers et des stratégies à plus long terme pour lutter contre la demande de personnes victimes de la traite et du trafic et contre les causes profondes de la migration, qui jettent des individus dans les griffes de trafiquants;

Contrôle aux frontières et politique des visas, y compris le rôle de l'agence pour la gestion des frontières et d'autres agences ad hoc

M.

considérant que la procédure législative ordinaire est en cours à propos de nombreuses propositions de la Commission dans le domaine du contrôle aux frontières et de la politique des visas, en particulier la proposition de règlement relatif au code des visas de l'Union (refonte) (2014/0094(COD)), la proposition de règlement portant création d'un visa d'itinérance (2014/0095(COD)) et la proposition de règlement établissant un modèle type de visa: sécurité (2015/0134(COD)); et que la Commission a récemment lancé de nouvelles propositions dans ce domaine et que celles-ci seront traitées conformément à la procédure législative ordinaire;

N.

considérant que l'abolition des contrôles aux frontières intérieures doit aller de pair avec la gestion efficace des frontières extérieures, avec des normes communes élevées, avec un échange efficace d'informations entre les États membres et avec le respect total des droits fondamentaux de chacun;

O.

considérant qu'il a demandé que l'agence pour la gestion des frontières de l'Union renforce sa capacité à réagir face à d'éventuelles violations des droits fondamentaux, notamment dans le cadre des accords de travail conclus entre l'agence et les autorités compétentes de pays tiers, et que la proposition de la Commission relative à une nouvelle agence pour la gestion des frontières de l'Union comporte un mécanisme de traitement des plaintes;

P.

considérant que le code actuel des visas permet aux États membres de déroger aux critères de recevabilité normaux d'une demande de visa «pour des motifs humanitaires» (articles 19 et 25);

Définition d'itinéraires sûrs et licites d'entrée dans l'Union pour les demandeurs d'asile et les réfugiés, y compris la politique de réinstallation et les stratégies d'intégration correspondantes de l'Union

Q.

considérant que 86 % des réfugiés dans le monde sont accueillis par des pays non industrialisés; et que les réseaux criminels et les trafiquants exploitent le désespoir de personnes qui tentent d'entrer dans l'Union en fuyant les persécutions ou la guerre;

R.

considérant que les réfugiés ont peu d'itinéraires sûrs et licites pour entrer dans l'Union et que beaucoup continuent à prendre le risque d'emprunter des itinéraires périlleux; et que la création de nouveaux itinéraires sûrs et licites pour permettre aux demandeurs d'asile et aux réfugiés d'entrer dans l'Union, en s'appuyant sur la législation et les pratiques existantes, permettrait à l'Union et aux États membres d'avoir une meilleure vue d'ensemble des besoins en matière de protection et des entrées dans l'Union et de mettre à mal les activités des trafiquants;

Stratégie de coopération avec les pays tiers, pour ce qui est en particulier des programmes de protection régionale, de la réinstallation et des retours, et de la lutte contre les causes profondes de la migration

S.

considérant que la coopération de l'Union européenne avec les pays tiers emprunte la voie d'instruments politiques tels que les dialogues régionaux, les dialogues bilatéraux, les agendas communs en matière de migration et de mobilité et les partenariats pour la mobilité, d'instruments juridiques tels que les clauses relatives à la migration dans les «accords globaux», les accords de réadmission, les accords visant à faciliter la délivrance des visas et les accords d'exemption de visa, et d'instruments opérationnels tels que les programmes de protection régionale, les programmes régionaux de développement et de protection, les accords de travail Frontex et la coopération de l'EASO avec des pays tiers;

T.

considérant que les différents États membres continuent à mener une action extérieure intense en matière de migration au niveau bilatéral;

U.

considérant que l'Union a intensifié sa coopération extérieure avec des pays tiers dans le domaine de la migration et de l'asile afin de répondre comme il se doit à la crise actuelle des réfugiés, et a lancé de nouvelles initiatives de coopération telles que le plan d'action commun UE — Turquie, les engagements pris concernant les itinéraires des Balkans occidentaux et le plan d'action adopté au sommet de La Valette;

Établissement de canaux de migration économique légale appropriés

V.

considérant que la population en âge de travailler de l'Union devrait reculer de 7,5 millions d'ici 2020; que les projections relatives à l'évolution des besoins du marché du travail dans l'Union font état de pénuries qui se profilent ou qui verront le jour dans des domaines spécifiques; et que les ressortissants de pays tiers ont de grandes difficultés à obtenir la reconnaissance de leurs titres obtenus à l'étranger, et ont donc tendance à être surqualifiés pour leurs emplois;

W.

considérant que l'approche actuelle de l'Union à l'égard de la migration de main-d'œuvre est morcelée, avec de nombreuses directives qui se concentrent sur des catégories particulières de travailleurs et de ressortissants de pays tiers qui sont, sous certaines conditions, autorisés à travailler; et que cette approche ne peut servir qu'à satisfaire des besoins spécifiques à court terme;

Analyse de la manière dont les fonds destinés aux affaires intérieures, notamment les fonds d'urgence, sont dépensés dans le contexte de la migration et du développement

X.

considérant qu'il existe plusieurs instruments financiers européens pour financer les actions des États membres et des pays tiers dans les domaines de la migration, de l'asile et de la gestion des frontières; que les fonds alloués aux États membres, en particulier, le sont principalement par le truchement du fonds «Asile, migration et intégration» et du fonds pour la sécurité intérieure mais qu'il peut être fait appel à de nombreux autres programmes et fonds pour les activités liées à la migration; et que les financements accordés aux pays tiers, qui sont essentiellement alloués via l'instrument de financement de la coopération au développement, sont gérés par de nombreuses directions générales de la Commission et par le Service européen pour l'action extérieure;

Y.

considérant qu'il peut être difficile, du fait de l'actuelle fragmentation des budgets et des responsabilités, d'avoir une vision globale de l'utilisation des fonds, voire de quantifier précisément les dépenses de l'Union en matière de migration;

Mise en œuvre effective du régime d'asile européen commun et rôle du Bureau européen d'appui en matière d'asile

Z.

considérant que le régime d'asile européen commun prévoit un ensemble de règles pour une politique commune, un statut uniforme et des procédures communes en matière d'asile valides dans toute l'Union; que de nombreux éléments, notamment les décisions constatant une infraction adoptées par la Commission, témoignent toutefois du fait que ce système n'a pas été pleinement mis en œuvre dans de nombreux États membres; que sa mise en œuvre est indispensable à l'harmonisation des législations nationales et favorise la solidarité entre les États membres; que les États membres peuvent faire appel au Bureau européen d'appui en matière d'asile pour satisfaire aux normes établies par le régime d'asile européen commun; que l'harmonisation des conditions d'accueil et des procédures d'asile peut éviter aux pays offrant de meilleures conditions de subir davantage de pressions et qu'elle est indispensable au partage des responsabilités;

AA.

considérant que les mécanismes actuels instaurés par le système de Dublin ont manqué d'objectivité et n'ont pas permis d'établir des critères équitables de répartition des responsabilités concernant les demandes de protection internationale ni d'octroyer rapidement une protection; que ce système n'est pas mis en pratique et que des dérogations explicites ont été adoptées dans le cadre de deux décisions du Conseil sur la relocalisation temporaire; que la Commission avait annoncé une proposition visant à modifier en profondeur le règlement Dublin III pour mars 2016;

AB.

considérant que l'article 3 de la convention de Genève de 1951 prévoit que les États membres ne soumettent pas les réfugiés à des discriminations fondées sur leur race, leur religion ou leur pays d'origine;

La solidarité

1.

souligne que la solidarité doit constituer le principe directeur de l'action de l'Union en matière de migration; relève que le principe de solidarité, tel qu'il est établi dans l'article 80 du traité FUE, porte sur les politiques en matière d'asile, d'immigration et de gestion des frontières; est d'avis que l'article 80 constitue, «conjointement» avec les articles 77 à 79 du traité FUE, le fondement juridique de l'application du principe de solidarité dans ces domaines;

Recherche et sauvetage

2.

part du principe que le sauvetage des vies doit être une priorité absolue et qu'il est essentiel que des fonds suffisants soient alloués, au niveau de l'Union et des États membres, aux opérations de recherche et de sauvetage; constate que le nombre des arrivées de clandestins par la mer a augmenté et que le nombre des décès en mer a progressé de façon alarmante, cependant qu'une réponse appropriée de l'Europe continue de se faire attendre;

3.

rappelle que si le sauvetage constitue un acte de solidarité envers les personnes en péril, il est aussi une obligation légale en vertu du droit international, notamment de l'article 98 de la convention du droit de la mer des Nations unies (ratifiée par l'Union ainsi que tous ses États membres), qui impose de porter secours à toute personne en détresse en mer;

4.

estime qu'il est indispensable que l'Union adopte des mesures durables, fiables et efficaces en matière d'opérations de recherche et de sauvetage en mer afin d'enrayer l'augmentation du nombre de victimes parmi les migrants qui tentent de traverser la Méditerranée;

5.

propose, à cet égard, que les capacités en matière de recherche et de sauvetage soient renforcées et que les gouvernements des États membres mobilisent davantage de ressources financières et matérielles dans le contexte d'une opération humanitaire d'envergure européenne visant à trouver, à sauver et à aider les migrants en péril et à les amener dans le lieu sûr le plus proche;

6.

souligne que les capitaines de navire ou les organisations non gouvernementales qui aident réellement des personnes en détresse en mer ne devraient pas risquer de sanction à ce titre; est convaincu que le recours à la marine marchande ne devrait pas être envisagé comme solution en lieu et place du respect par les États membres et l'Union des obligations qui leur incombent en matière de recherche et de sauvetage;

La lutte contre la traite d'êtres humains et le trafic de migrants

7.

demande qu'une distinction claire soit établie entre les personnes introduites clandestinement dans l'Union et celles qui sont victimes de traite, car si les mesures prises à cet égard doivent former un ensemble cohérent, elles doivent aussi être correctement ciblées; déclare que, en termes généraux, le trafic illicite de migrants consiste à faciliter l'entrée illégale d'une personne dans un État membre, tandis que la traite d'êtres humains consiste à recruter, à transporter ou à détenir une personne en recourant à la violence, à la tromperie ou à des moyens illicites à des fins d'exploitation;

8.

soutient qu'une stratégie globale en matière de migration doit nécessairement comprendre des mesures de lutte contre les activités des réseaux criminels impliqués dans le trafic de migrants et la traite d'êtres humains;

9.

salue le rôle positif joué jusqu'à présent par les navires de la marine dans le sauvetage de vies en mer et dans la lutte contre les réseaux criminels; soutient les objectifs d'opérations navales telles que Sophia et souligne qu'il est essentiel de préserver la vie, précisant qu'une telle opération doit, dans tous ses aspects, être axée sur la protection de la vie des migrants;

10.

souligne qu'il convient de ne pas placer les opérations militaires au centre d'une stratégie globale en matière de migration et rappelle que l'opération Sophia ne doit pas détourner des dispositifs déjà déployés en Méditerranée de leur mission de sauvetage de vies en mer;

Le rôle des agences de l'Union dans la lutte contre le trafic illicite de migrants

11.

souligne que les criminels sont en mesure de changer très rapidement de mode opératoire et que les mesures mises en œuvre doivent donc tenir compte des données les plus récentes et précises; considère comme un pas en avant l'adoption par la Commission, le 27 mai 2015, du plan d'action de l'UE contre le trafic de migrants, qui prévoit d'instituer un groupe de contact des agences de l'Union sur le trafic de migrants afin de renforcer la coopération opérationnelle et l'échange d'informations entre les agences européennes concernées;

12.

précise qu'il convient d'exploiter pleinement les instruments existants, tels que les analyses de risques réalisées par les agences; fait observer que les agences de l'Union devraient coopérer pleinement mais qu'elles doivent également intensifier leur coopération avec les États membres; relève qu'une meilleure coordination des efforts déployés devrait permettre de recueillir des données au niveau national et de les transmettre aux agences;

La relocalisation

13.

rappelle que le processus de relocalisation, c'est-à-dire le transfert d'un demandeur ou d'un bénéficiaire de protection internationale d'un État membre vers un autre, est un exemple concret de solidarité au sein de l'Union; insiste en outre sur le fait que depuis 2009, le Parlement européen demande d'établir un mécanisme contraignant pour la répartition des demandeurs d'asile entre tous les États membres;

14.

relève qu'au cours de l'année écoulée, le Conseil a adopté deux décisions sur des mesures de relocalisation provisoire au sein de l'Union (les «décisions relatives à la relocalisation») (13) qui prévoient le transfert de demandeurs de protection internationale depuis la Grèce et l'Italie vers d'autres États membres; constate que, bien que les décisions relatives à la relocalisation n'abrogent pas les règles de Dublin en vigueur concernant la répartition des responsabilités, elles constituent une «dérogation temporaire» à ces règles;

15.

est d'avis que la mise en place de mesures de relocalisation d'urgence est un pas dans la bonne direction et demande aux États membres de satisfaire dans les meilleurs délais aux obligations qui leur incombent au regard de ces mesures;

16.

rappelle qu'aux fins des décisions y afférentes, une relocalisation ne peut être envisagée que pour les demandeurs possédant une nationalité pour laquelle la part des décisions accordant une protection internationale au cours de trois mois écoulés est d'au moins 75 %, selon les données d'Eurostat; relève que les personnes concernées par les décisions relatives à la relocalisation sont relativement peu nombreuses et que celles-ci ne s'appliqueront pas aux nombreux demandeurs originaires d'autres pays tiers qui ne peuvent être relocalisés en vertu de ces décisions;

17.

est préoccupé par le fait qu'au regard des actuelles décisions relatives à la relocalisation, les États membres de première arrivée doivent toujours traiter les demandes de protection internationale (et les recours) les plus compliquées ainsi qu'organiser des périodes d'accueil plus longues, et devront coordonner le retour de ceux à qui, au final, la protection internationale est refusée; rappelle que tout nouveau système de gestion du régime d'asile européen commun doit se fonder sur la solidarité et un partage équitable des responsabilités;

18.

est d'avis qu'il convient de tenir compte, en sus des critères établis par les décisions relatives à la relocalisation, c'est-à-dire le PIB et la population de l'État membre, le taux de chômage dans l'État membre ainsi que le nombre de demandeurs d'asile qu'il a précédemment accueilli, de deux critères supplémentaires, à savoir la surface du territoire, la densité de population de l'État membre;

19.

est convaincu que les préférences du demandeur devraient, dans la mesure où cela est possible d'un point de vue pratique, être prises en compte aux fins de la relocalisation; reconnaît que cet aspect peut contribuer à décourager les mouvements secondaires et inciter les demandeurs à accepter les décisions de relocalisation, mais qu'il ne devrait pas entraîner l'interruption du processus de relocalisation;

La réinstallation

20.

estime que la réinstallation est l'une des options privilégiées pour garantir un accès sûr et légal à l'Union aux réfugiés et aux personnes qui ont besoin d'une protection internationale dans les cas où les réfugiés ne peuvent ni retourner dans leur pays d'origine ni bénéficier d'une protection effective ou être intégrés dans le pays d'accueil;

21.

fait observer que la réinstallation sous l'égide du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) est un programme humanitaire bien établi et constitue un outil utile pour une gestion ordonnée de l'arrivée des personnes ayant besoin d'une protection internationale sur le territoire des États membres;

22.

souligne que, compte tenu des flux de migrants sans précédent qui sont arrivés et continuent d'arriver aux portes de l'Europe ainsi que de la constante augmentation du nombre des demandeurs de protection internationale, l'Union doit adopter un dispositif législatif contraignant et obligatoire à l'égard de la réinstallation, comme le prévoit le programme de la Commission en matière de migration; recommande que ce dispositif, pour qu'il ait une incidence, permette la réinstallation d'une part significative du nombre total de réfugiés demandant la protection internationale de l'Union, en prenant en compte les besoins mondiaux en matière de réinstallation que le HCR publie chaque année;

23.

insiste sur l'importance d'un programme permanent de réinstallation à l'échelle de l'Union qui repose sur la participation obligatoire de tous les États membres et qui prévoit la réinstallation d'une part significative du nombre total de réfugiés demandant la protection internationale de l'Union;

L'admission humanitaire

24.

précise que l'admission humanitaire peut être complémentaire de la réinstallation lorsqu'il y a lieu d'accorder d'urgence une protection, souvent temporaire, aux personnes les plus vulnérables, telles que les mineurs non accompagnés, les réfugiés qui présentent un handicap ou ceux nécessitant une évacuation médicale d'urgence;

25.

met l'accent sur le fait que, dans la mesure où une réinstallation n'est pas envisageable pour les ressortissants de pays tiers, il convient d'encourager tous les États membres de l'Union à instaurer et à mettre en œuvre des programmes d'admission humanitaire;

Les visas humanitaires

26.

souligne que le visa humanitaire donne aux personnes ayant besoin d'une protection internationale la possibilité d'entrer dans un pays tiers pour y demander l'asile; invite les États membres à recourir aux possibilités existantes pour délivrer des visas humanitaires, en particulier aux personnes vulnérables, dans les ambassades et les bureaux consulaires de l'Union dans les pays d'origine et de transit;

27.

considère qu'il convient que les personnes en quête d'une protection internationale puissent demander un visa humanitaire européen directement à n'importe quel consulat ou ambassade des États membres, et qu'une fois accordé après étude de la demande, un tel visa humanitaire devrait permettre à son détenteur d'entrer sur le territoire de l'État membre ayant délivré le visa à seule fin d'y déposer une demande de protection internationale; estime, par conséquent, qu'il est nécessaire de modifier le code des visas de l'Union en incluant des dispositions plus précises sur les visas humanitaires;

Le régime d'asile européen commun

28.

souligne qu'il convient de prendre de nouvelles mesures afin que le régime d'asile européen commun devienne un système véritablement uniforme;

29.

rappelle qu'une évaluation détaillée (sous la forme de rapports d'évaluation de la Commission) de la mise en œuvre de ce dispositif, complétée par l'adoption rapide de mesures de suivi en cas de mise en œuvre insatisfaisante dans un État membre, sont absolument indispensables à l'amélioration de l'harmonisation

30.

relève que les demandes irrecevables, les demandes ultérieures, les procédures accélérées et les procédures aux frontières constituent toutes des cas spécifiques dans lesquels la refonte de la directive relative aux procédures d'asile a tenté de parvenir à un fragile équilibre entre efficacité du système et droits des demandeurs, en particulier ceux des personnes vulnérables; souligne qu'un tel équilibre ne peut être maintenu que si la législation est intégralement et correctement appliquée;

31.

souligne qu'il importe que toutes les formes de détention soient soumises à un contrôle judiciaire en vertu des lois sur l'immigration et l'asile; rappelle que le droit international et la charte des droits fondamentaux de l'Union obligent les États membres à étudier des solutions de remplacement à la détention; demande aux États membres d'appliquer correctement les directives sur les procédures d'asile et les conditions d'accueil en ce qui concerne l'accès aux centres de détention;

32.

rappelle qu'il importe de réduire le nombre d'apatrides, et encourage les États membres à introduire des procédures de détermination de l'apatridie et à procéder à un échange de bonnes pratique en ce qui concerne la collecte de données fiables sur les apatrides et les procédures de détermination de l'apatridie;

La révision du règlement Dublin III

33.

fait observer que la mise en œuvre du règlement Dublin III (14) a suscité de nombreuses questions liées à l'équité et à la solidarité au regard de la détermination de l'État membre responsable de l'examen d'une demande de protection internationale; constate que le système actuel ne tient pas suffisamment compte des pressions migratoires particulièrement élevées subies par les États membres situés aux frontières extérieures de l'Union; est convaincu que l'Union doit reconnaître que la logique du règlement de Dublin suscite des difficultés persistantes et proposer des solutions en matière de solidarité tant à l'égard de ses États membres que des migrants concernés;

34.

souligne que la pression subie par le système — tel qu'établi par le règlement de Dublin — du fait de l'augmentation du nombre de migrants arrivant dans l'Union a montré que celui-ci, tel qu'il est mis en œuvre, n'a pas permis d'atteindre, dans une large mesure, ses deux principaux buts, à savoir le fait de définir des critères objectifs et équitables pour la répartition des responsabilités et de permettre un accès rapide à la protection internationale; répète ses réserves quant au critère actuel selon lequel c'est l'État membre de première entrée qui est responsable de l'examen de la demande de protection internationale, et estime que ce critère devrait être révisé;

35.

précise en outre que, dans le même temps, l'incidence des mouvements secondaires dans l'Union reste élevée; estime que le système de Dublin n'a manifestement pas été conçu, au départ, pour partager les responsabilités entre les États membres mais principalement pour désigner rapidement l'État membre responsable du traitement d'une demande d'asile donnée;

36.

recommande que les critères sur lesquels s'appuient les décisions de relocalisation soient intégrés directement dans les règles fondamentales de l'Union pour la répartition des responsabilités en ce qui concerne le traitement des demandes de protection internationale; insiste sur le fait que, dans le contexte de la révision du règlement de Dublin, il y a lieu de revoir le concept de «demandeur ayant manifestement besoin d'une protection internationale», car les cas des migrants et des réfugiés ne relevant pas de cette catégorie devraient alors quand même être traités par l'État membre de première arrivée;

37.

est convaincu que l'Union devrait apporter aux États membres qui reçoivent le plus de demandes d'asile une aide financière et technique proportionnée et adaptée; estime que la raison d'être du recours aux mesures de solidarité et de partage des responsabilités est l'amélioration de la qualité et du fonctionnement du RAEC;

38.

fait observer qu'une des options envisageables aux fins de la refonte du système de Dublin est la mise en place d'un système centralisé de collecte des demandes au niveau de l'Union dans le cadre duquel chaque demandeur d'asile serait considéré comme une personne cherchant l'asile dans l'Union de manière générale et non dans un État membre en particulier, ainsi que d'un système centralisé de répartition des responsabilités au regard des demandeurs d'asiles; propose qu'un tel système établisse des seuils par États membres en ce qui concerne le nombre d'arrivées, ce qui pourrait éventuellement contribuer à décourager les mouvements secondaires, car tous les États membres participeraient pleinement au système centralisé et ne détiendraient plus de responsabilité individuelle au regard du renvoi de demandeurs vers d'autres États membres; estime qu'un tel système pourrait s'appuyer sur un certain nombre de points d'accès («hotspots») à partir desquels la répartition dans l'Union aurait lieu; souligne que tout nouveau système de répartition des responsabilités doit respecter les principes d'unité familiale et d'intérêt supérieur de l'enfant;

La reconnaissance mutuelle

39.

constate qu'à l'heure actuelle, les États membres ne reconnaissent les décisions d'autres États membres en matière d'asile que lorsque celles-ci sont défavorables; rappelle que la reconnaissance mutuelle des décisions favorables en matière d'asile constitue une étape logique sur la voie d'une mise en œuvre effective de l'article 78, paragraphe 2, point a), du traité FUE, qui préconise d'instaurer «un statut uniforme d'asile […] valable dans toute l'Union»;

La directive relative à la protection temporaire

40.

souligne qu'en cas d'afflux massif, la Commission peut, de sa propre initiative ou après examen de la demande d'un État membre, proposer d'appliquer la directive 2001/55/CE du Conseil relative à la protection temporaire (15); fait observer que la mise en application de la directive nécessite que le Conseil adopte une décision à la majorité qualifiée; relève que la directive devrait être appliquée dès lors que le système d'asile de l'Union risque de ne pas être en mesure de gérer un afflux massif réel ou imminent de personnes déplacées; souligne toutefois que, depuis son adoption en 2001, la directive relative à la protection temporaire n'a jamais été appliquée;

41.

remarque que la directive relative à la protection temporaire prévoit également la possibilité d'évacuer des personnes déplacées de pays tiers, des évacuations qui pourraient être menées en coopération avec le HCR et emprunter des corridors humanitaires, les États membres étant tenus, s'il y a lieu, de faciliter l'obtention de visas dans la mesure du possible;

42.

est convaincu que le système d'asile de certains États membres qui sont en première ligne est déjà manifestement saturé et que la directive relative à la protection temporaire aurait dû, en vertu de sa propre logique, être appliquée; réclame, en tout état de cause, que le concept d'«afflux massif» soit clairement défini dans le contexte de la révision de cette directive; estime qu'une révision de la directive relative à la protection temporaire dans ce sens peut être englobée dans la révision du système de Dublin;

L'intégration

43.

constate que la participation de tous les acteurs concernés à la société est cruciale et suggère, dès lors, que l'échange de bonnes pratiques dans ce domaine soit renforcé, tout en respectant les compétences des États membres en ce qui concerne les mesures d'intégration; souligne que les mesures d'intégration relatives à l'ensemble des ressortissants de pays tiers en séjour régulier devraient promouvoir l'inclusion, plutôt que l'isolement; souligne que les autorités locales et régionales, y compris les municipalités, ont un rôle clé à jouer dans le processus d'intégration;

44.

met l'accent sur le fait que les États membres d'accueil doivent aider les réfugiés et leur donner la possibilité de s'intégrer ainsi que de construire un projet de vie dans leur nouvel environnement; souligne que cette aide devrait nécessairement inclure un logement, des cours d'alphabétisation et de langues, un dialogue interculturel, l'éducation et la formation professionnelle ainsi qu'un accès réel aux structures démocratiques de la société, comme le prévoit la directive sur les normes minimales (16); souligne que les réfugiés ont à la fois des droits et des obligations au sein des États membres d'accueil, exactement au même titre que les citoyens de l'Union; souligne, dès lors, que l'intégration est un processus réciproque et que le respect des valeurs fondamentales de l'Union doit être une composante à part entière du processus d'intégration, tout comme le respect des droits fondamentaux des réfugiés;

45.

rappelle qu'en vertu de l'article 15 de la directive sur les conditions d'accueil, il appartient aux États membres de déterminer les conditions d'accès des demandeurs de protection internationale à leur marché du travail, pour autant que ceux-ci bénéficient d'un accès effectif au marché du travail dans le délai prévu par le paragraphe 1 dudit article; reconnaît que, conformément à l'article 15, paragraphe 2, de cette directive, les États membres peuvent, pour des motifs liés à leur politique du marché du travail, accorder la priorité aux citoyens de l'Union et aux ressortissants des États parties à l'accord sur l'Espace économique européen, ainsi qu'aux ressortissants de pays tiers en séjour régulier;

46.

est d'avis que lorsque les personnes qui bénéficient de la protection internationale de l'Union ont une offre d'emploi dans un État membre autre que celui dans lequel ils ont obtenu cette protection, elles doivent être en mesure de pouvoir l'accepter;

47.

réitère qu'une meilleure reconnaissance des diplômes étrangers est un moyen concret de favoriser l'intégration des ressortissants de pays tiers déjà présents sur le territoire de l'Union et invite la Commission à formuler des propositions appropriées à cet égard;

48.

encourage la mise en œuvre de programmes d'intégration privés et communautaires en faveur des personnes admises à des fins de réinstallation, dans le cadre d'une coopération avec les États membres et les autorités locales, et en prenant appui sur les pratiques exemplaires existant en leur sein;

L'unité familiale

49.

encourage les États membres à veiller à préserver l'unité familiale, qui contribue à faciliter l'intégration à long terme en plaçant au centre des préoccupations la construction d'une vie nouvelle plutôt que la sécurité des membres de la famille qui sont encore dans une situation précaire;

50.

souligne que les États membres devraient écarter tout obstacle d'ordre juridique et pratique pour accélérer les décisions en matière de regroupement familial;

51.

estime que d'ici à ce que la refonte du règlement de Dublin ait abouti, il importe que les États membres utilisent mieux les clauses discrétionnaires afin de respecter le principe d'unité familiale;

Les enfants

52.

insiste sur la situation vulnérable des enfants qui arrivent dans l'Union et rappelle le droit de chaque enfant d'être traité d'abord comme un enfant; demande aux États membres de pleinement appliquer les dispositions spécifiques du RAEC concernant les mineurs non accompagnés, qui comprend l'accès à une assistance juridique, une tutelle, l'accès aux soins de santé, un logement et l'éducation, le droit qu'on leur parle dans une langue qu'ils comprennent et d'être interrogés par des fonctionnaires dûment qualifiés; rappelle que les États membres ne devraient pas placer des enfants en détention au motif que ce sont des migrants;

53.

rappelle que le soutien, l'information et la protection devraient être étendus aux enfants non accompagnés et isolés, dans leur intérêt supérieur, et que les demandes de regroupement familial déposées par des enfants non accompagnés et isolés devraient être traitées en priorité;

54.

note qu'un système efficace de tutelle et un système de protection adapté aux enfants sont essentiels pour prévenir les abus, la négligence et l'exploitation des enfants privés de protection parentale; insiste sur l'importance de définir des lignes directrices de l'Union relatives à un système de tutelle visant à apporter une aide et une protection adéquates et à garantir que les enfant étrangers soient traités de la même manière que ceux qui sont des ressortissants de l'Union;

55.

estime que l'évaluation de l'âge devrait être effectuée de la manière la moins invasive possible, de façon multidisciplinaire et en toute sécurité, en respectant l'intégrité physique des enfants et la dignité humaine, avec une attention particulière pour les filles, et devrait être effectuée par des médecins et des experts qualifiés et indépendants;

56.

demande aux États membres de collecter des données ventilées concernant la situation des enfants réfugiés ou migrants, afin d'améliorer la capacité des systèmes à intégrer les enfants réfugiés ou migrants;

Les retours

57.

constate que le retour en toute sécurité des personnes dont il est établi, après examen de leur demande d'asile, qu'elles ne remplissent pas les conditions requises pour bénéficier de la protection de l'Union doit être garanti dans le cadre de la mise en œuvre effective du RAEC;

58.

reconnaît, à la lumière du fait qu'en 2014, 36 % des ressortissants de pays tiers mis en demeure de quitter l'Union sont effectivement repartis, qu'il y a lieu d'améliorer l'efficacité du système européen de retour;

59.

estime que, pour augmenter l'efficacité des réadmissions, et afin de garantir la cohérence des retours au niveau européen, il sera nécessaire d'adopter de nouveaux accords de réadmission européens, plutôt que de recourir aux accords bilatéraux entre États membres et pays tiers;

60.

estime qu'il convient de n'envisager le retour des migrants que s'il peut être mené à bien en toute sécurité, dans le plein respect de leurs droits fondamentaux et procéduraux, et que ceux-ci ne sont pas en danger dans le pays où ils doivent retourner; rappelle, à cet égard, qu'il convient de privilégier le retour volontaire au retour forcé,

61.

est d'avis que toute tentative des États membres de repousser des migrants avant qu'ils n'aient eu la possibilité de présenter une demande d'asile est contraire au droit européen et international, et invite la Commission à prendre les mesures appropriées à l'encontre de tout État membre qui agirait de la sorte;

La liste des pays d'origine sûrs

62.

prend acte de la liste commune de l'Union des pays d'origine sûrs qui a été récemment proposée par la Commission et qui modifie la directive relative aux procédures d'asile (17); relève que, si ladite liste devenait obligatoire pour les États membres, elle pourrait, en principe, constituer un outil important pour faciliter le processus d'asile, notamment le retour;

63.

déplore qu'à l'heure actuelle, les États membres recourent à des listes de pays sûrs différentes, une situation qui empêche une application uniforme en même temps qu'elle favorise les mouvements secondaires;

64.

souligne, en tout état de cause, qu'une liste de pays sûrs ne saurait porter atteinte au droit de chaque personne à un examen individuel, en bonne et due forme, de sa demande de protection internationale;

Les procédures d'infraction

65.

relève qu'en septembre 2015, la Commission a dû adopter, en sus des 34 procédures déjà en cours, 40 décisions constatant une infraction au regard de la mise en œuvre du RAEC à l'encontre de 19 États membres; rappelle que le Parlement devrait être systématiquement informé des procédures engagées par la Commission contre des États membres qui n'ont pas, ou mal appliqué la législation de l'Union dans ce domaine;

66.

insiste sur le fait qu'il est essentiel, une fois la législation européenne approuvée et adoptée, que les États membres tiennent leurs engagements et l'appliquent;

67.

constate en outre qu'il est impossible d'évaluer correctement les avantages et les inconvénients de certaines composantes du RAEC du fait que de nombreux États membres n'ont pas encore entièrement mis en œuvre la législation y afférente;

Le Bureau européen d'appui en matière d'asile (EASO)

68.

préconise que l'EASO devienne à long terme un organe de coordination majeur du RAEC afin de garantir l'application commune des règles de ce système; redit que l'émergence d'un RAEC véritablement européen impose à l'EASO de ne plus seulement être une réunion d'experts provenant des États membres, mais de devenir une agence de l'Union à part entière qui apporte un soutien opérationnel aux États membres et aux frontières extérieures; souligne, à cet égard, que l'EASO doit être doté des moyens financiers et humains nécessaires à court, moyen et long termes;

69.

fait observer qu'en 2015, la part du budget de l'EASO allouée à la relocalisation, à la réinstallation et à la dimension extérieure s'élevait seulement à 30 000 euros; redit que ce budget très limité est risible au vu des événements actuels en mer Méditerranée et des multiples références faites à l'EASO dans les décisions relatives à la relocalisation; rappelle qu'à court, moyen et long termes, il faudra considérablement augmenter le budget de l'EASO, ses effectifs et les sommes qu'il alloue à la relocalisation et à la réinstallation;

Frontex et la proposition de création d'un nouveau corps européen de garde-frontières et de garde-côtes

70.

prend acte du rôle d'assistance à tout navire ou personne en détresse en mer que Frontex a joué ces derniers temps et reconnaît la contribution qu'il a apportée, dans le cadre des opérations conjointes Triton et Poséidon, au sauvetage de nombreuses vies en Méditerranée;

71.

croit comprendre que le corps de garde-frontières et de garde-côtes dont la création a été récemment proposée est censé remplacer Frontex et assurer une gestion européenne intégrée des frontières extérieures de l'Union, dans le but de gérer efficacement les migrations et d'assurer un niveau élevé de sécurité au sein de l'Union, tout en y garantissant la libre circulation des personnes; souligne que, conformément aux traités et à leurs protocoles, les États membres qui sont parties aux accords de Schengen, mais qui ne font pas encore partie de l'espace Schengen sans contrôles aux frontières intérieures, peuvent prendre part à toutes les actions prévues dans la nouvelle proposition et en bénéficier;

72.

attend avec intérêt les négociations auxquelles la proposition donnera lieu au sein du Parlement et du Conseil et entre les deux colégislateurs dans le cadre de la procédure législative ordinaire, conformément à l'article 294 du traité FUE;

Schengen et la gestion et la sécurité des frontières extérieures

73.

rappelle que, depuis la création de l'espace Schengen, l'Union est un espace sans frontières intérieures, que les États membres de l'espace Schengen ont développé une politique commune par étapes en ce qui concerne les frontières extérieures de l'espace Schengen et que la logique inhérente à ce système a toujours été que la suppression des contrôles aux frontières intérieures devait s'accompagner de mesures compensatoires renforçant les frontières extérieures de l'espace Schengen et d'un échange d'informations par l'intermédiaire du système d'informations Schengen (SIS);

74.

est conscient que l'intégrité de l'espace Schengen et la suppression des contrôles aux frontières intérieures sont tributaires d'une gestion efficace des frontières extérieures, de l'application de normes communes élevées par tous les États membres aux frontières extérieures et d'un échange efficace d'informations entre eux;

75.

admet que l'Union a besoin de renforcer la protection de ses frontières extérieures et de développer davantage le RAEC, et que des mesures s'imposent pour que l'espace Schengen soit mieux à même de relever les nouveaux défis auxquels l'Europe fait face et de préserver les principes fondamentaux que sont la sécurité et la libre circulation des personnes;

76.

souligne que l'accès au territoire de l'espace Schengen est généralement contrôlé aux frontières extérieures, conformément au code frontières Schengen, et que, de surcroît, les citoyens de nombre de pays tiers doivent obtenir un visa pour y pénétrer;

77.

réitère la déclaration du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés selon laquelle le respect des droits fondamentaux et des engagements internationaux ne saurait être garanti si les procédures et plans de fonctionnement ne transposent pas ces engagements en instructions pratiques et claires à l'intention du personnel affecté aux frontières, qu'elles soient terrestres, maritimes ou aériennes; souligne la nécessité de renforcer le mécanisme de protection civile de l’Union afin de faire face aux événements ayant un impact de grande portée qui affectent un nombre important d’États membres.

78.

souligne une nouvelle fois que, comme c'est le cas pour la législation spécifique à l'asile et aux migrations, la législation sur les frontières intérieures et extérieures ne peut être efficace si les États membres n'appliquent pas correctement les mesures décidées au niveau de l'Union; souligne qu'il est essentiel, compte tenu de la pression croissante, que les États membres appliquent avec plus d'efficacité les mesures aux frontières extérieures, ce qui contribuera en partie à dissiper les craintes que les citoyens éprouvent en matière de sécurité;

79.

prend acte de la proposition faite le 15 décembre 2015 par la Commission de réviser de manière ciblée le code frontières Schengen en soumettant tous les ressortissants de l'Union (et pas uniquement les ressortissants de pays tiers) à des vérifications systématiques en interrogeant les bases des données pertinentes aux frontières extérieures de l'espace Schengen;

80.

estime que l'espace Schengen est l'une des réalisations majeures de l'intégration européenne; souligne que le conflit qui sévit en Syrie et les autres conflits dans la région ont provoqué l'arrivée d'un nombre sans précédent de réfugiés et de migrants dans l'Union un nombre, ce qui, à son tour, a mis en évidente des défaillances sur certains tronçons des frontières extérieures de l'Union; s'inquiète du fait qu'en réaction à cela, certains États membres ont éprouvé le besoin de fermer leurs frontières intérieures ou d'introduire des contrôles temporaires aux frontières, ce qui remet en question le bon fonctionnement de l'espace Schengen;

Points d'accès («hotspots»)

81.

rappelle que, dans le cadre de l'approche dite des points d'accès, définie par la Commission dans l'Agenda européen en matière de migration, l'agence pour la gestion des frontières, l'EASO, Europol et Eurojust doivent fournir aux États membres une aide opérationnelle correspondant à leurs mandats respectifs;

82.

souligne, à cet égard, que les agences de l'Union doivent disposer des ressources qui leur permettront de mener à bien les missions qui leur ont été confiées; insiste pour que les agences de l'Union et les États membres tiennent le Parlement constamment informé des mesures prises aux points d'accès;

83.

fait observer que les deux décisions relatives à la relocalisation prévoient l'octroi d'un soutien opérationnel à l'Italie et à la Grèce aux points d'accès, afin de filtrer les migrants dès leur arrivée, d'enregistrer leur demande de protection internationale, de fournir aux demandeurs des informations relatives à la relocalisation, d'organiser des opérations de retour pour ceux qui n'ont pas présenté de demande de protection internationale et ne sont pas autorisés à rester à un autre titre ou ceux dont la demande n'a pas abouti, et de faciliter toutes les démarches liées à la procédure de relocalisation elle-même;

84.

demande que les points d'accès soient mis en place dès que possible, de sorte que ces États membres reçoivent une aide opérationnelle concrète; demande que des moyens techniques et financiers soient alloués aux États membres de première arrivée, comme l'Italie et la Grèce, afin qu'ils puissent enregistrer avec rapidité et efficacité l'ensemble des migrants qui arrivent dans l'Union, avant de les diriger vers les autorités compétentes, ce dans le plein respect de leurs droits fondamentaux; estime qu'il est important, pour la confiance mutuelle, que l'Union accorde un soutien rapide et efficace aux États membres et que ceux-ci acceptent ce soutien;

85.

reconnaît qu'un des principaux objectifs de ces points d'accès est de permettre à l'Union d'offrir protection et aide humanitaire immédiates à ceux qui en ont besoin; fait ressortir qu'il faut veiller tout particulièrement à ce que la répartition des migrants en différentes catégories à ces points d'accès soit réalisée dans le plein respect des droits de tous les migrants; reconnaît toutefois que le fonctionnement général d'un RAEC réformé serait facilité si les demandeurs de protection internationale étaient identifiés correctement à leur point d'entrée dans l'Union;

Droit pénal relatif aux migrations

86.

fait observer que, dans son plan d'action sur le trafic de migrants, la Commission déclare envisager une révision de la directive 2004/81/CE du Conseil relative au titre de séjour délivré aux ressortissants de pays tiers qui sont victimes de la traite des êtres humains ou ont fait l'objet d'une aide à l'immigration clandestine et qui coopèrent avec les autorités compétentes;

87.

estime qu'une telle révision est nécessaire et devrait envisager la création d'un système permettant aux victimes de traite et de trafic de se faire connaître et de contribuer, sans crainte d'être elles-mêmes poursuivies, à ce que les auteurs de ces infractions soient réellement traduits en justice;

88.

fait observer que la Commission envisage une révision de la directive 2002/90/CE du Conseil, qui définit l'aide à l'entrée, au transit et au séjour irréguliers; estime que ceux qui apportent une assistance humanitaire, sous quelque forme que ce soit, aux personnes en détresse, ne devraient pas encourir de peine, et que la législation de l'Union devrait contenir des dispositions en ce sens;

89.

souligne que le démantèlement des réseaux criminels de passeurs et de trafiquants d'êtres humains passe aussi impérativement par des enquêtes financières, car repérer et saisir les profits de ces réseaux criminels est essentiel pour les affaiblir, avant de les démanteler; invite à cet égard les États membres à transposer promptement et efficacement la quatrième directive relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux;

90.

rappelle que le bon déroulement des enquêtes pénales suppose que les professionnels soient formés de façon à comprendre pleinement et savoir détecter à un stade précoce le phénomène auquel ils s'attaquent;

Coopération avec les pays tiers

91.

souligne que le volet de l'approche globale de la question des migrations et de la mobilité (AGMM) relatif à l'asile et à la protection internationale devrait être développé plus avant, en y associant davantage les pays tiers; fait observer que les mesures prises actuellement dans ce domaine, au titre des programmes de protection régionale et des programmes régionaux de développement et de protection, sont axées sur le renforcement des capacités afin de lutter contre les réseaux de passeurs et de trafiquants d'êtres humains dans les pays tiers d'origine et de transit; note, dans le même temps, que la composante relative à la réinstallation reste faible dans ces programmes; estime que les mesures de renforcement des capacités et les activités de réinstallation devraient être intensifiées et menées de concert avec les pays tiers qui accueillent beaucoup de réfugiés;

92.

reconnaît que le dispositif de base qui fixe les objectifs des politiques extérieures de l'Union en matière de migration, d'asile et de frontières est l'approche globale de la question des migrations et de la mobilité; prend acte des différents instruments que ce dispositif englobe, dont les dialogues régionaux, les dialogues bilatéraux, les partenariats pour la mobilité et les agendas communs en matière de migration et de mobilité, les accords de réadmission, les accords visant à faciliter la délivrance des visas et les accords d'exemption de visa, les programmes de protection régionale et les programmes régionaux de développement et de protection;

93.

pense que la dimension extérieure devrait privilégier la coopération avec les pays tiers pour s'attaquer aux causes profondes de l'afflux de migrants irréguliers et lutter contre ce phénomène; estime que les partenariats et la coopération avec les principaux pays d'origine, de transit et de destination devraient continuer à être au centre des préoccupations, notamment via les processus de Rabat, de Khartoum, de Budapest et de Prague, et via le dialogue UE-Afrique sur les migrations et la mobilité;

94.

fait ressortir que l'Union européenne et ses États membres doivent choisir avec soin les services répressifs de pays tiers auxquels ils apportent leur soutien en fonction de la manière dont ces services ont respecté les droits des migrants par le passé;

95.

préconise que toute coopération avec des pays tiers s'accompagne d'une évaluation des systèmes d'asile de ces pays, du soutien qu'ils apportent aux réfugiés et de leur aptitude et détermination à lutter contre le trafic et la traite des êtres humains à destination de ces pays ou en transit;

96.

invite l'Union à aider les pays tiers à développer leurs systèmes d'asile et leurs stratégies d'intégration afin de permettre aux ressortissants de pays tiers ayant besoin d'une protection internationale de la solliciter dans ces pays; estime que la coopération de l'Union avec des pays tiers doit avoir pour but que cette coopération soit bénéfique à l'Union, au pays tiers en question et aux réfugiés et migrants qui s'y trouvent;

97.

rappelle que l'Union européenne a intensifié sa coopération extérieure avec des pays tiers dans le domaine de la migration et de l'asile afin de répondre comme il se doit à la crise actuelle des réfugiés, et a lancé de nouvelles initiatives de coopération telles que le plan d'action commun UE-Turquie; souligne, à cet égard, que toutes les parties doivent satisfaire à leurs engagements découlant du plan d'action commun, y compris en luttant contre les causes fondamentales à l'origine de l'afflux massif de Syriens et en renforçant la coopération pour soutenir les Syriens sous protection temporaire et les communautés qui les accueillent en Turquie, et que la Turquie doit respecter les engagements qu'elle a pris en vue d'endiguer les flux migratoires irréguliers de son territoire vers l'Union;

Campagnes de sensibilisation

98.

fait ressortir que nombre de personnes faisant appel à un passeur sont conscientes — au moins partiellement — des risques qu'elles courront lors de leur périple vraisemblablement semé d'embûches vers l'Europe, mais choisissent cependant de faire le voyage, car elles estiment que ces risques sont moins élevés que ceux qui les attendent si elles ne partent pas;

99.

note avec satisfaction que le plan d'action de la Commission lie le lancement de nouvelles campagnes à l'évaluation des campagnes existantes; préconise que les campagnes de sensibilisation divulguent des informations sur les critères employés pour déterminer le droit à une protection dans l'Union, ce qui pourrait convaincre certains migrants — qui risquent d'entreprendre un voyage périlleux pour se voir contraints de rentrer chez eux si aucune protection ne leur est octroyée — de renoncer à entreprendre ce périple;

Lutte contre les causes profondes

100.

réaffirme que l'Union doit adopter une stratégie à long terme afin de contribuer à faire contrepoids aux facteurs d'incitation au départ dans les pays tiers (conflit, persécution, épuration ethnique, violence généralisée ou autres facteurs tels que extrême pauvreté, changement climatique ou catastrophe naturelle), qui poussent les candidats dans les filets des réseaux criminels de passeurs, puisqu'ils les considèrent comme leur seule chance d'atteindre l'Europe;

101.

rappelle que le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme des migrants a en outre invité l'Union à ouvrir des canaux d'immigration régulière afin de permettre aux migrants de recourir à des systèmes officiels d'entrée et de sortie, au lieu de s'adresser aux réseaux de passeurs;

102.

met en avant que l'afflux récent de réfugiés dans l'Union a prouvé que les mesures préventives ne suffisent pas, à elles seules, à réguler le phénomène migratoire actuel;

103.

reconnaît que, sur le long terme, il convient de stimuler davantage la résolution des problèmes géopolitiques qui influent sur les causes premières de la migration, car la guerre, la pauvreté, la corruption, la faim et l'absence de perspectives font que les populations continueront de penser qu'elles n'ont pas d'autre choix que de fuir en Europe, à moins que l'Union ne cherche des solutions pour aider ces pays à se reconstruire; souligne que cela signifie que la Commission et les États membres doivent dès lors injecter l'argent nécessaire pour renforcer les capacités des pays tiers, de façon, par exemple, à faciliter les investissements et l'éducation, à renforcer et à mettre sur pied des systèmes d'asile, à améliorer la gestion des frontières et à renforcer les systèmes juridiques et judiciaires de ces pays;

Financement destiné aux pays tiers

104.

fait observer que le principal mécanisme de financement à l'intention des pays tiers est l'instrument de financement de la coopération au développement, qui comprend le seul fonds thématique mondial de l'Union pour la migration disponible au titre du programme «Biens publics mondiaux et défis qui les accompagnent», et est géré par la direction générale (DG) de la coopération internationale et du développement (DEVCO); note aussi que, comme pour les fonds alloués directement aux États membres, d'autres DG de la Commission et d'autres organes de l'Union interviennent dans la gestion de l'instrument de financement de la coopération au développement, puisque l'aide de l'Union à ses pays voisins est octroyée par la DG Voisinage et négociations d'élargissement, au moyen de l'instrument d'aide de préadhésion, tandis que l'aide humanitaire est assurée par la DG Aide humanitaire et protection civile (ECHO) et que le Service européen pour l'action extérieure (SEAE) gère l'instrument contribuant à la stabilité et à la paix; rappelle que les deux fonds gérés par la DG Migration et affaires intérieures (HOME), le Fonds «Asile, migration et intégration» et le Fonds pour la sécurité intérieure, prévoient aussi une dimension extérieure, ce qui ajoute un élément au paysage du financement extérieur;

105.

se félicite de la création récente du fonds d'affectation spéciale d'urgence pour l'Afrique et du 1,8 milliard d'euros promis au fonds, lequel apporte une composante supplémentaire au financement destiné aux pays tiers; invite les États membres à continuer à contribuer à ce fonds;

106.

recommande que, conformément à l'AGMM, les quatre piliers thématiques que sont i) l'immigration légale et la mobilité, ii) l'immigration irrégulière et la traite des êtres humains, iii) la protection internationale et iv) l'impact de la migration sur le développement se voient accorder la même importance dans le cadre de la politique extérieure et du financement de l'Union;

Transparence du financement

107.

fait observer que la mise en œuvre de la politique de l'Union en matière de migration et d'asile fait appel à différents instruments, qui ont chacun leurs propres objectifs, sans que ceux-ci soient nécessairement liés, et que la coordination du financement entre les nombreux acteurs impliqués est insuffisante; souligne que le morcellement des lignes budgétaires et des responsabilités crée une structure de gestion complexe, de sorte qu'il peut s'avérer difficile d'obtenir une vue d'ensemble exhaustive de la manière dont les différents fonds disponibles sont alloués et finalement utilisés; fait aussi ressortir la difficulté accrue qu'il y a, de ce fait, à savoir précisément combien l'Union dépense, en tout, pour la politique de migration;

108.

est d'avis qu'il faut présenter une vue d'ensemble détaillée du financement de l'Union en matière de migration, tant dans l'Union qu'en dehors, l'absence d'une telle vue d'ensemble constituant clairement un obstacle à la transparence et à la solidité du processus décisionnel; fait observer, à cet égard, qu'une solution possible serait la création d'un site internet comprenant une base de données de tous les projets financés par l'Union dans le domaine de la politique migratoire; souligne que la transparence est nécessaire jusque dans les lignes budgétaires si l'on veut garantir un financement suffisant de tous les objectifs de la politique migratoire de l'Union;

109.

rappelle que l'impact positif des fonds de migration de l'Union dépend des processus mis en place au niveau tant national que de l'Union pour garantir la transparence, la surveillance efficace et la responsabilité; estime qu'il conviendrait de réfléchir à la manière de transformer la surveillance et l'évaluation en processus continus, plutôt que simplement a posteriori, et qu'il convient, à cet égard, de renforcer le rôle de la Cour des comptes; observe qu'il conviendrait d'établir des indicateurs qualitatifs et quantitatifs, qui puissent être comparés afin de mesurer l'impact des fonds de l'Union et de déterminer s'ils ont atteint les objectifs visés;

Financement supplémentaire pour la migration

110.

se félicite des fonds supplémentaires disponibles dans le budget de l'Union pour 2016 afin de commencer à s'attaquer au phénomène migratoire actuel; souligne qu'il s'agit en grande partie de fonds au titre du cadre financier pluriannuel (CFP) pour la période 2014-2020 qui sont engagés par anticipation, l'Union dépensant aujourd'hui ce qu'elle avait l'intention de dépenser demain;

111.

convient que, si les récentes propositions budgétaires et le financement supplémentaire prévu dans le budget de l'Union pour 2016 se doivent d'être salués, y compris la mobilisation de l'instrument de flexibilité, le financement à moyen et long termes demeure toutefois problématique; s'inquiète de ce que l'augmentation proposée des montants pour les lignes budgétaires au titre du Fonds «Asile, migration et intégration» pour 2016 ne se soit pas accompagnée d'une proposition de révision des ressources globales disponibles dans le cadre de ce fonds pour la période de financement 2014–2020; croit savoir que, si cela ne change pas, le financement disponible au titre du Fonds «Asile, migration et intégration» sera épuisé bien avant 2020;

112.

encourage les États membres à profiter pleinement des possibilités qu'offrent les crédits qui ne sont pas directement liés à la politique de migration, mais qui peuvent servir à financer des actions dans ce domaine (actions d'intégration, par exemple), notamment les crédits disponibles au titre du Fonds social européen, du Fonds européen d'aide aux plus démunis, d'Horizon 2020, du Fonds européen de développement régional et du programme «Droits et citoyenneté»;

113.

recommande que, dans le cadre du réexamen du CFP programmé fin 2016, d'importantes ressources supplémentaires soient dégagées sous la rubrique 3 relative à la citoyenneté, à la liberté, à la sécurité et à la justice, de façon à ce qu'un financement suffisant soit disponible, sur la base des tendances migratoires et des besoins de financement connexes, pour les politiques d'asile, de migration et d'intégration de l'Union européenne et des États membres;

Participation de la société civile

114.

souligne que l'obtention de fonds opérationnels constitue un véritable défi pour les ONG car l'essentiel du financement est octroyé en lien avec des projets; affirme que les initiatives bénévoles et de la société civile visant à porter assistance aux migrants doivent être encouragées et, le cas échéant, financées par la Commission et les États membres; invite les États membres et la Commission à s'efforcer, lorsque cela est possible et opportun, de financer des projets gérés par des organisations de la société civile actives dans les domaines de la migration, de l'intégration et de l'asile;

115.

redit qu'il convient d'associer la société civile à l'élaboration des mesures de l'Union et des programmes nationaux, conformément au principe de partenariat consacré par le fonds «Asile, migration et intégration»; propose qu'au niveau de l'Union, des consultations régulières soient envisagées entre la Commission et les partenaires pertinents de la société civile s'occupant de problèmes d'asile, de migration et d'intégration;

Tendances démographiques

116.

fait observer que, avant l'afflux de migrants dans l'Union en 2015, une étude menée par l'OCDE et la Commission en 2014 prévoyait un déclin de la population en âge de travailler (entre 15 et 64 ans) de 7,5 millions entre 2013 et 2020 dans l'Union, et une baisse encore plus forte, de 11,7 millions, en excluant le solde migratoire de ces prévisions;

117.

souligne toutefois que le taux de chômage des jeunes était de 20 % pour l'ensemble des États membres en novembre 2015;

118.

fait aussi observer que, selon des prévisions récentes d'Eurostat, la proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus, par rapport à la population âgée de 15 à 64 ans, passera de 27,5 % début 2013 à près de 50 % en 2050; note que le rapport actuel de quatre personnes en âge de travailler pour une personne âgée de 65 ans ou plus passerait alors à deux personnes en âge de travailler pour une personne âgée de 65 ans ou plus;

Migration économique légale

119.

déclare que l'article 79 du traité FUE constitue la base juridique de la gestion de la migration légale au niveau de l'Union,

120.

considère que l'article 79, paragraphe 5, accorde aux États membres la prérogative de fixer le nombre de ressortissants de pays tiers admis sur leur territoire en provenance de pays tiers pour y chercher un emploi;

121.

souligne que la stratégie Europe 2020 a mis en évidence la nécessité d'une politique globale de migration de la main-d'œuvre et d'une meilleure intégration des migrants en vue d'atteindre les objectifs de croissance intelligente, durable et inclusive de l'Union;

122.

fait observer que le cadre législatif de l'Union qui régit actuellement l'entrée des ressortissants de pays tiers dans l'Union pour y travailler est assez morcelé, puisqu'il est axé sur différentes catégories de travailleurs et qu'il ne s'applique pas de manière générale à l'ensemble des travailleurs migrants;

123.

estime que l'Union devra, à long terme, établir des règles plus générales sur l'entrée et le séjour des ressortissants de pays tiers qui cherchent un emploi dans l'Union afin de combler les pénuries constatées sur le marché du travail européen;

Nécessité d'améliorer les données

124.

plaide pour une vision globale du marché du travail de l'Union, préalable nécessaire au développement de politiques d'emploi; souligne qu'il est nécessaire de forger des outils permettant de mieux mettre en évidence et prévoir les besoins présents et futurs du marché du travail de l'Union; propose, à cet égard, que les outils actuels, tels que ceux qui ont été élaborés par le Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (Cedefop) ou l'OCDE, soient améliorés, voire fusionnés avec les statistiques internationales sur l'offre potentielle de main-d'œuvre des pays tiers, afin de disposer d'une image plus fidèle de la situation;

125.

est convaincu qu'une amélioration des données et des instruments d'analyse de ces données ne peut qu'aider les décideurs à établir les futures politiques relatives aux migrations économiques et que l'Union et les États membres devraient déterminer les pénuries dont souffrent leurs marchés du travail, ce qui contribuerait à pourvoir des emplois qui, autrement, resteraient vacants;

Exploitation par le travail

126.

fait observer que l'exploitation par le travail peut être une conséquence de la traite ou du trafic, voire se produire en l'absence de ces deux délits, le résultat étant l'impunité pour ceux qui exploitent les migrants irréguliers dans les États membres où cette exploitation n'est pas punie en tant que telle par la loi;

127.

déplore que le faible risque, pour les employeurs qui exploitent le travail de migrants irréguliers, d'être découverts ou poursuivis contribue de façon avérée et importante aux formes graves d'exploitation par le travail, en particulier dans les secteurs les plus touchés (agriculture, construction, hôtellerie et restauration, personnel de maison et services de soins); recommande, pour mettre fin à cette situation d'impunité, de veiller d'abord à ce que tous les cas de formes graves d'exploitation par le travail soient érigés en infraction et punis comme il se doit en vertu de la législation nationale, et ensuite, à ce que les inspections du travail soient plus fréquentes dans les secteurs à risque;

128.

prend acte du fait qu'à l'heure actuelle, les États membres punissent l'exploitation par le travail uniquement lorsqu'elle constitue une forme de traite des êtres humains, ce qui laisse subsister une large faille dans tous les cas où les employeurs qui exploitent le travail d'autrui ne sont pas coupables de traite, ou que leur implication ne peut être prouvée;

129.

répète que les procédures spéciales prévues pour faciliter le dépôt de plainte dans la directive 2009/52/CE prévoyant des normes minimales concernant les sanctions et les mesures à l'encontre des employeurs de ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier («directive sur les sanctions à l'encontre des employeurs») devraient être pleinement mises en œuvre et appliquées correctement; pense qu'il est nécessaire de renforcer la protection accordée aux victimes de traite et aux personnes qui sont entrées dans l'Union européenne grâce à des passeurs lorsqu'elles coopèrent et qu'elles facilitent les poursuites à l'encontre de trafiquants ou passeurs; propose, de surcroît, d'appuyer la création d'une coalition européenne des entreprises contre la traite des êtres humains (évoquée dans la stratégie de l'Union européenne contre la traite des êtres humains de 2014), dont l'objet serait de mettre en place des chaînes d'approvisionnement exemptes de toute traite d'êtres humains;

130.

estime qu'en fin de compte, la lutte contre l'exploitation des migrants par le travail doit passer à la fois par des poursuites efficaces contre les employeurs qui commettent des abus et par la protection des victimes de cette exploitation;

Révision de la directive «carte bleue»

131.

rappelle que dans l'Agenda en matière de migration, la Commission a fait part de son intention de réviser la directive établissant les conditions d'entrée et de séjour des ressortissants de pays tiers aux fins d'un emploi hautement qualifié (directive «carte bleue»), en se penchant en particulier sur la question du champ d'application (extension possible aux entrepreneurs désireux d'investir en Europe) et sur l'amélioration des règles relatives à la mobilité au sein de l'Union;

132.

redit que le rapport de la Commission sur la mise en œuvre de la directive «carte bleue» met en évidence les lacunes de cette dernière, notamment le niveau d'harmonisation très limité découlant du large pouvoir d'appréciation laissé aux États membres dans sa mise en œuvre, en particulier le droit des États membres à conserver des systèmes nationaux parallèles;

133.

est convaincu, en outre, que la directive doit manifestement être axée non seulement sur les métiers hautement qualifiés, mais aussi sur certains métiers ciblés exigeant des qualifications élevées et présentant des pénuries de main-d'œuvre avérées; est d'avis, de surcroît, que la révision de la «carte bleue» doit être à la fois ambitieuse et ciblée et doit s'efforcer de supprimer les incohérences de la directive actuelle, en particulier en ce qui concerne les systèmes nationaux parallèles recommande que soit envisagée une révision du champ d'application, afin de l'étendre aux ressortissants de pays tiers qui pourraient contribuer à combler les pénuries de main-d'œuvre constatées sur les marchés du travail de l'Union;

o

o o

134.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements et gouvernements des États membres, à l'EASO, à Frontex, à Europol, à Eurojust, à l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne (FRA), à l'Agence européenne pour la gestion opérationnelle des systèmes d'information à grande échelle au sein de l'espace de liberté, de sécurité et de justice (eu-LISA), au Conseil de l'Europe, au Comité des régions et au Comité économique et social européen.


(1)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0070.

(2)  JO C 93 du 9.3.2016, p. 165.

(3)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0176.

(4)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0317.

(5)  http://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2015/09/28-eunavfor/.

(6)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0105.

(7)  Informations de Frontex, http://frontex.europa.eu/news/number-of-migrants-arriving-in-greece-dropped-by-half-in-november-cITv3V.

(8)  Rapport de données de l'OIM et de l'UNICEF intitulé «Migration of Children to Europe» (Migration des enfants vers l'Europe), http://www.iom.int/sites/default/files/press_release/file/IOM-UNICEF-Data-Brief-Refugee-and-Migrant-Crisis-in-Europe-30.11.15.pdf.

(9)  Bulletin d'information de l'EASO, novembre-décembre 2015, https://easo.europa.eu/wp-content/uploads/EASO-Newsletter-NOV-DEC_-20151.pdf.

(10)  L'UE+ se compose des 28 États membres de l'Union européenne, de la Norvège et de la Suisse.

(11)  Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, «Greece data snapshot» (Instantané des données pour la Grèce), 7 mars 2016.

(12)  Projet de l'OIM sur les migrants disparus, http://missingmigrants.iom.int/.

(13)  Décisions (UE) 2015/1523 et (UE) 2015/1601 du Conseil.

(14)  Règlement (UE) no 604/2013 du Parlement européen et du Conseil du 26 juin 2013 établissant les critères et mécanismes de détermination de l'État membre responsable de l'examen d'une demande de protection internationale introduite dans l'un des États membres par un ressortissant de pays tiers ou un apatride (JO L 180 du 29.6.2013, p. 31).

(15)  Directive 2001/55/CE du Conseil du 20 juillet 2001 relative à des normes minimales pour l'octroi d'une protection temporaire en cas d'afflux massif de personnes déplacées et à des mesures tendant à assurer un équilibre entre les efforts consentis par les États membres pour accueillir ces personnes et supporter les conséquences de cet accueil (JO L 212 du 7.8.2001, p. 12).

(16)  Directive 2011/95/UE du Parlement européen et du Conseil du 13 décembre 2011 concernant les normes relatives aux conditions que doivent remplir les ressortissants des pays tiers ou les apatrides pour pouvoir bénéficier d’une protection internationale, à un statut uniforme pour les réfugiés ou les personnes pouvant bénéficier de la protection subsidiaire, et au contenu de cette protection (JO L 337 du 20.12.2011, p. 9).

(17)  Directive 2013/32/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 juin 2013 relative à des procédures communes pour l'octroi et le retrait de la protection internationale (JO L 180 du 29.6.2013, p. 60).


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/33


P8_TA(2016)0103

Rapports annuels 2012 et 2013 sur la subsidiarité et la proportionnalité

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 sur les rapports annuels 2012-2013 sur la subsidiarité et la proportionnalité (2014/2252(INI))

(2018/C 058/03)

Le Parlement européen,

vu l'accord interinstitutionnel «Mieux légiférer» (1),

vu les modalités pratiques convenues le 22 juillet 2011 entre les services compétents du Parlement européen et le Conseil pour la mise en œuvre de l'article 294, paragraphe 4, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne en cas d'accords en première lecture,

vu sa résolution du 4 février 2014 sur le caractère adéquat, la subsidiarité et la proportionnalité de la réglementation de l'UE (19e rapport «Mieux légiférer» couvrant l'année 2011) (2),

vu sa résolution du 13 septembre 2012 sur le 18e rapport «Mieux légiférer» — Application des principes de subsidiarité et de proportionnalité (2010) (3),

vu sa résolution du 14 septembre 2011 intitulée «Mieux légiférer: subsidiarité et proportionnalité, réglementation intelligente» (4),

vu les rapports annuels 2012 et 2013 de la Commission sur la subsidiarité et la proportionnalité (respectivement COM(2013)0566 et COM(2014)0506),

vu les conclusions du Conseil du 4 décembre 2014 sur la réglementation intelligente,

vu les conclusions de la Conférence des présidents des parlements de l'Union européenne du 21 avril 2015,

vu les rapports semestriels de la COSAC sur les développements des procédures et pratiques de l'Union européenne en matière de contrôle parlementaire du 27 septembre 2012, du 17 mai 2013, du 4 octobre 2013, du 19 juin 2014 et du 14 novembre 2014,

vu le rapport final du 14 octobre 2014 du Groupe de haut niveau de parties prenantes indépendantes sur les charges administratives intitulé «Alléger les formalités administratives en Europe — Bilan et perspectives» (5),

vu les articles 52 et 132 de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires juridiques et les avis de la commission du commerce international, de la commission du contrôle budgétaire, de la commission de l'emploi et des affaires sociales et de la commission des affaires constitutionnelles (A8-0301/2015),

A.

considérant que la Commission a reçu en 2012 des avis motivés concernant 83 propositions législatives; que le nombre total de contributions déposées en 2012 s'élève à 292, y compris celles qui ne peuvent être considérées comme des avis motivés;

B.

considérant que la Commission a reçu en 2013 des avis motivés concernant 99 propositions législatives; que le nombre total de contributions déposées en 2013 s'élève à 313, y compris celles qui ne peuvent être considérées comme des avis motivés;

C.

considérant qu'en 2012, les parlements nationaux ont émis 12 avis motivés au sujet de la proposition Monti II (6), ce qui représente 19 votes (le seuil étant fixé à 18) et a déclenché pour la première fois la procédure du «carton jaune», selon laquelle l'institution ayant présenté la proposition doit l'examiner et justifier sa décision de retrait, de modification ou de maintien de la proposition en question;

D.

considérant que, bien qu'elle la jugeait conforme au principe de subsidiarité, la Commission a retiré la proposition Monti II en raison du manque de soutien de la part du Parlement européen et du Conseil des ministres (7);

E.

considérant qu'en 2013, les parlements nationaux ont émis 13 avis motivés concernant la proposition de création d'un Parquet européen (8), ce qui correspond à 18 votes et a donc entraîné le déclenchement de la deuxième procédure du «carton jaune»;

F.

considérant que la Commission a jugé que sa proposition était conforme au principe de subsidiarité et qu'un retrait ou une modification de la proposition n'était pas nécessaire; que la Commission a déclaré qu'elle tiendrait compte des avis motivés lors du processus législatif (9);

G.

considérant que plusieurs parlements nationaux ont fait part de leur préoccupation concernant l'approche de la Commission, jugeant insuffisants les motifs et arguments présentés par la Commission; que la commission des affaires juridiques et la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen ont débattu sur ce thème;

H.

considérant qu'au cours des négociations qui ont suivi avec le Conseil au sujet du Parquet européen, le champ d'application et les méthodes de travail ont été réduits par rapport à la proposition initiale, sur laquelle portaient les avis motivés;

I.

considérant qu'en vertu de son droit d’initiative, la Commission se doit de veiller à ce que des choix appropriés quant à l'opportunité et à la manière de proposer une action au niveau de l'Union soient faits à un stade précoce de l'élaboration des politiques;

J.

considérant que la Commission entreprend une refonte des lignes directrices applicables au processus d'analyse d'impact, qui comprend l'examen de la subsidiarité et de la proportionnalité;

K.

considérant que le Parlement a créé sa propre unité d'évaluation de l'impact, qui a produit cinquante premières évaluations et deux évaluations détaillées des analyses d'impact de la Commission en 2013;

L.

considérant que les parlements nationaux ont fait observer que l'intégration de pouvoirs délégués nombreux et importants rendait difficile l'évaluation de la conformité des dispositions finales avec le principe de subsidiarité;

M.

considérant que le contrôle du respect de la subsidiarité et de la proportionnalité et que l'analyse d'impact n'ont lieu qu'au début de la procédure législative;

1.

fait observer que les principes de subsidiarité et de proportionnalité sont des principes fondamentaux de l'Union européenne;

2.

souligne que ces principes doivent présider à l'utilisation des compétences de l'Union européenne, comme l'énonce l'article 5 du traité sur l'Union européenne; se félicite qu'en 2012 et 2013, le respect de ces deux principes ait fait l'objet d'un examen minutieux par les institutions de l'Union ainsi que par les parlements nationaux;

3.

salue la participation et l'engagement accrus des parlements nationaux dans le processus législatif européen au cours des dernières années, qui se sont traduits par une sensibilisation aux principes sur lesquels repose l'Union, notamment la subsidiarité et la proportionnalité dans le contexte interinstitutionnel; constate cependant que des efforts restent à faire à cet égard; suggère que, dans un premier temps, la Commission engage annuellement un débat avec chacun des parlements nationaux pour renforcer son dialogue avec eux;

4.

estime en outre que les principes de subsidiarité et de proportionnalité représentent le point de départ de l'élaboration des politiques; souligne à cet égard l'importance de déterminer, dès l'amorce d'une procédure législative, si les objectifs stratégiques poursuivis peuvent être atteints plus efficacement au niveau européen que par le truchement d'initiatives nationales ou régionales;

5.

constate l'importance des parlements, de leur incidence territoriale et de la proximité qu'ils entretiennent avec les citoyens, et encourage, s'il y a lieu, leur participation accrue au système d'alerte précoce;

6.

note toutefois que ce n'est qu'un petit nombre de parlements nationaux qui ont déposé des avis motivés; encourage les autres parlements à participer davantage au débat européen;

7.

souligne que les institutions européennes doivent respecter les principes de subsidiarité et de proportionnalité, consacrés par l'article 5 du traité sur l'Union européenne et par le protocole no 2 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, qui sont de nature générale et qui revêtent un caractère obligatoire pour les institutions dans l'exercice des pouvoirs de l'Union, hormis dans les domaines qui relèvent de la compétence exclusive de celle-ci, auxquels le principe de subsidiarité ne peut s'appliquer;

8.

estime que le mécanisme de contrôle de la subsidiarité constitue un instrument important de la coopération entre les institutions européennes et les institutions nationales;

9.

note que les rapports annuels de la Commission restent quelque peu superficiels et invite la Commission à envisager la préparation de rapports plus détaillés concernant le degré de respect de la subsidiarité et de la proportionnalité dans l'élaboration des politiques de l'Union européenne;

10.

prend acte de la méthode suivie par la Commission dans ses rapports de 2012 et de 2013, dont les statistiques classent les avis motivés transmis par les parlements nationaux au sujet d'un paquet de propositions comme un seul avis motivé au lieu d'un avis motivé pour chacune des propositions;

11.

constate que, dans l'ensemble, la proportion d'avis motivés exprimée en pourcentage du nombre total de contributions déposées par les parlements nationaux en vertu du protocole no 2 au traité a augmenté considérablement par rapport aux années 2010 et 2011: ce pourcentage était de 25 % en 2012 et de 30 % en 2013; prend acte, à cet égard, de la consultation des parlements nationaux durant le processus législatif;

12.

souligne qu'en 2012, les parlements nationaux ont recouru pour la première fois à la procédure du «carton jaune» concernant le respect du principe de subsidiarité, à la suite de la proposition de règlement de la Commission sur l'exercice du droit de mener des actions collectives dans le contexte de la liberté d'établissement et de la libre prestation des services (Monti II); note que, bien que la Commission ait abouti à la conclusion que le principe de subsidiarité n'avait pas été enfreint, elle a retiré cette proposition en raison d'un manque de soutien politique; constate qu'une deuxième procédure du «carton jaune» a été déclenchée en 2013 concernant la proposition de règlement du Conseil portant création du Parquet européen; observe que la Commission a conclu que cette proposition respectait le principe de subsidiarité et a décidé de la maintenir;

13.

note que les avis motivés émis par les parlements nationaux soulignent l'existence de différentes interprétations des principes de subsidiarité et de proportionnalité; rappelle, dans ce contexte, que le principe de subsidiarité tel qu'il est formulé dans les traités n'autorise l'Union à agir dans des domaines qui ne relèvent pas de sa compétence exclusive que «si, et dans la mesure où, les objectifs de l'action envisagée ne peuvent pas être atteints de manière suffisante par les États membres, tant au niveau central qu'au niveau régional et local, mais peuvent l'être mieux, en raison des dimensions ou des effets de l'action envisagée, au niveau de l'Union»; rappelle également qu'«en vertu du principe de proportionnalité, le contenu et la forme de l'action de l'Union n'excèdent pas ce qui est nécessaire pour atteindre les objectifs des traités»; encourage les parlements nationaux à respecter fidèlement la lettre du traité sur l'Union européenne lorsqu'ils évaluent le respect des principes de subsidiarité et de proportionnalité; recommande vivement aux parlements nationaux et aux institutions européennes de procéder à des échanges de vues et de pratiques en ce qui concerne l'examen de l'application desdits principes;

14.

relève que les avis motivés déposés par les parlements nationaux varient considérablement quant aux types d'arguments invoqués et quant à leur forme; déplore l'absence de modèles communs, ce qui ne permet que difficilement de déterminer les bases sur lesquelles les parlements nationaux interviennent;

15.

rappelle les préoccupations soulevées dans les précédents rapports du Parlement européen dans les cas où la subsidiarité n'avait pas été examinée de manière adéquate dans les analyses d'impact de la Commission; rappelle également que le comité d'analyse d'impact avait déjà soulevé le problème dans ses rapports annuels; constate que ce comité a estimé que 30 % des analyses d'impact examinées par ses soins en 2012 et 2013 comportaient une analyse insatisfaisante du principe de subsidiarité; exprime son inquiétude au regard du fait que cette proportion est passée à 50 % en 2014 et prie instamment la Commission de revoir les lignes directrices applicables aux analyses d'impact pour régler ce problème et inverser cette tendance;

16.

note l’importance des analyses d’impact en tant qu’instrument de soutien du processus décisionnel dans le cadre de la procédure législative et souligne la nécessité, à cet égard, de prendre dûment en considération les questions relatives à la subsidiarité et à la proportionnalité;

17.

souligne que des analyses d'impact poussées qui évaluent le respect de la subsidiarité d'une manière approfondie sont indispensables pour améliorer la confiance des citoyens, pour qui le principe de subsidiarité est souvent considéré comme un aspect essentiel du processus démocratique; souligne donc que des analyses plus poussées de la subsidiarité pourraient être considérées comme un outil important pour réduire le «déficit démocratique»;

18.

renouvelle sa demande, formulée dans sa résolution du 14 septembre 2011, précitée, d'utiliser les analyses d'impact nationales en complément de celles réalisées par la Commission — dont la réforme est en cours de discussion — afin d'appuyer les propositions législatives; est d'avis que les unités chargées de l'évaluation de l'impact, récemment mises en place au sein du Parlement, compléteront efficacement le travail de la Commission;

19.

exprime sa déception face à la réponse de la Commission aux parlements nationaux dans les procédures du «carton jaune»; est convaincu de la nécessité que la Commission réponde de façon détaillée et individuelle aux inquiétudes exprimées par les parlements nationaux dans le cadre d'un dialogue faisant suite aux avis publiés; estime également indispensable que la Commission se présente devant la ou les commissions compétentes du Parlement européen pour expliquer sa position en détail;

20.

souligne que la procédure du «carton jaune», qui permet d'influencer le processus décisionnel de l'Union, pourrait être renforcée efficacement en échangeant plus tôt des informations sur les positions des parlements nationaux; encourage par conséquent les parlements nationaux à échanger leurs vues sur la portée et les méthodes de l'évaluation de la conformité avec les principes de subsidiarité et de proportionnalité;

21.

estime que le dialogue politique est de plus en plus important pour garantir le respect de la subsidiarité; est d'avis qu'il devrait être amélioré dans les procédures du «carton jaune» et du «carton orange», mais également d'une manière générale; salue, à cet égard, la volonté de la Commission Juncker de se présenter devant un plus grand nombre de parlements nationaux et invite le Parlement européen à envisager des initiatives similaires; estime que les rapporteurs pourraient être encouragés à communiquer plus souvent avec les parlements nationaux, étant donné notamment que les moyens de communication en ligne, comme la vidéoconférence, sont plus simples à utiliser et plus efficaces;

22.

souligne que les institutions européennes et les parlements nationaux doivent continuer d'œuvrer à promouvoir une véritable «culture de la subsidiarité» au sein de l'Union européenne; recommande plus particulièrement deux initiatives qui contribueront à améliorer dès à présent la prise en considération de la subsidiarité dans le processus législatif, à savoir favoriser une meilleure intégration des avis, perspectives ou autres suggestions émis par les parlements nationaux dans le cadre du dialogue politique, notamment lors des travaux préparatoires tels que les livres verts et les livres blancs rédigés par la Commission, et envisager d'étendre la période de consultation des parlements nationaux pour les analyses de la subsidiarité lorsque ceux-ci, pour des raisons objectivement justifiées, comme une catastrophe naturelle ou une période de vacance, souhaitent disposer d'un délai plus long, à fixer en concertation avec la Commission; estime que cet objectif pourrait être atteint grâce à une action politique concertée de la part des institutions et des parlements nationaux dès le début de la procédure, ce qui éviterait de retarder l'adoption de la législation concernée;

23.

estime que, si les États membres acceptent de prolonger la période dont disposent les parlements nationaux pour émettre un avis motivé au titre de l'article 6 du protocole sur l'application des principes de subsidiarité et de proportionnalité, il conviendrait d'en tenir compte lors d'une prochaine révision du traité; souligne que cette période de prolongation pourrait alors également être déterminée dans la législation secondaire;

24.

estime, tout en réaffirmant le principe de subsidiarité conformément aux traités, qu'il est important de faciliter le recours à la procédure du «carton jaune» par les parlements nationaux;

25.

relève que plusieurs parlements nationaux ont, au sein de la COSAC, exprimé leur intérêt pour la mise en place d'une procédure du «carton vert», en ce qu'elle améliorerait le dialogue politique en permettant aux parlements nationaux, après avoir obtenu l'appui du Parlement européen, de soumettre des propositions constructives à l'examen de la Commission, tout en respectant le droit d'initiative de celle-ci;

26.

constate que les propositions législatives peuvent évoluer considérablement lors de la procédure précédant leur adoption par les institutions; rappelle qu'une analyse du respect du principe de subsidiarité n'a lieu qu'au début des procédures législatives, et non à l'issue de celles-ci; rappelle également que les analyses d'impact ne sont généralement effectuées que lors des phases initiales de ces procédures et non lors de leurs phases finales; souligne qu'il convient de procéder à une évaluation à mi-parcours après le démarrage de la procédure d'adoption, ainsi qu'à la fin du processus législatif, ce qui permettrait éventuellement d'attirer l'attention des États membres en cas de non-respect du principe de subsidiarité;

27.

demande par conséquent la réalisation d'une analyse supplémentaire de la subsidiarité et d'une analyse d'impact complète à la fin des négociations législatives et avant l'adoption d'un texte définitif, afin de garantir le respect de la subsidiarité et de permettre la réalisation d'évaluations tenant compte de la proportionnalité; estime qu'une telle «période de réflexion» aiderait les décideurs à évaluer si une législation est conforme aux principes de l'Union et améliorerait la transparence des résultats des périodes de négociations, souvent intenses;

28.

prend note des nouveaux objectifs stratégiques de la Commission relatifs aux initiatives et aux propositions législatives, à savoir: une diminution des coûts, des avantages pour les citoyens, les entreprises ainsi que les travailleurs et la suppression des contraintes réglementaires inutiles;

29.

considère que les programmes du cadre financier pluriannuel doivent être évalués par rapport à leur respect du principe de subsidiarité et à leur valeur ajoutée pour les États membres bénéficiaires;

30.

demande à la Commission, conformément aux principes de proportionnalité et de subsidiarité, de simplifier la procédure de demande de fonds européens en vue de la rendre plus efficace et davantage axée sur les résultats;

31.

réaffirme son engagement à garantir le respect des principes de subsidiarité et de proportionnalité au moyen d'évaluations de ses propres rapports d'initiative législative, d'évaluations ex ante des analyses d'impact de la Commission et de l'évaluation permanente de la valeur ajoutée européenne potentielle et du «coût de la non-Europe»;

32.

note les récentes discussions sur le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE) et les propositions de la Commission visant à remplacer le modèle en vigueur; rappelle qu'en vertu de l'article 3 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, celle-ci dispose d'une compétence exclusive dans le domaine de la politique commerciale commune qui est fondée sur des principes uniformes; fait observer, par conséquent, que le principe de subsidiarité ne s'applique pas à cette politique;

33.

invite les États membres à sortir de l'impasse relative à la convention de la CNUDCI sur la transparence dans l'arbitrage entre investisseurs et États fondé sur des traités afin de permettre à la Commission de signer cette convention met en évidence au nom de l'ensemble de l'Union; déplore la situation actuelle, dans laquelle certains États membres sont parties à la convention et d'autres pas; estime que cette situation la nécessité de mieux clarifier, pour toutes les parties, le champ de la compétence exclusive de l'Union en matière d'investissements étrangers directs; rappelle que les différentes politiques menées par les États membres en matière de protection des investissements ont abouti à la situation actuelle dans laquelle les États membres de l'Union sont parties à quelque 1 400 traités bilatéraux d'investissement dont les diverses dispositions pourraient, dans certains cas, conduire à des différences de de traitement des investisseurs de l'Union à l'étranger en fonction de l'origine des investissements en question;

34.

demande des analyses d'impact ex ante et ex post plus approfondies au sujet de l'aide financière de l'Union à d'autres pays, en particulier l'aide macrofinancière, portant sur le caractère proportionné des mesures proposées, de manière à ce que l'aide puisse être efficace et réellement utile à nos partenaires dans le besoin; insiste sur la nécessité d'établir une conditionnalité préalable au versement de l'aide et de procéder à un contrôle effectif de l'utilisation des fonds, en prévoyant notamment des mesures destinées à prévenir et à combattre la fraude et la corruption, ainsi qu'un examen minutieux et détaillé par le Parlement; préconise une intégration poussée des instruments de la politique extérieure de l'Union, combinant la politique commerciale, la politique du développement et la politique étrangère et de sécurité commune; souligne que les États membres doivent faire preuve d'un engagement plus marqué à cet égard;

35.

insiste sur l'importance capitale d'un mécanisme adéquat de consultation, de dialogue et de participation des citoyens, des entreprises (notamment des PME) et de la société civile au processus décisionnel relatif à la politique commerciale de l'Union;

36.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission.


(1)  JO C 321 du 31.12.2003, p. 1.

(2)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0061.

(3)  JO C 353 E du 3.12.2013, p. 117.

(4)  JO C 51 E du 22.2.2013, p. 87.

(5)  http://ec.europa.eu/smart-regulation/refit/admin_burden/docs/08-10web_fr_ce-brocuttingredtape.pdf

(6)  Proposition de règlement du Conseil relatif à l'exercice du droit de mener des actions collectives dans le contexte de la liberté d'établissement et de la libre prestation des services (COM(2012)0130).

(7)  Lettre du 12 septembre 2012 du vice-président Šefčovič aux parlements nationaux.

(8)  Proposition de la Commission portant création du Parquet européen (COM(2013)0534).

(9)  Communication du 27 novembre 2013 de la Commission au Parlement européen, au Conseil et aux parlements nationaux relative au réexamen de la proposition de règlement du Conseil portant création du Parquet européen au regard du principe de subsidiarité, conformément au protocole no 2 (COM(2013)0851).


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/39


P8_TA(2016)0104

Programme pour une réglementation affûtée et performante

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 sur le programme pour une réglementation affûtée et performante (REFIT): situation actuelle et perspectives (2014/2150(INI))

(2018/C 058/04)

Le Parlement européen,

vu les accords interinstitutionnels intitulés «Mieux légiférer» (1),

vu les modalités pratiques convenues le 22 juillet 2011 entre les services compétents du Parlement européen et du Conseil pour la mise en œuvre de l'article 294, paragraphe 4, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne en cas d'accords en première lecture,

vu sa résolution du 4 février 2014 sur le caractère adéquat, la subsidiarité et la proportionnalité de la réglementation de l'UE — 19e rapport «Mieux légiférer» couvrant l'année 2011 (2),

vu sa résolution du 27 novembre 2014 sur la révision des lignes directrices de la Commission concernant l'analyse d'impact et le rôle du test PME (3),

vu sa résolution du 25 février 2014 sur les suites à donner à la délégation de pouvoirs législatifs et au contrôle par les États membres de l'exercice des compétences d'exécution par la Commission (4),

vu sa résolution du 13 septembre 2012 sur le 18e rapport «Mieux légiférer» — Application des principes de subsidiarité et de proportionnalité (2010) (5),

vu sa résolution du 14 septembre 2011 sur «Mieux légiférer: subsidiarité et proportionnalité, réglementation intelligente» (6),

vu sa résolution du 8 juin 2011 sur la garantie de l'indépendance des études d'impact (7),

vu les conclusions du Conseil du 4 décembre 2014 sur la réglementation intelligente,

vu le rapport de la Commission intitulé «Programme pour une réglementation affûtée et performante (REFIT): situation actuelle et perspectives» (COM(2014)0368),

vu les communications antérieures de la Commission sur une réglementation de l'Union bien affûtée (COM(2012)0746) et (COM(2013)0685),

vu le rapport de la Commission sur la subsidiarité et la proportionnalité (19e rapport «Mieux légiférer» couvrant l'année 2011) (COM(2012)0373),

vu la communication de la Commission intitulée «Réglementation intelligente — Répondre aux besoins des petites et moyennes entreprises» (COM(2013)0122),

vu le document de travail des services de la Commission intitulé «Monitoring and Consultation on Smart Regulation for SMEs» (SWD(2013)0060),

vu la communication de la Commission sur une réglementation intelligente au sein de l'Union européenne (COM(2010)0543),

vu les lignes directrices 2014 de la Commission en matière de consultation des parties prenantes,

vu le rapport final du 24 juillet 2014 du groupe de haut niveau sur les charges administratives intitulé «Alléger les formalités administratives en Europe — Bilan et perspectives», et notamment l'avis divergent, à l'annexe 12, de quatre membres du groupe disposant d'une expérience dans la défense des travailleurs, la santé publique, l'environnement et la protection des consommateurs,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 10 décembre 2014 (8),

vu la communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social et au Comité des régions intitulée «Améliorer la réglementation pour obtenir de meilleurs résultats — Un enjeu prioritaire pour l'UE» (COM(2015)0215);

vu la communication de la Commission au Parlement européen et au Conseil sur la «Proposition d'accord interinstitutionnel relatif à l'amélioration de la réglementation» (COM(2015)0216);

vu la décision de la Commission instituant la plateforme REFIT (C(2015)3261) et la communication à la Commission intitulée «PLATEFORME REFIT — Structure et fonctionnement» (C(2015)3260),

vu la décision du Président de la Commission européenne instituant un comité indépendant d'examen de la réglementation (C(2015)3263), et la communication à la Commission intitulée «Comité d'examen de la réglementation — Mission, tâches et composition» (C(2015)3262), et vu la communication à la Commission intitulée «Modèle d'exposé des motifs» (C(2015)3264/2),

vu le document de travail des services de la Commission intitulé «Better Regulation Guidelines» (SWD(2015)0111),

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires juridiques et les avis de la commission de l'emploi et des affaires sociales et de la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire ainsi que de la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs (A8-0208/2015),

A.

considérant que le programme REFIT constitue un élément central de la nouvelle stratégie de la Commission visant à mieux légiférer;

B.

considérant que le programme REFIT vise à consolider les meilleures pratiques en matière de réglementation, à simplifier la législation de l'Union européenne, à réduire les charges administratives et réglementaires et à emprunter un chemin de bonne gouvernance fondé sur une élaboration de politiques s'appuyant sur les faits, les analyses d'impact et les évaluations ex post revêtant une importance capitale à cet égard, sans toutefois se substituer aux décisions politiques;

C.

considérant que la Commission a créé pour soutenir ses activités, dans le cadre du programme REFIT, une nouvelle plateforme REFIT qui se compose de deux groupes: le «groupe des représentants des gouvernements», composé d'experts de haut niveau de l'administration publique de chaque État membre, et le «groupe des parties prenantes», composé d'un maximum de 20 experts, deux experts représentant le Comité économique et social européen et le Comité des régions, et les autres experts représentant les milieux d'affaires, y compris les PME, mais aussi les partenaires sociaux et les organisations de la société civile;

D.

compte tenu de l'indicateur REFIT annuel permettant d'évaluer les progrès réalisés dans tous les domaines politiques et pour chaque initiative déterminée par la Commission, parmi lesquelles figurent aussi des mesures du Parlement et du Conseil;

E.

considérant que l'accord interinstitutionnel «Mieux légiférer» de 2003 a été rendu obsolète par le cadre législatif établi par le traité de Lisbonne;

F.

considérant que le train de mesures mis en œuvre ces dernières années en faveur de l'amélioration de la réglementation a néanmoins contribué à améliorer les pratiques législatives; considérant que la multitude de dénominations et de programmes créés par la Commission dans ce domaine, comme «améliorer la réglementation», «mieux légiférer», «réglementation intelligente», «réglementation affûtée», «Penser aux PME d'abord», «bilans de qualité» et autres «ABR +», n'est pas suffisamment claire et transparente aux yeux des citoyens quant aux objectifs des mesures, et devrait donc être mieux résumée;

G.

considérant que dans sa communication intitulée «Améliorer la réglementation pour obtenir de meilleurs résultats — Un enjeu prioritaire pour l'UE», du 19 mai 2015, la Commission a présenté une approche globale et cohérente s'agissant d'améliorer la réglementation, qui considère l'ensemble du cycle politique de législation et nécessite une interaction ciblée de toutes les institutions, raison pour laquelle ladite communication sera examinée de manière approfondie par le Parlement afin d'obtenir les meilleurs résultats possibles dans l'intérêt des citoyens de l'Union;

H.

considérant que les buts et objectifs de l'Union énoncés à l'article 3 du traité sur l'Union européenne sont tous d'égale importance; considérant que la Commission confirme que le programme REFIT ne remet pas en cause les objectifs stratégiques établis ni ne devrait avoir d'incidence négative sur la santé et la sécurité des citoyens, les consommateurs, les travailleurs et l'environnement;

I.

considérant qu'au cours du second semestre 2014, la Commission a mené des consultations sur la révision de ses lignes directrices en matière d'analyse d'impact, d'une part, et de consultation des parties prenantes, d'autre part;

J.

considérant que la Commission, dans le contexte de la définition de son programme de travail pour 2015, a pour la première fois invoqué le principe de discontinuité politique pour justifier le retrait d'un nombre considérable de propositions législatives en instance;

K.

considérant que la Commission prévoyait, dans son programme de travail pour 2015, de concentrer ses actions sur les grands défis économiques et sociaux, et que sa nouvelle structure vise à garantir une approche plus cohérente, renforçant ainsi la transparence dans l'Union et, partant, l'adhésion des citoyens;

Améliorer la réglementation

1.

prend acte de la décision du président de la Commission, Jean-Claude Juncker, de confier le portefeuille de l'amélioration de la réglementation au premier vice-président, répondant ainsi aux appels du Parlement et confirmant l'importance politique de la question; espère que cette décision permettra de parvenir à une législation européenne de la meilleure qualité possible, de répondre aux attentes des citoyens et des parties prenantes et de garantir que les objectifs en matière d'intérêts publics, dont les normes de protection des consommateurs, environnementales, sociales, sanitaires et de sécurité, ne soient pas remis en cause;

2.

souligne qu'une amélioration de la réglementation devrait s'étendre à la «culture» des administrations publiques à tous les niveaux de l'Union européenne, en tenant compte de la bureaucratisation excessive au niveau de l'Union et de la nécessité de simplifier cette législation, et porter également sur la mise en œuvre et l'application des actes de l'Union à l'échelle européenne, nationale, régionale et locale pour garantir une bonne administration et une prise en compte de la dimension européenne à tous les échelons;

3.

souligne que la Commission devrait accorder la priorité au développement de certaines mesures et devrait se concentrer sur la qualité de la législation et sur une meilleure mise en application de la législation en vigueur, plutôt que sur le nombre d'actes législatifs; souligne à cet égard que les coûts ne devraient pas être le facteur déterminant, mais que la qualité de la législation constitue la seule référence appropriée et que le programme REFIT ne devrait pas servir à affaiblir la viabilité ou les normes sociales, environnementales, en matière de travail ou en matière de protection des consommateurs;

4.

suggère que la Commission envisage l'introduction de clauses de caducité automatique dans les initiatives législatives limitées dans le temps, à condition que cela ne conduise pas à une insécurité juridique, ainsi que l'introduction de clauses de réexamen dans les mesures législatives, afin de réexaminer régulièrement la pertinence des mesures législatives au niveau européen;

5.

précise qu'une réglementation européenne remplace généralement 28 dispositions réglementaires nationales, ce qui a pour effet de renforcer le marché intérieur et de réduire les contraintes administratives;

6.

se réjouit du train de mesures pour améliorer la réglementation du 19 mai 2015; soutient l'engagement constant de la Commission en faveur du programme «Mieux légiférer»; souligne que les travaux prévus dans la communication REFIT devraient être considérés comme un processus continu, garantissant que la législation en vigueur au niveau européen est adaptée à l'usage prévu, réalise l'objectif partagé des législateurs et répond aux attentes des citoyens, des entreprises et d'autres parties prenantes;

7.

prend acte de l’engagement de la Commission à l’égard du nouvel accord interinstitutionnel intitulé «Mieux légiférer», qui tient compte des changements entraînés par le traité de Lisbonne et de l'accord-cadre conclu entre le Parlement et la Commission et qui consolide les bonnes pratiques en matière de programmation législative, d'analyse d'impact, d'évaluation ex post systématique de la législation de l'Union ou encore de mise en œuvre et de gestion des actes délégués et des actes d'exécution, et prend acte de la conclusion des négociations;

8.

se félicite des assurances de la Commission selon lesquelles sa stratégie en faveur d'une meilleure réglementation ne vise pas à déréglementer certains domaines politiques ou à remettre en question les valeurs qui nous sont chères, telles que la protection sociale, la protection de l'environnement et les droits fondamentaux, y compris le droit à la santé;

9.

reconnaît le travail intensif et de longue haleine fourni par le groupe de haut niveau de parties prenantes indépendantes sur les charges administratives, qui a présenté à la Commission des propositions visant à réduire les charges administratives et a recensé les bonnes pratiques en vue d'une transposition la moins lourde possible de la législation de l'Union dans les États membres; observe que quatre des membres du groupe de haut niveau sur les charges administratives se sont opposés à plusieurs conclusions du rapport final du groupe et ont publié un avis divergent à cet égard; demande à la Commission de tenir compte des préoccupations de toutes les parties prenantes au processus;

10.

souligne l'importance du dialogue social et du respect de l'autonomie des partenaires sociaux; précise, notamment en ce qui concerne l'article 9 du traité FUE, que les partenaires sociaux peuvent, conformément à l'article 155 du traité FUE, conclure des accords qui peuvent conduire à une législation européenne à la demande conjointe des parties signataires; attend de la Commission qu'elle respecte l'autonomie des parties et des accords qu'elles concluent et tienne dûment compte de leurs préoccupations, et souligne qu'il convient de ne pas prétexter du programme «Mieux légiférer» pour ignorer ou contourner des accords conclus entre les partenaires sociaux, et rejetterait dès lors toute analyse d'impact des accords conclus entre les partenaires sociaux;

11.

rappelle qu'au cours de la précédente législature, le choix entre actes d'exécution et actes délégués a donné lieu à de nombreux contentieux entre institutions, et estime dès lors qu'il importe de définir des lignes directrices précises, comme le demande le Parlement européen dans sa résolution approuvée le 25 février 2014;

12.

se félicite de l'annonce faite par la Commission de vouloir simplifier la gestion des fonds de la politique agricole commune (PAC) dans le cadre des fonds structurels et d'investissement européens et d'Horizon 2020;

Transparence et consultations des parties prenantes

13.

se félicite de ce que la Commission reconnaisse l'importance du processus de consultation dans le programme REFIT; souligne que, conformément à l'article 11, paragraphe 2, du traité UE, toutes les institutions de l'Union sont tenues d'entretenir un dialogue ouvert, transparent et régulier avec les associations représentatives et la société civile; appelle les institutions à accorder une attention particulière à ce dialogue obligatoire et régulier avec les associations représentatives et la société civile;

14.

rappelle qu'une transparence accrue permettra d'améliorer l'efficacité du fonctionnement de l'Union et de renforcer la confiance que lui accorde la société civile;

15.

se félicite, à cet égard, que la Commission insiste sur le fait que le dialogue avec les citoyens, les partenaires sociaux et d'autres parties prenantes du monde de l'entreprise et de la société civile contribue à favoriser une législation européenne transparente, efficace et cohérente, et soutient l'intention de la Commission de présenter de manière plus précise le processus qui débouche sur ses propositions, qui prennent par exemple la forme d'un texte législatif ou de communications;

16.

note que la Commission revalorise de façon substantielle, dans le cadre de sa stratégie d'amélioration de la réglementation, le rôle des consultations publiques; prend acte du fait que la Commission procédera à une consultation publique de douze semaines a) avant d'élaborer de nouvelles propositions législatives, et b) en cas d'évaluation de la législation existante et d'examen de sa pertinence, et c) au sujet des feuilles de route et analyses d'impact ex ante; note en outre que la Commission, même après qu'elle aura accepté une proposition, donnera en outre aux citoyens et aux parties prenantes la possibilité de réagir à cette proposition dans un délai de huit semaines, et transmettra leurs avis au Conseil et au Parlement;

17.

invite, dans ce contexte, la Commission à veiller à une évaluation équilibrée et transparente des opinions et commentaires de toutes les parties prenantes au processus de consultation, et notamment à faire en sorte que la consultation du public ne puisse pas être utilisée à leurs propres fins par des groupes de pression bien organisés et disposant de ressources financières importantes; invite la Commission à publier les conclusions qu'elle tire de ces consultations;

18.

note que les analyses d'impact ne seront publiées qu'une fois l'initiative politique en question adoptée par la Commission; juge nécessaire, dans une optique de transparence des décisions de la Commission, que les analyses d'impact soient également publiées lorsque la Commission a pris la décision ne pas émettre de proposition législative;

19.

constate que le Comité économique et social, en sa qualité d'organe consultatif, joue un rôle important en tant que porte-parole de la société civile; relève que le Comité des régions, qui possède également un statut consultatif, est un porte-parole essentiel des autorités régionales et locales dans l'Union et joue un rôle important s'agissant d'évaluer la mise en œuvre de la législation de l'Union; souligne que, conformément au droit applicable, ces deux organes consultatifs peuvent être consultés par le Parlement, le Conseil ou la Commission «dans tous les cas où [elles] le jugent opportun»; est d'avis que leur consultation rapide et ciblée, ainsi que le recours à leur expertise dans les domaines concernés, peuvent contribuer aux objectifs d'amélioration de la réglementation;

20.

estime que les autorités régionales et locales devraient tenir une place plus importante dans l'élaboration des politiques de l'Union, eu égard notamment à l'expertise et à l'expérience de l'échelon régional et local que les États membres peuvent apporter, et ce dès les premières étapes de la préparation de la législation; observe que toutes les institutions doivent respecter dans leur action législative les principes de subsidiarité et de proportionnalité;

21.

se félicite de l'intention de la Commission de rendre le processus législatif plus transparent et d'associer plus étroitement les citoyens et les parties prenantes tout au long du processus;

22.

se félicite de la décision de la Commission de procéder également, à l'avenir, à des consultations publiques de quatre semaines sur les projets d'actes délégués et d'actes d'exécution importants avant que les États membres ne votent sur leur position au sein de la commission compétente;

23.

demande à la Commission de revoir les orientations sur les évaluations, en intensifiant la participation et la consultation des parties prenantes et en utilisant la manière la plus directe pour permettre aux citoyens européens de prendre part aux processus décisionnels;

24.

prend note de la nouvelle rubrique intitulée «Lighten the Load — Have your Say» («Alléger les charges — Donnez votre avis») sur la page internet de la Commission consacrée à l'amélioration de la réglementation, et demande que la Commission et la nouvelle plateforme REFIT examinent de manière équilibrée et transparente les commentaires reçus; estime toutefois que le panel REFIT ne devrait pas adopter des procédures et délibérations trop lourdes, mais devrait être un organe capable de réagir rapidement et de travailler plus en détail sur le processus législatif européen; estime que les consultations par l'intermédiaire du site internet de la Commission ne peuvent pas remplacer une consultation publique avec des parties prenantes;

Analyses d'impact et valeur ajoutée européenne

25.

prend acte de ce que les analyses d'impact constituent un outil essentiel à l'appui du processus décisionnel dans toutes les institutions de l'Union et qu'elles jouent un rôle important dans l'amélioration de la réglementation; invite à cet égard la Commission et les États membres à se montrer plus rigoureux dans le respect de leurs engagements et dans l'évaluation de l'incidence de la réglementation future et existante; souligne, toutefois, que ces analyses ne peuvent se substituer aux analyses et décisions politiques et que la liberté des députés européens dans leur travail politique ne doit être limitée en aucune manière;

26.

estime qu'une analyse de l'impact sur la compétitivité devrait faire partie intégrante du processus d'analyse d'impact; considère que le projet de lignes directrices révisées devrait prévoir des orientations sur l'évaluation et l'appréciation de l'incidence sur la compétitivité dans l'analyse définitive; est favorable à une présomption en vertu de laquelle la Commission ne devrait pas adopter les propositions qui ont des retombées négatives sur la compétitivité, sauf présentation d'éléments démontrant des avantages non quantifiables significatifs;

27.

estime que les principes de la stratégie «Mieux légiférer» devraient s'appliquer aux décisions relatives au droit dérivé, ainsi qu'à la législation primaire; invite la Commission, le cas échéant à assortir les actes délégués et d'exécution d'une analyse d'impact, y compris une consultation des parties intéressées et prenantes;

28.

estime que les analyses d'impact doivent être exhaustives et qu'il convient notamment de procéder à une évaluation équilibrée des conséquences économiques, sociales et environnementales, ainsi qu'à une appréciation de l'incidence sur les droits fondamentaux des citoyens et sur l'égalité entre hommes et femmes; souligne que l'analyse coûts-bénéfices n'est qu'un critère parmi beaucoup d'autres;

29.

rappelle qu'il existe dans de nombreux États membres, tels que la Suède, la République tchèque, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l'Allemagne, des organismes indépendants qui accompagnent de manière constructive les gouvernements dans le processus législatif afin de réduire les charges administratives qui pèsent sur les entreprises et les citoyens, ainsi que de réduire les coûts liés à l'obligation d'information, d'une façon à la fois mesurable et vérifiable; observe que les bonnes pratiques et l'expérience des organes existants en matière d'amélioration de la réglementation pourraient être prises en compte; prend acte de la transformation du comité d'analyse d'impact en comité indépendant de contrôle réglementaire et escompte que l'inclusion d'experts indépendants aura un effet positif sur le processus d'analyse d'impact de la Commission; insiste toutefois sur le fait que le comité de contrôle réglementaire a un rôle exclusivement consultatif et ne doit pas émettre de positions contraignantes; insiste sur le fait que les analyses d'impact doivent être conformes et doivent par conséquent tenir compte de toute modification introduite lors de la phase de consultation interservices et devraient s'appuyer, entre autres éléments, sur l'estimation des coûts additionnels que les États membres auraient à supporter en l'absence de solution au niveau européen; estime que l'avis du comité de contrôle réglementaire devrait être joint à la proposition législative finale; propose de débattre, dans le cadre de la renégociation à venir de l'accord interinstitutionnel, de la question de savoir s'il serait dans l'intérêt commun des institutions d'instituer un Conseil de contrôle des normes jouant un rôle purement consultatif;

30.

se félicite de ce que les groupes de travail du Conseil seront désormais appelés, dès les premières phases de discussion de propositions législatives, à examiner les analyses d'impact correspondantes de la Commission au regard d'une liste de contrôle indicative; regrette toutefois que le secrétariat du Conseil ne dispose pas encore de sa propre entité d'analyse d'impact et estime que la solution susmentionnée pourrait aider le Conseil à remplir ses obligations d'évaluation de toute modification substantielle des propositions de la Commission;

31.

rappelle qu'il a créé une direction spécifique chargée des analyses d'impact et de la valeur ajoutée européenne, qui propose à l'intention des députés une série de services d'analyse d'impact ex ante et ex post destinés aux commissions parlementaires, à l'évaluation de la valeur ajoutée des politiques futures ou actuelles de l'Union, et à l'évaluation des options politiques dans les domaines de la science et de la technologie; note que, selon des données de la Commission, une vingtaine d'analyses d'impact du Parlement ont été effectuées en lien avec des amendements aux propositions de la Commission; rappelle à ses commissions qu'il convient d'utiliser plus systématiquement l'instrument d'analyse d'impact du Parlement, lequel est déjà disponible, notamment lorsque des modifications sensibles doivent être apportées à la proposition initiale de la Commission; souligne toutefois que cela ne doit pas conduire à une limitation de la marge de manœuvre dont disposent les députés au Parlement européen;

32.

rappelle qu'il convient de prendre en considération chacun des principes sur lesquels se fonde l'Union, et notamment les principes de subsidiarité et de proportionnalité; appelle toutes les institutions de l'Union à examiner systématiquement les effets à court et à long terme de la législation;

33.

relève qu'un délai d'attente après la conclusion des négociations, mais avant le vote final — actuellement utilisé pour la révision juridique et linguistique — pourrait être utilisé pour finaliser une analyse d'impact et un contrôle de subsidiarité;

34.

considère que toutes les institutions de l'Union devraient élaborer une méthode commune en matière d'analyse d'impact; insiste sur le fait que les prérogatives législatives du Parlement et du Conseil eu égard à la modification des propositions de la Commission doivent être préservées;

35.

invite instamment la Commission à renforcer sa procédure de consultation, aussi bien publique que privée, avec toutes les parties prenantes, y compris les consommateurs, lors de l'élaboration des actes d'exécution et des actes délégués, en vue de trouver une manière de renforcer la prise de conscience des propositions à un stade provisoire;

Le principe de priorité aux PME

36.

constate l'engagement concret de la Commission en faveur de l'amélioration du test PME, eu égard notamment au fait que les plus de 20 millions de petites et moyennes entreprises (PME) représentent 99 % de l'ensemble des entreprises de l'Union européenne, et que les PME constituent donc la clef de voûte de l'économie, de la croissance et de l'emploi; est favorable à la possibilité d'appliquer des modalités adaptées et des régimes moins stricts aux PME dans le contexte des analyses d'impact, pour autant qu'il puisse être démontré que ceux-ci ne portent pas atteinte à l'efficacité de la législation, ne favorisent pas la fragmentation du marché ni n'entravent l'accès des PME au marché intérieur; se félicite donc de l'engagement de la Commission à n'envisager des règles moins strictes pour les PME, y compris une exemption inconditionnelle concernant les micro-entreprises, que lorsque cela se révèle à la fois raisonnable et faisable, et ne compromet pas la réalisation efficace des objectifs sociaux, environnementaux et économiques du projet d'acte législatif proposé;

37.

demande à la Commission de ne pas revoir ses ambitions à la baisse s'agissant de réduire les contraintes administratives pesant sur les PME et de favoriser ainsi la création d'emplois de qualité, et la presse de ne pas remettre en question les objectifs d'intérêt général poursuivis, notamment dans les domaines de la protection des consommateurs, de l'environnement, de la protection sociale, de la santé et de la sécurité, ou encore en matière d'égalité entre hommes et femmes; souligne que la réduction des contraintes administratives ne doit pas entraîner un abaissement des normes en matière de travail ou une augmentation des contrats de travail précaire et que les travailleurs des PME et des microentreprises doivent bénéficier du même traitement et des mêmes normes strictes de protection que les travailleurs des grandes entreprises;

38.

souligne que l'analyse de l'incidence de nouvelles réglementations sur les PME ne doit pas déboucher sur une remise en cause des droits des travailleurs dans les entreprises concernées;

39.

met en évidence la nécessité d'une formulation plus claire des réglementations afin de permettre une mise en œuvre simple et d'aider tous les acteurs à respecter l'état de droit; souligne qu'une réglementation simplifiée et plus intelligente peut contribuer à une transposition cohérente et à une application plus efficace et uniforme de la législation par les États membres;

Évaluations ex post

40.

salue le fait que la Commission fasse de l'analyse ex post une composante à part entière de l'amélioration de la réglementation; souligne que dans l'intérêt de la sécurité juridique pour les citoyens et les entreprises, ces analyses devraient être réalisées après un laps de temps suffisant, de préférence plusieurs années après la date limite de transposition dans le droit national; rappelle toutefois que les analyses ex post ne sauraient remplacer le devoir de la Commission, en tant que gardienne des Traités, de suivre de manière efficace et dans les délais la transposition de la législation de l'Union par les États membres et de prendre toutes les mesures nécessaires pour veiller à son application correcte;

41.

souligne l'importance de l'évaluation ex-post et de l'évaluation des performances par domaine politique dans le but d'évaluer la mise en œuvre et l'efficacité de la législation et des politiques de l'Union européenne en fonction des résultats visés par le législateur;

42.

estime que les parlements nationaux devraient participer à l'évaluation ex post des nouveaux actes législatifs, ce qui aurait également une incidence positive sur les rapports de la Commission et contribuerait à examiner les différents problèmes posés au niveau national par chacune des législations et réglementations;

Mise en œuvre de la législation de l'Union dans les États membres

43.

note que, selon la Commission, un tiers des contraintes réglementaires et administratives résultant de la législation de l'Union découlent des mesures de transposition des États membres;

44.

reconnaît que dans le cas des directives, les États membres peuvent adopter, à l'échelon national, des normes sociales, environnementales et de protection des consommateurs plus strictes que les normes minimales de protection convenues au niveau de l'Union, et salue toute initiative dans ce sens; affirme que ces normes plus strictes ne doivent pas être considérées comme un excès de réglementation; appelle toutefois les autorités nationales compétentes à être attentives aux conséquences éventuelles des pratiques dites de «surréglementation», qui alourdissent la législation de l'Union de contraintes administratives inutiles et peuvent ainsi dégrader l'image de l'action législative de l'Union, ce qui est susceptible d'alimenter l'euroscepticisme; appelle les États membres, en vue d'un rapprochement avec les citoyens, à supprimer les règles administratives superflues établies dans le cadre de la mise en œuvre des directives et des règlements;

45.

encourage la Commission et les États membres à multiplier les échanges de pratiques exemplaires dans la mise en œuvre et l'application des directives de l'Union; estime qu'une telle démarche inciterait les parties prenantes ainsi que les autorités locales et régionales à contribuer à l'identification des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des politiques de l'Union à l'échelon local, régional et national;

46.

souligne l'intérêt qu'il manifeste à comprendre, en tant que colégislateur, quelles sont les répercussions effectives de la législation de l'Union après sa mise en œuvre; demande par conséquent à la Commission de lui donner pleinement accès à toute évaluation effectuée à cet égard, y compris aux données de base recueillies ainsi qu'aux documents préparatoires;

47.

invite la Commission à examiner le règlement (CE) no 1924/2006 concernant les allégations nutritionnelles et de santé portant sur les denrées alimentaires sous l'angle des problèmes de mise en œuvre graves, persistants et anticoncurrentiels quant à son assise scientifique, son utilité et son réalisme et à supprimer, le cas échéant, le concept de profil nutritionnel; estime que les objectifs du règlement (CE) no 1924/2006, tels que la véracité des indications relatives aux aliments, et l'apposition de mentions spécifiques relatives à la teneur en graisses, en sucre et en sel, ont depuis lors été atteints grâce au règlement (UE) no 1169/2011 concernant l'information des consommateurs sur les denrées alimentaires;

48.

se réfère à la déclaration politique commune du 28 septembre 2011 des États membres et de la Commission relative aux documents explicatifs, ainsi qu'à la déclaration politique commune du 27 octobre 2011 du Parlement européen, du Conseil et de la Commission relative aux documents explicatifs, et demande à la Commission de lui garantir l'accès à ces mêmes documents explicatifs;

Le retrait par la Commission des propositions législatives en instance

49.

prend acte du fait que dans son programme de travail pour 2015, la nouvelle Commission, invoquant pour la première fois le principe de discontinuité politique, a prévu d'examiner toutes les propositions législatives en instance;

50.

souligne que la Cour de justice a énoncé dans sa décision du 14 avril 2015 (9) que la Commission peut, à tout moment au cours de la procédure d'adoption d'un acte de l'Union par voie législative ordinaire, retirer une proposition pour autant que le Conseil n'ait pas encore statué sur celle-ci; demande donc à la Commission, en vue d'un meilleur équilibre interinstitutionnel, de consulter, en cas de retrait, en premier lieu le Parlement, en particulier après la première lecture, et à prendre dûment en compte son avis; renvoie à cet égard aux résolutions du Parlement du 15 janvier 2015;

51.

souligne en outre que la Cour de justice, dans le même arrêt, reprend les arguments du Conseil selon lesquels la Commission, en cas de retrait d'une proposition législative, se doit de respecter le principe d'attribution de compétences, le principe de l'équilibre institutionnel, et le principe de coopération loyale, tels qu'énoncés à l'article 13, paragraphe 2, du traité UE, ainsi que le principe de démocratie consacré à l'article 10, paragraphes 1 et 2, du traité UE;

52.

souligne l'importance d'éviter les redondances législatives;

o

o o

53.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission et aux parlements nationaux.


(1)  JO C 321 du 31.12.2003, p. 1; Textes adoptés du 9 mars 2016, P8_TA(2016)0081.

(2)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0061.

(3)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0069.

(4)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0127.

(5)  JO C 353 E du 3.12.2013, p. 117.

(6)  JO C 51 E du 22.2.2013, p. 87.

(7)  JO C 380 E du 11.12.2012, p. 31.

(8)  Document INT/750 du CESE.

(9)  Arrêt de la Cour de justice du 14 avril 2015 dans l'affaire C-409/13, Conseil / Commission [ECLI:EU:C:2015:217].


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/48


P8_TA(2016)0105

Vers une réglementation améliorée du marché unique

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016«Vers une meilleure réglementation du marché intérieur» (2015/2089(INI))

(2018/C 058/05)

Le Parlement européen,

vu la communication de la Commission du 28 novembre 2014 intitulée «Examen annuel de la croissance 2015» (COM(2014)0902),

vu sa résolution du 7 février 2013 contenant des recommandations à la Commission sur la gouvernance du marché unique (1), et la réponse de suivi de la Commission adoptée le 8 mai 2013,

vu la communication de la Commission du 8 juin 2012 intitulée «Une meilleure gouvernance pour le marché unique» (COM(2012)0259),

vu la communication de la Commission du 18 juin 2014 intitulée "Programme pour une réglementation affûtée et performante: situation actuelle et perspectives (COM(2014)0368),

vu la communication de la Commission du 7 mars 2013 intitulée «Réglementation intelligente — Répondre aux besoins des petites et moyennes entreprises» (COM(2013)0122),

vu les conclusions du Conseil européen des 26 et 27 juin 2014,

vu les conclusions du Conseil «Compétitivité» du 4 décembre 2014 sur la réglementation intelligente,

vu sa résolution du 11 mars 2015 sur la gouvernance du marché unique dans le cadre du semestre européen 2015 (2),

vu sa résolution du 27 février 2014 sur SOLVIT (3) et la réponse de suivi de la Commission adoptée le 28 mai 2014,

vu l'étude commandée par sa commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs sur la réglementation intelligente du marché unique,

vu l'édition d'avril 2015 du tableau d'affichage du marché unique en ligne,

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs (A8-0278/2015),

A.

considérant que le marché unique est un instrument essentiel pour relancer la croissance économique et la création d'emplois dans l'Union;

B.

considérant que plus de vingt ans après sa création officielle, le cadre régissant le marché unique est toujours fragmenté, en particulier parce que les États membres n'ont pas totalement transposé ou correctement mis en œuvre la législation de l'Union;

C.

considérant qu'il est nécessaire de renforcer la gouvernance du marché unique en agissant sur l'ensemble du cycle des politiques;

D.

considérant qu'il convient que la prochaine stratégie pour le marché intérieur vise l'amélioration de la réglementation du marché unique en tirant les enseignements des expériences du passé dans les domaines de la libre circulation des biens et des services, du marché unique du numérique, des qualifications professionnelles et des marchés publics;

E.

considérant que la notion de responsabilité partagée doit définir la manière dont l'Union cherche à améliorer la réglementation du marché unique;

F.

considérant que la responsabilité en matière de subsidiarité dépasse la Commission, le Conseil et le Parlement et suppose un rôle pour les parlements nationaux et, le cas échéant, régionaux; que le principe de subsidiarité suppose que les politiques soient décidées au niveau institutionnel le plus approprié — qu'il soit local, régional, national ou européen;

G.

considérant qu'il existe un marché unique pour les biens mais pas pour les services;

H.

considérant que des outils spécifiques devraient être renforcés, révisés ou mieux promus afin de contribuer à la mise en place d'un environnement réglementaire compétitif pour nos entreprises, qui soit favorable à la croissance et à la création d'emplois et qui renforce la confiance des consommateurs dans la législation européenne;

I.

considérant le faible niveau de connaissances et de sensibilisation parmi les citoyens et les entreprises en ce qui concerne différents services d'assistance tels que le portail «L'Europe est à vous» ou le réseau SOLVIT;

J.

considérant que les données et les indicateurs pour mesurer le succès de la mise en œuvre de la législation dans différents domaines du marché unique sont insuffisants;

K.

considérant que de telles données et de tels indicateurs pourraient apporter un éclairage sur l'objet de la législation concernée;

L.

considérant que la vitesse de l'innovation numérique dépasse celle des politiques et que les entrepreneurs sont les moteurs de la stratégie numérique; qu'il est primordial de mettre en place des règles conçues pour durer qui soient numériques par défaut;

M.

considérant qu'une transposition, une mise en œuvre et une application adéquates des droits des consommateurs et de la législation en la matière sont essentielles pour garantir un niveau élevé de protection des consommateurs au sein de l'Union;

N.

considérant qu'en 2015 l'une des principales priorités du sommet européen de la consommation, forum annuel réunissant des décideurs politiques et des acteurs européens et internationaux de premier plan, était l'amélioration de la mise en œuvre et de l'application de la législation;

I.    Introduction et principes généraux

1.

invite la Commission à donner suite aux recommandations de la présente résolution dans la mise en œuvre de sa récente stratégie pour le marché intérieur;

2.

estime que l'amélioration de la réglementation du marché unique doit être à la fois une priorité et une responsabilité partagée des institutions de l'Union; est convaincu qu'une bonne législation profite aux citoyens et devrait contribuer à éperonner la compétitivité, la création d'emplois, la croissance et le développement des PME, tout en assurant un niveau élevé de protection des consommateurs, et qu'elle doit, pour ce faire, agir de manière à stimuler plutôt qu'à entraver l'économie européenne;

3.

conçoit la «meilleure réglementation» dans le contexte du cycle complet des politiques, où tous les éléments contribuent à une réglementation efficiente et efficace; estime, par conséquent, que des indicateurs spécifiques pour mesurer le succès de la législation concernée devraient être inclus dès l'analyse d'impact initiale et utilisés tout au long du cycle politique, y compris lors de la mise en œuvre de législation une fois celle-ci entrée en vigueur;

4.

rappelle, dans ce contexte, l'importance que revêtent des informations transparentes et accessibles; estime qu'il est regrettable qu'alors que les documents du Parlement sont accessibles au grand public, ceux du Conseil ne le soient pas et demeurent au contraire confidentiels;

5.

estime que le principe de subsidiarité doit constituer le point de départ de l'élaboration des politiques, de manière à souligner la «valeur ajoutée européenne» dans la gouvernance du marché unique;

6.

constate que les délais prévus par le mécanisme de subsidiarité ne laissent pas toujours aux parlements suffisamment de temps pour examiner en détail les aspects relatifs à la mise en œuvre ou à la cohérence avec la législation en vigueur, ou d'autres questions pratiques; estime par conséquent que les parlements eux-mêmes doivent jouer un rôle plus actif, en particulier dans les processus de consultation;

7.

est convaincu que les institutions devraient veiller ensemble à ce que le principe de proportionnalité soit pris en compte lors de l'élaboration de la législation concernée; estime, en outre, que le processus devrait viser la simplicité, la transparence, la cohérence et le respect des droits fondamentaux;

8.

invite la Commission et le Conseil à réfléchir avec le Parlement à la meilleure manière de veiller à ce que la simplification soit un processus continu, dans la mesure où les efforts dans ce domaine profitent aux consommateurs et aux PME;

9.

estime que la législation sur le marché unique doit tenir compte des nouvelles possibilités offertes par la révolution numérique et être pleinement compatible avec la dimension de l'administration en ligne;

10.

invite la Commission à renforcer le rôle du marché unique en tant que pilier distinct du processus du semestre européen, et à le soutenir à l'aide d'un rapport annuel sur l'intégration du marché unique, en tant que contribution à l'examen annuel de la croissance;

II.    Outils pour une meilleure réglementation du marché intérieur

Analyse d'impact

11.

est d'avis que la législation sur le marché unique devrait avoir pour objectif l'amélioration du fonctionnement du marché unique, être élaborée dans le respect de l'article 3, paragraphe 3, du traité sur l'Union européenne (traité UE), et servir à favoriser la compétitivité, l'innovation, la croissance et la création d'emplois; considère que des analyses d'impact efficaces constituent des outils importants permettant d'informer les décideurs politiques sur la meilleure manière de concevoir la réglementation pour atteindre ces objectifs, et leurs objectifs en ce qui concerne le marché unique, ainsi que sur les effets éventuels de l'interaction entre ladite réglementation et la législation déjà appliquée;

12.

estime qu'il est regrettable que près de 40 % des projets d'analyses d'impact examinés par le comité d'analyse d'impact de la Commission entre 2010 et 2014 aient été jugés de qualité insuffisante et renvoyés en vue de leur amélioration;

13.

estime que pour être des outils efficaces, les analyses d'impact devraient être élaborées à partir d'informations et d'éléments probants exhaustifs, objectifs et complets et étudier toutes les options ayant des incidences significatives ou qui sont importantes du point de vue politique; considère que les analyses d'impact devraient être réalisées de manière à tenir compte également des évaluations ex-post de la législation applicable dans le même secteur, et devraient examiner la cohérence d'une nouvelle initiative législative par rapport aux autres politiques et aux objectifs généraux de l'Union;

14.

estime qu'il est regrettable que certaines analyses d'impact, soumises au Parlement et accompagnant des projets de propositions, présentent encore des faiblesses, ainsi que le souligne, par exemple, l'unité Évaluation de l'impact ex-ante du Parlement dans son évaluation de l'analyse d'impact concernant la proposition relative à la mise à disposition sur le marché d'équipement hertziens;

15.

est convaincu qu'une prise en considération minutieuse des conseils scientifiques devrait s'inscrire dans le processus d'analyse d'impact et, notamment, permettre d'établir comment ou pourquoi des choix stratégiques ont été effectués lors des phases préparatoires, ce qui facilitera le processus politique; estime en outre que les analyses d'impact doivent tenir compte du rythme de l'innovation et de l'évolution numériques et de la nécessité pour la législation d'être aussi neutre sur le plan technologique et aussi à l'épreuve du temps que possible;

16.

signale qu'aucune orientation précise n'est donnée quant à la pertinence d'une éventuelle quantification des incidences possibles des propositions REFIT; souligne qu'il est nécessaire de cibler davantage les propositions REFIT, en quantifiant les avantages et les économies de coûts potentiels dans chaque proposition;

17.

signale que l'analyse d'impact accompagnant une proposition doit être complétée par des analyses d'impact portant sur les modifications substantielles adoptées par les colégislateurs; souligne qu'il convient de fixer des règles précises et transparentes, stipulant les conditions dans lesquelles ces analyses d'impact supplémentaires devraient être réalisées; rappelle, par exemple, que le Parlement a attentivement analysé les conséquences possibles sur les PME de certaines de ses modifications aux deux directives relatives à la passation des marchés publics; exhorte par conséquent le Conseil — qui ne s'est livré à aucune analyse d'impact de ses propres modifications depuis 2007 — à participer davantage;

18.

rappelle que la responsabilité en matière de subsidiarité dépasse la Commission, le Conseil et le Parlement et suppose un rôle pour les parlements nationaux;

19.

observe que l'étude commandée par la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs sur la réglementation intelligente du marché unique suggère que le Parlement et le Conseil sont susceptibles d'avoir des avis précieux à apporter dans le cadre des analyses d'impact de la Commission; invite la Commission à réfléchir aux possibilités de faire participer le Parlement et le Conseil au processus des analyses d'impact;

Le processus de consultation

20.

rappelle que, conformément à l'article 11, paragraphe 2, du traité UE, toutes les institutions de l'Union sont tenues d'entretenir un dialogue ouvert, transparent et régulier avec les associations représentatives, la société civile et les partenaires sociaux;

21.

estime que la phase de consultation devrait toujours inclure une partie concernant le «numérique par défaut», au cours de laquelle la Commission s'efforcerait de comprendre en profondeur les besoins des utilisateurs et ce que le principe du «numérique par défaut» signifie pour la conception du service;

22.

rappelle sa position selon laquelle les processus de consultation devraient être ouverts, transparents, sans exclusive et élargis afin d'inclure les propositions sur les projets d'analyses d'impact émanant d'une large palette de parties prenantes; estime que ce point est tout aussi important pour le droit dérivé, qui a des conséquences considérables sur la mise en œuvre de la réglementation du marché unique et requiert donc une transparence et un contrôle accrus; considère que le code des douanes de l'Union est un domaine dans lequel la consultation régulière des parties prenantes pourrait améliorer la mise en œuvre du droit dérivé;

23.

prend acte des propositions en faveur d'une expansion de la phase de programmation stratégique du train de mesures «Mieux légiférer», avec l'intégration notamment des analyses d'impact initiales; considère toutefois qu'une vue d'ensemble du processus de travail de la Commission fait encore défaut; invite la Commission à renforcer la visibilité des feuilles de route présentant des initiatives stratégiques dans des secteurs spécifiques et à simplifier leur utilisation;

24.

estime que les contributions des citoyens et des entreprises aux différents services d'assistance tels que le portail «L'Europe est à vous» ou le réseau SOLVIT sont fondamentales pour le processus législatif, et invite par conséquent la Commission à évaluer les données fournies par ces services et à en tenir compte lors du réexamen de la législation correspondante;

25.

estime qu'une consultation vaste, authentique et équilibrée forme une partie essentielle de la procédure législative; considère que la publication des documents et des éléments probants, et le fait d'inviter toutes les parties prenantes à contribuer efficacement à l'élaboration des politiques dans ce domaine sont des forces motrices importantes de l'innovation et du renforcement du marché unique, en particulier en ce qui concerne la stratégie du marché unique numérique;

26.

souligne que, souvent, les petites entreprises ne disposent pas de suffisamment de temps ou de ressources pour participer à des consultations régulières; estime que la Commission devrait trouver des manières conviviales et novatrices de nouer le dialogue avec les PME et les jeunes pousses;

27.

estime qu'une approche globale devrait être adoptée pour la consultation des parties prenantes, qui devrait être un processus continu tout au long du cycle législatif, plutôt qu'un exercice ponctuel; renouvelle à cet égard sa demande à la Commission d'envisager de créer un forum européen des parties prenantes sur l'amélioration de la réglementation et l'allègement de la bureaucratie;

28.

souligne que ces consultations des parties prenantes devraient être aussi ouvertes que possible, et faire notamment participer les PME, les micro-entreprises et les organisations de la société civile;

29.

considère que la mise à disposition des consultations publiques dans toutes les langues officielles ainsi que l'amélioration de leur accessibilité et de leur intelligibilité permettront d'obtenir une plus grande participation et de garantir un accès plus transparent au processus de consultation;

Mise en œuvre

30.

estime que la mise en œuvre intégrale et adéquate de la législation sur le marché unique est fondamentale, et que des indicateurs précis, exhaustifs et multidimensionnels représentent une contribution utile si l'on veut que les avantages du marché unique se fassent pleinement sentir; exprime sa préoccupation quant au fait que les objectifs de mise en œuvre ne sont pas toujours atteints; demande en particulier une mise en œuvre intégrale et correcte de la directive sur les services; rappelle le degré élevé d'hétérogénéité subsistant entre les États membres et entre les secteurs;

31.

estime que l'effort de la Commission pour moins légiférer permettra de mettre davantage l'accent sur les initiatives politiques, ce qui laissera plus de temps pour une réflexion approfondie qui pourra servir à améliorer la participation des parties prenantes;

32.

souligne l'importance des tableaux de corrélation dans le suivi de la régularité de la mise en œuvre; invite les États membres à établir et à publier leurs propres tableaux de corrélation;

33.

estime qu'il est regrettable qu'en dépit de la cible de 0,5 % proposée par la Commission dans l'Acte pour le marché unique, certains États membres accusent encore des retards; souligne que les objectifs formels de transposition et de mise en œuvre ne sont pas les seuls éléments importants, car la qualité de la transposition, la mise en œuvre pratique sur le terrain et les problèmes ou défis qu'elles peuvent soulever dans la vie réelle pour les parties prenantes concernées le sont également;

34.

estime que pour concrétiser les avantages offerts par un marché unique pleinement opérationnel, la Commission et les parlements devront ensemble s'efforcer de tirer les enseignements des meilleures pratiques et des expériences acquises dans la mise en œuvre de la législation de l'Union, afin qu'il ne soit pas porté atteinte aux objectifs d'un acte législatif donné du fait d'une mise en œuvre insuffisante ou incohérente entre les États membres;

35.

est d'avis que la surréglementation devrait être plus clairement définie et que des mesures plus strictes sont nécessaires en vue d'en reconnaître les manifestations, lesquelles présentent des défis et des coûts supplémentaires pour les particuliers et les entreprises qui cherchent à comprendre et à appliquer la législation de l'Union; invite les États membres, dans les documents portant sur la mise en œuvre, à distinguer et à répertorier ce qui relève de la législation de l'Union et ce qui relève des exigences nationales; rappelle que les États membres ont la possibilité d'appliquer des normes plus strictes lorsque le droit de l'Union ne prévoit qu'une harmonisation minimale;

Suivi et résolution des problèmes

36.

invite la Commission à poursuivre ses efforts et à mettre régulièrement à jour les orientations sur les réglementations; demande notamment la rapide mise à jour, en étroite collaboration avec le Parlement, des orientations de 2009 relatives à la mise en œuvre/l'application de la directive 2005/29/CE sur les pratiques commerciales déloyales afin de veiller à ce que cette dernière soit en phase avec l'ère du numérique; considère qu'il est regrettable qu'il y ait de grandes différences dans la qualité des services entre les États membres en raison à la fois de l'absence de hiérarchisation des priorités et du manque de ressources; demande dès lors un cadre de gouvernance renforcé au niveau de l'Union en vue d'améliorer le fonctionnement de ces outils et services;

37.

considère que le règlement extrajudiciaire des litiges et le règlement en ligne des litiges sont des outils clés pour améliorer le marché unique des biens et des services; souligne qu'ils permettront aux consommateurs et aux commerçants de résoudre leurs litiges d'une manière simple et rentable sans avoir recours à un tribunal; encourage la Commission et les États membres à mener une action de sensibilisation à ces outils essentiels;

38.

Souligne que les points de contact uniques d'appui à la résolution de conflits, du type SOLVIT, ECC-Net ou FIN-Net, sont des services qui permettent un meilleur fonctionnement du marché intérieur; demande à la Commission de mettre en œuvre les moyens de mieux faire connaître ces outils ainsi que de développer les complémentarités entre eux;

39.

se félicite des projets SOLVIT et EU-PILOT visant à éviter l'ouverture, par la Commission, de procédures d'infraction contre les États membres; estime toutefois qu'il convient d'améliorer les services offerts par EU-PILOT pour ce qui est de la vitesse de réaction par rapport aux signalements effectués;

40.

estime qu'il convient de poursuivre l'élargissement du système d'information du marché intérieur (IMI) à d'autres outils du marché unique afin qu'il puisse devenir une plateforme d'informations centrale; souligne que le principe selon lequel les informations ne sont recueillies qu'une seule fois serait ainsi respecté, conformément aux initiatives récemment présentées par la Commission;

41.

estime que des plateformes numériques telles que les guichets uniques, IMI et ISA2, qui facilitent l'échange d'informations transfrontalier entre les autorités des États membres, sont essentielles pour l'amélioration du fonctionnement du marché unique;

42.

se déclare préoccupé par le faible niveau de sensibilisation et de compréhension des Européens en ce qui concerne les services disponibles, tels que «l'Europe est à vous», «l'Europe vous conseille», le réseau EURES, le réseau de coopération en matière de protection des consommateurs, les guichets uniques, SOLVIT et le règlement extrajudiciaire des litiges ou le règlement des litiges en ligne;

43.

considère que les services comme «l'Europe est à vous», «l'Europe vous conseille», le réseau EURES, le réseau de coopération en matière de protection des consommateurs, les guichets uniques, SOLVIT, SOLVIT Plus, le règlement extrajudiciaire des litiges et le règlement des litiges en ligne constituent des solutions de remplacement utiles et abordables aux actions en justice; observe que seulement 4 % des consommateurs et des entreprises connaissent l'existence de ces outils et que ces services sont très peu utilisés à l'heure actuelle; invite la Commission et les États membres, en vue de résoudre ce problème, à encourager la sensibilisation à ces outils, tout en examinant si les résultats et les réponses qu'ils génèrent conviennent aux utilisateurs; invite également la Commission à œuvrer en faveur d'une meilleure coopération entre les différents services d'assistance, tels que «l'Europe est à vous» ou SOLVIT, dans le but d'améliorer la satisfaction des utilisateurs;

44.

invite la Commission à mener une réflexion approfondie sur l'interaction entre ces services et à étudier la possibilité de les remplacer par un point de contact unique pour les consommateurs, qui les orienterait ensuite vers d'autres outils le cas échéant;

45.

estime que cette réflexion devrait permettre de mieux définir les services en question en vue d'obtenir une meilleure séparation des activités et ainsi éviter les chevauchements;

46.

invite la Commission à élaborer une stratégie de communication et de formation en vue de mieux sensibiliser aux services d'assistance les citoyens et les entreprises de toutes tailles; recommande dans ce contexte le développement d'un portail unique donnant accès à l'ensemble des services d'assistance;

47.

estime que la prochaine révision du règlement relatif à la coopération en matière de protection des consommateurs (CPC) devrait tenir pleinement compte du besoin d'améliorer le flux d'informations entre les différents outils du marché unique;

48.

met en exergue le rôle important de l'outil de suivi de la Commission — l'opération «coup de balai» — notamment pour le bon fonctionnement du marché unique du numérique;

49.

reconnaît le rôle positif joué par les opérations «coup de balai» de l'Union, menées par la Commission au moyen de contrôles coordonnés de l'environnement en ligne afin de renforcer le respect de la législation; estime que ce type d'opération pourrait également être élargi au secteur hors ligne;

50.

constate avec inquiétude que, selon les rapports «Votre Europe», certains domaines, tels que le commerce en ligne ou la reconnaissance des qualifications, font constamment l'objet de demandes de la part de citoyens souhaitant exercer leurs droits; estime que la Commission, en collaboration avec les instances nationales et régionales, devrait répondre à ce besoin afin de promouvoir la compréhension de ces droits;

51.

estime qu'il convient que l'évaluation de la mise en œuvre soit à la fois qualitative et quantitative, et ne fournisse pas uniquement des chiffres bruts sur la transposition ou l'absence de transposition formelle des directives, afin qu'il soit possible de comprendre pleinement si la législation sur le marché unique fonctionne vraiment du point de vue des consommateurs et des entreprises;

52.

invite la Commission à envisager la création d'un «système d'alerte précoce» permettant de signaler les domaines où il existe des problèmes au niveau de la mise en œuvre ou de l'application du droit de l'Union;

53.

considère que le contrôle systématique des marchés de consommation à l'échelle de l'Union permettrait de détecter plus rapidement les tendances émergentes et les menaces pour les consommateurs et les entreprises; souligne dans ce contexte le rôle positif joué par toutes les parties prenantes, notamment les associations de consommateurs;

54.

invite la Commission à évaluer les résultats des «points de contact produit» prévus dans le règlement sur la reconnaissance mutuelle, de 2009, et dans le règlement sur les produits de construction, de 2011;

Application de la législation et surveillance du marché

55.

souligne qu'il y a lieu de renforcer la coopération entre les instruments de gouvernance du marché unique qui recueillent les plaintes des consommateurs concernant la violation de la législation de l'Union par des opérateurs commerciaux, et les organes nationaux chargés de faire appliquer la loi, à travers des procédures formelles et l'amélioration du partage des données;

56.

invite la Commission à examiner sérieusement la cohérence et l'efficacité de la mise en œuvre et, en fin de compte, des procédures d'infraction, en particulier pour ce qui est de la législation relative au marché unique;

57.

estime qu'il est regrettable que l'accès du Parlement à des informations importantes concernant les procédures pré-contentieuse et d'infraction soit limité et demande plus de transparence dans ce domaine, dans le respect des règles de confidentialité;

58.

prie instamment la Commission d'engager des procédures d'infraction plus rapides et en temps utile lorsqu'il est clairement établi qu'il existe une lacune dans la mise en œuvre et que les efforts raisonnables déployés pour résoudre les problèmes au moyen d'outils tels que la médiation, sous forme du règlement extrajudiciaire des litiges, du règlement en ligne des litiges, du projet «EU pilot», de SOLVIT ou d'autres mécanismes pré-contentieux, n'ont pas abouti; souligne que les États membres partagent une même responsabilité de faire respecter le droit de l'Union et qu'ils devraient garantir son application efficace et efficiente afin de défendre les droits des consommateurs et créer des conditions de concurrence égales pour les entreprises partout en Europe;

59.

s'engage à jouer le rôle qui lui incombe dans le contrôle de l'application de la législation de l'Union, notamment en examinant la mise en œuvre de la législation et en exerçant un contrôle sur les actions de la Commission, notamment par une participation à l'établissement, par la Commission, de rapports annuels, ou à tout le moins plus détaillés, sur les programmes de travail portant spécifiquement sur l'application de la législation;

60.

rappelle que, dans sa résolution du 4 février 2014 sur l'application de la directive 2005/29/CE (4) sur les pratiques commerciales déloyales, le Parlement demande à la Commission de compiler et d'analyser les données sur les sanctions mises en œuvre par les États membres ainsi que celles sur l'efficacité des dispositifs de contrôle, notamment pour ce qui est de la complexité et de la durée des procédures de mise en application; a demandé à plusieurs reprises à la Commission de transmettre au Parlement les résultats de ces analyses;

61.

considère qu'il convient d'utiliser les instruments de surveillance du marché en liaison avec les outils du marché unique afin de renforcer l'application du droit de l'Union;

62.

indique, à cet égard, que les autorités nationales n'utilisent pas toujours correctement le système d'information et de communication pour la surveillance des marchés, ou ne réussissent pas à prendre les mesures nécessaires en temps utile; souligne, en particulier, qu'il y a lieu d'améliorer la transmission des dossiers entre les autorités publiques;

63.

se déclare préoccupé de voir que, selon une analyse par échantillonnage effectuée par la Commission en 2014, 60 % des enquêtes réalisées relatives à des produits ne mentionnaient pas le pays d'origine, 32 % des enquêtes concernant des machines n'étaient pas assorties d'une classification des risques, et 5 % des données introduites ne faisaient référence ni au règlement ni à la directive de l'Union non respectés; invite le Conseil et les États membres à se pencher sérieusement sur ce problème et à informer le Parlement des mesures prises à cet égard;

Évaluation ex post et réexamen

64.

se félicite de la période régulière de réexamen et de l'introduction d'analyses sectorielles dans le cadre du programme REFIT, dont l'objectif final doit être d'améliorer la qualité de la législation de l'Union européenne et de la simplifier, en la rapprochant plus efficacement des besoins des citoyens et des entreprises, en portant une attention particulière aux micro-entreprises ainsi qu'aux petites et moyennes entreprises;

65.

estime toutefois que l'analyse doit être améliorée en ce qui concerne la question de savoir si les mesures législatives prises jusqu'à présent ont effectivement servi leur objectif et si elles respectent les objectifs actuels en matière de politiques; met également en exergue l'importance que revêt la transparence pour le processus du programme REFIT; est d'avis, dans ce contexte, qu'un objectif continu de réduction de la charge administrative et réglementaire peut contribuer de manière positive à faire en sorte que les objectifs soient atteints le plus efficacement possible et de la manière la moins coûteuse possible pour les particuliers et les entreprises;

66.

relève que les coûts cumulés de la réglementation constituent souvent un frein pour les participants sur le marché unique, en particulier les PME; salue par conséquent l'engagement pris par la Commission de se pencher sur la question; souligne que toute analyse de ce type devrait viser la suppression des freins à l'entrée sur le marché et la garantie d'une concurrence loyale pour tous les acteurs;

67.

invite la Commission à améliorer sa compréhension des facteurs influençant la réalisation des objectifs stratégiques, comme l'incidence de politiques complémentaires ou conflictuelles adoptées au niveau national ou de l'Union, mais également les conséquences et les coûts de l'inaction, afin d'améliorer l'élaboration des politiques et, au final, de contribuer à une meilleure réglementation du marché unique;

68.

estime que le recours à des clauses de caducité ou à des clauses de réexamen renforcé peut être envisagé à titre exceptionnel, en particulier pour les phénomènes temporaires, les institutions s'engageant à mettre à jour et à maintenir en place la législation uniquement lorsque cela est nécessaire; considère que des garanties sont nécessaires pour veiller à ce que la législation essentielle ne vienne pas à expiration;

III.    Conclusion

69.

souligne qu'améliorer la réglementation du marché unique ne signifie pas éliminer toute réglementation ni abaisser le niveau d'ambition réglementaire en matière par exemple de protection environnementale, de sécurité, de protection du consommateur ou de normes sociales, mais plutôt d'éliminer la réglementation inutile, la bureaucratie et les incidences négatives, tout en veillant à atteindre l'objectif de la législation, ainsi qu'à offrir un environnement réglementaire compétitif propice à l'emploi et aux entreprises en Europe;

70.

souligne qu'un marché unique qui ne surcharge ni n'entrave la production, l'innovation ou le commerce constitue un outil qui ramènera en Europe des emplois et une croissance qui auraient auparavant été générés ailleurs;

71.

souligne par conséquent que la responsabilité partagée pour améliorer la réglementation du marché unique apportera des avantages partagés: un marché unique solide et dynamique contribuant à la croissance à long terme de l'Europe et, par conséquent, à la prospérité de ses citoyens;

o

o o

72.

charge son Président de transmettre la présente résolution à la Commission, au Conseil, au Conseil européen, ainsi qu'aux parlements et aux gouvernements des États membres.


(1)  JO C 24 du 22.1.2016, p. 75.

(2)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0069.

(3)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0164.

(4)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0063.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/57


P8_TA(2016)0106

Apprendre l'Union européenne à l'école

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 Apprendre l'Union européenne à l'école (2015/2138(INI))

(2018/C 058/06)

Le Parlement européen,

vu l'article 2 du traité sur l'Union européenne (traité UE),

vu l'article 165 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (traité FUE),

vu le règlement (UE) no 1288/2013 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2013 établissant «Erasmus +»: le programme de l'Union pour l'éducation, la formation, la jeunesse et le sport et abrogeant les décisions no1719/2006/CE, no1720/2006/CE et no 1298/2008/CE (1),

vu la décision no 1093/2012/UE du Parlement européen et du Conseil du 21 novembre 2012 relative à l'Année européenne des citoyens (2013) (2),

vu le règlement (UE) no 390/2014 du Conseil du 14 avril 2014 établissant le programme «L'Europe pour les citoyens» pour la période 2014-2020 (3),

vu la recommandation du Parlement européen et du Conseil du 18 décembre 2006 sur les compétences clés pour l'éducation et la formation tout au long de la vie (4),

vu la déclaration sur la promotion de la citoyenneté et des valeurs communes de liberté, de tolérance et de non-discrimination au moyen de l'éducation (déclaration de Paris) adoptée lors de la réunion informelle des ministres de l'éducation de l'Union du 17 mars 2015,

vu les conclusions du Conseil du 12 mai 2009 concernant un cadre stratégique pour la coopération européenne dans le domaine de l'éducation et de la formation («Éducation et formation 2020») (5),

vu la communication de la Commission du 26 août 2015 intitulée «Projet de rapport conjoint 2015 du Conseil et de la Commission sur la mise en œuvre du cadre stratégique pour la coopération européenne dans le domaine de l'éducation et de la formation (EF2020)» (COM(2015)0408),

vu la décision d'exécution de la Commission du 14 septembre 2015 sur l'adoption du programme de travail annuel 2016 pour la mise en œuvre d'«Erasmus+»: le programme de l'Union pour l'éducation, la formation, la jeunesse et le sport" (C(2015)6151),

vu les conclusions du Conseil des 28 et 29 novembre 2011 sur un critère de référence en matière de mobilité à des fins d'apprentissage (6),

vu la communication de la Commission du 15 septembre 2015 intitulée «Projet de rapport conjoint 2015 du Conseil et de la Commission sur la mise en œuvre du cadre renouvelé pour la coopération européenne dans le domaine de la jeunesse (2010-2018)» (COM(2015)0429),

vu la communication de la Commission du 27 avril 2009 intitulée «Une stratégie de l'Union européenne pour investir en faveur de la jeunesse et la mobiliser — Une méthode ouverte de coordination renouvelée pour aborder les enjeux et les perspectives de la jeunesse» (COM(2009)0200),

vu la résolution du Conseil du 27 novembre 2009 relative à un cadre renouvelé pour la coopération européenne dans le domaine de la jeunesse (2010-2018) (7),

vu la recommandation du Conseil du 20 décembre 2012 relative à la validation de l'apprentissage non formel et informel (8),

vu sa résolution du 15 mai 1992 sur la politique de l'éducation et de la formation dans la perspective 1993 (9),

vu sa résolution du 26 septembre 2006 sur les initiatives destinées à compléter les programmes scolaires nationaux grâce à des mesures adéquates de soutien à l'intégration de la dimension européenne (10),

vu sa résolution du 23 septembre 2008 sur l'amélioration de la qualité des études et de la formation des enseignants (11),

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission de la culture et de l'éducation (A8-0021/2016),

A.

considérant que l'éducation est un droit de l'homme fondamental et un bien public qui devrait être accessible à tous;

B.

considérant que le rôle principal de l'éducation est de former des citoyens pleinement éclairés et qu'il va donc au-delà de la réalisation des objectifs économiques de l'Union et des stratégies nationales;

C.

que l'éducation a notamment pour objectif de préparer les individus à la vie et à la citoyenneté active dans des sociétés de plus en plus complexes, exigeantes, multiculturelles et intégrées;

D.

considérant que, selon un sondage d'opinion Eurobaromètre réalisé en 2014, 44 % des citoyens de l'Union européenne estiment n'avoir qu'une compréhension limitée du fonctionnement de l'Union européenne et que 52 % des Européens considèrent que leur voix ne compte pas dans l'Union européenne (12);

E.

considérant que seuls 42,61 % des citoyens de l'Union et seuls 27,8 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans ont voté lors des dernières élections du Parlement européen, ce qui représente le taux de participation le plus faible depuis 1979 (13);

F.

considérant qu'une connaissance insuffisante de l'Union et une mauvaise compréhension de sa valeur ajoutée concrète peut contribuer à la perception d'un déficit démocratique et donner lieu à une propagation de l'euroscepticisme dans les États membres et les pays candidats; considérant que les déficits démocratiques doivent être résorbés afin de combler le fossé grandissant entre la voix des citoyens de l'Union et les institutions européennes;

G.

considérant que selon l'eurobaromètre spécial 437 de 2015, une grande majorité des Européens estime que les enseignements et le matériel scolaires devraient inclure des informations sur la diversité au niveau de la religion ou des convictions, de l'origine ethnique, de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre (14);

H.

considérant qu'une sensibilisation accrue aux avantages des politiques européennes, comme la libre circulation des personnes et des services dans l'Union et les programmes de mobilité de l'Union, peut contribuer à un sentiment d'appartenance à l'Union européenne, à un esprit de solidarité et à une acceptation des sociétés multiculturelles et multiethniques;

I.

considérant que la réussite des systèmes et des programmes d'enseignement ainsi que l'influence et la participation accrue des Européens au niveau des processus décisionnels de l'Union pourraient susciter un plus grand intérêt pour les affaires européennes ainsi qu'un sentiment de compréhension et d'appartenance, tout en contribuant à la lutte contre les inégalités sociales, la ségrégation des cultures et le sentiment d'isolement;

J.

considérant que la majorité des États membres a incorporé l'apprentissage de l'Union dans les programmes d'études et les programmes de formation des enseignants; que les disparités entre les États membres et en leur sein continuent d'exister;

K.

considérant que dans certains États membres, si les sujets liés à l'Union européenne sont généralement enseignés à différents niveaux d'enseignement et dans le cadre de différents thèmes d'enseignement obligatoire, ils ne constituent qu'une partie limitée du programme qu'un enseignant particulier doit enseigner;

L.

considérant que les connaissances et les compétences des enseignants et de tout autre membre du personnel enseignant sur les sujets concernant l'Union doivent être développées davantage et mises à jour au moyen de formations initiales et continues et que, à cet égard, les établissements scolaires et les enseignants ont besoin d'une assistance effective, qui soit conçue sur mesure et adaptée à leurs besoins spécifiques;

M.

considérant que d'après l'étude intitulée «Learning Europe at school», réalisée par la société de conseil ICF GHK pour la DG Éducation et culture (15), les institutions et les associations extérieures à l'enseignement supérieur sont généralement les plus actives dans la formation des enseignants sur les questions liées à l'Union européenne;

N.

considérant que l'analyse d'impact du programme Erasmus présentée par la Commission en 2014 démontre les effets positifs de la mobilité des étudiants et de l'internationalisation des études non seulement sur les programmes d'étude et l'employabilité, mais également sur la connaissance de l'Europe, sur le développement du sentiment de citoyenneté européenne, sur l'attitude pro-européenne et sur le taux de participation aux élections européennes;

Une dimension européenne dans l'éducation

1.

souligne l'importance croissante d'une dimension européenne dans l'éducation dans les différentes disciplines et les différents niveaux et formes d'éducation, tout en mettant l'accent sur la nécessité d'une acception large et approfondie du concept qui tienne compte de sa nature complexe, dynamique et multidimensionnelle, l'apprentissage de l'Union à l'école étant un élément essentiel;

2.

souligne qu'une dimension de l'Union dans l'éducation est capitale afin d'aider les citoyens à mieux comprendre — et à rétablir le lien avec — l'Union, et peut approfondir le rôle des valeurs énoncées à l'article 2 du traité UE et à renforcer la voix de l'Union dans un monde interdépendant;

3.

insiste sur la nécessité de la compréhension et de la promotion de l'attachement aux valeurs fondamentales de l'Union européenne; signale que la connaissance et la compréhension de l'histoire et des valeurs communes de l'Union et de ses États membres est fondamentale pour la compréhension mutuelle, la coexistence pacifique, la tolérance et la solidarité, et également pour la compréhension des principes fondamentaux de l'Union européenne;

4.

fait observer que l'Union européenne devrait être plus visible et mieux intégrée dans le matériel pédagogique et les activités extrascolaires, compte tenu de son impact sur la vie quotidienne de ses citoyens; estime que les contenus concernant explicitement l'Union peuvent enrichir considérablement les programmes d'études et contribuer sensiblement au développement personnel et à l'épanouissement des apprenants;

5.

souligne la nécessité de recourir à des méthodes d'enseignement actives et participatives, adaptées à l'âge, aux niveaux, aux besoins et aux intérêts des élèves et d'exploiter pleinement les possibilités offertes par les technologies de l'information et de la communication et les médias, y compris les médias sociaux;

6.

relève qu'une dimension de l'Union dans l'éducation devrait permettre aux apprenants non seulement d'acquérir des connaissances et de développer leur sentiment d'appartenance et leurs compétences en tant que citoyens européens, mais également d'élaborer des réflexions critiques sur l'Union européenne, notamment par l'apprentissage des valeurs fondamentales de l'Union fondées sur l'état de droit et les droits de l'homme, de la gouvernance de l'Union et de ses processus décisionnels et de la manière dont ils influencent leurs États membres et leur participation démocratique; encourage le recours aux jeux de rôles du Parlement européen de la jeunesse afin d'aider les enfants et les étudiants à comprendre les processus européens et à les sensibiliser sur les questions européennes;

7.

attire l'attention sur le fait que l'Union a été façonnée par ses États membres, avec leurs histoires et cultures uniques, et que le développement de l'Union reste indissociablement lié à ses États membres; souligne dans le même temps la contribution des différentes cultures aux sociétés et au patrimoine européens;

8.

observe que l'impact de l'Union sur les États membres est considérable et que l'apprentissage de l'Union à l'école devrait mettre en évidence à la fois le rôle des États membres dans le développement de l'Union et l'influence de l'Union sur le développement des États membres;

9.

fait observer que les États membres et l'Union européenne doivent donner l'exemple à tous les acteurs concernés par l'enseignement et l'apprentissage de l'Union à l'école en respectant les valeurs européennes fondamentales de l'inclusion sociale et de la solidarité européenne et internationale;

10.

rappelle qu'il y a lieu de garantir, de renforcer et d'élargir les perspectives de développement professionnel initial et continu, tout au long de la vie, pour les enseignants et les éducateurs et de leur fournir des supports et des ressources appropriés de manière à leur permettre d'incorporer une dimension de l'Union dans leur enseignement, notamment en ce qui concerne l'histoire et l'éducation civique, ainsi que de mettre en œuvre des stratégies orientées vers l'apprenant et d'adapter leurs méthodes d'apprentissage aux besoins des apprenants;

11.

souligne qu'il est nécessaire de promouvoir et d'encourager le multilinguisme et les compétences interculturelles des éducateurs ainsi que les possibilités de mobilité, l'apprentissage en équipe et les échanges de bonnes pratiques parmi le personnel enseignant, par exemple, en organisant des séminaires au niveau européen;

12.

insiste sur le rôle des universités dans la préparation et la formation d'enseignants et d'éducateurs hautement qualifiés et motivés; appelle à encourager et à soutenir les actions entreprises par les États membres dans le cadre de leurs efforts afin d'offrir des possibilités de cours pour l'obtention de qualifications spécialisées dans les universités, qui soient ouverts et accessibles aux étudiants inscrits ainsi qu'aux enseignants et aux éducateurs en exercice;

13.

souligne l'importance et le potentiel d'une approche européenne sur l'enseignement de l'histoire, tout en tenant compte de la compétence des États membres en la matière, puisque certains événements historiques ont joué un rôle déterminant dans l'émergence des valeurs et des idéaux européens; demande à la Commission et aux États membres de soutenir les sociétés historiques et les centres de recherches historiques, afin de valoriser leur contribution scientifique à l'histoire européenne et leur rôle dans la remise à niveau des enseignants;

14.

recommande que la Maison de l'histoire européenne consacre des programmes, outils et activités spécifiques aux étudiants et aux enseignants de tous les types d'enseignement afin de développer un récit efficace de la construction européenne et de ses valeurs fondamentales;

15.

demande de renouveler et de renforcer d'urgence l'éducation civique et l'éducation à la citoyenneté de l'Union dans les États membres actuels et futurs, dans le but de doter les apprenants, à travers des moyens adaptés à leur âge, des connaissances, aptitudes et compétences appropriées, en leur permettant de développer un sens critique et de forger des opinions équilibrées et bien informées, d'exercer leurs droits et responsabilités démocratiques, notamment le droit de vote, d'apprécier la diversité, d'encourager le dialogue interculturel et interreligieux et d'être des citoyens actifs et responsables;

16.

fait observer que la participation accrue des étudiants et des parents à la gouvernance des écoles peut contribuer à lutter contre les discriminations et à renforcer la citoyenneté et la démocratie participative durable, en favorisant la confiance et la coopération entre les différents acteurs; demande aux établissements d'enseignement de mettre en place une gouvernance démocratique et d'en accroître le champ d'action, également en accordant une plus grande importance aux étudiants par l'intermédiaire de la voix de leurs représentants, puisque la démocratie doit être apprise et vécue;

17.

insiste sur la nécessité de renforcer la motivation des enseignants et des apprenants et d'accroître leurs possibilités d'en apprendre davantage sur l'Union européenne au moyen d'expériences personnelles, comme des voyages scolaires dans d'autres pays, des visites des institutions européennes, des contacts avec des représentants de l'Union, des possibilités de stages pour les étudiants au sein des institutions européennes, ainsi que par l'éducation par les médias, comme le portail européen de la jeunesse, en exploitant pleinement les nouvelles technologies de l'information et de la communication et les ressources pédagogiques libres;

18.

appelle à exploiter pleinement les possibilités offertes par les technologies numériques afin de développer davantage l'enseignement transfrontalier, au moyen de cours numériques et de vidéoconférences, dans le but de faciliter la découverte par les étudiants d'autres points de vue et approches sur leurs disciplines;

19.

souligne que l'apprentissage de langues étrangères peut jouer un rôle capital pour ce qui est d'accroître la sensibilisation à l'interculturalité et de doter les citoyens des compétences nécessaires pour vivre et travailler dans un environnement de plus en plus complexe et mondialisé;

20.

souligne le rôle crucial joué par l'apprentissage non formel et informel, notamment le travail des jeunes, le volontariat et l'apprentissage intergénérationnel, familial et des adultes, ainsi que par le sport en tant que moyen pédagogique, dans le développement des aptitudes, des compétences et des comportements sociaux et citoyens et dans la formation de citoyens européens responsables et actifs; met l'accent sur la nécessité de reconnaître et de valider ces compétences dans le cadre de l'apprentissage formel et de créer des liens plus étroits entre l'apprentissage formel, non formel et informel;

21.

recommande l'adoption d'une approche interculturelle dans le domaine de la politique de l'éducation, afin de permettre une intégration scolaire efficace des étudiants immigrants qui soit fondée sur la compréhension mutuelle des différentes cultures en vue de construire des valeurs communes;

Le rôle de l'Union

22.

encourage la Commission à continuer de soutenir les efforts visant à développer et à promouvoir une dimension de l'Union dans l'éducation ainsi que la mobilité des acteurs de l'éducation, et à diffuser activement des informations — notamment sur les possibilités de financement appropriées et sur les études et rapports disponibles — aux principales parties prenantes et aux citoyens; encourage à cet égard une meilleure utilisation des nouvelles technologies de communication et des nouveaux médias, notamment les médias sociaux;

23.

demande à la Commission de proposer un cadre commun, et d'élaborer des lignes directrices assorties d'exemples concrets, pour un apprentissage relatif à l'Union européenne afin d'encourager le développement de l'esprit critique et de l'objectivité concernant les avantages de l'Union européenne pour ses citoyens, tout en respectant la compétence des États membres dans le domaine de l'éducation et de la formation;

24.

prie la Commission d'encourager la poursuite des recherches sur la façon dont l'Union européenne fait actuellement l'objet d'un enseignement à l'école en Europe, ainsi que sur les caractéristiques des programmes d'études et des examens et de déterminer a) si les enseignants et les éducateurs ont suffisamment accès aux programmes et actions pertinents de l'Union en matière de développement professionnel, d'apprentissage tout au long de la vie et de plateformes d'échange de bonnes pratiques et b) si les actions financées destinées à intégrer un apprentissage efficace sur l'Union européenne à l'école ont réellement un impact sur les écoles en fin de compte;

25.

invite la Commission à encourager, à soutenir et à faciliter les réseaux qui favorisent l'apprentissage de l'Union aux niveaux national, régional et local ou qui y participent, ainsi que les échanges de bonnes pratiques entre ces réseaux à l'échelle de l'Union, et à recenser les domaines où des améliorations sont possibles;

26.

appelle la Commission à faciliter un échange de bonnes pratiques entre les États membres et les pays candidats, en ce qui concerne la dimension de l'Union dans l'éducation et la lutte contre la discrimination et les préjugés dans l'environnement scolaire, notamment en évaluant le matériel d'enseignement, ainsi que les politiques de lutte contre l'intimidation et la discrimination;

27.

souligne le rôle essentiel joué par les programmes «Erasmus+», «L'Europe pour les citoyens» et «Europe créative» pour promouvoir l'éducation et la formation, les connaissances linguistiques, la citoyenneté active, la sensibilité culturelle, la compréhension interculturelle et d'autres compétences transversales essentielles et utiles; souligne que ces programmes sont importants pour renforcer la citoyenneté européenne et qu'il y a lieu de garantir un soutien financier adéquat et accru pour ces programmes, de mettre davantage l'accent sur leurs résultats qualitatifs et d'assurer un accès plus large à la mobilité, en accordant une attention particulière aux enseignants et aux autres éducateurs, aux jeunes issus de milieux socio-économiques différents ainsi qu'aux groupes vulnérables et défavorisés et aux personnes ayant des besoins spécifiques;

28.

rappelle le vaste éventail d'actions proposées par le programme Erasmus+, ainsi que sa popularité et sa reconnaissance par le grand public, en particulier pour la mobilité des étudiants dans le cadre de leurs études; invite la Commission et les États membres à sensibiliser le public sur les parties du programme Erasmus+ moins connues, comme le service volontaire européen;

29.

se félicite du programme de travail 2016 de la Commission pour la mise en œuvre du programme Erasmus+ et de son engagement à prendre des mesures concrètes à la suite de la déclaration de Paris, en particulier celles destinées à accroître les effets du programme Erasmus+ en encourageant une citoyenneté active et démocratique, le dialogue interculturel, l'inclusion sociale et la solidarité, notamment en renforçant le soutien du rôle essentiel des organisations de la société civile dans l'éducation à la citoyenneté;

30.

appelle la Commission à mettre en valeur les aspects pédagogiques et à accroître la capacité à satisfaire les besoins des écoles de projets financés par l'intermédiaire de l'action Jean Monnet en veillant à ce que les écoles puissent directement déposer leur candidature et à ce que les projets reçoivent un financement pour des périodes plus longues, par exemple trois ans, conformément aux modalités de financement des modules Jean Monnet; invite la Commission à mettre l'action du module Jean Monnet à la disposition des établissements de formation des enseignants et à encourager ces établissements à les incorporer dans leurs programmes;

31.

fait observer que l'Union traverse actuellement une crise de légitimité démocratique en raison non seulement du manque de connaissance des mécanismes de l'Union par les Européens, mais aussi du fait qu'ils n'ont plus la possibilité de se faire entendre dans le processus décisionnel; souligne qu'afin de retrouver sa légitimité, l'Union doit arrêter l'effondrement de ses structures démocratiques et rétablir les liens avec les citoyens;

32.

invite la Commission à exécuter efficacement le programme «L'Europe pour les citoyens» afin de réaliser l'objectif d'une société démocratique et plus inclusive, en renforçant également la participation des citoyens aux processus décisionnels;

33.

invite la Commission à suivre de près l'impact de l'ensemble des programmes de l'Union sur le développement, chez les participants, d'un sentiment de citoyenneté et de la participation civique;

34.

demande à la Commission de continuer à développer et à promouvoir le plus largement possible les plateformes virtuelles eTwinning, EPALE et School Education Gateway, et de continuer à soutenir et à développer d'autres plateformes numériques, telles que l'Espace enseignants, afin de faciliter l'accès à du matériel didactique de qualité, facile à utiliser et actualisé qui soit pertinent pour l'apprentissage sur l'Union européenne et disponible dans toutes les langues de l'Union;

35.

invite la Commission à faciliter la réalisation d'un examen critique du matériel actuellement à disposition sur la plateforme Espace enseignants par les éducateurs en exercice et les universitaires spécialisés dans les études européennes afin d'en garantir la qualité et l'à-propos;

36.

souligne le rôle des bureaux d'information des institutions européennes et se félicite de leur engagement à encourager les relations avec les États membres, les établissements d'enseignement nationaux, régionaux et locaux, les organisations de jeunesse et les médias afin de les rapprocher et de garantir la compréhension par les jeunes du rôle joué par les institutions dans leur vie quotidienne;

37.

appelle à un débat ouvert et commun entre la Commission et les villes, ainsi que les collectivités locales et régionales, concernant le lien entre les systèmes d'enseignement et les modèles urbains, afin de comprendre les effets des différentes approches sur les relations interculturelles existant actuellement en Europe;

38.

encourage la Commission à promouvoir l'apprentissage sur l'Union européenne à l'école en tant que recommandation à formuler le plus tôt possible dans le processus de négociation avec les pays candidats à l'Union;

Le rôle des États membres

39.

encourage les États membres à soutenir, à réexaminer et à actualiser leurs systèmes d'enseignement — et tous les types de contenus des cours relatifs à l'Union à tous les niveaux d'enseignement, notamment l'enseignement et la formation professionnels — en vue de renforcer la dimension de l'Union en étroite coopération avec tous les acteurs concernés au niveau de l'Union et au niveau national, tout en encourageant fortement les régions et les collectivités locales à faire de même, en particulier lorsqu'elles ont des compétences directes dans les systèmes d'enseignement;

40.

encourage les États membres à soutenir toutes les possibilités de transmettre plus d'informations sur l'Union aux apprenants ainsi qu'aux enseignants et aux autres éducateurs à travers un enseignement formel, non formel ou informel, et à exploiter pleinement et à compléter les instruments financiers, les programmes et les initiatives de l'Union à cet égard;

41.

demande aux États membres de prendre de nouvelles mesures pour promouvoir un enseignement interculturel, non discriminatoire et ouvert à tous et les valeurs de la citoyenneté dans les programmes scolaires et universitaires;

42.

invite les États membres à augmenter les investissements en faveur d'une éducation de qualité, notamment en renforçant les partenariats avec le secteur privé, et à promouvoir l'égalité des chances pour tous, et à apporter le soutien nécessaire à tous les établissements d'enseignement et de formation, ainsi qu'aux enseignants et autres éducateurs, afin qu'ils soient en mesure d'instaurer et de développer en permanence dès le plus jeune âge une dimension de l'Union dans l'éducation qui aille au-delà des salles de classe;

43.

invite les États membres à garantir un accès égal et inclusif de tous les apprenants à un enseignement formel et non formel, innovant et de qualité, ainsi que des possibilités d'apprentissage tout au long de la vie; invite à cet égard tous les États membres à adopter la proposition de directive de 2008 relative à la mise en œuvre du principe de l'égalité de traitement entre les personnes sans distinction de religion ou de convictions, de handicap, d'âge ou d'orientation sexuelle, qui constituerait une protection contre la discrimination fondée sur ces motifs dans le domaine de l'éducation;

44.

invite les États membres à associer les migrants, les réfugiés et les communautés religieuses dans un processus d'inclusion respectueux et favorisant l'autonomisation des citoyens, en assurant leur participation à la vie citoyenne et culturelle;

45.

invite les États membres à encourager et à faciliter la formation de qualité sur des thèmes de l'Union européenne pour les enseignants, les autres membres du personnel éducatif, les animateurs de jeunesse et les formateurs, notamment en leur permettant de passer une partie de leur formation dans un autre État membre, et en garantissant la reconnaissance de leur compétence à dispenser un enseignement sur l'Union européenne, par exemple par la création et la promotion d'un label «euro-enseignant»;

46.

estime que les États membres devraient rechercher, en concertation et en coopération avec les acteurs de l'éducation, des occasions pour échanger des idées et des exemples de bonnes pratiques en ce qui concerne l'intégration d'une dimension de l'Union dans leurs programmes éducatifs en vue notamment d'améliorer les connaissances des jeunes sur le processus de construction de la citoyenneté européenne et des institutions de l'Union et de renforcer leur compréhension à cet égard, de sorte qu'ils puissent percevoir l'Union comme faisant partie intégrante de leur cadre de vie qu'ils sont en mesure, et devraient, façonner;

47.

prie instamment les États membres de reconnaître et de soutenir le rôle des partenaires sociaux et des organisations de la société civile, notamment les organisations de jeunesse, pour ce qui est de combler le fossé entre les institutions de l'Union européenne et les citoyens européens de manière structurée et durable, en favorisant et en renforçant les outils de la démocratie directe et participative;

o

o o

48.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux gouvernements et aux parlements des États membres.


(1)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 50.

(2)  JO L 325 du 23.11.2012, p. 1.

(3)  JO L 115 du 17.4.2014, p. 3.

(4)  JO L 394 du 30.12.2006, p. 10.

(5)  JO C 119 du 28.5.2009, p. 2.

(6)  JO C 372 du 20.12.2011, p. 31.

(7)  JO C 311 du 19.12.2009, p. 1.

(8)  JO C 398 du 22.12.2012, p. 1.

(9)  JO C 150 du 15.6.1992, p. 366.

(10)  JO C 306 E du 15.12.2006, p. 100.

(11)  JO C 8 E du 14.1.2010, p. 12.

(12)  Eurobaromètre Standard 81, printemps 2014: «L'opinion publique dans l'Union européenne» (http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb/eb81/eb81_publ_fr.pdf), pp. 115 et 129.

(13)  http://www.eprs.sso.ep.parl.union.eu/lis/lisrep/13-EPRS-publications/2015/ COMM_STUD_558351_UpdateReview-FR.pdf, p. 43 à 45.

(14)  Eurobaromètre spécial no 437, 2015: «Discrimination in the EU in 2015» (http://ec.europa.eu/COMMFrontOffice/PublicOpinion/index.cfm/ResultDoc/download/DocumentKy/68004), p. 100.

(15)  http://www.eupika.mfdps.si/Files/Learning%20Europe%20at%20School%20final %20report.pdf.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/65


P8_TA(2016)0107

Erasmus+ et autres outils de promotion de la mobilité dans le cadre de l'enseignement et de la formation professionnels

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 sur le programme Erasmus+ et d'autres outils de promotion de la mobilité dans le cadre de l'enseignement et de la formation professionnels: une approche d'apprentissage tout au long de la vie (2015/2257(INI))

(2018/C 058/07)

Le Parlement européen,

vu le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, et notamment ses articles 165 et 166,

vu la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, et en particulier son article 14,

vu la déclaration de Copenhague du 30 novembre 2002 sur la coopération européenne renforcée en matière d'enseignement et de formation professionnels,

vu les recommandations du Parlement européen et du Conseil du 18 juin 2009 relatives à l'établissement d'un cadre européen de référence pour l'assurance de la qualité dans l'enseignement et la formation professionnels (1),

vu les conclusions du Conseil du 12 mai 2009 concernant un cadre stratégique pour la coopération européenne dans le domaine de l'éducation et de la formation («Éducation et formation 2020») (2),

vu la résolution du Conseil du 27 novembre 2009 relative à un cadre renouvelé pour la coopération européenne dans le domaine de la jeunesse (2010-2018) (3),

vu le règlement (UE) no 1288/2013 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2013 établissant «Erasmus +»: le programme de l'Union pour l'éducation, la formation, la jeunesse et le sport (4),

vu la recommandation du Conseil du 20 décembre 2012 relative à la validation de l'apprentissage non formel et informel (5),

vu la décision no 2241/2004/CE du Parlement européen et du Conseil instaurant un cadre communautaire unique pour la transparence des qualifications et des compétences (Europass) (6),

vu la recommandation du Conseil du 28 juin 2011 intitulée «Jeunesse en mouvement — Promouvoir la mobilité des jeunes à des fins d'éducation et de formation» (7),

vu la recommandation 2006/962/CE du Parlement européen et du Conseil du 18 décembre 2006 sur les compétences clés pour l'éducation et la formation tout au long de la vie (8),

vu sa résolution du 6 juillet 2010 sur la promotion de l'accès des jeunes au marché du travail, le renforcement du statut des stagiaires, du stage et de l'apprenti (9),

vu la recommandation du Parlement européen et du Conseil du 23 avril 2008 établissant le cadre européen des certifications pour l'éducation et la formation tout au long de la vie (10),

vu les différents instruments de reconnaissance des compétences, tels que le cadre européen des certifications (CEC), le système européen de transfert de crédits d'enseignement (ECTS), le système européen de crédits d'apprentissage pour l'enseignement et la formation professionnels (ECVET) et le projet de classification européenne des aptitudes/compétences, certifications et professions (ESCO),

vu la communication de la Commission du 20 novembre 2012 intitulée «Repenser l'éducation: investir dans les compétences pour de meilleurs résultats socio-économiques» (COM(2012)0669),

vu le rapport de la Commission au Parlement européen et au Conseil du 28 janvier 2014 sur la mise en œuvre de la recommandation du Parlement européen et du Conseil du 18 juin 2009 relative à l'établissement d'un cadre européen de référence pour l'assurance de la qualité dans l'enseignement et la formation professionnels (COM(2014)0030),

vu les conclusions du Conseil du 20 mai 2014 sur l'assurance de la qualité à l'appui de l'éducation et de la formation,

vu la déclaration des ministres en charge de l'enseignement et de la formation professionnels (EFP) du 22 juin 2015 sur un nouvel ensemble de résultats à moyen terme dans le domaine de l'EFP pour la période 2015-2020,

vu la déclaration de Paris sur la promotion de l'éducation à la citoyenneté et aux valeurs communes de liberté, de tolérance et de non-discrimination, adoptée lors de la réunion informelle des ministres de l'éducation de l'Union du 17 mars 2015 à Paris (8496/15),

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission de la culture et de l'éducation et l'avis de la commission de l'emploi et des affaires sociales (A8-0049/2016),

A.

considérant que la mobilité à des fins tant d'apprentissage que de formation est importante pour le développement personnel, l'inclusion sociale des jeunes, le dialogue multiculturel, la tolérance, la capacité à travailler dans un environnement interculturel et la citoyenneté active, et a clairement démontré combien elle pouvait contribuer à l'amélioration de la qualité de l'éducation et de la capacité d'insertion professionnelle;

B.

considérant que la mobilité à des fins tant d'apprentissage que de formation devrait être davantage renforcée dans le cadre des programmes aussi bien actuels que successifs de l'Union européenne en matière d'éducation et de formation, d'emploi et de politique de cohésion;

C.

considérant qu'en 2002, les ministres européens de l'enseignement et de la formation professionnels ont lancé le «processus de Copenhague» pour renforcer la coopération européenne dans ce domaine en vue d'améliorer les performances, la qualité et l'attractivité de l'EFP en Europe;

D.

considérant que le processus de Copenhague est fondé sur des priorités définies d'un commun accord, qui sont régulièrement révisées, afin de faciliter la mobilité et de promouvoir l'utilisation des diverses possibilités de formation professionnelle dans le cadre de l'apprentissage tout au long de la vie, entre autres objectifs;

E.

considérant que, selon Eurostat, le taux de chômage est resté à 10,2 % en 2014 dans l'Union européenne malgré la lente reprise économique; que le chômage des jeunes s'élève actuellement à 22,1 % dans l'ensemble de l'Union, que 51 % seulement des travailleurs âgés de 55 à 64 ans ont un emploi et que l'écart de taux d'emploi entre les hommes et les femmes atteint 13,6 points de pourcentage chez les travailleurs âgés;

F.

considérant que l'apprentissage non formel et informel et la formation professionnelle ont un rôle important à jouer dès lors qu'il s'agit de relever les défis actuels en matière d'apprentissage tout au long de la vie, tels que l'abandon scolaire, le nombre inacceptable de jeunes qui ne travaillent pas, ne suivent pas d'études ni de formation (NEET), ainsi que la pénurie de main-d'œuvre qualifiée et l'inadéquation des compétences;

G.

considérant qu'il subsiste des inadéquations entre l'offre et la demande de compétences sur le marché de l'emploi, comme en témoigne le taux élevé d'emplois non pourvus indiqué dans les prévisions économiques d'automne de la Commission de 2015;

H.

considérant que les aptitudes linguistiques sont plus faibles dans l'EFP et doivent être stimulées de façon spécifique;

I.

considérant qu'il est nécessaire de réaffirmer la volonté politique de soutenir les actions de l'Union européenne en matière d'apprentissage tout au long de la vie et d'EFP, notamment via des activités de mobilité axées sur le développement de compétences transversales telles que la capacité d'adaptation, la curiosité et le fait d'apprendre à apprendre, ainsi que les compétences interpersonnelles et civiques;

J.

considérant que les récentes évolutions socio-économiques ont accentué la nécessité de rendre les systèmes d'apprentissage tout au long de la vie et d'EFP non seulement plus efficaces mais aussi plus accessibles et plus ouverts vis-à-vis des groupes défavorisés et des personnes ayant des besoins spécifiques; que l'amélioration de l'accès à l'éducation ne devrait pas se faire au détriment de la qualité de l'éducation;

K.

considérant que le soutien financier continu des activités et des mesures de mobilité liées aux connaissances relatives à l'apprentissage tout au long de la vie et à l'EFP revêt une importance capitale, surtout en cette période de crise économique;

L.

considérant que l'échelon régional et local est primordial pour soutenir des initiatives explorant de nouvelles pistes dans le domaine de la mobilité, afin de garantir l'efficacité, la transparence et la qualité des fonds et des programmes consacrés à l'EFP; que la mobilité des jeunes et des apprentis dans l'EFP promue à l'échelon régional et local devrait être coordonnée dans le cadre d'un vaste processus de gouvernance démocratique et participative visant à aborder les problèmes socio-économiques et environnementaux les plus pertinents, en associant les micro, petites et moyennes entreprises, les jeunes pousses, les communautés locales et les partenaires sociaux;

M.

considérant que les entrepreneurs, les chambres de commerce et d'industrie, les chambres de métiers et de l'artisanat et les chambres d'agriculture, et les syndicats et les autres partenaires sociaux concernés devraient activement participer à la conception, à l'organisation, à l'offre et au financement de l'EFP, ainsi que de la mobilité; qu'en ce qui concerne la conception de l'EFP, il convient de prendre en compte une dimension sociale qui inclue des sujets tels que le commerce équitable, l'entrepreneuriat social et les modèles économiques alternatifs, comme les coopératives, et qui soit organisée avec les partenaires concernés dans ces domaines;

N.

considérant que, s'il convient d'encourager la mobilité des jeunes pour améliorer leur employabilité, cet aspect ne doit pas devenir la seule solution envisagée pour remédier au chômage des jeunes;

Inventaire des résultats et définition des enjeux principaux

1.

estime que l'éducation est un droit fondamental de la personne et un bien public qui devrait être également accessible à tous; invite l'Union européenne et les États membres à supprimer tous les obstacles socio-économiques qui compromettent l'égalité d'accès de tous aux possibilités d'EFP, notamment à la mobilité; reconnaît que le rôle et les résultats des initiatives et des programmes existants en faveur de la mobilité dans le cadre de l'EFP devraient être renforcés en matière d'accessibilité, d'ouverture et de participation de tous, afin de promouvoir une stratégie personnalisée dans le domaine de l'éducation, de réduire les taux d'abandon scolaire et de garantir l'égalité d'accès aux actions pour la mobilité du programme Erasmus+ pour les groupes défavorisés et les personnes ayant des besoins spécifiques; souligne par conséquent la nécessité d'offrir une gamme flexible, variée et personnalisée de possibilités de mobilité dans le cadre de la formation, en tenant compte de la dimension de genre, pour les personnes issues de l'immigration et de familles économiquement défavorisées, ou encore pour les apprenants provenant de régions isolées, les personnes handicapées et les personnes ayant des besoins spécifiques;

2.

souligne la nécessité, en ce qui concerne les questions de mobilité et d'éducation, de tenir compte de la dimension de genre et de prendre en considération les besoins des personnes victimes de formes multiples de discrimination, notamment les personnes handicapées, les personnes s'identifiant comme LGBTI et les personnes issues de communautés marginalisées; incite, dans cette optique, à l'adoption de mesures supplémentaires en vue de faciliter l'accès des groupes défavorisés et des personnes ayant des besoins spécifiques aux actions de mobilité relevant d'Erasmus+;

3.

invite la Commission, les États membres et les principales parties prenantes à accroître la visibilité des programmes d'EFP afin de supprimer les barrières culturelles ainsi que de combattre le manque de motivation, d'esprit d'initiative et de compétences linguistiques, particulièrement dans les régions les plus touchées par le chômage des jeunes; estime qu'il faut veiller à ce que ces programmes soient accessibles à tous les citoyens sans discrimination; demande que les groupes menacés par le chômage, tels que les personnes handicapées, fassent l'objet d'une attention particulière; plaide pour la simplification de l'accès à l'EFP ainsi qu'aux qualifications en favorisant la flexibilité des parcours d'apprentissage, la capacité d'adaptation des systèmes et l'offre de formation à l'intention des groupes dotés de compétences fondamentales insuffisantes et des travailleurs présentant un niveau de qualification faible ou intermédiaire; rappelle qu'il y a lieu de prendre en compte l'équilibre entre les hommes et les femmes dans l'accès à ces dispositifs, dès lors qu'il s'agit de promouvoir efficacement les programmes de mobilité relevant de l'EFP parmi les femmes; estime, à cet égard, qu'il convient d'assigner des objectifs ambitieux et de suivre les progrès accomplis;

4.

met en exergue l'écart entre les hommes et les femmes en matière de compétences et d'emploi dans les domaines des sciences, de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques (STEM) dans l'ensemble de l'Union, et invite la Commission et les États membres à s'engager résolument en faveur d'Erasmus+ et d'exploiter ce mécanisme comme une occasion essentielle de développer l'éducation dans les domaines STEM afin d'offrir aux femmes la possibilité de se lancer dans une carrière liée à ces domaines et de réduire ainsi le déficit de compétences en la matière;

5.

souligne l'importance d'un espace européen commun de l'éducation fondé sur une composante importante de mobilité — couvrant non seulement l'enseignement supérieur, mais aussi l'EFP — qui contribuera à la création et au développement d'une identité européenne plus marquée et d'un sentiment de citoyenneté accru;

6.

invite la Commission et les États membres à faire tout leur possible pour atteindre les objectifs de la stratégie européenne «Éducation et formation 2020»; estime également que la mobilité doit tenir compte de l'aspect de l'enseignement et de la formation professionnels continus (EFPC) puisqu'elle constitue un élément clé de l'amélioration et de l'actualisation du savoir-faire et des compétences; souligne que l'apprentissage tout au long de la vie ainsi que l'EFP sont essentiels pour offrir de meilleures perspectives d'emploi aux chômeurs de longue durée;

7.

estime que cette coopération devrait aboutir à une révision des exigences en vue d'en assurer la pertinence en termes de durée, de contenu, de compétences et de résultats d'apprentissage, et qu'il y a lieu, parallèlement, de combiner la mobilité dans les centres de formation et sur le lieu de travail, et de donner en outre la priorité à des expériences plus longues (par exemple six mois) plutôt que courtes;

8.

relève que les ressources européennes destinées aux programmes Erasmus+ et aux programmes relevant de l'EFP ne sont pas proportionnelles au nombre de bénéficiaires potentiels de la mobilité dans le cadre de ces programmes, ni à leurs besoins, et invite partant les États membres à promouvoir la conclusion d'accords bilatéraux en plus des actions menées au titre de ces programmes afin de renforcer la mobilité des jeunes Européens;

9.

reconnaît le rôle et les résultats importants des programmes et initiatives déjà en place dans le domaine de la mobilité, tels que l'action-clé 1 dans le cadre d'Erasmus+, l'Europass, le système européen de crédits d'apprentissage pour l'enseignement et la formation professionnels (ECVET) et le cadre européen des certifications (CEC); invite la Commission à créer une «carte électronique d'étudiant européen» qui conférerait le statut d'étudiant de l'Union dans un contexte de mobilité et permettrait aux étudiants d'accéder à certains services;

10.

demande à la Commission et aux États membres, ainsi qu'aux agences européennes telles que le Cedefop, de prendre des mesures pour améliorer les programmes de mobilité dans le cadre de l'EFP de façon à ce que ceux-ci offrent une valeur ajoutée à tous les participants concernant les qualifications, la reconnaissance et le contenu et de veiller à ce que des normes de qualité soient introduites pour les apprentissages;

11.

relève que les initiatives en matière de mobilité contribuent à améliorer non seulement les valeurs civiques des apprenants et leur sentiment d'appartenance à l'Europe, mais également leurs compétences universitaires et leurs chances de trouver un emploi, et plus particulièrement les compétences liées à leur capacité à résoudre des problèmes, la planification et la structuration, leur capacité à agir et à s'adapter à de nouvelles situations, l'esprit d'entreprise, le leadership et la prise de décisions, les compétences relatives à la responsabilité sociale, la connaissance de langues étrangères, les compétences de communication et la capacité à travailler en équipe, ainsi que les aptitudes personnelles ayant une incidence sur l'employabilité, comme la confiance en soi, la motivation, la curiosité, l'esprit critique, la pensée créative, l'esprit d'initiative et l'assurance;

12.

insiste sur la nécessité de faciliter la mise en œuvre de la mobilité au titre d'Erasmus+ en prenant des mesures pour accroître le taux de réussite des demandes, en simplifiant la conception et l'utilisation des outils électroniques pour la gestion de la mobilité, en sensibilisant à la valeur des programmes de mobilité dans tous les établissements d'enseignement général et professionnel de l'Union ainsi qu'en fournissant des informations et des formations mieux ciblées à l'intention des bénéficiaires et des intermédiaires des programmes et actions, y compris du personnel des établissements d'enseignement; à ce propos, souligne l'importance que revêt la contribution de l'initiative European SchoolNet; demande à la Commission de réduire la charge administrative excessive et trop complexe à laquelle sont actuellement confrontés tant les candidats que les entreprises et les établissements d'envoi et d'accueil participant aux projets Erasmus+, afin de faciliter et de simplifier à la fois le processus de demande, d'inscription et d'établissement de rapports, ainsi que les projets eux-mêmes; observe par ailleurs que la bureaucratie excessive au sein des établissements d'enseignement concernés constitue un obstacle à la bonne mise en œuvre du programme;

13.

demande à la Commission de mettre en place des dispositifs permettant de réduire les obstacles linguistiques et culturels qui entravent l'organisation des programmes de mobilité; considère que ces dispositifs devraient être en mesure d'évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre; souligne que les dispositifs d'action devraient plus particulièrement favoriser l'acquisition de notions de base dans la langue du pays d'accueil; encourage les États membres et les autorités régionales et locales à étudier les besoins d'apprentissage particuliers des enseignants et des formateurs de l'EFP, à encourager et à soutenir l'échange de bonnes pratiques et à leur offrir davantage de possibilités d'évolution professionnelle; souligne qu'il importe d'élaborer un modèle de formation de base susceptible de fournir des informations sur les principales caractéristiques de la culture d'entreprise et de travail du pays de destination, ainsi que de promouvoir et de fournir des programmes spécifiques pour former le personnel enseignant dans le contexte de la gestion de la mobilité par les centres de formation;

14.

rappelle que les emplois relevant de l'EFP présentent la flexibilité nécessaire pour pouvoir être exercés partout, et que, par conséquent, la mobilité dans le domaine de l'EFP est un outil important dans la lutte contre le chômage, puisqu'elle améliore la capacité d'insertion professionnelle, qu'elle réduit le déficit de compétences et qu'elle facilite le processus de placement, en particulier pour les jeunes, en ce qu'elle fournit les aptitudes et les expériences uniques qui sont indispensables à quiconque veut rester compétitif sur les marchés du travail actuels de l'Union; estime qu'Erasmus+ contribue au développement de compétences professionnelles spécifiques ainsi que de compétences transversales et transférables telles que l'esprit d'entreprise, et élargit les possibilités de participation du secteur productif, ce qui constitue un outil efficace pour le marché de l'emploi;

15.

souligne la signification et l'importance de la reconnaissance des noms de marques et des logos en rapport avec Erasmus+ et ses sous-programmes; estime que ces noms de marques doivent notamment être utilisés dans le cadre des publications et brochures concernant Erasmus+;

16.

s'inquiète que le programme Erasmus+ soit avant tout considéré par les jeunes comme un programme destiné aux étudiants de l'enseignement supérieur; recommande par conséquent d'accorder une attention accrue, aux niveaux européen, national et régional, au renforcement significatif de la visibilité des différents domaines et de leurs sous-programmes, y compris la formation scolaire (Comenius), l'enseignement supérieur (Erasmus), l'enseignement supérieur international (Erasmus Mundus), l'enseignement et la formation professionnels (Leonardo da Vinci), la formation des adultes (Grundtvig), la jeunesse (Jeunesse en action) et le sport;

17.

invite la Commission, les États membres et les services publics pour l'emploi à faire connaître le programme Erasmus+ et les autres instruments destinés à promouvoir la mobilité dans le cadre de l'EFP, notamment au sein des PME; estime que l'optimisation de l'efficacité de ces outils permettra à un plus grand nombre de personnes de tirer parti de ces possibilités afin que l'objectif de mobilité puisse être atteint;

18.

souligne qu'il est urgent de consulter ou d'associer l'industrie et les services des secteurs tant public que privé, y compris le secteur de la production (notamment les PME et les micro-entreprises), lors de la conception, la définition, l'exécution et l'accompagnement des programmes de mobilité de qualité relevant de l'EFP; estime que la sélection des programmes devrait tenir compte des possibilités d'emploi dans les entreprises et organisations d'accueil; considère qu'un partenariat flexible et constructif, fondé sur le dialogue, la coopération et les meilleures pratiques et associant tous les acteurs assurera le succès et la valeur ajoutée de l'EFP; est d'avis que l'échange de connaissances et de bonnes pratiques entre les centres de formation et les entreprises est également impératif; invite la Commission européenne à suivre l'évolution de la demande et de l'offre sur le marché du travail au sein de l'Union européenne, ainsi que la mobilité géographique et professionnelle, afin de répondre aux besoins du marché du travail; estime que cette mesure réduirait l'écart entre, d'une part, l'offre de formation et la situation qui attend réellement les jeunes dans le monde de l'entreprise et, d'autre part, les besoins du marché dans les secteurs à valeur ajoutée (par exemple, les économies numérique et verte, l'énergie, la défense, les soins et la réhabilitation de l'habitat);

19.

insiste sur les aspects essentiels à prendre en compte lors de la planification d'actions de mobilité et de l'évaluation de leur mise en œuvre, à savoir: la capacité économique des apprenants pour participer à la mobilité, la reconnaissance des études, des compétences et des qualifications ainsi que le contenu des formations entre pays, par l'intermédiaire des crédits ou des certifications; le niveau de connaissances linguistiques; l'organisation des programmes ou des études, la valeur pratique des crédits et des examens obtenus par l'étudiant à l'étranger une fois rentré dans son établissement d'enseignement d'origine; les aspects juridiques; l'information ou la motivation pour terminer des études; les activités de conseil et d'orientation tout au long de la période de mobilité et la situation personnelle de l'étudiant; invite par conséquent la Commission à renforcer les indicateurs et les critères d'évaluation afin de permettre un contrôle plus régulier de l'efficacité des programmes européens et de permettre d'y apporter les améliorations nécessaires;

20.

rappelle qu'aujourd'hui, seul 1 % des jeunes en formation professionnelle par alternance, dont font partie les apprentis, part en mobilité au cours de la formation; insiste sur l'importance capitale de créer les conditions pour développer la mobilité des apprentis au sein de l'Union européenne, afin de leur donner les mêmes chances qu'aux étudiants de l'enseignement supérieur; encourage par conséquent l'Union européenne à définir un statut d'«apprenti européen»; invite l'Union européenne et les États membres à veiller à ce que les apprentissages et les stages constituent toujours des possibilités de formation qui ne sont pas utilisées comme des sources de travail précaire, à ce qu'ils ne se substituent pas à des positions professionnelles à temps plein et à ce qu'ils garantissent des conditions de travail dignes ainsi que les droits des étudiants, y compris les droits financiers et en matière de rémunération; encourage en outre la Commission à analyser les conséquences de l'introduction du statut susmentionné, à surveiller la mise en œuvre des mesures apparentées, à inciter toutes les parties prenantes concernées, y compris celles qui font partie de l'alliance européenne pour l'apprentissage, à suivre ses recommandations en vue d'améliorer les conditions, la qualité et la disponibilité des apprentissages dans l'Union européenne, et à faire de cette question une priorité stratégique;

21.

invite la Commission à présenter, et les États membres à approuver, une proposition de programme d'apprentissage de l'Union qui garantirait un ensemble de droits pour les apprentis et les apprenants de l'EFP; met en avant le rôle positif que les «seniors» peuvent jouer dans l'éducation et la formation des jeunes afin d'encourager au maximum les échanges intergénérationnels par l'intermédiaire de stages et de programmes de parrainage et de faciliter l'apprentissage par l'expérience dans le cadre d'équipes intergénérationnelles; encourage la Commission et les États membres à adopter des mesures concrètes afin de s'assurer que les apprentissages et les stages relevant d'Erasmus+ ne soient pas utilisés à mauvais escient et transformés en un instrument pour réduire les coûts du travail;

22.

se félicite du lancement de projets pilotes ainsi que du «cadre européen pour la mobilité des apprentis», approuvé récemment, qui ouvrent la voie à des améliorations du programme Erasmus+ en vue de parvenir à des expériences de longue durée plus nombreuses et de meilleure qualité au titre de la mobilité relevant de l'EFP; demande instamment la création d'un cadre pour les initiatives à long terme par opposition aux actions axées exclusivement sur des projets, afin de mettre en place un système permanent et durable pleinement opérationnel, prévisible et de nature à encourager la libre circulation des compétences à travers l'Europe;

23.

relève que l'abandon scolaire constitue l'un des problèmes les plus marqués auxquels sont confrontés les différents groupes visés par les programmes de mobilité et que l'amélioration des possibilités professionnelles réduit le taux du décrochage dans l'éducation et la formation; souligne par conséquent le rôle important que les résultats des systèmes éducatifs peuvent jouer pour réduire l'abandon scolaire et mieux doter les étudiants des compétences transversales qui les aideront à terme à faire correspondre leurs qualifications aux exigences du marché du travail;

24.

souligne la nécessité d'aider les jeunes en formation professionnelle à surmonter leurs difficultés au moyen de certaines mesures complémentaires et d'accompagnement, par exemple en renforçant le caractère de groupe des programmes de mobilité, en veillant à ce que les établissements d'envoi et d'accueil offrent de meilleurs services d'encadrement et d'accompagnement avant et pendant le séjour, en améliorant l'accès à des informations de qualité sur les possibilités d'EFP, en proposant des activités et des outils d'orientation et de conseils spécifiques et en finançant un soutien linguistique pour tous les participants sans restriction de langue;

25.

fait remarquer qu'il est possible de déterminer un certain nombre de facteurs influant sur les attentes des jeunes qui reçoivent une formation dans le cadre des systèmes d'EFP, comme les facteurs socio-économiques, la typologie des familles et un manque d'outils d'orientation (et d'aide pédagogique) à la fin de l'enseignement secondaire obligatoire ou durant les cours de formation professionnelle;

26.

insiste sur le rôle clé de la mobilité à des fins d'apprentissage et de formation pour relever les défis sociaux et culturels, afin d'optimiser les possibilités pour les jeunes de développer leur propre cadre d'action dans la société; rappelle que l'Union européenne a axé ses efforts, notamment à travers la stratégie Europe 2020, sur l'amélioration de la compétitivité de son économie, la création d'emplois et, à terme, le renforcement de sa capacité à affronter la concurrence mondiale dans la troisième décennie de ce siècle; souligne, dans ce contexte, le rôle essentiel de la recherche, de l'innovation, de la société numérique et d'une utilisation durable de l'énergie, en tant qu'instruments pour offrir une plus grande valeur ajoutée;

27.

souligne le rôle joué par l'Union européenne et les États membres dans le développement et la promotion d'un système d'EFP de qualité et bien organisé, en appliquant une approche globale fondée sur l'équilibre entre l'enseignement théorique axé sur la profession concernée, la formation pratique et l'enseignement général, formel, informel et non formel; invite les États membres à introduire au sein des systèmes d'enseignement supérieur de second degré le recours au double système de formation, ou à renforcer les systèmes existants par l'intermédiaire de programmes de stages et de placements en entreprise, afin de faciliter l'intégration durable des étudiants relevant de l'EFP sur le marché du travail et d'accroître leur participation aux programmes de mobilité transnationaux; rappelle que, de manière générale, l'amélioration de la qualité de l'EFP, en collaboration avec les partenaires sociaux et les services publics de l'emploi, est un moyen de favoriser l'inclusion sociale, d'accroître la participation à l'enseignement supérieur, de stimuler la réussite des étudiants et de faciliter l'intégration sur le marché du travail, ce qui devrait faciliter la mobilité dans le cadre du processus d'apprentissage tout au long de la vie;

28.

demande que les problèmes que connaît le Service volontaire européen (SVE) dans les domaines de l'assurance des participants, des autorisations, de la gestion des bases de données, ainsi qu'au niveau de l'accompagnement des volontaires fassent l'objet d'un traitement particulier, afin d'empêcher le nombre de participants de baisser;

29.

déplore le fait que l'apprentissage non formel ait perdu en visibilité et que la part du budget qui lui est consacrée dans le programme Erasmus+ actuel ait été réduite; souligne l'importance de l'apprentissage non formel à un niveau européen, en particulier par l'intermédiaire du travail des jeunes et du volontariat des seniors; préconise que le programme Erasmus+ accorde une place claire et visible à l'apprentissage non formel et informel; estime en outre qu'il devrait être possible de poser sa candidature en vue de participer à des projets de formation pour adultes à grande échelle régis par les mêmes principes que les alliances sectorielles pour les compétences ou les alliances pour la connaissance;

30.

soutient le développement de technologies et d'infrastructures modernes pour renforcer et moderniser les systèmes nationaux d'enseignement professionnel, afin d'améliorer l'accès aux programmes de mobilité et la qualité de ces programmes; estime que, pour remédier à l'inadéquation entre l'offre et la demande de compétences, il convient de mettre davantage l'accent sur l'innovation et le développement de nouvelles compétences universitaires et professionnelles, les plateformes numériques d'apprentissage et d'enseignement, les technologies du vivant, les technologies innovantes pour mettre en valeur le patrimoine culturel et les technologies de l'information et de la communication; est fermement convaincu que l'Union européenne et les États membres devraient mettre en œuvre une stratégie efficace visant à faire correspondre les possibilités d'emploi actuelles et futures dans l'économie circulaire et les systèmes d'EFP;

31.

relève que la transition vers une économie davantage numérisée est en train de redéfinir les concepts d'emploi et de compétences; invite dès lors les États membres et la Commission à collaborer avec le secteur privé en vue de mettre au point des stratégies d'acquisition de compétences et des programmes d'EFP pour la reconversion des travailleurs;

Accès: améliorer les possibilités de mobilité des jeunes dans le domaine de la formation professionnelle

32.

encourage la création d'un cadre, tel que celui du dernier programme Léonard de Vinci, qui devrait être repris dans les appels à manifestation d'intérêt ciblés prévus au titre d'Erasmus +, qui présente, aussi clairement et précisément que possible, les possibilités de mobilité pour les jeunes qui étudient dans le cadre de l'EFP, principalement grâce à des campagnes organisées par les pouvoirs publics sur plusieurs plateformes, avec la participation coordonnée de toutes les parties prenantes qui jouent un rôle actif dans l'EFP et contribuent à l'influencer;

33.

encourage la Commission et les États membres à fournir les ressources financières suffisantes pour soutenir les programmes de mobilité en tenant compte des obstacles financiers potentiels; recommande d'examiner comment il est possible d'obtenir plus de clarté sur la façon dont les entreprises complètent les subventions allouées ou sur les moyens de mobiliser d'autres sources d'aide; estime qu'il convient de garantir et de contrôler la complémentarité entre le Fonds social européen (FSE) et Erasmus+ en vue de parvenir à des résultats concrets;

34.

sollicite de meilleures synergies entre les instruments et les politiques de l'Union qui influent sur la mobilité et l'éducation, et en particulier des mesures complémentaires entre le FSE et Erasmus+, ainsi qu'une coordination accrue entre les actions entreprises à tous les niveaux (moyennant une planification nationale, régionale et locale);

35.

réitère la nécessité d'adopter des mesures visant à garantir la coordination, la complémentarité et la cohérence entre les fonds structurels, dont le FSE, et d'autres programmes comme Erasmus+, au niveau national, régional et local;

36.

souligne la nécessité de compenser les obstacles liés à la situation socio-économique plus précaire des étudiants relevant de l'EFP par des mesures telles qu'un éventuel accroissement des montants des bourses individuelles de la Commission ou une augmentation des contributions émanant des États membres ainsi que des administrations régionales et locales, des institutions intermédiaires ou des ONG, qu'elles soient financées à partir de leurs budgets propres ou au moyen de régimes de partenariat associant des entreprises, des fondations et des organisations qui collaborent au système de qualification et de formation professionnelle dans leur région ou territoire;

De la mobilité à l'employabilité: validation et reconnaissance des résultats de l'apprentissage, des aptitudes et des compétences

37.

souligne que l'acquisition de nouvelles idées diverses et créatives à l'étranger peut motiver et stimuler l'entrepreneuriat et la créativité; souligne que les opportunités offertes par la mobilité à des fins d'apprentissage et de formation — comme le développement de réseaux internationaux, par exemple — peuvent également avoir des effets positifs sur l'employabilité, la coopération transnationale et la compétitivité de l'Europe;

38.

estime que les mesures actuelles et futures visant à remédier à l'inadéquation entre l'offre et la demande de compétences devraient faciliter à la fois la participation des employeurs, des entreprises et des communautés locales, et être mieux reliées aux prévisions relatives à l'évolution du marché du travail et aux futurs besoins en matière de qualifications;

39.

souligne qu'il existe une corrélation positive entre la mobilité à des fins d'apprentissage et la mobilité et les gains futurs, car les programmes de mobilité européens et internationaux renforcent l'employabilité des participants à l'étranger, comme l'a constaté le Centre commun de recherche de la Commission en 2013; souligne que les apprentissages et les stages à l'étranger améliorent les compétences linguistiques des participants (dans 79 % des cas, selon l'Eurobaromètre de 2013) (11);

40.

souligne l'importance des programmes de reconversion par la mobilité pour les chômeurs de tout âge ou les personnes menacées par des mesures de restructuration;

41.

attire l'attention sur la diversité et le développement inégal des systèmes de validation et de reconnaissance entre les États membres, en dépit d'une convergence croissante au cours des dix dernières années; insiste sur la nécessité d'accroître la compatibilité entre les différents systèmes d'enseignement et de formation professionnels et de faciliter la validation et la reconnaissance des aptitudes et compétences acquises dans des entreprises ou des centres de formation de différents États membres, ainsi que d'accroître l'attractivité du programme Erasmus+; demande aux États membres d'améliorer la mise en œuvre du CEC (12) et de lever les obstacles dans ce domaine; encourage la définition d'une norme européenne, acceptable et applicable à tous les niveaux (national, régional et local);

42.

soutient l'adoption de mesures supplémentaires destinées à favoriser la reconnaissance et la validation des acquis d'apprentissage, y compris ceux relevant de l'apprentissage non formel et informel, notamment par une meilleure utilisation des outils disponibles, comme l'Europass et l'ECVET;

43.

rappelle les améliorations importantes obtenues grâce au CEC, pour ce qui est de la reconnaissance des diplômes, des crédits, des attestations d'aptitude, des accréditations de compétences et des expériences acquises dans le domaine de l'EFP; préconise la définition d'objectifs spécifiques, dont la mise en place d'un système pleinement opérationnel de transfert et de reconnaissance de crédits, qui repose sur l'ECVET; encourage l'élaboration de certifications communes dans le domaine de l'EFP qui permettront la reconnaissance internationale des qualifications;

44.

préconise l'élaboration d'un livre vert sur l'enseignement et la formation professionnels, la mobilité et la reconnaissance des aptitudes et des compétences en Europe, qui serait rédigé en étroite collaboration avec les principales parties prenantes; rappelle qu'il y a lieu d'appliquer pleinement les recommandations actuelles concernant l'EFP; souligne que la non-reconnaissance des compétences a une incidence négative sur les objectifs en matière d'emploi fixés par la stratégie Europe 2020 et entrave la libre circulation consacrée par les traités;

45.

préconise une mobilité accrue dans l'emploi, l'enseignement, les apprentissages et les stages dans le cadre des dispositifs nationaux de garantie européenne pour la jeunesse afin d'améliorer les compétences des jeunes, ainsi que de réduire l'inadéquation géographique des compétences dans l'Union européenne;

46.

souligne l'importance de la garantie pour la jeunesse et de l'initiative pour l'emploi des jeunes en raison du soutien qu'elles apportent aux contrats d'apprentissage, aux stages, à l'EFP, aux placements professionnels et à la poursuite de l'éducation débouchant sur une certification; invite la Commission et les États membres à faire en sorte qu'un financement adéquat soit alloué à ces programmes pour l'ensemble de la période de programmation 2014-2020;

47.

invite à traduire d'urgence le site Internet du panorama européen des compétences dans toutes les langues officielles de l'Union afin d'en faire une source d'informations accessibles à tous sur les compétences recherchées dans l'ensemble de l'Europe;

48.

prend acte des progrès accomplis dans le processus d'amélioration de la qualité de l'EFP dans de nombreux États membres, avec le soutien du cadre européen de référence pour l'assurance de la qualité dans l'enseignement et la formation professionnels (CERAQ); encourage les États membres qui sont actuellement en train d'élaborer une approche nationale d'assurance de la qualité conformément au CERAQ; souligne que les États membres devraient déployer plus d'efforts pour veiller à ce que les dispositifs d'assurance de la qualité tiennent mieux compte des acquis d'apprentissage et valorisent et soutiennent l'apprentissage non formel et la formation par le travail, que ce soit dans un cadre formel ou non, lorsque c'est adapté au contexte national;

49.

souligne que les programmes d'apprentissage devraient se dérouler sous la direction d'un superviseur compétent;

Vers des programmes de mobilité plus efficaces, accessibles et ouverts

50.

invite la Commission et les États membres à définir et à renforcer, notamment en collaboration avec le Cedefop, le rôle des institutions intermédiaires, tant territoriales que sectorielles, qui participent à la préparation, à la gestion et au suivi de la mobilité, en exigeant qu'elles respectent les normes de transparence les plus élevées, ainsi qu'à contribuer à la mise en place de ces institutions aux niveaux national, régional et local;

51.

souligne la nécessité de disposer d'institutions intermédiaires qui soient dotées de ressources budgétaires et humaines suffisantes pour faire en sorte que les structures responsables de la gestion et de l'organisation des programmes de mobilité soient en mesure de garantir la participation du réseau de centres de formation professionnelle et qu'elles aient le pouvoir et la capacité d'établir des alliances et accords opérationnels avec d'éventuels partenaires tant sur leur territoire national que parmi les États membres participant aux programmes de mobilité;

52.

insiste sur la nécessité d'offrir une protection juridique aux mineurs à l'étranger;

53.

souligne que les actions et/ou les services de mobilité adaptés aux besoins des formateurs, des conseillers et des entrepreneurs devraient être encouragés et mis en valeur dans le cadre d'Erasmus+;

54.

fait observer que des systèmes de cofinancement cohérents, complémentaires et bien coordonnés aux niveaux européen, national, régional et local sont nécessaires pour permettre aux centres de formation de couvrir la totalité des coûts et de planifier et de mettre en œuvre des actions permanentes;

55.

salue le fait qu'Erasmus+ ait sensiblement élargi le groupe des bénéficiaires de programmes d'EFP parmi les jeunes qui ne font pas d'études universitaires ni supérieures;

56.

appuie l'ensemble des mesures d'accompagnement nécessaires qui aident et encouragent, tout d'abord, les apprentis qui souhaitent participer aux programmes de mobilité et qui, par la suite, les aident à mieux transmettre les compétences qu'ils ont acquises grâce à la mobilité, ainsi qu'à renforcer leur assurance afin de mieux mettre en évidence et de faire valoir leur savoir-faire et les diverses facettes de cette expérience;

57.

relève que les acquis d'apprentissage d'un apprentissage devraient être définis et abordés avec l'apprenti conformément aux principes de l'ECVET avant que l'apprenti ne commence sa formation et qu'ils devraient être énumérés dans le supplément au certificat à l'issue de la formation;

58.

insiste sur l'importance d'une formation des enseignants de qualité ainsi que du contrôle, de l'évaluation et de l'assurance qualité en la matière, ainsi que sur la nécessité d'encourager l'intégration et la tolérance dans le cadre des programmes de mobilité;

59.

souligne l'importance de la qualité des stages pour permettre aux étudiants d'acquérir des compétences professionnelles recherchées, tout en soulignant la nécessité, à tous les niveaux, d'une bonne communication avec les entrepreneurs afin de les inciter à reconnaître davantage l'expérience acquise par les jeunes qui participent aux programmes de mobilité;

60.

souscrit à toutes les mesures conformes aux objectifs du programme Erasmus+ qui sont adoptées par les entrepreneurs, les ONG et la société civile pour élaborer des systèmes de mobilité à l'intention des jeunes salariés ou apprentis soit par branche d'activité soit en interaction avec des organismes représentant les différents secteurs, comme les chambres de commerce et d'industrie, outre les réseaux européens comme Eurochambres et les syndicats correspondants; appelle à reconnaître le rôle joué par les chambres de métiers et leurs centres de formation pour soutenir la mobilité et les très petites entreprises; estime que toutes les mesures prises pour renforcer les programmes d'EFP devraient également se concentrer sur des domaines favorisant l'énergie à émissions de carbone nulles et la mobilité durable;

61.

recommande que toutes les parties prenantes principales travaillent à l'élaboration de stratégies communes visant à accroître le retour chez eux des stagiaires et apprentis suivant un enseignement professionnel ou leur mobilité dans d'autres parties de l'Europe tout en respectant leurs préférences, le but étant de relayer les connaissances et les expériences acquises «à l'étranger» afin de diminuer les déséquilibres et de renforcer la cohésion dans les régions d'origine qui souffrent d'un déficit de compétences ou ailleurs en Europe;

62.

demande à la Commission et aux États membres de créer et de mettre effectivement en œuvre un réseau européen d'ateliers et d'incubateurs, cette démarche étant essentielle pour encourager des alliances de la connaissance entre des écoles, des universités et des entreprises et pour promouvoir l'accès à la formation, à l'expérience, à des cours de mise à niveau pour les enseignants et les chargés de cours, à l'apprentissage et aux jeunes entreprises;

63.

demande à la Commission et aux États membres de soutenir et de renforcer le réseau européen des sciences et musées scientifiques (Ecsite), qui réunit les centres des sciences en tant que lieux d'accès à la culture scientifique;

64.

demande l'instauration d'un mécanisme de guichet unique pour mettre en commun les données et les outils de communication afin de fournir un service pratique et efficace à tous ceux qui souhaitent obtenir des informations et un soutien concernant les divers programmes de mobilité existant aux niveaux européen, national, régional et local;

65.

demande à la Commission de fournir des statistiques actualisées et de procéder, si possible, à des évaluations ou à des études portant sur Erasmus+ et d'autres programmes de mobilité dans le domaine de l'EFP, afin de mesurer l'adéquation entre l'expérience professionnelle et le marché de l'emploi en termes de taux de recrutement, ainsi que d'examiner pourquoi certains États membres sont davantage demandeurs d'expériences de travail et d'apprentissage à l'étranger en matière d'EFP, et d'élaborer un plan visant à renforcer leur participation; estime qu'il convient d'intégrer et de prendre en compte les statistiques et les évaluations en résultant dans l'examen à mi-parcours du programme Erasmus+;

66.

salue les conclusions de Riga adoptées par les ministres chargés de l'enseignement et de la formation professionnels le 22 juin 2015, qui définissent un nouvel ensemble de résultats à moyen terme dans le domaine de l'EFP pour la période 2015-2020, et invite à les mettre en œuvre de façon rapide et rigoureuse;

67.

souligne l'importance de faire la promotion des gains tirés d'une mobilité en terme d'employabilité et de compétences acquises, afin d'en montrer la réelle utilité et de réduire la perception de «temps perdu» pour les formations reposant a priori sur des compétences purement nationales;

68.

encourage l'amélioration de la promotion et de la visibilité auprès des jeunes et des entreprises de plateformes telles que Drop'pin@EURES, dont le but est de faciliter la mobilité des jeunes dans le cadre d'un apprentissage, d'un stage, d'un programme de formation ou de cours de langue en ligne;

69.

encourage les États membres à promouvoir l'ensemble des opportunités offertes par le nouveau programme Erasmus+ qui propose aux jeunes non seulement des possibilités d'études mais aussi d'apprentissages et de stages à l'étranger;

70.

prône l'instauration d'un niveau minimum de subventions, adapté en fonction des variations des conditions de vie, des prix et des coûts entre États membres; est favorable à l'idée que les États membres introduisent des mesures pour permettre, le cas échéant, un accompagnement nécessaire et bénéfique, notamment pour le logement et le transport, en portant une attention particulière aux besoins des mineurs et en préparant les étudiants avant leur expérience internationale, à la faveur de séances d'orientation professionnelle, de formations en langue et d'une initiation à la communication interculturelle;

71.

plaide pour un réexamen/une révision du cadre financier pluriannuel (CFP) axé notamment sur une évaluation préalable de l'efficacité des ressources allouées à la lutte contre le chômage, et demande une réduction des fonds accordés aux postes les moins efficaces; estime qu'une telle démarche est tout particulièrement importante en période de crise et de déséquilibres intolérables, comme celle que nous traversons aujourd'hui;

o

o o

72.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission ainsi qu'aux États membres.


(1)  JO C 155 du 8.7.2009, p. 1.

(2)  JO C 119 du 28.5.2009, p. 2.

(3)  JO C 311 du 19.12.2009, p. 1.

(4)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 50.

(5)  JO C 398 du 22.12.2012, p. 1.

(6)  JO L 390 du 31.12.2004, p. 6.

(7)  JO C 199 du 7.7.2011, p. 1.

(8)  JO L 394 du 30.12.2006, p. 10.

(9)  JO C 351 E du 2.12.2011, p. 29.

(10)  JO C 111 du 6.5.2008, p. 1;

(11)  http://ec.europa.eu/public_opinion/flash/fl_378_en.pdf.

(12)  Voir la recommandation du Parlement européen et du Conseil du 23 avril 2008 établissant le cadre européen des certifications pour l'éducation et la formation tout au long de la vie.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/76


P8_TA(2016)0108

Le rôle de l'Union dans le cadre des institutions et organes internationaux dans le domaine financier, monétaire et réglementaire

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 sur le rôle de l'Union dans le cadre des institutions et organes internationaux dans le domaine financier, monétaire et réglementaire (2015/2060(INI))

(2018/C 058/08)

Le Parlement européen,

vu le principe de coopération loyale entre l'Union et les États membres, visé à l'article 4, paragraphe 3, du traité sur l'Union européenne (traité UE),

vu les articles 121 et 138 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (traité FUE),

vu le protocole no 14 du traité FUE sur l'Eurogroupe,

vu sa résolution du 20 octobre 2010 contenant des recommandations à la Commission sur l'amélioration de la gouvernance économique et du cadre de stabilité de l'Union, en particulier dans la zone euro (1),

vu sa résolution du 11 mai 2011 sur l'Union européenne en tant qu'acteur mondial: son rôle dans les organisations multilatérales (2),

vu sa résolution du 25 octobre 2011 sur la gouvernance économique mondiale (3),

vu sa résolution du 24 juin 2015 intitulée «Examen du cadre de gouvernance économique: bilan et enjeux» (4),

vu sa résolution du 9 juillet 2015 sur la construction d'une union des marchés des capitaux (5),

vu le rapport du groupe de haut niveau sur la supervision financière dans l'Union européenne («rapport de Larosière») du 25 février 2009,

vu le rapport des cinq Présidents de juin 2015, qui appelle à la consolidation de la représentation extérieure de l'euro,

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires économiques et monétaires et l'avis de la commission des affaires constitutionnelles (A8-0027/2016),

A.

considérant que la stabilité du système financier, qui conditionne une bonne affectation des ressources au service de la croissance et l'emploi, est un bien collectif mondial;

B.

considérant que l'interdépendance croissante des économies dans le monde oblige à progresser vers des formes de gouvernance de plus en plus mondiales,

C.

considérant que, si l'Union n'est pas à même de parler d'une seule voix dans les institutions/les organismes internationaux, toutes les voix européennes devraient être coordonnées pour forger une gouvernance mondiale respectueuse des objectifs et des valeurs des traités de l'Union;

D.

considérant que l'Union devrait contribuer à la création d'un cadre démocratique pour faire face aux défis mondiaux;

E.

considérant que la coopération au niveau mondial ne peut aboutir à une dilution des responsabilités et à une déresponsabilisation au détriment de la démocratie et que les parlements nationaux et le Parlement européen ne doivent pas être réduits à un rôle d'enregistrement, mais être activement et pleinement associés au processus décisionnel dans son ensemble;

F.

considérant que les institutions/les organismes internationaux existants, avec leurs propres structures de gouvernance distinctes et leur propres domaines d'action, ont vu le jour tout au long de l'Histoire en réponse à chaque situation spécifique; que la situation qui en résulte est complexe, avec des doubles emplois dans certains cas, et un système qui peut s'avérer opaque et qui manque d'une coordination générale;

G.

considérant que l'article 42 de la charte des droits fondamentaux et le règlement (CE) no 1049/2001 (6), qui prévoient un droit d'accès aux documents pour les citoyens de l'Union, devraient s'appliquer aux institutions, organes et organismes de l'Union qui participent aux organisations/organismes internationaux;

H.

considérant que tout citoyen de l'Union ainsi que toute personne physique ou morale résidant ou ayant son siège statutaire dans un État membre a un droit d'accès aux documents des institutions, organes et organismes de l'Union, quel que soit leur support (article 42 de la charte des droits fondamentaux); que le même degré de transparence devrait s'appliquer aux institutions, organes et organismes de l'Union qui participent aux organisations et enceintes internationales, en particulier lorsqu'il est question de définir des règles concernant les citoyens de l'Union;

I.

considérant que la diversité des structures juridiques ainsi que des modalités de financement et de fonctionnement des organisations/organismes économiques internationaux (7) rend difficile un suivi d'ensemble, bien que la cohérence des procédures financières et des modes opératoires soit fondamentale pour assurer des conditions égales au niveau international; considérant que le Fonds monétaire international (FMI) et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sont de véritables organisations internationales, instituées par des conventions, à vocation et composition larges, alors que le G20, le Conseil de stabilité financière (CSF) et le Comité de Bâle, par exemple, sont des enceintes informelles publiques réunissant un nombre limité d'États, certaines ayant pris leur essor en raison de la crise, tandis que l'Organisation internationale des commissions de valeurs mobilières (IOSCO/OICV), l'Association internationale des contrôleurs d'assurance (IAIS/AICA), l'International Organisation of Pension Supervisors (IOPS) et le Conseil des normes comptables internationales (IASB) sont des associations spécialisées privées à caractère technique et sectoriel impliquant plus ou moins les secteurs concernés;

J.

considérant que des échanges informels existent déjà entre le Parlement européen et certains de ces organismes/organisations, mais sont dépourvus de caractère systématique;

K.

considérant que la transparence est importante pour la démocratie et qu'il convient également d'assurer comme il se doit la protection des informations sensibles pour le marché;

L.

considérant que la crise a conduit le G20 à établir une stratégie mondiale centrée sur un ensemble efficace de réformes spécifiques, mais qu'un véritable cadre multilatéral et démocratique est indispensable à terme pour asseoir sa légitimité;

M.

considérant que le rôle respectif des banques et des marchés dans le financement de l'économie est variable selon les États;

N.

considérant que la crise économique et financière qui a débuté en 2008 a mis en lumière les lacunes frappantes de la gouvernance économique et financière dans le monde; que de nombreux dossiers macroéconomiques nécessitent une plus grande coordination, particulièrement en matière fiscale; considérant donc que toutes les parties prenantes devraient avoir pour objectif commun de concevoir un cadre détaillé apportant la stabilité financière et d'assurer la cohérence entre les niveaux mondial et local;

O.

considérant que la création de nouveaux organes de surveillance de l'Union ne devrait pas automatiquement entraîner une augmentation du nombre de représentants de l'Union, ce qui pourrait avoir des conséquences non démocratiques, les minorités de blocage étant, par exemple, plus susceptibles de se former, et pourrait créer un malaise parmi les partenaires de l'Union;

P.

considérant que le FMI a décidé d'inclure le renminbi dans le panier des devises qui constituent le droit de tirage spécial du FMI; qu'il en est résulté une réduction du poids de l'euro et de la livre, mais non du dollar; considérant que ceci met en lumière le fait que l'Europe doit parler d'une voix plus forte;

1.

souligné la nécessité de renforcer la coopération réglementaire au niveau mondial, avec une forte participation du Parlement européen;

2.

s'inquiète du manque de cohérence causé par la fragmentation et la diversité des organisations/organismes, et des retards apportés à l'application des règles et des orientations adoptées au niveau international;

3.

demande que soient clarifiés les domaines de compétence de chaque organisation/organisme, ainsi que son mode de fonctionnement et de financement, y compris les contributions volontaires, les dons et libéralités, afin de veiller à l'absence d'intérêts particuliers et à la légalité des décisions;

4.

réclame une meilleure cohérence et une meilleure coordination des politiques entre les institutions mondiales grâce à l'instauration de normes complètes de légitimité démocratique, de transparence, de responsabilité et d'intégrité; estime que ceci devrait entre autres concerner:

les relations avec le public (par exemple l'accès public aux documents, un dialogue ouvert avec les diverses parties prenantes, la mise en place d'un registre de transparence obligatoire et de règles de transparence pour les réunions avec les groupes de pression);

les règles internes (par exemple ressources humaines fondées sur les compétences, bonne gestion financière, prévention des conflits d'intérêts);

5.

estime que la sous-représentation des pays les moins avancés dans la plupart des institutions et organismes internationaux dans le domaine financier, monétaire et réglementaire est un facteur de déséquilibre et que, par conséquent, les problématiques liées aux inégalités ou au financement des pays les plus démunis risquent de ne pas recevoir le traitement qu'elles méritent;

6.

estime que, outre le problème d'une représentation disparate sur le plan géographique, il y a aussi certains secteurs — notamment celui de la société civile, des PME, des représentants des consommateurs et des représentants des employés — qui pourraient être mieux associés au processus de consultation concernant les organismes financiers, monétaires et réglementaires; juge qu'il appartient à ces organismes et secteurs d'oeuvrer à améliorer à la situation;

7.

estime que l'Union devrait rationaliser et codifier sa représentation dans les organisations et organismes multilatéraux, en vue d'accroître la transparence, l'intégrité et le sérieux de l'engagement de l'Union dans ces organismes, son influence et la promotion de la législation qu'elle a adoptée dans le cadre d'un processus démocratique; considère en outre que l'Union européenne devrait devenir un acteur mondial plus enclin à prendre des initiatives pour assurer la mise en œuvre des futurs engagements du G20, tels que la transformation du système bancaire parallèle, l'application des réformes des instruments dérivés de gré à gré, la réponse aux risques systémiques et l'inscription des risques émergents qui menacent l'économie mondiale au programme de l'institution mondiale compétente;

8.

invite les acteurs européens à accorder davantage d'attention à la compétitivité mondiale des secteurs financiers européens lorsqu'ils formulent une politique au niveau européen et international;

9.

rappelle que l'Union devrait s'efforcer de devenir membre à part entière des institutions économiques et financières internationales, lorsque ce statut n'a pas encore été accordé et qu'il est opportun de l'obtenir (dans le cas de l'OCDE et du FMI par exemple); demande aux institutions économiques et financières internationales compétentes d'effectuer toutes les modifications législatives nécessaires afin de permettre la pleine participation de l'Union;

10.

considère comme préjudiciables à l'Union les situations dans lesquelles un représentant d'un État membre ou d'une autorité nationale développerait, dans une organisation/un organisme global, des positions contraires aux décisions législatives ou réglementaires européennes prises démocratiquement et majoritairement; demande dès lors que la coordination entre ces représentants soit renforcée et rendue plus efficace, par exemple au moyen de mécanismes plus contraignants;

11.

souligne qu'il est nécessaire que la Commission, lorsqu'elle représente l'Union dans une organisation ou un organisme international, ou lorsqu'elle surveille un organisme spécialisé privé, doive rendre plus directement compte aux citoyens; souligne l'importance du rôle du Parlement dans ce processus;

12.

juge que la définition des priorités des organisations et des groupes de travail afférents devrait être clarifiée et formalisée, estime que le recours systématique au consensus risque non seulement de freiner les travaux mais aussi de diluer le contenu des recommandations et que la composition des organisations doit refléter leur diversité sur le plan financier et économique et en matière de surveillance;

13.

souligne la nécessité de réaliser des évaluations ex-ante et ex-post pour élaborer des politiques de réglementation, de surveillance et d'autres types dans le secteur financier au niveau mondial; estime que de telles évaluations sont sans préjudice des prérogatives politiques des colégislateurs;

14.

considère que la mise en œuvre des recommandations par les différents États participants demeure insuffisante pour contribuer à la création créer des conditions équitables au niveau mondial;

15.

observe que le CSF s'est attelé à la mise au point de normes dans le secteur de l'assurance; reconnaît que l'AICA joue un rôle important pour la politique menée au niveau mondial dans le secteur de l'assurance mais souligne qu'associer l'Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (AEAPP) permettrait de renforcer la contribution de l'expertise européenne dans le secteur de l'assurance et de veiller à ce que les normes élaborées au niveau mondial n'aillent pas à l'encontre de la logique que l'Union européenne a été la première à développer;

16.

se félicite des travaux effectués par l'OCDE en matière fiscale, en particulier du projet de l'OCDE et du G20 relatif à l'érosion de la base d'imposition et au transfert de bénéfices (BEPS); estime que le suivi de la mise en œuvre de ce projet est le nouveau défi qui nous attend; souligne qu'il y a lieu d'améliorer la coordination entre la Commission et les États membres qui sont membres du groupe d’action financière (GAFI) pour permettre à l'Union européenne de faire entendre sa voix;

17.

se réjouit de la volonté du président de la BCE de coopérer plus étroitement avec le Parlement concernant le rôle de la BCE dans les affaires bancaires, notamment au sein des instances mondiales de normalisation, telles que le CSF;

18.

salue les modalités d'organisation adoptées par les pays de la zone euro qui sont membres de la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures, sous la forme d'un siège unique pour les représenter au conseil des gouverneurs;

19.

formule dès lors les propositions suivantes:

invite la Commission européenne à s'inspirer des meilleures pratiques existantes aux niveaux européen et national pour rédiger un code de conduite européen relatif à la transparence et à la responsabilité, ayant vocation à guider l'action des représentants européens dans les organisations/les organismes internationaux; demande que le Parlement européen soit étroitement associé au processus de rédaction;

souligne en particulier ses préoccupations concernant le statut, le financement et le fonctionnement desdits organisations/organismes, leur interaction avec les pouvoirs publics, les parties prenantes et les opinions publiques, ainsi que leur communication et l'accès à leurs documents; souligne la nécessité d'assurer un équilibre équitable entre les intérêts, y compris avec des ONG dotées de compétences techniques et de moyens financiers suffisants, afin de renforcer la voix de la société civile;

invite les institutions et les agences européennes ainsi que les États membres à promouvoir la responsabilité de tous les représentants européens devant les organes démocratiquement élus;

demande que soit adopté un accord interinstitutionnel pour formaliser un «dialogue financier», qui serait organisé avec le Parlement européen dans le but d'établir des lignes directrices concernant l'adoption et la cohérence des positions européennes à la veille des grandes négociations mondiales, de veiller à ce que ces positions soient débattues et connues à l'avance et à ce que le suivi en soit assuré, la Commission étant invitée à faire rapport régulièrement sur l'application de ces lignes directrices et sur cette supervision; propose que les institutions européennes, les États membres et, le cas échéant, les dirigeants des organisations internationales concernées soient invités à y participer; considère que la périodicité et le format de ce dialogue (public ou à huis clos) devraient être fixés de manière pragmatique; estime que la participation active des parlements nationaux à leur niveau respectif, en contrôlant les positions prises par les représentants des États membres concernés, est également nécessaire;

considère que ces lignes directrices plus détaillées pourraient être complétées par des résolutions proactives «d'orientation», qui seraient adoptées par le Parlement à intervalles réguliers, afin de donner sa position sur l'orientation générale des politiques;

constate que, dans les matières où le Parlement européen est colégislateur avec le Conseil, ce dialogue servirait à définir le mandat de négociation unifiant les positions européennes autour des choix législatifs adoptés à la majorité ou évitant des incohérences avec la législation en cours d'adoption;

invite les représentants européens à accorder une attention particulière, dans les négociations internationales, à la cohérence entre les exigences/les normes internationales et la législation contraignante de l'Union, et au respect des obligations, afin de créer des conditions égales au niveau international;

invite à renforcer la responsabilité de la Commission devant le Parlement européen en rationalisant le processus de définition des positions défendues par l'Union lors des réunions du G20 dans les domaines d'action liés à l'emploi, à l'énergie, au commerce, au développement et à la lutte contre la corruption;

presse les États membres de se conformer sans retard aux dispositions de coopération loyale;

invite les États membres à accepter la représentation de l'union bancaire au comité de Bâle sur le contrôle bancaire par l'entremise du mécanisme de surveillance unique;

invite la Commission à inclure dans son programme de travail la dimension extérieure de la réglementation économique et financière, à savoir les travaux qui sont prévus dans les institutions financières internationales et, en vue de renforcer la cohérence des politiques internes, à mettre sur pied un groupe de travail sur la gouvernance économique mondiale et les institutions financières internationales;

prend acte de l'initiative de la Commission d'avancer vers une représentation unique de la zone euro au FMI; considère qu'elle ne doit pas porter préjudice à la mise en place, à terme, d'une circonscription unique pour l'Union européenne

souligne qu'en vertu du protocole no 14 au traité, la coordination plus étroite des politiques économiques dans la zone euro relève de l'eurogroupe, dont la nature est temporaire et informelle, en attendant que l'euro devienne la monnaie de tous les États membres de l'Union; considère que la transparence et la responsabilité de l'eurogroupe pourraient être améliorées; préconise de trouver une solution plus officielle et permanent, conformément à la résolution du Parlement européen du 20 novembre 2012 (8), qui formule des recommandations supplémentaires pour les unions bancaire, économique, fiscale et politique; rappelle qu'il convient de renforcer l'indépendance du commissaire européen pour les affaires économiques et monétaires et d'assortir sa mission de solides mécanismes de responsabilité envers le Parlement et le Conseil;

estime qu'au-delà du seul cas du FMI, une rationalisation progressive de la représentation de l'Union devrait être mise en œuvre au cours des prochaines années, tout d'abord au moyen d'une coordination renforcée, puis, après une évaluation, d'une unification des sièges; est d'avis que l'appartenance à ces organisations et organismes devrait être décidée en fonction des compétences respectives des institutions de l'Union et des autorités européennes de surveillance (ASE), du Conseil ou de l'Eurogroupe, et des autorités nationales; estime que, parallèlement, l'Union devrait œuvrer pour que ces organisations et organismes abandonnent dans leur fonctionnement le consensus pour adopter un système de vote à la majorité pondérée;

souligne qu'il incombe à la Commission, au Conseil ou, le cas échéant, à l'Eurogroupe de renforcer la coordination au moyen de réunions préparatoires; estime que, si nécessaire, de nouveaux groupes de travail ad hoc du Conseil devraient être créés, sur le modèle du Comité économique et financier (CEF), du groupe de travail sur les questions FMI (SCIMF), du groupe de travail Eurogroupe et du Comité de politique économique (CPE);

demande une évaluation approfondie du double siège, au G20, de la présidence du Conseil européen et de la présidence de la Commission, en vue de déterminer dans quelle mesure ces modalités affaiblissent la crédibilité européenne à l'extérieur, dès lors qu'il existe un marché unique des services financiers; considère que, pour encourager la convergence des États membres représentés individuellement, différentes améliorations sont envisageables, qui devraient contribuer à parvenir à une coordination effective avant les réunions et renforcer la voix de l'Union lors de ces dernières;

invite les institutions de l'Union et les États membres à promouvoir la mise en place d'une feuille de route pour la création d'une organisation financière mondiale fondée sur un traité, comme le suggère le rapport de Larosière, dotée de larges pouvoirs en matière de recommandation, de négociation de normes minimales contraignantes, de mécanismes de règlement des différends et, le cas échéant, de sanctions; estime que l'expérience acquise notamment dans le secteur commercial grâce à l'OMC pourrait être utilisée pour mettre sur pied les mécanismes multilatéraux précités pour le règlement des différends; souligne que l'organisation proposée devrait être soumise aux normes de transparence et de responsabilité les plus strictes;

estime que la Commission devrait recevoir un mandat explicite la chargeant de relancer l'action en faveur du multilatéralisme en matière de coopération financière, monétaire et réglementaire internationale;

invite la Commission à veiller à ce que les propositions législatives de l'Union en matière financière soient complémentaires des mesures prises au niveau mondial;

20.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission.


(1)  JO C 70 E du 8.3.2012, p. 41.

(2)  JO C 377 E du 7.12.2012, p. 66.

(3)  JO C 131 E du 8.5.2013, p. 51.

(4)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0238.

(5)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0268.

(6)  Règlement (CE) no 1049/2001 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2001 relatif à l'accès du public aux documents du Parlements européen, du Conseil et de la Commission (JO L 145 du 31.5.2001, p. 43).

(7)  La Banque des règlements internationaux, le Groupe d'action financière (GAFI) et l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ont également une fonction réglementaire; la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) joue un rôle important dans la gouvernance économique mondiale; la Banque africaine de développement (BAD), la Banque asiatique de développement (BAD), la Banque de développement des Caraïbes (BDC), la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), la Banque interaméricaine de développement (BID), la Société interaméricaine d'investissement (SII), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), la Banque de Développement du Conseil de l'Europe (CEB), le Groupe de la Banque mondiale, la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), l'Association internationale de développement (IDA), la Société financière internationale (IFC) et l'Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) soutiennent le financement de la coopération au développement.

(8)  Résolution du Parlement européen du 20 novembre 2012 contenant des recommandations à la Commission sur le rapport des présidents du Conseil européen, de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et de l'Eurogroupe «Vers une véritable Union économique et monétaire» (JO C 419 du 16.12.2015, p. 48).


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/82


P8_TA(2016)0109

Pêche côtière artisanale dans les régions dépendantes de la pêche

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 sur l'innovation et la diversification de la petite pêche côtière dans les régions dépendantes de la pêche (2015/2090(INI))

(2018/C 058/09)

Le Parlement européen,

vu le règlement (UE) no 1380/2013 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2013 relatif à la politique commune de la pêche, modifiant les règlements (CE) no 1954/2003 et (CE) no 1224/2009 du Conseil et abrogeant les règlements (CE) no 2371/2002 et (CE) no 639/2004 du Conseil et la décision 2004/585/CE du Conseil,

vu le règlement (UE) no 508/2014 du Parlement européen et du Conseil du 15 mai 2014 relatif au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche et abrogeant les règlements du Conseil (CE) no 2328/2003, (CE) no 861/2006, (CE) no 1198/2006 et (CE) no 791/2007 et le règlement (UE) no 1255/2011 du Parlement européen et du Conseil,

vu l'article 349 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (traité FUE) relatif aux mesures pour l'adoption desquelles il doit être tenu compte des caractéristiques et contraintes particulières des régions ultrapériphériques,

vu sa résolution du 22 novembre 2012 sur la petite pêche côtière, la pêche artisanale et la réforme de la politique commune de la pêche (1),

vu sa résolution du 23 octobre 2013 sur la connaissance du milieu marin 2020: cartographie des fonds marins pour la promotion d'une pêche durable (2),

vu la communication de la Commission du 13 mai 2014 intitulée «L'innovation dans l'économie bleue: réaliser le potentiel de création d'emplois et de croissance de nos mers et océans» (COM(2014)0254),

vu la communication de la Commission du 6 octobre 2010 intitulée «Initiative phare Europe 2020 — Une Union de l'innovation» (COM(2010)0546),

vu le règlement (UE) no 1291/2013 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2013 portant établissement du programme-cadre pour la recherche et l'innovation «Horizon 2020» (2014-2020) et abrogeant la décision no 1982/2006/CE,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 15 octobre 2014 sur la communication intitulée «L'innovation dans l'économie bleue: réaliser le potentiel de création d'emplois et de croissance de nos mers et océans» (2015/C 012/15),

vu l'avis du Comité des régions du 21 janvier 2015 sur la communication intitulée «L'innovation dans l'économie bleue: réaliser le potentiel de création d'emplois et de croissance de nos mers et océans» (2015/C 019/05),

vu la communication de la Commission du 13 septembre 2012 intitulée «La croissance bleue: des possibilités de croissance durable dans les secteurs marin et maritime» (COM(2012)0494),

vu la communication de la Commission du 3 mars 2010 intitulée «Europe 2020 — Une stratégie pour une croissance intelligente, durable et inclusive» (COM(2010)2020),

vu sa résolution du 8 septembre 2015 sur le thème «Exploiter le potentiel de création d'emplois et de croissance de la recherche et de l'innovation dans l'économie bleue» (3),

vu la communication de la Commission du 13 mai 2013 intitulée «Plan d'action pour une stratégie maritime dans la région atlantique — Pour une croissance intelligente, durable et inclusive» (COM(2013)0279),

vu le livre vert de la Commission du 29 août 2012 intitulé «Connaissance du milieu marin 2020: de la cartographie des fonds marins à la prévision océanographique» (COM(2012)0473),

vu sa résolution du 2 juillet 2013 sur la croissance bleue: améliorer la croissance durable dans le secteur marin, le transport maritime et le tourisme de l'Union (4),

vu la communication de la Commission du 20 février 2014 intitulée «Une stratégie européenne pour plus de croissance et d'emploi dans le tourisme côtier et maritime» (COM(2014)0086),

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission de la pêche (A8-0044/2016),

A.

considérant que la pêche côtière occupe 80 % de la flotte européenne, qu'elle est, avec la pêche aux coquillages, grande pourvoyeuse d'emplois dans les zones côtières, insulaires et ultrapériphériques et qu'elle constitue généralement une forme de pêche à fort potentiel, socialement et écologiquement durable; qu'elle contribue de façon exceptionnelle, par son action multiforme, à modeler les sociétés, patrimoines et cultures des régions côtières et insulaires;

B.

considérant que la pêche côtière est une forme traditionnelle de pêche professionnelle, mais aussi un mode de vie traditionnel et la source principale de revenus et d'emplois directs et indirects dans la majeure partie des zones côtières et insulaires, et en particulier dans les régions dépendantes de la pêche côtière, qui méritent des mesures et des aides particulières pour leur croissance et leur développement;

C.

considérant que, d'un État membre à l'autre et au sein d'un même État membre en fonction des façades maritimes, la pêche côtière varie sensiblement dans sa définition et ses caractéristiques générales, qu'il convient de remédier à cette situation et de l'harmoniser dans le cadre de la politique de commune de la pêche (PCP) à l'avenir et qu'il existe d'importantes différences de caractéristiques géographiques, climatiques, écosystémiques et socioéconomiques entre les États membres;

D.

considérant que les caractéristiques de la pêche côtière sont différentes dans les diverses mers de l'Union européenne, telles l'Adriatique ou la Méditerranée dans leur ensemble, et dans les eaux océaniques de l'Atlantique, y compris sur les côtes guyanaises, et dans le bassin maritime de l'océan Indien;

E.

considérant que le règlement (UE) no 508/2014 du Parlement européen et du Conseil du 15 mai 2014 relatif au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) définit la petite pêche côtière comme la pêche pratiquée par des navires de moins de douze mètres qui n'utilisent pas d'engins remorqués, et considérant qu'il s'agit de la seule définition de la pêche côtière dans la législation de l'Union;

F.

considérant que la régionalisation constitue l'un des piliers de la PCP réformée, compte tenu du fait que, vu la grande diversité de la pêche européenne, une gestion centralisée n'est pas appropriée; que, étant donné la nature même de la pêche côtière et insulaire, la régionalisation et l'adoption d'une approche non centralisée revêtent une importance particulière pour ce secteur et les communautés qui en vivent;

G.

considérant que les opérations financées par le FEAMP peuvent bénéficier d'une augmentation de l'intensité de l'aide de 30 points lorsqu'elles concernent la petite pêche côtière;

H.

considérant que le règlement (UE) no 508/2014 du Parlement européen et du Conseil du 15 mai 2014 relatif au FEAMP impose aux États membres où plus de 1 000 navires peuvent être considérés comme des navires de petite pêche côtière de préparer un plan d'action pour le développement, la compétitivité et la viabilité de la petite pêche côtière;

I.

considérant que la pêche côtière devrait être gérée en conformité avec le règlement (UE) no 1380/2013, en tentant compte de la diversité des engins de pêche des flottes, des contraintes géographiques et climatiques, des techniques et des stocks halieutiques de chaque État membre et de chaque zone de pêche, individuellement, et ainsi contribuer à préserver les traditions et les activités locales liées à la pêche;

J.

considérant que si chaque zone de pêche présente des caractéristiques propres, l'échange d'information et de bonnes pratiques entre les différentes zones peut permettre d'améliorer considérablement l'impact des activités de pêche sur l'environnement et les écosystèmes marins ainsi que permettre une meilleure interaction entre l'ensemble des activités humaines et économiques sur les zones côtière et le littoral;

K.

considérant que les revenus de la petite pêche ont sensiblement diminué, sous l'effet de l'augmentation significative des frais de fonctionnement, en particulier de la hausse des coûts des carburants, et en raison de la baisse de la valeur du poisson en première vente, imposant souvent un accroissement de l'effort de pêche;

L.

considérant que la gestion des stocks halieutiques de diverses espèces parmi les principales espèces cibles a eu pour effet, dans de nombreuses régions, d'imposer de sévères restrictions à la pêche et aux petites communautés de pêcheurs;

M.

considérant que la pêche côtière fait principalement appel à des engins et à des techniques traditionnels, comme des pièges à poissons de type madrague, dont la spécificité marque de son empreinte l'identité et le mode de vie des zones côtières, et qu'il est capital de préserver leur utilisation et de les protéger, car ils font partie du patrimoine historico-culturel et traditionnel;

N.

considérant que la pêche artisanale contribue à la viabilité des territoires côtiers et insulaires en permettant de freiner un dépeuplement de plus en plus rapide et de lutter contre le vieillissement dans le secteur de la pêche et contre le chômage; que le développement et l'innovation peuvent jouer un rôle déterminant pour la création d'emploi dans ces territoires; et qu'en outre, la pêche artisanale emploie, dans certaines zones, des engins et techniques séculaires plus respectueux de l'environnement et aux incidences moindres sur l'état des stocks vulnérables;

O.

considérant que la pêche artisanale, côtière et traditionnelle est respectueuse de l'environnement et est essentielle sur le plan économique pour le maintien et le développement des territoires côtiers et insulaires et pour l'emploi dans ces territoires;

P.

considérant que les chaluts et les sennes de plage figurent parmi les engins remorqués (au sens du règlement «Méditerranée»), alors que, dans d'autres classifications, telles celles de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les sennes de plage constituent une catégorie particulière d'engins de pêche, et que les dispositions relatives aux chaluts ne peuvent s'appliquer aux sennes de plage traditionnelles, dont les espèces cibles ne sont pas menacées;

Q.

considérant que, tout en parlant d'innovation et de diversification dans le secteur de la pêche, il convient de garder à l'esprit qu'une vaste communauté de pêcheurs reste extrêmement dépendante de modes de pêche traditionnels et séculaires;

R.

considérant que la nouvelle PCP reconnaît l'importance des régions côtières et insulaires dépendantes de la pêche, et qu'il convient également de souligner l'importance de la formation et de la santé et de la sécurité en mer pour les pêcheurs dans le cadre du rôle que doivent jouer les États membres pour garantir un niveau de vie équitable aux personnes qui sont tributaires des activités de pêche, contribuer à atteindre ce niveau en tenant compte de la pêche côtière et promouvoir la pêche côtière durable et la diversification des activités de pêche et des revenus des habitants de ces régions côtières, tout en tenant compte de la réalité socioéconomique et culturelle et des aspects environnementaux, conformément à la protection spéciale prévue à l'article 174 du traité FUE;

S.

considérant que, selon le nouveau règlement relatif à la PCP, les pêcheurs qui pratiquent la pêche à petite échelle, artisanale ou côtière doivent jouir d'un accès préférentiel à la zone des douze milles marins, partie la plus sensible des eaux de l'Union, et que l'évaluation de l'ancien règlement relatif à la politique commune de la pêche par la Commission a révélé que les zones de douze milles représentaient l'une des rares réussites de l'ancien régime de gestion, qui faisait l'objet de nombreux conflits liés à l'utilisation de l'espace et des ressources entre les différentes activités humaines concurrentes développées le long des côtes;

T.

considérant que, en vertu de l'article 349 du traité FUE, il y a lieu de tenir compte des caractéristiques et contraintes particulières des régions ultrapériphériques pour l'adoption des mesures portant, en particulier, sur le secteur de la pêche, en insistant sur leur isolement et leur éloignement géographiques, ainsi que sur leurs caractéristiques océaniques, dans un contexte régional souvent très spécifique et de besoin d'autonomie alimentaire;

U.

considérant, notamment, que la pêche côtière dans les régions ultrapériphériques est, du fait des caractéristiques géographiques et du très grand éloignement du continent, consubstantielle au développement économique de ces régions;

V.

considérant également que la pêche côtière des régions ultrapériphériques est confrontée à la concurrence de bateaux battant pavillon de pays tiers fréquentant les mêmes zones de pêche et ciblant les mêmes espèces s'écoulant sur les mêmes marchés, ainsi qu'à la concurrence des importations en provenance de pays tiers, dont les coûts d'exploitation et les contraintes normatives, sanitaires et environnementales ne sont pas comparables; et que, de ce fait, tout effort pour un développement endogène et une autosuffisance alimentaire serait anéanti sans un soutien de la politique spécifique de l'Union dans ces régions;

W.

considérant que, dans les régions ultrapériphériques, l'aquaculture marine participe, tout comme la pêche côtière, au développement économique et à l'approvisionnement local en produits frais;

X.

considérant que la plupart des régions côtières, en particulier les régions du sud de l'Europe et les régions insulaires, connaissent une profonde récession économique, qui a pour corollaires leur dépeuplement et l'exode de leurs habitants, lesquels partent pour des territoires offrant davantage de perspectives en matière d'emploi et d'éducation;

Y.

considérant que la crise européenne a mis en évidence la nécessité pour l'Europe de diversifier ses activités économiques et qu'il y a donc lieu d'examiner de nouveaux modèles d'innovation et de connaissance susceptibles de créer de nouveaux emplois localement;

Z.

considérant que certaines zones de pêche côtière, pourtant situées à proximité de territoires économiquement développés et à forte attractivité touristique, ne parviennent pas à un niveau convenable de croissance économique, qu'elles sont soumises à des tensions de plus en plus importantes sur le plan de l'exploitation des ressources marines et que le secteur de la pêche tend à y être délaissé au profit du tourisme, alors que ces deux secteurs sont compatibles et complémentaires;

AA.

considérant que le journal de bord représente souvent une charge administrative pour les petites entreprises de la pêche côtière et que davantage de flexibilité serait souhaitable;

AB.

considérant que cette pression exercée par le tourisme sur les régions côtières se reflète dans certaines activités, comme la pêche récréative non contrôlée, qui, dans certaines zones, affectent les ressources marines et les perspectives commerciales des populations dans les régions qui pratiquent la pêche traditionnelle;

AC.

considérant que la création des groupes d'action locale de la pêche (GALP) dans les régions tributaires de la pêche est une mesure indispensable et reconnue comme salutaire, car elle ouvre des perspectives de diversification des activités à l'intérieur du secteur de la pêche, ce qui, in fine, contribue au développement général des zones côtières et insulaires et à leur structure sociale, et qu'il est donc nécessaire d'accroître les ressources financières pour leur création et pour leur fonctionnement sur le terrain;

AD.

considérant l'invisibilité des femmes dans le secteur de la pêche aux coquillages et la sous-représentation des femmes dans le secteur de la pêche en général;

AE.

considérant l'invisibilité de toutes ces femmes qui réparent les filets de pêche, déchargent les embarcations et conditionnent les produits de la pêche;

AF.

considérant que les effets de la crise économique se font également sentir dans le secteur de la pêche, en particulier dans les groupes de population les plus touchés par le chômage, comme les jeunes et les femmes, et que la diversification et l'innovation sont donc indispensables pour relancer l'emploi, exploiter les nouvelles possibilités qui s'ouvrent, en particulier, dans la croissance bleue et verte, et empêcher et compenser la marginalisation de la pêche dans les territoires qui se développent et les régions périphériques; considérant que la formation professionnelle doit faire l'objet d'une attention particulière;

AG.

considérant que la diversification des zones côtières et insulaires peut s'opérer par des activités en lien avec la commercialisation et la promotion des produits de la pêche, la gastronomie, le tourisme, ainsi que le patrimoine historico-culturel et traditionnel, tout comme par des activités dans les domaines de l'environnement et de la croissance verte;

AH.

considérant que le concept d'économie bleue doit être développé et peut stimuler vigoureusement la croissance et le développement économique, ainsi que la création d'emplois, notamment dans les régions et pays côtiers et insulaires et dans les régions ultrapériphériques;

AI.

considérant que les communautés côtières et insulaires sont directement concernées par l'application concrète du concept d'économie bleue;

AJ.

considérant que l'initiative de l'Union européenne «Une Union de l'innovation» a permis d'identifier et de recenser les faiblesses restreignant ou entravant le développement de la recherche et de l'innovation, telles que l'insuffisance des investissements dans la science, l'absence d'informations pertinentes sur les mers et océans, le faible niveau de moyens financiers et une coopération insuffisante des secteurs public et privé;

AK.

considérant que le développement de l'économie bleue contribuerait à la croissance économique dans son ensemble, notamment dans les régions côtières, insulaires et ultrapériphériques, et que ce sont précisément les zones tributaires de la pêche qui sont les principaux acteurs du développement de l'innovation et qu'elles devraient, à ce titre, être associées à toutes les phases du développement de l'économie bleue;

AL.

considérant que dans le secteur de la pêche, comme dans d'autres secteurs, l'environnement va de pair avec l'économie; que le développement de l'économie bleue doit donc être axé sur l'économie sociale ainsi que sur des projets et activités durables et respectueux de l'environnement visant à mettre en place et à développer des activités côtières et à préserver le milieu marin et la biodiversité dans son ensemble en soutenant, notamment, les activités de pêche artisanale respectueuses de l'environnement qui favorisent la biodiversité; que ces projets et activités doivent également être viables du point de vue social et économique afin de garantir la survie de la pêche artisanale;

AM.

considérant que l'économie bleue peut aussi contribuer au développement de la sécurité à bord des navires de pêche et aux conditions de travail et de confort quotidien des pêcheurs;

AN.

considérant que les objectifs environnementaux, et les objectifs de sélectivité s'appliquent à tous à un même niveau mais que l'application du débarquement des rejets sera rendue difficile pour les navires de petite taille;

AO.

considérant que, dans les questions de protection de l'environnement, on sous-estime l'influence anthropique et les activités humaines menées dans les zones côtières et que les effets cumulés de l'incidence des différentes activités des zones côtières ne sont pas correctement identifiés ni évalués; que le secteur de la pêche en particulier est affecté par les activités qui ont lieu dans certaines zones, telles que le transport maritime, le tourisme, la pêche récréative non contrôlée qui épuise les stocks dans certaines zones, la commercialisation des espèces provenant de cette activité, le braconnage, le rejet d'eaux usées urbaines et industrielles des zones terrestres, etc.;

AP.

considérant que la connaissance du milieu marin, à savoir de l'état des écosystèmes marins, est essentielle à l'évaluation de l'incidence des différentes activités sur l'environnement ainsi qu'à l'instauration de mesures de protection adéquates et à la conduite de programmes de surveillance à des fins de reconstitution des stocks halieutiques, d'utilisation durable des ressources et de développement de l'innovation, et que les données sur le milieu marin sont insuffisantes et ne sont pas correctement systématisées;

AQ.

considérant que dans certaines régions, la pêche illégale est une véritable menace pour la pérennité de la pêche côtière artisanale et pour la conservation des ressources halieutique et de la biodiversité;

AR.

considérant que la politique maritime intégrée entend répondre aux nouveaux défis auxquels les mers, l'industrie et les pêcheurs sont confrontés dans toute l'Europe, de la protection de l'environnement au développement du littoral, en passant par l'aquaculture, le tourisme nautique ou d'autres activités économiques liées à la croissance bleue;

1.

demande à la Commission d'adapter la définition de la pêche côtière et de la petite pêche côtière ou traditionnelle en fonction des caractéristiques et spécificités socio-économiques des différents territoires, et non uniquement selon les dimensions et la puissance des navires de pêche, car les dispositions de l'Union en vigueur sont insatisfaisantes; propose d'avoir recours à la régionalisation pour adapter la définition de la pêche côtière au cas par cas selon les spécificités des pêcheries; propose de tenir compte d'une série de critères indicatifs tels que la taille des navires, les engins utilisés, la sélectivité des techniques de pêche, la durée des sorties de pêche ou encore le fait que le patron pêcheur soit embarqué, les formes traditionnelles d'entreprise et de structure de la propriété des sociétés qui opèrent traditionnellement dans les territoires concernés, la participation du secteur extractif aux activités de transformation et de commercialisation, la nature et l'étendue véritables des activités extractives ainsi que d'autres facteurs liés aux activités traditionnelles, l'ancrage des entrepreneurs ou l'influence sur la vie locale;

2.

demande à la Commission de prendre en considération la situation de la petite pêche côtière dans les communautés insulaires qui dépendent traditionnellement de la pêche pour leur subsistance et qui mènent des activités de pêche tout au long de l'année;

3.

demande à la Commission et aux États membres d'augmenter progressivement les quotas attribués aux pêcheurs artisanaux, afin de favoriser ce type de pêche socialement et écologiquement durable;

4.

prie la Commission de soutenir les projets innovants et les dispositions légales qui permettent le développement des régions côtières, insulaires et ultrapériphériques, en gardant à l'esprit la diversité des activités socio-économiques, y voyant un moyen de stimuler les externalités positives de la pêche artisanale, du point de vue tant de la cohésion sociale et économique que de la protection de l'environnement, grâce à de nouvelles formes de soutien relevant des financements européens existants; souligne qu'il y a lieu de privilégier les projets axés sur la création d'emplois durables et leur maintien, l'augmentation progressive de la participation du secteur extractif à la transformation et à la commercialisation, la promotion de formes d'entreprise liées à l'économie sociale, la promotion de chaînes de commercialisation courtes, l'introduction des nouvelles technologies dans la promotion et la vente des produits et services de la pêche, l'innovation dans la mise au point de nouveaux produits et services et le maintien et la protection des emplois traditionnels;

5.

estime que la révision du cadre de mesures techniques devrait prendre en considération les spécificités de la pêche côtière et permettre certaines dérogations dûment justifiées dans le cadre de la régionalisation;

6.

invite la Commission à coordonner une étude européenne sur les incidences de la pêche récréative sur les activités de pêche traditionnelles et à définir les paramètres visant à la limiter dans certaines zones; demande d'intensifier les contrôles de cette activité afin d'éviter les interférences entre le secteur extractif et ces pratiques, déjà préoccupantes dans les régions ultrapériphériques disposant de secteurs touristiques importants;

7.

prie les États membres de donner la priorité à la petite pêche côtière dans l'octroi des financements du FEAMP et de simplifier les procédures pour les opérateurs de cette pêche;

8.

invite les autorités chargées de la promotion de ces activités à associer aux processus d'innovation l'ensemble des acteurs locaux, des organisations d'entreprises, des instituts de recherche halieutique et océanographique, des universités, des centres technologiques et des institutions locales et régionales afin de garantir que les projets mettent en œuvre des actions intégrées, soient dotés de meilleures possibilités de financement et bénéficient d'une aide suffisante pour satisfaire aux exigences du Fonds européen pour la pêche;

9.

demande à la Commission de rendre compte au Parlement des plans d'action pour le développement, la compétitivité et la viabilité de la petite pêche côtière préparés par les États membres dans le cadre du FEAMP;

10.

demande à la Commission de prendre les mesures qui s'imposent pour soutenir les différents groupes de femmes de la mer en encourageant leur participation et leur représentation dans tous les domaines, qu'il s'agisse des prises de décisions ou des activités de pêche;

11.

invite la Commission à prendre des mesures spécifiques pour la reconnaissance et l'amélioration des conditions de travail des femmes qui réparent les filets de pêche, déchargent les embarcations et conditionnent les produits de la pêche;

12.

invite la Commission européenne, en étroite collaboration avec les États membres, à renforcer le rôle du réseau européen des zones de pêche (FARNET), qui octroie une aide importante aux GALP;

13.

invite la Commission, par une augmentation des moyens économiques, à encourager et à stimuler la création de GALP et leur fonctionnement, étant donné que ces groupes, qui fournissent une aide et des conseils directs et continus au secteur de la pêche, encouragent un modèle de développement durable et socialement inclusif des régions de pêche, en stimulant la participation des jeunes et des femmes dans de nouveaux projets d'activité et en contribuant à l'innovation, à la rénovation des infrastructures, aux investissements économiques et à la diversification, ainsi que l'établissement de plans de gestion locaux par les pêcheurs eux-mêmes; invite la Commission à renforcer le rôle et les attributions des autorités compétentes dans le développement de nouvelles activités innovantes et à travailler en étroite collaboration avec les divers acteurs du secteur;

14.

demande à la Commission de renforcer le rôle des communautés de pêche dans le développement local et la gouvernance des ressources locales de pêche et des activités maritimes;

15.

demande à la Commission de tenir compte du rôle particulier des femmes dans l'économie des régions côtières et de prendre des mesures à cet égard, comme c'est déjà le cas dans le domaine de l'agriculture; invite à faire ressortir la contribution au PIB que les femmes apportent dans les emplois auxiliaires et à reconnaître l'importance particulière de leur contribution dans les ménages dans lesquels, traditionnellement, du fait de la division du travail fondée sur le sexe, les activités extractives sont l'apanage des hommes; exige la reconnaissance professionnelle à tous les niveaux des emplois traditionnels des femmes dans le secteur et encourage à mettre en œuvre des programmes spécifiques pour soutenir l'entrepreneuriat des femmes dans les territoires concernés;

16.

demande à la Commission de promouvoir et d'encourager les investissements dans la diversification de la pêche en développant des activités complémentaires et la polyvalence des métiers de pêche, y compris des investissements dans les navires, des équipements de sécurité, des formations, des services relatifs à l'environnement dans les activités du secteur de la pêche ainsi que des activités culturelles et éducatives, en mettant un accent particulier sur la protection de l'environnement et la promotion d'une croissance durable; estime que l'objectif central doit être de consolider les activités viables sur le plan social, environnemental et économique et génératrices d'emplois, notamment pour les jeunes et les femmes; observe que l'aquaculture marine est complémentaire de la pêche côtière dans les régions ultrapériphériques et conciliable avec elle, et demande à la Commission d'accompagner le développement des techniques d'élevage et de sélection variétale dans les eaux chaudes des zones tropicales ou subtropicales; demande à la Commission de mettre en valeur le rôle des femmes dans le domaine de la pêche côtière artisanale et de ses activités connexes;

17.

demande à la Commission de favoriser l'apparition et le développement du secteur du tourisme de la pêche, afin de mettre en œuvre une stratégie commerciale différenciée en fonction des potentiels et qui réponde plus efficacement aux besoins, dans l'optique d'une nouvelle forme de tourisme où priment, notamment, la qualité, la flexibilité, l'innovation et le souci de la protection du patrimoine historique et culturel des zones de pêche, de l'environnement et de la santé; demande également à la Commission de promouvoir et d'encourager les investissements dans la pêche dans le domaine du tourisme, en vue de créer une offre touristique différenciée qui encourage notamment la gastronomie liée aux produits de la pêche artisanale, la pratique du tourisme halieutique, marin ou sous-marin, permettant ainsi une exploitation durable du patrimoine marin et de mieux faire connaître les zones de pêche concernées;

18.

souligne l'importance croissante que jouent les activités nautiques sportives dans la dynamisation des communautés locales, surtout en basse saison, par de nouveaux projets de nature marine ou sous-marine ou d'autres sports nautiques comme le surf ou le bodyboard;

19.

invite la Commission, dans le but de favoriser l'apparition et le développement du secteur du tourisme de la pêche, à promouvoir et à encourager activement les investissements dans la diversification de la pêche dans le domaine de la culture et des arts en tant que partie intégrante du patrimoine traditionnel (artisanat, musique, danses) et à encourager les investissements dans la promotion des traditions, de l'histoire et de l'ensemble du patrimoine marin (engins, navires et techniques de pêche, documents historiques, etc.) en ouvrant des musées et en y organisant des expositions étroitement liées à la pêche côtière;

20.

demande à la Commission d'étudier la possibilité d'autoriser l'exploitation mixte des navires utilisés pour des activités extractives, de sorte que, sans perdre leur qualité de navire de pêche, ceux-ci puissent être employés pour d'autres activités liées aux loisirs et au tourisme, comme l'organisation de voyages d'information ou d'activités de transformation, didactiques, gastronomiques, etc., selon le modèle des fermes-écoles ou du tourisme agricole dans les zones rurales;

21.

demande à la Commission, et aux États membres par l'entremise de leurs organismes de gestion, de faire en sorte que la petite pêche côtière soit équitablement bénéficiaire du FEAMP, au vu notamment des contraintes administratives qui lui incombent;

22.

invite la Commission à élaborer des mesures qui facilitent et promeuvent la mobilité entre les professions liées à la mer;

23.

demande que, sous certaines conditions, les résultats d'études et de projets financés par des fonds publics soient mis à la disposition du grand public, que soit assuré un accès plus aisé aux données existantes sur les mers et les océans et que soient levés les obstacles administratifs existants à la croissance et au développement de l'innovation;

24.

recommande à la Commission d'améliorer la réglementation par des dispositifs de vigilance sur l'attribution équitable de quotas à la petite pêche sur les espèces partagées;

25.

souligne que le principal produit de la pêche reste le poisson et qu'il est fondamental de promouvoir les différentes formes d'utilisation du poisson, notamment la mise en conserve ou la valorisation des déchets de poisson; invite la Commission à promouvoir et à encourager activement les investissements dans l'innovation et la diversification de la pêche à des fins de commercialisation et de transformation des produits locaux de la pêche, à favoriser le développement de filières de distribution locales, à promouvoir ces produits grâce à la création de marques et/ou labels locaux pour les produits frais et en soutenant la création de projets d'entreprises locales pour la réalisation de ces activités; souligne que cette promotion de l'innovation passera notamment par le développement de labels et d'étiquetages garantissant la qualité des produits locaux de la pêche;

26.

demande davantage de flexibilité pour les navires de moins de 12 mètres en ce qui concerne le journal de bord, notamment à propos de l'obligation d'envoyer les documents dans un délai de 48 heures, ce qui représente une lourde charge administrative; propose à cet égard d'accorder une dérogation à cette obligation pour les navires qui commercialisent l'intégralité de leur pêche en criée, ce qui permettrait d'obtenir les informations recherchées sans imposer une charge administrative superflue;

27.

encourage l'instauration de zones marines protégées, qui favoriseront des ressources halieutiques durables et faciliteront le contrôle de la pêche INN (illicite, non déclarée et non réglementée) et la lutte contre celle-ci; souligne la nécessité pour l'Union européenne de fournir des orientations, une coordination et un appui adéquats aux États membres dans ce domaine;

28.

demande de soutenir fermement le travail des femmes, car celles-ci jouent un rôle essentiel dans la pêche artisanale; souligne, en particulier, les tâches importantes que les femmes accomplissent dans la chaîne de transformation et leur rôle essentiel dans le secteur de la pêche aux coquillages;

29.

remarque que la pêche côtière des régions ultrapériphériques, parce qu'elle est soumise à des surcoûts importants, bénéficie d'un régime de compensation, reconnu dans le cadre du FEAMP; demande à la Commission de compléter ce régime par un dispositif spécifique pour les régions ultrapériphériques sur le modèle du POSEI agricole;

30.

invite la Commission à soutenir l'introduction des produits frais provenant de la pêche artisanale, de la pêche aux coquillages et de l'aquaculture extensive durable à petite échelle dans les cantines publiques (établissements scolaires, hôpitaux, restaurants, etc.);

31.

insiste sur les spécificités des régions ultrapériphériques, liées à leur éloignement et leur insularité; rappelle que ces spécificités sont génératrices de surcoûts pour la pêche côtière dans ces régions et qu'il convient de compenser pleinement ces surcoûts dans le cadre du FEAMP;

32.

observe que les flottes de pêche côtière des régions ultrapériphériques sont souvent vieillissantes, ce qui cause des difficultés en matière de sécurité à bord; demande à la Commission de proposer une révision du règlement (UE) no 508/2014 du Parlement européen et du Conseil du 15 mai 2014 relatif au FEAMP afin d'autoriser les aides au renouvellement des navires de petite pêche côtière dans les régions ultrapériphériques, à condition de ne pas augmenter la capacité;

33.

invite la Commission et les États membres à assurer l'accès aux données marines et écologiques dans un souci de transparence, d'innovation et de développement, et à garantir l'accès de tous les acteurs intéressés aux informations scientifiques élaborées avec l'aide de cofinancements publics;

34.

insiste sur les potentiels encore largement inexplorés des océans et des zones littorales et côtières en matière de développement, d'emplois, d'autonomie énergétique, d'innovation et de développement durable; estime que la reconnaissance par l'Union de ce rôle et de ces potentiels renforcerait l'attractivité et le développement des régions côtières, insulaires et ultrapériphériques;

35.

se déclare préoccupé par l'application du programme Horizon 2020 dans le domaine de l'économie bleue, dans la mesure où il constitue un programme fondamental pour la recherche et développement de l'innovation au niveau européen; défend la création d'une communauté de la connaissance et de l'innovation (CCI) de l'économie bleue intégrée dans le programme Horizon 2020, qui contribue à dynamiser les activités dans les régions côtières par des partenariats publics-privés transnationaux;

36.

préconise l'utilisation des fonds dédiés à l'innovation et à la croissance bleue pour financer la recherche fondamentale, la R&D, la formation, la création d'entreprises, la protection de l'environnement et le lancement de produits et de procédés innovants;

37.

invite la Commission à accorder, dans le cadre d'initiatives de gestion directe, des aides pour le financement de projets axés sur la pêche côtière et le développement des zones côtières;

38.

insiste sur l'importance des instruments de protection de l'environnement tels que les évaluations d'incidences sur l'environnement de projets particuliers et les évaluations stratégiques des incidences sur l'environnement des stratégies, plans et programmes devant contribuer à la pêche durable;

39.

souligne l'importance que la politique maritime intégrée joue pour l'avenir des régions qui dépendent de la pêche et estime qu'il convient d'accorder une importance croissante à la stratégie de croissance bleue; considère qu'il y a lieu d'apporter un soutien à long terme à la croissance durable dans l'ensemble des secteurs marins et maritimes, tout en reconnaissant l'importance des mers et des océans en tant que facteurs de création d'emplois dans les régions côtières;

40.

observe que les zones côtières et insulaires ainsi que les régions ultrapériphériques sont les principaux acteurs du développement de l'innovation et qu'elles devraient être associées à toutes les phases du développement de l'économie bleue;

41.

insiste sur l'importance du FEAMP, qui accorde une attention particulière à la diversification et à l'innovation dans le secteur de la pêche par le soutien qu'il apporte à la pêche durable sur le plan environnemental et socio-économique, innovante, compétitive, efficace et fondée sur la connaissance; estime qu'il est indispensable de renforcer le financement de l'axe 4 du Fonds européen pour la pêche en vue de soutenir les habitants des communautés de pêcheurs à améliorer leurs conditions de vie par le développement de nouvelles activités; demande à la Commission de valider les déclinaisons régionales du FEAMP dans les meilleurs délais;

42.

souligne qu'il importe d'approfondir les relations entre les communautés locales et les universités ou centres technologiques, qui contribueront de manière décisive à créer de nouveaux incubateurs d'entreprises capables de favoriser l'émergence de nouveaux concepts commerciaux dans le domaine maritime;

43.

invite la Commission à promouvoir activement les projets d'aide au renforcement de l'innovation et du développement technologique, dont l'objectif est l'élaboration ou l'introduction de nouveaux produits, équipements et techniques ainsi que de systèmes nouveaux ou améliorés de gestion et d'organisation; demande à la Commission de promouvoir et d'encourager l'échange d'information et le partage de bonne pratiques entre les différentes zones de pêche pour stimuler le développement de méthodes de pêche innovantes et durables; estime à cet égard qu'il est impératif d'incorporer des modules destinés à la formation des entrepreneurs et à la diversification dans les établissements de formation professionnelle nautique dans le secteur de la pêche;

44.

invite la Commission à encourager la création de nouvelles entreprises innovantes dans les régions qui dépendent de la pêche, en encourageant l'esprit d'entreprise et la création de start-up prometteuses dans le domaine maritime, qui contribueront à diversifier l'activité halieutique côtière artisanale, à créer de l'emploi et à attirer ou fixer la population;

45.

demande à la Commission, lors de l'élaboration des propositions législatives sur l'emploi des engins et techniques de pêche, de suivre une approche sélective pour tenir compte de l'incidence réelle de ces engins et techniques sur les ressources de la pêche artisanale dans chacun des territoires concernés; demande à la Commission de veiller à ce que toute initiative législative soit précédée d'une analyse d'impact rigoureuse qui tienne compte des spécificités de chaque zone de pêche; estime qu'une approche non sélective en ce qui concerne l'emploi d'engins et de techniques a de lourdes conséquences sur la survie des territoires côtiers et insulaires, déjà en situation précaire, aggrave encore le dépeuplement et entrave le développement et l'innovation; considère qu'il y a lieu d'appliquer une discrimination positive en faveur de la pêche côtière artisanale; estime que cette approche, à l'instar de la proposition d'interdire les filets dérivants, laisse penser que la Commission s'adapte encore à la PCP réformée décentralisée que les colégislateurs ont choisi d'adopter; rappelle à la Commission qu'elle est tenue d'agir dans le cadre de la régionalisation, comme le prévoit le nouveau règlement relatif à la PCP;

46.

observe que les écosystèmes marins côtiers sont sensibles et prie instamment les États membres et la Commission d'évaluer les effets sur l'environnement de toutes les activités susceptibles d'affecter la viabilité des stocks halieutiques, comme le transport maritime, les déchets, les transports, la pollution des aquifères, les activités de forage ou la construction de nouvelles infrastructures touristiques le long des côtes, conformément au principe de précaution;

47.

recommande à la Commission d'accorder la plus grande importance au rôle socioéconomique de la pêche côtière artisanale et à la petite pêche dans l'Union, à la définition d'autres méthodes pour définir les différents segments de la flotte, et à la diversification de l'activité dans les régions côtières fortement dépendantes de la pêche; souligne qu'il importe de recueillir un ensemble d'informations scientifiques permettant d'améliorer la gestion de la pêche artisanale, afin de la rendre durable du point de vue biologique, social, économique et environnemental;

48.

invite la Commission à accélérer la transposition de l'accord des partenaires sociaux sur la mise en œuvre de la convention sur le travail dans la pêche, 2007 de l'Organisation internationale du travail en un instrument législatif de l'Union approprié;

49.

demande à la Commission, conformément à la classification technique des engins de pêche du règlement «Méditerranée», de prendre en considération les différences existant entre chaluts et sennes de plage, afin de formuler les meilleures dispositions possibles pour favoriser une utilisation plus durable de chaque type, en tenant compte des dernières recommandations scientifiques en la matière;

50.

invite la Commission à s'engager à revoir l'évaluation de la situation des stocks halieutiques concernant la pêche côtière et souligne qu'il est nécessaire de procéder à une analyse d'impact de la petite pêche sur les stocks halieutiques, sans oublier les techniques plus notables comme la pêche au thon, étant donné que les espèces capturées au large des côtes présentent une très grande valeur socioéconomique, même si elles ne constituent qu'une petite partie du total des captures, mais demeurent très importantes pour la survie des pêcheurs qui en dépendent financièrement au jour le jour;

51.

juge inquiétante la disparition de techniques et de compétences de pêche traditionnelle imputable à des réglementations défavorables pour les communautés côtières;

52.

demande à la Commission de modifier la disposition relative aux spécifications techniques applicables aux filets, telles que les dimensions minimales du maillage, la hauteur des filets, la distance par rapport à la côte et la profondeur à laquelle les filets peuvent être utilisés, afin de diversifier les prises de façon à assurer une exploitation plus durable des stocks halieutiques et de préserver la biodiversité;

53.

demande à la Commission de modifier les dispositions en vigueur concernant la distance par rapport à la côte et la profondeur à laquelle les engins de pêche peuvent être utilisés de manière à prendre en considération les caractéristiques géographiques des régions frontalières des États membres;

54.

insiste sur la nécessité de modifier le règlement concernant des mesures de gestion pour l'exploitation durable des ressources halieutiques en Méditerranée, ou règlement «Méditerranée», qui a été adopté en 2006 et réglemente les questions relatives aux caractéristiques techniques des engins et à leur utilisation; estime qu'il est nécessaire de le mettre en conformité avec la nouvelle PCP, tout en tenant compte du fait que la gestion du bassin est partagée avec des pays tiers, et notamment avec l'objectif du rendement maximum durable;

55.

souligne la nécessité d'assurer une coordination efficace entre les États membres afin que les pêcheurs soient informés en temps utile et de manière exhaustive de la mise en œuvre des réglementations existantes et de leurs modifications;

56.

invite la Commission à promouvoir, dans le cadre de la politique de cohésion, les projets qui contribueront à la protection des régions côtières et insulaires en tant que partie intégrante du patrimoine maritime et halieutique historico-culturel et traditionnel;

57.

demande à la Commission et aux États membres d'employer des fonds européens pour subventionner la certification de la durabilité des madragues, afin de promouvoir la reconnaissance et la contribution de cette technique de pêche;

58.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission.


(1)  JO C 419 du 16.12.2015, p. 167.

(2)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0438.

(3)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0291.

(4)  JO C 75 du 26.2.2016, p. 24.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/93


P8_TA(2016)0110

Dimension externe de la PCP, y compris les accords de pêche

Résolution du Parlement européen du 12 avril 2016 sur des règles communes en vue de l'application de la dimension extérieure de la PCP, y compris des accords de pêche (2015/2091(INI))

(2018/C 058/10)

Le Parlement européen,

vu le règlement (UE) no 1380/2013 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2013 relatif à la politique commune de la pêche, modifiant les règlements (CE) no 1954/2003 et (CE) no 1224/2009 du Conseil et abrogeant les règlements (CE) no 2371/2002 et (CE) no 639/2004 du Conseil et la décision 2004/585/CE du Conseil (1),

vu le règlement (UE) no 508/2014 du Parlement européen et du Conseil du 15 mai 2014 relatif au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche et abrogeant les règlements du Conseil (CE) no 2328/2003, (CE) no 861/2006, (CE) no 1198/2006 et (CE) no 791/2007 et le règlement (UE) no 1255/2011 du Parlement européen et du Conseil (2),

vu le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (traité FUE),

vu la convention des Nations unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982,

vu l'accord de 1995 aux fins de l'application des dispositions de la convention des Nations unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982 relatives à la conservation et à la gestion des stocks de poissons dont les déplacements s'effectuent tant à l'intérieur qu'au-delà des zones économiques exclusives (stocks chevauchants) et des stocks de poissons grands migrateurs;

vu le code de conduite pour une pêche responsable de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), adopté en octobre 1995 ainsi que les instruments et lignes directrices connexes,

vu le concept d'écosystème marin vulnérable (EMV) qui a émergé des discussions de l'Assemblée générale des Nations unies (AGNU) et qui a pris de l'importance à la suite de l'adoption de la résolution 61/105 de 2006 par l'AGNU et vu le fait que les EMV constituent des zones potentiellement sensibles aux effets des activités de pêche,

vu les critères et les lignes directrices scientifiques des Açores de 2009 pour l'identification des zones marines d'importance écologique ou biologique (ZIEB) et la mise en place de réseaux représentatifs des zones marines protégées dans les eaux océaniques et dans les habitats situés en eau profonde au titre de la convention sur la diversité biologique (CDB),

vu sa résolution du 22 novembre 2012 sur la dimension extérieure de la politique commune de la pêche (3),

vu les conclusions de la conférence des 16 et 17 septembre 2015 du conseil consultatif régional de la pêche lointaine;

vu le rapport spécial no 11/2015 de la Cour des comptes du 20 octobre 2015 intitulé «La Commission gère-t-elle correctement les accords de partenariat dans le domaine de la pêche?»,

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission de la pêche et l'avis de la commission du développement (A8-0052/2016),

A.

considérant que, selon le rapport 2014 de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) sur la situation mondiale des pêches et de l'aquaculture, le nombre de stocks surexploités a continué de grimper jusqu'en 2008, avant de diminuer légèrement en 2011;

B.

considérant que, du fait d'une combinaison de ses activités de pêche, des investissements privés réalisés par ses ressortissants, de son réseau d'accords bilatéraux conclus dans le secteur de la pêche, de ses régions ultrapériphériques et de sa participation à l'ensemble des principales organisations régionales de gestion des pêches (ORGP), l'Union européenne est l'un des acteurs de premier plan de la pêche mondiale qui maintient une présence forte et une importante activité dans l'ensemble des mers et des océans de la planète; que l'Union encourage les bonnes pratiques et le respect des droits fondamentaux;

C.

considérant qu'une gestion durable des ressources halieutiques mondiales passera impérativement par le multilatéralisme et la coopération internationale, y compris bilatérale; que l'Union a un rôle clé à jouer dans la gouvernance mondiale des mers et océans et que la dimension extérieure de la PCP doit reposer sur une vision ambitieuse et cohérente avec sa dimension intérieure visée par le règlement de base sur le sujet;

D.

considérant que la FAO a récemment publié des directives d'application volontaire visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale dans le contexte de la sécurité alimentaire, lesquelles fixent des objectifs concernant les petites pêcheries et en particulier celles des pays en développement;

E.

considérant que l'Union constitue un marché important pour les produits de la pêche (notamment pêche opérée par les navires de l'Union et importations) et représente le principal importateur de ces produits, avec une consommation s'élevant à 11 %, en volume, de la production halieutique mondiale et des importations à hauteur de 24 %, en valeur, des produits de la pêche, alors qu'elle ne réalise que 8 % des prises mondiales; que l'Union européenne dispose d'une industrie de transformation développée présentant une dimension sociale importante, qu'il convient de préserver;

F.

considérant que la dimension extérieure de la nouvelle PCP inclut les accords internationaux et la pêche dans les zones situées au-delà des juridictions nationales (ZSADJN); que tant la convention sur la diversité biologique que la FAO plaident en faveur du recensement des zones marines d'importance écologique ou biologique (ZIEB) et des écosystèmes marins vulnérables (EMV), et que les zones maritimes protégées constituent par ailleurs des instruments importants dans le cadre d'une gestion écosystémique, comme le confirment les organisations régionales de gestion des pêches (ORGP);

G.

considérant qu'au sein des ORGP, les quotas sont principalement basés sur les captures historiques, ce qui se traduit par un accès préférentiel des stocks halieutiques mondiaux aux pays développés; qu'il y a désormais lieu d'appliquer les critères de répartition définis par certaines ORGP pour tenir compte des activités de pêche des pays côtiers en développement qui dépendent depuis des générations des stocks halieutiques présents dans leurs eaux adjacentes, et que l'Union européenne doit continuer de respecter cet état de fait;

H.

considérant qu'il convient d'établir une distinction entre les accords conclus avec les pays du Nord que sont la Norvège, l'Islande et les Îles Féroé, d'une part, et les accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable (APPD) impliquant d'autres pays, d'autre part;

I.

considérant que l'Union doit viser, dans ses politiques, la cohérence avec la politique de développement sur la base de l'article 201, paragraphe 1, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, qui dispose que «[l»]Union tient compte des objectifs de la coopération au développement dans la mise en œuvre des politiques qui sont susceptibles d'affecter les pays en développement";

J.

considérant que, dans certains cas, les données relatives au statut des ressources et aux captures totales réalisées par les navires locaux et de pays tiers sont insuffisantes en ce qui concerne les stocks halieutiques constitués par l'Union dans les eaux de pays tiers ou destinés au marché de l'Union, ce qui rend difficile l'évaluation des quantités de stocks excédentaires dans les accords mixtes, conformément à la convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM); qu'il serait souhaitable d'approfondir et d'améliorer la transparence des données disponibles en la matière;

K.

considérant que l'Union devrait tout mettre en œuvre pour que les accords de pêche durables conclus avec des pays tiers servent l'intérêt mutuel de l'Union et des pays tiers concernés, y compris de leurs populations locales et de leurs industries de la pêche;

L.

considérant que le problème de la piraterie a également des répercussions négatives dans les régions où l'exercice de la pêche est régi par des accords de pêche bilatéraux et multilatéraux;

1.

salue l'inclusion, pour la première fois, d'un chapitre mentionnant la dimension extérieure dans le règlement de base relatif à la PCP, lequel chapitre comprend des conditions minimales pour les accords bilatéraux, impose l'obligation d'encourager la coopération entre les ORGP et la cohérence des différentes mesures qu'elles adoptent, renvoie explicitement à des normes communes tant dans les eaux de l'Union qu'en dehors de celles-ci, et indique que les mesures doivent reposer sur les meilleurs conseils scientifiques disponibles;

2.

souligne l'importance d'assurer la cohérence entre la politique de la pêche, la politique environnementale, la politique commerciale et la coopération au développement;

3.

reconnaît l'importance de préserver et d'accroître la cohérence et la compatibilité du cadre juridique existant;

4.

invite à intensifier la coopération entre les directions compétentes de la Commission en matière de pêche, à savoir la DG MARE, la DG DEVCO et la DG TRADE;

5.

souligne que la promotion, par l'Union et les partenaires avec lesquels elle a conclu des accords bilatéraux ou autres, d'une pêche durable sur les plans environnemental, économique et social et fondée sur la transparence et la participation d'acteurs non étatiques (en particulier les professionnels qui dépendent de la pêche pour assurer leur subsistance) est primordiale pour pérenniser l'avenir des communautés littorales et préserver l'environnement marin tout en favorisant l'essor des entreprises locales, l'emploi généré par la pêche, les activités de transformation et le commerce, ainsi que la contribution de la pêche à la sécurité alimentaire;

6.

met l'accent sur l'importance de l'action en faveur de la protection des écosystèmes et du maintien des stocks halieutiques au-dessus des niveaux permettant d'obtenir le rendement maximal durable, car la présence de stocks plus abondants est une condition essentielle du développement des communautés littorales vivant de la pêche, conformément aux directives d'application volontaire de la FAO visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale dans le contexte de la sécurité alimentaire;

7.

insiste sur l'importance de soutenir le développement des communautés locales dont la subsistance dépend principalement de la pêche et des activités connexes; met l'accent sur la nécessité d'appuyer les mesures qui visent à favoriser le transfert de technologie et de savoir-faire, la gestion des capacités, les partenariats multipartites et les investissements bénéficiant au secteur de la pêche;

8.

rappelle que les normes environnementales qui doivent également s'appliquer à la pêche extérieure de l'Union comprennent la mise en œuvre de la méthode écosystémique de gestion des pêches et du principe de précaution, afin de ramener et de maintenir les stocks exploités à des niveaux supérieurs à ceux permettant de produire le rendement durable maximal d'ici 2015 lorsque c'est possible et à l'horizon 2020 au plus tard pour tous les stocks;

9.

souligne que les différents aspects de la dimension extérieure de la PCP doivent se fonder sur des relations équitables et mutuellement profitables entre l'Union européenne, ses États membres et leurs partenaires mondiaux, qu'elles soient bilatérales (accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable) ou multilatérales (ORGP), dans l'optique de promouvoir le développement pérenne de la filière locale de la pêche; demande avec force que cette équité se reflète également dans le domaine des accords commerciaux conclus par l'Union avec des pays tiers, dans le droit fil des critères de cohérence des politiques au service du développement;

10.

appelle la Commission à tenir compte, dans la dimension extérieure de la PCP, des régions ultrapériphériques, notamment des accords bilatéraux conclus avec des pays tiers, pour veiller à ce que de la filière pêche de ces régions en tire profit;

11.

prend acte du travail accompli par le conseil consultatif régional de la pêche lointaine en énonçant sa position sur la dimension extérieure de la PCP révisée et sa mise en œuvre, en collaboration avec les parties prenantes des pays tiers;

12.

affirme que, dans ses activités extérieures liées à la pêche (capture, transformation et commercialisation), l'Union doit promouvoir ses normes environnementales et sociales très élevées et pratiquer des contrôles et des mesures d'inspection rigoureux et efficaces, tout en assurant la transparence dans toutes ses activités, pour garantir des conditions de concurrence égales sur le marché de l'Union européenne;

13.

reconnaît le rôle que joue la dimension extérieure de la PCP dans la création d'emplois (tant dans l'Union que hors de ses frontières) et dans l'alimentation en poisson des marchés de l'Union (et parfois des marchés locaux), et est conscient qu'elle sert d'instrument permettant à l'Union de fournir une aide technique, financière et scientifique aux pays tiers, notamment en appuyant les progrès dans la recherche scientifique, en accompagnant les mécanismes de contrôle et de surveillance et en contribuant au développement des infrastructures portuaires;

14.

salue les avancées importantes réalisées par l'Union dans la gestion de la dimension extérieure de la PCP ces dernières années, tant en termes d'accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable que de mise en œuvre desdits accords, qui ont permis aux flottes de l'Union de compter généralement parmi les flottes hauturières les plus modernes satisfaisant à des normes sociales et environnementales élevées; estime que l'Union doit promouvoir ces normes sociales et environnementales sur le plan international en mobilisant les ORGP et son réseau d'accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable;

15.

reconnaît que les droits de pêche d'une flotte de l'Union qui cesse d'exploiter une pêcherie peuvent être redistribués entre les autres flottes mettant en œuvre des normes de conservation, de gestion et de durabilité bien inférieures à celles prônées et défendues par l'Union;

16.

estime que la mise à disposition d'une aide sectorielle à la filière pêche dans les pays ayant conclu des accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable (APPD) est importante tant au regard des besoins croissants en termes de gestion des activités de pêche, des capacités de recherche scientifique, de construction et de maintenance des infrastructures ainsi que de formation des inspecteurs et des membres d'équipage, qu'au regard de la nécessité d'améliorer l'approvisionnement en poisson afin de garantir la sécurité alimentaire des populations des pays partenaires des APPD en soutenant le travail accompli par les femmes dans ce secteur;

17.

insiste donc sur la nécessité d'instaurer une meilleure articulation entre le soutien sectoriel fourni dans le cadre des accords de pêche et les instruments disponibles au titre de la coopération au développement, notamment le Fonds européen de développement (FED), ainsi que sur l'obligation de mettre en place une parfaite transparence du financement des projets dans le domaine de la pêche et de l'affectation de l'aide sectorielle dans le souci de veiller à une utilisation correcte des moyens financiers de l'Union;

18.

réaffirme la nécessité de disposer de données scientifiques de meilleure qualité en matière de captures et d'effort de pêche, notamment dans les eaux de certains États côtiers en développement, en mobilisant les moyens mis à disposition par le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche et du Fonds européen de développement;

19.

note que, selon le rapport récemment publié par la Cour des comptes européenne sur les accords de partenariat dans le domaine de la pêche (APP), alors que l'un des principaux objectifs de ces accords est d'autoriser uniquement la pêche des stocks excédentaires, cet aspect s'est avéré extrêmement difficile à mettre en pratique, «car des informations fiables sur les stocks halieutiques ainsi que sur l'effort de pêche de la flotte nationale ou des autres flottes étrangères auxquelles le pays partenaire a également accordé des droits d'accès font défaut»; insiste dans ce contexte sur l'importance de disposer de données scientifiques fiables et d'évaluations ex post indépendantes sur l'efficacité des APP;

20.

souligne que l'Union devrait promouvoir, par l'intermédiaire de ses accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable et de son travail au sein des ORGP, l'harmonisation pour tous les navires de pêche étrangers des conditions régissant l'accès aux eaux africaines pour y pêcher le thon, les petits pélagiques et certaines espèces démersales, en vue d'instaurer des conditions favorables pour les pêcheurs qui travaillent de façon durable et responsable;

21.

demande le développement des programmes d'observateurs indépendants qui contribuent à assurer le suivi de la pêche et la collecte de données scientifiques;

22.

est convaincu qu'une gestion régionale de la pêche, notamment au moyen des programmes d'observateurs et des systèmes d'inspection (au port et en mer) et de contrôle à l'échelle régionale, est le seul moyen d'assurer une exploitation durable et équitable des stocks de grands migrateurs et des stocks chevauchants et partagés, conformément à la CNUDM et à l'accord des Nations unies sur les stocks de poissons;

23.

relève qu'un cadre juridique existe en ce qui concerne la gestion régionale des poissons grands migrateurs, de même que de nombreux autres stocks, dans le cadre des ORGP, notamment pour le thon, et exhorte la Commission à faire en sorte que l'ensemble des pêches concernées soient gérées le plus rapidement possible par une ORGP;

24.

demande à la Commission que davantage de moyens budgétaires soient consacrés aux ORGP, car elles jouent un rôle clé dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN);

25.

craint que certaines autres pêches, en particulier celles relatives aux stocks partagés que l'on ne retrouve pas en haute mer, ne disposent pas encore d'une instance efficace de coopération et de gestion régionales; voit dans cet aspect un problème sérieux, notamment pour les stocks de petits pélagiques en Afrique de l'Ouest, étant donné leur importance stratégique pour la sécurité alimentaire, comme indiqué dans un avis consultatif récent du Tribunal international du droit de la mer (4);

26.

invite instamment l'Union à faire usage de son influence pour veiller à ce que l'ensemble des pêcheries présentant une dimension régionale soit gérée par une ORGP; demande notamment à l'Union d'œuvrer pour que le comité des pêches pour l'Atlantique du Centre-Est (COPACE) devienne une ORGP à part entière, dotée d'une autorité décisionnelle, plutôt que de rester un organe consultatif régional de la FAO dans le domaine de la pêche;

27.

est convaincu que, dans la mesure où les navires européens ont accès à d'autres formes de pêche (pour les espèces démersales, par exemple), l'Union doit promouvoir des mesures applicables à tous afin de garantir l'harmonie entre les navires de pêche industrielle et artisanale, ce qui peut nécessiter d'instaurer un système de zones permettant de protéger le secteur local de la pêche artisanale;

28.

demande des études supplémentaires sur les espèces et les habitats d'eau profonde, ainsi qu'un renforcement de leur protection, notamment pour ceux qui sont particulièrement sensibles ou essentiels pour la viabilité à long terme de l'écosystème;

29.

encourage la Commission à promouvoir une répartition équilibrée de l'attribution des droits d'accès au sein des ORGP, qui prenne en considération l'incidence à la fois environnementale et sociale et les impératifs de sécurité alimentaire, ainsi que la volonté des pays en développement de mettre en place leur propre pêche; note que toute réattribution doit concerner toutes les flottes, aussi bien hauturières que nationales, et se fonder sur les critères d'attribution établis dans ce domaine par l'ORGP concernée;

30.

salue la disposition contenue dans le règlement de base selon laquelle toutes les flottes étrangères qui opèrent dans un pays avec lequel l'Union a conclu un accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable sont soumises à des conditions d'accès similaires pour promouvoir une pêche durable, une mesure importante qui permet de s'assurer que les autres flottes de pêche lointaine opèrent selon les mêmes normes que l'Union européenne, plutôt que de les affaiblir; encourage la Commission à mettre rigoureusement en œuvre ce critère;

31.

demande à l'Union d'utiliser son réseau d'accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable et les négociations au sein des ORGP pour veiller à ce que nos pays partenaires limitent l'accès de l'ensemble des flottes de pêche lointaine au stock excédentaire, comme l'exige la CNUDM et la PCP, et prévoir un accès préférentiel des flottes qui utilisent les pratiques les plus durables sur les plans environnemental et social pour la zone et les stocks concernés;

32.

s'inquiète de la possible interruption des activités de pêche entre deux protocoles lorsque les négociations sur un nouveau protocole se prolongent; demande à la Commission de garantir la sécurité juridique et économique des opérateurs en assurant la continuité des opérations de pêche entre deux protocoles;

33.

reconnaît l'importance de mettre en place, avec les pays en développement, un cadre plus large qui ne couvre pas seulement la pêche, mais aussi les activités situées en amont et en aval de la chaîne d'approvisionnement;

34.

encourage l'Union européenne à éviter de négocier des accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable avec des pays où la corruption est tolérée;

35.

reconnaît l'importance de mettre en place, avec les pays en développement, un cadre plus large qui couvre la pêche, en l'intégrant à d'autres thèmes liés au développement;

36.

est convaincu de l'importance de reconnaître les licences de pêche par la voie diplomatique;

37.

reconnaît l'importance de la pêche pour les pays en développement, en particulier la pêche artisanale, compte tenu de sa contribution à la sécurité alimentaire, à l'économie locale et à l'emploi, à la fois pour les hommes et pour les femmes, sans préjudice du rôle joué par les activités de pêche industrielle s'inscrivant dans un cadre responsable et transparent, garant du développement socioéconomique des régions côtières et de l'approvisionnement en produits de la pêche;

38.

insiste sur la nécessité pour l'Union de respecter son obligation de promouvoir, dans les pays en développement, une pêche durable sur le plan environnemental et social, à la faveur de toutes les politiques européennes qui ont une incidence sur les activités de pêche dans ces pays (aide, commerce, pêche);

39.

souligne qu'il importe d'intégrer les femmes d'un bout à l'autre de la chaîne de valeur, du financement à la transformation et/ou commercialisation des produits de poissons; estime que la promotion de l'accès des femmes à ces activités renforcerait leur autonomisation économique et sociale, en jouant ainsi un rôle important dans la réduction des disparités entre les hommes et les femmes, demande que les priorités en matière d'égalité soient davantage prises en considération dans les relations entre l'Union et les pays en développement;

40.

souligne la nécessité de promouvoir, par le biais de l'appui sectoriel, le développement local au travers d'une autonomisation accrue des pêcheries des pays partenaires via notamment le renforcement de l'aquaculture durable, du développement et de la préservation de la pêche artisanale, de l'amélioration des connaissances scientifiques sur l'état des stocks et du renforcement des initiatives privées émanant des acteurs locaux; demande à l'Union d'encourager, au travers des accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable, la bonne gouvernance, en particulier la bonne gestion des recettes publiques issues du secteur de la pêche et de la contrepartie financière;

41.

estime que l'Union européenne doit encourager les pays tiers, en commençant par ceux avec lesquels elle négocie un accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable, à mettre en place un cadre réglementaire en matière de coentreprises constituées avec d'autres intérêts dans les secteurs de la capture, de la transformation et de la commercialisation; est d'avis qu'un tel cadre est le meilleur moyen de s'assurer que des coentreprises sont constituées et agissent dans le respect de normes rigoureuses en matière de durabilité et de transparence, telles que préconisées par la PCP réformée, et d'assurer ainsi également une meilleure stabilité juridique pour les intérêts européens dans la promotion du développement d'une pêche durable dans les pays tiers;

42.

souligne qu'il convient de considérer les principes de transparence et de responsabilité ainsi que la participation des parties prenantes comme des éléments fondamentaux des relations de l'Union avec les pays tiers en matière de pêche;

43.

souligne que les investissements européens dans le secteur de la pêche de pays tiers sous forme de coentreprises doivent entrer dans le cadre de la PCP; fait valoir que l'Union devrait, dans le cadre de ses accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable, promouvoir le dialogue avec les pays partenaires en vue de la mise en place d'un cadre réglementaire propre à garantir que les activités de capture, de transformation et de commercialisation des coentreprises constituées avec des partenaires originaires de l'Union ou d'autre pays soient menées de manière transparente, ne concurrencent pas le secteur artisanal local et contribuent aux objectifs de développement du pays concerné;

44.

accorde l'attention qu'il convient au rapport de la Cour des comptes qui fait observer que la sous-utilisation des tonnages de référence adoptés dans certains protocoles récents peut induire des coûts élevés; invite donc la Commission à éviter, dans la mesure du possible, tous coûts inutiles à la charge du budget de l'Union dans ce domaine;

45.

estime que le Parlement devrait jouer un rôle plus actif que dans la procédure actuelle d'approbation et insiste pour être immédiatement et pleinement informé aux différentes étapes des procédures relatives à la conclusion ou au renouvellement des APP, afin d'accroître la transparence et la responsabilité démocratique des protocoles;

46.

reconnaît l'importance de la dimension extérieure de la PCP dans la création d'emplois, tant dans l'Union que dans les pays partenaires, notamment en embauchant un équipage local au titre des accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable; invite, dans la mesure du possible, les navires de l'Union à décharger leurs prises dans les pays partenaires aux fins d'un premier traitement; demande l'inclusion d'instruments de protection des travailleurs et de garantie de conditions de travail décentes dans les réglementations européennes sur les questions relatives à la pêche (en particulier la convention no 188 de l'Organisation internationale du travail sur les conditions de travail dans la pêche), ainsi que dans les accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable, afin de garantir des conditions de travail, une rémunération, une protection des droits des travailleurs et des niveaux de formation identiques aux citoyens de l'Union et aux ressortissants de pays tiers;

47.

se félicite vivement des dispositions en matière de transparence contenues dans le dernier protocole avec la Mauritanie, au titre desquelles celle-ci s'engage à publier l'ensemble des accords conclus avec des États ou des entités privées qui accordent aux navires étrangers un accès à sa zone économique exclusive (ZEE) et demande instamment que ces dispositions relatives à la transparence figurent dans tous les accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable;

48.

se félicite vivement par ailleurs que le protocole conclu avec la Mauritanie donne à la flotte de l'Union un accès prioritaire aux stocks excédentaires de ce pays et encourage la Commission à promouvoir cet exemple dans la négociation des protocoles avec d'autres pays tiers, en tenant compte des hautes exigences de durabilité devant être respectées par la flotte de l'Union;

49.

encourage vivement la Commission à veiller à ce que des dispositions similaires soient intégrées dans les autres protocoles futurs, ce qui permettrait d'améliorer considérablement la transparence en ce qui concerne l'effort de pêche total et les conditions d'accès; demande que les informations sur les captures cumulées des navires de toutes les flottes autorisées à pêcher dans les eaux mauritaniennes et les conditions d'accès correspondantes soient accessibles au public;

50.

demande à la Commission, dans le cadre des organisations internationales dont elle est membre, d'encourager les autres pays tiers à publier également les conditions des autres accords qu'ils signent avec d'autres États ou entités privées, comme l'identité des navires autorisés à pêcher et leurs activités de même que leurs captures; exhorte également les pays tiers à respecter les résolutions des ORGP qui visent à promouvoir la transparence des accords de pêche;

51.

encourage les autres pays tiers à examiner les recommandations, les résolutions et les décisions des ORGP qui promeuvent la transparence des accords de pêche dans la ZEE concernée;

52.

estime que la Commission doit, dans les meilleurs délais, améliorer la transparence en créant une base de données portant sur l'ensemble des accords privés conclus pour le compte d'armateurs européens ou entre ces armateurs et des organismes ou des autorités locales ou régionales, voire des pays tiers, dès lors qu'ils prévoient un accès aux pêcheries de pays tiers, précisant notamment les conditions d'accès, la capacité autorisée des flottes, l'identité des navires et les activités de pêche qui en résultent, sachant que cette base de données doit relever du domaine public, sauf pour ce qui concerne les parties contenant des informations sensibles;

53.

relève que des armateurs signent avec les pouvoirs publics de pays tiers des accords privés qui ne relèvent pas de la politique commune de la pêche; craint que la Commission ne soit pas systématiquement informée de la conclusion de tels accords; s'inquiète du fait que cette situation puisse, dans certaines circonstances, déboucher sur une concurrence déloyale au détriment de communautés littorales vivant de la pêche dans des pays en développement ainsi que des armateurs européens dont les activités sont régies par des accords bilatéraux;

54.

estime que les navires pêchant au titre des dispositions d'un accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable, mais qui ne s'acquittent pas de leurs obligations, notamment de l'obligation de transmettre à l'État membre dont ils dépendent les informations exigées en vertu de leur autorisation de pêche, doivent être sanctionnés par les peines prévues dans le règlement instituant un régime de contrôle et dans le règlement INN, et se voir, le cas échéant, refuser une autorisation de pêche;

55.

juge regrettable que les estimations passées de la taille de la «flotte extérieure» se soient basées sur des définitions variables des types de navires à prendre en considération, étant donné que les estimations qui en découlent ne sont pas comparables, ce qui rend impossible l'analyse de la taille de la flotte et de son évolution dans le temps et compromet donc sévèrement la transparence; invite la Commission à mettre au point une définition de la flotte extérieure qui prenne en considération l'ensemble des navires qui opèrent en dehors des eaux de l'Union et qui tienne dûment compte des caractéristiques des accords conclus avec les pays du Nord, afin de pouvoir effectuer une comparaison historique;

56.

observe que, malgré le rôle joué par la commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM), les règles différentes s'appliquant aux flottes de l'Union et des pays tiers opérant dans les mêmes pêcheries ont gravement affecté les pêcheurs de l'Union; estime qu'il est nécessaire que l'Union concentre davantage d'efforts en Méditerranée, en coopérant plus étroitement avec les pouvoirs publics locaux, les organismes régionaux, les établissements scientifiques, les observatoires et les pôles nationaux dédiés à la pêche; estime que l'Union a un rôle à jouer dans la résolution des conflits opposant les navires en Méditerranée et demande à la Commission d'envisager d'aider et de prêter assistance aux pêcheurs qui sont souvent confrontés à des navires de pays tiers, et de mettre en place à cette fin une coopération étroite avec les pays de la rive sud de la Méditerranée;

57.

salue la publication récente des noms des navires battant pavillon de l'Union autorisés à pêcher en dehors des eaux de l'Union, et demande instamment que la Commission publie ces informations de manière systématique, notamment les données relatives à leurs activités et à leurs captures;

58.

note que la transparence est une condition préalable à toute consultation et à toute participation informée des acteurs de la pêche, en particulier des professionnels qui dépendent de la pêche pour assurer leur subsistance; estime que de telles formes de consultation et de participation devraient être encouragées dans les accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable, y compris pour ce qui est de la négociation des accords et protocoles, de leur mise en œuvre, de l'affectation et de l'utilisation des appuis sectoriels, du travail accompli dans le cadre des ORGP, ainsi que de la mise en place de projets de coopération au développement;

59.

relève que le règlement de base comprend une disposition qui oblige les navires qui sortent du fichier de la flotte de pêche de l'Union et qui le réintègrent ensuite à fournir des informations sur leurs activités avant leur réintégration; estime que cette obligation doit être renforcée en prévoyant que l'historique complet du pavillon des navires soit transmis à la Commission et intégré dans la base de données du fichier de la flotte de pêche de l'Union avant l'acceptation du navire dans le registre;

60.

reconnaît le travail accompli par l'Union dans la lutte contre la pêche INN qui met en péril les stocks halieutiques et représente une concurrence déloyale pour les pêcheurs exerçant légalement leur activité; reconnaît le rôle que joue le règlement INN dans la promotion d'une pêche durable dans le monde; estime que, grâce au rôle clé joué par l'Union en sa qualité de premier marché du monde pour le poisson, l'UE a les moyens de s'assurer du soutien d'autres pays, notamment de ceux avec lesquels elle a conclu des accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable, et de divers acteurs internationaux, afin d'adopter une démarche commune et de mettre en place un mécanisme mondial efficace pour lutter contre la pêche INN;

61.

encourage le développement d'un système international unique pour enregistrer tous les navires qui sillonnent les eaux internationales;

62.

affirme que le règlement INN doit être appliqué rigoureusement et de manière objective, transparente, non discriminatoire et harmonisée afin de promouvoir des conditions de concurrence équitables entre les flottes et les États, et exhorte la Commission et les États membres à agir dans ce sens; estime en outre que le règlement, s'il veut être couronné de succès, ne doit pas répondre aux besoins à court terme de la politique commerciale de l'Union ou être utilisé par des intérêts européens dans le domaine de la pêche comme un moyen d'améliorer la concurrence de façon déloyale;

63.

demande à la Commission d'envisager l'inclusion dans le règlement INN de dispositions relatives aux conditions de travail;

64.

souligne que les accords de partenariat dans le domaine de la pêche durable doivent également permettre d'assurer la traçabilité complète des produits de la pêche maritime;

65.

estime que les accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux négociés par l'Union doivent promouvoir des conditions durables sur le plan environnemental et justes sur le plan social pour la production de produits de la pêche dans les pays tiers concernés, grâce à l'utilisation de restrictions quantitatives et qualitatives adaptées concernant l'accès au marché de l'Union, afin de ne pas compromettre les progrès réalisés dans la lutte contre la pêche INN au moyen de ce règlement; estime en outre que ces conditions devraient être exigées pour la mise sur le marché européen de tout produit de la pêche ou dérivé de la pêche et qu'il convient d'empêcher l'entrée sur ce marché de tout produit de la pêche ou dérivé de la pêche qui ne respecte pas ces conditions ou les critères visant à protéger les consommateurs;

66.

estime que les consommateurs devraient être clairement informés des conditions économiques, sociales et environnementales applicables à la capture et au traitement des poissons;

67.

suggère que les dispositions des accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux doivent mentionner explicitement le règlement INN, notamment les normes qu'il prévoit; conseille à la Commission de proposer une interruption des relations commerciales avec des pays tiers ayant été recensés au titre de l'article 31 du règlement INN;

68.

invite instamment la Commission à prévoir dans le règlement INN fun mécanisme similaire au système expert de contrôle des échanges (TRACES) afin de vérifier et de contrôler par recoupement de données les certificats de capture et les navires, ou de fixer un pourcentage minimal de contrôle des importations de produits transformés;

69.

considère qu'il convient de publier des lignes directrices exhaustives et de suivre les efforts déployés par les pays avant reçu un carton jaune ou rouge;

70.

se félicite de l'inclusion des navires de pêche dans le mandat de l'opération Atalanta en tant que navires vulnérables et demande de continuer à soutenir et à protéger l'activité de la flotte de l'Union;

71.

estime que les négociations des Nations unies visant à définir un nouveau système de gouvernance internationale des océans au-delà des juridictions nationales doit avoir pour objectif de donner jour à un régime permettant d'étudier et d'exploiter les ressources des océans de façon équitable, prudente et durable, notamment en poursuivant les efforts de recensement des zones marines d'importance écologique ou biologique dans l'optique de mettre en place un réseau cohérent de zones maritimes protégées;

72.

rappelle qu'il incombe à la Commission, en sa qualité de gardienne des traités, de s'assurer que les États membres s'acquittent de leurs obligations de diligence raisonnable concernant les activités extérieures de leurs ressortissants et de leurs navires et que l'Union doit tenir compte de l'avis consultatif du Tribunal international du droit de la mer, qui l'assimile à un État du pavillon dans le cadre des accords de pêche bilatéraux;

73.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission.


(1)  JO L 354 du 28.12.2013, p. 22.

(2)  JO L 149 du 20.5.2014, p. 1.

(3)  JO C 419 du 16.12.2015, p. 175.

(4)  Avis consultatif du Tribunal international du droit de la mer du 2 avril 2015, en réponse à la demande soumise par la commission sous-régionale des pêches (CSRP): https://www.itlos.org/fileadmin/itlos/documents/cases/case_no.21/advisory_opinion/A21_AvisCons_02.04.pdf.


Mercredi 13 avril 2016

15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/102


P8_TA(2016)0119

Renouvellement de l'approbation de la substance active glyphosate

Résolution du Parlement européen du 13 avril 2016 sur le projet de règlement d'exécution de la Commission portant renouvellement de l'approbation de la substance active glyphosate, conformément au règlement (CE) no 1107/2009 du Parlement européen et du Conseil concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques, et modifiant l'annexe du règlement d'exécution (UE) no 540/2011 (D044281/01 — 2016/2624(RSP))

(2018/C 058/11)

Le Parlement européen,

vu le projet de règlement d'exécution de la Commission portant renouvellement de l'approbation de la substance active glyphosate, conformément au règlement (CE) no 1107/2009 du Parlement européen et du Conseil concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques, et modifiant l'annexe du règlement d'exécution (UE) no 540/2011 (D044281-01),

vu le règlement (CE) no 1107/2009 du Parlement européen et du Conseil du 21 octobre 2009 concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques et abrogeant les directives 79/117/CEE et 91/414/CEE du Conseil (1), et notamment son article 20, paragraphe 1,

vu les articles 11 et 13 du règlement (UE) no 182/2011 du Parlement européen et du Conseil du 16 février 2011 établissant les règles et principes généraux relatifs aux modalités de contrôle par les États membres de l'exercice des compétences d'exécution par la Commission (2),

vu l'article 7 du règlement (CE) no 178/2002 du Parlement européen et du Conseil du 28 janvier 2002 établissant les principes généraux et les prescriptions générales de la législation alimentaire, instituant l'Autorité européenne de sécurité des aliments et fixant des procédures relatives à la sécurité des denrées alimentaires (3),

vu les conclusions de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) sur l'examen collégial de l'évaluation des risques liés à la substance active glyphosate, utilisée en tant que pesticide (4),

vu la proposition de résolution de la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire,

vu l'article 106, paragraphes 2 et 3, de son règlement,

A.

considérant que le glyphosate est aujourd'hui l'herbicide systémique dont le volume de production est le plus élevé au monde; que son utilisation sur la planète a augmenté d'une manière spectaculaire, puisqu'elle a été multipliée par un facteur de 260 au cours des quarante dernières années, passant de 3 200 tonnes en 1974 à 825 000 tonnes en 2014 (5);

B.

considérant que le glyphosate est un herbicide non sélectif qui détruit tous les végétaux; que cette substance agit par interférence sur la voie métabolique de l'acide shikimique, un métabolisme qui caractérise également les algues, les bactéries et les champignons; que des expositions sublétales d'Escherichia coli et de Salmonella enterica sérotype Typhimurium aux formules commerciales du glyphosate ont entraîné une modification de la réaction aux antibiotiques;

C.

considérant que l'agriculture représente une proportion de 76 % de l'utilisation du glyphosate dans le monde; que cette substance est également abondamment employée dans la sylviculture, dans l'aménagement urbain et dans l'horticulture;

D.

considérant que la présence de glyphosate et/ou de ses résidus a été constatée dans l'eau, le sol, les denrées alimentaires, les produits non comestibles et le corps humain (notamment dans les urines et le lait maternel);

E.

considérant que l'ensemble de la population est exposée au glyphosate, essentiellement en raison de la proximité des habitats par rapport aux zones d'épandage de ce produit, en raison de son utilisation domestique et par l'alimentation; considérant que cette exposition augmente parallèlement à la hausse de l'utilisation du glyphosate; que les effets de ce produit et de ses coformulants les plus courants sur la santé humaine doivent être mesurés régulièrement;

F.

considérant que le règlement (CE) no 1107/2009 prescrit qu'une substance active ne peut être approuvée si elle figure ou doit figurer parmi les agents cancérogènes de catégorie 1A ou 1B, en vertu des dispositions du règlement (CE) no 1272/2008, sauf si l'exposition humaine à cette substance est négligeable ou s'il existe un danger phytosanitaire grave qui ne peut être maîtrisé par d'autres moyens disponibles;

G.

considérant qu'en mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le glyphosate parmi les substances «probablement cancérogènes pour l'homme» (groupe 2A), sur la base d'«indications limitées» de cancérogénicité observées sur des cas-témoins signalés, d'«indications suffisantes» de cancérogénicité sur l'animal de laboratoire, selon des études effectuées avec du glyphosate «pur», et d'«indications solides», relevées à l'analyse de données mécanistiques de génotoxicité et de stress oxydatif pour le glyphosate «pur» et les formulations de glyphosate;

H.

considérant que les critères qu'a utilisés le CIRC pour le groupe 2A sont comparables à ceux utilisés pour la catégorie 1B dans le règlement (CE) no 1272/2008;

I.

considérant toutefois qu'en novembre 2015, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a publié un examen par les pairs sur le glyphosate, dans lequel elle a abouti à la conclusion qu'il est improbable que cette substance constitue une menace cancérogène pour l'homme et que les données disponibles ne justifient pas sa classification parmi les substances au potentiel cancérogène au sens du règlement (CE) no 1272/2008;

J.

considérant que le règlement d'exécution (UE) no …/… de la Commission du XXX portant renouvellement de l'approbation de la substance active glyphosate, conformément au règlement (CE) no 1107/2009 du Parlement européen et du Conseil concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques, et modifiant l'annexe du règlement d'exécution (UE) no 540/2011 (ci-après le «projet de règlement d'exécution») propose, sur la base d'une évaluation scientifique réalisée par le BfR et l'EFSA, d'autoriser le glyphosate jusqu'au 30 juin 2031, soit pour la période maximale possible, pour tout usage, moyennant une restriction pour l'un de ses coformulants et l'élaboration, par les États membres, d'une liste des coformulants non autorisés dans les produits phytosanitaires, sans conditions d'utilisation contraignantes et sous réserve uniquement d'informations confirmatives quant à ses effets perturbateurs sur le système endocrinien;

K.

considérant que l'objectif du règlement (CE) no 1107/2009 consiste à «assurer un niveau élevé de protection de la santé humaine et animale et de l’environnement et à améliorer le fonctionnement du marché intérieur par l’harmonisation des règles concernant la mise sur le marché de produits phytopharmaceutiques, tout en améliorant la production agricole»;

L.

considérant que le texte du règlement (CE) no 1107/2009 précise également que ses dispositions «se fondent sur le principe de précaution afin d'éviter que des substances actives ou des produits mis sur le marché ne portent atteinte à la santé humaine et animale ou à l'environnement» et qu'«en particulier, les États membres ne sont pas empêchés d’appliquer le principe de précaution lorsqu’il existe une incertitude scientifique quant aux risques concernant la santé humaine ou animale ou l’environnement que représentent les produits phytopharmaceutiques devant être autorisés sur leur territoire»;

M.

considérant que l'article 13, paragraphe 2, du règlement (CE) no 1107/2009 précise que toute décision quant à l'approbation, la non-approbation ou l'approbation sous réserve d'une substance active doit s'appuyer sur le rapport d'examen de la Commission, sur «d'autres facteurs légitimes» et sur le «principe de précaution, quand les conditions définies à l'article 7, paragraphe 1, du règlement (CE) no 178/2002 s'appliquent»;

N.

considérant que l'article 7, paragraphe 1, du règlement (CE) no 178/2002 dispose que «[d]ans des cas particuliers où une évaluation des informations disponibles révèle la possibilité d'effets nocifs sur la santé, mais où il subsiste une incertitude scientifique, des mesures provisoires de gestion du risque, nécessaires pour assurer le niveau élevé de protection de la santé choisi par la Communauté, peuvent être adoptées, dans l'attente d'autres informations scientifiques en vue d'une évaluation plus complète du risque»;

O.

considérant que les conditions d'application du principe de précaution énoncées dans le règlement (CE) no 178/2002 sont clairement remplies, à en juger par la controverse autour des effets cancérogènes du glyphosate;

P.

considérant que l'article 14, paragraphe 2, du règlement (CE) no 1107/2009 dispose que «[l]e renouvellement de l'approbation [d'une substance active] est valable pour une période n'excédant pas quinze ans»; que, pour des raisons de sécurité, la période d'approbation devrait être proportionnelle aux éventuels risques inhérents à l'approbation des substances actives; que l'expérience acquise en ce qui concerne l'utilisation effective des produits phytopharmaceutiques contenant les substances concernées et tout progrès scientifique et technologique devraient être pris en considération chaque fois qu'une décision est arrêtée concernant le renouvellement d'une approbation;

Q.

considérant que le Médiateur européen, dans sa décision du 18 février 2016 dans l'affaire 12/2013/MDC sur les pratiques de la Commission européenne concernant l'autorisation et la mise sur le marché de produits phytopharmaceutiques (pesticides), a invité la Commission à revoir sa position vis-à-vis de la définition et de la mise en œuvre des mesures d'atténuation des risques (conditions et restrictions) afin d'y inclure davantage de critères destinés à veiller à ce qu'elle n'élude pas sa responsabilité de garantir la protection effective de la santé humaine et animale et de l'environnement en accordant aux États membres une marge de manœuvre quasiment absolue pour déterminer les mesures d'atténuation relatives aux substances potentiellement dangereuses, étant donné que les formulations standard sont très vagues et que rien ne garantit que la législation puisse les définir comme des substances qui nécessitent des mesures d'atténuation;

R.

considérant cependant que le projet de règlement d'exécution ne contient aucune mesure d'atténuation des risques légalement contraignante, alors qu'il a été démontré que la quasi-totalité des utilisations du glyphosate présentent des risques élevés à longue échéance pour les vertébrés terrestres, notamment les mammifères et les oiseaux; considérant que le glyphosate est un herbicide non sélectif qui ne détruit pas seulement les végétaux indésirables, mais tous les végétaux, de même que les algues, les bactéries et les champignons, et que ses effets sur la biodiversité et sur l'écosystème sont par conséquent inacceptables; considérant que le glyphosate ne satisfait donc pas à la condition énoncée à l'article 4, paragraphe 3, point e), sous-point iii), du règlement (CE) no 1107/2009;

S.

considérant que plusieurs États membres ont déjà pris des mesures de précaution pour protéger la santé publique et l'environnement; qu'afin d'instaurer le même degré de protection dans tous les États membres, l'approbation de substances actives doit être assortie de conditions d'utilisation contraignantes et claires applicables sur tout le territoire de l'Union;

T.

considérant que l'EFSA, à la demande de la Commission, a tenu compte, dans son évaluation, du rapport qu'a publié le CIRC, dans lequel le Centre a classé le glyphosate parmi les substances potentiellement cancérogènes pour l'homme; que l'évaluation de l'EFSA repose sur de multiples éléments, notamment une série d'études non évaluées par le CIRC, et que l'EFSA y voit une des raisons pour lesquelles elle est arrivée à des conclusions différentes;

U.

considérant que le chef de l'unité des pesticides de l'EFSA, qui était responsable de l'évaluation, a estimé que certaines études non évaluées par le CIRC étaient essentielles et déterminantes; considérant que l'EFSA a toujours refusé de rendre ces études publiques, au motif que leur publication serait préjudiciable à des intérêts commerciaux; considérant que ce refus empêche la réalisation d'un contrôle scientifique indépendant; considérant que l'EFSA n'a pas fourni de preuve vérifiable démontrant que la divulgation des études porterait atteinte à des intérêts commerciaux, comme le requiert pourtant l'article 63 du règlement (CE) no 1107/2009;

V.

considérant que l'article 4, paragraphe 2, du règlement (CE) no 1049/2001 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2001 relatif à l'accès du public aux documents du Parlement européen, du Conseil et de la Commission (6) dispose que «[l]es institutions refusent l'accès à un document dans le cas où sa divulgation porterait atteinte à la protection des intérêts commerciaux (…), à moins qu'un intérêt public supérieur ne justifie la divulgation du document visé»; considérant que la controverse entre le CIRC et l'EFSA autour d'un enjeu comme le cancer, extrêmement sensible pour l'opinion publique, ainsi que l'importance générale de la décision quant au renouvellement de l'approbation du glyphosate, à son non-renouvellement ou à son renouvellement conditionnel constituent indéniablement des motifs d'un intérêt supérieur qui justifient la divulgation des études;

W.

considérant qu'il existe non seulement des inquiétudes sérieuses quant à la cancérogénicité du glyphosate, mais aussi des doutes quant à ses effets perturbateurs possibles sur le système endocrinien; qu'il a été démontré que les formulations à base de glyphosate produisent de tels effets sur les lignées cellulaires humaines et qu'en l'absence de critères scientifiques horizontaux dignes de ce nom, on ne peut exclure que ce produit ait un mode d'action à médiation endocrinienne; considérant que la Commission diffusera d'ici août 2016 des normes servant à définir les perturbateurs endocriniens;

X.

considérant que l'EFSA s'est dite préoccupée par le fait que l'on ne puisse exclure que le glyphosate ait un mode d'action à médiation endocrinienne, étant donné que l'évaluation n'a pas pu être achevée en raison d'un manque de données; que, toutefois, le point 2.2 de l'annexe II du règlement (CE) no 1107/2009 prévoit que l'approbation d'une substance active est subordonnée au dépôt d'un dossier complet; que cet élément revêt une importance cruciale, étant donné que le règlement (CE) no 1107/2009 dispose qu'une substance active n'est approuvée que si elle n'est pas considérée comme ayant des effets perturbateurs endocriniens pouvant être néfastes pour l'homme, à moins que l'exposition de l'homme à cette substance active ne soit négligeable ou qu'il existe un danger phytosanitaire grave qui ne peut être maîtrisé par d'autres moyens disponibles;

Y.

considérant qu'il n'est pas approprié que la Commission traite de cette déficience majeure en se fondant sur des données confirmatives soumises après la décision sur le renouvellement de l'approbation, étant donné que la procédure relative aux données confirmatives ne devrait s'appliquer que dans certains cas exceptionnels, énoncés au point 2 de l'annexe II du règlement (CE) no 1107/2009, et ne devrait pas concerner des exigences de données qui existaient au moment de l'introduction de la demande;

Z.

considérant qu'au cours des deux dernières décennies, de nouveaux éléments se sont accumulés démontrant les effets néfastes du glyphosate, notamment le fait que plusieurs groupes de vertébrés étaient susceptibles de subir les effets de cette substance active, entre autres des dommages hépato-rénaux, et que l'action chélatante du glyphosate avait des retombées sur le bilan nutritif (7);

AA.

considérant qu'en juillet 2015, l'État membre rapporteur a fait part de son intention de déposer un dossier auprès de l'Agence européenne des produits chimiques relatif à la classification harmonisée du glyphosate au titre du règlement (CE) no 1272/2008, puisque cette agence est l'instance scientifique compétente pour la classification harmonisée des produits chimiques; considérant que ce dossier devait être déposé pour la fin mars 2016 et que le processus décisionnel devrait durer dix-huit mois;

AB.

considérant que le glyphosate est largement utilisé aux fins de la «dessiccation», c'est-à-dire pour tuer la plante cultivée préalablement à la récolte afin d'accélérer la maturation et de faciliter la récolte (pratique connue également sous le nom de «green burndown»); que cette pratique a non seulement des effets néfastes considérables sur la biodiversité, mais qu'elle conduit aussi typiquement à une augmentation considérable des niveaux de résidus présents dans les produits finaux récoltés et accroît ainsi l'exposition humaine par voie alimentaire (8); que cette pratique entraîne également une contamination de la paille des cultures traitées et que celle-ci ne peut donc être utilisée comme fourrage; qu'il est inacceptable, tant pour la protection de la santé humaine que de l'environnement, de recourir à un herbicide non sélectif à de telles fins;

AC.

considérant que la grande majorité des cultures génétiquement modifiées sont résistantes au glyphosate (9); que 56 % du glyphosate utilisé en 2012 dans le monde a été appliqué à des cultures génétiquement modifiées résistantes au glyphosate (10);

AD.

considérant qu'en 2015 et en 2016, le Parlement européen s'est opposé à quatre projets d'actes d'exécution différents de la Commission concernant la mise sur le marché de produits contenant des cultures génétiquement modifiées, consistant en de telles cultures ou obtenus à partir de celles-ci (11)  (12)  (13)  (14); que toutes ces cultures étaient génétiquement modifiées afin d'être résistantes au glyphosate; que trois de ces cultures étaient aussi génétiquement modifiées pour résister à un second herbicide, et qu'elles combinaient ainsi des résistances multiples;

AE.

considérant qu'il est établi que l'utilisation généralisée du glyphosate sur des cultures résistantes au glyphosate ces vingt dernières années a conduit au développement de mauvaises herbes résistantes, étant donné qu'il a été montré que l'utilisation répétée du glyphosate sans alternance suffisante des herbicides ou des pratiques de désherbage favorise fortement l'évolution de mauvaises herbes résistantes; qu'en réaction, les entreprises du secteur de la biotechnologie agricole rendent les cultures encore plus résistantes aux herbicides, à l'image de trois des quatre cultures génétiquement modifiées rejetées par le Parlement européen, pratique qui pourrait conduire à une augmentation de la multirésistance des mauvaises herbes (15); qu'une telle spirale toxique n'est pas viable;

AF.

considérant que des études ont montré que la lutte intégrée contre les organismes nuisibles basée sur la diversification des cultures, les régimes de travail du sol, les dates d'ensemencement et le sarclage mécanique permettent de réduire l'utilisation des herbicides tout en préservant le rendement des cultures et en étant plus durable et écologique, ce qui a des retombées bénéfiques importantes sur la biodiversité (16);

AG.

considérant que l'EFSA a relevé en 2015 que pour certains pesticides, dont le glyphosate, le nombre déclaré de déterminations de limites maximales de résidus (LMR) était très en dessous du nombre nécessaire pour formuler des conclusions statistiquement fiables; que, selon l'EFSA, les pays déclarants devraient étendre la portée des méthodes analytiques utilisées pour l'application des LMR pour garantir que le taux de détection et le taux de dépassement des LMR ne sont pas faussés par le faible nombre de déterminations ou l'absence de données de la part de certains pays (17);

AH.

considérant que le vote qui devait avoir lieu en mars 2016 au sein du comité permanent des produits phytopharmaceutiques sur le projet de règlement d'exécution portant renouvellement de l'approbation du glyphosate a été reporté;

AI.

considérant que l'organisme d'audit du Congrès des États-Unis (Government Accountability Office) a récemment formulé une recommandation à l'intention de l'administration américaine de l'alimentation et des médicaments (Food and Drug Administration) quant à l'évaluation des risques que posent les résidus du glyphosate sur la santé publique et quant à la divulgation de ces informations;

1.

est d'avis que le projet de règlement d'exécution de la Commission ne permet pas de garantir un niveau élevé de protection de la santé humaine et animale et de l'environnement, n'applique pas le principe de précaution et excède les compétences d'exécution prévues dans le règlement (CE) no 1107/2009;

2.

demande à la Commission de soumettre un nouveau projet de règlement d'exécution qui soit plus attentif à l'utilisation durable d'herbicides contenant du glyphosate; l'invite à recommander aux États membres, en particulier, de limiter ou d'interdire la vente de glyphosate à des utilisateurs non professionnels; lui demande de réaliser une étude, en collaboration avec des experts des États membres, destinée à évaluer l'utilisation de produits phytosanitaires par des non-professionnels, de formuler des propositions, d'élaborer des formations et des agréments pour les professionnels, de communiquer de meilleures informations sur l'utilisation du glyphosate et d'imposer des limites rigoureuses à l'utilisation de produits qui contiennent la substance active glyphosate avant les récoltes;

3.

demande à la Commission de renouveler l'approbation du glyphosate pour une période de sept ans; rappelle que le règlement (CE) no 1107/2009 permet à la Commission de retirer l'approbation d'une substance active pendant la période durant laquelle elle est autorisée si de nouvelles données scientifiques peuvent démontrer qu'elle ne remplit plus les critères d'approbation; invite la Commission et les États membres à accélérer leurs travaux sur la liste des coformulants non autorisés dans les produits phytopharmaceutiques; se réjouit de constater que l'utilisation de POE-tallowamine a été interdite dans les produits phytosanitaires contenant du glyphosate;

4.

prie en particulier la Commission de ne pas approuver une quelconque utilisation du glyphosate à des fins non professionnelles;

5.

prie en particulier la Commission de ne pas approuver une quelconque utilisation du glyphosate dans les parcs et jardins publics et dans les aires de jeux publiques, ou à proximité de ces endroits;

6.

prie en particulier la Commission de ne pas approuver une quelconque utilisation du glyphosate dans l'agriculture lorsque les systèmes intégrés de lutte contre les organismes nuisibles suffisent pour les opérations nécessaires de désherbage;

7.

demande à la Commission de réévaluer son approbation à la lumière du dossier actuellement soumis à l'Agence européenne des produits chimiques concernant la classification harmonisée du glyphosate au titre du règlement (CE) no 1272/2008;

8.

invite la Commission à lancer rapidement une étude indépendante de la toxicité globale et de la classification du glyphosate sur la base de toutes les données scientifiques disponibles, notamment celles relatives à sa cancérogénicité et à ses éventuels effets perturbateurs du système endocrinien, sur la base des critères scientifiques horizontaux qui devraient être fixés pour les perturbateurs endocriniens;

9.

prie la Commission et l'EFSA de divulguer sans délai toutes les données scientifiques qui ont servi à motiver la classification positive du glyphosate et le renouvellement de son approbation, car cette divulgation répond à un intérêt public supérieur; invite en outre la Commission à déployer tous les efforts nécessaires afin de faciliter la divulgation pleine et entière des données scientifiques utilisées dans le cadre du processus d'évaluation de l'Union;

10.

demande à la Commission qu'elle charge son Office alimentaire et vétérinaire de mesurer les résidus de glyphosate dans les denrées alimentaires produites dans l'Union et importées, et d'en assurer la surveillance;

11.

invite la Commission et les États membres à financer la recherche et l'innovation en matière de solutions viables et rentables visant à remplacer les pesticides afin de garantir un niveau élevé de protection de la santé humaine et animale et de l'environnement;

12.

estime qu'il est important, pour la confiance dans et entre les institutions européennes, que la Commission réserve à la présente résolution la suite qu'elle mérite;

13.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission, ainsi qu'aux gouvernements et aux parlements des États membres.


(1)  JO L 309 du 24.11.2009, p. 1.

(2)  JO L 55 du 28.2.2011, p. 13.

(3)  JO L 31 du 1.2.2002, p. 1.

(4)  http://www.efsa.europa.eu/en/efsajournal/pub/4302

(5)  http://enveurope.springeropen.com/articles/10.1186/s12302-016-0070-0.

(6)  JO L 145 du 31.5.2001, p. 43.

(7)  http://ehjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12940-016-0117-0

(8)  http://ehjournal.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12940-016-0117-0

(9)  http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26296738

(10)  http://enveurope.springeropen.com/articles/10.1186/s12302-016-0070-0

(11)  Résolution du Parlement européen du 16 décembre 2015 sur la décision d'exécution (UE) 2015/2279 du 4 décembre 2015 autorisant la mise sur le marché de produits contenant du maïs génétiquement modifié NK603 × T25 (MON-ØØ6Ø3-6 × ACS-ZMØØ3-2), consistant en ce maïs ou produits à partir de celui-ci, en application du règlement (CE) no 1829/2003 du Parlement européen et du Conseil (textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0456).

(12)  Résolution du Parlement européen du 3 février 2016 sur le projet de décision d'exécution de la Commission autorisant la mise sur le marché de produits contenant du soja génétiquement modifié MON 87705 × MON 89788 (MON-877Ø5-6 × MON-89788-1), consistant en ce soja ou produits à partir de celui-ci, en application du règlement (CE) no 1829/2003 du Parlement européen et du Conseil (textes adoptés de cette date, P8_TA(2016)0040).

(13)  Résolution du Parlement européen du 3 février 2016 sur le projet de décision d'exécution de la Commission autorisant la mise sur le marché de produits contenant du soja génétiquement modifié FG72 (MST-FGØ72-2), consistant en ce soja ou produits à partir de celui-ci, en application du règlement (CE) no 1829/2003 du Parlement européen et du Conseil (textes adoptés de cette date, P8_TA(2016)0038).

(14)  Résolution du Parlement européen du 3 février 2016 sur le projet de décision d'exécution de la Commission autorisant la mise sur le marché de produits contenant du soja génétiquement modifié MON 87708 × MON 89788 (MON-877Ø5-9 × MON-89788-1), consistant en ce soja ou produits à partir de celui-ci, en application du règlement (CE) no 1829/2003 du Parlement européen et du Conseil (textes adoptés de cette date, P8_TA(2016)0039).

(15)  http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26296738

(16)  http://ec.europa.eu/environment/integration/research/newsalert/pdf/herbicide_reduction_can_preserve_crop_yields_as_well_as_biodiversity_benefits_of_weeds_445na2_en.pdf

(17)  http://www.efsa.europa.eu/sites/default/files/scientific_output/files/main_documents/4038.pdf


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/109


P8_TA(2016)0120

L'Union européenne dans un environnement mondial en mutation — un monde plus connecté, plus contesté et plus complexe

Résolution du Parlement européen du 13 avril 2016 sur l'Union européenne dans un environnement mondial en mutation — un monde plus connecté, plus contesté et plus complexe (2015/2272(INI))

(2018/C 058/12)

Le Parlement européen,

vu l'article 3, paragraphes 1, 2 et 5, l'article 21, notamment son paragraphe 1, son paragraphe 2 h) et son paragraphe 3, deuxième alinéa, les articles 8, 22, 24, 25 et 26, l'article 42,notamment son paragraphe 7, et l'article 46 du traité sur l'Union européenne (traité UE),

vu l'article 222 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu la stratégie européenne de sécurité de 2003 (SES) et le rapport de 2008 relatif à sa mise en œuvre,

vu le rapport de la vice-présidente/haute représentante (VP/HR) intitulé «L'Union européenne dans un environnement mondial en mutation — Un monde plus connecté, plus contesté et plus complexe»,

vu la communication conjointe de la Commission et de la haute représentante relative à l'approche globale de l'Union à l'égard des crises et conflits extérieurs (JOIN(2013)0030),

vue la communication de la Commission sur «Le programme européen en matière de sécurité» (COM(2015)0185),

vu la communication conjointe de la Commission et de la haute représentante sur la «Révision de la politique européenne de voisinage» (JOIN(2015)0050),

vu sa résolution du 21 mai 2015 sur la mise en œuvre de la politique de sécurité et de défense commune (selon le rapport annuel du Conseil au Parlement européen sur la politique étrangère et de sécurité commune) (1),

vu sa résolution du 21 janvier 2016 sur la clause de défense mutuelle (article 42, paragraphe 7, du traité UE) (2),

vu les conclusions du Conseil européen des 19 et 20 décembre 2013 (EUCO 217/13) et des 25 et 26 juin 2015 (EUCO 22/15), ainsi que les conclusions du Conseil sur la PSDC du 18 mai 2015 (8971/15),

vu la décision du Conseil (PESC) 2015/1835 du 12 octobre 2015 définissant les statuts, le siège et les règles de fonctionnement de l'Agence européenne de défense (3),

vu la communication conjointe de la Commission et de la haute représentante sur «La stratégie de cybersécurité de l'Union européenne: un cyberespace ouvert, sûr et sécurisé» (JOIN(2013)0001),

vu la stratégie de l'Union européenne en matière de sécurité maritime, telle qu'adoptée par le Conseil de l'Union européenne le 24 juin 2014,

vu le concept stratégique de l'OTAN de 2010 et la déclaration de clôture du sommet de l'OTAN au pays de Galles en 2014,

vu sa résolution du 17 décembre 2015 sur le rapport annuel sur les droits de l'homme et la démocratie dans le monde en 2014 et la politique de l'Union européenne en la matière (4),

vu le cadre stratégique et le plan d'action de l'Union européenne en faveur des droits de l'homme et de la démocratie, adoptés par le Conseil des affaires étrangères le 25 juin 2012,

vu sa résolution du 17 décembre 2015 intitulée "Exportations d'armements: mise en œuvre de la position commune 2008/944/PESC (5),

vu le programme de développement durable à l'horizon 2030, tel qu'adopté par l'assemblée générale des Nations Unies en septembre 2015, et l'accord de Paris sur le changement climatique,

vu la lettre de la commission du commerce international,

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires étrangères et l'avis de la commission du développement (A8-0069/2016),

A.

considérant que bon nombre des défis et menaces, actuels et futurs, auxquels est confrontée l'Union européenne sont complexes et interreliés, sont le fait d'acteurs étatiques et non étatiques et trouvent leur source tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des frontières communes; qu'il est nécessaire de mettre en liaison les contextes locaux, régionaux et mondiaux; qu'une volonté politique forte et un leadership pour une action commune résolue de la part de l'Union et de ses États membres sont nécessaires pour répondre en amont, collectivement et efficacement à ces défis, préserver les valeurs et le modèle de société de l'Union et faire de l'Europe tant un acteur efficace pouvant se targuer d'une stratégique mieux définie qu'un contributeur à la sécurité internationale; considérant que la stratégie globale de l'Union concernant les questions de politique étrangère et de sécurité doit ouvrir la voie à cette évolution en définissant le niveau d'ambition politique de l'Union sur la scène internationale;

B.

considérant que l'Union européenne doit prendre toute la mesure de la dégradation de son environnement stratégique immédiat et de ses conséquences à long terme; considérant que la multiplication et la simultanéité des crises, qui ont des conséquences de plus en plus immédiates sur le territoire même de l'UE, signifient qu'aucun État membre ne peut y répondre seul et que les Européens doivent exercer leurs responsabilités collectivement pour assurer leur sécurité;

C.

considérant que les menaces recensées dans la stratégie européenne de sécurité de 2003 — terrorisme, armes de destruction massive, conflits régionaux, États en déliquescence et criminalité organisée — restent pour l'essentiel d'actualité; qu'aujourd'hui, l'Union est confrontée à un certain nombre de défis supplémentaires, graves et inédits, tels que les tentatives de révisionnisme visant à redessiner les frontières par la force et à remettre en cause, en infraction avec le droit international, un ordre mondial fondé sur des règles, le changement climatique, la croissance économique au ralenti, les vastes flux migratoires et de réfugiés, et la plus importante crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale, auxquels s'ajoutent les évolutions technologiques dans les domaines de la recherche spatiale et de la cybernétique, la criminalité financière, la prolifération nucléaire et la course aux armements, la guerre hybride et asymétrique et les menaces en la matière;

D.

considérant que l'architecture de sécurité européenne se fonde sur l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE); que l'Union européenne est un acteur majeur de l'OSCE;

E.

considérant, à la lumière de la détérioration de la sécurité régionale, que l'Union doit en priorité stabiliser son voisinage immédiat, sans toutefois renier ses engagements internationaux; que les crises sécuritaires aux portes de l'Union sont aggravées et façonnées par des tendances mondiales, et, qu'à l'inverse, une gestion efficace de la sécurité régionale est une condition sine qua non de l'action de l'Union à l'international;

F.

considérant que le Conseil européen a chargé, le 26 juin 2015, la haute représentante de poursuivre le processus de réflexion stratégique en vue de préparer une stratégie globale de l'Union concernant les questions de politique étrangère et de sécurité, en étroite coopération avec les États membres, qui sera soumise au Conseil européen en juin 2016;

G.

considérant qu'une réponse rapide et efficace de l'Union aux menaces exige de surmonter les obstacles et d'en finir avec la culture du cloisonnement tant dans les institutions que dans les représentations à l'étranger du Service européen pour l'action extérieure (SEAE) et des États membres, tout en veillant à allouer des ressources budgétaires suffisantes et flexibles pour la réalisation des intérêts de l'Union; qu'une stratégie européenne efficace requiert avant tout une forte volonté politique et un sens du bien commun partagés par les États membres en vue d'élaborer et de mettre en œuvre de véritables instruments européens;

H.

considérant que les différents types de menaces visant chacun des États membres doivent être considérés comme des menaces à l'encontre de l'Union dans son ensemble, exigeant ainsi une unité et une solidarité renforcées entre les États membres et une politique étrangère et de sécurité commune cohérente;

I.

considérant que l'approche globale et l'utilisation cohérente et coordonnée des instruments de politique extérieure et intérieure devraient être au cœur de la nouvelle stratégie; que les exportations d'armes de l'Union ne peuvent pas être considérées comme allant dans les intérêts de sécurité directs de l'UE et que la position commune 2008/944/PESC devrait être prise en compte dans le cadre de l'élaboration d'une stratégie globale de l'Union; que l'Union a pour objectif premier de promouvoir ses valeurs en encourageant ainsi la paix, la sécurité et le développement durable de la Terre, la solidarité et le respect réciproque des peuples; ces objectifs fondamentaux ne doivent pas être négligés quand l'Union mène des actions en vue d'appliquer ses politiques intérieure et étrangère; considérant que lorsque l'Union agit pour promouvoir ses intérêts commerciaux, elle doit toujours tout mettre en œuvre pour garantir la cohérence de ses actions avec la poursuite de ses objectifs liés au maintien de la paix et à la protection des droits de l'homme;

J.

considérant que l'UE, dans un environnement international aussi volatile et aléatoire, doit disposer d'une autonomie stratégique lui permettant d'assurer sa sécurité et de promouvoir ses intérêts et ses valeurs;

K.

considérant que la sécurité humaine doit être au cœur de la stratégie globale de l'Union et que la dimension hommes-femmes de la sécurité et la résolution 1325 du conseil de sécurité des Nations Unies doivent être pleinement prises en compte;

L.

considérant que l'UE s'est fixé comme objectif, depuis l'adoption de la stratégie européenne de sécurité de 2003, un ordre international fondé sur un multilatéralisme efficace et des règles de droit international;

M.

considérant que la nouvelle stratégie doit être en phase avec le programme de développement durable à l'horizon 2030;

N.

considérant que la future stratégie devrait être suivie par des rapports de mise en œuvre annuels et englober les objectifs suivants qui devraient être davantage précisés dans le cadre de «sous-stratégies» énonçant des dispositions spécifiques pour les différents domaines d'action;

Défendre l'Union européenne

1.

fait observer que l'Union européenne a pour but de préserver la paix, de sauvegarder ses valeurs et de promouvoir le bien-être de ses peuples en garantissant la sécurité de ses citoyens et de son territoire; souligne que l'action extérieure de l'Union est guidée par les principes énoncés à l'article 21 du traité UE; fait observer que l'Union doit donc garantir sa résilience tant interne qu'externe, sa capacité à anticiper, prévenir et résoudre les défis et menaces prévisibles (en étant prête à prendre des mesures rapides face aux défis et menaces imprévisibles) ainsi que sa capacité à récupérer de différents types d'attaques, tout en préservant parallèlement sa sécurité d'approvisionnement en énergie et en matières premières et en tenant compte pour ce faire des effets du changement climatique auxquels il convient d'apporter une réponse de toute urgence, sachant que l'Union joue un rôle de premier plan dans la lutte mondiale contre le changement climatique et dans l'aide au développement durable;

2.

est convaincu que pour faire face à un environnement mondial en mutation, la stratégie de l'UE doit s'articuler autour de:

a.

l'identification et la hiérarchisation des menaces et des défis;

b.

la définition des réponses à y apporter;

c.

la détermination des moyens à y consacrer;

3.

souligne que les frontières de chaque État membre sont les frontières de l'Union et doivent être défendues en tant que telles;

4.

est d'avis que l'Union, en tant qu'acteur mondial, a un rôle clé à jouer pour faire respecter les principes consacrés par le droit international en matière de droits de l'homme, notamment les principes d'universalité et d'indivisibilité des droits de l'homme; estime dès lors que les droits de l'homme doivent être intégrés de façon pertinente dans la nouvelle stratégie globale en vue de la mise en œuvre pleine et entière du cadre stratégique de l'Union, des orientations dans le domaine des droits de l'homme à l'échelle de l'Union et du plan d'action en faveur des droits de l'homme et de la démocratie; souligne à cet égard l'importance de consulter systématiquement la société civile de l'Union, des États membres et des pays tiers afin que l'expérience et l'expertise des professionnels et des militants des droits de l'homme puissent servir de base à l'élaboration d'une politique étrangère et de sécurité de l'Union plus ciblée; invite l'Union européenne et ses États membres à garantir que la politique étrangère de l'Union privilégie une approche stratégique en matière de droits de l'homme, qui mette l'accent sur les actions et les réalisations concrètes et traduise la cohérence de l'engagement de l'Union en matière de droits de l'homme dans différents pays et différentes régions, indépendamment des aspects liés à la sécurité, à la politique étrangère, au commerce, à l'énergie et à l'aide ou d'autres préoccupations;

5.

estime qu'il est crucial d'identifier les véritables intérêts partagés de la politique étrangère de l'ensemble des 28 États membres de l'Union dans toutes les régions du monde et dans tous les domaines politiques pertinents; souligne par ailleurs que le fait de rendre ces intérêts partagés visibles renforcerait déjà en soi et de manière significative l'Union européenne en tant qu'acteur sur la scène internationale; invite la VP/HR à confier au SEAE la tâche de recenser ces intérêts spécifiques et de contribuer à la définition des objectifs stratégiques et opérationnels qui pourraient directement conduire à des résultats concrets;

6.

estime que les États-Unis sont le principal partenaire stratégique de l'Union; fait observer que l'Union et ses États membres doivent être plus unis et préparés à assumer une plus grande responsabilité dans le cadre leur sécurité collective et de la défense de leur territoire en s'appuyant moins sur les États-Unis, notamment dans les pays du voisinage de l'Europe; souligne que l'alliance transatlantique doit demeurer un pilier essentiel du système mondial fondé sur des règles; invite donc l'Union et les États membres à améliorer leurs capacités de défense, afin d'être en mesure de répondre à la large palette de menaces et de risques civils, militaires et hybrides, en synergie avec l'OTAN et en utilisant pleinement les dispositions du traité de Lisbonne concernant la politique de sécurité et de défense commune (PSDC);

7.

prie donc instamment l'Union d'intensifier la coopération cohérente et structurée sur la recherche en matière de défense, la base industrielle et la cyberdéfense, par la mutualisation et le partage ainsi que par le déploiement de divers projets coopératifs, et ce en vue d'utiliser plus efficacement les budgets nationaux de la défense dans l'optique d'atteindre l'objectif collectif de consacrer 2 % des dépenses de défense au financement de la recherche et de mettre en place, dans le cadre de la défense, un programme de recherche technologique financé par l'Union au titre du prochain cadre financier pluriannuel (CFP); estime que le rôle de l'Agence européenne de défense (AED) doit être renforcé et ses ressources accrues pour lui permettre d'agir plus efficacement; estime également que les États membres doivent prendre davantage de responsabilités pour mettre en place les capacités européennes qui font cruellement défaut, contribuer à l'autonomie stratégique de l'Union, augmenter les dépenses de recherche de l'Union dans le domaine militaire en mobilisant l'AED et développer tant la base industrielle et technologique de défense européenne (BITDE) que le marché européen de la défense; demande une utilisation plus transparente et responsable des budgets de la sécurité et de la défense des États membres; invite également les États membres à veiller à ce que des moyens appropriés soient mis à disposition pour accomplir les tâches visées à l'article 43 du traité UE, notamment pour les missions de maintien de la paix des Nations unies; estime par ailleurs qu'il convient d'améliorer les échanges entre les services européens de renseignement et de mettre en place une véritable capacité européenne de renseignement assortie de mécanismes de contrôle appropriés;

8.

appelle la VP/HR à se saisir du manque de clarté concernant la clause de défense mutuelle contenue à l'article 42, paragraphe 7, du traité UE, à en définir les lignes directrices ainsi que les modalités de sa mise en œuvre afin de permettre aux États membres d'être réactifs lorsque celle-ci est invoquée;

9.

critique vivement la Commission pour ne pas avoir mené à bien dans les délais impartis les tâches que lui avait confiées le Conseil européen en 2013 concernant la feuille de route prévue pour un régime global en matière de sécurité d'approvisionnement applicable dans l'ensemble de l'UE, le livre vert prévu sur le contrôle des capacités industrielles touchant à la défense et à des questions de sécurité sensibles ainsi que les «ventes entre gouvernements» dans le secteur de la défense;

10.

prend acte de la décision (PESC) 2015/1835 du Conseil du 12 octobre 2015; demande à la VP/HR, en sa qualité de chef de l'Agence européenne de défense, d'informer le Parlement de la manière dont cette décision du Conseil reflète la demande, maintes fois exprimée, du Parlement demandant le renforcement de l'EDA en finançant la dotation en personnel et les frais de fonctionnement de l'Agence par l'intermédiaire du budget de l'Union;

11.

estime que l'un des principaux objectifs devrait être de s'orienter vers une mutualisation permanente des unités militaires multinationales, vers des forces de défense communes et vers la définition d'une politique de défense commune qui conduira à terme à une défense européenne commune; demande à cet effet la mise en place d'un quartier général militaire permanent de l'Union européenne pour améliorer la capacité de gestion des crises militaires, assurer la planification d'urgence et l'interopérabilité des forces et du matériel; invite les États membres à renforcer la coopération de la défense collective, au niveau bilatéral ou en groupements régionaux; soutient donc l'adoption d'un Livre blanc sur la défense de l'UE, fondé sur la stratégie globale de l'Union;

12.

estime que l'activation actuelle de l'article 42, paragraphe 7, du traité UE devrait servir de catalyseur pour libérer le potentiel de toutes les dispositions du traité liées à la sécurité et à la défense;

13.

fait observer l'importance cruciale de renforcer la coopération entre l'Union et l'OTAN, ce qui devrait garantir la coordination des opérations, et plaide pour la mise en place de capacités européennes qui viennent renforcer celles de l'OTAN dans la défense territoriale et qui soient en mesure de mener des opérations d'intervention de manière autonome au-delà des frontières de l'Union; souligne que la PSDC devrait venir consolider le pilier européen de l'OTAN et veiller à ce que les membres européens de l'OTAN respectent effectivement leurs engagements vis-à-vis de l'OTAN; suggère d'associer les concepts de groupes tactiques de l'Union européenne et de forces d'intervention de l'OTAN; rappelle que les contributions militaires devraient être fondées sur le principe de solidarité entre les États membres de l'Union européenne;

14.

souligne que le contrôle des exportations d'armements fait partie intégrante de la politique étrangère et de sécurité de l'Union et qu'il doit reposer sur les principes inscrits à l'article 21 du traité UE, notamment la promotion de la démocratie et de l'état de droit, la préservation de la paix, la prévention des conflits et le renforcement de la sécurité internationale; rappelle qu'il est fondamental de veiller à la cohérence entre les exportations d'armements et la crédibilité de l'Union dans son rôle de défenseur mondial des droits de l'homme; est profondément convaincu qu'une mise en œuvre plus efficace des huit critères de la position commune ferait progresser de manière significative l'élaboration de la stratégie globale de l'Union européenne;

15.

invite les États membres à respecter la position commune sur les exportations d'armes et à cesser le commerce des armes avec les pays tiers qui ne remplissent pas les critères énoncés;

16.

est favorable à un approfondissement de la bonne gouvernance dans des domaines communs globaux tels que la mer, l'air, l'espace et le cyberespace;

17.

constate que le rôle que la technologie joue dans nos sociétés est en croissance et que la politique de l'Union européenne doit répondre aux changements rapides intervenant dans les développements technologiques; souligne à cet égard le rôle fondamental d'autonomisation que l'internet et les technologies peuvent jouer dans le développement, la démocratisation et l'émancipation des citoyens à travers le monde, et souligne donc il est important que l'Union travaille à promouvoir et à préserver l'internet libre et ouvert et à protéger les droits numériques;

18.

souligne que l'impact des technologies devrait également se refléter dans la stratégie globale ainsi que dans les initiatives de cybersécurité, sachant que l'amélioration de la situation des droits de l'homme devrait, s'il y a lieu, être au cœur de toutes les politiques et programmes concernés de l'Union européenne, et en constituer un volet à part entière, pour ainsi faire progresser la protection des droits de l'homme, la promotion de la démocratie, la primauté du droit et la bonne gouvernance, ainsi que la résolution pacifique des conflits;

Stabiliser le voisinage de l'Europe au sens large

19.

estime que, pour être plus efficace et crédible en tant qu'acteur mondial, l'Union devrait s'engager plus avant et se consacrer à combler le déficit de sécurité dans son voisinage immédiat et plus large et à créer des conditions pour la stabilité et la prospérité, fondées sur l'état de droit et le respect des droits de l'homme, ce qui implique obligatoirement de s'attaquer aux causes profondes des guerres et des conflits actuels, des flux migratoires et de la crise des réfugiés;

20.

est convaincu que l'Union devrait être plus engagée dans la désescalade diplomatique, en particulier dans les pays de son voisinage méridional; estime que la nouvelle stratégie devrait prévoir tant des instruments permettant à l'Union européenne de s'inspirer du récent accord nucléaire iranien et de promouvoir davantage la confiance, que divers accords régionaux en matière de sécurité, ces instruments pouvant également se fonder sur les expériences que l'Europe a tirées des organisations de sécurité régionale, telles que la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE), ou de certains accords tels que l'acte final d'Helsinki;

21.

est d'avis que, pour renforcer la stabilité et la paix, promouvoir la sécurité humaine, l'état de droit, le respect des droits de l'homme et la démocratisation, l'Union européenne devrait tenir ses engagements en matière d'élargissement et d'intégration, en se fondant sur des politiques à même de relancer la croissance économique et de favoriser des sociétés plurielles, et continuer à coopérer avec les pays très étroitement associés dans le cadre de la révision récente de la politique européenne de voisinage (PEV); rappelle que, conformément à l'article 49 du traité UE, tout État européen peut poser sa candidature pour devenir membre de l'Union européenne, sous réserve de se conformer aux critères de Copenhague, établis et non négociables, et de respecter les principes démocratiques, les libertés fondamentales, les droits de l'homme et les droits des minorités, ainsi que de l'état de droit; estime que l'Union doit maintenir en tout temps un engagement cohérent et conforme à la fois dans son voisinage oriental et méridional;

22.

estime que la gestion de l'actuelle crise des réfugiés passe par une approche européenne globale et par le déploiement urgent d'une action concertée, en faisant appel aux instruments de politique intérieure et extérieure; plaide en faveur d'une stratégie à long terme et d'une gestion durable des politiques d'asile, de migration et de réadmission sur la base de principes communs et de la solidarité et en ayant le souci de promouvoir les droits de l'homme et la sécurité des personnes; demande le renforcement du système Schengen, du corps européen de gardes-frontières et de gardes-côtes ainsi que de Frontex; dans ce contexte, demande à la Commission de proposer des solutions efficaces et durables; estime qu'à cet égard, l'Union devrait promouvoir une approche plus pragmatique et plus complète de l'aide destinée à l'Afrique, au Moyen-Orient ainsi qu'aux pays et régions fragiles et touchés par des conflits;

23.

estime que la diplomatie multilatérale inclusive, sous la coordination et la direction de la VP/HR, est un instrument essentiel à la résolution des conflits et à la gestion des crises, tant dans les pays du voisinage que dans le monde entier; souligne qu'il y a lieu de renforcer la direction stratégique, la cohérence et les synergies positives entre les politiques toujours plus étroitement liées relevant de d'action extérieure et les politiques intérieures au niveau de l'Union, au sein des États membres, ainsi qu'entre le SEAE et la Commission;

Renforcer la gouvernance multilatérale mondiale

24.

estime que l'Union a vocation à être un acteur mondial constructif et solide de dimension régionale, doté des moyens civils et militaires nécessaires, et à être un «décideur» qui œuvre pour des règles efficaces de gouvernance multilatérale mondiale et s'emploie à asseoir cette gouvernance, afin de renforcer la démocratie, la bonne gouvernance, l'état de droit et les droits de l'homme; souligne que la PSDC est un instrument essentiel pour prévenir et résoudre les crises;

25.

invite les institutions de l'Union et les États membres à poursuivre l'approche globale / coordonnée / intégrale dans le cadre de leur action extérieure et à tenir compte du lien indissoluble entre la sécurité intérieure et extérieure; invite à cet égard l'Union européenne à développer des synergies entre la sécurité, le développement, le commerce, les droits de l'homme, les activités de promotion de la démocratie, et l'action extérieure de l'Union, et à inscrire ces politiques dans le cadre de sa stratégie mondiale; insiste sur la nécessité de poursuivre les objectifs relatifs à la non-prolifération, à la promotion de la paix et au respect des droits de l'homme, même quand l'Union mène une action à caractère commercial;

26.

rappelle le rôle de plus en plus important que la sécurité énergétique jouera dans le développement interne de l'Union ainsi que dans les relations entre celle-ci et ses partenaires locaux, régionaux et internationaux; appelle de ses vœux une mise en œuvre complète et rapide des cinq piliers de l'Union de l'énergie; estime que, stratégiquement, l'Union a intérêt a doter la Commission de compétences lui permettant de négocier et de cosigner l'ensemble des contrats d'approvisionnement en énergie provenant de pays tiers et de production d'énergie dans les pays tiers;

27.

attire l'attention sur la nécessité d'une volonté politique, dans les États membres, de faire preuve de plus de flexibilité dans les questions relatives à la PSDC afin de créer une véritable dynamique dans ce domaine; soutient la création d'une formation du Conseil des ministres consacrée à la défense et le principe de réunions régulières du Conseil européen sur le thème de la défense; exhorte les États membres volontaires à mettre en place une coopération structurée permanente (CSP) en matière de défense; souligne, à cet égard, la nécessité de surmonter les obstacles structurels liés notamment à l'évaluation des besoins, aux capacités (civiles et militaires) et au financement commun; estime que les recours à la coopération structurée permanente en matière de défense (CSPD) ainsi qu'à l'article 44 du traité UE constituent les voies institutionnelles les plus adaptées pour faire progresser de façon réaliste cette politique commune;

28.

soutient le principe selon lequel les États membres de l'Union doivent s'engager à consacrer 2 % de leur PIB aux dépenses en matière de défense d'ici à 2024, afin d'atteindre les capacités civiles et militaires nécessaires et appropriées pour concrétiser les objectifs de la PESC et de PSDC, en renforçant les économies d'échelle permises par le codéveloppement et la coopération et en réduisant les disparités entre les États membres;

29.

insiste sur le fait que le renforcement de la coopération avec les acteurs mondiaux et régionaux sur les menaces et les défis mondiaux est nécessaire pour atteindre un ordre mondial fondé sur des règles; estime qu'un partenariat avec les acteurs régionaux intéressés autour de certains problèmes sectoriels permet de partager les valeurs européennes et de contribuer à la croissance et au développement; rappelle que les menaces mondiales ont souvent des causes locales et que, dès lors, la participation d'acteurs locaux est nécessaire pour les éliminer; note que l'établissement de relations plus étroites avec des acteurs non étatiques, des autorités locales et régionales et la société civile est également essentiel pour garantir une approche d'ensemble des défis globaux que sont notamment le changement climatique et le terrorisme, et que la façon dont l'Union noue et définit les partenariats doit être réexaminée afin de renforcer le sentiment d'appropriation des partenaires et de consolider l'intégration d'une approche multilatérale;

30.

souligne que le dialogue avec les acteurs mondiaux et régionaux de premier plan — États, organisations ou institutions — doit s'articuler autour des principes fondamentaux et des intérêts stratégiques de l'Union, autour du respect du droit international ainsi qu'autour des objectifs et des intérêts identifiés en commun, en tenant compte pour ce faire du poids stratégique des intéressés et de leur contribution éventuelle à la lutte contre les menaces dans le monde et à la réponse apportée aux enjeux; estime que les projets stratégiques dédiés à la connexité peuvent jouer un rôle central dans l'établissement de relations fortes et durables avec les principaux partenaires de l'Europe;

31.

demande un renforcement du dialogue avec les autorités et les structures régionales pour continuer à favoriser des synergies durables dans le domaine de la paix, de la sécurité, de la prévention des conflits et de la gestion des crises, ainsi qu'un accroissement de l'aide apportée aux pays qui sont soumis à une forte pression en raison des crises régionales, notamment une politique de coopération visant à mettre en place des institutions stables et résilientes et à instaurer une société sans exclusive qui sache tirer partir du commerce et des accords sectoriels pour promouvoir la sécurité, la stabilité et la prospérité tout en poursuivant des stratégies régionales globales;

32.

déplore la capacité toujours plus grande des régimes autocratiques et répressifs à affaiblir ou à mettre en péril les droits de l'homme, le développement, la démocratie et la mise en place d'une société civile active; exhorte la VP/HR à s'attaquer à cette tendance négative globale dans le cadre de la stratégie globale;

33.

constate que la prospérité de l'Union est déterminée par sa capacité de rester innovante et compétitive ainsi que de tirer profit d'une économie mondiale dynamique; estime que l'Union doit faire usage de tous ses outils politiques de façon cohérente pour créer les conditions extérieures favorables à la croissance durable de l'économie européenne; est d'avis que l'Union doit s'affirmer comme un acteur actif et engagé qui promeut un commerce libre et équitable, l'investissement, des voies commerciales sûres et un accès accru au marché partout dans le monde en préservant par ailleurs la stabilité du système financier mondial en misant sur des normes de régulation et de gouvernance;

34.

constate qu'afin d'atteindre les objectifs précités, l'Union doit développer sa coopération avec les Nations unies réformées et se positionner pour influencer et orienter dans les enceintes mondiales les actions concernant la gouvernance des domaines où les intérêts stratégiques et la sécurité de l'Union sont en jeu; fait observer que l'Union doit approfondir ses partenariats avec divers acteurs mondiaux et régionaux stratégiques, redynamiser ses partenariats stratégiques, notamment avec les acteurs non étatiques, en vue d'en faire des instruments politiques efficaces; est d'avis que l'Union doit également renforcer la diplomatie européenne, développer ses capacités opérationnelles pour prévenir les conflits, soutenir la démocratie et la paix, gérer les crises, construire des alliances par la médiation et le dialogue, et promouvoir l'autonomisation de la société civile; invite à renforcer la coopération entre l'Union européenne et les Nations unies ainsi qu'entre l'Union européenne et l'Union africaine dans le cadre des opérations de soutien de la paix; souligne que les approches en termes de résolution de conflits devraient être intégrées autant que possible dans les solutions multilatérales convenues, en tenant dûment compte des dimensions multiples que de telles interventions doivent couvrir en termes de maintien et de renforcement de la paix, de développement durable, de lutte contre les causes profondes de la migration et de respect des droits de l'homme;

35.

rappelle le rôle essentiel que joue l'Union en matière d'aide au développement et demande aux États membres d'honorer leurs engagements visant à consacrer 0,7 % de leur PIB à l'aide publique au développement; demande à l'Union de promouvoir une approche plus pragmatique de l'aide en favorisant le recours à l'appui budgétaire; appelle les États membres à tout mettre en œuvre pour atteindre les objectifs du développement durable;

36.

souligne qu'il ne peut y avoir de développement sans sécurité, ni de sécurité sans développement; met l'accent sur le fait que la politique de développement de l'Union doit dès lors constituer un volet essentiel de la stratégie globale de l'UE en matière de politique étrangère et de sécurité;

37.

se félicite du fait que la nouvelle stratégie globale de l'Union concernant les questions de politique étrangère et de sécurité ait une portée générale, ait vocation à assurer la cohérence entre les politiques intérieure et extérieure et soit destinée à améliorer la coordination entre les institutions et avec les États membres; rappelle que les traités consacrent l'obligation de respecter le principe de cohérence des politiques au service du développement pour éviter les contradictions entre les politiques, axées ou non sur le développement, qui ont une incidence sur les pays en développement; invite donc les États membres et la Commission à mettre en place et à renforcer les mécanismes de coordination tant entre les divers ministères et qu'au sein du collège des commissaires dans son ensemble, et à associer davantage les parlements nationaux à la cohérence des politiques au service du développement; demande que l'Union européenne s'emploie plus vigoureusement à mettre en place un mécanisme de coordination permettant de discerner les effets possibles de l'action menée sur les objectifs du développement, d'intégrer en amont la composante du développement dans les initiatives et d'instaurer une logique de mesure plus systématique des effets produits et des progrès réalisés dans le domaine de la cohérence des politiques au service du développement; réclame à cet égard l'instauration de voies de recours efficaces pour les victimes lorsque les juridictions nationales ne sont manifestement pas en mesure de gérer l'incidence des actions menées par les entités étrangères;

38.

se félicite du fait que le nouveau programme de développement durable à l'horizon 2030 tienne compte de l'articulation entre la paix et le développement et qu'il comporte l'objectif de développement durable no 16 relatif à la paix et à la justice; demande à l'Union et aux États membres d'accorder notamment une attention privilégiée aux activités touchant à la réalisation de l'objectif de développement durable no 16 (droits de l'homme, bonne gouvernance, paix et renforcement de la démocratie) et de veiller à ce qu'elles constituent les secteurs prioritaires des programmes indicatifs nationaux au titre de la programmation de la coopération au développement;

39.

appelle de ses vœux la révision du consensus européen pour le développement, y voyant un moyen utile de concourir à l'établissement d'une stratégie globale de l'Union modernisée et cohérente; souligne que cette révision doit prendre en compte les nouveaux enjeux mondiaux, aborder la mise en œuvre par l'Union des objectifs de développement durable et réaffirmer les valeurs fondamentales que sont notamment le respect des droits de l'homme, notamment des groupes vulnérables que sont les jeunes filles, les femmes et les personnes handicapées, la démocratie et l'état de droit, mais aussi les grands principes essentiels à l'efficacité du développement tels que l'appropriation par les pays partenaires des stratégies de développement, une plus grande responsabilisation des systèmes nationaux des pays partenaires et la modulation en fonction des besoins, mais aussi des critères de performance fondés sur les objectifs de développement durable; insiste pour que l'Union européenne mette tout en œuvre pour renforcer la complémentarité entre tous les acteurs de développement pour exploiter le plein potentiel de la politique européenne de développement et accélérer ainsi la réalisation du programme de développement pour 2030;

40.

constate avec inquiétude que le caractère insoutenable de la dette grandit aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement; demande à la Commission de renforcer le principe de responsabilité commune des emprunteurs et des prêteurs ainsi que de suivre réellement et de soutenir, dans tous les domaines de son action, les principes de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) visant à promouvoir des pratiques responsables en matière de prêts et d'emprunts; demande, à cet égard, que l'Union et ses États membres participent dans un esprit constructif aux travaux menés dans le cadre des Nations unies en vue de l'établissement d'un mécanisme international de restructuration des dettes publiques;

41.

déplore que l'absence persistante de cadre réglementaire sur le respect, par les entreprises, des droits de l'homme et de leurs obligations sociales et environnementales, permette à certains États et à certaines entreprises de contourner impunément ces droits et obligations; demande que l'Union et les États membres participent activement aux travaux du conseil des droits de l'homme des Nations unies et du programme des Nations unies pour l'environnement visant à élaborer un traité international destiné à contraindre les entreprises transnationales à assumer leur responsabilité en matière de violations des droits de l'homme et des normes environnementales;

42.

est favorable à l'idée de redéfinir la relation de l'Union européenne avec les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique en développant le principe d'un partenariat d'égal à égal, en respectant la marge de manœuvre démocratique dont disposent les gouvernements de pays souverains pour prendre des décisions politiques en faveur de leurs populations, en revalorisant le principe de la bonne gouvernance et les droits de l'homme, éléments essentiels de l'accord issu de l'après-Cotonou, et en donnant une nouvelle dimension concrète à l'articulation des objectifs de développement de l'Union en matière de commerce, de sécurité, de changement climatique et de migrations aux fins d'une action mutuelle; préconise l'instauration de compétences de contrôle officielles vis-à-vis du Fonds européen de développement, et ce grâce par exemple à un accord interinstitutionnel contraignant en application de l'article 295 du traité de Lisbonne; appelle de ses vœux l'instauration, pour l'après-2020, d'un partenariat UE-ACP équitable et ambitieux basé sur les principes d'appropriation et de respect mutuel entre partenaires égaux en droits et en devoirs, et qui soit davantage axé sur les enjeux et intérêts communs et mieux adapté, afin d'opérer un véritable changement conforme aux souhaits des deux parties et approprié aux défis auxquels elles doivent faire face; demande à l'Union de promouvoir des instruments permettant de développer les échanges avec les pays ACP, en particulier des accords de partenariat économiques (APE), afin d'opérer un véritable changement salutaire pour la sécurité et la prospérité des deux parties;

43.

souligne que l'Union européenne doit poursuivre et intensifier ses efforts visant à promouvoir le développement économique et la capacité d'adaptation dans les pays voisins et dans les régions qui sont essentielles pour ses intérêts; rappelle que les petites et moyennes entreprises sont les premières créatrices d'emplois et qu'il est donc essentiel de faciliter leur travail afin de favoriser le développement économique;

44.

invite la VP/HR, la Commission et les États membres à établir un lien clair entre la stratégie globale de l'Union, la structure de son budget et ses priorités pour allouer, notamment en augmentant ses ressources propres, les ressources nécessaires à son exécution et utiliser de façon optimale les budgets existants grâce à une meilleure coopération et à une action coordonnée dans le domaine de la diplomatie;

Interagir — l'Union, les parlements nationaux et les citoyens européens

45.

fait observer que la stratégie globale devrait être révisée tous les cinq ans, au moment du renouvellement du Parlement européen et de la Commission, ce qui permettrait de vérifier si ses objectifs et priorités correspondent toujours aux menaces et à l'environnement en matière de sécurité, et donnerait au nouveau VP/HR la possibilité d'engager un processus de révision;

46.

souligne que les actions de l'Union sont soumises au contrôle du Parlement européen et des parlements nationaux et que le Parlement européen doit jouer un rôle majeur dans le suivi régulier et minutieux de l'action extérieure des institutions de l'Union et estime que les parlements nationaux pourraient être plus étroitement associés à cet exercice de suivi; rappelle que le Parlement européen est un partenaire clé de la VP/HR, dès lors qu'il s'agit de définir les relations extérieures de l'Union et de s'attaquer aux défis qui se posent, notamment en procédant à un contrôle des actions de politique étrangère de l'Union; demande que des rapports de mise en œuvre de la stratégie soient transmis chaque année au Parlement européen;

47.

est d'avis que le Parlement doit jouer pleinement son rôle dans le cadre des efforts déployés par l'Union pour prévenir les conflits;

48.

met l'accent sur l'importance d'associer activement les parlements nationaux au processus au moyen d'un contrôle conjoint plus approfondi avec le Parlement européen lors des sessions de la conférence interparlementaire pour la PESC/PSDC;

49.

invite instamment les décideurs européens à dialoguer avec les citoyens, la société civile, les entreprises et les autorités locales et régionales sur la nécessité et les avantages de proposer un cadre renforcé pour la sécurité de l'Europe;

o

o o

50.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission et au Service européen pour l'action extérieure.


(1)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0213.

(2)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2016)0019.

(3)  JO L 266 du 13.10.2015, p. 55.

(4)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0470.

(5)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0472.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/119


P8_TA(2016)0121

Mise en œuvre et révision de la stratégie de l'UE pour l'Asie centrale

Résolution du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la mise en œuvre et la révision de la stratégie de l'UE pour l'Asie centrale (2015/2220(INI))

(2018/C 058/13)

Le Parlement européen,

vu le quatrième rapport d'étape du 13 janvier 2015 sur la mise en œuvre de la stratégie de l'UE pour l'Asie centrale, adoptée en 2007,

vu les conclusions du Conseil sur la stratégie de l'UE pour l'Asie centrale, telles qu'adoptées par le Conseil des affaires étrangères le 22 juin 2015,

vu les engagements annoncés lors de la réunion ministérielle UE-Asie centrale qui a eu lieu à Bruxelles le 20 novembre 2013,

vu le communiqué conjoint de la cinquième conférence de haut niveau UE-Asie centrale sur la coopération dans les domaines de l'eau et de l'énergie organisée à Milan les 12 et 13 octobre 2015,

vu les résultats de la réunion de mise en œuvre de la dimension humaine de l'OSCE qui a eu lieu à Varsovie du 21 septembre au 2 octobre 2015,

vu le processus d'Istanbul sur la sécurité et la coopération régionales pour la paix et la stabilité en Afghanistan, lancé en Turquie en 2011, et la conférence ministérielle du «Cœur de l'Asie», organisée à Kaboul le 14 juin 2012 en vue de sa mise en application,

vu le soutien témoigné par la commission des affaires étrangères au nouveau représentant spécial de l'UE pour l'Asie centrale, M. Peter Burian, et l'évaluation positive qu'elle a rendue à son sujet lors de son audition, le 1er juin 2015,

vu ses résolutions antérieures sur la région, en particulier celles du 20 février 2008 sur une stratégie européenne en Asie centrale (1) et du 15 décembre 2011 sur l'état de la mise en œuvre de la stratégie européenne en Asie centrale (2),

vu sa résolution du 29 avril 2015 sur les rapports spéciaux de la Cour des comptes dans le cadre de la décharge de la Commission 2013, et en particulier sa partie II sur le rapport spécial no 13/2013 de la Cour des comptes intitulé «Aide au développement de l'Union européenne en faveur de l'Asie centrale» (3),

vu sa résolution du 29 avril 2015 contenant les observations qui font partie intégrante des décisions concernant la décharge sur l'exécution du budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2013, section III — Commission et agences exécutives (4), et en particulier son paragraphe 240

vu sa résolution du 12 juin 2012 intitulée «S'investir dans la coopération avec des partenaires au-delà de nos frontières en matière de politique énergétique: une approche stratégique d'un approvisionnement énergétique sûr, durable et compétitif» (5),

vu sa résolution du 22 novembre 2012 sur le rôle de la politique de sécurité et de défense commune en cas de crises climatiques et de catastrophes naturelles (6),

vu sa résolution du 13 mars 2014 sur les priorités de l'Union pour la 25e session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies (7),

vu sa résolution du 13 décembre 2012 sur la révision de la stratégie de l'Union en matière de droits de l'homme (8),

vu sa résolution du 13 décembre 2012 sur le rapport annuel 2011 sur les droits de l'homme et la démocratie dans le monde et la politique de l'Union européenne en la matière (9),

vu sa résolution du 17 juin 2010 sur la politique de l'UE en faveur des défenseurs des droits de l'homme (10),

vu sa résolution du 8 septembre 2015 concernant les droits de l'homme et la technologie: incidences des systèmes d'intrusion et de surveillance sur les droits de l'homme dans les pays tiers (11),

vu sa résolution du 11 décembre 2012 sur une stratégie pour la liberté numérique dans la politique étrangère de l'Union (12),

vu sa résolution du 11 novembre 2010 sur le renforcement de l'OSCE — un rôle pour l'Union (13),

vu sa résolution du 22 novembre 2012 contenant ses recommandations au Conseil, à la Commission et au Service européen pour l'action extérieure sur les négociations en vue d'un accord renforcé de partenariat et de coopération entre l'Union européenne et le Kazakhstan (14),

vu sa résolution du 15 mars 2012 sur le Kazakhstan (15),

vu sa résolution du 18 avril 2013 sur les droits de l'homme au Kazakhstan (16),

vu sa résolution du 15 janvier 2015 sur le Kirghizstan et sa loi sur la propagande homosexuelle (17),

vu sa position du 22 octobre 2013 relative à la position du Conseil en première lecture en vue de l'adoption de la décision du Parlement européen et du Conseil accordant une assistance macrofinancière à la République kirghize (18),

vu sa résolution du jeudi 8 juillet 2010 sur la situation au Kirghizstan (19),

vu sa résolution du 6 mai 2010 sur la situation au Kirghizstan (20),

vu sa résolution du 17 septembre 2009 sur la conclusion d'un accord de partenariat et de coopération établissant un partenariat entre les Communautés européennes et leurs États membres, d'une part, et la République du Tadjikistan, d'autre part (21),

vu sa résolution du 23 octobre 2014 sur les droits de l'homme en Ouzbékistan (22),

vu sa résolution du 15 décembre 2011 sur la proposition de décision du Conseil relative à la conclusion d'un protocole à l'accord de partenariat et de coopération établissant un partenariat entre les Communautés européennes et leurs États membres, d'une part, et la République d'Ouzbékistan, d'autre part, modifiant ledit accord afin d'étendre ses dispositions au commerce bilatéral de textiles, compte tenu de l'expiration de l'accord bilatéral sur les textiles (23),

vu sa résolution du 14 mars 2013 sur les relations UE-Chine (24),

vu le plan d'action de l'UE en faveur des droits de l'homme et de la démocratie 2015-2019, adopté par le Conseil le 20 juillet 2015,

vu les orientations de l'UE dans le domaine des droits de l'homme relatives à la liberté d'expression en ligne et hors ligne, adoptées par le Conseil des affaires étrangères le 12 mai 2014,

vu la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies A/RES/53/144 intitulée «Déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l'homme et les libertés fondamentales universellement reconnus», mieux connue comme la «déclaration sur les défenseurs des droits de l'homme»,

vu les révisions en cours de la stratégie globale de l'Union européenne sur la politique étrangère et de sécurité et de la politique européenne de voisinage,

vu l'article 21 du traité sur l'Union européenne (TUE),

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires étrangères et les avis de la commission du développement, de la commission du commerce international et de la commission des droits de la femme et de l'égalité des genres (A8-0051/2016),

A.

considérant que la stratégie UE-Asie centrale a été adoptée dans le contexte de l'importance croissante de la région et du renforcement de l'engagement de l'Union européenne en Afghanistan, pays voisin, de l'extension de la politique européenne de voisinage à la région de la mer Caspienne, de l'aide que l'Union continue d'apporter à la réforme et à la modernisation des sociétés post-soviétiques ainsi que des intérêts de l'Union en matière de sécurité énergétique; qu'elle reconnaît également les menaces et les défis pour la sécurité requérant une coopération renforcée entre l'Asie centrale et l'Union ainsi que ses États membres; que cette stratégie est appliquée depuis près de huit ans;

B.

considérant que, malgré son passé commun, l'Asie centrale est une région hétérogène, avec une composante multiethnique et multiconfessionnelle; que l'absence de confiance mutuelle et les tensions persistantes au sujet de l'utilisation et du partage des ressources naturelles ont, jusqu'à présent, compromis la mise en place d'une véritable coopération régionale;

C.

considérant que le respect de la démocratie, de l'état de droit et des droits de l'homme est une condition essentielle à un approfondissement de la coopération entre l'Union européenne et les cinq pays d'Asie centrale dans des domaines d'intérêt commun, selon le sens même du terme «partenariat» que le lui confèrent les accords de partenariat et de coopération; que la situation de la démocratie et des droits de l'homme dans la région demeure, à des degrés divers, précaire et inquiétante;

D.

considérant que des défaillances graves de l'état de droit concernant les droits de l'homme et les libertés fondamentales compromettent les possibilités de développement durable et de bonne gouvernance pour les pays d'Asie centrale, au détriment de leurs sociétés;

E.

considérant que les liens entretenus dans les domaines du commerce et de l'énergie consolident les relations entre l'Union et l'Asie centrale et promeuvent des valeurs communes, telles que l'état de droit, la bonne gouvernance et le respect des droits de l'homme; que le système de préférences généralisées (SPG) a pour objectif d'assurer la diversification des économies d'Asie centrale;

F.

considérant que certains États membres ont développé et approfondi des relations bilatérales avec certains pays d'Asie centrale; que l'Union européenne doit suivre une stratégie logique et cohérente dans la région afin d'éviter tout chevauchement et de ne pas envoyer de messages contradictoires et peu clairs;

G.

considérant que l'aide au développement accordée par l'Union à l'Asie centrale, essentiellement au titre de l'instrument de financement de la coopération au développement (ICD), est passé à 1 milliard d'euros pour la période 2014-2020, soit une augmentation de 56 % par rapport à la période de programmation 2007-2013;

H.

considérant que l'instrument européen pour la démocratie et les droits de l'homme (IEDDH) représente un important outil de financement destiné à soutenir les organisations de la société civile et la démocratisation;

I.

considérant que la région fait face à un fanatisme religieux grandissant, qui se traduit par un soutien à l'EI, à Al-Qaïda en Afghanistan et à Hizb-ut-Tahrir ainsi que par des départs massifs de personnes qui rejoignent l'EI en Syrie et en Iraq;

J.

considérant que la région est une importante voie de transit pour les drogues entre l'Afghanistan et la Russie et que certains clans gèrent ce commerce lucratif qui leur permet d'exercer une influence politique importante grâce à la corruption et aux conflits d'intérêts;

K.

considérant que l'éducation joue un rôle crucial pour favoriser le développement stable, sûr et durable de la région;

L.

considérant qu'en juin 2015, le Conseil des affaires étrangères a renouvelé son engagement en faveur des droits des femmes et a conclu que l'émancipation des femmes en Asie centrale était un élément essentiel à la stabilité à long terme et à une bonne gouvernance;

M.

considérant que les pays d'Asie centrale doivent améliorer les dispositions juridiques et administratives de leur politique d'asile et que des processus consultatifs régionaux, comme le processus d'Almaty, coordonné par le HCR et l'OIM, peuvent y contribuer;

N.

considérant que les effets du réchauffement climatique sur l'Asie centrale restent en grande partie inconnus, mais qu'il est clair dès aujourd'hui que les problèmes d'approvisionnement en eau s'aggraveront encore dans les basses terres;

O.

considérant que la Russie et la Chine entretiennent des liens étroits avec la région et qu'elles y exercent une grande influence, qu'il reste cependant une marge d'amélioration considérable pour l'action de l'Union et sa coopération avec les pays d'Asie centrale;

P.

considérant les diverses associations de collaboration régionale, telles que l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et l'Union économique eurasiatique (UEE), qui comptent également parmi leurs membres plusieurs pays d'Asie centrale et qui sont dominées par la Russie ou la Chine;

Q.

considérant que la région a été intégrée dans l'initiative «One Belt, One Road» (une ceinture, une route), et en particulier dans le cadre de «The New Silk Road Economic Belt» (la nouvelle ceinture économique de la route de la soie), ce qui renforce son importance stratégique;

R.

considérant que si l'Asie centrale englobe les républiques d'Asie centrale de l'ancienne Union soviétique, elle est aussi largement influencée par la Russie, la Chine, la Mongolie, l'Iran et l'Afghanistan;

Dispositions générales sur les engagements de l'Union européenne

1.

souligne le vif intérêt stratégique, économique et politique que l'Union voit dans le renforcement de ses relations bilatérales et multilatérales avec l'ensemble des pays d'Asie centrale, sur la base des valeurs communes affirmées dans les accords de partenariat et de coopération entre l'Union européenne et le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan ainsi que dans l'accord avec le Turkménistan, lequel n'est cependant pas encore entré en vigueur;

2.

réaffirme le vif intérêt que l'Union témoigne envers l'Asie centrale en tant que région prospère, pacifique, démocratique, stable et solidaire qui se montre durable sur les plans tant économique qu'environnemental, comme l'affirme la stratégie de 2007;

3.

souligne que l'initiative stratégique menée jusqu'à présent afin de mieux définir les relations avec les États d'Asie centrale ne s'est avérée viable et couronnée de succès que dans une mesure limitée; constate que les relations économiques entre l'Union européenne et les pays bénéficiaires de la stratégie pour l'Asie centrale n'ont pas progressé de manière significative, que l'objectif de promotion de la coopération et de l'intégration régionales des États d'Asie centrale basé sur un transfert d'expérience et de normes de l'Union stagne;

4.

considère que des progrès considérables restent à accomplir dans les domaines décrits dans la présente résolution, mais a bon espoir que les parties concernées, à savoir l'Union et ses États membres ainsi que les cinq États d'Asie centrale, redoubleront sérieusement d'efforts afin d'atteindre les buts et objectifs énoncés dans les traités et documents officiels, qui constituent la base juridique des relations bilatérales et multilatérales de l'Union avec, respectivement, les États du Kazakhstan, du Kirghizstan, du Tadjikistan, du Turkménistan et de l'Ouzbékistan;

5.

se félicite de la révision de la stratégie UE-Asie centrale menée par le SEAE, la Commission et le Conseil en 2015; estime néanmoins que les priorités et les objectifs devraient être pensés davantage en fonction des intérêts, des besoins et de la situation générale des États partenaires d'Asie centrale, compte tenu des différences entre les pays de la région et de leurs spécificités, et qu'ils devraient par conséquent être définis plus précisément au moyen de plans d'action individualisés et adaptés à chaque pays, et assortis de critères et d'indicateurs dans un délai crédible, de sorte que lesdits plans puissent, le plus rapidement possible, être plus facilement adaptés à la situation générale de la région;

6.

convient que la stratégie adoptée en 2007 et les domaines prioritaires à long terme qu'elle définit (respect des droits de l'homme et de l'état de droit, bonne gouvernance et démocratisation, jeunesse et éducation, développement économique, commerce et investissement, énergie et transports, viabilité environnementale et eau, menaces et défis communs en matière de sécurité et dialogue interculturel) sont toujours d'actualité et restent nécessaires en vue d'un engagement européen concret dans la région, conformément aux objectifs fixés dans la stratégie de l'Union; se félicite toutefois de la démarche plus ciblée adoptée dans le cadre de la révision de la stratégie;

7.

prend note avec satisfaction du caractère plutôt ambitieux de la révision de la stratégie et partage la décision du Conseil de désigner la région comme une région revêtant une importance stratégique, et convient par conséquent de renforcer dans les faits la coopération politique, diplomatique et commerciale et de soutenir la transition démocratique; dans ce contexte, se félicite de l'augmentation de 56 % de l'aide au développement de l'Union à la région ainsi que du ciblage plus spécifique de l'aide pour la période 2014-2020 par rapport à la période précédente;

8.

se félicite que la révision ait fait l'objet de discussions lors de la rencontre ministérielle UE-Asie centrale qui s'est tenue le 21 décembre 2015 à Astana; appuie l'organisation d'un sommet UE-Asie centrale pour promouvoir les objectifs européens dans la région et aborder les questions préoccupantes et l'enjeu de coopération;

9.

partage le point de vue selon lequel il convient d'adopter une stratégie différenciée, conditionnelle et fondée sur des mesures incitatives pour parvenir à de meilleurs résultats à l'échelon bilatéral et régional; estime que les programmes régionaux, tels que ceux en matière de gestion des frontières, de lutte contre le trafic de drogue et la traite des êtres humains, de transport et d'énergie, devraient être adaptés de manière à cibler les parties intéressées, notamment les pays de l'ensemble de la région comme l'Afghanistan, l'Iran, la Mongolie et l'Azerbaïdjan;

10.

demande à l'Union de s'engager dans une collaboration ad hoc plus étroite avec les pays d'Asie centrale qui souhaitent aller au-delà de la stratégie de l'Union pour cette région;

11.

souligne que le renforcement de la coopération régionale permettrait d'améliorer à la fois la situation de l'économie et de la sécurité dans la région; étant donné qu'il n'existe que peu de liens interrégionaux en Asie centrale, invite le SEAE et la Commission à élaborer des projets favorisant ce type de coopération pour les pays souhaitant développer davantage ces liens;

12.

souligne que l'utilisation des fonds de l'Union devrait clairement reposer sur des mesures incitatives et des résultats, et tenir compte des réalisations évaluées à l'aune de plusieurs critères de référence établis pour chaque pays, et en fonction de progrès mesurables dans les domaines, notamment, de la démocratisation, de la prévention de la corruption et de la lutte contre ce phénomène, de l'organisation d'élections libres et régulières, des droits de l'homme, de l'éradication du trafic de drogues, du respect du droit du travail, de la bonne gouvernance, de l'état de droit, du développement, de la sécurité humaine ainsi que des relations de bon voisinage;

13.

convient qu'un engagement concret et constructif et l'adoption de programmes gouvernementaux et de réformes démocratiques peuvent être considérés comme des indicateurs contribuant à évaluer les réalisations accomplies dans de nombreux domaines; prie toutefois instamment la Commission et le SEAE de fonder leurs évaluations sur des faits établis sur le terrain;

14.

réaffirme la nécessité d'accroître le rayonnement politique de l'Union dans la région d'Asie centrale; prie instamment l'Union européenne et ses États membres de s'exprimer d'une seule voix et de s'abstenir de négociations bilatérales qui souvent donnent moins d'importance aux conditions des droits de l'homme, et ce pour promouvoir la cohérence et la coordination de la politique étrangère dans la région, et instaurer ensemble une programmation conjointe de l'aide et des projets avec les États membres afin d'exploiter tout le potentiel et de créer des synergies; prie instamment le Conseil, le SEAE et la Commission d'adopter un plan d'action concret, assorti de critères de référence mesurables, permettant d'évaluer correctement les progrès accomplis à l'avenir; se félicite de la participation et de l'appropriation accrues que manifestent les États membres en ce qui concerne la mise en œuvre de la stratégie;

15.

se félicite du rétablissement du poste de représentant spécial de l'Union européenne (RSUE) pour l'Asie centrale après une année de vacance, et attend du nouveau RSUE qu'il apporte une contribution substantielle à la mise en œuvre de la stratégie pour les pays d'Asie centrale et à la définition des relations avec ces pays, en veillant au respect de la cohérence des actions extérieures de l'Union dans la région et en informant les dirigeants politiques et les sociétés d'Asie centrale des positions adoptées par l'Union européenne;

16.

demande au RSUE de se concentrer sur les actions visant à renforcer la démocratie, l'état de droit, la bonne gouvernance et le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, à promouvoir la coopération régionale et à faciliter le dialogue et la résolution pacifique des questions litigieuses restées en suspens, à développer les relations avec les gouvernements et les parlements, mais aussi la société civile et les médias, à contribuer à la prévention des conflits et à promouvoir la sécurité régionale et une bonne gestion de l'environnement et des changements climatiques, en particulier des ressources en eau et en hydrocarbures; demande au RSUE de rendre compte oralement et par écrit au Parlement européen des principaux défis, conformément à l'article 36 du traité sur l'Union européenne (TUE) et à son mandat;

17.

demande au SEAE, à la Commission et au RSUE d'accroître la présence de l'Union européenne en Asie centrale, en faisant mieux connaître l'Union dans la population et la société civile, les médias locaux, les entreprises et le monde universitaire; prie instamment le SEAE de compenser la diplomatie discrète par un renforcement de la diplomatie publique;

18.

demande au SEAE de fournir régulièrement des analyses sur l'Asie centrale, en prenant en considération le voisinage hétérogène de la région, notamment les questions relatives à l'intégration de l'Afghanistan et de l'Iran, et en adoptant une stratégie globale à l'égard de la mer Caspienne;

19.

demande à la Commission d'assurer la mise en place de synergies et la cohérence entre les actions conduites par les organisations internationales, comme l'OSCE, l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le HCR, l'OIM, et entre les différents instruments de financement de l'action extérieure de l'Union dans la région, tels que l'instrument de financement de la coopération au développement (ICD), l'instrument contribuant à la stabilité et à la paix (ISP), l'instrument européen pour la démocratie et les droits de l'homme (IEDDH) et l'instrument de partenariat (IP), et de renforcer la coordination avec la BERD et la BEI;

20.

demande à l'Union de collaborer aux projets de soutien et de développement déployés par les États-Unis dans les domaines de l'environnement, de l'éducation et de la politique climatique, afin d'améliorer leur efficacité et d'atteindre un public plus large;

21.

demande que l'Union européenne et l'OSCE collaborent plus étroitement en ce qui concerne l'Asie centrale, en particulier dans les domaines des droits de l'homme, de la démocratisation et de la sécurité, afin de conjuguer et de compléter mutuellement, le cas échéant, les efforts qu'ils déploient dans la région;

22.

encourage les délégations de l'Union européenne en Asie centrale à exploiter leur potentiel au maximum pour contribuer à la mise en œuvre de la stratégie de l'Union, en particulier concernant le soutien de la société civile et l'engagement auprès de celle-ci;

23.

soutient la coopération interparlementaire continue et souligne le rôle joué par sa délégation permanente pour les relations avec la région dans le suivi de l'application des accords de partenariat et de coopération conclus avec les pays de la région;

Démocratisation, droits de l'homme et état de droit

24.

prie instamment le Conseil, le SEAE et la Commission d'accorder une grande importance à la promotion et au renforcement de la démocratie, au respect des droits de l'homme civils, politiques et sociaux, notamment des droits codifiés dans le pacte social des Nations unies, au développement de l'état de droit et à l'action du gouvernement et de l'administration dans les pays d'Asie centrale, de faire preuve d'initiative dans tous ces domaines et, ce faisant, de créer également les conditions nécessaires à la sécurité et à la stabilité, au développement de sociétés ouvertes dans les pays concernés et, par conséquent, de communiquer les bonnes pratiques en vue de faire face à la pression et aux problèmes externes et internes dans les domaines de la politique, de la sécurité et de l'économie;

25.

souligne que les respect des droits de l'homme et de la démocratie doit être au cœur de la stratégie de l'Union eu égard au champ de la coopération envisagée pour les APC, que la clause sur les droits de l'homme et la démocratie doit donc être appliquée; regrette que les obligations juridiques reconnues dans les accords de partenariat et de coopération en matière de défense de la démocratie et l'état de droit n'aient pas été mises en œuvre de manière appropriée, à l'exception du Kirghizstan, où certains progrès ont été enregistrés;

26.

déplore que, dans l'ensemble, le respect des normes démocratiques, des droits de l'homme et des libertés fondamentales ne soit pas encore suffisant; regrette que la situation globale des droits de l'homme demeure préoccupante, mais souligne toutefois certaines évolutions positives enregistrées dans plusieurs pays de la région, qu'il s'agisse de réformes législatives, d'efforts accrus pour prévenir la torture ou bien encore de mesures en vue de l'éradication du travail des enfants et du travail forcé;

27.

met en exergue la valeur ajoutée et le potentiel de l'initiative pour l'état de droit, coordonnée par l'Allemagne et la France, avec le soutien actif de la Finlande et de la Lettonie, pour l'organisation de plusieurs événements portant sur le droit administratif et constitutionnel et la formation des juges; encourage les autres États membres à jouer un rôle plus proactif à cet égard; souligne cependant qu'il convient de renforcer cette initiative de sorte à englober les vrais problèmes en matière de démocratisation et de droits de l'homme; demande que la société civile soit pleinement associée à cette initiative et préconise à son égard une collaboration plus étroite dans ce domaine; invite les ambassades de l'Union européenne et des États membres à soutenir véritablement les partenaires non gouvernementaux indépendants;

28.

attire l'attention sur les écarts entre l'adoption de lois et l'application concrète de celles-ci, qui faussent l'évaluation des progrès accomplis; prie instamment le SEAE et la Commission d'évaluer ces progrès à l'aune des résultats concrets véritablement obtenus et non des législations ou des déclarations;

29.

recommande que l'Union européenne adapte sa politique des droits de l'homme et ses instruments de financement extérieur, en privilégiant davantage la mise en place de réformes démocratiques cohérentes à long terme comme fil conducteur de ses actions;

30.

condamne fermement les persécutions incessantes à l'encontre des défenseurs des droits de l'homme, des personnalités politiques de l'opposition et des journalistes au Turkménistan, au Kazakhstan, en Ouzbékistan et au Tadjikistan, ainsi qu'au Kirghizstan, et demande au SEAE d'intervenir promptement avec tous les moyens dont il dispose pour les défendre;

31.

condamne les attaques ciblées contre des représentants de l'opposition en exil par certains des régimes d'Asie centrale, notamment les assassinats et l'usage abusif des procédures d'extradition via Interpol; presse les États membres d'offrir une meilleure protection à ces personnes et d'éviter de les expulser, conformément au principe de non-refoulement, qui interdit de renvoyer vers son persécuteur une personne qui a véritablement fait l'objet de persécutions;

32.

presse le SEAE, à cet égard, de condamner sans détour les mesures répressives prises par les régimes d'Asie centrale sous prétexte de préserver la sécurité publique, tout en reconnaissant l'existence de préoccupations légitimes en matière de sécurité;

33.

invite le Conseil, le SEAE et la Commission à exiger, dans leurs futures relations avec les États partenaires d'Asie centrale, que ceux-ci ratifient au plus tôt le statut de Rome de la Cour pénale internationale et qu'ils approuvent et appliquent les normes fondamentales de l'OIT et les autres normes de cette organisation qui restent en suspens;

34.

comprend le risque pour la sécurité que représente le retour des combattants étrangers partis se battre dans les rangs de l'État islamique, mais exprime sa profonde inquiétude face à l'augmentation constante de la répression à l'égard de la société civile sous le couvert de la sécurité et de la stabilité, qu'il considère comme n'étant pas une réponse appropriée à cette menace; qu'il s'agisse d'accusations douteuses d'activité terroriste ou de vagues accusations d'incitation à la haine sociale, de l'adoption de législations relatives aux «agents étrangers», qui stigmatisent et limitent les activités d'ONG légitimes bénéficiant de financements étrangers, et de l'utilisation accrue des technologies de contrôle, de surveillance, de censure et de filtrage rappelle aux pays partenaires qu'une démocratie pleinement opérationnelle doit respecter la liberté d'expression et la pluralité des médias; souligne, dans ce contexte, que la suppression de la liberté d'expression ne contribue en aucune façon à préserver la stabilité interne; rappelle que les instruments de l'Union, tels que l'organisation de séminaires réguliers avec la société civile et l'échange renforcé avec celle-ci devraient contribuer à donner plus de poids à l'opinion publique, et que bon nombre des communautés concernées ont actuellement plus tendance à se reposer sur les interactions de groupes, de clans ou de réseaux régionaux, lesquelles sont dirigées par l'élite au pouvoir;

35.

demande aux pays de la région de ne pas considérer la présence d'ONG internationales comme une menace, mais bien comme un enrichissement de la société, et de leur donner un accès intégral aux établissements pénitentiaires, afin d'améliorer la transparence de l'exécution des peines, en ce qui concerne plus particulièrement la collaboration avec tous les organes des Nations unies et la Croix-Rouge internationale;

36.

s'inquiète du nombre croissant de lois qui, dans les pays de la région, restreignent la liberté des médias, la liberté d'expression ainsi que la liberté de réunion et d'association, et ciblent le financement de la société civile («loi sur les agents de l'étranger») et la communauté LGBTI («loi sur la propagande LGBTI»); estime à cet égard que l'Union devrait inscrire au nombre de ses priorités, outre les libertés mentionnées, la promotion de la liberté de religion et de conviction ainsi que des droits des femmes, des enfants et des minorités;

37.

invite les autorités à redoubler d'efforts pour protéger les minorités ethniques et religieuses ainsi que les personnes LGBTI dans les sociétés d'Asie centrale, à mettre fin à la discrimination à l'encontre de ces minorités et à faire respecter les droits des personnes vulnérables, en particulier des personnes handicapées;

38.

rappelle que la protection et la promotion des droits de l'enfant figurent parmi les objectifs clés de l'Union européenne et invite les autorités à appuyer la mise en œuvre de cet aspect conformément au droit et aux normes internationaux, en particulier la convention des Nations unies relatives aux droits de l'enfant;

39.

se réjouit de l'ouverture de dialogues sur les droits de l'homme avec les cinq pays d'Asie centrale; insiste cependant sur le manque de transparence du processus, et demande à la VP/HR de réexaminer le rôle, le mandat, les objectifs et le suivi des dialogues sur les droits de l'homme avec les pays de la région et, en particulier, d'associer toutes les parties prenantes, notamment les mouvements politiques réformateurs islamiques qui s'opposent à l'extrémisme, et de mettre en place des mécanismes systématiques de surveillance des droits de l'homme, ainsi que des plans d'urgence pour l'amélioration de ces mécanismes en cas de manquements graves; note que les dialogues sur les droits de l'homme sont d'importants outils dont dispose l'Union pour négocier avec les pays d'Asie centrale, et qu'ils permettent de mettre en place des stratégies intelligentes et devraient donc, à ce titre, être utilisés comme il se doit; demande que ces dialogues fassent partie d'un engagement global en faveur des droits de l'homme dans la région; invite à cet égard à soulever et à communiquer les préoccupations relatives aux droits de l'homme à tous les niveaux, notamment à celui des chefs d'État ou de gouvernement; prie instamment l'Union d'aborder les cas individuels concrets de façon cohérente et publique;

40.

souligne l'importance du mécanisme d'examen périodique universel du Conseil des droits de l'homme des Nations unies pour mettre en œuvre de manière significative la protection des droits de l'homme, la démocratisation et l'état de droit au Turkménistan, en Ouzbékistan, au Tadjikistan, au Kazakhstan et au Kirghizstan;

41.

rappelle aux gouvernements d'Asie centrale leurs engagements pris au titre de la dimension humaine de l'OSCE;

42.

salue les déclarations du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui a mis en garde contre la réduction de l'espace démocratique lors de sa visite dans la région, en juin 2015;

43.

observe qu'il n'y a pratiquement aucune coordination entre les actions de l'Union européenne et des États-Unis en Asie centrale; encourage le développement de liens de coopération plus concrets à cet égard; estime qu'une action conjointe peut être bénéfique, en particulier dans des domaines tels que la sécurité humaine et la promotion des droits de l'homme;

Droits des femmes et égalité des sexes

44.

reconnaît que si l'Ouzbékistan, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et le Turkménistan doivent répondre à des enjeux distincts pour progresser en matière de droits fondamentaux, la prise en compte et l'action en faveur des droits des femmes et de l'égalité des sexes constituent un enjeu commun pour la région;

45.

relève que, bien que les cinq pays d'Asie centrale aient ratifié la convention des Nations unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), leur culture reste très patriarcale et dominée par les hommes, d'importantes inégalités subsistent entre les hommes et les femmes dans de nombreux domaines, notamment en matière d'accès à l'enseignement supérieur, à divers secteurs du marché du travail ainsi qu'à la protection juridique et aux droits, et les violences à l'encontre des femmes restent très répandues dans de nombreuses régions d'Asie centrale sous des formes diverses, notamment la violence domestique, l'enlèvement des futures mariées, la traite, le mariage précoce et les agressions physiques; exhorte les cinq pays d'Asie centrale à respecter pleinement la convention des Nations unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes; rappelle que l'aide apportée par l'Union doit comprendre des mesures spécifiques visant à éradiquer la discrimination des femmes;

46.

constate que les femmes jouent un rôle à part entière et essentiel dans la production agricole et l'élevage dans tous les pays d'Asie centrale, le pourcentage moyen de femmes employées dans le secteur de l'agriculture atteignant 58 % (25); invite tous les pays d'Asie centrale à encourager l'emploi et l'entrepreneuriat des femmes, notamment dans les zones rurales; préconise d'ériger en objectif clé des relations que l'Union entretient avec ces pays l'action en faveur des droits socio-économiques et de l'émancipation des filles et des femmes ainsi que le suivi de cette action;

47.

prend acte des mesures prises par les pays d'Asie centrale pour améliorer l'égalité entre les femmes et les hommes, telles que la modification des articles 154 et 155 du code pénal du Kirghizstan, entrée en vigueur en février 2014, qui durci les sanctions infligées pour la pratique traditionnelle largement répandue d'enlèvement de la future mariée; relève toutefois que la protection des droits des femmes et l'action en faveur de l'égalité des sexes restent problématiques dans la région; invite la Commission à soutenir davantage les pays d'Asie centrale dans l'élaboration de programmes en faveur des droits des femmes en vue de parvenir progressivement à l'égalité entre hommes et femmes et de permettre à tous, y compris aux personnes les plus vulnérables, de jouir pleinement de leurs droits fondamentaux;

48.

salue l'adoption par le Kazakhstan d'une stratégie pour l'égalité entre les femmes et les hommes, laquelle est composée de 45 mesures de nature politique, sociale et économique; invite la Commission à soutenir davantage les pays d'Asie centrale dans l'élaboration de programmes en faveur des droits des femmes et réclame une mise en œuvre plus efficace de cette stratégie; déplore que les femmes soient si peu nombreuses dans les organes décisionnels des pouvoirs publics kazakhes alors même que la législation impose un quota de 30 % de femmes dans les institutions politiques;

49.

demande au SEAE, dans le contexte de la révision de sa stratégie pour l'Asie centrale et eu égard à ses priorités pour 2016-2020 ainsi qu'aux progrès déjà accomplis par les pays de la région, d'établir un plan d'action détaillé pour l'égalité hommes-femmes reposant sur des mesures concrètes visant à améliorer les droits et les conditions de vie des femmes; estime que tous les pays d'Asie centrale devraient être encouragés à adopter une législation qui interdise explicitement toutes les formes de violence et de discrimination à l'encontre des femmes, notamment de nature sexuelle, physique et psychologique, de même que les violences à caractère économique visant à les empêcher de travailler et de détenir un compte bancaire et des cartes de crédit ou d'emprunter les moyens de transport, entre autres moyens d'isolement; souligne que la sécurité financière est le premier facteur qui détermine la capacité d'une victime de violence domestique à se libérer et à rester à l'écart de nouveaux sévices; demande aux pays d'Asie centrale de criminaliser la violence contre les femmes, d'enquêter dûment sur tous les cas de violence déclarés, d'appliquer des mesures pour garantir que les victimes bénéficient de protection, d'assistance et d'un accès à la justice, ainsi que de mettre en place des mécanismes pour veiller à la mise en application de la loi; constate que le secteur des agences matrimoniales est relativement développé en Asie centrale et demande aux pays de la région d'envisager d'en réglementer les activités pour protéger au mieux les femmes vulnérables de l'exploitation; invite les pays d'Asie centrale à mener des campagnes éducatives sur le droit à une vie exempte violence, ainsi que des projets de sensibilisation de la société dans son ensemble, et des dignitaires religieux en particulier, sur l'exigence absolue de consentement des deux parties lors de la cérémonie de mariage;

50.

relève qu'il existe un décalage entre la loi et la pratique et que, tandis que le droit de certains pays garantit l'égalité des droits en ce qui concerne la répartition des biens, la discrimination persiste encore en faveur des héritiers masculins; est préoccupé par le fait que l'absence d'enregistrement légal des mariages au Tadjikistan met les femmes dans une situation de grande vulnérabilité en cas de divorce, comme en témoigne une étude de l'OSCE selon laquelle 80 % des femmes divorcées sont, de ce fait, privées de leurs droits de propriété et de pension alimentaire;

51.

presse l'Union de soutenir les organisations de la société civile qui œuvrent à défendre les droits fondamentaux et à promouvoir l'égalité entre les sexes dans les pays d'Asie centrale, et de collaborer activement avec les organisations internationales engagées dans le domaine de l'égalité hommes-femmes, comme l'OIT, l'OCDE et l'ONU, afin de créer des synergies favorables à l'émancipation des femmes;

52.

constate que les femmes sont faiblement représentées aux postes ministériels, à raison de 15 % au Kirghizstan et de 5,7 % au Turkménistan (26) en 2015; encourage les pays d'Asie centrale et la Commission à se concentrer également sur la participation des femmes aux prises de décision, notamment dans la sphère politique, et recommande d'introduire un système de quota pour favoriser la participation des femmes, principalement en tant que candidates;

53.

invite les pays d'Asie centrale à promouvoir l'égalité d'accès aux technologies de l'information et de la communication afin de réaliser le potentiel de renforcement de la croissance que représentent les femmes pour les économies locales et l'économie mondiale;

54.

recommande de sensibiliser et de former les professionnels de l'appareil judiciaire aux questions d'égalité hommes-femmes et souligne qu'il convient de punir les auteurs de violences à caractère sexiste;

55.

souligne qu'il convient d'organiser des formations sur la violence contre les femmes et la traite des êtres humains à l'intention des forces de l'ordre, du ministère public et du personnel judiciaire, ainsi que de mettre en place des centres d'accueil et des refuges proposant un soutien psychologique et juridique aux victimes;

56.

insiste sur l'importance de veiller au bon financement des institutions et des organes chargés de l'application des mesures en faveur de l'égalité des sexes, et de garantir l'autonomie et le financement des organisations de la société civile qui œuvrent pour les droits des femmes.

Éducation et jeunes — échanges interpersonnels

57.

souligne que l'éducation est l'un des domaines clés dans lesquels l'Union doit intervenir à long terme en Asie centrale; considère que l'éducation constitue un pilier crucial pour l'intégration, ainsi qu'un facteur de développement démocratique, économique et social pour tous les pays d'Asie centrale; soutient le travail accompli par la plateforme pour l'éducation en Asie centrale par l'intermédiaire de programmes institutionnels et éducatifs, accompagnés d'un appui technique et de discussions lors de séminaires (tels que Bichkek en 2014); se félicite à cet égard de l'initiative de la Lettonie d'organiser la première réunion ministérielle UE-Asie centrale sur l'éducation et de l'engagement pris par la Lettonie et la Pologne de diriger le programme régional sur l'éducation, ce que certains États membres ont regrettablement refusé de faire pendant longtemps; demande à l'Union et à ses États membres de contribuer activement à la concrétisation des objectifs présentés pendant la présidence lettone, au cours du premier semestre 2015; considère les investissements dans le domaine de l'éducation pour tous et de qualité comme le meilleur moyen d'améliorer peu à peu la situation socio-économique de la région;

58.

encourage la Commission à se pencher sur les insuffisances de la plateforme pour l'éducation en Asie centrale, telles qu'un accès équitable à l'éducation, les problèmes liés à la fuite des cerveaux et la formation des catégories défavorisées et vulnérables comme les filles, les enfants handicapés et les enfants des minorités;

59.

prie instamment l'Union d'accorder une attention accrue à la promotion d'une éducation de qualité auprès des jeunes dans les pays d'Asie centrale, compte tenu des effets positifs sur l'insertion sociale, la cohésion et la stabilité de la société, l'édification de sociétés démocratiques durables, et parce qu'il s'agit de la meilleure méthode de prévention de l'extrémisme violent et de la radicalisation chez les jeunes dans la région; estime qu'il s'agit d'une priorité en raison du défi démographique posé par l'augmentation rapide de la population de jeunes de 14 ans ou moins, qui constituent de 25 à 35 % de la population totale; demande qu'une attention accrue soit accordée aux projets transfrontaliers de réconciliation interculturelle et de développement dans la vallée de Ferghana;

60.

salue l'augmentation du nombre d'inscriptions dans l'enseignement primaire et secondaire, et signale qu'il importe de poursuivre dans cette voie; se félicite que le nombre de femmes terminant leurs études primaires et secondaires soit presque identique à celui des hommes; souligne l'importance de l'accès des femmes à la formation professionnelle et universitaire, particulièrement en Ouzbékistan et au Tadjikistan, où il existe encore un écart considérable entre le nombre de femmes et d'hommes qui poursuivent des études supérieures;

61.

souligne qu'il importe que les femmes accèdent à la formation professionnelle et à l'enseignement universitaire, et notamment qu'elles soient mieux représentées dans les filières scientifiques et technologiques, et presse le RSUE d'encourager la mise en place de mesures d'incitation à cet égard; estime que l'Union devrait renforcer son action dans ce domaine, par exemple en organisant des séminaires de formation d'enseignants et en fournissant des ressources pédagogiques; réclame la mise en œuvre de mesures visant à moderniser l'enseignement public, à promouvoir les échanges universitaires internationaux et à favoriser la participation des femmes sur un pied d'égalité; estime qu'il convient de concevoir des formations aux questions d'égalité hommes-femmes à l'intention du personnel enseignant;

62.

observe que le rôle positif joué par l'Union dans la région devrait être renforcé par l'éducation et les contacts entre les personnes; réaffirme l'importance du rôle joué par les programmes d'échanges internationaux de l'Union européenne, tels qu'Erasmus +, Erasmus Mundus et Erasmus Tempus, dans la promotion de la mobilité positive et du dialogue interculturel entre l'Union européenne et l'Asie centrale ainsi que dans l'offre de perspectives d'émancipation pour les étudiants bénéficiant de ces programmes, qui rapprochent les deux cultures; se réjouit que l'Union européenne ait prévu un budget de 115 millions d'euros pour le programme de coopération en matière d'éducation (Erasmus+) dans la région; invite toutes les parties prenantes au niveau de l'Union et des États membres à évaluer et à renforcer les mécanismes existants de programmes d'études et de bourses d'études ainsi que d'échanges entre jeunes professionnels entre l'Union européenne et la région d'Asie centrale, notamment dans les domaines des technologies et des sciences appliquées;

63.

se félicite que chacun des cinq pays d'Asie centrale ait scrupuleusement respecté le processus de Bologne jusqu'à présent en mettant en place de nombreuses réformes nationales au cours des dernières années;

64.

invite la Commission à promouvoir la participation des scientifiques, instituts et entreprises d'Asie centrale à des projets de recherche et d'innovation collaboratifs financés au titre du programme Horizon 2020;

Intégration économique, commerce et développement durable

65.

observe les caractéristiques communes liées à l'histoire ancienne, notamment à celle des routes de la soie, de la colonisation par les tribus turques et de l'arrivée de l'islam; ajoute que les cinq pays de la région ont atteint des niveaux de développement différents: le Kazakhstan se profile comme un acteur central dans la région, et les relations de l'Union avec ce pays font des progrès constants; la République kirghize et le Tadjikistan sont beaucoup plus pauvres, mais sont relativement ouverts, avec un certain degré de participation de la société civile; les relations de l'Union avec l'Ouzbékistan progressent également; tandis que le Turkménistan reste le pays le plus fermé de la région, n'ayant pas de société civile indépendante active;

66.

souligne le fait que la région présente également une grande diversité, notamment en ce qui concerne les ressources naturelles disponibles telles que les combustibles fossiles et les terres arables, et que cette situation explique en partie la variété des niveaux actuels de développement humain et économique des pays concernés; met en évidence l'importance de tenir compte, d'une part, des différences culturelles qui existent au sein de la région et, d'autre part, de l'interdépendance qui prévaut entre les pays;

67.

reconnaît l'incidence positive qu'un nouvel élan dans la coopération économique entre l'Union européenne et l'Asie centrale pourrait avoir sur les processus de modernisation et de démocratisation dans la région;

68.

est d'avis que la diversification économique de la région crée de la valeur ajoutée sur le plan du développement, de la stabilité et de la sécurité de la région, en respectant un équilibre entre les contraintes sociales, économiques et environnementales; estime qu'il est essentiel de moderniser et de développer les infrastructures locales durables dans les domaines des transports et de l'énergie, notamment dans les zones rurales, ainsi que d'améliorer l'accès à l'internet à haut débit et de faciliter la mise en place d'une connectivité interrégionale; estime que l'assainissement écologique et le développement durable devraient jouir d'un degré équivalent de priorité dans le cadre du développement de la région et souligne l'importance du commerce pour les promouvoir; est partisan de l'intensification des efforts de l'Union en faveur d'une meilleure gestion des ressources dans les pays d'Asie centrale, et demande d'encourager la coopération transfrontalière ces pays;

69.

juge préoccupants le manque de développement socio-économique, au point mort et inégal, l'absence de transparence et la corruption qui s'ensuit, la mauvaise gouvernance, la faiblesse des institutions, le manque de respect de l'état de droit et la faible participation de la société civile, qui favorisent le clientélisme et aggravent les problèmes de corruption et réduisent l'efficacité de l'État;

70.

insiste sur l'importance croissante des relations commerciales entre l'Asie centrale et l'Union, cette dernière étant désormais le premier partenaire commercial de la région; souligne la nécessité pour l'Union d'intensifier davantage ses relations avec les pays d'Asie centrale dans les domaines du commerce et des investissements; rappelle, à cet égard, la nécessité pour les pays d'Asie centrale d'accroître leurs efforts pour lutter contre la corruption et promouvoir un environnement stable afin d'attirer les investissements étrangers;

71.

est d'avis que les relations économiques et commerciales avec les pays d'Asie centrale doivent se développer en parallèle et jamais au détriment de l'état de droit, de la démocratie, des droits de l'homme ni des libertés fondamentales; rappelle à cet égard qu'il importe de recourir aux dispositions contenues dans les clauses prévues à cet effet des accords commerciaux signés par l'Union si l'autre partie contractante viole les droits de l'homme;

72.

fait observer que le développement économique généralisé et durable figure parmi les priorités fondamentales de la stratégie; souligne la nécessité pour les pays d'Asie centrale de promouvoir des politiques actives de réduction de la pauvreté et de lutte contre l'exclusion sociale; prend acte des répercussions particulièrement négatives qu'ont dans la région le ralentissement économique en Russie et en Chine, les tensions géopolitiques persistantes et le conflit en Ukraine; souligne, à cet égard, que la détérioration de la situation économique résultant de la baisse des prix des produits de base, de la dévaluation du rouble et de la diminution des fonds envoyés par les travailleurs émigrés en Russie dont bon nombre rentrent désormais chez eux sans emploi pose de graves problèmes socio-économiques à la région; fait remarquer que, dans ce contexte, le taux de croissance de la région depuis 2014 devrait être environ égal à la moitié du taux de croissance moyen de la décennie précédente;

73.

presse la Commission d'élaborer des programmes facilitant la réintégration sociale et l'emploi des émigrés revenus au pays, ainsi qu'un dialogue plus soutenu sur les questions de migration et de mobilité;

74.

souligne la nécessité de disposer d'une stratégie Union européenne-Asie centrale qui ne se fonde pas sur des intérêts géostratégiques, mais est conçue pour développer une société participative et démocratique, caractérisée par la liberté d'association pour les syndicats et une société civile active, et pour renforcer l'égalité entre femmes et hommes ainsi que l'autonomisation des femmes, en particulier dans les zones rurales;

75.

souligne que, malgré une croissance économique rapide au cours des dernières années, la région est confrontée à des taux de pauvreté élevés, à d'importantes inégalités de revenus et à une espérance de vie en recul, en particulier dans les zones rurales, où vit entre 80 et 90 % de la population; rappelle que le processus de privatisation qui accompagne la transition économique a, dans une large mesure, laissé les régions montagneuses à l'écart; souligne que les femmes sont particulièrement touchées dans ces régions, étant donné que beaucoup d'hommes migrent vers les villes à la recherche d'un emploi, laissant aux femmes l'ensemble du fardeau des travaux agricoles et des responsabilités familiales;

76.

souligne l'importance d'assurer la cohérence de la stratégie avec les engagements pris à l'échelle mondiale, en particulier avec le programme de développement durable à l'horizon 2030, tel qu'il a été adopté le 25 septembre 2015 lors du sommet des Nations unies sur le développement durable;

77.

encourage l'intégration des objectifs de développement durable (ODD) dans le programme de développement de l'Union européenne dans la région; réaffirme que l'inclusion des ODD engendrera un développement durable plus global dans la région d'Asie centrale;

78.

souligne qu'il importe pour l'Union de saisir l'occasion offerte par la coopération au développement pour promouvoir le respect des droits de l'homme et la réalisation des ODD afin d'accroître les échanges et les investissements dans tous les pays de la région et de renforcer le rôle et les activités des partenaires sociaux en tant qu'acteurs de la société civile;

79.

est d'avis que l'aide au développement devrait être versée uniquement aux pays prenant réellement l'engagement de réduire la pauvreté, de favoriser le progrès socio-économique durable et équitable et de respecter les droits de l'homme, et estime que ces pays doivent faire preuve de l'efficacité de leurs politiques de lutte contre la corruption et permettre à l'Union de contrôler l'application des mesures y afférentes; met en doute, à cet égard, la logique et le rapport coût/efficacité de l'aide octroyée au Turkménistan et à l'Ouzbékistan; appelle à une révision de la politique si des évolutions devaient intervenir; encourage la VP/HR à contribuer à encourager les progrès dans ce domaine; regrette que la capacité d'absorption de l'aide soit très faible et ses effets positifs très limités en raison des niveaux élevés de corruption et d'une bureaucratie inefficace;

80.

observe que la révision actuelle a été volontairement déconnectée de l'exercice de programmation 2014-2020 de l'instrument de financement de la coopération au développement pour l'Asie centrale adopté en 2014, afin d'éviter toute confusion ou tout chevauchement, tout en préservant la cohérence des actions de l'Union dans cette région;

81.

insiste pour que l'aide au développement soit axée sur le développement rural et l'agriculture durable, notamment pour encourager l'abandon des monocultures, telles que la culture du coton;

82.

invite l'Union à contrôler l'efficacité de son aide technique et financière en faveur de la réforme du secteur public dans les pays d'Asie centrale;

83.

appelle de ses vœux la coordination des politiques européennes de développement avec les activités des États membres dans la région; appelle à une coopération étroite de la politique de développement avec les États-Unis, dans le cadre de notre partenariat de développement durable; préconise en outre une coopération avec la Chine et la Russie aux fins du développement de la région de l'Asie centrale;

84.

tient compte de l'assurance affichée par la Chine dans la région et de l'évolution de son rôle, qui est passé de celui de partenaire commercial extérieur à celui de médiateur en matière de gouvernance économique régionale, notamment pour l'approvisionnement régional en biens collectifs;

85.

est d'avis que les synergies entre le Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS) et l'initiative chinoise «One Belt, One Road» (une ceinture, une route) constitueront un outil essentiel pour favoriser le développement économique et social dans la région;

86.

note également que deux pays, à savoir le Kazakhstan et le Kirghizstan, ont adhéré à la nouvelle Union économique eurasiatique créée à l'initiative de la Russie;

87.

demande une coopération étroite de l'Union européenne avec les fonds et agences des Nations unies ainsi qu'avec la Banque mondiale;

88.

prend acte de la prolongation de l'appui budgétaire sectoriel au Kirghizstan et au Tadjikistan, et invite la Commission et le SEAE à définir et à appliquer des conditions rigoureuses et objectivement vérifiables pour tout programme d'appui budgétaire continu en particulier; souligne toutefois que cet appui doit s'accompagner de critères plus stricts, comprenant un programme de réforme solide et des mesures anticorruption efficaces; souligne que l'appui budgétaire européen ne devrait pas être utilisé pour financer directement les services publics de base (tels que l'enseignement primaire et secondaire, les soins de santé élémentaires et les infrastructures de base), dont la responsabilité première incombe aux gouvernements nationaux; considère que l'aide européenne devrait plutôt être liée à l'efficacité de ces gouvernements dans ce domaine; ajoute que l'appui budgétaire européen devrait encourager le développement des services publics avancés, comme la recherche, l'innovation, l'enseignement universitaire, les infrastructures innovantes, etc.;

89.

salue l'augmentation de l'aide macrofinancière et demande que l'instrument en question soit mis en œuvre selon des critères rigoureux fondés sur le rapport coûts/bénéfices et sur une analyse précise de ses incidences et de ses retombées sur les pays bénéficiaires; souligne, sur la base des conclusions des rapports intermédiaires sur la mise en œuvre de la stratégie de l'Union pour l'Asie centrale, qu'il est important que les États membres participent au déploiement de l'aide européenne afin d'en maximiser les effets et les résultats;

90.

salue la demande du Kirghizstan visant à bénéficier du système des préférences généralisées SGP+ et espère que le Tadjikistan et l'Ouzbékistan suivront cet exemple;

91.

considère essentielle l'observance des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) par les États d'Asie centrale ainsi que l'adhésion à l'OMC;

92.

reconnaît, à la suite des constats de l'OCDE, l'importance spécifique que revêtent les programmes visant à relier les investissements étrangers directs (IED) et les PME, car ils encouragent la diversification de l'économie et maximisent les retombées des investissements en permettant aux pays d'Asie centrale de lier plus étroitement les IED à leurs économies, d'améliorer leur compétitivité et d'accéder aux marchés internationaux, aux financements étrangers et à davantage de capacités dans les domaines de la technologie et de la gestion; invite à cet égard les gouvernements des États d'Asie centrale à mettre lesdits programmes en œuvre et, là où ils existent déjà, à accroître la participation des acteurs concernés; souligne la nécessité de mettre en place des mesures complémentaires pour garantir la conformité des productions locales avec les normes de qualité internationales, telles que des programmes d'approfondissement des compétences pour le personnel des PME ou des mesures qui aident les PME à adopter lesdites normes;

93.

rappelle qu'il est crucial, en vue d’un développement économique durable dans la région, d'approfondir l'intégration régionale et d'accroître le commerce intrarégional, de se concentrer sur les réseaux de transport et de services logistiques, et d'améliorer le climat des affaires ainsi que le cadre législatif et réglementaire, tout particulièrement en ce qui concerne les PME;

94.

rappelle les nombreux cas de tuberculose infectieuse dans la région d'Asie centrale; souligne l'importance de la continuité du déploiement de traitement antituberculeux dans les pays émergents qui ne bénéficient plus de l'aide bilatérale de l'Union eu égard au développement de résistances aux médicaments de certaines souches de la tuberculose;

Énergie, environnement, eau et transports

95.

insiste sur la nécessité d'un dialogue plus intensif sur le développement des infrastructures, notamment des réseaux d'énergie et de transport, ainsi que des connexions internet à haut débit;

96.

reconnaît que la coopération énergétique est un secteur prioritaire des relations entre l'Union et l'Asie centrale; considère la région comme une source potentielle supplémentaire de sécurité énergétique pour l'Union, en particulier le potentiel de coopération accrue avec le Kazakhstan et le Turkménistan; rappelle qu'il est important que l'Union européenne dispose d'un approvisionnement énergétique sûr, stable et abordable, conformément à son union de l'énergie et compte tenu également de l'intérêt qu'un tel approvisionnement représente pour la sécurité générale de l'Union; souligne par conséquent que l'approvisionnement et la diversification énergétiques doivent être au cœur de la stratégie UE-Asie centrale, et demande à l'Union d'intensifier ses efforts en vue de l'intégration du marché de l'énergie, qui représente un intérêt mutuel pour la diversification énergétique; demande à cet égard de redoubler d'efforts pour atteindre l'objectif d'extension du corridor sud vers l'Asie centrale et de développement du gazoduc transcaspien; souligne toutefois que les accords énergétiques et les dialogues portant sur l'énergie doivent être conjugués à des éléments solides en matière de droits de l'homme;

97.

prend note du soutien accordé par l'Union en faveur de projets énergétiques susceptibles de prolonger le corridor gazier sud-européen, notamment par les voies transcaspienne et, éventuellement, iranienne; invite cependant l'Union à réaliser des études de faisabilité complètes pour ces projets, y compris des analyses d'impact environnemental et social;

98.

soutient la promotion par l'Union européenne de l'énergie renouvelable, de l'efficacité énergétique et de l'intégration des marchés de l'énergie en Asie centrale et avec les pays voisins, ainsi qu'avec l'Union;

99.

réaffirme que le réinvestissement des revenus provenant des ressources naturelles est crucial pour assurer un développement socio-économique durable;

100.

incite à une meilleure coordination ainsi qu'à des efforts accrus dans le cadre de la plate-forme régionale de l'eau et de l'environnement, essentielle, qui est dirigée par l'Italie et la Roumanie;

101.

plaide en faveur d'un rôle proactif renforcé pour l'Union en ce qui concerne le développement écologiquement durable; souligne, dans ce contexte, l'importance des principes de viabilité environnementale lors de l'extraction et de la transformation des ressources naturelles dans la région promus par l'initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE); note que le Kazakhstan et le Kirghizstan sont les seuls pays de la région qui se conforment à l'ITIE, tandis que le statut de candidat du Tadjikistan a été provisoirement suspendu en 2015;

102.

constate avec préoccupation que, outre les incidences de plus en plus marquées du changement climatique, de multiples problèmes environnementaux hérités de la période soviétique persistent, notamment ceux relatifs à une contamination nucléaire continue et non contrôlée au cours des dernières décennies et à l'assainissement d'urgence des sites d'essais nucléaires, aux activités industrielles et minières, à l'exploitation non durable des ressources naturelles, à la pollution atmosphérique, à la dégradation des sols et des écosystèmes, à la désertification et avant tout à une mauvaise gestion de l'eau, qui s'est poursuivie de manière alarmante; prie instamment la Commission, à cet égard, de mettre en place une assistance technique, de contribuer à la mobilisation des ressources et d'apporter le savoir-faire et les meilleures pratiques européens sur la manière de traiter ces problèmes;

103.

prie instamment l'Union européenne de continuer à fournir une aide financière et technique afin de remédier aux problèmes de santé, humanitaires, environnementaux, économiques et de sensibilisation liés aux conséquences des essais nucléaires effectués par le passé par l'URSS sur le site d'essais nucléaires de Semipalatinsk, au nord-est du Kazakhstan, près de la ville de Semey autrefois connue sous le nom de Semipalatinsk;

104.

accueille favorablement et encourage les efforts supplémentaires en matière d'adaptation et de résilience face au changement climatique et prie instamment les pays d'Asie centrale de contribuer de façon constructive à la réussite de la conférence de Paris sur le climat de 2015;

105.

demande à l'Union de continuer à renforcer ses programmes de réduction des risques de catastrophe et de renforcement de la résilience en Asie centrale, région particulièrement exposée au catastrophes naturelles qui menacent l'environnement et le climat;

106.

exprime sa vive inquiétude quant aux décès massifs de troupeaux d'antilopes saïgas au Kazakhstan en mai 2015; presse l'Union européenne de prendre des mesures de protection de l'environnement et de mener des recherches pour contribuer à empêcher tout risque de répétition de ce phénomène à l'avenir;

107.

demande à l'Union européenne d'intensifier ses efforts pour encourager la coopération entre les pays d'Asie centrale en matière de gestion de l'eau;

108.

encourage l'Union européenne à établir un ordre de priorité et à élargir la mise en œuvre de sa «diplomatie de l'eau» afin de contribuer à l'amélioration de la gestion transfrontalière de l'eau et de jouer un rôle de médiateur dans le règlement des différends, y compris par la promotion d'un cadre efficace et ouvert, en particulier dans le cas du barrage de Rogoun; dans ce contexte, demande instamment à l'Union européenne de promouvoir et d'accélérer davantage l'adhésion aux conventions internationales et principes législatifs relatifs aux ressources en eau partagées;

109.

invitent les pays de la région, s'ils ne l'ont pas encore fait, à signer et à ratifier les conventions d'Espoo et d'Århus des Nations unies relatives aux conflits pour l'eau et à faire participer la société civile à leur mise en application;

110.

demande des efforts renouvelés pour faire face et remédier aux conséquences dramatiques de la catastrophe écologique que représente l'assèchement de la mer d'Aral; prie instamment la Commission d'accroître son soutien au Fonds international pour la mer d'Aral et invite le SEAE à faire de cette question l'une des priorités dans ses rapports réguliers avec l'Ouzbékistan;

111.

rappelle que la création d'une infrastructure ferroviaire et routière stratégique, moderne et interopérable le long de la route de la soie revêt un intérêt majeur pour la Chine, l’Union et la Russie; ajoute que la réussite de l’intégration de cette région grâce à une infrastructure moderne et fiable ouvrirait la voie non seulement à une plus grande intégration économique régionale mais également à la promotion de la mobilité des personnes et des échanges multiculturels, ce qui créerait un meilleur environnement pour faire progresser l’état de droit et la démocratie;

112.

réaffirme que l'Union européenne est prête à offrir son expérience et son savoir-faire pour encourager l'adoption et l'application de normes environnementales, de sécurité et de sûreté dans tous les modes de transport et faciliter l'établissement de liens le long du couloir de transport Europe Caucase Asie centrale; soutient en particulier les efforts que déploie constamment l'Union en faveur de transports aériens et maritimes sûrs en Asie centrale;

113.

encourage le renforcement de la coordination de l'Union avec la politique des transports menée par la Chine dans la région;

Coopération régionale, problèmes de sécurité et gestion des frontières

114.

encourage l'Union européenne à intensifier son dialogue sur l'Asie centrale avec les organisations régionales et internationales compétentes ainsi qu'avec les voisins des pays d'Asie centrale et les autres États actifs dans la région;

115.

encourage l'Union européenne à améliorer la connectivité en recensant, en collaboration avec les pays d'Asie centrale, les domaines de coopération renforcée, en particulier en ce qui concerne les transports et l'énergie; souligne qu'il convient de donner la priorité à l'intégration des pays d'Asie centrale entre eux, ainsi que dans les corridors et sur les marchés internationaux;

116.

estime que l'Union devrait, en coopération avec les États membres, continuer de favoriser l'intégration régionale et poursuivre ses politiques spécifiques de développement de la confiance, mais également récompenser les progrès accomplis par des pays ou groupes de pays d'Asie centrale par un renforcement de la coopération; ajoute que l'action de l'Union devrait être adaptée aux besoins et aux spécificités des différents pays concernés; insiste sur la nécessité d'approfondir les initiatives en faveur du dialogue politique et de promouvoir des mesures de renforcement de la confiance entre les États de la région;

117.

estime que l'approfondissement de l'intégration économique régionale est un élément important pour la stabilité et la consolidation de la paix dans la région;

118.

souligne l'importance de la coopération avec l'OSCE et les Nations unies dans tous les domaines politiques;

119.

demande à l'Union d'associer également la Mongolie de manière ad hoc à certains aspects de la stratégie européenne pour l'Asie centrale;

120.

reconnaît que les principales menaces et les principaux problèmes identifiés dans la stratégie pour l'Asie centrale restent d'actualité;

121.

est d'avis que l'Union européenne devrait encourager la coopération régionale, en particulier en ce qui concerne les problèmes et les défis communs, et que l'intérêt commun devrait prévaloir sur l'hétérogénéité des pays concernés;

122.

observe que les questions ethniques non résolues, l'absence de perspectives de succession pacifique et la gestion des affaires publiques insuffisamment axée sur l'intégration dans les pays d'Asie centrale risquent d'entraîner l'instabilité et l'extrémisme, et que, dans ce contexte, la poursuite des intérêts fondamentaux de l'Union inscrits dans la stratégie pour l'Asie centrale se trouve fortement remise en cause;

123.

soutient l'objectif à long terme de l'Union de transformer les prémices du dialogue UE-Asie centrale de haut niveau en matière de sécurité en un véritable forum de coopération pour faire face aux défis communs en matière de sécurité dans la région et au-delà, tels que les effets indirects de la guerre en Afghanistan, dont la menace de l'État islamique, le trafic de stupéfiants, la traite des êtres humains, l'extrémisme violent et le terrorisme ainsi que les risques chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires; souligne l'importance et l'effet positif des programmes de coopération régionale, à l'instar des programmes de renforcement de la coopération transnationale et de la sécurité aux frontières, tels que le programme pour la gestion des frontières en Asie centrale (BOMCA) et le programme d'action contre les drogues en Asie centrale (CADAP); estime que la nécessité de placer l'accent sur la sécurité des personnes, et non uniquement sur celle des États, doit être intégrée au dialogue; réaffirme la détermination de l'Union à développer les dialogues régionaux et bilatéraux sur la sécurité avec les pays d'Asie centrale, ce qui permettra une participation accrue de l'Afghanistan en coopération avec les partenaires régionaux concernés, en particulier le centre régional des Nations unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale (UNRCCA);

124.

prend acte de l'adoption du plan d'action antidrogue UE-Asie centrale pour 2014-2020; s'alarme cependant des records atteints dans la culture et le trafic de l'opium organisé au départ de l'Afghanistan via l'Asie centrale; demande au SEAE et à la Commission de réfléchir à la question de l'implication des organisations criminelles et des élites dans ce trafic, ainsi qu'aux effets négatifs sur la santé publique dans la région;

125.

recommande de nouveau que le BOMCA et le CADAP soient mis en œuvre au titre de l'ISP et non de l'ICD;

126.

invite instamment l'Union européenne à poursuivre les programmes de soutien régionaux visant à la prévention des conflits et à la consolidation de la paix, notamment la promotion de la réconciliation intercommunautaire et interethnique, ainsi qu'à une définition claire des frontières en Asie centrale, programmes financés par l'ISP;

127.

salue le projet de «coopération transfrontalière pour la paix et le développement durables», parrainé par la Suisse et le PNUD et visant à créer un environnement plus propice à la paix et au développement durable dans les zones transfrontalières situées entre le Kirghizstan et le Tadjikistan;

128.

souligne le rôle de l'UNRCCA, basé à Achgabat depuis 2007, ainsi que de l'OSCE, dans la prévention des conflits dans la région;

129.

demande à l'Union de prêter son concours aux initiatives de l'UNRCCA et, sous la supervision de cet organe, d'accorder son attention à la question de l'eau et au lancement du dialogue entre les cinq États en ce qui concerne la prise en charge de la pollution transfrontalière;

130.

demande à la Commission d'être attentive aux incidences défavorables que les problèmes d'accès aux réserves d'eau peuvent avoir sur la stabilité et la sécurité en Asie centrale et de suivre de près les évolutions dans ce domaine;

131.

constate avec inquiétude que le rapport annuel de 2015 sur la traite des êtres humains (27) place le Turkménistan et l'Ouzbékistan sur la liste des pays à surveiller, ce qui signifie que le nombre de victimes de la traite y est en augmentation; invite le coordinateur de l'Union pour la lutte contre la traite des êtres humains à soutenir les efforts déployés par le Turkménistan et l'Ouzbékistan pour combattre ce phénomène, qui constitue un affront à la dignité humaine souvent associé à la terreur psychologique et la violence physique, et qui doit donc être éradiqué; demande aux États membres de soulever ce problème important dans le contexte des relations qu'ils entretiennent avec ces pays;

132.

rappelle l'importance de la coopération entre l'Union et les pays d'Asie centrale en matière de lutte contre le terrorisme; se déclare vivement préoccupé par la hausse du nombre de citoyens d'Asie centrale qui, sous l'effet entre autres de la marginalisation politique et de la morosité des perspectives économiques, se rendent au Moyen-Orient pour y combattre ou pour y soutenir d'une autre façon des organisations terroristes et extrémistes telles que l'EI et le Front Al-Nosra; reconnaît que, si une partie significative des citoyens radicalisés d'Asie centrale rentrent dans leur pays d'origine, ils risquent de compromettre la sécurité et la stabilité dans l'ensemble de l'Asie centrale, de l'Afghanistan, de l'Iran, de la Russie, de la Chine et de l'Inde;

133.

encourage l'Union européenne à relever avec les gouvernements d'Asie centrale les défis communs que constituent le recrutement de combattants et de partisans par l'État islamique, en se concentrant sur les failles politiques et administratives et en promouvant par exemple la liberté religieuse tout en préservant les constitutions laïques, ainsi qu'en révisant les lois et politiques discriminatoires, en appliquant des programmes de sensibilisation destinés aux hommes comme aux femmes, ou encore en mettant l'accent sur l'emploi des jeunes défavorisés, en accordant la priorité à une réforme de la police et en garantissant une meilleure coordination des services de sécurité, mais aussi en tirant les enseignements des expériences européennes ou asiatiques en matière de réadaptation et de réinsertion des islamistes radicaux;

134.

considère que la coopération internationale, notamment avec la Russie et la Chine, est essentielle pour faire face à la menace croissante de la radicalisation islamiste en Asie centrale; invite tous les acteurs internationaux qui exercent une influence dans la région à encourager les États d'Asie centrale à agir de concert pour mieux coordonner la coopération entre leurs services de sécurité, y compris en ce qui concerne les échanges de renseignements; souligne qu'une telle coopération devrait respecter leurs engagements internationaux en matière de droits de l'homme;

135.

exprime sa vive préoccupation face à la détérioration sécuritaire dans le nord de l'Afghanistan et aux risques de répercussions sur la stabilité militaire et politique de la région; se félicite des améliorations apportées à la cohérence entre les stratégies de l'Union européenne pour l'Afghanistan et l'Asie centrale; souligne cependant la nécessité de lier plus étroitement la stratégie européenne de l'Asie centrale à l'Afghanistan et d'adapter les politiques existantes à la stratégie pour l'après-2014 en Afghanistan; encourage la participation de l'Afghanistan aux programmes visant à assurer la stabilité et la sécurité dans la région; encourage les gouvernements des États d'Asie centrale à jouer un rôle plus proactif et à collaborer plus largement aux fins de la stabilité en Afghanistan; souligne la nécessité de coordonner les stratégies en matière de sécurité humaine, de lutte contre le terrorisme, d'immigration et de lutte contre le trafic de stupéfiants à l'échelle régionale;

136.

demande au Conseil, à la Commission et au SEAE de mettre l'accent en priorité, dans leurs relations avec les États d'Asie centrale, sur la réforme du secteur de la sécurité, notamment l'amélioration du financement et de la formation, la promotion de la liberté de religion dans le cadre des constitutions laïques, la dimension préventive du contre-terrorisme et les efforts visant à réhabiliter les anciens djihadistes dans le cadre d'une stratégie globale pour remédier au problème de l'extrémisme islamiste; regrette que, malgré la nécessité urgente d'une réforme du secteur de la sécurité (RSS) dans les pays d'Asie centrale, l'Union européenne n'ait pas été en mesure de l'intégrer dans sa stratégie; salue, à cet égard, les progrès accomplis au Kazakhstan, qui pourraient servir de base à une réforme au niveau régional; invite l'Union européenne à élaborer des programmes de RSS spécifiques pour le Kirghizstan et, éventuellement, le Tadjikistan, en mettant l'accent sur la primauté des normes en matière d'état de droit et de droits de l'homme dans les domaines de la justice pénale et de la police civile;

137.

reconnaît la poursuite de la mise en œuvre de la zone exempte d'armes nucléaires en Asie centrale par les cinq pays de la région;

138.

demande aux États membres d'interpréter et d'appliquer de façon plus homogène les huit critères énoncés dans la position commune de l'Union de 2008 sur le contrôle des exportations d'armes, et de les respecter de manière stricte; soulève, à cet égard, la question du contournement de cette position commune par des entreprises européennes à la suite d'accords bilatéraux par certains États membres;

139.

demande aux États membres de mettre fin à l'exportation de systèmes de surveillance intrusifs clés en mains destinés aux pays de la région, s'il existe des raisons suffisantes de croire que ces systèmes pourraient être utilisés contre des journalistes, des responsables politiques ou des défenseurs des droits de l'homme; invite la Commission à revoir le système de contrôle des exportations européennes afin d'empêcher ces systèmes intrusifs de tomber entre de mauvaises mains;

Questions spécifiques aux différents pays

140.

souligne que les paragraphes relatifs à un seul pays ne portent que sur des questions prioritaires et ne sont, dès lors, pas exhaustifs;

Kazakhstan

141.

souligne que l'approfondissement des relations politiques et économiques devrait reposer sur des valeurs communes; observe que le Kazakhstan est le premier partenaire d'Asie centrale avec lequel l'Union européenne a négocié et signé un accord de partenariat et de coopération renforcé; escompte que la signature de cet accord débouchera sur un engagement actif et concret du Kazakhstan en matière de réformes politiques et démocratiques, découlant de ses obligations et engagements internationaux; constate que le «programme en 100 étapes» est une tentative d'appréhender les réformes urgentes dans ce pays;

142.

souligne à cet égard les recommandations du Parlement européen du 22 novembre 2012 relatives aux négociations pour un accord renforcé de partenariat et de coopération entre l'Union européenne et le Kazakhstan, qui sont cruciales pour que le Parlement européen donne son approbation à la conclusion du nouvel accord renforcé de partenariat et de coopération et à la coopération future entre l'Union européenne et le Kazakhstan;

143.

se dit profondément inquiet de la détérioration croissante de la situation dans les domaines de la liberté des médias, de la liberté d'expression et de la liberté d'association et de réunion; rappelle et souligne que les progrès concrets et tangibles des réformes politiques sont liés aux progrès effectués dans la négociation du nouvel accord; invite le Kazakhstan à faire tout son possible pour veiller à ce que sa législation respecte les normes du Conseil de l'Europe et garantisse la pleine mise en œuvre des libertés fondamentales sans aucune autorestriction imposée; invite les autorités kazakhes à prendre des mesures concrètes et efficaces pour mettre en œuvre les recommandations formulées en janvier 2015 par le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de réunion pacifique et d'association dans le rapport final relatif à sa mission au Kazakhstan; encourage à cet égard le Kazakhstan à revoir et à modifier ses nouveaux codes pénaux relatifs à la criminalisation de la diffamation, car ceux-ci portent atteinte aux libertés fondamentales; exprime sa profonde préoccupation face à la loi sur les organisations à but non lucratif, qui sape l'indépendance et menace l'existence même des ONG au Kazakhstan, et appelle à sa révision;

144.

rappelle au Kazakhstan les engagements qu'il a pris, vis-à-vis de l'OSCE, à entreprendre des réformes démocratiques, et l'exhorte à se montrer à la hauteur de ses ambitions en matière de politique étrangère en procédant, en tant que membre du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies pour 2013- - 2015, pays accueillant l'Exposition internationale de 2017 et candidat à un siège non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies pour 2017-2018, à d'importantes réformes politiques internes;

145.

souligne que, conformément aux conclusions préliminaires de la mission d'observation internationale des élections du 20 mars 2016 effectuée par l'OSCE/BIDDH, le Kazakhstan a encore un très long chemin à parcourir pour remplir les engagements qu'il a pris envers l'OSCE en matière d'élections démocratiques, ce même si certains progrès ont été enregistrés; encourage les autorités kazakhes à prendre les mesures nécessaires afin d'assurer la mise en œuvre pleine et entière de l'ensemble des recommandations de l'OSCE/BIDDH;

146.

appelle à la libération de tous les prisonniers politiques, notamment le chef du parti d'opposition Alga!, Vladimir Kozlov;

147.

reconnaît le rôle positif joué par le Kazakhstan en organisant et en facilitant les négociations E3 + 3 de 2013 sur l'Iran, qui portaient sur le programme nucléaire iranien, ainsi que la contribution du pays aux initiatives mondiales en matière de sécurité et de sûreté nucléaires, notamment par l'accueil de la nouvelle banque internationale de combustible nucléaire gérée par l'AIEA, qui entamera ses opérations en 2017, son rôle de médiation provisoire en ce qui concerne la crise entre la Russie et l'Ukraine, et les bons offices offerts aux consultations entre mouvements de l'opposition syrienne;

148.

se félicite que le Kazakhstan soit parvenu depuis 2015 au stade final de son processus d'adhésion à l'OMC;

Kirghizstan

149.

déplore la régression enregistrée au Kirghizstan, pays de la région dans lequel l'Union européenne avait placé ses plus grandes espérances pour ce qui est de la poursuite d'ambitions démocratiques;

150.

félicite le Kirghizstan des progrès qu'il a montrés à l'occasion des récentes élections législatives; reconnaît le déroulement pacifique de ces élections ainsi que les améliorations significatives de la transparence lors de ce scrutin; se félicite des conclusions de la mission de l'OSCE chargée d'observer les élections législatives du 4 octobre 2015 au Kirghizstan, qui ont mis en évidence l'existence d'un large choix proposé aux électeurs et d'une campagne électorale concurrentielle; exprime toutefois sa préoccupation quant au fait que l'enregistrement obligatoire des données biométriques constitue une condition préalable à l'exercice du droit de vote, ce qui entraîne des problèmes importants en ce qui concerne le caractère inclusif des listes électorales; souligne que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour instaurer une démocratie parlementaire pleinement fonctionnelle, en dépit des premiers signes encourageants témoignés par la République kirghize à poursuivre les réformes démocratiques et à s'engager sur la voie d'un véritable multipartisme, le Kirghizstan étant à cet égard l'un des pays pilotes pour le soutien que l'Union apporte à la démocratie;

151.

se félicite que Kirghizstan ait retiré le projet de loi discriminatoire sur les agents de l'étranger et les personnes LGBTI, et lui demande de rejeter toute législation discriminatoire à l'encontre des personnes LGBTI et de la société civile;

152.

salue l'élection réussie du Kirghizstan au sein du Conseil des droits de l'homme des Nations unies pour la période 2016-2018, et invite le pays à utiliser de manière constructive son adhésion prochaine pour aborder les questions de droits de l'homme;

153.

invite instamment la Commission et le SEAE à aider le Kirghizstan à rendre justice aux victimes des affrontements ethniques de 2010;

Tadjikistan

154.

invite instamment le Tadjikistan à respecter les engagements internationaux en matière de droits de l'homme et à protéger la liberté de réunion et l'indépendance des professions juridiques; attire l'attention sur la situation problématique des médias après la signature par le président d'un nouveau règlement disposant que toutes les informations relatives aux manifestations officielles sont transmises par l'agence d'information de l'État, limitant ainsi l'accès à d'autres médias; appelle le Tadjikistan à s'abstenir de toute ingérence indue dans le travail des ONG et à ne pas appliquer la législation récemment adoptée sur le financement des ONG;

155.

exprime sa profonde préoccupation face à la décision d'interdire le parti de la renaissance islamique du Tadjikistan à la suite d'une inquiétante tendance consistant à éliminer les forces politiques légitimes et à réduire au silence les voix critiques pour des motifs sécuritaires; invite les autorités du Tadjikistan à respecter les engagements de l'accord de paix de 1997 et à adopter les mesures nécessaires pour garantir la liberté d'expression, le pluralisme et l'instauration d'un contexte politique libre et ouvert;

156.

prend note des conclusions de la mission d'observation électorale de l'OSCE/BIDDH pour les élections législatives du 1er mars 2015 au Tadjikistan, selon lesquelles ces élections «se sont déroulées dans un espace politique restreint et n'ont pas offert aux candidats une égalité de chances»;

157.

demeure préoccupé par l'inefficacité de l'aide au développement apportée par l'Union européenne dans le pays; exhorte le SEAE et la Commission à accorder la priorité aux programmes visant à empêcher la torture dans les centres de détention et à défendre la liberté des médias au Tadjikistan;

158.

salue l'adhésion du Tadjikistan à l'OMC en mars 2013;

Turkménistan

159.

souligne que le Turkménistan est partie prenante à la plupart des grands accords internationaux et se trouve donc dans l'obligation de respecter et de protéger les droits de l'homme en toutes circonstances; exprime sa volonté d'accroître le soutien de l'Union européenne dans le domaine des principes démocratiques et des droits de l'homme, en particulier par la pleine utilisation de l'IEDDH ainsi que d'autres moyens visant à soutenir le processus de réforme dans le pays;

160.

déplore qu'au cours de la période considérée, la situation en matière d'état de droit, de droits de l'homme et de libertés fondamentales n'ait pratiquement pas évolué, en dépit de quelques efforts législatifs dans les domaines politique, judiciaire, économique, social et éducatif; estime que la nouvelle législation devrait être examinée par des experts internationaux à la lumière des obligations internationales en matière de droits de l'homme;

161.

demande à la VP/HR et à la Commission de nouer le dialogue avec les autorités turkmènes afin d'obtenir des mesures concrètes visant à améliorer la situation des droits de l'homme et de l'état de droit, conformément à l'article 21 du TUE; demande par ailleurs de continuer de soulever les questions des droits de l'homme à tous les niveaux, en dehors du dialogue en cours sur les droits de l'homme; invite de nouveau, à cet égard, le SEAE à transformer aussi rapidement que possible le bureau de liaison à Achgabat en délégation à part entière de l'Union au Turkménistan, entre autres en vue d'interagir avec la société civile et de surveiller la situation des droits de l'homme;

162.

souligne l'importance d'un dialogue permanent au sujet des droits de l'homme, notamment en ce qui concerne la pression constante en faveur de la libération des personnes détenues pour des motifs politiques, ainsi que la divulgation du sort des prisonniers disparus;

163.

reconnaît que l'entrée en vigueur de l'accord de partenariat et de coopération avec le Turkménistan aiderait à développer le plein potentiel de la relation déjà établie;

164.

demande dans ce contexte à la VP/HR d'honorer l'accord qui avait été conclu avec son prédécesseur relativement à un mécanisme de suivi permettant au Parlement d'être correctement informé par le SEAE au sujet de la mise en œuvre de l'APC, à compter de son entrée en vigueur;

165.

se félicite du dialogue, récemment renforcé, du Turkménistan avec l'Union européenne dans des domaines qui préoccupent les deux parties; prend acte de la présence du pays à la réunion de l'OSCE de 2015 sur la mise en œuvre des engagements concernant la dimension humaine, ainsi que de la présence à haut niveau de la partie turkmène lors de la 15e réunion annuelle du comité mixte dans le cadre de l'accord commercial intérimaire, en octobre 2015;

166.

invite le Turkménistan à cesser son actuelle campagne visant à confisquer les antennes paraboliques et à bloquer l'accès à certains sites internet, et à mettre fin à l'intimidation et au harcèlement des journalistes indépendants et des militants de la société civile;

Ouzbékistan

167.

déplore que l'Union ne soit pas en mesure s'engager efficacement en faveur de la poursuite de la démocratisation en Ouzbékistan et réaffirme qu'il attend de l'Union qu'elle œuvre activement en faveur de cet objectif dans le pays; constate que le gouvernement ouzbek refuse de mener des réformes significatives; encourage la VP/HR à élaborer une politique fondée sur un dialogue critique, constructif, conditionnel et cohérent vis-à-vis de ce pays;

168.

déplore la violation systématique et régulière des droits et libertés fondamentaux, malgré l'adoption de lois améliorées en la matière et la ratification des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme; prie instamment les autorités ouzbèkes de prendre des mesures concrètes afin de répondre pleinement à ces préoccupations et de mettre en œuvre efficacement toutes les recommandations du rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, du comité contre la torture et de la commission des droits de l'homme;

169.

exige des autorités ouzbèkes qu'elles libèrent tous ceux qui ont été emprisonnés en représailles de leur exercice pacifique de la liberté d'expression, d'association et de réunion, et souligne la nécessité de la prévention et des enquêtes sur les cas de torture en prison; exprime sa préoccupation devant les prolongations arbitraires de peines de prison; demande aux autorités ouzbèkes de laisser les ONG indépendantes de défense des droits de l'homme travailler sans entrave;

170.

salue les progrès accomplis par le pays en matière d'éradication du travail des enfants et se félicite en particulier de l'interdiction prise dans ce sens par le gouvernement; rappelle l'importance d'un suivi indépendant et objectif de l'application de cette interdiction; rappelle la nécessité d'éliminer le recours au travail forcé pendant la récolte annuelle du coton, tout en encourageant le gouvernement à s'engager à poursuivre ses efforts concrets, par exemple au moyen d'un plan d'action, afin d'éradiquer le travail forcé, et ce dans le respect des recommandations de l'OIT et de la Banque mondiale;

171.

rappelle que le Parlement a décidé de ne pas marquer son accord sur le protocole à l'APC UE-Ouzbékistan qui étend les dispositions de cet accord au commerce bilatéral dans le secteur textile tant que la mise en œuvre de réformes concrètes n'a pas été confirmée et que celles-ci n'ont pas donné de résultats notables qui montrent que le recours au travail forcé et au travail des enfants est réellement en voie d'éradication en Ouzbékistan;

172.

estime à cet égard qu'une partie de l'aide au développement fournie dans le passé par l'Union européenne à l'Ouzbékistan, notamment au renforcement des capacités de son Parlement, a été mal dirigée et devrait plutôt être réorientée vers des domaines plus importants, tels que le développement rural et la gestion de l'environnement et de l'eau;

173.

exprime sa profonde préoccupation face aux activités du Mouvement islamique d'Ouzbékistan, qui a prêté allégeance au groupe «État islamique» en août 2015 et qui fédère des milliers de djihadistes en Asie centrale;

o

o o

174.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, au SEAE, au représentant spécial de l'Union européenne pour l'Asie centrale ainsi qu'aux gouvernements et aux parlements respectifs du Kazakhstan, du Kirghizstan, du Tadjikistan, du Turkménistan et de l'Ouzbékistan.


(1)  JO C 184 E du 6.8.2009, p. 49.

(2)  JO C 168 E du 14.6.2013, p. 91.

(3)  JO L 255 du 30.9.2015, p. 68.

(4)  JO L 255 du 30.9.2015, p. 27.

(5)  JO C 332 E du 15.11.2013, p. 28.

(6)  JO C 419 du 16.12.2015, p. 153.

(7)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0252.

(8)  JO C 434 du 23.12.2015, p. 111.

(9)  JO C 434 du 23.12.2015, p. 87.

(10)  JO C 236 E du 12.8.2011, p. 69.

(11)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0288.

(12)  JO C 434 du 23.12.2015, p. 24.

(13)  JO C 74 E du 13.3.2012, p. 12.

(14)  JO C 419 du 16.12.2015, p. 159.

(15)  JO C 251 E du 31.8.2013, p. 93.

(16)  JO C 45 du 5.2.2016, p. 85.

(17)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0008.

(18)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0426.

(19)  JO C 351 E du 2.12.2011, p. 92.

(20)  JO C 81 E du 15.3.2011, p. 80.

(21)  JO C 224 E du 19.8.2010, p. 12.

(22)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0040.

(23)  JO C 168 E du 14.6.2013, p. 195.

(24)  JO C 36 du 29.1.2016, p. 126.

(25)  Statistiques de la Banque mondiale, 2012.

(26)  Statistiques quinquennales de la banque mondiale (2011-2015).

(27)  Rapport du département d'État des États-Unis.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/142


P8_TA(2016)0122

Épidémie du virus Zika

Résolution du Parlement européen du 13 avril 2016 sur l'épidémie du virus Zika (2016/2584(RSP))

(2018/C 058/14)

Le Parlement européen,

vu la déclaration de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) du 1er février 2016 qui qualifie l'épidémie du virus Zika d'urgence de santé publique de portée mondiale,

vu la décision no 1082/2013/UE du Parlement européen et du Conseil du 22 octobre 2013 relative aux menaces transfrontières graves sur la santé et abrogeant la décision no 2119/98/CE (1),

vu le règlement (UE) no 1291/2013 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2013 portant établissement du programme-cadre pour la recherche et l'innovation «Horizon 2020» (2014-2020) (2),

vu la question à la Commission sur la flambée du virus Zika (O-000030/2016 — B8-0119/2016),

vu l'article 128, paragraphe 5, et l'article 123, paragraphe 2, de son règlement,

A.

considérant que le 1er février 2016, l'OMS a déclaré que l'épidémie de virus Zika constituait une urgence de santé publique de portée mondiale;

B.

considérant que le virus Zika est un virus émergent transmis par moustique, identifié pour la première fois en 1947 chez des singes rhésus de la forêt de Zika, en Ouganda, au moyen d'un réseau de surveillance de la fièvre jaune en milieu forestier;

C.

considérant que des épidémies du virus Zika ont été enregistrées de manière sporadique dans deux régions européennes, la Martinique et la Guyane française, ainsi qu'en Afrique, sur le continent américain, en Asie et dans le Pacifique, et que des cas de contamination ont été constatés en Europe, notamment dans les territoires d'outre-mer de la Guadeloupe et de Saint-Martin;

D.

considérant qu'en 2007, le virus Zika a dépassé pour la première fois les frontières endémiques qui lui étaient connues et provoqué une première épidémie sur l'île de Yap, dans les États fédérés de Micronésie, puis une seconde, de grande ampleur, en Polynésie française entre 2013 et 2014, qui a donné lieu à une propagation importante vers plusieurs pays d'Océanie, notamment la Nouvelle-Calédonie et les Îles Cook; que s'il était généralement estimé que le virus Zika ne provoquait chez l'homme que des maladies modérées, l'épidémie en Polynésie française a révélé qu'il pouvait entraîner des complications neurologiques (par exemple le syndrome de Guillain-Barré ou la méningo-encéphalite);

E.

considérant que selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), la plupart des infections restent asymptomatiques (près de 80 %);

F.

considérant que les principaux foyers d'infection du virus Zika ont été constatés au Brésil, plus particulièrement dans le Nordeste;

G.

considérant qu'en novembre 2015, le ministre brésilien de la santé a déclaré l'état d'urgence sanitaire du fait d'une augmentation inhabituelle du nombre de nouveau-nés atteints de microcéphalie dans l'État de Pernambouc au cours de l'année 2015; que cette hausse frappante concerne manifestement surtout les formes les plus graves de microcéphalie, mais que certains rapports suggèrent que la prévalence des formes plus modérées était exceptionnellement importante, même quelques années à peine avant le début de l'épidémie en 2015;

H.

considérant que le cycle de vie du moustique dépend du climat, du milieu et de la biodiversité, et que sa diffusion est facilitée par des facteurs humains tels que le changement climatique, les habitats aquatiques artificiels, la déforestation, l'urbanisation, l'absence de structures sanitaires, les déchets urbains, les conflits et le voyage;

I.

considérant que l'épidémie du virus Zika a mis en évidence les inégalités actuelles dans les pays touchés, notamment en ce qui concerne les systèmes de santé publique et les conditions de vie, et qu'elle a atteint de manière disproportionnée les classes les plus pauvres de la société, qui vivent souvent près de points d'eau à l'air libre et ne sont pas suffisamment équipées pour se prémunir et lutter contre cette maladie; considérant que les femmes sont toujours en majorité parmi les personnes les plus pauvres du monde et qu'elles sont particulièrement exposées en tant que principal membre du foyer responsable de l'alimentation, de l'approvisionnement en eau propre, de l'hygiène et de l'éducation des enfants atteints de syndromes associés à la microcéphalie, un aspect susceptible d'exiger des ressources financières supplémentaires, notamment en l'absence de structures adaptées ou abordables;

J.

considérant que des cas importés d'infection par le virus Zika ont déjà été signalés dans plusieurs pays d'Europe; que le 11 février 2016, l'ECDC a fait état d'un cas de microcéphalie détecté chez une femme enceinte en Slovénie, qui a développé une infection similaire au virus Zika alors qu'elle séjournait au Brésil au cours de sa grossesse;

K.

considérant qu'à la date du 9 février 2016, aucune transmission autochtone du virus Zika n'avait été signalée sur le continent européen mais que quelques cas avaient été relevés dans les régions ultrapériphériques européennes;

L.

considérant que l'apparition du virus s'est accompagnée de concentrations locales de cas de microcéphalie et d'autres troubles neurologiques; notamment du syndrome de Guillain-Barré; que l'OMS a déclaré le 1er février 2016 qu'un lien de causalité entre une infection par le virus Zika au cours de la grossesse et la microcéphalie était fortement soupçonné, même s'il n'était pas encore scientifiquement prouvé;

M.

considérant que les scientifiques, s'appuyant sur un nombre croissant d'études préliminaires, s'accordent à dire que le virus Zika est l'une des causes de la microcéphalie (3), une maladie qui endommage les cellules fœtales formant le cerveau (4), entraîne la naissance de bébés au crâne plus petit que la moyenne et, dans la plupart des cas, un retard du développement cérébral, et apparaît susceptible de nuire au fœtus tout au long de la grossesse (5), tout en étant également à l'origine du syndrome de Guillain-Barré; que l'incertitude au sujet de la santé de l'enfant à naître et des mécanismes de transmission place les femmes et les adolescentes, en particulier les femmes enceintes et leur famille, dans une position extrêmement difficile, notamment en ce qui concerne leur santé et les implications à long terme pour leur ménage, et que ces incertitudes ne devraient en aucun cas être utilisées pour retarder les décisions et les actions nécessaires de toute urgence à la résolution de cette crise;

N.

considérant qu'il existe de nombreuses causes potentielles de microcéphalie, mais que son origine reste souvent inconnue, qu'en l'absence de tout traitement spécifique contre la microcéphalie, il est important de constituer une équipe multidisciplinaire pour évaluer et traiter les bébés et les enfants atteints de microcéphalie, qu'une intervention à un stade précoce au moyen de stimulation et de programmes de jeux agit positivement sur le développement et que le soutien et le conseil aux parents est tout aussi fondamental;

O.

considérant que la concentration locale de cas de microcéphalie au Brésil a été associée par des chercheurs argentins et brésiliens au larvicide pyriproxyfène, qui avait été utilisé en 2014 dans les réserves d'eau potable des régions infectées du Brésil; qu'en réaction à cette association éventuelle, contre l'avis du ministre de la santé et conformément au principe de précaution, le gouvernement de l'État du Rio Grande do sul, dans le Sud du pays, a suspendu l'utilisation de ce larvicide depuis le 13 février 2016;

P.

considérant que parmi les 4 783 cas de microcéphalie rapportés depuis octobre 2015, la microcéphalie a été exclue pour 700 d'entre eux;

Q.

considérant que parmi 404 nourrissons souffrant de microcéphalie, des tests ont prouvé que seuls 17 d'entre eux étaient atteints par le virus Zika;

R.

considérant que l'épidémie du virus Zika a commencé dès 2013 dans les territoires européens d'outre-mer;

S.

considérant qu'il existe un risque de voir apparaître une transmission par vecteur local en Europe au cours de l'été 2016;

T.

considérant qu'il n'existe actuellement aucun traitement ou vaccin spécifique, mais que l'entreprise indienne Bharat Biotech a annoncé le 3 février 2016 qu'elle disposait de deux candidats-vaccins en développement, à savoir un vaccin recombinant et un vaccin inactivé, qui se trouvaient à l'étape des essais précliniques sur animaux;

U.

considérant que le virus Zika est sexuellement transmissible (6)  (7) et que, selon l'OMS, la transmission sexuelle est «relativement commune» (8);

V.

considérant que des cas de transmission du virus Zika par transfusion sanguine ont également été signalés;

W.

considérant qu'il existe un risque réel de transmission transfrontalière du virus par des voyageurs infectés et le commerce international;

1.

reconnaît que le virus Zika est surtout transmis à l'homme par la piqûre d'un moustique infecté du genre Aedes, principalement l'espèce Aedes aegypti dans les régions tropicales, et qu'il s'agit du moustique qui transmet aussi la dengue, le chikungunya et la fièvre jaune;

2.

observe que selon l'évaluation du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), en l'absence de traitement ou de vaccin et étant donné que les moustiques qui transmettent le virus Zika piquent aussi bien en intérieur qu'en extérieur, le plus souvent pendant la journée, la prévention repose actuellement sur des mesures de protection personnelle, telles que le port de tee-shirts à manches longues et de pantalons traités à la perméthrine (notamment aux heures où le moustique responsable de la transmission de Zika est le plus actif) le fait de privilégier des pièces équipées de moustiquaires ou climatisées pour dormir et se reposer, ou encore l'utilisation d'un filet anti-moustiques;

3.

insiste sur l'importance du déploiement de plans de communication à l'échelle la plus pertinente pour sensibiliser la population et de la promotion des comportements appropriés pour éviter les piqûres de moustiques;

4.

salue le suivi en cours de la situation par l'ECDC; invite l'ECDC à mettre régulièrement à jour ses évaluations des risques et ses bulletins épidémiologiques; estime que l'ECDC devrait créer un comité d'experts sur les maladies tropicales transmissibles afin de coordonner et de superviser efficacement toutes les mesures nécessaires dans l'Union européenne;

5.

salue la décision de la Commission de mobiliser dix millions d'euros pour la recherche sur le virus Zika et recommande d'examiner en priorité les cas de graves de malformations cérébrales congénitales en Amérique du Sud ainsi que leur lien présumé avec l'infection par le virus Zika; se demande toutefois si cette somme est suffisante, compte tenu de l'ampleur du défi scientifique que constitue la compréhension du virus Zika et de ses complications neurologiques ainsi que le développement de tests de diagnostic et de traitements contre cette maladie;

6.

constate que le virus Zika a été signalé dans 28 pays et que ses conséquences peuvent bouleverser la vie des victimes, notamment des femmes jeunes ou pauvres, dont une grande majorité vivent dans les régions les moins développées de ces pays; insiste, compte tenu de la probable propagation ultérieure de la maladie, sur le fait que les enseignements tirés à la suite de l'épidémie d'Ebola l'an dernier doivent être appliqués de toute urgence par la communauté internationale;

7.

souligne que la recherche devrait avant tout se concentrer sur les mesures préventives, afin d'éviter la transmission du virus, et sur les traitements; demande que la recherche sur le virus Zika s'articule en trois volets; l'examen du lien fortement suspecté entre le virus et les malformations cérébrales congénitales, le développement de traitements et de vaccins ainsi que la conception de tests qui permettent un diagnostic rapide et efficace;

8.

souligne la nécessité d'approfondir les recherches sur le lien éventuel entre la microcéphalie et le larvicide pyriproxyfène, étant donné que l'absence de lien n'est pas scientifiquement prouvée;

9.

souligne que la recherche ne devrait pas négliger les autres causes potentielles et les causes complémentaires de la microcéphalie;

10.

attire l'attention sur les autres possibilités de financement disponibles dans le cadre d'Horizon 2020 et du 7e PC pour la recherche sur le développement de vaccins contre la malaria et les maladies infectieuses négligées, qui comprennent le virus Zika;

11.

demande à la Commission, dès lors que des fonds publics européens sont investis dans la recherche, de veiller à ce que les résultats de ces travaux soient libres de tout droit de propriété intellectuelle et que les patients bénéficient de la garantie d'un tarif abordable pour les produits développés à partir de ces recherches;

12.

demande à la Commission de proposer des mesures spécifiques aux régions européennes déjà touchées par le virus Zika, afin d'éliminer tous les vecteurs de transmission potentiels sur place, de venir en aide aux personnes infectées, notamment aux femmes enceintes, et d'empêcher toute propagation ultérieure, tant dans ces régions que dans le reste de l'Europe;

13.

demande à la Commission de présenter un plan d'action afin d'empêcher la propagation du virus en Europe et de venir en aide aux États membres et aux pays tiers dans leur lutte contre cette épidémie dans les régions les plus atteintes (principalement dans les Caraïbes ainsi qu'en Amérique centrale et du Sud); estime que ce plan devrait prévoir des objectifs suffisants en matière de distribution gratuite de barrières mécaniques tels que les filets (qui protègent des piqûres de moustiques) et les préservatifs (qui empêchent la transmission sexuelle); demande à la Commission de développer un protocole de gestion à l'attention des personnes qui risquent d'être infectées par le virus Zika en raison de leur contexte épidémiologique, en vue de lutter efficacement contre la chaîne de transmission sexuelle et par le sang grâce à la détection précoce;

14.

souligne la nécessité d'une approche qui tienne compte de la dimension de genre lors de l'examen du financement et de l'estimation des besoins des laboratoires, étant donné le degré de complexité des essais et du développement de vaccins sûrs, efficaces, abordables et qui puissent être administrés aux femmes enceintes, qui sont souvent exclues des premières phases d'essais cliniques; invite instamment les bailleurs de fonds à rester réalistes quant au coût prévisionnel du développement de ces vaccins, notamment lors de l'attribution de crédits européens dans le domaine de la recherche, et à considérer en premier lieu la sécurité des jeunes filles et des femmes;

15.

fait observer que le virus Zika a mis en évidence les lacunes tant dans la réaction des systèmes de santé publique, notamment au niveau des soins primaires, qu'en ce qui concerne les soins et les droits dont bénéficient les femmes et les jeunes filles en matière de santé reproductive dans les pays touchés par l'infection, notamment en ce qui concerne l'information et les soins pendant et après la grossesse ainsi que la prévention et l'interruption volontaire des grossesses, alors que les représentants des gouvernements de ces pays ont conseillé aux femmes de repousser leur grossesse en attendant que le virus Zika soit mieux connu;

16.

reconnaît la nécessité de renforcer les capacités des laboratoires afin de confirmer les suspicions d'infection par le virus Zika dans l'Union et l'EEE afin de distinguer les cas d'infection par le virus Zika des autres infections arbovirales (comme la dengue et le chikungunya); demande aux États membres et à la Commission de coordonner les travaux des laboratoires qui effectuent des recherches sur le virus Zika et de promouvoir la création de tels laboratoires dans les États membres qui n'en disposent pas encore;

17.

demande à l'Union et aux États membres de proposer des stratégies qui contribuent à mettre en relation les fabricants de vaccins, les centres de contrôle des maladies et les autres agences de santé publique et prestataires de santé à l'échelle nationale et régionale, afin d'encourager l'échange des données et des analyses;

18.

insiste sur l'importance d'une meilleure sensibilisation des obstétriciens, pédiatres et neurologues à la nécessité de rechercher une éventuelle infection par le virus Zika chez les patients qui ont séjourné au Brésil ou dans un autre pays atteint par le virus depuis 2014, ainsi que chez ceux atteints de malformations congénitales du système nerveux central, de microcéphalie ou du syndrome de Guillain-Barré;

19.

constate avec inquiétude que, dans un grand nombre de pays touchés, la grossesse n'est pas le fruit d'une décision volontaire, notamment dans ceux dont les taux de violence sexuelle se maintiennent durablement à des niveaux élevés; demande à l'Union de venir en aide aux pays atteints en réalisant l'accès universel aux soins de santé primaires, prénataux et postnataux ainsi qu'aux tests de diagnostic pour le virus Zika, et invite l'Union à soutenir les gouvernements de ces pays en mettant à leur disposition un ensemble complet d'informations et de soins en matière de relations sexuelles et de reproduction, qui prévoie notamment le recours au planning familial, en veillant avant tout à ce que l'ensemble des femmes et des adolescentes aient accès à une variété de méthodes contraceptives de qualité et puissent avorter sans risque pour leur santé, afin de lutter contre la multiplication des avortements dans de mauvaises conditions depuis le début de l'épidémie et, dans ce contexte, de susciter le débat nécessaire sur la contraception et les droits des femmes et des jeunes filles avec les pays partenaires;

20.

indique qu'à l'heure actuelle (le 10 février 2016), vingt-cinq pays de l'Union, de l'EEE, les États-Unis d'Amérique et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies ont conseillé aux femmes enceintes et aux femmes qui cherchent à tomber enceinte de reporter tout voyage vers les régions touchées par le virus Zika;

21.

invite la Commission à mener sans délai une analyse des répercussions des insecticides sur la santé humaine et de leur efficacité contre le moustique vecteur du virus Zika, étant donné l'absence à l'heure actuelle de prophylaxie, de traitement et de vaccin contre cette infection et compte tenu du risque d'apparition d'une transmission par vecteur local en Europe au cours de l'été 2016; invite également la Commission à coordonner un ensemble de mesures préventives que les autorités nationales appliqueront cet été;

22.

prend acte de la publication d'un algorithme permettant l'examen des femmes enceintes qui ont séjourné dans une région actuellement infectée par le virus Zika; souligne, toutefois, que les autorités de santé n'ont pas encore examiné les questions de la détection prolongée du virus Zika dans le sperme et de la transmission prouvée du virus Zika par voie sexuelle, qui peuvent entraîner des conséquences pour les hommes qui reviennent de régions actuellement concernées par l'infection; estime qu'eu égard à la fréquence des infections asymptomatiques, il convient de conseiller aux hommes qui se rendent dans ces régions d'utiliser des préservatifs après leur retour, jusqu'à la publication de données concluantes au sujet de ce mode de transmission;

23.

invite la Commission et les États membres, à la suite des recommandations adressées par l'OMS aux pays européens en matière de prévention, à améliorer sensiblement la surveillance des espèces invasives de moustiques, à accentuer le contrôle des moustiques en éliminant les sites de reproduction (comme les piscines) et en prévoyant la pulvérisation d'insecticide en cas d'épidémie, ainsi qu'à améliorer le taux de désinfection de la cargaison, des soutes, de la cabine de pilotage et de la cabine passagers des avions en provenance des pays touchés;

24.

demande à l'Union et aux ambassades des États membres de fournir des informations et un soutien aux citoyens européens qui vivent et se rendent dans les régions atteintes;

25.

demande aux compagnies aériennes de l'Union et des pays tiers de procéder à la désinfection en bonne et due forme des avions en provenance des zones touchées;

26.

demande à l'Union, en vue de l'élaboration de sa stratégie de lutte contre cette infection, de consulter les autorités nationales, régionales et locales des États membres et des pays tiers expérimentées dans la surveillance, la sensibilisation, la prévention et la lutte contre le moustique Aedes aegypti, notamment le gouvernement régional de Madère et la mairie de Funchal, qui possèdent plus de dix ans d'expérience dans ce domaine, ainsi que les régions ultrapériphériques et territoires d'outre-mer français, qui possèdent une solide expertise en matière de maladies vectorielles émergentes, notamment le virus Zika;

27.

souligne la nécessité d'une approche coordonnée à l'échelon européen et international dans la lutte contre cette épidémie; salue, à cet égard, la création du Corps médical européen et estime pertinent de favoriser, le cas échéant, la mobilisation de personnel et de matériel médical et de santé publique pour lutter contre le virus Zika; invite aussi la Commission à présenter d'urgence une stratégie horizontale de l'Union en matière de santé mondiale dans le but de réaliser le nouveau cadre de développement durable et ses objectifs;

28.

invite la Commission à contribuer, en coopération avec d'autres partenaires, à la surveillance de l'expansion du virus Zika, y compris dans les pays en développement, et à intégrer dans les programmes de développement par pays existants des réponses appropriées en termes de développement des capacités de santé, de formation du personnel de santé, de surveillance épidémiologique, de sensibilisation et de mobilisation de la communauté et du contrôle des populations de moustiques, en collaboration avec les pays affectés;

29.

souligne la nécessité de fonder chaque proposition sur un large éventail d'études épidémiologiques qui traitent non seulement des effets du virus Zika, mais aussi des autres causes de ces effets;

30.

invite les États membres à améliorer la sensibilisation des médecins hospitaliers et des établissements de médecine du voyage au sujet de l'évolution de l'épidémie du virus Zika et des mesures de contrôle des vecteurs envisagées par les autorités dans les régions touchées, afin que ceux-ci puissent inclure l'infection par le virus Zika dans leurs diagnostics différentiels pour les résidents et les visiteurs de ces régions et se préparer, le cas échéant, à mettre en quarantaine les voyageurs suspectés d'avoir contracté le virus Zika afin d'éviter toute transmission autochtone; demande aux autorités sanitaires nationales d'organiser une campagne d'information coordonnée par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies afin d'informer et de rassurer les citoyens européens et d'éviter toute inquiétude injustifiée;

31.

demande à la Commission et aux États membres d'accroître leur vigilance en matière de détection précoce des cas d'infection par le virus Zika importés dans l'Union, notamment dans les régions et territoires d'outre-mer et les régions ultrapériphériques de l'Union, en particulier dans les régions qui présentent des vecteurs avérés ou potentiels, afin de réduire le risque de transmission autochtone; reconnaît en outre l'existence d'un risque, bien que probablement faible et limité à une certaine période de l'année, d'une importation du virus Zika vers des régions à climat tempéré déjà infestées par le moustique Aedes (notamment en Amérique du Nord et en Europe), qui entraînerait une transmission autochtone;

32.

insiste sur le fait que l'accès à une vaste gamme de services de santé est d'une grande importance dans la lutte contre le virus Zika;

33.

soutient l'appel lancé par les Nations unies (9) en faveur de l'abrogation des lois et des politiques qui restreignent l'accès des femmes aux services et aux droits relatifs à la santé sexuelle et reproductive, en violation des normes internationales, et s'associe à la volonté affichée par les Nations unies de veiller à ce que ce les actions de santé publique respectent les droits de l'homme, notamment en matière de santé et de droits qui s'y rapportent;

34.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au Secrétaire général des Nations unies ainsi qu'à l'Organisation mondiale de la santé.


(1)  JO L 293 du 5.11.2013, p. 1.

(2)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 104.

(3)  http://www.who.int/features/qa/zika/fr/

(4)  http://www.nature.com/news/zika-highlights-role-of-controversial-fetal-tissue-research-1.19655

(5)  Brasil, P. et al. N. Eng. J. Med. http://dx.doi.org/10.1056/NEJMoa1602412 (2016).

(6)  http://www.dallascounty.org/department/hhs/press/documents/PR2-2-16DCHHSReportsFirstCaseofZikaVirusThroughSexualTransmission.pdf

(7)  https://www.rt.com/news/333855-zika-sex-case-france/

(8)  http://www.reuters.com/article/us-health-zika-qanda-factbox-idUSKCN0X22TY

(9)  http://www.un.org/apps/news/story.asp?NewsID=53173#.VswcHE32aUk


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/148


P8_TA(2016)0123

Situation en Pologne

Résolution du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la situation en Pologne (2015/3031(RSP))

(2018/C 058/15)

Le Parlement européen,

vu les traités de l'Union européenne, et notamment les articles 2, 3, 4 et 6 du traité sur l'Union européenne (traité UE),

vu la communication de la Commission du 11 mars 2014 sur un nouveau cadre de l'UE pour renforcer l'état de droit (COM(2014)0158),

vu la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne,

vu la convention européenne des droits de l'homme (CEDH),

vu son débat du 19 janvier 2016 sur la situation en Pologne,

vu l'avis de la commission de Venise du 12 mars 2016 sur les amendements du 22 décembre 2015 à la loi du 25 juin 2015 sur le Tribunal constitutionnel de la Pologne,

vu l'article 123, paragraphe 2, de son règlement,

A.

considérant que le respect de l'état de droit, de la démocratie, des droits de l'homme, des libertés fondamentales et des valeurs et principes tels qu'énoncés dans les traités de l'Union européenne et les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme sont des obligations pour l'Union et ses États membres, qui doivent être respectées;

B.

considérant que, conformément à l'article 2 du traité UE, l'Union européenne est fondée sur le respect de la dignité humaine, de la liberté, de la démocratie, de l'égalité, de l'État de droit, ainsi que des droits de l'homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités, valeurs communes à tous les États membres qui doivent être respectées par l'Union et par chaque État membre, dans toutes leurs actions;

C.

considérant qu'en vertu de l'article 4, paragraphe 2, du traité UE, l'Union doit respecter l'égalité des États membres devant les traités ainsi que leur identité nationale;

D.

considérant qu'aux termes de l'article 4, paragraphe 3, du traité UE, en vertu du principe de coopération loyale, l'Union et les États membres se respectent et s'assistent mutuellement dans l'accomplissement des missions découlant des traités;

E.

considérant qu'en vertu de l'article 17 du traité UE, la Commission doit veiller à l'application des traités;

F.

considérant que l'état de droit est la clé de voûte de la démocratie et l'un des principes fondateurs de l'Union européenne, qui agit sur la base de la présomption de confiance mutuelle que ses États membres respectent la démocratie, l'état de droit et les droits fondamentaux, comme le prévoient la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne et la CEDH;

G.

considérant qu'un système judiciaire efficace, indépendant et impartial est essentiel pour caractériser l'état de droit et pour garantir la protection des droits fondamentaux et des libertés civiles des citoyens européens;

H.

considérant que le Tribunal constitutionnel a été établi comme l'un des éléments centraux garantissant l'équilibre des pouvoirs de la démocratie constitutionnelle et l'état de droit en Pologne;

I.

considérant que les récents événements en Pologne, en particulier la controverse politique et juridique concernant la composition du Tribunal constitutionnel et les nouvelles règles relatives à son fonctionnement (en ce qui concerne, notamment, l'examen des affaires et l'ordre de celles-ci, l'augmentation du quorum de présences et des majorités nécessaires pour que le Tribunal adopte des décisions), ont suscité des inquiétudes quant à la capacité du Tribunal constitutionnel de faire respecter la Constitution et de garantir le respect de l'état de droit;

J.

considérant que la commission de Venise a clairement affirmé que le Tribunal constitutionnel ne peut jouer son rôle de garant de la primauté de la Constitution polonaise étant donné que le verdict du Tribunal du 9 mars 2016 n'a pas été publié et ne peut donc entrer en vigueur, et que cette situation compromet l'état de droit; que la commission de Venise a averti que le fait de paralyser le Tribunal porterait atteinte à la démocratie, aux droits de l'homme et à l'état de droit;

K.

considérant que les mesures prises par le gouvernement polonais et le président de la République de Pologne à l'égard du Tribunal constitutionnel représentent un risque pour la démocratie constitutionnelle;

L.

considérant que, à la suite du débat d'orientation du 13 janvier 2016, la Commission a décidé d'entamer un dialogue structuré au titre du cadre pour l'état de droit en adressant une lettre au gouvernement polonais en vue de clarifier la situation en Pologne;

M.

considérant que la Commission, en tant que gardienne des traités, rassemblera et examinera toutes les informations utiles et appréciera s'il existe des indications claires d'une menace systémique envers l'état de droit;

N.

considérant que le cadre pour l'état de droit est destiné à faire face à des menaces systémiques envers l'état de droit, en particulier dans des situations auxquelles des procédures d'infraction ne permettent pas de remédier efficacement et au cas où les «mécanismes de protection de l'état de droit» existant au niveau national ne semblent pas en mesure de mettre fin à ces menaces;

O.

considérant que la Constitution polonaise actuelle, adoptée en 1997, garantit la séparation des pouvoirs, le pluralisme politique, la liberté de la presse, la liberté d'expression et le droit à l'information;

P.

considérant que, outre la crise constitutionnelle, d'autres questions inspirent de vives inquiétudes au Parlement européen dans la mesure où elles pourraient constituer des atteintes au droit européen et aux droits fondamentaux, notamment aux droits de la femme; considérant que ces initiatives du gouvernement polonais doivent être suivies de près par les institutions européennes;

1.

juge fondamental de garantir le respect intégral des valeurs européennes communes énoncées à l'article 2 du traité UE;

2.

estime que tous les États membres doivent respecter intégralement le droit de l'Union dans leurs pratiques législatives et administratives, et que tout texte législatif, y compris le droit primaire de tout État membre ou pays candidat à l'adhésion, doit correspondre et être conforme aux valeurs fondamentales européennes, à savoir les principes démocratiques, l'état de droit et le respect des droits fondamentaux;

3.

est vivement préoccupé par le fait que la paralysie effective du Tribunal constitutionnel en Pologne met en péril la démocratie, les droits de l'homme et l'état de droit;

4.

prie instamment le gouvernement polonais de respecter, de publier et d'exécuter intégralement sans plus attendre le jugement du Tribunal constitutionnel du 9 mars 2016 et d'exécuter les jugements des 3 et 9 décembre 2015;

5.

demande au gouvernement polonais d'appliquer pleinement les recommandations de la commission de Venise; partage l'avis de la commission de Venise selon lequel la Constitution polonaise et les normes européennes et internationales exigent que les jugements d'une Cour constitutionnelle soient respectés;

6.

salue la visite que M. Timmermans, vice-président de la Commission, a récemment effectuée en Pologne et sa déclaration lors de la réunion de la Commission du 6 avril 2016 sur le lancement d'un dialogue destiné à trouver une solution à la situation actuelle, dans le respect intégral du cadre constitutionnel, ce qui suppose la publication et l'exécution des jugements du Tribunal constitutionnel; partage ses inquiétudes quant à la possibilité que deux systèmes juridiques coexistent en parallèle, ce qui entraînerait une insécurité juridique;

7.

appuie la décision de la Commission de lancer un dialogue structuré au titre du cadre pour l'état de droit, qui devrait permettre de préciser si une menace systémique pèse sur les valeurs démocratiques et l'état de droit en Pologne; se félicite de l'assurance donnée par la Commission que le dialogue avec les autorités polonaises sera mené de manière impartiale, sur la base d'éléments probants et dans un esprit de coopération, et demande à la Commission, si le gouvernement polonais ne respectait pas les recommandations de la commission de Venise au cours du dialogue structuré, d'engager la deuxième étape de la procédure visant à sauvegarder l'état de droit en formulant une «recommandation sur l'état de droit» et d'apporter son soutien à la Pologne dans l'élaboration de solutions propres à renforcer l'état de droit;

8.

souligne cependant que toutes les mesures prises doivent respecter les compétences de l'Union et de ses États membres, conformément aux traités et au principe de subsidiarité;

9.

invite la Commission à le tenir régulièrement et étroitement informé de ses évaluations, des progrès accomplis et des mesures prises;

10.

espère que le dialogue structuré entre le gouvernement polonais et la Commission donnera également lieu au réexamen d'autres décisions de ce gouvernement qui ont suscité des inquiétudes quant à leur légalité et à leurs éventuelles conséquences sur les droits fondamentaux;

11.

attend de la Commission qu'elle assure de même un suivi de la situation dans tous les États membres pour ce qui est du respect de la démocratie, de l'état de droit et des droits fondamentaux, évitant ainsi d'appliquer deux poids, deux mesures, et qu'elle fasse rapport au Parlement;

12.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres ainsi qu'au président de la République de Pologne.


Jeudi 14 avril 2016

15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/151


P8_TA(2016)0128

Pakistan, en particulier l'attentat perpétré à Lahore

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 sur le Pakistan, en particulier sur l'attentat de Lahore (2016/2644(RSP))

(2018/C 058/16)

Le Parlement européen,

vu ses résolutions précédentes sur le Pakistan,

vu la déclaration de la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, du 27 mars 2016 sur l'attentat de Lahore, au Pakistan,

vu la déclaration de Stavros Lambrinidis, représentant spécial de l'Union européenne pour les droits de l'homme, du 29 octobre 2014,

vu les déclarations du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, du 27 mars 2016 sur l'attentat au Pakistan, et du 21 janvier 2016 sur l'attentat contre l'université Bacha Khan;

vu la déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU du 28 mars 2016 sur l'attentat terroriste perpétré à Lahore, au Pakistan,

vu les rapports du rapporteur spécial de l'ONU sur la liberté de religion ou de conviction,

vu le rapport de la rapporteuse spéciale de l'ONU sur les questions relatives aux minorités, Rita Izsák-Ndiaye, du 5 janvier 2015 sur les discours de haine et l'incitation à la haine à l'égard des minorités dans les médias,

vu la déclaration de la lauréate du prix Sakharov et du prix Nobel de la paix, Malala Yousafzaï, du 27 mars 2016,

vu le rapport de la rapporteuse spéciale sur l'indépendance des juges et des avocats, Gabriela Kaul, du 4 avril 2013, et le rapport du groupe de travail de l'ONU sur les disparitions forcées ou involontaires du 26 février 2013 sur sa mission au Pakistan,

vu l'article 18 de la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948,

vu le pacte international relatif aux droits civils et politiques et le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels,

vu les orientations de l'Union européenne concernant la peine de mort, révisées le 12 avril 2013,

vu les conclusions du Conseil du 20 juillet 2015 sur le Pakistan,

vu le plan quinquennal de coopération UE-Pakistan de mars 2012 — dont les priorités sont la bonne gouvernance et le dialogue en matière de droits de l'homme — ainsi que le deuxième dialogue stratégique UE-Pakistan du 25 mars 2014, qui lui est étroitement lié;

vu les orientations de l'Union européenne relatives à la promotion et à la protection de la liberté de religion ou de conviction,

vu sa résolution du 17 décembre 2015 sur le rapport annuel de 2014 sur les droits de l'homme et la démocratie dans le monde et sur la politique de l'Union européenne en la matière (1),

vu l'article 135, paragraphe 5, et l'article 123, paragraphe 4, de son règlement,

A.

considérant que le 27 mars 2016, un attentat a causé la mort de 73 personnes et fait plus de 300 blessés, dont de nombreuses femmes et de nombreux enfants, dans une aire de jeu du parc Gulshan-e-Iqbal à Lahore; que le groupe terroriste Jamaat al-ahrar a revendiqué la responsabilité de l'attentat et déclaré qu'il avait délibérément visé des chrétiens; qu'en fait, la plupart des blessés et des morts étaient musulmans et que tous étaient pakistanais;

B.

considérant qu'au moment de l'attentat, Islamabad était le théâtre de violentes manifestations lors desquelles des partisans de Moumtaz Qadri, meurtrier reconnu coupable et condamné du gouverneur Salman Tassir, exigeaient l'exécution d'Assia Bibi, une femme accusée de blasphème et condamnée à mort qui avait été défendue par le gouverneur Tassir; que des dizaines de milliers de personnes assistaient aux funérailles de Qadri après sa pendaison et louaient son héroïsme, que des images circulaient sur les réseaux sociaux; que le juge qui a le premier condamné Qadri a dû fuir le pays après avoir reçu des menaces de mort;

C.

considérant que certains groupes extrémistes sont autorisés à diffuser leur idéologie et à déployer leurs activités sans entraves, comme certains syndicats d'étudiants dans les universités et l'association d'avocats Khatm-e-Noubouwat, laquelle serait à l'origine de l'augmentation des poursuites pour blasphème dans les juridictions pakistanaises et qui s'oppose à toute tentative législative de réforme de la législation en la matière;

D.

considérant que les chrétiens et d'autres minorités non seulement sont persécutés par des extrémistes mais sont victimes de discriminations, en particulier en application de la législation pakistanaise sur le blasphème, qui est discriminatoire et largement détournée à des fins personnelles et politiques; que des musulmans sont aussi inculpés en application de cette législation;

E.

considérant que le terrorisme et l'extrémisme islamiste font des victimes dans la population pakistanaise depuis des années, en particulier au sein des minorités religieuses et parmi les femmes et les enfants; que depuis l'adoption de la dernière résolution du Parlement sur le Pakistan le 15 janvier 2015 (2), plusieurs douzaines d'attentats terroristes et d'agressions violentes ont été perpétrés contre des minorités religieuses dans un contexte juridique discriminatoire et d'application déficiente du droit;

F.

considérant que plusieurs groupes terroristes au Pakistan s'en prennent aux minorités religieuses comme les ahmadis, les chrétiens, les chiites et les hindous, ainsi qu'à des sunnites dont l'opinion diverge de la leur; que dans son rapport annuel de 2015, la commission des droits de l'homme du Pakistan a constaté que les auteurs de ces violences restaient impunis dans la plupart des cas;

G.

considérant que des enfants kamikazes seraient toujours utilisés par des groupes extrémistes; que le gouvernement n'a pas adopté de dispositions législatives portant création de la commission nationale des droits de l'enfant, organe indépendant chargé de la protection et du respect des droits des enfants;

H.

considérant qu'après le massacre perpétré dans une école par des rebelles talibans en décembre 2014, le gouvernement pakistanais a rétabli la peine de mort après un moratoire de six ans, d'abord uniquement pour les activités terroristes puis pour tous les crimes passibles de la peine capitale; que fin 2015, le Pakistan avait exécuté 326 personnes, un nombre sans précédent qui place le pays au troisième rang mondial dans ce domaine;

I.

considérant que la lutte entre l'armée pakistanaise et les groupes armés non étatiques s'est traduite par le déplacement de plus d'un million de personnes à l'intérieur du pays;

J.

considérant que des femmes issues de minorités religieuses pakistanaises sont enlevées, mariées de force et contraintes de se convertir à l'islam, que ce phénomène est largement ignoré par la police et les autorités civiles;

K.

considérant que le Pakistan joue un rôle de premier plan dans la stabilité de l'Asie du Sud et qu'il devrait par conséquent montrer l'exemple en renforçant l'état de droit et en protégeant les droits de l'homme;

L.

considérant que l'Union reste fermement déterminée à poursuivre son dialogue et sa coopération avec le Pakistan au titre du plan quinquennal;

1.

est profondément choqué par l'attentat perpétré le 27 mars 2016 à Lahore et condamne fermement ces actes insensés de violence à l'encontre de tant d'innocents;

2.

adresse ses plus sincères condoléances aux familles des victimes et exprime sa solidarité avec le peuple et le gouvernement pakistanais;

3.

souligne qu'il est absolument impératif de traduire en justice les auteurs de l'attentat de Lahore; demande aux pouvoirs publics pakistanais, notamment les administrations locales et provinciales, de veiller à ce que ces actes donnent effectivement lieu à des enquêtes et des poursuites;

4.

se déclare particulièrement inquiet par les violations endémiques et graves des libertés de religion et de conviction au Pakistan; souligne l'importance de respecter les droits fondamentaux de toutes les minorités religieuses et ethniques du Pakistan de sorte qu'elles puissent continuer à vivre dans la dignité, l'égalité et la sécurité, et pratiquer leur religion en totale liberté sans subir aucun acte de contrainte, de discrimination, d'intimidation ou de harcèlement, conformément aux principes fondateurs du Pakistan;

5.

se félicite des initiatives de réformes prises par le gouvernement comme le projet de loi sur la criminalisation du mariage des enfants et la loi sur la protection des femmes contre la violence et le harcèlement, le déblocage de YouTube, la décision déclarant fériés les jours de fêtes de Holi, de Divali et de Pâques pour les minorités religieuses, ainsi que l'initiative personnelle du Premier ministre Nawaz Charif de se rendre à une manifestation religieuse hindoue; presse le gouvernement de redoubler d'efforts pour instaurer un climat social favorable aux minorités et à la diversité d'opinion; rappelle dans ce contexte le plan d'action national, les réformes urgentes et nécessaires des médersas qui ont été promises, en particulier l'action du gouvernement contre les discours de haine et la réforme restée en suspens de la police et de l'appareil judiciaire; fait observer qu'il conviendra de prendre des mesures plus ambitieuses, en particulier dans le domaine éducatif (l'élimination des a priori et des préjugés des programmes et des manuels) et en matière de poursuite des personnes qui incitent à la violence;

6.

salue l'engagement pris le gouvernement pakistanais d'écarter les menaces que constitue l'extrémisme religieux; soutient le dialogue constant entre l'Union et ses États membres, d'une part, et le Pakistan, d'autre part, sur les moyens de garantir la protection et la défense des droits de l'homme, eu égard notamment aux mesures de lutte contre le terrorisme et par l'intermédiaire de lois sur la sécurité;

7.

est convaincu que si l'opération militaire annoncée dans le Pendjab est essentielle dans la lutte contre le terrorisme, elle ne l'est pas moins que la victoire dans la guerre idéologique contre le terrorisme qui garantira un avenir de tolérance et de progrès au Pakistan;

8.

demande aux pouvoirs publics pakistanais de s'attaquer au problème de l'exclusion sociale et économique, notamment de la grande majorité des chrétiens et des autres minorités religieuses, qui mènent une vie précaire;

9.

juge préoccupant le recours permanent à des lois sur le blasphème au Pakistan et considère que cette tendance attise l'intolérance religieuse; demande par conséquent au gouvernement pakistanais de réexaminer ces lois et leur application; invite les pouvoirs publics à veiller à ce que les affaires pour blasphème soient diligemment traitées par la justice; relève notamment le cas d'Assia Bibi et encourage vivement la Cour suprême à se prononcer dans cette affaire;

10.

demande aux pouvoirs publics pakistanais de garantir l'indépendance des juridictions, l'état de droit et les droits de la défense, conformément aux normes internationales en matière de procédures judiciaires; invite également les pouvoirs publics pakistanais à accorder une protection suffisante à toutes les personnes intervenant dans les affaires de blasphème, en particulier les gens de loi dans le pays, et à protéger les accusés, les témoins et leurs familles ainsi que leurs communautés des violences émeutières, notamment les personnes acquittées qui ne peuvent rentrer chez elles; demande au gouvernement pakistanais de veiller à ce que les victimes de violences et de persécutions ciblées bénéficient des voies de recours judiciaire appropriées et d'autres voies de recours applicables en vertu du droit international sur les droits de l'homme;

11.

réaffirme qu'il reste opposé à la peine de mort dans toutes les circonstances; observe avec une vive inquiétude la hausse spectaculaire des condamnations à mort au Pakistan, notamment à l'encontre, très malheureusement, de délinquants mineurs, et réclame le rétablissement d'un moratoire sur la peine de mort dans la perspective d'une abolition de la peine capitale au Pakistan;

12.

souligne qu'il est fondamental, dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme religieux, de s'attaquer aux causes profondes de ces phénomènes en prenant des mesures contre la pauvreté, en garantissant la tolérance religieuse et la liberté de conviction et en veillant à ce que les enfants, en particulier les filles, aient le droit d'aller à l'école et puissent le faire en sécurité;

13.

demande au gouvernement pakistanais d'adresser une invitation permanente aux rapporteurs spéciaux de l'ONU, notamment le rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, le rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires et le rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction, et de soutenir par tous les moyens les travaux de la commission nationale des droits de l'homme;

14.

demande au gouvernement pakistanais de prendre les mesures nécessaires pour garantir que les établissements éducatifs, les aires de loisirs et les lieux de rassemblement des communautés minoritaires dans les zones touchées par l'insécurité et les conflits soient suffisamment protégées, et pour réduire au maximum le risque que de telles violations des droits de l'homme et de telles violences ne se renouvellent;

15.

encourage tous les acteurs régionaux à intensifier considérablement la coopération anti-terroriste; réaffirme l'importance d'un engagement international sans condition en faveur de la lutte contre le terrorisme, notamment le démantèlement de toutes les formes de soutien financier des réseaux terroristes, et contre l'endoctrinement idéologique qui est à l'origine de l'extrémisme et du terrorisme;

16.

se félicite que le Pakistan ait ratifié la Convention relative aux droits de l'enfant et salue les mesures prises par les pouvoirs publics pakistanais en faveur des droits de l'enfant; invite le Pakistan à ratifier le protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés, et à instituer la commission nationale des droits de l'enfant;

17.

invite la Commission, la vice-présidente et haute-représentante, Federica Mogherini, le Service européen pour l'action extérieure et le Conseil à coopérer pleinement avec le Pakistan dans la lutte contre la menace terroriste et à continuer d'aider le gouvernement et le peuple pakistanais à poursuivre leurs efforts d'éradication du terrorisme; demande à la vice-présidente et haute-représentante, Federica Mogherini, d'informer régulièrement le Parlement des progrès enregistrés dans le cadre de ces mesures bilatérales;

18.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au représentant spécial de l'Union pour les droits de l'homme, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au secrétaire général de l'ONU, au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, à la présidence du Conseil de sécurité de l'ONU, au Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés ainsi qu'au gouvernement et au Parlement du Pakistan.


(1)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0470.

(2)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0007.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/155


P8_TA(2016)0129

Honduras: situation des défenseurs des droits de l'homme

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 sur la situation des défenseurs des droits de l'homme au Honduras (2016/2648(RSP))

(2018/C 058/17)

Le Parlement européen,

vu les lignes directrices de l'Union sur les défenseurs des droits de l'homme et celles visant à promouvoir et garantir le respect de tous les droits fondamentaux des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI),

vu sa résolution du 11 décembre 2012 sur la proposition de décision du Conseil concernant la conclusion de l'accord établissant une association entre l'Union européenne et ses États membres, d'une part, et l'Amérique centrale, d'autre part (1),

vu le rapport final de la mission d'observation électorale (MOE) de l'Union européenne sur les élections générales organisées au Honduras en 2013 et sa mission de suivi de 2015 eu égard à l'impunité,

vu le plan d'action de l'Union en faveur des droits de l'homme et de la démocratie pour la période 2015-2019,

vu les recommandations formulées au Honduras dans le cadre de l'examen périodique universel des Nations unies du 8 mai 2015,

vu le rapport du rapporteur spécial des Nations unies sur les menaces mondiales auxquelles sont exposés les défenseurs des droits de l'homme et sur la situation des femmes défenseurs des droits de l'homme,

vu la déclaration du rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l'homme au Honduras, formulée à Genève, le 18 mars 2016,

vu l'article 25 du règlement de la Commission interaméricaine des droits de l'homme, concernant le mécanisme des mesures conservatoires,

vu la convention de l'Organisation internationale du travail de 1989 concernant les peuples indigènes et tribaux dans les pays indépendants (convention no 169 de l'OIT),

vu la déclaration du 17 février 2016 des chefs de la mission de l'Union européenne au Honduras sur la situation difficile que la communauté LGBTI rencontre au Honduras,

vu les déclarations des autorités de l'Union européenne, y compris la déclaration de la délégation de l'Union européenne au Honduras du 3 mars 2016, et la déclaration de la porte-parole de la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, du 16 mars 2016,

vu les clauses relatives aux droits de l'homme de l'accord d'association entre l'Union européenne et l'Amérique centrale et de l'accord de partenariat et de coopération (APC) entre l'Union européenne et l'Amérique centrale, en vigueur depuis 2013,

vu l'article 135, paragraphe 5, et l'article 123, paragraphe 4, de son règlement,

A.

considérant que d'après plusieurs rapports des Nations unies sur les défenseurs des droits de l'homme, les militants dans le domaine environnemental, les défenseurs des droits des peuples autochtones, les journalistes, les professionnels du droit, les syndicalistes, les paysans, les militants des droits des femmes et les personnes LGBTI, parmi d'autres militants, continuent de faire l'objet de mauvais traitements, de violences, de détentions arbitraires, de menaces et d'assassinats au Honduras;

B.

considérant que le gouvernement hondurien a pris des engagements et des initiatives législatives pour protéger les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes et les professionnels du droit, ce qui comprend l'ouverture d'un bureau du haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, la disposition des autorités nationales à autoriser des missions internationales d'observation des droits de l'homme et l'adoption, en 2015, de la loi sur la protection des défenseurs des droits de l'homme;

C.

considérant que, en dépit de ce qui précède, le Honduras est désormais devenu l'un des pays les plus dangereux de la région pour les défenseurs des droits de l'homme; considérant que le Honduras est l'un des pays les plus violents du monde pour les militants dans le domaine environnemental, au moins 109 d'entre eux ayant été assassinés entre 2010 et 2015;

D.

considérant que d'après les informations disponibles, le 3 mars 2016, Berta Cáceres, célèbre écologiste, militante des droits des peuples autochtones et fondatrice du Conseil citoyen des organisations des peuples amérindiens du Honduras (COPINH), a été assassinée chez elle par des hommes non identifiés; considérant que son meurtre a déclenché l'indignation internationale et suscité l'inquiétude de l'opinion publique au sujet des militants écologistes, des défenseurs des droits des peuples autochtones et des défenseurs du droit à la terre au Honduras;

E.

considérant que deux semaines plus tard, le 16 mars 2016, Nelson García, également membre du COPINH, a lui aussi été assassiné; considérant que la rapide intervention des autorités honduriennes a conduit à la détention de son meurtrier présumé;

F.

considérant que le ressortissant mexicain Gustavo Castro Soto, qui était le seul témoin oculaire du meurtre de Mme Cáceres et qui a lui-même été blessé par balles, s'est vu interdire de quitter le pays pendant près d'un mois en raison des besoins de l'enquête; considérant qu'il a eu l'autorisation de quitter le pays le 6 avril 2016;

G.

considérant que le gouvernement hondurien a promptement condamné ce crime abominable, déclaré que l'enquête relative au meurtre de Mme Cáceres était une priorité nationale et informé le public des progrès réalisés; considérant que le gouvernement a officiellement demandé la coopération de l'Organisation des États américains pour mener à bien cette enquête;

H.

considérant que Mme Cáceres, qui était menacée en permanence, bénéficiait de mesures conservatoires adoptées par la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIADH), qui selon les informations disponibles n'étaient pas appliquées de manière efficace par l'État hondurien; considérant que Mme Cáceres est l'un des 15 défenseurs des droits de l'homme qui ont été tués entre 2010 et 2016 au Honduras, alors qu'ils bénéficiaient de ces mesures conservatoires;

I.

considérant que les meurtres récents devraient être vus dans le contexte de la résistance pacifique menée par le COPINH et d'autres militants depuis des décennies contre le projet de barrage hydroélectrique Agua Zarca sur le Gualcarque, un projet colossal, fortement dépendant des investisseurs et de la technologie européens, qui serait réalisé sans avoir mené en amont de consultation des communautés autochtones concernées, pour obtenir leur consentement préalable, libre et éclairé, comme le demande la convention no 169 de l'OIT; considérant que la banque néerlandaise de développement FMO et Finnfund ont suspendu les paiements en faveur du projet de barrage Agua Zarca, auquel Mme Cáceres était une figure de l'opposition;

J.

considérant que le meurtre du 24 janvier 2016 de Paola Barraza, une femme transsexuelle défenseur des droits des personnes LGBTI et membre de l'association Arcoíris, attire l'attention sur le danger croissant auquel est exposée la communauté LGBTI au Honduras; considérant que son assassinat est le dernier d'une série de meurtres violents de membres actifs d'organisations de défense des droits de l'homme des personnes LGBTI au cours de ces 11 derniers mois, y compris les meurtres de Angy Ferreira, Violeta Rivas, Gloria Carolina Hernández Vásquez (connue aussi sous le nom de Génesis Hernández), Jorge Alberto Castillo, Estefanía Zúñiga, Henry Matamoros et Josselin Janet Aceituno Suazo; considérant que 235 personnes LGBTI auraient été tuées au Honduras depuis 1994, seuls 48 cas ayant été jugés; considérant que d'après le commissaire national des droits de l'homme, 92 % des crimes n'ont pas fait l'objet d'une enquête en bonne et due forme et n'ont pas été élucidés;

K.

considérant que le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l'homme au Honduras, Michel Forst, a déclaré le 18 mars 2016 que «ce cycle de violence ne s'arrêtera que si le problème de l'impunité est traité et que les auteurs de ces actes sont traduits en justice» et a souligné qu'il était nécessaire que les autorités honduriennes prennent des mesures concrètes immédiates pour garantir la sécurité de tous les défenseurs des droits de l'homme dans le pays et de leurs familles;

L.

considérant que le Honduras est en train de réformer son code pénal, qui devrait reposer sur des conventions internationales et être un outil important pour garantir les droits des groupes vulnérables;

M.

considérant que l'Union et ses États membres soutiennent le renforcement du secteur judiciaire et des droits de l'homme grâce à différents programmes et projets de coopération, notamment le programme de soutien des droits de l'homme (PADH) et Eurojusticia;

N.

considérant que plusieurs États membres n'ont pas encore ratifié l'accord d'association entre l'Union européenne et l'Amérique centrale, ce qui signifie que le pilier du «dialogue politique» n'est pas encore entré en vigueur; considérant que le respect de la démocratie, l'état de droit, les droits de l'homme ainsi que les droits civils et politiques des citoyens de chaque région constituent des éléments fondamentaux de l'accord d'association entre l'Union européenne et l'Amérique centrale;

1.

condamne avec la plus grande fermeté les assassinats récents de Berta Cáceres, Nelson García et Paola Barraza, ainsi que chacun des meurtres antérieurs de défenseurs des droits de l'homme au Honduras; présente ses sincères condoléances aux familles et aux amis de chacun de ces défenseurs des droits de l'homme décédés;

2.

rend hommage à Mme Cáceres, militante écologiste hondurienne et dirigeante indigène du peuple Lenca, et cofondatrice et coordinatrice du COPINH, qui a consacré sa vie à la lutte pour une société plus démocratique dans son pays; souligne que son assassinat a une valeur emblématique dans un pays caractérisé par un nombre extrêmement élevé d'homicides et une impunité généralisée;

3.

exprime sa vive préoccupation quant au fait que, en dépit des mesures conservatoires adoptées par la CIADH, les autorités honduriennes n'aient pas réussi à apporter la protection nécessaire à Mme Cáceres; demande au gouvernement hondurien de mobiliser tous les moyens à sa disposition pour appliquer efficacement les 92 mesures conservatoires de la CIADH actuellement en vigueur dans le pays et de prévenir la perpétration d'actes similaires contre d'autres militants écologistes et indigènes menacés;

4.

demande d'urgence des enquêtes immédiates, indépendantes, objectives et approfondies sur ces meurtres et les précédents, afin de traduire les auteurs intellectuels et matériels de ces actes en justice et de mettre un terme à l'impunité; se félicite du fait qu'à la demande du gouvernement hondurien, des représentants du haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'homme et de l'Organisation des États américains participent à l'enquête sur le meurtre de Mme Cáceres; est d'avis que les instruments disponibles dans le cadre des Nations unies et de la CIADH, tels qu'une enquête internationale indépendante, comme le demandent les victimes, pourraient contribuer à garantir une enquête impartiale et équitable sur ces meurtres;

5.

se dit fortement préoccupé par le climat de violence extrême, notamment contre les personnes LGBTI et celles qui défendent leurs droits; souligne qu'il est nécessaire de mener des enquêtes immédiates, approfondies et impartiales sur les meurtres de membres actifs de diverses organisations de défense des droits de l'homme des personnes LGBTI;

6.

souligne la nécessité de renforcer la protection contre la discrimination et les crimes haineux suscités par l'orientation et l'identité sexuelles, et d'élaborer des lignes directrices fondées sur les meilleures pratiques, en coopération étroite avec la société civile; demande l'inclusion de nouvelles mesures appropriées pour prévenir les actes de discrimination et les crimes motivés par la haine et pour protéger la communauté LGBTI dans toute révision du code pénal;

7.

se félicite, tout en restant fortement préoccupé par la situation générale des droits de l'homme au Honduras, des dernières réformes juridiques et des efforts du gouvernement hondurien pour remédier à la situation actuelle des défenseurs des droits de l'homme dans le pays; demande aux autorités honduriennes qu'elles fassent entrer en vigueur et complètent entièrement la loi de 2015 sur la protection des défenseurs des droits de l'homme et qu'elles veillent à ce que, en coopération avec la société civile, le système national de protection des défenseurs des droits de l'homme, des journalistes et des professionnels du droit soit entièrement opérationnel et financé de manière suffisante; demande au gouvernement hondurien de mettre en œuvre entièrement les recommandations reçues dans le cadre du dernier examen périodique universel des Nations unies;

8.

apprécie le travail réalisé par le chef de la délégation de l'Union européenne au Honduras, Ketil Karlsen, et son équipe pour soutenir les défenseurs honduriens des droits de l'homme; demande à la délégation de l'Union européenne et aux ambassades et consulats des États membres dans le pays d'accompagner activement et de suivre les procès associés aux enquêtes sur les meurtres des défenseurs des droits de l'homme, et de renforcer encore leurs efforts pour soutenir les défenseurs des droits de l'homme actuellement en danger;

9.

est d'avis que les activités des investisseurs européens doivent être intégrées dans un ensemble solide de politiques de garanties sociales et environnementales; soutient fermement la mise en œuvre des principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme, avec des exigences de diligence raisonnable, des mesures de sauvegarde de la gestion des risques, ainsi que des recours efficaces lorsqu'ils s'avèrent nécessaires; se félicite du fait que FMO et Finnfund aient condamné publiquement le meurtre de Berta Cáceres et aient demandé une enquête approfondie, et du fait que le 16 mars 2016, à la suite de rapports sur le meurtre de Nelson García, ils aient suspendu l'ensemble de leurs activités;

10.

demande à la Commission et au service européen pour l'action extérieure de veiller à ce que l'aide au développement européenne ne soutienne et n'autorise de projets de développement que s'ils respectent l'obligation de réaliser une consultation des communautés autochtones concernées pour obtenir leur consentement préalable, libre et éclairé, garantissent la consultation appropriée de toutes les communautés concernées et que des garanties solides en matière de droits de l'homme, de droits du travail et de protection de l'environnement sont en place;

11.

demande aux États membres qui ne l'ont pas encore fait de ratifier l'accord d'association entre l'Union européenne et l'Amérique centrale; invite instamment le Conseil à élaborer une politique unifiée vis-à-vis du Honduras qui engage les 28 États membres à exprimer une position commune ferme en ce qui concerne le rôle des droits de l'homme dans la relation entre l'Union européenne et le Honduras et dans la région dans son ensemble;

12.

charge son Président de transmettre la présente résolution à la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au Conseil, à la Commission, aux parlements des 28 États membres, au président, au gouvernement et au Parlement du Honduras, au Secrétariat permanent du Traité général d'intégration économique de l'Amérique centrale, au Parlement d'Amérique centrale, à l'Assemblée parlementaire EuroLat et à la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes.


(1)  JO C 434 du 23.12.2015, p. 181.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/159


P8_TA(2016)0130

Nigeria

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 sur le Nigeria (2016/2649(RSP))

(2018/C 058/18)

Le Parlement européen,

vu ses résolutions précédentes sur le Nigeria,

vu le discours prononcé par le président Muhammadu Buhari devant le Parlement européen le 3 février 2016,

vu les déclarations précédentes de la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité sur la situation au Nigeria,

vu les conclusions du Conseil, y compris celles du 9 février 2015, sur la situation au Nigeria,

vu les déclarations précédentes du secrétaire général de l'ONU sur la situation au Nigeria,

vu les déclarations précédentes du Conseil de Sécurité de l'ONU sur la situation au Nigeria,

vu les déclarations de la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union et du ministre des affaires étrangères de la République fédérale du Nigeria à l'occasion du sixième dialogue ministériel Nigeria-UE qui s'est tenu à Bruxelles le 15 mars 2016,

vu la décision du Conseil d'inscrire Boko Haram sur la liste des organisations considérées comme terroristes par l'Union, entrée en vigueur le 29 mai 2014,

vu la deuxième révision de l'accord de Cotonou (2007-2013), ratifiée par le Nigeria le 27 septembre 2010,

vu la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948,

vu la convention des Nations unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, de 1979,

vu la déclaration des Nations unies de 1981 sur l'élimination de toutes les formes d'intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction,

vu la charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981, ratifiée par le Nigeria le 22 juin 1983,

vu la constitution de la République fédérale du Nigeria et notamment les dispositions relatives à la protection de la liberté de religion contenues dans son chapitre IV, intitulé «Droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion»,

vu le résultat des élections présidentielles au Nigeria de mars 2015,

vu le rapport du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme concernant les violations des droits de l'homme et les atrocités commises par Boko Haram et leurs conséquences sur les droits de l'homme dans les pays touchés du 29 septembre 2015;

vu les objectifs de développement durable des Nations unies, adoptés en septembre 2015,

vu la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant, ratifiée par le Nigeria le 16 avril 1991,

vu le rapport d’Amnesty International intitulé «Nigeria: Still waiting for justice, still waiting for change. Government must prioritise accountability in the north-east».

vu le rapport de Human Rights Watch de janvier 2016 sur le Nigeria,

vu l'article 135, paragraphe 5, et l'article 123, paragraphe 4, de son règlement,

A.

considérant que, avec ses vastes ressources, le Nigeria est la plus grande économie d'Afrique et sa nation la plus peuplée et présentant la plus grande diversité culturelle; qu'il tient une place centrale dans le paysage politique régional et africain et qu'il joue un rôle moteur dans l'intégration régionale par l'intermédiaire de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO); que, cependant, il compte parmi les pays les plus marqués au monde par les inégalités, avec une corruption généralisée contribuant de manière significative aux disparités économiques et sociales et avec sa sécurité qui est menacée par le groupe extrémiste violent Boko Haram;

B.

considérant que des années de dictature militaire, de corruption, d'instabilité politique et de mauvaise gouvernance ont abouti à des investissements insuffisants dans les infrastructures du pays, dans les services éducatifs et sociaux, et que cela continue à miner les droits économiques et sociaux au Nigeria;

C.

considérant que plus de 6 Nigérians sur 10 vivent avec moins de 2 dollars USD par jour; que cette extrême pauvreté est encore plus aiguë dans les États du Nord, qui sont les moins développées du pays; que cette pauvreté contribue directement à la fracture sociale, à l'hostilité religieuse et au cloisonnement régional; que l'indice de Gini du Nigeria a considérablement augmenté et atteint 48,8 en 2010;

D.

considérant que l'organisation Transparency International a classé le Nigeria à la 136e place sur 175 dans son indice de perception de la corruption 2015; que, selon certaines estimations, les vols annuels de pétrole nigérian se chiffreraient entre 3 et 8 milliards USD;

E.

considérant qu'en dépit de la transition pacifique qui a permis au président Buhari d'accéder au pouvoir en mars 2015, la paix et la stabilité du Nigeria ont été menacées par une vague d'attentats, de meurtres et de kidnappings commis par le groupe extrémiste violent Boko Haram, par une économie vacillante du fait de la faiblesse des prix du pétrole sur les marchés mondiaux, par la faiblesse des institutions politiques, par l'incapacité à lutter contre la corruption et par les conflits non résolus dans le delta du Niger et la ceinture centrale;

F.

considérant que Boko Haram a tué au moins 8 200 civils en 2014 et 2015; considérant que, selon les estimations, plus de 2,6 millions de personnes ont été déplacées et plus de 14,8 millions ont été touchées par l'insurrection de Boko Haram;

G.

considérant que le terrorisme représente une menace mondiale, mais que la capacité de la communauté internationale à coopérer avec les autorités nigérianes pour lutter contre Boko Haram dépend de toute la crédibilité, responsabilité et transparence de la nouvelle administration; que l'incapacité du gouvernement à mettre fin à l'impunité pour les crimes de guerre au plus haut niveau demeure d'une l'un des grands problèmes de ce pays; que le président Buhari a promis d'entamer des enquêtes sur ces dossiers;

H.

considérant que Boko Haram cherche à instaurer un État islamique radical au Nigeria, prévoyant notamment l'instauration de tribunaux de la charia dans l'ensemble du pays, et à interdire l'éducation occidentale; que Boko Haram a enlevé des femmes et des filles pour les entraîner dans des attentats suicides; que les récents attentats-suicides à la bombe, y compris ceux du 16 mars, du 11 février et du 31 janvier 2016 dans le nord-est du Nigeria, ont entraîné une multitude de décès;

I.

considérant que les violences sexuelles et sexistes, et les violences à l'encontre des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI), continuent de sévir dans les régions troublées du nord-est du Nigeria et que des droits fondamentaux tels que l'éducation des filles et des femmes, la justice sociale et la répartition équitable des recettes de l'État dans la société se dégradent de manière spectaculaire, tout comme la lutte contre la corruption;

J.

considérant qu'environ 270 écolières ont été enlevées par Boko Haram les 14 et 15 avril 2014 d'une école de Chibok, au nord-est du Nigeria, et que la majorité d'entre elles sont toujours portées manquantes; que leur sort exact demeure un mystère, bien que l'on craigne que la plupart aient été forcées, soit d'épouser des insurgés, soit de devenir elles-mêmes des insurgées, soumises à la violence sexuelle ou réduites en esclavage, et que les filles non musulmanes aient été obligées de se convertir à l'islam; considérant que Boko Haram a enlevé plus de 2 000 femmes et filles depuis 2009, y compris environ 400 à Damasak, dans l'État de Borno, le 24 novembre 2014;

K.

considérant que l'armée nigériane a annoncé le 6 avril 2016 qu'au moins 800 combattants s'étaient rendus pendant les trois semaines précédentes; considérant que les troupes nigérianes ont sauvé 11 595 otages pendant des raids sur le territoire de Boko Haram dans la région montagneuse située entre le Nigeria, le Tchad et le Cameroun, depuis le 26 février 2016;

L.

considérant que le sort des écolière enlevées a mis en lumière des problèmes plus vastes, y compris les attaques régulières contre des écoles, un manque d'enseignants et le besoin urgent d'un financement international pour réparer et reconstruire les bâtiments en ruine; que, du fait de l'insuffisance des possibilités d'enseignement, certains enfants ne sont pas scolarisés depuis de nombreuses années;

M.

considérant que l'extrémisme violent de Boko Haram est aveugle et qu'il a causé d'immenses souffrances pour des personnes de toutes confessions et ethnies dans sa vague de violence; que, l'année dernière, il a été fait état d'une augmentation du nombre de chrétiens tués dans le nord du Nigeria;

N.

considérant que la région de la Ceinture centrale a souffert d'années de tensions économiques et politiques entre communautés ethniques et religieuses, les violences récentes ayant été alimentées par la lutte pour le pouvoir et l'accès aux terres entre communautés nomades et agricoles;

O.

considérant que les secteurs pétrolier et gazier demeurent les principales sources de revenus au Nigeria, bien que la répartition des profits tirés de la richesse économique du pays demeure très inégale; que le niveau de pauvreté et le taux de chômage sont beaucoup plus importants dans le nord du pays que dans le sud, qui profite de la manne pétrolière; que d'après les estimations de la Banque mondiale, le Nigeria a perdu 400 milliards de dollars américains de recettes du pétrole à cause de la corruption depuis 1960 et que 20 milliards de dollars d'argent du pétrole ont disparu des caisses du Nigeria ces deux dernières années;

P.

considérant qu'un groupe d'enquête spécial a été créé par le cabinet du Président pour enquêter sur des allégations de violation des droits de l'homme par les forces de sécurité, y compris des meurtres, des tortures et des disparitions forcées;

Q.

considérant qu'une proposition législative se trouve actuellement devant le sénat nigérian afin de punir la diffusion de «déclarations abusives» dans les médias sociaux ou la critique du gouvernement, entre autres, dans la presse écrite et les médias électroniques;

1.

se félicite de la transmission pacifique du pouvoir au Nigeria à la suite des élections présidentielles et se voit encouragé par les grandes espérances qui entourent le programme de réformes ambitieux du président Buhari et de son gouvernement;

2.

s'inquiète profondément des importantes difficultés sociales, économiques, politiques et sécuritaires auxquelles le Nigeria se trouve confronté et regrette l'absence de progrès réels dans la lutte contre la corruption, qui est une calamité pour la société nigériane depuis des décennies;

3.

reconnaît que le Nigeria a le potentiel de devenir un poids lourd économique et politique de l'Afrique mais que son développement a été retardé par une mauvaise gouvernance économique, de faibles institutions démocratiques et des inégalités massives; demande également à l'Union européenne et à ses États membres d'honorer leur engagement d'apporter une gamme complète de soutien — politique, en matière de développement et humanitaire — pour aider, à tous les niveaux administratifs, des programmes qui luttent contre la pauvreté, le chômage des jeunes et le manque d'émancipation des femmes;

4.

estime que la lutte contre la corruption doit être menée par les autorités nigérianes et pense que l'échec de cette lutte amènerait à plus d'années de pauvreté, d'inégalités, d'atteinte à l'image du pays, d'investissements extérieurs réduits et de perspectives médiocres pour les jeunes; en outre, offre son aide pour atteindre cet objectif et s'efforcer de rompre le lien entre pratiques de corruption et terrorisme;

5.

se félicite des efforts déployés par le gouvernement de M. Buhari pour renforcer sa crédibilité dans la lutte contre la corruption et pour imposer que toutes les transactions financières publiques passent par un unique compte bancaire de manière à surveiller les dépenses; demande à l'Union européenne et à ses États membres de prendre des mesures concrètes, à même de tarir efficacement les flux financiers illicites et de faire reculer la fraude et l'évasion fiscales, ainsi que de renforcer la coopération internationale démocratique en matière fiscale;

6.

exprime sa solidarité avec le peuple du Nigeria, qui souffre des actes de terrorisme perpétrés par Boko Haram, lesquels ont causé des milliers de morts et le déplacement de plus de 2 millions de personnes; presse le gouvernement nigérian de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection de ses civils, conformément à ses obligations régionales et internationales en matière de droits de l'homme, y compris en lançant des enquêtes complètes, indépendantes et efficaces sur de tels crimes;

7.

condamne fermement les récentes violences et attaques de Boko Haram et demande au gouvernement fédéral de protéger sa population et de s'attaquer aux racines de la violence en veillant à garantir les mêmes droits à tous les citoyens, y compris en s'attaquant aux problèmes liés aux inégalités, au contrôle des terres agricoles fertiles, au chômage et à la pauvreté; rejette toutes représailles violentes de la part de l'armée nigérianes qui violeraient le droit humanitaire; se félicite, cependant, du programme «Couloir de sécurité» de l'armée nigériane, conçu pour rééduquer les combattants de Boko Haram;

8.

déplore le massacre de femmes, d'hommes et d'enfants innocents, les actes de viol et de torture et le recrutement d'enfants soldats, et se tient aux côtés du peuple nigérian, déterminé à lutter contre toutes les formes de violence dans son pays;

9.

demande au gouvernement nigérian d'élaborer une stratégie globale destinée à combattre les causes profondes du terrorisme et d'enquêter, comme promis, sur les indications selon lesquelles l'armée nigériane aurait peut-être commis des violations des droits de l'homme; se félicite de la tenue d'un sommet sur la sécurité à Abuja, en mai 2016, et invite toutes les parties intéressées à recenser des solutions concrètes, viables, pour lutter contre le terrorisme sans sacrifier le respect des droits de l'homme et de la démocratie; souligne également l’importance de la coopération régionale pour lutter contre la menace que représente Boko Haram;

10.

demande une enquête internationale, sous l'égide des Nations unies, chargée de déterminer les responsabilités de pays tiers dans l'organisation et le financement des groupes terroristes présents dans la région, tels que Boko Haram;

11.

estime que le deuxième anniversaire de l'enlèvement des écolières de Chibok, le 14 avril, devrait relancer les efforts du gouvernement nigérian et de la communauté internationale pour assurer leur libération immédiate et sans condition, ainsi que la libération des 400 femmes et enfants enlevés dans la ville de Damasak en novembre 2014 et de toutes les autres femmes et tous les autres enfants qui ont été enlevés;

12.

demande aux autorités de garantir aux femmes et aux filles un accès facile à l'ensemble des services de santé sexuelle et reproductive;

13.

prend acte avec préoccupation des attaques contre des écoles dans le nord du Nigeria, qui refusent aux enfants la possibilité de suivre un enseignement et risquent d'alimenter la radicalisation sur laquelle reposent des groupes extrémistes violents tels que Boko Haram;

14.

observe que Boko Haram a attaqué des musulmans, des chrétiens, des adeptes d'autres religions et des personnes sans confession, sans aucune distinction, et condamne la flambée de violence, y compris le ciblage d'établissements religieux et de leurs fidèles;

15.

condamne, en outre, les attaques contre des fermiers et les conflits interethniques entre bergers et fermiers dans la région de la Ceinture centrale, en particulier dans les États du Plateau et de Taraba, qui ont été marqués par de graves violations des droits de l'homme et ont causé la mort de milliers de personnes depuis 2014;

16.

invite le gouvernement nigérian et les partenaires internationaux à accroître l'investissement dans la prévention et la résolution des conflits intercommunautaires entre bergers et fermiers en soutenant la coopération au moyen d'initiatives de gestion partagée des ressources économiques et naturelles;

17.

invite le président Buhari à veiller à ce que son gouvernement défende la liberté de culte des Nigérians, et les droits de tous ses citoyens d'une manière plus large, conformément aux lois et à la constitution du pays, et demande aux dirigeants religieux du Nigeria d'aider à la lutte contre l'extrémisme et la radicalisation;

18.

invite instamment la vice-présidente/haute représentante et les États membres à rester fidèles à leurs efforts diplomatiques déployés au Nigeria pour instaurer paix et sécurité et garantir une bonne gouvernance et le respect des droits de l'homme; les prie instamment, en particulier, de poursuivre leur dialogue politique avec le Nigeria, conformément à l'article 8 de l'accord de Cotonou révisé, et de régler, dans ce cadre, les questions liées aux droits de l'homme universels, notamment la liberté de pensée, de conscience, de religion ou de croyance, et la lutte contre toutes les formes de discrimination, tels qu'ils sont inscrits dans les instruments universels, régionaux et nationaux relatifs aux droits de l'homme;

19.

demande que les autorités nigérianes rejettent la loi visant à interdire les pétitions abusives et autres matières liées, qui se trouve actuellement devant le sénat nigérian, car elle met à mal la liberté de la presse et la liberté d'expression au Nigeria;

20.

demande au gouvernement nigérian et aux autorités régionales de cesser de poursuivre pénalement la communauté LGBTI et de garantir son droit à la liberté d'expression;

21.

demande au gouvernement nigérian de prendre des mesures d'urgence dans le delta du Niger, y compris des actions visant à mettre un terme aux activités pétrolières illégales;

22.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, au Service européen pour l'action extérieure, à la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, aux parlements et aux gouvernements des États membres, au président de la République fédérale du Nigeria, au président de l'Union africaine, à l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE, au Parlement panafricain et aux représentants de la CEDEAO.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/164


P8_TA(2016)0133

Rapport sur la Turquie 2015

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 sur le rapport 2015 sur la Turquie (2015/2898(RSP))

(2018/C 058/19)

Le Parlement européen,

vu le rapport de la Commission de 2015 sur la Turquie (SWD(2015)0216),

vu les conclusions du Conseil du 15 décembre 2015 sur l'élargissement et le processus de stabilisation et d'association et les précédentes conclusions du Conseil et du Conseil européen sur le sujet,

vu la communication de la Commission du 10 novembre 2015 au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions sur la stratégie d'élargissement de l'Union (COM(2015)0611),

vu la décision 2008/157/CE du Conseil du 18 février 2008 relative aux principes, aux priorités et aux conditions du partenariat pour l'adhésion de la République de Turquie («le partenariat pour l'adhésion»), et les décisions antérieures du Conseil de 2001, 2003 et 2006 sur le partenariat pour l'adhésion,

vu la déclaration commune ayant fait suite au sommet UE-Turquie du 29 novembre 2015 et au plan d'action UE-Turquie,

vu sa résolution du 15 avril 2015 sur le centenaire du génocide arménien (1),

vu la conférence intergouvernementale du 14 décembre 2015 au cours de laquelle le chapitre 17 consacré à la politique économique et monétaire a été officiellement ouvert,

vu ses résolutions précédentes sur la Turquie, notamment celles du 10 février 2010 sur le rapport de 2009 sur les progrès accomplis par la Turquie (2), du 9 mars 2011 sur le rapport de 2010 sur les progrès accomplis par la Turquie (3), du 29 mars 2012 sur le rapport de 2011 sur les progrès accomplis par la Turquie (4), du 18 avril 2013 sur le rapport de 2012 sur les progrès accomplis par la Turquie (5), du 13 juin 2013 sur la situation en Turquie (6), du 12 mars 2014 sur le rapport de 2013 sur les progrès accomplis par la Turquie (7), du 13 novembre 2014 sur les tensions dans la zone économique exclusive de la République de Chypre à la suite de mesures prises par la Turquie (8), du 15 janvier 2015 sur la liberté d'expression en Turquie (9) et du 10 juin 2015 sur le rapport de 2014 sur les progrès accomplis par la Turquie (10),

vu sa résolution sur le rapport de 2014 sur les progrès accomplis par la Turquie, dans laquelle il demande à la Commission de procéder à une nouvelle évaluation de la façon dont les négociations ont été menées jusqu'à présent et dont les relations et la coopération entre l'Union et la Turquie pourraient être améliorées et intensifiées,

vu le cadre pour les négociations avec la Turquie du 3 octobre 2005,

vu la déclaration de la Communauté européenne et de ses États membres du 21 septembre 2005, qui dispose notamment que la reconnaissance de tous les États membres est une composante nécessaire des négociations et prévoit la mise en œuvre intégrale par la Turquie du protocole additionnel à l'accord d'Ankara en éliminant tous les obstacles à la libre circulation des marchandises sans préjugé ni discrimination,

vu le fait que l'adhésion de la Turquie à l'Union est subordonnée au respect intégral de l'ensemble des critères de Copenhague, ainsi qu'à la capacité de l'Union à intégrer de nouveaux membres, conformément aux conclusions du Conseil européen de décembre 2006,

vu l'article 46 de la convention européenne des droits de l'homme, qui dispose que les hautes parties contractantes s'engagent à se conformer aux arrêts définitifs de la Cour européenne des droits de l'homme dans les litiges auxquels elles sont parties,

vu la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne,

vu la crise en Syrie, les efforts déployés pour parvenir à un cessez-le-feu et à un règlement pacifique du conflit ainsi que les obligations de la Turquie de renforcer la stabilité et de promouvoir des relations de bon voisinage grâce à un travail intense pour résoudre les questions bilatérales en suspens, les différends et les conflits relatifs aux frontières terrestres et maritimes et à l'espace aérien avec ses voisins, conformément à la Charte des Nations unies et aux principes sur lesquels est fondée l'Union,

vu le fait que le respect de l'état de droit, en particulier de la séparation des pouvoirs, de la démocratie, de la liberté d'expression, des droits de l'homme, des droits des minorités et de la liberté de religion, est au cœur du processus de négociation;

vu l'approbation de la constitution d'un fonds de 3 milliards d'euros pour la gestion de la crise des réfugiés en Turquie, dont un milliard prélevé sur le budget de l'Union, le reste provenant des États membres,

vu les travaux de Kati Piri en tant que rapporteure permanente de la commission des affaires étrangères du Parlement européen sur la Turquie,

vu l'article 123, paragraphe 2, de son règlement,

A.

considérant que le 3 octobre 2005 ont été ouvertes des négociations d'adhésion avec la Turquie, point de départ d'un processus long et à l'issue incertaine, qui repose sur des conditions justes et strictes ainsi que sur l'engagement à mener des réformes;

B.

considérant que l'Union européenne doit rester le vecteur de réformes en Turquie, au vu de la capacité des négociations d'adhésion et du processus d'élargissement à amener le changement;

C.

considérant que, conformément aux conclusions du Conseil européen de décembre 2006, les critères de Copenhague et la capacité d'intégration de l'Union devraient être intégralement respectés; que la Turquie s'est engagée à respecter les critères de Copenhague, à mettre en place des réformes appropriées et efficaces et à s'aligner progressivement sur l'acquis de l'Union européenne; que ces efforts devraient être considérés comme une possibilité, pour le pays, de renforcer ses institutions et de poursuivre sa démocratisation et sa modernisation;

D.

considérant que le respect de l'état de droit, en particulier de la séparation des pouvoirs, de la liberté d'expression et des médias, des droits de l'homme et de la démocratie, des relations de bon voisinage, de la liberté de religion d'association et de manifestation pacifique, des droits des minorités et des femmes ainsi que la lutte contre la corruption, contre la criminalité organisée et contre les discriminations à l'encontre des groupes vulnérables tels que les Roms, les personnes handicapées et les lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués (LGBTI) sont au cœur du processus de négociation;

E.

considérant que le rythme des réformes s'est ralenti en ce qui concerne les critères politiques et que l'on observe un net recul dans les domaines de la liberté d'expression et de la liberté de réunion;

F.

considérant que la Turquie fait toujours partie des pays qui comptent le plus grand nombre de journalistes emprisonnés dans le monde;

G.

considérant que, selon le classement de la liberté de la presse et des médias établi par Freedom House, la Turquie est toujours considérée comme un pays n'étant pas doté d'une presse libre et qui dispose d'une liberté seulement partielle de l'internet;

H.

considérant que la situation sécuritaire de la Turquie se dégrade rapidement, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de ses frontières;

I.

considérant que la Turquie a été visée par de multiples attentats terroristes, attribués au groupe «État islamique», dans les villes de Diyarbakir, de Suruç, d'Ankara et d'Istanbul, qui ont coûté la vie à 150 innocents au total;

J.

considérant que les bombardements russes sur Alep et d'autres régions de Syrie entraînent l'exode d'un grand nombre de réfugiés supplémentaires demandant la protection de la Turquie;

K.

considérant que l'Union européenne et la Turquie ont convenu d'insuffler une nouvelle dynamique au processus de négociation et de coopérer étroitement en matière de migration;

L.

considérant que la population turque s'est montrée jusqu'ici admirablement accueillante envers le grand nombre de réfugiés syriens vivant en son sein; que la Turquie accueille le plus grand nombre de réfugiés au monde, avec quelque 2,7 millions de réfugiés syriens, iraquiens et afghans enregistrés, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés;

M.

considérant que les autorités turques n'ont pas accepté la réouverture du séminaire orthodoxe sur l'île de Heybeliada;

I.    État des lieux des relations entre l'Union européenne et la Turquie

1.

est vivement préoccupé, compte tenu du recul en matière de respect de la démocratie et de l'état de droit en Turquie, par le ralentissement considérable du rythme global des réformes en Turquie ces dernières années et par la régression observée dans certains domaines essentiels, tels que l'indépendance du pouvoir judiciaire, la liberté de réunion, la liberté d'expression et le respect des droits de l'homme et de l'état de droit, qui éloigne de plus en plus la perspective de la réalisation des critères de Copenhague que les pays candidats doivent respecter;

2.

souligne que la Turquie est un partenaire stratégique clé pour l'Union européenne et que des négociations actives et crédibles constitueraient un cadre approprié pour exploiter tout le potentiel des relations entre l'Union européenne et la Turquie; prend acte de la relance du processus de négociation par l'Union et espère que l'ouverture de nouveaux chapitres pourra entraîner la réalisation d'avancées concrètes; demande, à cet égard, des progrès tangibles et un engagement réel de la part de la Turquie; demande une fois de plus à la Commission de procéder à une nouvelle évaluation de la façon dont les négociations ont été menées jusqu'à présent et dont les relations et la coopération entre l'Union et la Turquie pourraient être améliorées et intensifiées; soutient fermement un dialogue politique de haut niveau structuré, plus fréquent et plus ouvert sur des questions clés d'intérêt commun, telles que la migration, la lutte contre le terrorisme, l'énergie, l'économie et le commerce;

3.

considère comme une mauvaise décision le report du rapport 2015 de la Commission sur la Turquie après les élections turques de novembre 2015, car, en agissant de la sorte, l'Union européenne a donné l'impression de bien vouloir fermer les yeux sur les violations des droits fondamentaux en échange de la coopération du gouvernement turc en ce qui concerne les réfugiés; demande à la Commission de s'engager à publier les rapports annuels sur l'état d'avancement selon un calendrier spécifiquement fixé; invite la Commission et le Conseil à ne pas ignorer les développements internes en Turquie et à défendre ardemment l'état de droit dans le pays, comme le prévoient les critères de Copenhague et quels que soient les autres intérêts en jeu;

4.

prend acte des résultats des élections parlementaires du 1er novembre 2015 et de la formation d'un nouveau gouvernement; demande une nouvelle fois l'abaissement du seuil électoral de 10 % et réclame la transparence en ce qui concerne le financement des partis politiques et des campagnes électorales; se félicite de la participation active des volontaires de la société civile lors du scrutin et du taux élevé de participation; condamne en revanche l'intimidation et le harcèlement des médias ainsi que la discrimination des partis d'opposition en terme de couverture préélectorale, de même que le climat de violence et d'intimidation, caractérisé en particulier par les agressions contre certains candidats et les attaques perpétrées contre les bureaux de partis d'opposition, notamment le Parti démocratique du peuple (HDP), et la polarisation politique exacerbée; salue le fait que la Grande Assemblée nationale de Turquie est dorénavant plus ouverte aux groupes minoritaires en Turquie à la suite des dernières élections et en dépit du seuil des 10 %;

5.

réclame une modernisation de l'union douanière et un élargissement de son champ à de nouveaux secteurs, notamment les produits agricoles, les services et les marchés publics; observe que les négociations à ce propos débuteront en principe au deuxième semestre 2016; rappelle que l'union douanière ne pourra fonctionner pleinement que lorsque la Turquie aura appliqué dans son intégralité le protocole additionnel à l'égard de tous les États membres; estime que les intérêts de la Turquie devraient être pris en compte dans les futurs accords de libre-échange signés par l'Union avec des pays tiers, notamment les négociations entre l'Union et les États-Unis au sujet du partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (PTCI); réclame l'amélioration de la libre circulation des personnes et appelle à un accroissement des échanges interculturels;

6.

se félicite que le dialogue politique entre l'Union et la Turquie dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité se soit intensifié et que la Turquie ait amélioré en 2015 son alignement sur les déclarations de l'Union et les décisions du Conseil; regrette que la Turquie ne se soit pas alignée sur la décision du Conseil à la suite de l'annexion illégale de la Crimée par la Russie et des événements dans l'Est de l'Ukraine, notamment sur les mesures restrictives;

7.

rappelle qu'aux termes des dispositions définies dans le cadre de négociation, la Turquie doit poursuivre la mise en conformité de sa politique étrangère avec celle de l'Union européenne; considère essentiel d'accroître l'échange d'informations en matière de politique étrangère et d'inviter le ministre turc des affaires étrangères aux réunions du Conseil «Affaires étrangères» lorsqu'il y a lieu; rappelle l'importance stratégique de la Turquie pour la sécurité énergétique de l'Union en tant que principal pays de transit; estime tout à fait essentiel le développement rapide de la coopération énergétique et l'élargissement d'un corridor de transport d'énergie au travers de la Turquie vers l'Union européenne;

8.

rappelle la nécessité de renforcer les relations de bon voisinage, qui constituent une composante fondamentale du cadre de négociation et un élément essentiel du processus d'élargissement; invite la Turquie, à cet égard, à faire davantage d'efforts pour résoudre les questions bilatérales en suspens, dont les obligations juridiques et les différends non résolus avec ses voisins immédiats au sujet des frontières terrestres et maritimes et de l'espace aérien, conformément aux dispositions de la Charte de l'ONU et du droit international; demande au gouvernement turc de signer et de ratifier la convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS); demande instamment au gouvernement turc de mettre un terme aux violations répétées de l'espace aérien grec et des eaux territoriales grecques, ainsi qu'aux vols effectués par des avions militaires turcs au-dessus des îles grecques; déplore que la menace de casus belli proférée par la Grande Assemblée nationale de Turquie à l'encontre de la Grèce n'ait toujours pas été retirée; exhorte la Turquie et l'Arménie à normaliser leurs relations en établissant, sans conditions préalables, des relations diplomatiques et réclame l'ouverture de la frontière turco-arménienne, ce qui pourrait contribuer à améliorer leurs relations, eu égard notamment à la coopération transfrontalière et à l'intégration économique;

II.    Respect de l'état de droit, de la démocratie, des droits de l'homme et des libertés fondamentales

9.

estime que, conformément à l'engagement pris par l'Union en faveur de l'état de droit et des valeurs fondamentales, il convient de mener d'urgence en Turquie des réformes au sein de l'appareil judiciaire, dans les domaines des droits fondamentaux et de la justice ainsi que de la liberté et de la sécurité; demande au Conseil, sans préjudice des positions des États membres et une fois les critères officiels d'ouverture satisfaits, d'ouvrir les chapitres 23 (appareil judiciaire et droits fondamentaux) et 24 (justice, liberté et sécurité) ainsi que de veiller à ce que le processus de réforme en Turquie respecte les valeurs et les normes de l'Union; demande à la Turquie d'engager pleinement le dialogue avec le Conseil de l'Europe et la Commission de Venise en matière de réforme judiciaire;

10.

déplore le recul marqué, ces deux dernières années, de la liberté de parole, d'expression et d'opinion tant en ligne que hors ligne en Turquie, pays qui occupe la 149e place sur 180 dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières; rappelle que selon les propres chiffres des autorités turques, la Turquie est le pays qui détient le record de journalistes derrière les barreaux; réaffirme que la liberté d'opinion, d'expression et de parole, y compris l'indépendance des médias, sont des valeurs fondamentales de l'Union; se félicite de l'arrêt de la Cour constitutionnelle selon lequel les droits de Can Dündar et d'Erdem Gül ont été violés; rappelle que ces deux personnes doivent encore passer en jugement et que les procureurs demandent de multiples peines de réclusion à perpétuité à leur encontre, exprime son inquiétude face à la décision d'exclure le public pour toute la durée du procès et demande que les allégations des journalistes concernant le transport d'armes vers la Syrie fassent l'objet d'une enquête minutieuse et objective; condamne les récentes déclarations du président turc contre la Cour constitutionnelle; exige la libération immédiate de tous les journalistes emprisonnés et encourage les diplomates européens à continuer de suivre de près toutes les affaires pénales impliquant des journalistes; regrette que des fonctionnaires de l'État s'en soient pris personnellement à des journalistes et à des membres de l'opposition et déplore la tendance croissante à l'autoritarisme chez les responsables politiques turcs; prie instamment la Turquie de lutter contre toutes les formes d'intimidation à l'encontre de journalistes, en particulier en enquêtant sur toutes les agressions physiques et les menaces proférées contre des journalistes et en agissant pour prévenir les attaques contre des médias, et invite la Turquie à désamorcer le climat politique tendu qui crée des conditions tendant à restreindre la liberté d'expression des médias et sur internet;

11.

prend acte de l'indice de perception de la corruption de 2015 publié par Transparency International le 27 janvier 2016, qui montre une augmentation de la corruption en Turquie l'an passé et place désormais le pays au 66e rang mondial; souligne que le gouvernement turc devrait envoyer des signaux clairs et concordants sur sa volonté réelle de lutter contre la corruption de haut niveau;

12.

rappelle que la lutte contre la corruption devrait constituer l'une des priorités de la Turquie; invite dès lors la Turquie à actualiser sa stratégie et son plan d'action en matière de lutte contre la corruption afin de créer un organisme indépendant de lutte contre la corruption et d'obtenir des résultats crédibles sur les plans des enquêtes, des poursuites et des condamnations, notamment en ce qui concerne les affaires de haut niveau;

13.

demande que l'indépendance des médias du holding Koza İpek et du groupe de presse Feza soit rétablie et que tous les représentants des autorités quittent les conseils d'administration, que les dizaines de travailleurs licenciés qui ont exprimé leur mécontentement à l'égard de cette mainmise des autorités soient rétablis dans leurs fonctions et que les plaintes pour terrorisme soient retirées;

14.

condamne la saisie violente et illégale de plusieurs journaux turcs, dont Zaman constitue le dernier exemple en date, et se dit préoccupé par la décision de Digiturk, justifiée entre autres par des motifs politiques, de cesser de retransmettre certaines chaînes de télévision; demande au gouvernement turc de s'abstenir de toute pression politique et économique sur les médias indépendants; condamne vigoureusement toute violence verbale et physique à l'encontre des journalistes ainsi que le recours accru à la diffamation et à la législation antiterrorisme; constate la censure exercée sur le contenu d'articles de presse en ligne et de journaux papier, ainsi que le blocage de sites internet, ce qui donne lieu à une autocensure chez les journalistes qui craignent une aggravation des représailles dans le cas où ils critiqueraient les autorités; s'inquiète vivement du blocage de dizaines de milliers de sites internet, des modifications adoptées en mars 2015 à la loi sur la régulation des médias et de l'internet et du fait que l'autorité turque des télécommunications (TIB) ait le pouvoir de bloquer l'accès à des sites internet en quatre heures pour une grande variété de motifs vagues; s'inquiète également que le fournisseur de services par satellite Turksat ait interrompu la diffusion des émissions de la chaîne IMC TV le vendredi 26 février 2016, à la demande d'un procureur d'Ankara qui mène une enquête sur un prétendu soutien d'un groupe «terroriste» par cette chaîne; exprime son inquiétude concernant les amendes fiscales exceptionnellement élevées infligées aux organisations médiatiques; demande une révision de la législation relative à l'internet pour mettre en place des conditions favorables à la liberté d'expression en ligne et à la protection de la vie privée et des droits individuels; condamne les tentatives d'intimidation et, dans certains cas, l'expulsion de journalistes internationaux par des fonctionnaires du gouvernement turc; réclame une enquête indépendante sur les meurtres, perpétrés sur le territoire turc, des journalistes Naji Jerf, Ibrahim Abdel Qader et Fares Hammadi, contributeurs du blog consacré à la Syrie intitulé «Raqqa is Being Slaughtered Silently»; déplore en outre le recours aux enquêtes, aux arrestations, aux peines d'emprisonnement et aux amendes pour injure présumée au chef de l'État au titre de l'article 299 du code pénal; demande au gouvernement turc de traiter ces questions d'urgence et à titre prioritaire afin de garantir le pluralisme conformément aux normes internationales; estime qu'un débat public ouvert est un élément indispensable à toute démocratie digne de ce nom;

15.

invite le gouvernement turc à adopter une législation bien pensée sur la protection des données et à mettre en place une autorité indépendante en matière de protection des données, dans le respect des normes européennes, de façon à instaurer les conditions nécessaires à une coopération policière et judiciaire internationale efficace et efficiente et à l'échange d'informations, tout en contribuant au respect des critères relatifs à l'assouplissement du régime des visas; invite les autorités turques à définir clairement les exceptions au champ d'application de cette législation, notamment en ce qui concerne le traitement des données de santé et à mettre en place une procédure de sélection qui garantisse l'indépendance des membres de l'autorité de protection des données;

16.

exprime une nouvelle fois son inquiétude quant à la loi antiterrorisme, notamment en raison de la définition large et trop vague du terrorisme, qui inclut le crime organisé ou la propagande en rendant la caractérisation de ces délits manifestement indéterminée; insiste sur le fait que la législation pénale et en matière de lutte contre le terrorisme doit être conforme à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme, qui devrait être pleinement respectée et appliquée par la Turquie; invite la Turquie à instaurer un contexte politique et juridique qui permette, en pratique également, à l'appareil judiciaire d'exercer ses fonctions de manière indépendante et impartiale, de sorte qu'il ne se transforme pas en instrument destiné à réprimer la contestation interne; invite la Turquie à exécuter l'ensemble des arrêts des juridictions européennes; se déclare préoccupé par le grand nombre de réaffectations, de transferts non souhaités et de licenciements de juges et de procureurs, qui porte atteinte à l'indépendance, à l'impartialité et à l'efficacité de l'appareil judiciaire, ainsi qu'au respect des principes du procès équitable et de la séparation des pouvoirs; demande que la séparation des pouvoirs soit rétablie d'urgence et réclame des mesures significatives visant à garantir la pleine indépendance de l'appareil judiciaire; déplore les détournements de la justice au profit de certains hommes politiques, qui sont monnaie courante en Turquie, depuis le scandale de corruption de 2013; souligne que le rôle et l'influence du pouvoir exécutif au sein du Haut conseil de la magistrature doivent être limités et qu'il convient d'apporter des garanties suffisantes contre les mutations de juges contre leur volonté;

17.

rappelle que la croissance économique extraordinaire que la Turquie a connue ces dix dernières années a été à l'origine du développement sans précédent de l'immobilier et des infrastructures, et ce bien souvent au détriment des mesures de conservation et de l'environnement; fait part de sa vive inquiétude concernant les différents mégaprojets dans le pays et demande de toute urgence au gouvernement de réaliser des analyses des incidences environnementales et sociales et d'associer valablement les populations locales à la conception des projets de manière à éviter dans la mesure du possible les effets néfastes à long terme de l'urbanisation, de la consommation d'espace et de la dégradation de l'environnement;

18.

estime que le processus de réforme constitutionnel doit déboucher sur une société laïque, pluraliste, ouverte et tolérante; souligne que la nouvelle constitution devrait reposer sur un large consensus partagé par toute la classe politique et l'ensemble de la société, respecter pleinement les droits des minorités, quelles que soient leurs origines culturelles et religieuses, et donner une base solide aux libertés fondamentales et à l'état de droit; engage la Turquie à respecter pleinement l'état de droit, les droits fondamentaux et les libertés fondamentales, notamment la liberté des minorités religieuses et ethniques; souligne la nécessité d'adopter une législation globale contre la discrimination, dont l'interdiction de la discrimination et des discours de haine en fonction de l'origine ethnique, de la religion, de l'orientation sexuelle, du genre et de l'identité de genre et d'inclure l'interdiction de ce type de discrimination dans une nouvelle constitution; fait observer que la Turquie ne devrait pas être empêchée pour autant d'accorder des droits spécifiques à ses citoyens sur la base de leur origine ethnique, de leur religion ou de leur langue, de manière à ce qu'ils puissent conserver leur identité; note, dans ce contexte, que des mesures supplémentaires sont nécessaires afin de résoudre les problèmes rencontrés par les membres de la minorité grecque, en particulier en ce qui concerne l'éducation et les droits de propriété; engage les autorités turques à adopter des mesures judiciaires à l'encontre des personnes et organes à l'origine de tout type de crimes de haine, y compris l'antisémitisme, tel qu'indiqué dans le train de mesures de démocratisation adopté par le gouvernement en 2013; condamne l'attitude passive du gouvernement turc face aux menaces graves qu'ont reçues certains chrétiens et leurs pasteurs sur les réseaux sociaux; attend du gouvernement turc qu'il traite chaque citoyen sans préjugé à l'égard de ses convictions religieuses; invite les autorités turques, dès lors que la Turquie est le pays qui compte la forte minorité rom dans le monde, à prendre des mesures concrètes et efficaces pour parvenir à une véritable égalité des droits pour les Roms vivant dans la société turque, et à améliorer la situation des Roms, en accordant une attention particulière à la situation des enfants roms et à l'intégration des femmes roms;

19.

invite la Turquie à continuer à coopérer étroitement avec la Commission sur les projets de loi et l'application de la législation actuelle, afin de garantir la compatibilité avec l'acquis de l'Union;

20.

souligne la nécessité de respecter pleinement, conformément aux valeurs européennes, le droit à des styles de vie différents, laïques ou basés sur la foi, et de préserver la séparation entre l'État et la religion;

21.

souligne l'importance que revêt la poursuite du processus de réforme dans le domaine de la liberté de pensée, de conscience et de religion en permettant aux communautés religieuses d'obtenir une personnalité juridique, en éliminant les restrictions imposées à la formation, à la nomination et à la succession des membres du clergé, en suivant les arrêts pertinents de la Cour européenne des droits de l'homme ainsi que les recommandations de la Commission de Venise, et en éliminant toutes les formes de discrimination ou d'obstacles basés sur la religion; invite la Turquie à respecter le caractère propre et l'importance du patriarche œcuménique et à reconnaître la personnalité juridique de celui-ci; rappelle la nécessité d'autoriser la réouverture du séminaire de Halki, de lever tous les obstacles à son bon fonctionnement et d'autoriser l'usage public du titre ecclésiastique de patriarche œcuménique;

22.

demande au gouvernement turc d'interrompre son projet de construction d'une centrale nucléaire à Akkuyu; souligne que le site prévu se trouve dans une région à forte activité sismique, ce qui représente un risque important non seulement pour la Turquie, mais bien pour l'ensemble du bassin méditerranéen; demande par conséquent au gouvernement turc de ratifier la convention d'Espoo, laquelle engage les parties à notifier et à se consulter sur tous projets majeurs à l'étude susceptibles d'avoir un impact transfrontière préjudiciable important sur l'environnement; demande au gouvernement turc d'associer — ou, à défaut, de consulter — les gouvernements des pays voisins, tels que Chypre et la Grèce, lors de toute phase ultérieure du projet de centrale à Akkuyu;

23.

se déclare préoccupé par le nombre élevé d'actes de violence contre les femmes et la non-application de la législation nationale qui vise à prévenir la violence contre les femmes et à protéger les intéressées; insiste par ailleurs pour que les autorités veillent à faire respecter les lois existant concernant les violences à l'égard des femmes et les violences domestiques, problèmes très répandus tant dans les zones rurales que dans les zones urbaines, à remédier au manque de dénonciation des violences fondées sur le genre, à offrir des services d'aide et un refuge aux victimes de ces violences et à en sanctionner les auteurs, à sensibiliser davantage la société et à lutter contre l'acceptation par celle-ci de la violence à caractère sexiste; recommande avec force au gouvernement de promouvoir l'égalité des genres dans le domaine politique, économique, social, culturel, civil ou tout autre domaine;

24.

demande à la Turquie de prendre des mesures fortes pour protéger les droits de la communauté LGBTI; se déclare vivement préoccupé par le manque de protection offerte aux personnes LGBTI contre les actes de violence; est, dans ce contexte, particulièrement déçu que la protection contre les crimes de haine motivés par l'orientation sexuelle ou l'identité de genre ne soit pas couverte par la loi sur les crimes de haine; déplore le fait que les crimes de haine à l'encontre des personnes LGBTI demeurent souvent impunis ou que les agresseurs voient leur peine réduite en raison d'une prétendue «provocation injustifiée» de la victime;

III.    Processus de paix kurde et situation dans le sud-est de la Turquie

25.

se dit extrêmement préoccupé par la détérioration de la situation dans le sud-est de la Turquie; rappelle la responsabilité du gouvernement turc dans la protection de toutes les populations vivant sur son territoire, quelles que soient leurs origines culturelles et religieuses; reconnaît le droit légitime de la Turquie à lutter contre le terrorisme, dans le respect du droit international; souligne, cela étant, que les mesures sécuritaires doivent être appliquées dans le respect de l'état de droit et des droits de l'homme; insiste sur le fait que toutes les opérations des forces de sécurité doivent être proportionnées et ne pas s'apparenter à des représailles collectives; condamne les exactions des forces spéciales de sécurité et exige que leurs auteurs soient traduits en justice; demande que le droit humanitaire soit appliqué afin que tous les blessés puissent bénéficier des soins auxquels ils ont droit;

26.

condamne et ne saurait justifier le regain de violence du PKK, qui figure sur la liste des organisations terroristes de l'Union européenne; souligne que la question kurde ne se résoudra pas par la violence et invite instamment le gouvernement turc à prendre ses responsabilités et à reprendre les négociations en vue de parvenir à une solution complète et durable au problème kurde; demande au PKK de déposer les armes, d'abandonner les tactiques terroristes et d'utiliser des moyens pacifiques et légaux pour exprimer ses attentes; condamne fermement les agressions contre les forces de sécurité et les civils; est, dans ce contexte, fortement préoccupé par les barricades érigées et les tranchées creusées par les militants des unités de protection du peuple kurde (YDG-H); insiste cependant pour que les manifestations pacifiques soient autorisées;

27.

invite les autorités turques à lever immédiatement les couvre-feux dont les conditions de mise en œuvre violent la constitution turque; se dit particulièrement alarmé par la situation à Cizre et Sur/Diyarbakir, et condamne le fait que des civils soient tués, blessés et laissés sans eau, nourriture ni soins médicaux; demande à la Turquie de permettre au Croissant-Rouge international d'atténuer la crise humanitaire frappant Cizre et Diyarbakir; prie instamment le gouvernement de permettre l'accès des blessés aux hôpitaux et de se conformer ainsi aux mesures provisoires de la Cour européenne des droits de l'homme et de mettre en place un couloir sécurisé pour évacuer, lors du couvre-feu, les civils pris au piège dans les villes; s'inquiète vivement du nombre croissant de civils tués et blessés, qui doit faire l'objet d'une enquête approfondie, et du fait que le pays compte quelque 400 000 déplacés internes; insiste pour que, en tant qu'acte de dignité humaine, les familles puissent récupérer les corps des victimes dans la rue et procéder à des funérailles; souligne la responsabilité qu'a le gouvernement turc de faire respecter les droits de l'homme et de fournir sécurité et accès aux biens et aux services à l'ensemble de la population civile dans les parties principalement kurdes de la Turquie touchées par les combats; demande au gouvernement turc de mettre en place un mécanisme formel d'aide d'urgence et de compensation pour les personnes qui ont dû fuir leur foyer, qui ont été réduites au chômage et qui ont perdu leurs moyens de subsistance; déplore la destruction du patrimoine historique;

28.

constate avec inquiétude que le gouvernement turc a récemment dévoilé des projets de transformation urbaine et de relocalisation dans des zones touchées par les conflits et déplore sa décision de procéder, dans la ville de Diyarbakir, à des expropriations généralisées dans l'arrondissement de Sur, notamment à l'expropriation de biens appartenant à la ville mais aussi à l'Église, ce qui est de nature à constituer une violation des droits des minorités religieuses; demande au gouvernement turc de respecter l'identité culturelle de la région et de ne pas donner encore plus de pouvoirs à la structure gouvernementale locale centralisée dans la région; demande le réexamen de la décision d'expropriation et des projets de reconstruction en engageant une politique de dialogue et de coopération avec les autorités de l'arrondissement et de la métropole ainsi qu'en respectant les droits des résidents et des propriétaires fonciers;

29.

est consterné par les actions des forces policières d'opérations spéciales connues sous le nom d'«équipes Esedullah» qui se rendraient coupables de graves violations des droits de l'homme, dont le meurtre de civils dans la partie sud-est de la Turquie; exige des autorités turques qu'elles mènent une enquête approfondie concernant les actions de ces «équipes Esedullah», arrêtent et punissent les personnes qui se sont rendues coupables de violations des droits de l'homme;

30.

réclame un cessez-le-feu immédiat et la reprise du processus de paix en vue de parvenir à une solution négociée du problème kurde; souligne que la priorité est de progresser vers la démocratisation et la réconciliation; demande, dans ce contexte, la mise en place, au sein de la Grande assemblée nationale de Turquie, d'une commission spéciale chargée de trouver une solution à la question kurde pour contribuer ainsi à une paix durable en rétablissant un sentiment de justice et en soignant les traumatismes susceptibles de faire l'objet d'abus politiques; prie l'Union européenne de jouer sans plus attendre un rôle actif dans le processus de paix; souligne qu'il est essentiel de donner la priorité au renforcement des droits sociaux, culturels et politiques et à l'égalité de traitement des personnes d'origine kurde; réitère sa demande à la Turquie, en tant que membre du Conseil de l'Europe, de lever ses réserves à la charte européenne sur l'autonomie locale afin de l'appliquer dans tous ses aspects;

31.

déplore fortement que plus de 1 000 universitaires ayant signé une pétition en faveur de la paix fassent l'objet d'intimidations et de poursuites; condamne le licenciement ou la suspension d'une cinquantaine d'entre eux ainsi que l'emprisonnement de quatre autres signataires; insiste pour que les individus responsables de l'assassinat de l'avocat Tahir Elçi, qui a consacré sa vie à la paix et aux droits de l'homme, soient traduits en justice; exprime de sérieux doutes sur les enquêtes judiciaires visant principalement des membres du parti HDP, et s'inquiète de l'emprisonnement incessant et de la révocation d'élus locaux, dont 25 co-maires, ainsi que des menaces qui pèsent sur bon nombre de personnalités politiques kurdes;

32.

condamne vigoureusement les attentats terroristes perpétrés par l'État islamique/Daech à Diyarbakir, à Suruç, à Ankara et à Istanbul; exprime sa solidarité avec les victimes et leurs familles, ainsi qu'avec les citoyens turcs qui sont sur en première ligne dans le combat contre l'extrémisme; condamne avec autant de fermeté les dernières explosions du 17 février 2016 à Ankara, qui ont été revendiquées par le groupe militant TAK (Faucons de la liberté du Kurdistan), ainsi que l'attentat perpétré le 13 mars 2016 dans cette même ville; exprime ses condoléances aux familles des victimes et aux personnes endeuillées; souligne qu'il est important de mener des enquêtes approfondies sur ces attentats en vue de traduire les coupables en justice; est convaincu qu'une coopération plus étroite entre Europol et les forces de l'ordre turques est indispensable pour combattre efficacement le terrorisme;

33.

salue la participation de la Turquie à la coalition mondiale contre l'État islamique ainsi que l'ouverture de ses bases aux forces américaines et de la coalition; prie la Turquie d'agir avec la retenue qui s'impose, en totale coopération avec ses alliés occidentaux;

34.

exhorte la Turquie à continuer à redoubler d'efforts pour veiller à ce que les combattants étrangers, l'argent et le matériel de l'État islamique/Daech et d'autres groupes extrémistes ne transitent pas par son territoire; s'inquiète que les autorités turques n'aient peut-être pas tout mis en œuvre pour mettre un terme ou faire face aux activités transfrontalières de l'État islamique, notamment au trafic clandestin de pétrole; demande à l'Union d'améliorer sa capacité d'échange d'informations et de collaborer étroitement avec les autorités turques sur le sujet, afin de s'investir davantage dans la lutte contre les réseaux de trafiquants; note des lacunes dans l'arrestation des combattants étrangers et dans le contrôle des frontières avec l'Iraq et la Syrie;

35.

salue le soutien et la participation de la Turquie à l'accord conclu entre les grandes puissances en vue de cesser les hostilités en Syrie et de fournir une aide humanitaire aux personnes dans le besoin; salue ces actions comme une étape importante vers la résolution de la crise syrienne; fait remarquer que la cessation des hostilités devrait s'appliquer à toutes les parties au conflit autres que les groupes désignés comme organisations terroristes par le Conseil de sécurité des Nations unies; demande à toutes les parties concernées de rapidement mettre ces engagements en pratique; rappelle sa conviction que la solution au conflit syrien n'est pas militaire et insiste sur la nécessité de trouver une solution politique; condamne l'intervention militaire de la Turquie contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie, dès lors qu'elle entrave la lutte contre l'État islamique/Daech et remet en question les efforts en faveur de la paix et de la sécurité;

IV.    Coopération UE-Turquie en matière de crise des réfugiés/crise migratoire

36.

est favorable à un nouvel engagement politique entre l'Union et la Turquie pour faire face aux défis géopolitiques, notamment à la crise des réfugiés et des migrants; reconnaît la contribution humanitaire notable de la Turquie qui accueille la plus grande population de réfugiés au monde; prie instamment l'Union européenne et la Turquie de joindre leurs efforts pour améliorer et garantir des conditions de vie décentes et des capacités de base dans les camps de réfugiés, mais aussi pour faciliter le travail du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, afin d'éviter l'exode massif de migrants; demande instamment à l'Union de continuer à travailler avec les représentants du gouvernement turc afin de garantir un recensement correct des migrants; rappelle que la Turquie est l'un des principaux pays de transit pour les migrants et réfugiés originaires non seulement de Syrie, mais aussi de nombreux autres pays, qui prennent le chemin de l'Union; souligne qu'il est essentiel de coopérer avec la Turquie afin de gérer la crise des réfugiés et de prévenir les décès de migrants en mer; accueille favorablement la mission d'observation de l'OTAN en mer Égée;

37.

salue la mise en œuvre, le 29 novembre 2015, du plan d'action commun UE-Turquie sur les réfugiés et la gestion des migrations au titre d'un programme de coopération global reposant sur une responsabilité partagée, des engagements mutuels et l'obtention de résultats concrets, et souligne la nécessité de le déployer sans plus attendre; insiste sur le fait que la coopération entre l'Union et la Turquie en matière de migration ne devrait pas être subordonnée au calendrier, au contenu et aux conditions du processus de négociation; estime que laisser la Turquie gérer la crise des réfugiés n'est pas une solution crédible à long terme; demande aux États membres de l'Union de faire preuve de solidarité et d'élargir la base des pays qui acceptent de réinstaller les réfugiés dans un esprit de partage des charges et des responsabilités;

38.

souligne que l'enveloppe de trois milliards d'euros et les financements supplémentaires octroyés dans le cadre de la facilité de soutien à la Turquie en faveur des réfugiés doivent être correctement utilisés et bénéficier rapidement et directement aux réfugiés et aux communautés d'accueil par la mise en œuvre de projets visant à répondre aux besoins immédiats en nourriture, soins de santé, assainissement et en matière d'enseignement; demande que le Parlement soit pleinement associé au processus décisionnel en tant que colégislateur et autorité budgétaire; invite instamment à accélérer le versement rapide des fonds promis; invite la Commission et les États membres à veiller, en coopération avec la Turquie, à ce qu'un mécanisme soit mis en place afin de contrôler que les fonds soient bien utilisés à cette fin, à ce que ce mécanisme soit contrôlé de près et à ce que le Parlement européen soit régulièrement informé par la Commission de l'usage des fonds; souligne qu'il faut accorder une attention particulière aux groupes vulnérables, tels que les femmes, les enfants, notamment les orphelins, et les minorités religieuses comme les chrétiens et les yézidis; souligne l'urgence d'aborder les problèmes de violence liée au genre et les abus contre les femmes et les jeunes filles sur les routes de migration qui traversent la Turquie;

39.

salue la décision prise récemment par le gouvernement turc d'ouvrir son marché du travail aux réfugiés syriens; demande que de nouvelles mesures soient prises de toute urgence pour faire en sorte que les 700 000 enfants syriens aient tous accès à l'enseignement; félicite le gouvernement turc de fournir gratuitement des services de santé et d'éducation aux réfugiés syriens; déplore que l'appel du HCR d'augmenter le financement n'ait pas été entendu et que le programme alimentaire mondial ait dû réduire son coefficient nutritionnel à 80 pour cent à cause des réductions de fonds; félicite la Turquie d'avoir décidé de combler seule la différence financière et demande aux États membres et à l'Union européenne d'augmenter les fonds octroyés aux agences des Nations unies et à leurs ONG partenaires en Turquie;

40.

se félicite que la Turquie ait, jusqu'à il n'y a pas si longtemps, gardé ses frontières ouvertes aux réfugiés syriens; salue l'entrée en vigueur de nouvelles règles dans le système turc de délivrance de visas qui ont déjà entraîné une forte diminution du nombre de traversées illégales; souligne néanmoins qu'une politique bien plus stricte en matière de visas doit être appliquée aux pays qui constituent une source importante de migration illégale afin d'endiguer le flux de migrants qui n'ont pas besoin de protection internationale et affluent vers l'Europe via la Turquie; souligne que la Turquie a besoin de toute l'assistance possible pour renforcer la sécurité à ses frontières et intensifier sa lutte contre les trafiquants d'êtres humains; demande à la Turquie de ne faire preuve d'aucune tolérance et de prendre des mesures efficaces pour arrêter les trafiquants d'êtres humains ainsi que le flux de réfugiés vers les îles grecques qui se traduit par de graves problèmes humanitaires, socio-politiques et sécuritaires dans l'Union européenne; incite la Turquie, la Bulgarie et la Grèce à plus de coopération dans la zone des opérations de recherche et de sauvetage en mer Égée, et invite Frontex à épauler les gardes-côtes turcs et à développer les échanges bilatéraux d'informations; reconnaît que des mesures contre le trafic ne peuvent être efficaces que si elles s'accompagnent de la garantie d'avoir des routes sûres et légales permettant aux réfugiés et aux demandeurs d'asile d'entrer dans l'Union européenne;

41.

souligne que les efforts visant à contenir le flux de migrants vers l'Union ne sauraient justifier le refoulement ou la détention illégale de réfugiés; invite la Commission, au regard du plan d'action commun UE-Turquie, à enquêter sur les allégations publiées par Amnesty international dans son rapport daté du 1er avril 2016, selon lesquelles la Turquie contraint des réfugiés syriens à retourner dans leur pays; insiste sur le fait que toutes les procédures de retour forcé de la Grèce vers la Turquie doivent respecter pleinement le droit international et européen relatif à l'asile et à la protection internationale et être assorties de garanties en matière de droits fondamentaux et procéduraux; invite la Commission, à cet égard, à surveiller étroitement la mise en œuvre de l'accord par les autorités turques et le respect du principe de non-refoulement des personnes renvoyées en Turquie; demande une nouvelle fois au gouvernement turc de lever la réserve géographique à la mise en œuvre de la convention de Genève de 1951; insiste sur le fait qu'il est primordial d'offrir des voies d'accès sûres et légales aux réfugiés et prie instamment les États membres d'intensifier considérablement leurs efforts en matière de réinstallation; estime qu'il est impératif de trouver une solution politique à la crise syrienne; prie instamment la Turquie d'intensifier considérablement ses efforts afin de trouver une solution politique, notamment de surmonter ses réserves concernant la participation des Kurdes aux pourparlers de paix à Genève;

42.

salue le fait que les autorités turques et le HCR en Turquie harmonisent leurs bases de données d'enregistrement des réfugiés dans un système unique; estime qu'il est urgent de rechercher des moyens techniques pour rendre la base de données interopérable et compatible avec la base de données européenne d'enregistrement des demandeurs d'asile, Eurodac; souligne qu'il est également important que lorsque les réfugiés quittent la Turquie pour l'Europe, ils soient rayés de la base de données turque;

43.

souligne que la mise en œuvre de l'accord de réadmission, valable pour tous les États membres, revêt une importance cruciale pour l'Union, car elle permettra l'application d'une politique de retour plus efficace des migrants qui n'ont pas besoin de protection internationale; accueille favorablement l'accord politique conclu entre les deux parties lors du sommet UE-Turquie du 29 novembre 2015 pour que l'accord de réadmission entre l'Union européenne et la Turquie devienne pleinement applicable à partir de juin 2016; demande à l'ensemble des parties de mettre en œuvre pleinement et efficacement les accords bilatéraux de réadmission existants et de garantir le plein respect des droits fondamentaux des migrants rapatriés;

44.

invite le gouvernement à remplir totalement et de façon non discriminatoire les critères définis par la feuille de route sur l'assouplissement du régime des visas qui s'applique à l'ensemble des États membres; rappelle que la libéralisation du régime des visas est un processus fondé sur le mérite et que les citoyens turcs ne pourront se déplacer sans visa que lorsque les normes seront respectées; invite la Commission à apporter une aide technique supplémentaire afin que les conditions énoncées par la feuille de route sur la libéralisation du régime des visas soient remplies;

V.    Avancées des pourparlers relatifs à la réunification de Chypre

45.

se félicite des avancées considérables réalisées dans les pourparlers relatifs à la réunification de Chypre sous l'égide des Nations unies; se félicite de la déclaration conjointe du 11 février 2014 des deux dirigeants qui doit servir de base à un accord; est favorable à l'évolution de la République de Chypre vers une fédération bicommunautaire et bizonale, dotée d'une souveraineté unique, d'une personnalité juridique internationale unique et d'une citoyenneté unique assortie d'une égalité politique entre les deux communautés et d'une égalité des chances pour tous ses citoyens, sans préjuger de l'accord final, dans la droite ligne des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sur le sujet et du droit international; salue l'approche constructive adoptée par les dirigeants des communautés chypriote grecque et chypriote turque de l'île, ainsi que leur détermination et leurs efforts inlassables en vue de parvenir à une solution juste, globale et viable dans les meilleurs délais; souligne qu'il est essentiel, pour l'ensemble de la région ainsi que pour l'Europe et l'Union européenne, de trouver une solution au problème chypriote, qui dure depuis des décennies; accueille dès lors favorablement la possibilité d'un nouveau référendum sur la réunification et demande à toutes les parties de contribuer à un résultat positif;

46.

souligne que le non-règlement de la question chypriote a des répercussions sur l'évolution des relations UE-Turquie et, par conséquent, appelle toutes les parties concernées à faire un effort concerté en vue de sa résolution;

47.

demande à la Turquie de remplir l'obligation qui est la sienne d'appliquer à l'égard de l'ensemble des États membres, y compris la République de Chypre, le protocole additionnel à l'accord d'association UE-Turquie de manière intégrale et non discriminatoire, ce qui pourrait insuffler un nouvel élan au processus de négociation;

48.

déplore la politique d'installations illégales de la Turquie et demande à ce pays d'éviter toute nouvelle installation de citoyens turcs dans les zones occupées de Chypre en violation de la convention de Genève et des principes du droit international; exhorte la Turquie à mettre un terme à toutes les actions qui modifient l'équilibre démographique de l'île et entravent ainsi une solution future;

49.

demande à la Turquie de s'abstenir de toute action dans les zones économiques exclusives (ZEE) de Chypre qui pourrait conduire à une tension et une crise dans une région extrêmement sensible et qui pourrait avoir des effets négatifs sur les négociations en vue d'une solution démocratique, et finalement, conduire au statu quo dichotomique actuel inacceptable; reconnaît le droit de ses États membres de signer, au titre de leurs droits souverains, des accords bilatéraux ou autres en vue d'exploiter les ressources nationales dont ils peuvent se prévaloir à l'intérieur de leurs ZEE;

50.

se félicite de l'accord conclu entre les deux dirigeants sur une série de mesures de renforcement de la confiance, notamment en ce qui concerne l'ouverture de deux nouveaux points de passage et l'interconnexion des réseaux électriques; fait toutefois observer qu'il n'y a pas eu, ou seulement peu, de progrès en matière d'interopérabilité des réseaux de téléphone portable; demande donc instamment aux deux parties d'appliquer toutes les mesures convenues sans plus attendre; prie l'Union de soutenir pleinement l'accord, tant politiquement que financièrement; demande à la Turquie de soutenir activement le processus de négociation ainsi qu'une issue positive; demande à la Turquie d'engager le retrait de ses troupes de Chypre et de transférer la zone bouclée de Famagouste aux Nations unies, conformément à la résolution 550 (1984) du conseil de sécurité des Nations unies; se félicite que le comité des personnes disparues (qui traite aussi bien les dossiers des Chypriotes turcs que ceux des Chypriotes grecs disparus) ait accès à tous les sites susceptibles de présenter un intérêt, y compris aux zones militaires; prie cependant instamment la Turquie de donner accès aux archives pertinentes afin de maximiser l'efficacité de ce comité;

51.

se félicite de l'initiative du président de la République de Chypre, Nicos Anastasiades, visant à faire du turc une langue officielle de l'Union européenne et presse les parties d'accélérer ce processus; souligne que la mise en œuvre de l'acquis de l'Union européenne dans le futur État constitutif chypriote turc doit être déjà bien préparée dès l'entrée en vigueur de l'accord; se félicite, dans ce contexte, de la constitution du comité bicommunautaire ad hoc sur la préparation à l'Union européenne; exhorte aussi bien le Parlement européen que la Commission européenne à intensifier leurs efforts déployés en direction des Chypriotes turcs pour préparer leur pleine intégration dans l'Union européenne; invite le Président du Parlement européen à prendre les mesures nécessaires en cas d'accord;

o

o o

52.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au secrétaire général du Conseil de l'Europe, au président de la Cour européenne des droits de l'homme, aux gouvernements et aux parlements des États membres, ainsi qu'au gouvernement et au Parlement de la République de Turquie.


(1)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0094.

(2)  JO C 341 E du 16.12.2010, p. 59.

(3)  JO C 199 E du 7.7.2012, p. 98.

(4)  JO C 257 E du 6.9.2013, p. 38.

(5)  JO C 45 du 5.2.2016, p. 48.

(6)  JO C 65 du 19.2.2016, p. 117.

(7)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0235.

(8)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0052.

(9)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0014.

(10)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0228.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/175


P8_TA(2016)0134

Rapport sur l'Albanie 2015

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 sur le rapport 2015 relatif à l'Albanie (2015/2896(RSP))

(2018/C 058/20)

Le Parlement européen,

vu l'accord de stabilisation et d'association entre les Communautés européennes et leurs États membres, d'une part, et la République d'Albanie, d'autre part,

vu les conclusions de la présidence à la suite du Conseil européen des 19 et 20 juin 2003 à Thessalonique concernant la perspective d'adhésion des pays des Balkans occidentaux à l'Union européenne,

vu la décision du Conseil européen des 26 et 27 juin 2014 d'accorder à l'Albanie le statut de pays candidat à l'adhésion à l'Union européenne, ainsi que les conclusions du Conseil européen du 15 décembre 2015,

vu la septième réunion du conseil de stabilisation et d'association entre l'Albanie et l'Union européenne, qui s'est tenue le 18 mai 2015 à Bruxelles,

vu l'adhésion de l'Albanie à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) le 1er avril 2009,

vu la déclaration finale de la présidence du sommet des Balkans occidentaux organisé à Vienne le 27 août 2015, ainsi que les recommandations des organisations de la société civile formulées à l'occasion de ce sommet,

vu la communication de la Commission du 10 novembre 2015 intitulée «La stratégie d'élargissement de l'UE» (COM(2015)0611), accompagnée du document de travail des services de la Commission intitulé «Rapport 2015 sur l'Albanie» (SWD(2015)0213),

vu les conclusions communes du cinquième dialogue à haut niveau sur les domaines prioritaires, adoptées à Tirana le 24 mars 2015,

vu le rapport définitif de la mission d'observation électorale du BIDDH de l'OSCE en date du 8 septembre 2015 sur les élections municipales du 21 juin 2015 en Albanie,

vu la neuvième réunion de la commission parlementaire de stabilisation et d'association UE-Albanie, qui s'est tenue à Bruxelles les 9 et 10 novembre 2015,

vu ses résolutions antérieures sur l'Albanie,

vu les travaux de Knut Fleckenstein en tant que rapporteur permanent de la commission des affaires étrangères sur l'Albanie,

vu l'article 123, paragraphe 2, de son règlement,

A.

considérant que l'Albanie avance régulièrement sur la voie de l'adhésion à l'Union européenne;

B.

considérant que les pays candidats et candidats potentiels sont jugés au cas par cas et que le calendrier d'adhésion dépend de la qualité des réformes nécessaires accomplies;

C.

considérant que des difficultés persistent et doivent être surmontées rapidement et efficacement pour que l'Albanie puisse continuer à progresser sur la voie de l'adhésion;

D.

considérant que l'adoption systématique de réformes autour des cinq grands axes prioritaires et leur réalisation pleine et entière, ainsi qu'un engagement politique durable sont essentiels pour que le pays puisse continuer à aller de l'avant dans la procédure d'adhésion à l'Union;

E.

considérant que la protection de la liberté religieuse et du patrimoine culturel et la gestion des biens selon les règles de l'état de droit constituent des valeurs fondamentales de l'Union européenne;

F.

considérant qu'un dialogue politique constructif et soutenu entre les forces politiques sur les réformes liées à l'Union européenne est crucial pour le processus d'adhésion; que le dialogue constructif et honnête, la coopération et l'esprit de compromis entre le gouvernement et l'opposition sont capitaux pour la réussite et la viabilité des réformes;

G.

considérant que le processus d'intégration à l'Union européenne fait l'objet d'un consensus politique et jouit d'un vaste soutien populaire; que la réussite du programme de réformes dépend dans une large mesure de l'existence d'un contexte politique démocratique;

H.

considérant qu'il est primordial, dans les réformes, de réaliser des progrès constants, en particulier dans les domaines de l'état de droit, de la justice, de la lutte contre la corruption et la criminalité organisée, de l'administration publique et des droits fondamentaux; considérant que l'Albanie doit redoubler d'efforts dans ces domaines et dans les autres domaines prioritaires clés pour permettre l'ouverture des négociations d'adhésion et consolider sa transition démocratique; considérant que l'Union a inscrit le respect de l'état de droit au cœur du processus d'élargissement et a souligné la nécessité de renforcer la gouvernance économique et l'administration publique dans tous les pays des Balkans occidentaux;

1.

salue les progrès réguliers accomplis par l'Albanie dans les réformes qu'elle mène autour des objectifs prioritaires fixés pour l'ouverture des négociations d'adhésion; encourage le gouvernement, le Parlement et les partis politiques à ne pas relâcher le rythme des réformes, et même à l'accélérer; les invite à engager rapidement une vaste réforme de la justice; insiste sur l'importance d'appliquer ces réformes correctement et sans retard;

2.

demande à tous les partis politiques de poursuivre leur efforts pour instaurer un dialogue politique plus constructif et plus authentique afin de permettre l'adoption et l'application des réformes essentielles; est profondément convaincu que la collaboration durable entre le gouvernement et l'opposition au Parlement est capitale pour le processus d'adhésion de l'Albanie et pour que le pays remplisse les critères d'adhésion; insiste vivement sur l'importance du respect de l'engagement à construire une culture politique démocratique caractérisée notamment par l'ouverture au dialogue, à la négociation et au compromis et par l'exclusion totale des boycotts et du radicalisme; salue la création et les activités du Conseil national de l'intégration européenne, qui doit permettre de rendre plus ouvert le processus de réforme lié à l'intégration européenne; demande instamment que le Parlement soit doté de davantage de moyens pour lui permettre de contrôler la mise en œuvre et le respect de l'acquis;

3.

félicite les partis au gouvernement et ceux de l'opposition pour leur coopération constructive et pour avoir adopté à l'unanimité au Parlement des dispositions législatives excluant les auteurs d'infractions pénales de la nomination et de l'élection aux fonctions publiques (loi de moralisation de la vie publique); salue l'adoption des arrêtés nécessaires à cette fin par le Parlement et demande que cette législation soit appliquée rapidement et intégralement, dans son esprit comme dans sa lettre; encourage vivement le Parlement à montrer l'exemple dans l'application des lois, afin de renforcer le crédit des représentants politiques et des institutions publiques auprès des citoyens et des entreprises;

4.

salue l'attachement marqué par l'Albanie à une réforme de la justice complète et approfondie et encourage vivement son gouvernement à poursuivre sans tarder la préparation de cette réforme capitale pour accroître la confiance que place la population dans le système judiciaire; salue les travaux accomplis par la commission parlementaire spéciale sur la réforme de la justice pour préparer cette réforme; se félicite de la coopération étroite menée avec la commission de Venise; encourage la poursuite de cette attitude coopérative sur la voie de l'adoption de la réforme; demande à tous les partis, notamment en tenant dûment compte des recommandations de la commission de Venise, de s'employer à dégager un compromis sur les modifications essentielles à apporter au système judiciaire, portant notamment sur l'indépendance totale des magistrats du siège et du parquet et sur leur responsabilité pleine et entière, ainsi que sur l'impartialité des tribunaux, en particulier de la Cour suprême, du Conseil constitutionnel et du Conseil supérieur de la justice;

5.

souligne la nécessité de corriger les lacunes qui affectent actuellement le fonctionnement de la justice, telles que sa dépendance vis-à-vis des autres branches du pouvoir, l'ingérence du politique, la justice sélective et la faible responsabilisation, la forte corruption, l'inefficacité des mécanismes de contrôle, le manque de moyens, la longueur générale des procédures et le manque évident d'application de critères professionnels dans la nomination et la promotion des magistrats; souligne aussi la nécessité d'accroître la transparence et d'appliquer les recommandations en la matière émise par le groupe d'États contre la corruption (GRECO) dans son quatrième rapport d'évaluation sur la prévention de la corruption visant les juges et procureurs;

6.

recommande à la Commission de suivre étroitement le progrès de la réforme de la justice en Albanie; l'encourage à présenter un rapport au Parlement et au Conseil dès que cette réforme aura atteint un stade suffisant et à tenir compte des conclusions y afférentes, ainsi que des progrès réalisés dans les cinq domaines prioritaires, lorsque la Commission examinera l'opportunité de recommander l'ouverture de négociations d'adhésion;

7.

salue l'adoption de la stratégie de réforme de l'administration pour 2015 à 2020 et de son plan d'action pour la période 2015-2017, ainsi que la stratégie de réforme de la gestion des finances publiques pour 2014 à 2020; souligne qu'il importe de doter l'Albanie d'une fonction publique professionnelle et transparente afin de mieux servir les intérêts des citoyens et d'améliorer la qualité des services qui leurs sont fournis, et de préparer le pays à mener efficacement les futures négociations d'adhésion; prend acte des efforts consentis pour rendre l'administration publique plus à l'écoute des citoyens; invite instamment le gouvernement à poursuivre l'action qu'il mène pour améliorer l'appareil administratif, dépolitiser l'administration et lutter contre la corruption dans la fonction publique, ainsi qu'à perfectionner les procédures de recrutement selon les principes du mérite et de la performance; souhaite que le code de la fonction publique et le nouveau code des procédures administratives soient pleinement et réellement appliqués; appelle de ses vœux le renforcement de la compétence, de l'autonomie, de l'efficacité et des moyens dévolus aux structures de défense des droits de l'homme, telles que les services du Médiateur; demande que des dotations budgétaires suffisantes soient attribuées aux deux nouveaux commissaires responsables des enfants et de la prévention de la torture; salue l'adoption de la stratégie de décentralisation pour 2015 à 2020 et de la loi sur l'autonomie locale, qui renforce les moyens administratifs et financiers des collectivités locales et règle la concertation entre l'administration centrale et les pouvoirs locaux; insiste sur la nécessité de clarifier les fonctions et les responsabilités des administrations locales et de poursuivre un dialogue étroit avec les acteurs concernés, notamment les représentants de la société civile;

8.

reste préoccupé par l'ampleur de la corruption notamment dans l'enseignement, la santé, la justice, les marchés publics, les concessions de partenariats public-privé, le secteur du bâtiment et des travaux publics, l'aménagement du territoire, les collectivités locales et la fonction publique; demande que les administrations locales soient renforcées; salue l'adoption de la stratégie nationale de lutte contre la corruption pour 2015 à 2020 et du plan d'action pour 2015 à 2017; invite les autorités compétentes à suivre et à réviser ce plan d'action minutieusement, à obtenir de meilleurs résultats en matière d'enquêtes, de poursuites et de condamnations dans les affaires de corruption à tous les niveaux, à faire appliquer rigoureusement la législation anticorruption et à renforcer l'indépendance des services de lutte contre la corruption et leur coopération; se félicite de la proposition de loi sur la protection des lanceurs d'alerte et demande l'amélioration de la transparence et du contrôle du financement des partis politiques; souligne la nécessité de renforcer les capacités d'enquête des services répressifs et de mener des enquêtes proactives et efficaces; est profondément convaincu qu'en avançant, la réforme de la justice ne manquera pas d'améliorer notablement la lutte contre la corruption et la criminalité organisée;

9.

prend acte de la détermination du gouvernement à lutter contre la criminalité organisée, qui a débouché sur une série d'opérations répressives de grande ampleur, notamment en coopération avec les autorités des pays voisins et des États membres de l'Union; demeure néanmoins inquiet devant le petit nombre de condamnations définitives; souligne combien il importe d'approfondir la coopération entre le parquet et les services de police et de veiller à l'efficacité du suivi judiciaire; demande que des moyens suffisants soient attribués à la police et au parquet pour lutter contre la criminalité organisée; salue les opérations menées dernièrement contre les trafiquants de drogue, mais constate que le trafic reste un problème important pour l'Albanie; demande aux autorités compétentes d'intensifier leur lutte contre la production et le trafic de drogues et de stupéfiants, notamment en renforçant la coopération internationale et régionale; préconise de renforcer la coopération entre les services répressifs concernant la traite des êtres humains, l'amélioration de la protection et des moyens de recours des victimes, ainsi que pour obtenir de meilleurs résultats en matière d'enquêtes, de poursuites et de condamnations; demande aux autorités compétentes d'intensifier leur lutte contre le trafic d'armes;

10.

prend acte de l'analyse et des recommandations formulées par le BIDDH de l'OSCE au sujet des opérations électorales, à la suite du scrutin municipal de juin 2015, à l'occasion duquel les observateurs internationaux ont constaté une série d'irrégularités; souligne que les élections législatives de 2017 constitueront un test important pour le processus d'intégration de l'Albanie à l'Union; invite les autorités compétentes à faire tout leur possible pour préparer des élections libres et régulières; salue la constitution, en janvier 2016, d'une commission parlementaire spéciale sur la réforme du code électoral et préconise de mettre en pratique ses recommandations, notamment pour la préparation et l'organisation des prochaines élections; juge inquiétante la politisation générale du processus électoral et demande aux autorités compétentes de s'attaquer aux irrégularités de procédure, notamment aux litiges électoraux, de se préoccuper de l'indépendance des commissions électorales, de la transparence et de l'efficacité du financement des partis politiques, et d'agir face aux allégations d'achat de voix, d'intimidation d'électeurs et d'abus de fonds publics, afin de renforcer la confiance de la population dans les opérations électorales; note que la commission électorale centrale doit établir des responsabilités internes claires en matière de surveillance du financement des partis et aller plus loin qu'une simple vérification formelle de leurs déclarations;

11.

se félicite de l'adoption d'une résolution du Parlement sur la place de la société civile dans la démocratisation du pays et constate l'amélioration de la coopération entre les institutions publiques et les organisations de la société civile (OSC), permise notamment par leur participation aux réunions du Conseil national de l'intégration européenne; salue l'adoption de la feuille de route sur la société civile et plaide pour sa bonne mise en œuvre; recommande que des mesures soient prises pour systématiser la collaboration avec les organisations de la société civile, afin de renforcer la démocratie et la protection des droits de l'homme et des libertés civiles par la participation et d'accroître la transparence des décisions; demande aux autorités compétentes de réduire la charge administrative des OSC et de revoir la réglementation fiscale et les autres règles en la matière afin de faciliter les dons privés; invite les autorités compétentes à encourager les OSC à prendre une part active à la supervision des opérations électorales et à les associer à la communication d'informations complètes, en temps opportun, à la population concernant le processus d'adhésion à l'Union;

12.

prie le gouvernement albanais d'accorder une attention particulière à l'amélioration des perspectives d'avenir des jeunes et d'investir dans la modernisation et les réformes du système éducatif, afin d'accroître l'employabilité et les perspectives professionnelles des jeunes en particulier; souligne qu'il est nécessaire de transformer la fuite actuelle des cerveaux en une circulation des cerveaux, qui s'inscrive dans une démarche de mobilité, tout en ouvrant des perspectives de carrière suffisamment large en Albanie même; se félicite de l'aide fournie au titre de l'instrument d'aide de préadhésion en faveur de l'éducation, de l'emploi et des politiques sociales;

13.

demande une nouvelle fois aux autorités compétentes de rendre justice aux victimes des événements du 21 janvier 2011;

14.

condamne les mauvais traitements dont sont victimes les suspects dans les postes de police, la surpopulation carcérale ainsi que l'insuffisance des soins médicaux et les mauvaises conditions qui règnent dans les lieux de détention;

15.

rappelle que les mécanismes institutionnels de protection des droits de l'enfant restent insuffisants; demande instamment aux autorités de réformer le système judiciaire pour les mineurs afin qu'il réponde aux normes internationales; réclame une hausse significative des crédits affectés au système de protection de l'enfance, notamment en faveur des services de protection aux niveaux local et régional; regrette que certains de ces services aient dû mettre un terme à leurs activités en raison d'un manque de moyens; demande instamment aux autorités de veiller à ce que les enfants des zones rurales aient aussi accès à ces services;

16.

se réjouit du climat de tolérance religieuse qui règne dans le pays, de la bonne entente entre les communautés religieuses et des relations constructives qu'elles entretiennent avec l'État; invite les autorités compétentes et les communautés religieuses à unir leurs efforts pour préserver et cimenter la concorde religieuse;

17.

rappelle qu'il est essentiel, entre autres priorités, de prendre des mesures législatives et politiques efficaces afin de renforcer la protection des droits de l'homme, des droits des minorités et les politiques de lutte contre la discrimination; fait remarquer que les Roms et les Égyptiens vivent dans des conditions difficiles et sont souvent confrontés à l'exclusion sociale et à la discrimination; se réjouit de l'adoption du plan d'action national 2015-2020 d'intégration des Roms et des Égyptiens et de l'application plus efficace des mesures sur l'intégration des Roms; constate que les taux d'inscription et d'abandon scolaires des enfants roms et la situation des enfants des rues roms et égyptiens, ainsi que les cas d'exclusion par la force de ces enfants sans procès équitable et mise à disposition d'un autre logement acceptable, demeurent préoccupants; souhaite des améliorations en ce qui concerne la protection des droits des enfants et le système de justice pour les mineurs; se félicite de la résolution du Parlement albanais sur la protection des droits et des libertés des personnes appartenant à la communauté LGBTI; observe que la deuxième Tirana Pride s'est déroulée sans incident notable en juin 2015; recommande d'ôter de la législation en vigueur les dispositions discriminatoires contre les personnes transgenres et intersexes; demande aux autorités compétentes de continuer à améliorer le climat d'inclusion et de tolérance pour toutes les minorités du pays, notamment en renforçant le rôle de la commission nationale des minorités;

18.

recommande de combattre l'inégalité entre les femmes et les hommes, la discrimination fondée sur le genre et la violence domestique au moyen de mécanismes appropriés; se réjouit des amendements au code électoral adoptés en avril 2015 qui prévoient un quota de 50 % de femmes pour les listes des conseils municipaux;

19.

constate que le respect des droits de propriété n'est toujours pas assuré; demande instamment que la procédure de recensement, de restitution et d'indemnisation en matière foncière et immobilière soit menée à bonne fin et que la stratégie 2012-2020 relative aux droits de propriété soit mise en pratique; fait observer que le meilleur respect du droit de propriété aura des effets bénéfiques sur les investissements locaux et étrangers;

20.

réaffirme l'importance capitale que revêt l'existence d'un service public de radio et de télévision professionnel, indépendant et pluraliste et de médias privés; juge préoccupante la large diffusion de l'autocensure chez les journalistes, que l'on empêche parfois physiquement de couvrir certains événements spécifiques et qui sont agressés et menacés en raison de leur travail, de même que l'interférence directe dans l'autonomie rédactionnelle; regrette, dans ce contexte, que le Balkan Investigative Reporting Network ait été menacé de poursuites pour diffamation après son enquête sur le passé criminel d'un candidat au poste de maire lors des élections locales de 2015; demande que des mesures soient prises pour renforcer les normes professionnelles et éthiques des journalistes; demande que la mise en œuvre de la loi sur les médias audiovisuels soit renforcée; souligne la nécessité de renforcer la transparence de la publicité du gouvernement dans les médias et de fournir des efforts supplémentaires pour garantir l'indépendance de l'autorité chargée de l'audiovisuel et du radiodiffuseur public; s'inquiète du changement des procédures d'élection du directeur général de la radio-télévision publique albanaise (RTSh); invite tant le gouvernement que l'opposition à garantir le bon fonctionnement du service de radiodiffusion national en désignant de manière consensuelle un candidat au poste de directeur; insiste pour que le processus de numérisation, qui a été retardé, soit mené à terme;

21.

relève que l'Albanie est moyennement préparée à la mise en place d'une économie de marché viable; salue l'amélioration des rentrées fiscales et la campagne menée par le gouvernement contre les activités non déclarées; juge préoccupant le fort taux de chômage, notamment du chômage des jeunes et du chômage de longue durée (qui représente plus de 50 % de l'ensemble du chômage), même si le taux d'emploi connaît une embellie; exige qu'une attention accrue soit accordée à l'égalité des chances et que de nouvelles mesures soient prises pour accroître le taux d'emploi des femmes sur le marché du travail; reste inquiet face à l'ampleur et à la persistance des faiblesses qui affectent l'état de droit, l'environnement réglementaire, le respect des droits de propriété et la lutte contre la corruption et sont autant d'obstacles à l'amélioration de l'environnement des entreprises; demande avec insistance à l'Albanie de s'attaquer de manière globale au problème grave que constitue encore son importante économie parallèle, liée à la corruption généralisée, en poursuivant pour ce faire des réformes économiques efficaces; réclame l'adoption de mesures pour remédier aux carences en matière d'exécution des contrats et d'état de droit, s'attaquer à l'économie souterraine, toujours très importante, et accorder une attention privilégiée au programme d'assainissement budgétaire et de réduction de la dette publique; demande que les mécanismes de protection des consommateurs soient davantage soutenus;

22.

demande à l'Albanie de fournir de nouveaux efforts pour s'aligner sur la législation environnementale de l'Union et les exigences du chapitre 27; se félicite à cet égard de la création de l'agence nationale pour les zones protégées et de l'agence pour les côtes albanaises;

23.

demande au gouvernement albanais de superviser le développement de centrales hydroélectriques dans des régions sensibles du point de vue environnemental, comme les abords du fleuve Vjosa, et dans des zones protégées, ainsi que de préserver l'intégrité des parcs nationaux existants; recommande d'améliorer la qualité des études d'impact environnementales de façon à prendre en compte les normes de l'Union telles qu'établies par les directives Oiseaux et Habitats et la directive-cadre sur l'eau; encourage le gouvernement albanais à accroître la transparence en consultant le public et en l'associant aux projets prévus;

24.

invite l'Albanie à procéder aux mesures voulues relatives à la protection de l'environnement et à la gestion des déchets et à adopter des mesures supplémentaires contre l'élimination incorrecte et l'enlèvement des déchets, notamment les déchets marins;

25.

invite le gouvernement à adopter et à mettre en œuvre une stratégie nationale en matière d'énergie; s'inquiète du fait que l'Albanie n'ait pas présenté de plan d'action en matière d'énergie renouvelable à la Communauté de l'énergie, ce qui a provoqué l'ouverture d'une procédure d'infraction; est également préoccupé par le fait que l'Albanie n'ait pas respecté le délai imposé par la Communauté de l'énergie pour aligner sa législation sur la directive de 2006 relative à l'efficacité énergétique dans les utilisations finales et aux services énergétiques; demande au gouvernement d'œuvrer davantage à l'efficacité énergétique en adoptant une nouvelle loi sur l'efficacité énergétique des bâtiments;

26.

félicite l'Albanie pour le rôle d'interlocuteur constructif qu'elle continue de jouer dans la région et pour l'activité qu'elle déploie dans la coopération régionale; souligne qu'il est essentiel d'assurer des relations de bon voisinage, qui demeurent primordiales; constate avec satisfaction que l'Albanie souscrit aux initiatives de coopération régionale adoptées lors des sommets des Balkans occidentaux qui ont eu lieu à Berlin en 2014 et à Vienne en 2015; se félicite du rôle constructif joué par l'Albanie dans le programme de connectivité; invite les autorités compétentes à garantir la mise en œuvre intégrale et rapide des normes techniques et des mesures non juridiquement contraignantes dans le domaine du transport adoptées lors du sommet des Balkans occidentaux de 2015 à Vienne avant le prochain sommet prévu à Paris en 2016;

27.

salue sa volonté politique continue d'améliorer les relations avec la Serbie et encourage l'Albanie et la Serbie à engager de nouvelles mesures pour renforcer la stabilité et la coopération dans la région et les relations de bon voisinage; encourage l'Albanie, compte tenu de ces efforts, à poursuivre le développement de l'Office régional de coopération pour la jeunesse, basé à Tirana, qui revêt une importance capitale pour la poursuite de la réconciliation dans la région, en particulier chez les jeunes; recommande d'accélérer la construction de grands projets d'infrastructure, tels que les liaisons ferroviaires et les autoroutes modernes entre Tirana et Skopje dans le cadre du corridor VIII; se félicite que l'Albanie affiche une concordance parfaite avec l'ensemble des déclarations de l'Union et des conclusions du Conseil européen voulues dans le domaine de la PESC et qu'elle soit disposée à participer aux dispositifs européens d'aide et de réinstallation prévus en faveur des réfugiés syriens; invite instamment le gouvernement à prendre à bras-le-corps le problème posé par le nombre élevé de demandes d'asile manifestement infondées présentées aux États membres et à s'engager résolument, dans le cadre du mécanisme de suivi postérieur à la libéralisation du régime des visas, dans une coopération opérationnelle très étroite et des échanges d'information avec les États membres et les pays voisins; demande par ailleurs au gouvernement d'envisager de nouvelles mesures pour améliorer les conditions de vie socioéconomiques; se félicite de la proposition de la Commission d'établir une liste commune de l'Union de pays d'origine sûrs et préconise d'ajouter l'Albanie à cette liste;

28.

appuie la création, dans le cadre du processus de Berlin, du Forum de la société civile des Balkans occidentaux, qui permet à des représentants de la société civile régionaux d'échanger des idées, d'exprimer des préoccupations et de formuler des recommandations concrètes à l'intention des décideurs; demande que ce processus se poursuive lors du prochain sommet qui doit se tenir à Paris en 2016, et réclame l'organisation d'ateliers préparatoires associant les organisations de la société civile locales;

29.

se réjouit que l'Albanie soit déterminée à lutter contre la radicalisation et le terrorisme et qu'elle ait adopté des stratégies et un plan d'action dans le domaine de la sécurité; se réjouit du fait que le cadre stratégique actualisé comporte une stratégie spécifique de lutte contre l'extrémisme violent; constate avec inquiétude que l'Albanie, comme d'autres pays, est touchée par le fléau du retour des combattants étrangers, de la radicalisation islamiste et de l'extrémisme violent; salue à cet égard les mesures prises par le gouvernement albanais afin d'empêcher un flux de combattants étrangers d'aller grossir les rangs de l'État islamique en Iraq et en Syrie; estime qu'il est indispensable de poursuivre l'élaboration d'une politique efficace contre la radicalisation islamiste, de combattre l'extrémisme violent en associant également les organisations de la société civile et les communautés religieuses, d'empêcher et d'interrompre le flux de combattants terroristes étrangers, de s'attaquer au financement du terrorisme et de doter les services de renseignement et les services répressifs d'une stratégie spécialement conçue et respectueuse de l'état de droit, ainsi que de mettre en place un dispositif judiciaire cohérent contre les auteurs d'infraction; recommande en outre une intensification de la coopération régionale et de la coopération avec les services concernés des États membres dans ce domaine, notamment en matière d'échange d'informations; estime que toutes les mesures prises à cet effet devraient garantir le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales conformément aux normes et instruments en vigueur à l'échelle internationale;

30.

regrette que le manque d'esprit de coopération et de compromis dans la délégation albanaise ne permette pas, actuellement, la tenue d'un débat productif au sein de la commission parlementaire de stabilisation et d'association et ait empêché celle-ci d'adopter des recommandations lors de sa neuvième réunion; demande que des mesures soient prises pour renforcer la commission parlementaire de stabilisation et d'association afin qu'elle puisse concourir utilement au processus d'adhésion de l'Albanie à l'Union européenne;

31.

demande à la Commission d'inclure dans ses prochains rapports des informations détaillées sur l'aide accordée à l'Albanie au titre de l'instrument d'aide de préadhésion et sur la mise en œuvre des actions, et notamment sur l'aide affectée à la réalisation des grands objectifs prioritaires et des projets correspondants, en gardant à l'esprit la déclaration de la Commission sur le dialogue stratégique avec le Parlement européen;

32.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission, ainsi qu'au gouvernement et au parlement albanais.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/182


P8_TA(2016)0135

Rapport sur la Bosnie-Herzégovine 2015

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 sur le rapport 2015 concernant la Bosnie-Herzégovine (2015/2897(RSP))

(2018/C 058/21)

Le Parlement européen,

vu l'accord de stabilisation et d'association (ASA) entre les Communautés européennes et leurs États membres, d'une part, et la Bosnie-Herzégovine, d'autre part (1),

vu la demande d'adhésion à l'Union européenne de la Bosnie-Herzégovine du 15 février 2016,

vu la décision du Conseil du 21 avril 2015 concernant la conclusion de l'ASA avec la Bosnie-Herzégovine,

vu les conclusions du Conseil européen des 19 et 20 juin 2003 sur les Balkans occidentaux et l'annexe intitulée «L'Agenda de Thessalonique pour les Balkans occidentaux: progresser sur la voie de l'intégration européenne»,

vu les conclusions du Conseil des 16 mars, 12 octobre et 15 décembre 2015 concernant la Bosnie-Herzégovine,

vu la première réunion de la commission parlementaire de stabilisation et d'association (CPSA) UE-Bosnie-Herzégovine, qui s'est tenue à Sarajevo les 5 et 6 novembre 2015, et les premières réunions du conseil de stabilisation et d'association (CSA) et du comité de stabilisation et d'association entre la Bosnie-Herzégovine et l'Union, qui se sont tenues respectivement les 11 et 17 décembre 2015,

vu la déclaration finale de la présidence du sommet des Balkans occidentaux tenu à Vienne le 27 août 2015, ainsi que les recommandations des organisations de la société civile formulées à l'occasion de ce sommet,

vu la communication de la Commission du 10 novembre 2015 intitulée «La stratégie d'élargissement de l'UE» (COM(2015)0611), accompagnée du document de travail des services de la Commission intitulé «Bosnia and Herzegovina 2015 Report» (SWD(2015)0214),

vu l'engagement écrit en faveur de l'intégration européenne arrêté par la présidence de la Bosnie-Herzégovine le 29 janvier 2015 et approuvé par l'Assemblée parlementaire de la Bosnie-Herzégovine le 23 février 2015, ainsi que le programme de réformes de la Bosnie-Herzégovine pour 2015-2018, adopté en juillet 2015 par les trois niveaux de gouvernement,

vu ses précédentes résolutions sur le pays, y compris celles du 9 juillet 2015 sur la commémoration de Srebrenica (2) et du 17 décembre 2015 sur le vingtième anniversaire de l'accord de paix de Dayton (3),

vu la conférence sur le thème «L'avenir européen de la Bosnie-Herzégovine — vingt ans après les accords de Dayton», qui s'est tenue au Parlement européen le 9 décembre 2015,

vu le travail accompli par Cristian Dan Preda en tant que rapporteur permanent de la commission des affaires étrangères sur la Bosnie-Herzégovine,

vu l'article 123, paragraphe 2, de son règlement,

A.

considérant que l'Union européenne reste attachée à la perspective européenne de la Bosnie-Herzégovine et à son intégrité territoriale, à sa souveraineté et à son unité;

B.

considérant que l'adhésion à l'Union est un processus global qui requiert un consensus sur le programme de réformes; que les citoyens de Bosnie-Herzégovine doivent être placés au cœur des réformes institutionnelles, économiques et sociales;

C.

considérant que l'Union européenne a inauguré une nouvelle approche vis-à-vis de la Bosnie-Herzégovine pour aider ce pays à se rapprocher de l'Union et à répondre aux problèmes socio-économiques et liés à l'état de droit qui subsistent et lui permettre ainsi de se préparer à sa future adhésion; qu'à la suite de cette approche, l'ASA est entré en vigueur le 1er juin 2015;

D.

considérant qu'un mécanisme de coordination efficace entre les différents niveaux de gouvernement en ce qui concerne les questions liées à l'Union est indispensable pour assurer une meilleure interaction avec l'Union européenne, pour faciliter l'alignement sur la législation de l'Union ainsi que la mise en œuvre et l'application de celle-ci, et pour que la candidature de la Bosnie-Herzégovine à l'adhésion à l'Union européenne soit couronnée de succès; considérant que le Conseil des ministres de la Bosnie-Herzégovine a adopté la «Décision relative à un système de coordination dans le processus d'intégration européenne en Bosnie-Herzégovine» le 26 janvier 2016; que les progrès réalisés au niveau de la coordination sur les questions liées à l'Union permettront à la Bosnie-Herzégovine de bénéficier pleinement des financements de l'Union;

E.

considérant qu'il existe encore 84 500 personnes déplacées à l'intérieur du pays et un nombre considérable de réfugiés provenant de Bosnie-Herzégovine se trouvant dans les pays voisins, partout en Europe et dans le monde entier;

F.

considérant qu'un solide soutien politique est essentiel pour rendre la structure institutionnelle du pays plus efficace;

1.

salue le premier rapport plus positif de la Commission sur la Bosnie-Herzégovine et rappelle son attachement sans équivoque à la perspective européenne de la Bosnie-Herzégovine; invite les autorités à montrer leur détermination à poursuivre les réformes institutionnelles et socio-économiques, y compris leur mise en œuvre effective, et à accomplir des progrès réguliers en direction de l'Union; appelle à la transparence dans le processus de planification et de mise en œuvre des réformes; se félicite du plan d'action conjoint adopté par l'État et les entités pour la mise en œuvre du programme de réformes 2015-2018 et réclame une mise en œuvre harmonisée afin d'amener un changement véritable et visible dans l'ensemble du pays et d'améliorer la vie de tous les citoyens de la Bosnie-Herzégovine;

2.

se félicite que la Bosnie-Herzégovine ait présenté sa candidature à l'adhésion à l'Union européenne le 15 février 2016; invite le Conseil à examiner cette demande dans les plus brefs délais et à la transmettre rapidement à la Commission afin d'entamer la préparation de l'avis;

3.

se félicite de l'adoption par le Conseil des ministres de la Bosnie-Herzégovine, le 26 janvier 2016, d'une décision établissant un mécanisme de coordination sur les questions relatives à l'Union et, le 9 février 2016, de la position de négociation sur l'adaptation de l'ASA à la suite de l'adhésion de la Croatie à l'Union européenne; rappelle que, parallèlement à des progrès significatifs dans la mise en œuvre du programme de réformes, ces éléments sont nécessaires pour que l'Union européenne juge la demande d'adhésion crédible; demande une harmonisation immédiate de la position des entités sur le mécanisme de coordination adopté et encourage toutes les parties prenantes à coopérer afin de continuer à améliorer ce mécanisme; appelle à sa mise en œuvre rapide et invite à une coopération constructive concernant les affaires européennes; souligne que ce mécanisme est indispensable pour une prise de décision efficace dans le processus d'adhésion à l'Union; se félicite des premières consultations concrètes qui ont eu lieu — à un niveau parlementaire — en vue de la mise en œuvre pleine et entière du mécanisme de coordination et encourage vivement une nouvelle intensification de ces réunions entre acteurs institutionnels; insiste une fois encore sur l'adaptation des concessions commerciales accordées en vertu de l'ASA; estime que la mise en œuvre intégrale de l'ASA, y compris son adaptation, constitue un élément important de l'engagement pris par la Bosnie-Herzégovine à l'égard de l'Union et l'une des conditions préalables à l'approbation de sa candidature à l'adhésion; recommande que la Bosnie-Herzégovine coopère également avec les États membres en ce qui concerne son rapprochement avec l'Union européenne;

4.

réaffirme la nécessité de poursuivre également les réformes constitutionnelles, juridiques et politiques susceptibles de transformer la Bosnie-Herzégovine en un État pleinement efficace, ouvert et opérationnel, garantissant l'égalité et la représentation démocratique de tous ses peuples constituants et de tous les citoyens et garantissant que tous les citoyens peuvent, sur un pied d'égalité, se porter candidats aux élections, être élus et assumer des fonctions à tous les niveaux politiques, quelle que soit leur origine ethnique ou religieuse, conformément aux principes énoncés dans sa résolution précédente, et notamment les critères de Copenhague, l'acquis de l'Union, les recommandations de la Commission de Venise et la convention européenne des droits de l'homme, ainsi que les décisions pertinentes de la Cour européenne des droits de l'homme; demande aux autorités de promouvoir activement les principes de représentation légitime, de fédéralisme, de décentralisation et de subsidiarité, ainsi que les valeurs européennes et l'importance de la perspective européenne; demande aux institutions de l'Union de s'impliquer activement dans les efforts déployés pour trouver une solution durable aux arrangements constitutionnels de la Bosnie-Herzégovine;

5.

exhorte les responsables politiques et religieux à éviter toute rhétorique nationaliste et séparatiste conflictuelle qui polarise la société et à poursuivre le dialogue politique et les activités visant à instituer un respect mutuel, un consensus et la coopération entre les représentants politiques légitimes ainsi qu'à protéger la diversité de la société; invite tous les citoyens à souscrire à la réconciliation et à la coopération, qui sont des conditions préalables essentielles à l'adhésion à l'Union;

6.

souligne le rôle important de la société civile locale dans le processus de consolidation de la paix et de réconciliation, et en particulier de la participation des jeunes au dialogue interculturel et aux échanges, ainsi qu'à la sphère politique; fait observer le rôle considérable des militants dans le domaine de la culture, des artistes, écrivains et universitaires dans la promotion du dialogue et de la compréhension entre les différents groupes de la société; invite instamment à la promotion de l'éducation pour servir la démocratie, les droits fondamentaux et la citoyenneté en Bosnie-Herzégovine;

7.

prend note de l'annonce faite par le président de la République serbe de Bosnie d'ajourner le référendum prévu dans ladite République sur le système judiciaire au niveau de l'État de Bosnie-Herzégovine; regrette cependant que cette décision n'ait pas été adoptée par l'Assemblée nationale de la République serbe de Bosnie; demande l'abandon complet de l'idée d'un référendum, dans la mesure où ce dernier risque de mettre à mal la cohésion, la souveraineté et l'intégrité du pays et pourrait compromettre les efforts accomplis pour améliorer la situation socio-économique de tous les citoyens de la Bosnie-Herzégovine et accomplir des progrès supplémentaires en matière d'intégration à l'Union européenne; souligne que toute lacune dans le système judiciaire de la Bosnie-Herzégovine doit être traitée dans un esprit de coopération plutôt que par le biais d'initiatives unilatérales, dans le cadre du dialogue structuré élargi sur la justice; rappelle qu'en vertu de l'Accord de Dayton, la République serbe de Bosnie n'a aucun droit de sécession;

8.

est profondément préoccupé par les déclarations du ministre de l'intérieur de la République serbe de Bosnie concernant la future formation des unités de police spéciale de la République serbe de Bosnie en Fédération de Russie, le renforcement de la coopération, en particulier en ce qui concerne l'échange d'informations, et l'intention d'acheter des équipements militaires russes; appelle les autorités de la République serbe de Bosnie à ne pas poursuivre de politique étrangère et de sécurité indépendante qui pourrait compromettre la politique nationale;

9.

se félicite de l'entrée en vigueur de l'ASA et que la CPSA ait été le premier organe commun constitué sur la base de celui-ci; regrette vivement, néanmoins, qu'elle n'ait pas pu adopter son règlement intérieur en raison des tentatives visant à introduire un blocage ethnique dans les règles de vote de la CPSA; rappelle que l'ASA exige l'adoption du règlement intérieur et qu'un manquement à cette exigence constitue une violation directe de la mise en œuvre de l'ASA; demande instamment à la délégation de Bosnie d'œuvrer de manière constructive, à cet égard, à l'adoption rapide du règlement intérieur lors de la prochaine réunion de la CPSA; se félicite des premières réunions du CSA entre la Bosnie-Herzégovine et l'Union européenne qui se sont tenues le 11 décembre 2015;

10.

regrette que la corruption, notamment la corruption au plus haut niveau, reste un phénomène répandu et que les engagements politiques ne se soient pas traduits par des résultats concrets; demeure préoccupé quant à la faiblesse du cadre juridique et institutionnel destiné à lutter contre la corruption, ce qui facilite les actes de corruption commis en toute impunité, et au nombre limité de condamnations définitives dans des affaires de corruption; appelle à améliorer les résultats des enquêtes efficaces et des poursuites judiciaires dans les affaires de corruption emblématiques impliquant des politiciens, des hauts fonctionnaires et des organismes réglementaires, ainsi que dans le cadre de la passation de marchés publics et des privatisations; salue l'adoption de la stratégie et du plan d'action en matière de lutte contre la corruption pour la période 2015-2019 et demande instamment que des moyens budgétaires suffisants soient alloués pour les mettre en œuvre; souhaite une amélioration notable de la coopération interservices à l'échelle nationale; exhorte à la mise en place de structures dédiées à la prévention et à la surveillance de la corruption ainsi qu'à l'adoption de documents sur la politique de prévention de la corruption à tous les niveaux du gouvernement; exige que les recommandations du Groupe d'États contre la corruption (GRECO) soient pleinement mises en œuvre, et ce dans les meilleurs délais;

11.

souligne qu'un système judiciaire opérationnel et stable est d'une importance primordiale pour garantir l'état de droit dans le pays et pour progresser vers l'adhésion à l'Union européenne; se dit très préoccupé quant à l'ingérence politique croissante dans les procédures judiciaires; affirme qu'il est urgent de renforcer l'indépendance du pouvoir judiciaire en Bosnie-Herzégovine; se dit préoccupé, en particulier, quant aux cas d'ingérence politique dans les procédures judiciaires, à la politisation des procédures de nomination des magistrats, à la persistance d'une fragmentation de l'appareil judiciaire en quatre systèmes distincts et à l'absence de système efficace et objectif pour évaluer les qualités professionnelles des juges; se félicite de la mise à jour de la stratégie de réforme du secteur de la justice pour 2014-2018 et demande que soit élaboré un plan d'action visant à la mettre en œuvre, qui mette fortement l'accent sur les efforts d'harmonisation dans l'ensemble du pays; estime essentiel de garantir un système judiciaire plus professionnel, plus indépendant et plus responsable, qui comprenne l'application systématique de critères objectifs pour la nomination des magistrats; se félicite du protocole signé par les ministres de la justice des entités et de l'État central visant à réformer le système judiciaire national et le Conseil supérieur de la magistrature et du ministère public; se félicite de la nomination de médiateurs, mais se dit préoccupé par les difficultés persistantes rencontrées par le bureau du médiateur en matière de financement et de ressources humaines; demande l'adoption rapide de la loi sur la réforme du médiateur;

12.

reste préoccupé par le fait que l'accès à l'aide judiciaire gratuite est très limité; exhorte les autorités compétentes à adopter une loi nationale relative à l'aide juridique gratuite comme condition préalable pour garantir un accès égal, efficace et non discriminatoire à la justice; estime que la mise en œuvre d'une telle loi est essentielle pour renforcer la confiance des citoyens dans l'état de droit;

13.

condamne vigoureusement la loi sur l'ordre public toujours en vigueur dans la République serbe de Bosnie qui sape les droits démocratiques fondamentaux relatifs à la liberté de réunion, d'association et à la liberté de la presse; demande instamment la pleine application de la loi sur la liberté d'accès à l'information, application qui est encore inégale et souvent limitée par l'invocation du droit à la vie privée et à la protection des intérêts commerciaux d'entreprises proches des gouvernements, ce qui prive les citoyens de moyens de recours efficaces lorsque la communication d'informations est refusée; salue l'adoption des amendements au code pénal de la Bosnie-Herzégovine qui rendent les dispositions sur la torture, les disparitions forcées et le viol conformes aux normes internationales; demande instamment aux autorités d'intégrer dans le code pénal les infractions pénales énumérées dans le protocole additionnel à la convention internationale sur la cybercriminalité;

14.

estime qu'il est important d'améliorer la coopération entre les parlements au niveau de l'État, des entités et du district de Brčko et d'organiser entre eux des réunions conjointes; prend acte des engagements pris dans le cadre du jumelage parlementaire et demande l'application urgente des recommandations prévues, ainsi que la mise en œuvre opérationnelle du cadre de coopération adopté; salue, à cet égard, la signature du «Concept du mécanisme de coopération des parlements de la Bosnie-Herzégovine dans les activités liées au processus d'intégration dans l'Union»; demande que la coordination générale avec les assemblées cantonales soit améliorée;

15.

prend acte du rôle joué par la commission parlementaire conjointe pour la sécurité et la défense pour ce qui est d'assurer le contrôle démocratique des forces armées de Bosnie-Herzégovine; est préoccupé par la prolifération des armes détenues illégalement par la population, et par l'importance des stocks de munitions et d'armes toujours détenus sous la responsabilité des forces armées; salue les progrès accomplis par les forces armées dans l'élimination des munitions les plus instables et dans la mise en place de moyens viables pour gérer le reste des stocks; réclame instamment l'adoption d'une approche globale pour relever les défis qui subsistent pour débarrasser le pays des mines d'ici à 2019; demande à la Commission et à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de renforcer leur aide à ces activités;

16.

prie instamment les membres du groupe de travail en charge de la préparation des amendements à la loi électorale de Bosnie-Herzégovine de garantir que ces amendements permettront des élections véritablement démocratiques, qui sont une des expressions de la souveraineté; souligne que des élections démocratiques ne peuvent être réalisées sans qu'un large éventail d'autres droits de l'homme et libertés fondamentales puissent être exercés en permanence, sans discrimination basée sur l'appartenance ethnique, la religion, le sexe, les opinions politiques et autres, la propriété, la naissance ou autre situation, et sans restrictions arbitraires et abusives;

17.

est d'avis que la fragmentation de l'administration publique, sa politisation et le manque de coordination des politiques freinent les réformes institutionnelles et législatives et perturbent la fourniture de services publics aux citoyens; demande aux autorités compétentes à tous les niveaux de renforcer la planification politique à moyen terme et d'élaborer un cadre stratégique global de réforme de l'administration publique à l'échelle nationale ainsi qu'un programme de gestion des finances publiques, conformément aux principes européens d'administration publique qui ont été déterminés par le programme SIGMA (soutien à l'amélioration des institutions publiques et des systèmes de gestion) de l'OCDE pour les candidats à l'adhésion à l'Union;

18.

reconnaît que l'agriculture constitue un secteur économique clé pour la Bosnie-Herzégovine, étant donné qu'environ 20 % de la population de la Bosnie-Herzégovine dépend directement ou indirectement de ce secteur; par conséquent, accueille favorablement les progrès réalisés dans les domaines de la sécurité alimentaire et de la politique vétérinaire, et la décision de la Commission d'autoriser l'exportation de lait et de produits laitiers en provenance de la Bosnie-Herzégovine vers l'Union; encourage des efforts plus soutenus pour rendre le système de contrôle vétérinaire et phytosanitaire officiel conforme aux normes européennes et pour mettre en place les structures institutionnelles nécessaires qui permettront l'utilisation de l'instrument de préadhésion pour le développement rural; demande au gouvernement de soutenir la création d'un ministère de l'agriculture au niveau de l'État central et d'une stratégie de développement correspondante;

19.

est préoccupé par le fait que les mécanismes de coopération entre les autorités et les organisations de la société civile sont insuffisants et, en particulier, que leur capacité de participer au dialogue politique sur le programme de réformes fait défaut; estime qu'il est essentiel de renforcer le rôle de la société civile et d'impliquer les citoyens dans le processus d'adhésion à l'Union; demande à nouveau la création et la mise en place de mécanismes de consultation publique transparents et ouverts; invite les autorités compétentes à tous les niveaux à améliorer le cadre juridique et financier applicable, à adopter une stratégie nationale concernant les organisations de la société civile et à garantir la transparence du financement public alloué à celles-ci afin de favoriser une démocratie plus participative et plurielle dans le pays; invite les organisations de la société civile et les militants à renforcer sensiblement leurs capacités et structures et à coopérer avec les autorités de Bosnie-Herzégovine, l'Union européenne et la communauté internationale; invite ces derniers organes à les aider dans ces efforts;

20.

relève que la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre le crime organisé pour la période 2014-2016 ne fait l'objet d'aucune coordination; réclame l'adoption et la mise en œuvre d'une nouvelle stratégie et d'un nouveau plan d'action concernant le blanchiment d'argent, conformément aux recommandations du comité Moneyval; souligne la nécessité d'adopter une approche centrée sur les victimes et une stratégie pluridisciplinaire et globale pour combattre le trafic de drogues et la traite des êtres humains; demande à l'Union et aux autorités de la Bosnie-Herzégovine de coopérer pour combattre efficacement la traite des êtres humains et pour fournir une protection aux victimes; accueille favorablement l'adoption par la Bosnie-Herzégovine du plan d'action 2016-2019 pour la lutte contre la traite des êtres humains, notamment l'accent mis sur les problèmes liés aux travailleurs migrants et à la mendicité infantile forcée, et demande sa mise en œuvre effective; demeure préoccupé par le nombre élevé d'armes illégalement détenues en Bosnie, qui sont facilement transférées dans l'Union; invite les autorités compétentes à renforcer leurs efforts pour poursuivre en justice les courtiers en armement et les passeurs et à redoubler d'efforts afin de combattre la prolifération incontrôlée et le trafic illicite d'armes, en particulier d'armes légères et de petit calibre, notamment grâce à une intensification de la coopération régionale et de la coopération entre la Bosnie-et-Herzégovine et l'Union;

21.

invite les autorités à élaborer un plan d'action pour la mise en œuvre de la stratégie en matière de prévention du terrorisme et de lutte contre celui-ci pour la période 2015-2020; demande aux autorités d'accroître leurs efforts pour assurer l'existence d'une coopération plus efficace à l'échelle nationale entre les services de police, de renseignement et de sécurité dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent; demande le renforcement des moyens de lutte contre le terrorisme de la Bosnie-Herzégovine; invite instamment les autorités compétentes à redoubler d'efforts dans la lutte contre le financement du terrorisme, y compris par la création d'un cadre juridique permettant le gel des avoirs des groupes terroristes; considère essentiel que les opérations de sécurité en Bosnie-Herzégovine soient coordonnées et que les données soient partagées au sein du pays; souligne qu'une coopération plus étroite entre les services de sécurité régionaux est également primordiale et, à cet égard, encourage la poursuite de la coopération;

22.

souligne que la Bosnie-Herzégovine a été sérieusement touchée par le phénomène des combattants étrangers et de la radicalisation; est préoccupé par la radicalisation des jeunes, dont un nombre élevé, par rapport à d'autres pays de la région, ont rejoint les rangs du groupe «État islamique»; plaide pour le maintien et le renforcement des mesures visant à lutter contre la radicalisation et le terrorisme; accueille favorablement les efforts visant à renforcer le dialogue interreligieux, y compris la déclaration conjointe de dirigeants politiques et religieux condamnant le terrorisme et l'extrémisme violent; se félicite des premières condamnations prononcées à l'égard de combattants étrangers pour des infractions pénales liées au financement d'activités terroristes, à l'encouragement d'actes terroristes ainsi qu'à l'adhésion au groupe «État islamique» et à l'organisation d'activités pour le compte de celui-ci; souhaite que des programmes efficaces de déradicalisation soient immédiatement mis au point et que des efforts soient déployés de toute urgence afin de fournir une meilleure perspective économique pour les jeunes de Bosnie-Herzégovine, conformément à l'agenda positif pour la jeunesse des Balkans occidentaux, afin de les dissuader de s'associer à des idéologies extrêmes et radicales; encourage les efforts visant à engager les médias, les milieux universitaires et la société civile à contribuer à la sensibilisation aux facteurs de risque qui font que la radicalisation évolue vers l'extrémisme violent; encourage le développement de réseaux nationaux et régionaux de sensibilisation à la radicalisation, basés sur les bonnes pratiques et outils du réseau de sensibilisation à la radicalisation présent dans toute l'Union; encourage un renforcement de la coopération avec les services de sécurité dans l'Union et les pays voisins, y compris en ce qui concerne l'échange d'informations; encourage les opérations de police partout en Bosnie-Herzégovine, qui permettent l'arrestation de personnes suspectées d'organiser, de soutenir et de financer des activités terroristes;

23.

relève que le cadre juridique et institutionnel relatif au respect des droits de l'homme requiert d'importantes améliorations; demande l'élaboration d'une stratégie de lutte contre les discriminations au niveau national, en coopération avec les organisations de la société civile; réclame une fois de plus l'introduction dans la loi contre les discriminations d'une définition claire des concepts d'identité de genre, d'orientation sexuelle, d'âge et de handicap pour lesquels il existe une discrimination; demande la mise en œuvre effective de cette loi ainsi que le renforcement du rôle du médiateur chargé des droits de l'homme; est préoccupé par la discrimination qui vise des personnes handicapées dans les domaines de l'emploi, de l'éducation, de l'accès aux soins de santé et à d'autres services; est préoccupé par les crimes haineux, les discours d’incitation à la haine et l'augmentation constatée des menaces contre des personnes LGBTI; encourage le gouvernement à s'attaquer à ce problème en mettant notamment en œuvre des mesures de sensibilisation sur les droits des personnes LGBTI au sein des instances judiciaires et des services répressifs, ainsi qu'auprès du grand public; souligne que des avancées considérables ont été réalisées dans le processus d'inscription à l'état civil des Roms, mais demeure préoccupé par la faiblesse de l'action menée pour l'amélioration de leur santé, leur éducation et leurs perspectives d'emploi; prie instamment les autorités de combattre, en particulier, la discrimination fondée sur le genre; réclame l'abrogation de la disposition relative à la peine de mort figurant dans la constitution de la République serbe de Bosnie;

24.

regrette qu'aucun progrès n'ait été accompli en ce qui concerne la mise en œuvre des arrêts rendus dans les affaires Sejdić-Finci et Zornić, et rappelle que la Bosnie-Herzégovine continue d'enfreindre les arrêts de la CEDH dans ce contexte; souligne une fois encore que l'absence de mise en œuvre de ces arrêts continue de donner lieu à des discriminations à l'égard des citoyens de Bosnie-Herzégovine et risque, par là même, d'entraver la progression de cette dernière sur la voie de l'adhésion;

25.

demande instamment que les crimes de haine et les discours d'incitation à la haine, y compris ceux fondés sur l'appartenance ethnique, ainsi que la diffusion d'idéologies extrémistes sur les réseaux sociaux fassent l'objet d'enquêtes et de poursuites fermes et en bonne et due forme; déplore que la fédération demeure le seul territoire dans les Balkans occidentaux où les procédures de sanction concernant les crimes haineux ne sont pas prévues par le droit pénal, et demande instamment que ces procédures y soient incluses; de même, demande l'inclusion dans le droit pénal de toutes les entités d'une disposition relative aux propos incitant à la haine;

26.

réaffirme que la loi électorale et le système électoral doivent offrir la possibilité aux trois peuples constitutifs et à tous les autres citoyens d'élire librement et de façon autonome leurs propres représentants politiques légitimes au sein des institutions et des autorités;

27.

souligne le rôle important de la société civile pour protéger et promouvoir les droits des minorités dans le pays, ainsi que pour encourager l'harmonie sociale et la tolérance et mieux faire comprendre aux citoyens les avantages de la diversité; demande une plus grande participation de la société civile dans la recherche de solutions aux défis provoqués par la division ethnique afin d'aider le pays à progresser sur la voie de l'adhésion à l'Union; souhaite également une meilleure coordination entre les autorités compétentes et les organisations de la société civile afin de garantir une meilleure application de la loi sur les minorités;

28.

se félicite de l'adoption de la stratégie 2015-2018 de mise en œuvre de la convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique; appelle de ses vœux l'adoption et l'application urgente du cadre stratégique pour la mise en œuvre de la convention d'Istanbul; s'inquiète de l'absence de cadre juridique exhaustif au niveau de l'État sur les agressions sexuelles, ainsi que de mécanisme approprié d'indemnisation pour les victimes; invite les autorités compétentes à assurer le financement adéquat des «maisons sûres» et l'amélioration de la législation en la matière, et à établir un système harmonisé de surveillance et de collecte de données sur les cas de violence à l'égard des femmes; demande également de faire le maximum pour accroître la participation des femmes à la vie politique et au marché du travail, pour améliorer leur situation économique et sociale, notamment en ce qui concerne l'accès au droit au congé et aux prestations de maternité, et pour promouvoir, protéger et renforcer les droits des femmes; prie instamment les gouvernements, à tous les niveaux, de sensibiliser à ces problèmes, avec l'aide de la société civile, afin que les femmes fassent usage de la protection prévue par la loi;

29.

souligne le rôle essentiel de l'éducation pour créer et promouvoir l'édification d'une société tolérante et ouverte, ainsi que pour encourager la coopération et la cohésion à travers les frontières culturelles, religieuses et ethniques; note avec regret la lenteur des progrès réalisés pour remédier à la problématique des «deux écoles sous un même toit» ainsi qu'à d'autres formes de ségrégation et de discrimination existant dans les écoles, et déplore que l'élaboration d'un programme scolaire de base commun n'ait toujours pas débuté; invite instamment à prendre des mesures concrètes pour commencer l'élimination de la ségrégation du système éducatif; souligne la nécessité d'accomplir des efforts importants pour améliorer l'efficacité du système éducatif fragmenté, tout en garantissant le droit à l'égalité des chances au sein du système éducatif dans toutes les langues officielles de la Bosnie-Herzégovine ainsi que le droit de chaque communauté d'avoir accès à l'éducation dans sa langue; prie instamment les autorités de garantir l'application effective des principes d'une éducation inclusive en ce qui concerne les enfants handicapés;

30.

se félicite de la participation active de la Bosnie-Herzégovine à la plateforme des Balkans occidentaux sur l'éducation et la formation, ainsi que de sa participation continue au programme Erasmus+ et à la «fenêtre jeunesse des Balkans occidentaux», qui jouent un rôle très important dans la lutte contre les très forts taux de chômage parmi les jeunes; se félicite également de l'engagement de la Bosnie-Herzégovine à prendre part à l'étude PISA de l'OCDE de 2018; considère cette étude comme un instrument utile pour débattre de la qualité de l'éducation et des réformes nécessaires; loue la volonté exprimée par l'ensemble des 13 ministères de l'éducation et tous les organismes apparentés de participer à cet effort conjoint; invite la Commission à envisager de financer la participation de la Bosnie-Herzégovine à l'étude en puisant dans des fonds de préadhésion;

31.

souligne que les institutions de médias indépendantes et professionnelles sont l'un des aspects essentiels d'une société démocratique prospère; se dit dès lors inquiet en ce qui concerne le recul dans le domaine de la liberté d'expression, le fait que des journalistes fassent l'objet de pressions politiques et d'intimidations, y compris l'assujettissement de certains médias à de fausses inspections financières et à d'autres inspections par les autorités locales et nationales, et le clivage médiatique qui se creuse en fonction de divisions politiques et ethniques; invite les autorités compétentes à mener une enquête approfondie sur les attaques contre des journalistes et à créer un cadre juridique pour la protection des journalistes; demande, en outre, que des mesures soient prises de toute urgence afin de garantir l'indépendance politique, institutionnelle et financière de l'autorité de régulation des communications ainsi que la transparence quant à la propriété des médias, en éliminant toutes les lacunes législatives qui entravent systématiquement une complète transparence; note que la mise en œuvre de ces mesures est essentielle pour garantir l'absence de toute influence politique indue; souhaite l'adoption de mesures propres à garantir le pluralisme des médias et la diffusion dans toutes les langues officielles; demande également le renforcement de l'indépendance éditoriale et de la stabilité financière des services publics de radiodiffusion compte tenu de l'importance que revêt l'existence d'un service public de radiodiffusion pour l'unité de la Bosnie-Herzégovine; s'inquiète du fait que les attaques électroniques ciblées contre les sites d'information ne sont pas poursuivies;

32.

salue les progrès accomplis en matière de réduction du retard dans le traitement des crimes de guerre; relève les préoccupations du tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie concernant le manque de suivi accordé par le parquet aux demandes récurrentes de clôturer les dossiers de crimes de guerre; réclame une révision de la stratégie nationale sur les crimes de guerre, une répression accrue et plus efficace des actes de violence sexuelle commis en temps de guerre et des améliorations au niveau de la protection des victimes; demande que des mesures soient prises pour garantir leur droit à une indemnisation effective;

33.

note que des efforts ont été consentis et souhaite que davantage de progrès soient accomplis en vue d'un retour durable des personnes déplacées à l'intérieur du pays et des réfugiés, notamment en matière d'emploi, d'éducation, de protection sociale, de restitution des propriétés et de soins de santé au niveau local; réaffirme qu'il importe d'encourager leur retour durable en Bosnie-Herzégovine, en particulier dans la République serbe de Bosnie; demande à tous les niveaux de pouvoir de les protéger et d'accélérer leur processus de retour en instaurant et en appliquant toutes les mesures administratives et législatives nécessaires; appelle à la mise en œuvre effective de la stratégie révisée concernant l'annexe VII de l'Accord de paix de Dayton; invite la Commission à fournir une aide financière et de projet adéquate susceptible de faciliter ce processus; note le nombre toujours élevé de personnes disparues et invite les autorités compétentes à engager une coopération étroite et à renforcer leurs efforts pour trouver les 7 019 personnes toujours portées disparues à la suite de la guerre; insiste sur la nécessité de développer des approches alternatives de la justice, en s'appuyant entre autres sur la stratégie de justice transitionnelle du PNUD; invite les autorités de Bosnie-Herzégovine à investir des ressources importantes dans les programmes adéquats;

34.

note que, bien que la réhabilitation et la reconstruction d'après-guerre en Bosnie-Herzégovine aient été largement couronnées de succès et aient rapproché le pays de l'Union, il reste encore des défis à relever pour la viabilité du processus de réconciliation; souligne donc l'importance de l'éducation sur la réconciliation et la compréhension mutuelle dans la société;

35.

se félicite de la progression de l'emploi déclaré ainsi que des premières mesures prises afin de renforcer la coordination des politiques et d'améliorer le climat des affaires; demeure préoccupé quant à l'influence de l'État sur l'économie, à la qualité des finances publiques, au niveau élevé de dépendance par rapport aux fonds d'organismes de crédit internationaux, à l'origine opaque des investissements internationaux et aux conditions difficiles du marché du travail; souligne l'importance de s'attaquer au problème persistant du chômage de longue durée, qui demeure élevé (27,6 %), avec un taux particulièrement élevé de chômage chez les jeunes (62,7 %), et à l'ampleur de l'économie souterraine, ainsi que d'améliorer le fonctionnement du marché du travail;

36.

salue l'adoption du nouveau code du travail par les deux entités; regrette l'absence d'une zone économique unique unifiée, ce qui nuit à l'environnement des entreprises; demande que des mesures supplémentaires soient prises pour renforcer l'état de droit, simplifier l'exécution des contrats et lutter contre la corruption, de manière à améliorer le climat des affaires; regrette que la Bosnie-Herzégovine n'ait pas élaboré une stratégie des PME au niveau de l'État;

37.

souligne la nécessité de réformer et d'harmoniser les systèmes de protection sociale fragmentés, sur la base des besoins des citoyens, afin d'assurer l'égalité de traitement pour tous; note que les droits syndicaux et du travail, et notamment les lois relatives à la santé et à la sécurité, sont toujours limités, et souligne qu'il importe de continuer à renforcer et à harmoniser ces lois à travers le pays;

38.

exhorte à l'adoption de stratégies sectorielles à l'échelle du pays sur les transports, l'énergie et l'environnement; souligne que ces stratégies sont notamment nécessaires pour profiter pleinement de l'aide de pré-adhésion de l'Union;

39.

se félicite de la participation de la Bosnie-Herzégovine à l'initiative du Groupe des 6 des Balkans occidentaux; souligne l'importance de deux importants projets d'investissement, «Stara Gradiška» et «Svilaj», qui faciliteront le commerce, l'intégration régionale et la croissance durable; exhorte les autorités à assurer la pleine et rapide mise en œuvre des normes techniques et des mesures non contraignantes dans les transports, lesquelles ont été convenues au cours du sommet 2015 des Balkans occidentaux à Vienne (par exemple l'alignement/la simplification des formalités de passage des frontières, des systèmes d'information, des programmes d'entretien, le dégroupage et l'accès des tiers au réseau) avant le prochain sommet de 2016 à Paris;

40.

demande que les résultats du recensement de population et des logements soient publiés sans plus attendre sachant qu'ils sont essentiels à la planification économique et sociale; signale également que les données du recensement de 2013 seront nécessaires pour remplir le questionnaire que la Bosnie-Herzégovine recevra de la Commission;

41.

demande instamment aux organismes statistiques de la Bosnie-Herzégovine d'aligner leurs statistiques sur les normes d'Eurostat;

42.

s'inquiète du recul dans le domaine de la société de l'information; demande que le passage au numérique soit effectué le plus rapidement possible; demande instamment la création de l'organe de surveillance pour l'accréditation des lois sur le commerce en ligne et la signature électronique au niveau de l'État, cette dernière restant lettre morte en raison de l'absence de cet organe; invite les autorités responsables à accélérer la bonne mise en œuvre du numéro d'urgence européen 112 qui a été créé en 2009;

43.

note les mesures et les actions limitées qui ont été mises en œuvre concernant l'adaptation au changement climatique et les premières initiatives prises pour développer le réseau Natura 2000 sur la protection de la nature; invite les autorités compétentes à établir un cadre juridique harmonisé pour la protection de l'environnement et l'action climatique et à renforcer la planification stratégique et l'alignement avec l'acquis dans ces domaines; invite les autorités compétentes à prévenir la pollution atmosphérique excessive conformément aux normes environnementales de l'Union, y compris la pollution causée par la raffinerie de pétrole de Bosanski Brod; insiste sur la nécessité pour la Bosnie-Herzégovine de mettre pleinement en œuvre ses obligations au titre de la convention sur l'évaluation de l'impact sur l'environnement dans un contexte transfrontière (Espoo, 1991) et de son protocole relatif à l'évaluation stratégique environnementale (Kiev, 2003);

44.

demande au gouvernement de la Bosnie-Herzégovine de réglementer et de contrôler le développement de centrales hydroélectriques dans des régions sensibles du point de vue environnemental, ainsi que dans des zones protégées et potentiellement protégées, et de préserver l'intégrité des parcs nationaux existants, comme ceux de Sutjeska et de l'Una; recommande d'améliorer la qualité des études d'impact environnementales de façon à prendre en compte les normes de l'Union telles qu'établies par les directives Oiseaux et Habitats et la directive-cadre sur l'eau; encourage le gouvernement de Bosnie-Herzégovine à accroître la transparence par une participation et une consultation du public sur des projets prévus avec les communautés locales, des experts scientifiques et le secteur civil;

45.

félicite la Bosnie-Herzégovine d'avoir assuré la présidence de la Communauté de l'énergie en 2016; est cependant préoccupé par l'imposition de sanctions par la Communauté de l'énergie à l'encontre de la Bosnie-Herzégovine; demande une nouvelle fois à la Bosnie-Herzégovine de prendre des mesures pour se connecter aux infrastructures énergétiques des pays voisins et respecter toutes ses obligations contractuelles au titre du traité instituant la Communauté de l'énergie;

46.

dénonce la loi sur la paix et l'ordre public adoptée dans la République serbe de Bosnie en février 2015, qui criminalise les publications des médias sociaux qui troublent l'ordre public ou qui contiennent des contenus indécents, injurieux ou insultants, ce qui ouvre la voie à des restrictions juridiques à la libre expression en ligne et aux médias libres, et peut entraîner l'autocensure parmi les utilisateurs des médias sociaux;

47.

se félicite de l'attitude volontariste et constructive de la Bosnie-Herzégovine en matière de promotion de la coopération régionale; estime qu'une coopération concrète dans des domaines d'intérêt mutuel peut contribuer à la stabilisation des Balkans occidentaux; se félicite de l'accord trouvé avec le Monténégro au sujet de la frontière; souhaite que davantage d'efforts soient accomplis pour résoudre les questions bilatérales en suspens, y compris les questions concernant la délimitation de la frontière avec la Serbie et la Croatie, et traiter les questions relatives à la pollution environnementale transfrontalière; se félicite de la première session conjointe du conseil des ministres de la Bosnie-Herzégovine et du gouvernement de Serbie, qui a eu lieu le 4 novembre 2015 à Sarajevo;

48.

se félicite que le taux d'alignement sur les décisions de la politique étrangère et de sécurité commune ait progressé de 52 % à 62 %; considère, vu la demande d'adhésion à l'Union de la Bosnie-Herzégovine, qu'il est nécessaire de coordonner dans une large mesure la politique étrangère avec la politique étrangère et de sécurité commune de l'Union;

49.

invite les autorités de Bosnie-Herzégovine, dans le contexte des prochaines élections locales, à mettre en œuvre les recommandations pertinentes formulées par les observateurs internationaux et locaux et par l'OSCE/le BIDDH, afin de garantir la crédibilité et l'intégrité du processus électoral; invite instamment les autorités à réglementer de toute urgence les élections locales à Mostar;

50.

charge son Président de transmettre la présente résolution à la vice-présidente de la Commission/haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au Conseil, à la Commission, à la présidence de la Bosnie-Herzégovine, au Conseil des ministres de la Bosnie-Herzégovine, à l'Assemblée parlementaire de la Bosnie-Herzégovine et aux gouvernements et aux parlements de la Fédération de Bosnie-Herzégovine et de la République serbe de Bosnie, ainsi qu'aux administrations des 10 cantons.


(1)  JO L 164 du 30.6.2015, p. 2.

(2)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0276.

(3)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0471.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/192


P8_TA(2016)0136

Remplir l'objectif de lutte contre la pauvreté dans le contexte de l'augmentation des coûts des ménages

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 intitulé «Remplir l'objectif de lutte contre la pauvreté dans le contexte de l'augmentation des coûts des ménages» (2015/2223(INI))

(2018/C 058/22)

Le Parlement européen,

vu le traité sur l'Union européenne (traité UE), et notamment son article 3, et le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (traité FUE), et notamment son article 9,

vu la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, et notamment son article 1 et son article 34, paragraphe 3,

vu le règlement (UE) 2015/1017 du Parlement européen et du Conseil du 25 juin 2015 sur le Fonds européen pour les investissements stratégiques, la plateforme européenne de conseil en investissement et le portail européen de projets d'investissement et modifiant les règlements (UE) no 1291/2013 et (UE) no 1316/2013 (1),

vu le règlement (UE) no 223/2014 du Parlement européen et du Conseil du 11 mars 2014 relatif au Fonds européen d'aide aux plus démunis (2),

vu le règlement (UE) no 1304/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 relatif au Fonds social européen et abrogeant le règlement (CE) no 1081/2006 du Conseil (3),

vu le règlement (UE) no 1301/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 relatif au Fonds européen de développement régional et aux dispositions particulières relatives à l'objectif «Investissement pour la croissance et l'emploi», et abrogeant le règlement (CE) no 1080/2006 (4),

vu le règlement (UE) no 1303/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 portant dispositions communes relatives au Fonds européen de développement régional, au Fonds social européen, au Fonds de cohésion, au Fonds européen agricole pour le développement rural et au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche relevant du cadre stratégique commun, et portant dispositions générales applicables au Fonds européen de développement régional, au Fonds social européen et au Fonds de cohésion et abrogeant le règlement (CE) no 1083/2006 du Conseil (5),

vu la directive 2014/92/UE du Parlement européen et du Conseil du 23 juillet 2014 sur la comparabilité des frais liés aux comptes de paiement, le changement de compte de paiement et l'accès à un compte de paiement assorti de prestations de base (6),

vu la directive 2012/27/UE du Parlement européen et du Conseil du 25 octobre 2012 relative à l'efficacité énergétique, modifiant les directives 2009/125/CE et 2010/30/UE et abrogeant les directives 2004/8/CE et 2006/32/CE (7), ainsi que sa résolution du 15 décembre 2010 sur la révision du plan d'action pour l'efficacité énergétique (8),

vu la directive 2010/31/UE du Parlement européen et du Conseil du 19 mai 2010 sur la performance énergétique des bâtiments (9),

vu la communication de la Commission du 27 octobre 2015 intitulée «Programme de travail de la Commission pour 2016 — L'heure n'est plus à une gestion conventionnelle» (COM(2015)0610),

vu la communication de la Commission du 5 mars 2014 intitulée «État des lieux de la stratégie Europe 2020 pour une croissance intelligente, durable et inclusive» (COM(2014)0130),

vu la communication de la Commission intitulée «Plateforme européenne contre la pauvreté et l'exclusion sociale: un cadre européen pour la cohésion sociale et territoriale» (COM(2010)0758) et les avis du Comité économique et social européen et du Comité des régions, ainsi que sa résolution du 15 novembre 2011 (10) sur le sujet,

vu la communication de la Commission du 3 mars 2010 intitulée «Europe 2020 — Une stratégie pour une croissance intelligente, durable et inclusive» (COM(2010)2020), ainsi que sa résolution du 16 juin 2010 sur la stratégie Europe 2020 (11),

vu la résolution 64/292 de l'Assemblée générale des Nations unies du 28 juillet 2010 intitulée «Le droit de l'homme à l'eau et à l'assainissement» (12),

vu le projet pilote de la Commission visant à l'élaboration d'une méthode commune pour l'établissement de budgets de référence en Europe,

vu le rapport du Centre de recherche Innocenti de l'UNICEF (2012) intitulé «Mesurer la pauvreté des enfants: nouveaux tableaux de classement de la pauvreté des enfants dans les pays riches» (13),

vu le rapport du Centre de recherche Innocenti de l'UNICEF (2014) intitulé «Les enfants de la récession: impact de la crise économique sur le bien-être des enfants dans les pays riches» (14),

vu la revue trimestrielle de l'emploi et de la situation sociale dans l'UE de septembre 2015 publiée par la Commission (15),

vu le train de mesures sur les investissements sociaux adopté par la Commission le 20 février 2013,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 15 juin 2011 sur la «Plateforme européenne contre la pauvreté et l'exclusion sociale: un cadre européen pour la cohésion sociale et territoriale» (16),

vu le rapport de l'OCDE du 21 mai 2015 intitulé «Tous concernés: Pourquoi moins d'inégalités profite à tous»,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 18 septembre 2013 sur «Pour une action européenne coordonnée pour prévenir et combattre la pauvreté énergétique» (17),

vu l'avis du Comité économique et social européen du 10 décembre 2013 sur le «Revenu européen minimum et indicateurs de pauvreté» (18),

vu l'avis du Comité des régions du 31 mars 2011 sur la plateforme européenne contre la pauvreté et l'exclusion sociale (19),

vu l'avis commun du Comité de l'emploi et du Comité de la protection sociale du 3 octobre 2014 sur l'examen à mi-parcours de la stratégie Europe 2020 (20),

vu le rapport annuel du Comité de la protection sociale du 10 mars 2015 intitulé «Social situation in the European Union (2014)» (21),

vu les études intitulées «The State of Lending: The Cumulative Costs of Predatory Practices» (22) (l'état des prêts: coûts cumulatifs des pratiques prédatrices), de juin 2015, et «Le panier de la ménagère … pauvre» (23), d'août 2008,

vu l'avis du Comité de la protection sociale du 15 février 2011 intitulé «La plateforme européenne contre la pauvreté et l'exclusion sociale: initiative phare de la stratégie Europe 2020» (24),

vu sa résolution du 8 septembre 2015 sur le suivi de l'initiative citoyenne européenne «L'eau, un droit humain» (Right2Water) (25),

vu sa résolution du 8 juillet 2015 sur l'initiative pour l'emploi vert: exploiter le potentiel de création d'emplois de l'économie verte (26),

vu la décision (UE) 2015/1848 du Conseil du 5 octobre 2015 relative aux lignes directrices pour les politiques de l'emploi des États membres pour 2015 (27) ainsi que sa position du 8 juillet 2015 sur la proposition de décision du Conseil relative aux lignes directrices pour les politiques de l'emploi des États membres (28),

vu sa résolution du 27 novembre 2014 sur le 25e anniversaire de la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant (29),

vu sa résolution du 11 juin 2013 sur le logement social dans l'Union européenne (30),

vu sa résolution du 4 juillet 2012 contenant des recommandations à la Commission sur l'accès aux services bancaires de base (31),

vu sa résolution du 20 octobre 2010 sur le rôle du revenu minimum dans la lutte contre la pauvreté et la promotion d'une société inclusive en Europe (32),

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission de l'emploi et des affaires sociales et l'avis de la commission des droits de la femme et de l'égalité des genres (A8-0040/2016),

A.

considérant qu'entre 2008 et 2013, le nombre de personnes menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale dans l'Union européenne est passé de 117 millions à 122,6 millions; qu'en 2013, 16,7 % de la population de l'Union européenne était à risque de pauvreté après transferts sociaux, 9,6 % était dans une situation de privation matérielle grave et 10,7 % des ménages étaient considérés comme étant à très faible intensité de travail; que cette évolution va à l'encontre de l'objectif stratégique de l'Union européenne défini dans sa stratégie Europe 2020 et visant à réduire d'au moins 20 millions le nombre de personnes touchées ou menacées par la pauvreté et l'exclusion sociale d'ici 2020;

B.

considérant que, selon la méthode d'Eurostat, le seuil de risque de pauvreté est fixé à 60 % du revenu disponible équivalent médian national;

C.

considérant que les économies d'énergie et l'amélioration de l'efficacité, compte tenu notamment du parc immobilier, permettraient à de nombreux ménages de se soustraire à la précarité énergétique; que 10 % des citoyens de l'Union étaient en retard de paiement de leurs factures d'énergie en 2015 (37 % dans l'État membre le plus affecté); que 12 % des citoyens de l'Union n'étaient pas en mesure de chauffer correctement leur logement en 2014 (60 % dans l'État membre le plus affecté); que 16 % de la population de l'Union vivait dans des logements dont le toit perçait et les murs étaient humides en 2014 (33 % dans l'État membre le plus affecté) d'après les statistiques SILC;

D.

considérant que le nombre de chômeurs de longue durée dépasse les 12 millions de personnes, dont 62 % sont au chômage depuis plus de deux années consécutives; que les chômeurs de longue durée sont davantage susceptibles de connaître la pauvreté et l'exclusion sociale;

E.

considérant l'importance du Fonds européen d'aide aux plus démunis (FEAD) et de sa pérennité à l'heure où la crise sociale touche de plus en plus d'Européens;

F.

considérant que l'article 34, paragraphe 3, de la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne stipule qu'afin de lutter contre l'exclusion sociale et la pauvreté, l'Union reconnait et respecte le droit à une aide sociale et à une aide au logement destinées à assurer une existence digne à tous ceux qui ne disposent pas de ressources suffisantes;

G.

considérant que dans certains pays, le prix des biens et services essentiels a parfois augmenté relativement rapidement tout comme, dès lors, les dépenses des ménages;

H.

considérant que, parmi les groupes les plus vulnérables, on retrouve systématiquement les «pauvres chroniques», souvent des chômeurs de longue durée, mais parfois des travailleurs touchant un salaire faible, des célibataires vivant seuls avec des enfants et se trouvant sans emploi ou travaillant en moyenne moins longtemps qu'un soutien familial principal;

I.

considérant qu'à l'heure actuelle, il n'existe encore aucun indicateur certain sur l'extrême pauvreté;

J.

considérant que les logements inadéquats ou en mauvais état réduisent considérablement les chances de mener une vie normale; que la qualité des logements (comprenant une isolation appropriée, etc.) des personnes se trouvant dans des situations de vulnérabilité a diminué lors de la crise en raison de l'incapacité de ceux-ci de financer l'entretien de leur logement; que vivre pendant longtemps dans un logement de mauvaise qualité peut nuire à la santé;

K.

considérant que l'augmentation des dépenses des ménages dues au coût du logement, de l'alimentation, des charges (électricité, gaz et eau), des transports, des frais médicaux ou des coûts liés à l'éducation rend difficile la concrétisation de l'objectif de lutte contre la pauvreté fixé par la stratégie Europe 2020;

L.

considérant que, dans de nombreux pays de l'Union européenne, le coût des biens et des services de base et essentiels a augmenté rapidement au cours des dernières années, entraînant une augmentation des dépenses générales des ménages;

M.

considérant que la crise économique et financière et la baisse des revenus des ménages sont autant d'éléments qui ont conduit à une hausse du chômage et de l'exclusion sociale au sein de l'Union, en particulier parmi les groupes de la population les plus vulnérables, d'où une pression croissante sur les services sociaux;

N.

considérant que le chômage des jeunes, déjà plus élevé que pour les autres classes d'âge, a explosé dans l'Union européenne depuis la crise pour dépasser les 20 %, ce qui risque de les faire basculer dans la pauvreté dès leur plus jeune âge; que les observations finales du Comité des droits de l'enfant des Nations unies sur les derniers rapports périodiques de certains pays européens font état d'une hausse du taux de pauvreté et/ou du taux de risque de pauvreté chez les enfants en raison de la crise économique; que cette hausse affecte les droits à la santé, à l'éducation et la protection sociale;

O.

considérant que la pauvreté, qui est élevée depuis de très nombreuses années dans les États membres, a un impact de plus en plus important sur l'économie, nuit à la croissance économique, augmente les déficits des budgets publics et diminue la compétitivité européenne;

P.

considérant que l'absence de logement adéquat et de chauffage suffisant a des conséquences négatives sur la santé, l'éducation, l'inclusion sociale et l'emploi des personnes, en particulier les plus vulnérables; que des personnes souffrent de ne pouvoir chauffer leur logement tant dans les États membres du Nord que du Sud; que, selon les statistiques communautaires sur le revenu et les conditions de vie (SILC), la surcharge des coûts du logement (par statut d'occupation du logement) est plus élevée pour les locataires du secteur locatif privé dans certains États membres, ce qui peut s'expliquer par la mauvaise qualité et les prix élevés des logements; que de nombreuses familles ont du mal à payer le prix des biens et services essentiels, notamment en raison de la hausse des prix de l'énergie;

Q.

considérant que la précarité énergétique est liée à la pauvreté générale et résulte de plusieurs conditions sous-jacentes, dont les problèmes de santé et de handicap, le manque d'accès à des offres adaptées aux consommateurs ou à des services en ligne, le faible niveau des revenus, le type de système de chauffage utilisé dans les ménages ainsi que la qualité et la performance énergétique du parc de logement;

R.

considérant que les chômeurs, les familles monoparentales, les familles à faible revenu, les veufs et veuves, les malades chroniques, les personnes âgées, les jeunes, les personnes handicapées et les minorités figurent souvent parmi les personnes les plus vulnérables menacées de pauvreté et souffrent tout particulièrement du coût élevé de la vie;

S.

considérant que, du fait de l'écart important entre les États membres en matière de fourniture de services de protection sociale et de revenu minimum, l'aide sociale réduit le risque de pauvreté de 60 % dans certains États membres et de seulement 15 % dans d'autres; que l'incidence moyenne de la fourniture de services de protection sociale sur la réduction du risque de pauvreté dans l'Union européenne est de 35 %;

T.

considérant que le prochain rapport d'Eurofound intitulé «Housing in Europe» (le logement en Europe) comprendra une évaluation selon laquelle les dépenses médicales découlant des insuffisances actuelles en matière de logement (habitation) (données relatives à 2011) coûtent au total plus de 170 milliards d'EUR par an aux économies des 28 États membres de l'Union européenne; que la réalisation de tous les travaux de réparation réduirait les coûts médicaux de quelque 8 milliards d'EUR au cours de la première année, ce qui continuerait à apporter des avantages à l'avenir;

U.

considérant que l'ONU a affirmé que le droit humain à l'eau et à l'assainissement donne à chacun le droit à une eau salubre, de qualité, physiquement accessible, d'un coût abordable, en quantité suffisante et d'une qualité acceptable pour les usages personnels et domestiques; que l'ONU a en outre recommandé que le prix de ces services, lorsqu'ils sont payants, ne dépasse pas 3 % du revenu d'un ménage; que la privatisation des services liés à l'eau a des effets négatifs sur les ménages vivant dans des situations de pauvreté ou exposés au risque de pauvreté;

V.

considérant que la pauvreté énergétique est un problème d'une importance croissante en Europe et qu'il est probable que ce problème empire au cours des prochaines années, du fait des augmentations prévues des prix de l'énergie, de la hausse concomitante de l'inégalité des revenus et de la pauvreté en général, de l'absence de systèmes de chauffage adéquats, ainsi que de la piètre qualité générale des systèmes d'isolation des logements, en particulier dans les pays méditerranéens;

W.

considérant que dans l'Union européenne, les femmes sont 12 millions de plus que les hommes à vivre dans la pauvreté; que les facteurs contribuant à ces inégalités sont notamment l'écart de rémunération et de pension entre hommes et femmes, le fait qu'une grande proportion de femmes occupe des emplois précaires et que les femmes sont souvent contraintes à l'inactivité économique en raison du coût prohibitif des services de garde d'enfants;

X.

considérant que les écarts entre hommes et femmes sur le plan de la rémunération, du temps de travail et de la durée de la vie active des femmes au cours de leur vie active ont des conséquences directes sur leur vie de retraitées; que les femmes de plus de 65 ans sont nettement plus exposées au risque de pauvreté ou d'exclusion sociale que leurs homologues masculins puisque le niveau moyen de retraite d'une femme est actuellement inférieur, voire souvent très inférieur à celui d'un homme;

Y.

considérant que l'Union de l'énergie doit apporter des réponses efficaces à la pauvreté énergétique, qui touche plus de 100 millions d'Européens, en améliorant la situation et l'efficacité énergétique des consommateurs les plus vulnérables et en élaborant des mesures correctives qui permettent aux personnes dans le besoin d'avoir de l'énergie à un coût abordable;

Z.

considérant que la directive 2012/27/UE invite les États membres à élaborer des programmes visant à sensibiliser, à informer et à conseiller les particuliers et les ménages sur l'efficacité énergétique;

AA.

considérant que comme la situation de pauvreté d'une famille est quelque chose d'indivisible, il convient de souligner l'incidence de l'aspect énergétique sur cette situation de pauvreté;

AB.

considérant qu'une rénovation du parc national de bâtiments en vue d'améliorer l'efficacité énergétique aura une incidence directe sur la réduction des coûts énergétiques, en particulier pour les familles à faible revenu, et encouragera la création d'emploi;

AC.

considérant que 22 348 834 ménages (environ 11 % de la population de l'Union européenne) consacrent plus de 40 % de leur revenu disponible au logement; que la surcharge des coûts du logement a été définie comme une «tendance sociale à surveiller» dans le cadre du semestre européen; que 21 942 491 ménages (environ 10,8 % de la population de l'Union européenne) éprouvent des difficultés à maintenir une température adéquate dans leur logement; que l'Union européenne et les États membres doivent établir, mettre en œuvre et garantir d'urgence des mesures permettant aux ménages de faire face au coût du logement, dont des aides au logement;

AD.

considérant que les prix de l'énergie convergent en Europe plus rapidement que ne s'amenuisent les disparités de pouvoir d'achat;

AE.

considérant que l'accès au logement est un droit fondamental qui peut être considéré comme une condition préalable à l'exercice des autres droits fondamentaux, à leur accès et à l'accès à une vie digne; que la garantie de l'accès à une assistance au logement décent et adéquat relève d'une obligation internationale des États membres que l'Union doit prendre en considération, le droit à un accès au logement et à une assistance au logement étant reconnu à la fois à l'article 34 de la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, aux articles 30 et 31 de la charte sociale révisée du Conseil de l'Europe, à l'article 25 de la déclaration universelle des droits de l'homme, ainsi que dans de nombreuses constitutions des États membres;

AF.

considérant que le logement représente le poste de dépense le plus important des ménages européens; que l'envolée des prix liés au logement (foncier, propriété, location, consommation énergétique) constitue une source d'instabilité et d'anxiété et doit être considérée comme un sujet de préoccupation majeur;

AG.

considérant que la privation de logement et la précarité énergétique sont plus importantes dans les pays disposant d'une part plus faible de logements sociaux locatifs (c'est-à-dire les pays orientaux et méditerranéens);

AH.

considérant que le pourcentage du parc locatif social par rapport au parc total de logement indique que les pays occidentaux et nordiques disposent d'une proportion plus élevée de logements sociaux publics par rapport à la moyenne européenne et que les pays d'Europe orientale et les pays méditerranéens disposent d'un parc de logements sociaux minimal (d'environ 5 %) ou sont complètement dépourvus de secteur de logement social;

AI.

considérant que des études d'Eurofound indiquent que les «arriérés des factures de services publics» comptent parmi les principaux types de dettes contractées par de nombreuses personnes à faible revenu, fait qui est parfois négligé;

AJ.

considérant que le logement social joue un rôle essentiel dans la réalisation de l'objectif de réduction de la pauvreté de la stratégie Europe 2020 car il contribue à assurer des niveaux élevés d'emploi, d'inclusion sociale et de cohésion sociale, favorise la mobilité professionnelle et permet de lutter contre la précarité;

AK.

considérant que le rapport d'Eurofound intitulé «Accès aux prestations sociales: réduire l'absence de couverture» souligne clairement que les prestations sociales et les régimes de revenu minimum n'atteignent pas toujours ceux qui y ont droit; qu'il ne suffit pas d'établir ces systèmes, mais qu'il convient de veiller à ce que les ayants droit bénéficient des aides qui leur sont destinées; qu'il faut également tenir compte du fait que des économies sont réalisées à plus long terme grâce au fait que les prestations sociales ont atteint leurs populations cibles de manière rapide, efficace et efficiente;

AL.

considérant que la crise a eu des conséquences sur les conditions d'accès au logement des ménages ainsi que sur l'investissement dans les logements sociaux dans l'Union, que les dépenses publiques consacrées aux investissements dans les logements sociaux en ont été largement affectées et que cela impose aux États membres et à l'Union d'agir d'urgence pour garantir le droit à l'accès à un logement décent et abordable;

AM.

considérant que la pauvreté et l'exclusion sociale restent un déterminant social clé de l'état de santé et des conditions de vie, y compris l'espérance de vie, notamment vu l'impact de la pauvreté infantile sur la santé et le bien-être des enfants; que l'écart en matière de santé entre riches et pauvres demeure important en ce qui concerne l'accès abordable aux services de santé, les revenus et les richesses, et qu'il continue de se creuser dans certains domaines;

AN.

considérant que le Comité de protection sociale de l'Union européenne, dans son avis du 20 mai 2010, s'est inquiété du fait que la crise économique et financière actuelle pourrait avoir des incidences négatives sur l'accès des citoyens aux soins de santé et sur les budgets de la santé des États membres;

AO.

considérant que la crise économique et financière actuelle est susceptible d'avoir un impact grave sur le secteur des soins de santé dans plusieurs États membres, à la fois en termes d'offre et de demande;

AP.

considérant que les restrictions entraînées par la crise économique et financière actuelle pourraient nuire gravement à la viabilité financière et organisationnelle à long terme des systèmes de santé des États membres et, partant, entraver l'égalité d'accès aux soins sur leur territoire;

AQ.

considérant que la combinaison de la pauvreté et d'autres facteurs de vulnérabilité (tels l'enfance ou la vieillesse, le handicap ou l'appartenance à une minorité) accroît encore les risques d'inégalités en matière de santé et que, à l'inverse, une santé médiocre peut mener à la pauvreté et/ou à l'exclusion sociale;

AR.

considérant que, selon les derniers chiffres d'Eurostat, 21 % des ménages de l'UE-28 ne disposent pas d'un accès à l'internet et que 20 % des 16 à 74 ans déclarent n'avoir jamais utilisé l'internet; que c'est aux Pays-Bas que la proportion des ménages disposant d'un accès à l'internet est la plus élevée (95 %) alors qu'avec 54 % des ménages disposant d'un accès à l'internet, la Bulgarie ferme la marche;

AS.

considérant que le marché unique numérique est l'une des 10 priorités de la nouvelle Commission et qu'à l'avenir, 90 % des emplois exigeront un minimum de compétences informatiques; que si 59 % des citoyens européens ont un accès au réseau 4G, dans les zones rurales, ce pourcentage ne dépasse pas le cap des 15 %;

AT.

considérant qu'un emploi décent reste la meilleure manière de s'éloigner du risque de pauvreté et d'exclusion sociale et que la maitrise et l'accès aux technologies de l'information et de la communication sont des atouts indéniables dans la recherche d'un emploi;

AU.

considérant que la résolution 64/292 de l'Assemblée générale des Nations Unies du 28 juillet 2010 intitulée «Le droit de l'homme à l'eau et à l'assainissement» reconnait le droit à une eau potable, salubre et propre comme un droit fondamental, essentiel au plein exercice du droit à la vie et de tous les droits de l'homme;

AV.

considérant que le caractère transversal de la dimension hommes-femmes de la pauvreté appelle une stratégie globale de lutte contre la discrimination multiple et les questions telles que le logement, les dépenses énergétiques, les services publics, la sécurité de l'emploi, l'emploi précaire et les politiques fiscales;

AW.

considérant que, sans la lutte résolue contre la pauvreté des femmes, les objectifs en matière de lutte contre la pauvreté ne peuvent être réalisés, l'égalité entre les hommes et les femmes, le renforcement de l'autonomie économique des femmes et leur émancipation étant indispensables à une convergence vers le haut en matière de réduction de la pauvreté;

AX.

considérant que la collecte de données et la définition de politiques en matière de lutte contre la pauvreté, de coût de la vie et de revenu fondées sur les ménages en tant qu'unités constitutives présuppose l'uniformité et la répartition équitable des ressources entre les membres du ménage; que, dans la pratique, la composition des ménages varie et que cette répartition peut être inégale et déterminée par la dimension hommes-femmes, ce qui implique d'adopter des politiques en fonction des coûts et du revenu individuels;

AY.

considérant que 17 % des ménages monoparentaux, dont le chef de famille est en grande majorité une femme, sont incapables de prendre en charge le chauffage de leur domicile, par rapport à 10 % seulement de la population en général; que les prix de gros de l'énergie ont diminué alors que les prix de détail ont augmenté, poussant les coûts à la hausse; qu'il n'existe malheureusement pas de définition de la pauvreté énergétique à l'échelle de l'Union alors que ce phénomène affecte les femmes de manière disproportionnée;

AZ.

considérant que le taux de chômage des jeunes femmes est plus élevé que celui des autres groupes d'âge, ce qui expose les jeunes femmes au risque de tomber dans la pauvreté à un âge précoce;

BA.

considérant que si l'augmentation des coûts des ménages et la charge supplémentaire que représente le coût du logement figurent parmi les facteurs du sans-abrisme des femmes, il y a lieu d'étudier de manière plus approfondie le taux de femmes qui perdent ou qui quittent leur logement ainsi que les causes de ce phénomène; que l'endettement des ménages et des particuliers est directement lié aux coûts des ménages et qu'il représente un facteur clé de la pauvreté et de l'exclusion sociale;

Principales recommandations

Sur la base des recommandations formulées dans la présente résolution:

1.

invite la Commission et les États membres à investir pleinement dans la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale et à adopter une approche intégrée pour lutter contre ses diverses formes au moyen d'une approche globale regroupant les politiques économiques, les politiques d'éducation, les politiques d'emploi, les politiques d'énergie, les politiques des transports et les politiques sociales sur la base des meilleures pratiques;

2.

demande aux États membres de signer un moratoire sur les coupures de chauffage en hiver de façon à garantir qu'aucun ménage ne puisse être privé d'énergie pendant une période hivernale définie et que ceux qui en sont privés soient reconnectés, en soulignant que les coûts qui en découlent relèvent par nature de la responsabilité publique puisque les politiques sociales relèvent avant tout de la responsabilité des autorités; demande aux États membres d'évaluer les mesures nécessaires pour respecter les normes de confort thermique fixées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS);

3.

invite la Commission à effectuer une analyse d'impact sur les régimes de revenu minimum dans l'Union européenne, à envisager de nouvelles mesures tenant compte du contexte économique et social de chaque État membre et à évaluer si ces régimes permettent aux ménages de satisfaire les besoins personnels fondamentaux; invite la Commission à évaluer sur cette base la manière et les moyens de garantir, au niveau des États membres, un revenu minimum satisfaisant, conformément aux pratiques et traditions nationales et dans le respect des caractéristiques de chacun d'eux, afin de soutenir la convergence sociale dans toute l'Union;

4.

demande aux États membres de veiller à ce que les autorités nationales, régionales et locales utilisent de manière plus efficace, plus ciblée et plus prudente les Fonds structurels et d'investissement européens (Fonds ESI) dans leur lutte contre la précarité énergétique, la hausse du coût de la vie, l'exclusion sociale, la privation de logement et la mauvaise qualité du parc de logements; estime que la Commission devrait autoriser une plus grande flexibilité dans ce domaine;

5.

invite la Commission et les États membres à consacrer un sommet à la réduction de la pauvreté, de l'extrême pauvreté et de l'exclusion sociale et à l'accès à une vie décente;

Des politiques européennes visant à remplir l'objectif de lutte contre la pauvreté

6.

déplore la hausse du nombre de personnes touchées ou menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale alors même que la stratégie Europe 2020 vise à réduire d'au moins 20 millions le nombre de personnes appartenant à ces catégories; déplore également que les indicateurs de pauvreté ne se soient améliorés que dans certains États membres; invite la Commission et les États membres à renouveler leur engagement à atteindre l'objectif de réduction de la pauvreté, qui s'éloigne de plus en plus:

7.

invite les États membres à garantir à tous une aide au revenu appropriée, y compris un revenu minimum tant que cette aide s'avère nécessaire, et à apporter diverses formes de compensation, essentielles lorsque, dans une situation de pauvreté, il est impossible de réduire les coûts à court terme; souligne l'importance de définir des critères d'éligibilité afin de pouvoir bénéficier d'un régime de revenu minimum suffisant;

8.

demande aux États membres de réexaminer et d'adapter toute politique susceptible d'entraîner une hausse de la pauvreté;

9.

demande à la Commission d'étudier la possibilité de prolonger le Fonds européen d'aide aux plus démunis au-delà de la période de programmation 2014-2020, ainsi que de veiller à une meilleure coordination avec les autres fonds européens, notamment le Fonds social européen (FSE), et avec les politiques actives de l'emploi, afin de faciliter l'entrée des plus démunis sur le marché du travail, et d'évaluer dans quelle mesure les groupes de population les plus défavorisés et les plus vulnérables, comme les jeunes femmes, les familles monoparentales et les femmes handicapées ou âgées ont bénéficié du programme;

10.

demande aux États membres de faciliter l'accès des structures associatives de lutte contre la pauvreté aux financements européens du FEAD sans rajouter de lourdeurs administratives pour ces structures qui sont souvent en sous-effectif;

11.

demande à la Commission et aux États membres d'établir des mécanismes de reconnaissance des compétences acquises de manière formelle et informelle;

12.

souligne que, lors de la mise en œuvre d'instruments tels que la garantie pour la jeunesse, ces instruments doivent avoir une vue d'ensemble de la structure de l'emploi dans les régions où ils sont mis en œuvre, ce qui nécessite la mise à niveau des centres pour l'emploi, à savoir la prise en charge des utilisateurs en tenant compte de toutes leurs spécificités, l'amélioration de leurs compétences et une attention ciblée aux secteurs de développement dans le cadre de contacts directs avec les entrepreneurs afin que ces derniers puissent faire part de leurs besoins en matière de compétences;

13.

salue l'intention de la Commission de proposer la création d'un pilier européen des droits sociaux; rappelle que ce pilier doit respecter les dispositions de l'article 9 du traité FUE;

14.

soutient l'intention de la Commission de parvenir à un «triple A social» pour l'Union en présentant de nouvelles mesures destinées à améliorer l'efficacité des politiques sociales et d'emploi, notamment par une stratégie claire en matière de lutte contre les aspects de l'exclusion sociale liés à la dimension hommes-femmes;

15.

invite la Commission et les États membres à élaborer, à adopter et à mettre en œuvre, conformément à la stratégie Europe 2020, un cadre européen de mesures et d'actions concrètes visant à réduire la pauvreté et l'exclusion sociale, y compris la précarité énergétique;

16.

rappelle l'avis du Comité économique et social européen intitulé «Pour une action européenne coordonnée pour prévenir et combattre la pauvreté énergétique» et prend acte de sa recommandation visant à «créer un Observatoire européen de la pauvreté mettant l'accent principal sur la pauvreté énergétique, qui intègrerait toutes les parties prenantes et qui contribuerait à définir des indicateurs européens de la pauvreté énergétique (avec Eurostat), à faire un état des lieux de la situation, à recenser les meilleures pratiques et à formuler des recommandations pour mieux prévenir et traiter le problème et asseoir une solidarité européenne dans ce domaine»; souligne l'importance de définir des indicateurs et de rassembler des données sur la consommation des ménages et les coûts liés à la précarité énergétique afin de disposer d'informations fiables pour définir des politiques fondées sur la réalité et procéder à un suivi efficace;

17.

considère que la pauvreté et l'exclusion sociale possèdent une composante intergénérationnelle, souligne qu'il est nécessaire de garantir un accès à l'éducation aux enfants vivant dans des ménages dont le revenu se situe en dessous du seuil de pauvreté et plaide pour la mise en œuvre de politiques visant à prévenir l'abandon prématuré de la scolarité;

18.

invite le Conseil et les États membres, dans le contexte de pauvreté grandissante, à intensifier leurs efforts en vue de venir en aide aux personnes menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale, qui comporte une nette dimension hommes-femmes, par exemple au moyen d'une recommandation du Conseil, et ce afin de parvenir à l'objectif de réduction de la pauvreté fixé dans la stratégie Europe 2020;

19.

réaffirme l'importance de l'autonomisation des femmes et des jeunes filles par l'éducation, y compris l'éducation formelle et informelle, ainsi que le rôle de l'éducation dans la lutte contre les stéréotypes sexistes et dans l'augmentation du revenu des femmes grâce à leur inclusion dans les secteurs où elles sont sous-représentées, comme la science, la technologie, l'ingénierie et la création d'entreprises, et invite la Commission à intégrer des objectifs en matière de formation professionnelle des femmes dans les recommandations par pays;

20.

demande que chaque État membre présente la trajectoire détaillée de son plan en matière de réduction de la pauvreté et décrive de quelle manière sa propre stratégie aborde les aspects de la pauvreté et de l'exclusion sociale liés à la dimension hommes-femmes;

Ressources et revenus des ménages pauvres

21.

souligne l'importance de bénéficier d'un revenu décent pour pouvoir mener une vie conforme à la dignité humaine; souligne que si l'emploi peut être essentiel pour sortir de la pauvreté, il importe de disposer d'un revenu minimum suffisant pour faire face aux besoins fondamentaux; rappelle que 16,7 % de la population de l'UE-28 présentait un risque de pauvreté après transferts sociaux, ce qui signifie que le revenu disponible de la population était inférieur au seuil national de risque de pauvreté, tandis que le taux de travailleurs pauvres et de pauvreté absolue demeure bien trop élevé;

22.

invite la Commission, dans le cadre du semestre européen, à faire des recommandations aux États membres sur les politiques à mettre en place et les réformes à mener pour lutter efficacement contre la pauvreté et l'exclusion sociale afin d'encourager la convergence sociale tout en tenant compte des spécificités de chaque État membre;

23.

rappelle l'avis du Comité économique et social européen sur le «Revenu européen minimum et indicateurs de pauvreté»; fait observer que l'avis est favorable à un cadre européen relatif à un revenu minimum adéquat qui établirait des normes et des indicateurs communs, fournirait des méthodes pour le suivi de sa mise en œuvre et améliorerait le dialogue entre les parties prenantes, les États membres et les institutions de l'Union; estime que ce cadre devrait être fondé sur les droits et les faits, tenir compte du contexte socioéconomique de chacun des États membres et respecter le principe de subsidiarité;

24.

souligne que les régimes de revenu minimum devraient empêcher que les ménages se trouvent en situation de privation matérielle sévère, les en sortir le cas échéant, et garantir un revenu supérieur au seuil de pauvreté; rappelle que des régimes de revenu minimum au niveau national pourraient jouer un rôle clé dans l'application de l'article 9 du traité FUE en garantissant une protection sociale adéquate, la réduction de l'exclusion sociale, la participation à la protection sociale de la santé ainsi qu'une meilleure égalité des chances; partage l'avis du Comité économique et social selon lequel les régimes de revenu minimum devraient s'accompagner de formations tout au long de la vie, d'une participation des parties prenantes et de politiques actives du marché de l'emploi destinées à aider les chômeurs à réintégrer le marché du travail et à trouver un emploi décent;

25.

invite la Commission et les États membres à informer, à conseiller et à soutenir les personnes exposées au risque de pauvreté et d'exclusion sociale pour leur permettre de faire des choix éclairés concernant leur consommation d'énergie, à aider les acteurs non gouvernementaux et les autorités locales à fournir des conseils ciblés en matière d'énergie et à former des conseillers en énergie, ainsi qu'à obliger les fournisseurs d'énergie à inclure dans les factures envoyées aux ménages des informations relatives à des mesures permettant de réduire la consommation d'énergie et d'augmenter l'efficacité énergétique;

26.

encourage les États membres et la Commission à mener, au besoin, une politique préventive en matière de logement adéquat afin de garantir l'accès à des logements de qualité; demande aux États membres d'appliquer des politiques locatives raisonnables lorsque des mesures sociales urgentes sont indispensables et souligne qu'elles devraient être accompagnées de programmes communautaires et de logement à long terme visant à augmenter le parc de logement en faveur des différents groupes cibles socialement défavorisés; souligne que des mesures efficaces restent nécessaires dans toute l'Union pour éviter l'apparition de nouvelles bulles immobilières, et notamment des règles de protection effective des consommateurs sur le marché hypothécaire; encourage, à cet égard, les politiques visant à aider les ménages ayant des difficultés financières à rester dans leur résidence principale;

27.

invite la Commission et les États membres à garantir le droit fondamental des citoyens européens à une aide au logement, condition première d'une vie digne; demande que soit reconnue l'importance de l'accès à des logements locatifs abordables pour les personnes à faible revenu et invite instamment les États membres à construire suffisamment de logements de ce type;

28.

souligne que la pauvreté touchant les personnes âgées représente un problème majeur dans de nombreux États membres; demande dès lors aux États membres de réformer les régimes de retraite afin de garantir un niveau adéquat de revenu de retraite ainsi que la viabilité et la sécurité des régimes de retraite;

29.

invite la Commission à régler le problème du sans-abrisme, forme extrême de pauvreté, et en particulier de la mortalité hivernale des sans-abris et des personnes vivant dans des logements où règne le froid; invite les États membres à réévaluer leurs progrès dans la suppression de ces formes extrêmes de pauvreté;

30.

demande à la Commission et aux États membres d'établir, de mettre en œuvre et de garantir d'urgence des mesures permettant aux ménages de faire face au coût du logement, notamment par des aides au logement, étant donné que 22 348 834 ménages (environ 11 % de la population de l'Union européenne) consacrent plus de 40 % de leur revenu disponible au logement et que 21 942 491 ménages (environ 10,8 % de la population de l'Union européenne) éprouvent des difficultés à maintenir une température adéquate dans leur logement;

31.

rappelle que les ménages à faible revenu et en situation de pauvreté ou exposés au risque de pauvreté dépendent davantage de la fourniture de services publics abordables et de bonne qualité; invite les États membres à assurer les dépenses publiques nécessaires pour fournir aux ménages à faible revenu des services publics abordables et de bonne qualité;

Dépenses des ménages pauvres

32.

salue les travaux de la Commission visant à établir un budget de référence, ce qui constitue un pas dans la bonne direction étant donné que l'adoption d'une approche plus équilibrée des revenus et des dépenses des ménages pauvres au moyen de données demeure problématique; fait observer que les budgets de référence reflétant les coûts des ménages pourraient servir à définir l'aide à apporter et à tester sa pertinence; juge cet instrument crucial pour rétablir la cohésion sociale de l'Union européenne, réduire les inégalités et atteindre l'objectif de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale de la stratégie Europe 2020; souligne qu'une réduction des dépenses des ménages pauvres aura une incidence positive sur ceux-ci ainsi que sur l'économie, notamment l'économie locale, et sur la cohésion sociale;

33.

rappelle que les ménages pauvres consacrent la majeure partie de leurs revenus à l'alimentation, au logement et aux services publics; invite par conséquent la Commission à mieux combiner son action afin de lutter contre la pauvreté, d'améliorer l'échange de bonnes pratiques et de faciliter le dialogue régulier avec les personnes qui vivent dans la pauvreté pour veiller à ce que ces personnes puissent contribuer à l'évaluation des politiques qui les concernent;

34.

souligne qu'il n'existe à l'heure actuelle aucune définition de la précarité énergétique au niveau de l'Union et qu'il est dès lors particulièrement difficile d'évaluer correctement la gravité, les causes et les conséquences de cet aspect de la pauvreté dans l'Union; demande à la Commission et aux parties concernées de formuler une définition commune de la précarité énergétique et de définir les facteurs qui contribuent à la vulnérabilité des ménages;

35.

invite la Commission à fournir, dans ce cadre, des analyses d'impact et des informations sur les bonnes pratiques de lutte contre la précarité énergétique dans les États membres; souligne que l'énergie doit être abordable pour tous les citoyens de l'Union;

36.

souligne qu'il est extrêmement important d'éviter que davantage de jeunes ne soient victimes de précarité énergétique à l'avenir;

37.

observe qu'il est avéré que l'éducation économique et financière dispensée à un âge précoce améliore les décisions de nature économique prises ultérieurement au cours de la vie, y compris au niveau de la gestion des dépenses et des revenus; recommande l'échange de bonnes pratiques ainsi que la promotion de programmes éducatifs destinés aux femmes et aux jeunes filles dans les groupes vulnérables et les communautés marginalisées confrontées à la pauvreté et à l'exclusion sociale;

38.

souligne qu'une part non négligeable des personnes en proie à la précarité énergétique sont menacées de pauvreté et d'exclusion sociale et qu'elles ne peuvent donc pas se permettre les investissements initiaux nécessaires dans des appareils à haute efficacité énergétique, comme l'isolation ou les sources d'énergie renouvelables; signale que ce phénomène crée un cercle vicieux par lequel les ménages dépensent sans cesse davantage de revenus que nécessaire pour payer leurs factures de services publics tandis que les problèmes de l'inefficacité énergétique ou du manque d'énergie, notamment, ne sont toujours pas réglés;

39.

invite la Commission, l'Institut européen pour l'égalité entre les hommes et les femmes (EIGE) et les États membres à entreprendre des recherches sur les femmes sans abri ainsi que sur les causes et les facteurs de la perte de leur logement car ce phénomène est insuffisamment couvert par les données actuellement disponibles; fait observer que parmi les éléments spécifiques à l'égalité entre les hommes et les femmes devant être pris en considération figurent la dépendance économique conditionnée par le genre, le logement temporaire ou le non-recours aux services sociaux;

40.

soutient l'initiative consistant à définir un budget de référence à titre de ligne directrice et invite la Commission à tenir compte des considérations liées à la dimension hommes-femmes dans la conception de ce budget, y compris les inégalités entre les hommes et les femmes qui existent au sein des ménages;

41.

estime que l'allongement de l'espérance de vie des femmes doit également être pris en considération en tant que facteur potentiel de vulnérabilité et d'exclusion;

Axer le financement et les politiques sur la lutte contre la pauvreté et la précarité énergétique

42.

invite les États membres et l'Union européenne à accorder aux ménages à faible revenu des microcrédits ou des prêts sans intérêt ou à des taux peu élevés, par l'intermédiaire de la BEI, par exemple, afin de les aider à réaliser les investissements nécessaires dans les énergies renouvelables ou l'efficacité énergétique, comme l'isolation, l'énergie solaire et les appareils à haute efficacité énergétique;

43.

exhorte les États membres à veiller à ce que les investissements dans les nouveaux logements, tout comme dans les rénovations de logements existants, soient fondés sur l'efficacité énergétique;

44.

rappelle qu'il pourrait y avoir de nombreux effets positifs à moyen terme si l'on axait certaines politiques et certains crédits de l'Union sur la réduction des dépenses énergétiques des ménages pauvres en investissant dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique: amélioration des conditions de vie et de la santé des personnes concernées, réduction des dépenses permettant aux familles pauvres de bénéficier d'un budget supplémentaire, augmentation des investissements locaux, création d'emplois locaux et contribution aux objectifs de la stratégie Europe 2020;

45.

souligne par ailleurs la nécessité de contrôler l'utilisation des fonds et de simplifier les informations et l'accès à ces ressources;

46.

insiste sur le fait qu'il importe d'aborder la lutte contre la pauvreté d'un point de vue non seulement social ou politique, mais également d'un point de vue économique ayant une incidence à moyen terme; souligne que la Commission doit compter parmi ses priorités la nécessité de lutter contre la tendance inégalitaire dans laquelle nous nous trouvons, laquelle nuit gravement à la croissance et dont l'incidence sur la cohésion et la pauvreté est très négative;

47.

souligne le rôle de l'Union européenne et des États membres dans la réduction des dépenses d'énergie des ménages, l'Union en garantissant la sécurité d'approvisionnement afin d'éviter des fluctuations de prix et une spéculation trop importantes sur le marché de l'énergie, en créant des interconnexions plus solides et une meilleure intégration du marché et en veillant à procéder à des investissements durables dans l'énergie et en augmentant les investissements dans la recherche sur les énergies renouvelables, et les États en renforçant leurs politiques d'aide aux ménages en matière d'efficacité énergétique, et notamment aux ménages hors réseau qui sont victimes de pauvreté et d'exclusion sociale; estime que la protection des consommateurs doit figurer parmi les priorités de l'Union;

48.

déplore les spéculations financières sur les ressources naturelles et sur les sources d'énergie, en particulier celles qui ne peuvent pas être délocalisées, telles que l'hydroélectricité, et, par conséquent, prie instamment la Commission et les États membres de prendre les mesures qui s'imposent pour réduire les coûts énergétiques supportés par les ménages pauvres en utilisant les recettes provenant de mesures fiscales appropriées;

49.

se félicite que les investissements en matière d'efficacité énergétique et dans les énergies renouvelables soient éligibles dans le cadre des Fonds ESI 2014-2020, compte tenu de leur importance dans la réduction des dépenses énergétiques des ménages; encourage la Commission et les États membres à exploiter pleinement le potentiel des Fonds européen pour ce qui concerne la lutte contre la précarité énergétique; souligne que les obstacles à une bonne utilisation des fonds, comme l'accès des petites organisations aux fonds de cohésion ou l'absence d'information, notamment sur les critères de candidature à remplir, doivent être éliminés;

50.

rappelle que le ciblage des bénéficiaires qui travaillent avec des ménages pauvres ou qui en font partie doit répondre à certaines conditions préalables, qui sont mieux satisfaites dans le cadre des Fonds ESI que dans le cadre de fonds plus importants tels que le FEDER;

51.

invite la Commission et les États membres à faciliter l'utilisation des mécanismes de financement croisé, en particulier entre le FSE et le FEDER, pour ce qui concerne les projets réalisés dans le domaine des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique afin de venir en aide aux ménages en situation de précarité énergétique; souligne les nombreux avantages des programmes plurifonds dans l'appréhension des questions transversales telles que celles liées à la précarité énergétique;

52.

souligne que les logements des ménages à faible revenu dans les régions rurales tendent à être de très mauvaise qualité, tant pour les locataires que pour les propriétaires; rappelle que ce phénomène amplifie l'«effet de blocage» des coûts élevés des services publics, empêchant d'investir dans la réduction des coûts énergétiques; invite la Commission et les États membres à veiller à ce que le programme Leader et le Feader soient mieux ciblés et axés sur la lutte contre la précarité énergétique dans les régions rurales, en orientant les programmes opérationnels et le financement en vue de favoriser la production d'énergies renouvelables diversifiées dans les réseaux locaux, notamment les mesures favorisant l'efficacité énergétique des bâtiments réservés aux ménages en situation de précarité énergétique;

53.

rappelle que les locataires ont un accès limité aux subventions de l'efficacité énergétique étant donné qu'ils ne sont pas propriétaires; rappelle en outre que les locataires sont parfois moins incités à investir étant donné qu'ils déménagent plus facilement et fréquemment que les propriétaires; salue le projet pilote de la Commission intitulé «Précarité énergétique — Évaluation de l'incidence de la crise et examen des mesures existantes et d'éventuelles nouvelles mesures dans les États membres», destiné à résoudre ce problème; demande à la Commission, sur la base des résultats de ce projet pilote, d'élaborer des dispositions visant à offrir des possibilités de financement par l'Union européenne des mesures prises par les locataires en matière d'efficacité énergétique;

54.

rappelle aux États membres que dans chaque État membre, au moins 20 % de l'ensemble des ressources du FSE doivent être affectées à la réalisation de l'objectif «promouvoir l'inclusion sociale et lutter contre la pauvreté et toute forme de discrimination» et que le Fonds européen d'aide aux plus démunis peut également être affecté à des mesures d'inclusion sociale;

55.

met l'accent sur l'aide immédiate fournie aux ménages les plus démunis et à l'amélioration de leurs conditions de vie lorsqu'ils se dotent de sources d'énergie renouvelables à moindre coûts et à petite échelle, comme les panneaux solaires pour les maisons non raccordées au réseau électrique;

Vers une politique énergétique à visée sociale

56.

se félicite que la législation européenne en matière de politique énergétique reconnaisse des objectifs sociaux dans les politiques relatives à l'efficacité énergétique, notamment dans la directive 2012/27/UE relative à l'efficacité énergétique et la directive 2010/31/UE sur la performance énergétique des bâtiments; regrette que les États membres ne tirent pas pleinement parti des dispositions pertinentes de la directive 2012/27/UE en faveur des ménages en situation de précarité énergétique ou dans les logements sociaux (article 7, paragraphe 7); invite la Commission, dans le cadre de l'examen et de l'évaluation des incidences du paquet de mesures en matière d'efficacité énergétique, à évaluer l'application et l'utilisation de l'article 5, paragraphe 7, et de l'article 7, paragraphe 7; demande également à la Commission, sur la base de cette évaluation, d'envisager de renforcer l'article 7, et notamment son paragraphe 7, de façon à encourager les États membres à inclure dans leurs régimes d'obligations en matière d'efficacité énergétique des dispositions à visée sociale;

57.

rappelle que les autorités locales ont également un rôle à jouer pour promouvoir les instruments de financement alternatifs, notamment les modèles coopératifs, et pour encourager les achats collectifs permettant aux consommateurs de regrouper leurs demandes énergétiques et de faire ainsi baisser les prix de l'énergie; invite la Commission et les États membres à promouvoir le rôle des autorités locales en matière de lutte contre la précarité énergétique;

58.

demande aux États membres de respecter les normes de confort thermique fixées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en apportant une aide aux groupes les plus vulnérables, en particulier les jeunes, les personnes âgées et les personnes handicapées et en invalidité permanente, afin de protéger leur santé et leur bien-être;

59.

engage instamment la Commission et les États membres à prendre sans délai les mesures nécessaires pour lutter contre l'emploi précaire, qui empêche les individus de bénéficier d'un revenu régulier et sûr et qui entrave ainsi leur possibilité d'établir un budget approprié et de payer leurs factures de ménage;

60.

invite la Commission et les États membres à garantir à tous l'accès à une énergie abordable, fiable, durable et moderne, conformément aux objectifs de développement durable des Nations unies;

Logement et pauvreté

61.

invite la Commission et les États membres à proposer des mesures décisives en matière de logement social et à accroître les investissements dans l'efficacité énergétique des logements sociaux locatifs au moyen de fonds européens; recommande aux États membres de développer l'offre de logements sociaux de qualité afin de garantir l'accès de tous, et notamment des plus démunis, à un logement adéquat; encourage les États membres à recourir davantage à la possibilité de proposer des logements sociaux au moyen de mécanismes juridiques alternatifs; recommande aux États membres de soutenir les groupements de consommateurs;

62.

souligne qu'il importe de disposer de services de garde d'enfants accessibles et de qualité, permettant aux parents de reprendre le travail et d'augmenter leur revenu; souligne l'importance de cette mesure pour les parents isolés, en particulier, et invite la Commission et les États membres à adopter des mesures visant à améliorer immédiatement la fourniture de services de garde d'enfants;

63.

observe que l'augmentation de l'efficacité énergétique, les progrès au niveau de la rénovation et le développement des énergies renouvelables sont essentiels à la lutte contre la pauvreté énergétique; exprime sa préoccupation quant au fait que les politiques de rénovation des logements ne ciblent que rarement les personnes les plus vulnérables; insiste sur le fait que les politiques de rénovation des logements doivent avant tout cibler les ménages pauvres, économiquement exclus et vulnérables, en mettant l'accent sur ceux qui sont confrontés à des inégalités liées à la dimension hommes-femmes ou à des discriminations multiples;

64.

souligne le rôle important de l'entreprise sociale et des modèles économiques alternatifs, tels que les coopératives et les mutuelles, pour ce qui est de faciliter l'insertion sociale et l'autonomisation économique des femmes, en particulier au sein des communautés marginalisées, et le renforcement de leur indépendance économique;

65.

demande à la Commission et aux États membres de susciter l'engagement des parties prenantes et d'établir des processus délibératifs encourageant et facilitant la participation directe des personnes exposées au risque de pauvreté et d'exclusion sociale, en particulier les femmes et les jeunes filles, à l'élaboration des politiques relatives à l'insertion sociale, et ce à tous les niveaux;

66.

demande à la Commission et aux États membres de mettre en place des mesures visant à mettre fin à l'écart salarial scandaleux entre les hommes et les femmes dans l'Union européenne, écart étant actuellement de 16 % et s'élevant à 39 % en ce qui concerne les pensions, et souligne que cette mesure revêt une importance fondamentale pour les femmes chefs de famille dont les coûts de ménage peuvent s'avérer réellement contraignants;

67.

note que les parents isolés, dont la plupart sont des femmes, sont exposés à un risque de pauvreté plus important que la moyenne (34 %); note qu'un facteur important de ce phénomène est le fait qu'en raison des frais de garde d'enfants, les parents isolés se retrouvent professionnellement exclus ou occupent un emploi précaire et mal rémunéré; exhorte les États membres à prendre des mesures pour légiférer en faveur d'un salaire minimum vital garantissant la satisfaction des besoins de base des travailleurs;

68.

constate que les écarts de rémunération et de pension entre les hommes et les femmes sont les principaux facteurs contribuant à la pauvreté des femmes; prend note des conséquences à long terme, sur la pauvreté des femmes, de leur exclusion des secteurs de l'économie traditionnellement dominés par les hommes, tels que la technologie, la science, les fonctions supérieures de direction et la prise de décision, mais aussi de la surreprésentation des femmes dans des secteurs à faibles salaires, tels que les soins aux personnes, les services publics, le travail à temps partiel et les emplois précaires faiblement rémunérés; se dit inquiet du fait que la féminisation de la pauvreté soit partiellement due à des inégalités de longue date entre hommes et femmes en matière de normes, lesquelles amènent les entreprises et les accords salariaux à donner la priorité aux secteurs à dominante masculine comme le secteur financier;

69.

appelle les États membres et la Commission à lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale des femmes par des initiatives visant à garantir des emplois de haute qualité pour un salaire décent dans les secteurs dominés par les femmes; insiste sur le rôle que les syndicats peuvent jouer dans la représentation et l'autonomisation des femmes sur le lieu de travail ainsi que dans la lutte contre l'exclusion; invite les États membres à proposer et à mener des enquêtes sur les salaires par employeur et par secteur afin de mettre en évidence les inégalités des régimes de rémunération entre les femmes et les hommes sur un même lieu de travail, et ce afin d'accélérer les progrès conduisant à l'égalité de rémunération;

70.

souligne que, pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale, il faut des politiques ciblées sur les circonstances particulières des groupes vulnérables et des communautés marginalisées confrontés à des formes spécifiques d'inégalité entre hommes et femmes ainsi qu'à des discriminations multiples; invite la Commission et les États membres à continuer d'élaborer des politiques ciblant la pauvreté et l'exclusion sociale des femmes handicapées, des femmes âgées, des femmes réfugiées et migrantes ainsi que des femmes roms ou issues de minorités ethniques, des femmes vivant en zone rurale ou dans des quartiers défavorisés, des mères célibataires, mais aussi des étudiantes de l'enseignement secondaire ou supérieur;

Pauvreté et accès aux soins de santé

71.

rappelle que l'égalité d'accès à des soins de santé universels et de qualité est reconnue dans le monde entier, et en particulier dans l'Union européenne, comme un droit fondamental;

72.

rappelle que l'accès aux soins de santé est bien souvent limité en raison de contraintes financières ou régionales (par exemple, dans des régions faiblement peuplées) et ce, en particulier, pour les soins courants (comme les soins dentaires ou optiques) et leur prévention;

73.

souligne que la combinaison de la pauvreté et d'autres facteurs de vulnérabilité (tels l'enfance ou la vieillesse, le handicap ou l'appartenance à une minorité) accroît encore les risques d'inégalités en matière de santé, et qu'une santé médiocre peut mener à la pauvreté;

74.

souligne l'importance des services de santé et de soins pour combler les fossés concernant les capacités, en promouvant l'intégration sociale des personnes et en combattant la pauvreté et l'exclusion sociale;

75.

accueille favorablement la communication de la Commission intitulée «Plan d'action pour la santé en ligne 2012-2020: des soins de santé innovants pour le XXIe siècle», qui met en place des actions supplémentaires, notamment en vue d'améliorer l'accès aux services de santé, de diminuer les coûts de santé et d'assurer davantage d'égalité entre les citoyens européens;

76.

invite la Commission européenne et les États membres à poursuivre leurs efforts pour résoudre les inégalités socioéconomiques, qui permettraient à terme de réduire une partie des inégalités en matière de soins de santé; invite également la Commission et les États membres, sur la base des valeurs universelles de dignité humaine, de liberté, d'égalité et de solidarité, à focaliser leur attention sur les besoins des groupes vulnérables telles que les personnes vivant dans la pauvreté;

77.

invite les États membres à résoudre les problèmes d'inégalités en matière d'accès aux soins ayant des effets sur la vie quotidienne des citoyens, par exemple en dentisterie ou en ophtalmologie;

78.

invite instamment la Commission à faire le maximum pour encourager les États membres à offrir un remboursement aux patients et à faire le nécessaire pour réduire les inégalités dans l'accès aux médicaments pour le traitement de troubles ou de maladies comme l'ostéoporose post-ménopausique et la maladie d'Alzheimer, qui ne sont pas remboursés dans certains États membres, et ce dans les plus brefs délais;

Technologies de l'information et de la communication et pauvreté

79.

déplore que la stratégie pour un marché unique numérique en Europe publiée par la Commission ne tienne pas compte de la nécessité de garantir un accès universel, égal et sans entrave aux nouvelles technologies, aux nouveaux marchés et aux nouvelles télécommunications numériques, en particulier pour les personnes à risque de pauvreté ou d'exclusion sociale;

80.

encourage les États membres et la Commission à mettre en place des stratégies en vue de réduire la fracture numérique et à favoriser un accès égal aux nouvelles technologies de l'information et de la communication, en particulier pour les personnes à risque de pauvreté et d'exclusion sociale;

Eau et pauvreté

81.

rappelle que l'Assemblée générale des Nations unies reconnait le droit à une eau potable propre et de qualité et à des installations sanitaires comme un droit de l'homme; souligne toutefois que, dans certaines régions, notamment les régions rurales et ultrapériphériques, l'accès à l'eau potable n'est pas assuré et que de plus en plus de gens ont du mal à payer leur facture d'eau; invite la Commission et les États membres à tout mettre en œuvre pour que chacun ait accès à l'eau potable dans les plus brefs délais; encourage les États membres à garantir un approvisionnement minimum en eau et à protéger les droits fondamentaux des ménages vulnérables;

82.

encourage dès lors les États membres à mettre tout en œuvre pour que l'ensemble de la population ait accès à de l'eau potable dans les plus brefs délais;

o

o o

83.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission.


(1)  JO L 169 du 1.7.2015, p. 1.

(2)  JO L 72 du 12.3.2014, p. 1.

(3)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 470.

(4)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 289.

(5)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 320.

(6)  JO L 257 du 28.8.2014, p. 214.

(7)  JO L 315 du 14.11.2012, p. 1.

(8)  JO C 169 E du 15.6.2012, p. 66.

(9)  JO L 153 du 18.6.2010, p. 13.

(10)  JO C 153 E du 31.5.2013, p. 57.

(11)  JO C 236 E du 12.8.2011, p. 57.

(12)  http://www.un.org/en/ga/search/view_doc.asp?symbol=A/RES/64/292&Lang=F

(13)  http://www.unicef-irc.org/publications/pdf/rc10_fre.pdf

(14)  https://www.unicef.fr/sites/default/files/userfiles/2014_Bilan12_Innocenti.pdf

(15)  http://ec.europa.eu/social/main.jsp?langId=fr&catId=89&newsId=2345&; furtherNews=yes.

(16)  JO C 248 du 25.8.2011, p. 130.

(17)  JO C 341 du 21.11.2013, p. 21.

(18)  JO C 170 du 5.6.2014, p. 23.

(19)  JO C 166 du 7.6.2011, p. 18.

(20)  Avis commun du Comité de l'emploi et du Comité de la protection sociale au Conseil, Conseil de l'Union européenne, 13809/14 SOC 662 EMPL 120 EDUC 297 ECOFIN 876, 3 octobre 2014.

(21)  http://ec.europa.eu/social/main.jsp?catId=738&langId=en&pubId=7744&visible=0.

(22)  Center for responsible lending, Durham, http://www.responsiblelending.org/state-of-lending/cumulative/, http://www.uvcw.be/no_index/cpas/panier-etude-qualitative.pdf

(23)  Ricardo Cherenti, Belgian Federation of public local social action center, http://www.uvcw.be/no_index/cpas/panier-etude-quantitative.pdf

(24)  Avis du Comité de la protection sociale au Conseil, Conseil de l'Union Européenne, 6491/11, SOC 124, 15 février 2011.

(25)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0294.

(26)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0264.

(27)  JO L 268 du 15.10.2015, p. 28.

(28)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0261.

(29)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0070.

(30)  JO C 65 du 19.2.2016, p. 40.

(31)  JO C 349 E du 29.11.2013, p. 74.

(32)  JO C 70 E du 8.3.2012, p. 8.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/209


P8_TA(2016)0137

Secteur privé et développement

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 sur le secteur privé et le développement (2014/2205(INI))

(2018/C 058/23)

Le Parlement européen,

vu l'article 208 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (traité FUE),

vu la communication de la Commission intitulée «Un rôle plus important pour le secteur privé en vue de parvenir à une croissance inclusive et durable dans les pays en développement» (COM(2014)0263), ainsi que les conclusions du Conseil du 23 juin 2014 et du 12 décembre 2014 s'y rapportant,

vu la communication de la Commission intitulée «Un partenariat mondial pour l’éradication de la pauvreté et le développement durable après 2015» (COM(2015)0044),

vu la communication de la Commission intitulée «Une vie décente pour tous: éradiquer la pauvreté et offrir au monde un avenir durable» (COM(2013)0092), ainsi que les conclusions du Conseil du 25 juin 2013 s'y rapportant,

vu la communication de la Commission intitulée «Accroître l'impact de la politique de développement de l'UE: un programme pour le changement» (COM(2011)0637), ainsi que les conclusions du Conseil du 14 mai 2012 s'y rapportant,

vu le plan d'action pour des investissements privés au service des objectifs de développement durable, présenté dans le rapport 2014 de la CNUCED sur l'investissement dans le monde (1),

vu sa résolution du 26 février 2014 sur la promotion du développement par des pratiques responsables dans les affaires, notamment en ce qui concerne le rôle des industries extractives dans les pays en développement (2),

vu sa résolution du 25 novembre 2014 sur l'Union et le cadre du développement mondial pour l'après-2015 (3),

vu sa résolution du 19 mai 2015 sur le financement du développement (4) et notamment sa demande d'alignement du secteur privé sur les objectifs de développement durable,

vu sa résolution du 13 mars 2014 sur le rôle joué par les droits de propriété, le régime de la propriété et la création de richesses pour éradiquer la pauvreté et favoriser le développement durable dans les pays en développement (5),

vu le rapport de la Commission au Conseil et au Parlement européen relatif aux activités de la plateforme de financement mixte de l'UE pour la coopération extérieure depuis sa mise en place jusqu'à fin juillet 2014 (COM(2014)0733),

vu la déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide du 2 mars 2005 et le programme d'action d'Accra (PAA) du 4 septembre 2008,

vu le rapport spécial de la Cour des comptes européenne no 16/2014 intitulé «l'efficacité des financements mixtes combinant des subventions octroyées au titre des facilités d'investissement régionales et des prêts accordés par des institutions financières en vue de soutenir les politiques extérieures de l'UE»,

vu le partenariat de Busan pour une coopération efficace au service du développement, conclu le 1er décembre 2011 (6), et notamment son paragraphe 32, qui se réfère à la nécessité de reconnaître le «rôle essentiel que joue le secteur privé dans la promotion de l'innovation, la création de richesses, de revenus et d'emplois, et dans la mobilisation des ressources intérieures, ce qui contribue à la réduction de la pauvreté»,

vu la déclaration conjointe sur la coopération entre le secteur public et le secteur privé (7), ainsi que le partenariat pour la prospérité (8), issus du volet «secteur privé» de Busan,

vu le document final intitulé «L'avenir que nous voulons» de la conférence Rio+20 des Nations unies sur le développement durable, qui s'est tenue du 20 au 22 juin 2012 (9),

vu les principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme (10),

vu le document intitulé «United Nations Global Compact and to the OECD’s Guidelines for Multinational Enterprises: Complementarities and Distinctive Contributions» (11) (Pacte mondial des Nations unies et les principes directeurs de l'OCDE pour les entreprises multinationales: complémentarités et contributions spécifiques),

vu le cadre pour une politique d'investissement au service du développement durable de la CNUCED (12),

vu la stratégie pour le développement du secteur privé 2013-2017 du Groupe de la Banque africaine de développement, intitulée «Accompagner la transformation du secteur privé en Afrique» (13),

vu la déclaration de principes tripartite sur les entreprises multinationales et la politique sociale de l'OIT (14),

vu la déclaration de Lima de l'ONUDI intitulée «Vers un développement industriel inclusif et durable» (15),

vu l'agenda pour le travail décent de l'OIT,

vu l'article 9, paragraphe 2, point b, de la convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées qui prescrit de faire en sorte que les organismes privés qui offrent des installations ou des services qui sont ouverts ou fournis au public prennent en considération tous les aspects de l'accessibilité par les personnes handicapées (16),

vu la stratégie de l'UE pour la période 2011-2014 en matière de responsabilité sociale des entreprises (COM(2011)0681),

vu le cadre de développement pour l'après-2015, dans lequel le secteur privé est considéré comme le principal partenaire de mise en œuvre, ainsi que le rôle de celui-ci dans la transition vers une économie verte,

vu les directives volontaires de 2010 pour une gouvernance responsable des régimes fonciers (17),

vu l'article 52 de son règlement,

vu le rapport de la commission du développement et les avis de la commission des affaires étrangères et de la commission du commerce international (A8-0043/2016),

A.

considérant que le secteur public joue un rôle essentiel pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD); considérant que le secteur privé, qui fournit 90 % des emplois et des revenus dans les pays en développement, est le moteur de la croissance économique et de la création de richesse dans toutes les économies de marché; considérant que, d'après les Nations unies, le secteur privé représente 84 % du PIB des pays en développement et a la capacité d'offrir une base durable pour la mobilisation des ressources nationales et, partant, pour la réduction de la dépendance à l'aide, à condition qu'il soit correctement réglementé, qu'il respecte les droits de l'homme et les normes environnementales et qu'il soit associé à des améliorations concrètes et durables sur le plan de l'économie nationale, du développement durable et de la réduction des inégalités;

B.

considérant que, selon l'indice de pauvreté humaine du programme des Nations unies pour le développement, 1,2 milliard de personnes gagnent moins de 1,25 dollar par jour; que les inégalités progressent et que, avec la pauvreté, elles représentent l'une des principales menaces pour la stabilité mondiale;

C.

considérant qu'il existe une corrélation manifeste entre le développement d'un secteur manufacturier fort et la réduction de la pauvreté, une augmentation de 1 % de la valeur ajoutée manufacturière (VAM) par habitant se traduisant par une diminution de près de 2 % de la population souffrant de pauvreté (18);

D.

considérant que des investissements importants sont requis, les fonds nécessaires dans les pays en développement étant estimés à 2 400 milliards de dollars de plus par an que ce qui est actuellement dépensé; que le financement privé peut compléter le financement public sans toutefois le remplacer;

E.

considérant que 2012 a été déclarée année internationale des coopératives par les Nations unies afin de mettre en avant leur rôle s'agissant de garantir le développement, de doter les personnes d'autonomie, de renforcer la dignité humaine et de contribuer à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD); que le secteur coopératif compte quelque 800 millions de membres dans plus de 100 pays dans le monde, et que l'on considère qu'il représente plus de 100 millions d'emplois à l'échelon mondial;

F.

considérant que les microentreprises, les petites et les moyennes entreprises (MPME), qui forment l'épine dorsale de toutes les économies de marché, sont souvent confrontées à des charges réglementaires beaucoup plus lourdes dans les pays en développement que dans l'Union, et que la plupart d'entre elles évoluent dans une économie informelle très instable dans laquelle elles ne bénéficient ni de protection juridique, ni du droit du travail, ni d'un accès aux financements; que selon le rapport «Doing Business 2014» de la Banque mondiale, les pays les plus pauvres sont en réalité ceux où la réglementation est la plus lourde (19);

G.

considérant que l'industrialisation — en particulier par le développement de petites et moyennes entreprises (PME) et de petites et moyennes industries (PMI) au niveau local — est un moteur du bien-être et du développement;

H.

considérant que la déclaration de l'ONU de 1986 sur le droit au développement affirme que le développement constitue un droit de l'homme fondamental; que cette déclaration préconise une démarche fondée sur les droits de l'homme caractérisée par la réalisation de tous les droits fondamentaux (économiques, sociaux, culturels, civiques et politiques); que cette déclaration s'engage également en faveur du renforcement de la coopération internationale;

I.

considérant que les investissements étrangers directs (IED) peuvent contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable, comme en témoigne la proposition de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) pour l'investissement au service des ODD («Un plan d’action visant à promouvoir les contributions du secteur privé» (20)), pour autant que ces IED soient réglementés de manière adéquate et soient associés à des améliorations concrètes de l'économie nationale, notamment au niveau des transferts de technologies et de la création de possibilités de formation pour la main-d'œuvre locale, notamment les femmes et les jeunes;

J.

considérant que les droits à l'importation jouent un rôle crucial en apportant des revenus à l'État et en permettant aux industries naissantes de se développer sur le marché des pays en développement; que les droits à l'importation sur les produits agricoles transformés peuvent favoriser la création de valeur ajoutée et d'emplois dans l'économie rurale ainsi que la sécurité alimentaire;

K.

considérant que 60 % des emplois du monde en développement se concentrent dans les microentreprises, les petites et les moyennes entreprises (MPME) du secteur informel et que 70 % des MPME ne reçoivent aucun financement des établissements financiers, alors même qu'elles en ont besoin pour se développer et créer des emplois;

L.

considérant que 51 des 100 plus grandes entités économiques mondiales sont des sociétés et que près de 70 % du commerce mondial est imputable aux 500 plus grandes multinationales;

M.

considérant que la valeur ajoutée manufacturière moyenne par habitant dans les pays industrialisés est 10 fois supérieure à celle des pays en développement et 90 fois plus élevée que celle des pays les moins avancés (PMA) (21);

N.

considérant que la marge de manœuvre budgétaire des pays développés et en développement est de facto restreinte par les exigences des investisseurs et des marchés financiers internationaux; que, selon le FMI, les pays en développement sont particulièrement touchés par la fraude fiscale des entreprises, étant donné qu'ils s'appuient davantage sur l'impôt sur les sociétés pour accroître leurs recettes que les pays de l'OCDE; que les États membres de l'Union recourent largement aux pratiques facilitant l'évasion fiscale des sociétés transnationales et des particuliers;

O.

considérant que le panel de haut niveau chargé de conseiller le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, sur le programme de développement pour l'après-2015 a consulté les PDG de 250 entreprises (représentant un chiffre d'affaires annuel de 8 000 milliards de dollars) de 30 pays et a conclu que les entreprises devaient tenir compte du développement durable dans leurs stratégies pour être en mesure de tirer parti des opportunités commerciales favorisant une croissance durable; que la volonté du secteur privé de contribuer au développement durable est souvent entravée par l'absence de modèles clairs en vue de la conclusion de partenariats entre les entreprises et le secteur public; que le secteur privé peut fournir des biens et services aux communautés et personnes défavorisées en réduisant les coûts, en élargissant les choix et en adaptant les produits et services à leurs besoins particuliers et qu'il peut contribuer à la diffusion de garanties et de normes environnementales et sociales;

P.

considérant qu'en l'absence d'une définition communément admise, les partenariats public-privé (PPP) peuvent être définis comme des accords multipartites conclus entre des acteurs privés, des organismes publics et des organisations de la société civile visant à réaliser, à l'avantage de toutes les parties, un objectif d'intérêt public par le regroupement de ressources et d'expertise;

Q.

considérant que les institutions financières européennes de développement, qui regroupent 15 institutions bilatérales jouant un rôle important dans l'apport de financements à long terme au secteur privé dans les économies en développement et en transition, cherchent à investir dans des entreprises qui produisent, en matière de développement, un spectre d'effets diversifié allant de la fiabilité de l'approvisionnement en électricité à l'assainissement de l'eau et passant par l'apport de financements aux PME et l'accès aux marchés des petites exploitations agricoles;

R.

considérant que les PPP sont un type d'entreprise largement répandu depuis des décennies dans les pays développés, en particulier en Europe et aux États-Unis, et que la plupart des bailleurs de fonds y ont aujourd'hui largement recours dans les pays en développement, où ils représentent 15 % à 20 % environ de l'investissement total en matière d'infrastructures;

S.

considérant que 2,5 milliards de personnes, majoritairement des femmes et des jeunes établis, pour la plupart, dans des pays en développement, sont encore exclues du monde de l'entreprise, du système financier formel ainsi que de la propriété et de l'acquisition foncière; qu'il existe dans les pays en développement un écart de revenu persistant entre les sexes, de 6 à 9 points de pourcentage selon les groupes de revenus; que le dialogue social constitue un outil important à l'appui de l'égalité des sexes au travail ainsi que du renversement des schémas traditionnels de sous-représentation des femmes dans les milieux d'affaires des pays en développement;

T.

considérant que des PPP bien conçus et mis en œuvre de manière efficace peuvent mobiliser des financements privés et publics à long terme, générer de l'innovation en matière de technologies et de modèles commerciaux et prévoir des mécanismes intégrés visant à garantir que ces partenariats sont tenus par des obligations de résultats sur le plan du développement;

U.

considérant que, pour l'heure, les PPP dans les pays en développement se concentrent généralement dans les domaines de l'énergie, des infrastructures et des télécommunications, tandis que leur potentiel dans des secteurs comme l'agriculture, l'éducation, les technologies vertes, la recherche et l'innovation, les soins de santé et les droits de propriété reste largement inexploité;

V.

considérant que près des deux tiers des montants prêtés par la Banque européenne d'investissement (BEI) aux pays d'Asie, des Caraïbes et du Pacifique au cours des dix dernières années ont alimenté des opérations du secteur privé; que la Facilité d'investissement de Cotonou mise en place par la BEI est reconnue comme un fonds renouvelable au caractère unique qui assume des risques dans le contexte du financement d'investissements particulièrement risqués à l'appui du développement du secteur privé;

W.

considérant que, malgré les 45 millions de demandeurs d'emploi qui rejoignent la population active des pays en développement chaque année (22), 34 % des entreprises dans 41 pays indiquent ne pas réussir à trouver la main-d'œuvre dont elles ont besoin;

X.

considérant que dans le contexte du programme pour le changement, le financement mixte est reconnu comme un instrument important aux fins de la mobilisation de ressources supplémentaires par la combinaison de subventions de l'Union avec des prêts ou des capitaux propres provenant d'autres sources de financement publiques et privées; considérant que le rapport spécial de la Cour des comptes européenne no 16/2014 sur les financements mixtes conclut toutefois que, pour près de la moitié des projets examinés, il n'existe pas suffisamment d'éléments probants pour établir que les subventions étaient justifiées et que, dans un certain nombre de ces cas, des éléments indiquent que les investissements auraient été réalisés sans la contribution de l'Union;

Y.

considérant que l'industrie manufacturière, qui représentait, à l'échelon mondial, quelque 470 millions d'emplois en 2009 et environ un demi-milliard d'emplois en 2013 (23), recèle un fort potentiel en matière de création d'emplois et de richesse ainsi que de travail décent et d'emplois hautement qualifiés;

Z.

considérant que les richesses mondiales sont toujours plus concentrées entre les mains d'une petite élite riche et que les 1 % les plus riches détiendront plus de la moitié de ces richesses d'ici 2016;

AA.

considérant qu'une imposition équitable et progressive assortie de critères d'aide et de justice sociales joue un rôle essentiel dans la réduction des inégalités, dès lors qu'elle permet la redistribution à l'échelle nationale d'une partie des richesses des citoyens aux revenus les plus élevés en faveur des plus démunis;

Stratégie de coopération à long terme avec le secteur privé

1.

reconnaît que les investissements du secteur privé dans les pays en développement peuvent contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable des Nations unies (ODD) s'ils sont correctement réglementés; salue et approuve les conclusions du Conseil du 12 décembre 2014 sur un rôle plus important pour le secteur privé dans la coopération au développement; salue l'initiative de la Commission de soutenir le secteur privé afin que celui-ci devienne, parallèlement aux organisations gouvernementales et non gouvernementales actives dans le domaine du développement et aux modèles économiques axés sur l'intégration tels que les coopératives et les entreprises sociales, un partenaire de premier plan en vue de la réalisation, dans le cadre des ODD, d'un développement durable bénéficiant à tous; relève qu'il convient, à cet effet, que le secteur privé prenne des engagements au regard de la bonne gouvernance, de la réduction de la pauvreté et de la création de richesse par des investissements durables, de la réduction des inégalités, ainsi que de l'action en faveur des droits de l'homme, des normes environnementales et de l'autonomisation des économies locales; souligne que les rôles respectifs des différents acteurs du secteur public et privé doivent être bien compris et reconnus par toutes les parties prenantes;

2.

invite la Commission à continuer de participer activement aux discussions relatives au programme de développement durable à l'horizon 2030 et à reconnaître la diversité du secteur privé ainsi que les difficultés que pose la lutte contre la pauvreté des personnes les plus marginalisées et les plus isolées; estime que toute politique de l'Union cherchant à associer le secteur privé au développement doit préciser le secteur ciblé;

3.

insiste sur le fait que les futurs partenariats s'inscrivant dans le cadre du programme de développement à l'horizon 2030 doivent être davantage axés sur la lutte contre la pauvreté et les inégalités; rappelle que l'aide publique au développement doit demeurer l'un des principaux moyens mis en œuvre pour éradiquer toutes les formes de pauvreté et satisfaire les besoins sociaux élémentaires dans les pays en développement, et que les financements privés ne peuvent s'y substituer; reconnaît que l'aide publique au développement peut contribuer à mobiliser des financements privés sous réserve du respect des principes de transparence, de responsabilité, d'appropriation ainsi que de prise en compte des priorités nationales et des risques au regard de la soutenabilité de la dette;

4.

demande une augmentation des investissements publics dans des services publics accessibles à tous, particulièrement en ce qui concerne les transports ainsi que l'accès à l'eau potable, aux soins de santé et à l'éducation;

5.

estime que c'est lorsqu'ils coopèrent que les secteurs public et privé sont les plus efficaces dans l'instauration d'un environnement favorable aux investissements, aux activités commerciales et aux fondements de la croissance économique; souligne que tous les partenariats et alliances conclus avec le secteur privé doivent reposer sur des valeurs et des priorités communes conciliant les objectifs commerciaux des entreprises et les objectifs de l'Union en matière de développement, et respecter les normes internationales en matière d'efficacité de l'aide; estime que ces partenariats et alliances doivent être conçus et gérés en coopération avec les pays partenaires afin de garantir la répartition des risques, des responsabilités et des bénéfices, et qu'ils doivent être rentables, définir des objectifs de développement précis, des étapes intermédiaires régulières ainsi qu'une répartition des responsabilités claire, et respecter le principe de transparence;

6.

se félicite du rôle joué dans les pays en développement par les investissements privés étrangers, qui stimulent le développement national; souligne en outre qu'il importe d'encourager les investissements responsables qui soutiennent les marchés locaux et contribuent à réduire la pauvreté;

7.

soutient les travaux de l'Association des institutions européennes de financement du développement, dont les membres fournissent des capitaux aux entreprises dans les pays en développement, au moyen d'investissements directs dans les entreprises et, indirectement, en engageant des capitaux dans des banques commerciales locales et des fonds de capital investissement axés sur les marchés émergents, l'accent étant mis sur les microentreprises, les petites entreprises et les moyennes entreprises; invite instamment la Commission européenne à privilégier ces types de programmes dans sa politique de financement et de coopération, étant donné que le secteur privé revêt une importance capitale dans les pays en développement;

8.

préconise d'élaborer des normes plus efficaces en matière de transparence et de responsabilité pour les entreprises européennes de technologie au regard de l'exportation de technologies susceptibles d'être utilisées pour violer les droits de l'homme, faciliter la corruption ou nuire aux intérêts de l'Union en matière de sécurité;

9.

souligne que les politiques de l'Union en matière de commerce, d'investissement, de sécurité et de développement sont interdépendantes et qu'elles ont des conséquences directes dans les pays en développement; rappelle que l'article 208 du traité de Lisbonne pose le principe de la cohérence des politiques au service du développement en prévoyant la prise en compte des objectifs de la coopération au développement dans la mise en œuvre des politiques susceptibles d'affecter les pays en développement; préconise d'évaluer toutes les politiques en matière de commerce et d'investissement au regard de leur incidence sur le développement, notamment pour ce qui est de l'accès universel aux biens et services d'intérêt général; souligne qu'il importe d'améliorer les chapitres relatifs au développement durable qui figureront à l'avenir dans tous les accords commerciaux bilatéraux en vue d'inclure des mécanismes efficaces de communication d'informations pour le secteur privé;

10.

souligne qu'il est nécessaire d'examiner les possibilités d'associer plus étroitement le secteur privé à la politique européenne de voisinage afin de créer de la croissance économique et des emplois dans le voisinage de l'Europe, par exemple par un partage de compétences en matière d'accès au capital;

11.

invite la Commission à promouvoir, à soutenir et à financer en priorité les partenariats public-public, et à inclure des analyses ex ante obligatoires et accessibles au public concernant les incidences sur la société et la pauvreté lorsque des programmes de développement sont mis en œuvre conjointement avec le secteur privé;

12.

demande à l'Union de procéder à une consultation formelle des organisations de la société civile et des communautés directement et indirectement concernées par les projets de développement;

13.

insiste sur le vaste potentiel que recèle la valeur ajoutée de l'Union dans le contexte de la mise en place de partenariats avec le secteur privé, en étroite coordination avec ses États membres et les organisations internationales concernées qui, pour nombre d'entre elles, disposent d'une solide expérience en matière de collaboration avec le secteur privé; souligne qu'une économie de marché efficace fondée sur l'état de droit reste un moteur important de développement économique et social, et que la politique de développement de l'Union devrait en tenir compte;

14.

salue le cadre pour la collaboration des entreprises avec les Nations unies, qui souligne qu'un secteur privé solide et source de croissance économique est essentiel pour la réalisation des objectifs de développement durable, et que le secteur privé contribue de façon notable au progrès partagé sur le plan économique, social et environnemental;

15.

se félicite de la participation du secteur privé au forum de haut niveau de l'OCDE sur l'efficacité de l'aide; salue, en particulier, les initiatives prises dans ce contexte concernant des moyens innovants de mobiliser des fonds du secteur privé en faveur du développement, ainsi que la déclaration conjointe de Busan de 2011 visant à étendre et renforcer la coopération entre le secteur public et le secteur privé en faveur d'une croissance large, inclusive et durable;

16.

se félicite de l'augmentation continue de la proportion de l'aide bilatérale déliée, mais exprime sa préoccupation à l'égard du fait que des dispositifs formels et informels d'aide liée subsistent (24); invite l'Union européenne et ses États membres à mettre en œuvre leur engagement, pris dans le cadre du consensus européen pour le développement, d'«encourager un degré plus élevé de déliement de l'aide dépassant celui prévu dans les recommandations actuelles de l'OCDE»; insiste sur le potentiel d'une aide plus déliée à engendrer de la croissance, ce qui profiterait aux entreprises locales dans les pays en développement; demande une augmentation de l'aide réelle et la mise en place de chaînes de valeur régionales et locales pérennes; préconise de renforcer l'autonomie des acteurs locaux et de mettre l'accent sur la mise en place de chaînes de valeur régionales et locales pérennes; souligne l'importance de l'appropriation à l'échelon local et régional, des programmes de réforme et des stratégies nationales des pays partenaires, de la prise en compte des projets de développement, ainsi que de la valeur ajoutée créée par des chaînes d'approvisionnement locales sûres; estime que la politique de développement a un rôle important à jouer en vue de lutter contre les causes profondes des flux migratoires actuels vers l'Union européenne;

17.

reconnaît également le droit de tous les pays, notamment des pays en développement, d'imposer des restrictions temporaires aux mouvements de capitaux afin d'éviter les crises financières causées par des flux financiers privés à court terme et instables; préconise de supprimer les restrictions de ce droit dans tous les accords relatifs au commerce et à l'investissement, y compris dans le cadre de l'OMC;

18.

souligne que l'Union doit tenir compte des questions d'accessibilité dans le contexte de l'appui apporté au secteur privé, car l'exclusion de pans importants de la population, tels que les personnes handicapées, prive les entreprises d'un marché de taille non négligeable;

Soutien au secteur privé local dans les pays en développement

19.

signale que les MPME des pays en développement peuvent être confrontées à des contraintes réglementaires beaucoup plus lourdes que celles de l'Union, qu'elles ne bénéficient pas de la même protection juridique ni des mêmes droits de propriété et qu'elles évoluent souvent dans une économie informelle instable; souligne à cet égard l'importance des systèmes d'enregistrement foncier; insiste sur la nécessité de soutenir le secteur privé local des pays en développement grâce, par exemple, à l'accès aux financements et à l'action en faveur de l'entrepreneuriat; demande à la Commission ainsi qu'aux autres bailleurs de fonds et agences de développement d'intensifier leur appui au renforcement des capacités des PME locales;

20.

appelle l'Union européenne à promouvoir les stratégies nationales de développement qui définissent la contribution du secteur privé au développement en associant son action à celle du secteur privé dans un cadre de développement axé sur les coopératives, les PME et les microentreprises locales, en particulier les petits exploitants agricoles, qui sont les mieux à même de favoriser un développement équitable;

21.

insiste sur la nécessité de renforcer l'appui en faveur de la conclusion avec des pays en développement de partenariats visant à moderniser le cadre réglementaire de ces pays en instaurant un environnement favorable aux initiatives privées ainsi que des mécanismes d'aide aux entreprises, tout en veillant à préserver un juste équilibre entre les mesures réglementaires destinées, respectivement, à favoriser les investissements et à protéger l'intérêt général et l'environnement; signale qu'il est nécessaire de faciliter la mise en place dans les pays en développement de systèmes bancaires et d'administrations fiscales fiables qui soient en mesure d'assurer une gestion efficace des flux financiers ainsi que des fonds publics et privés; invite les pouvoirs publics des pays partenaires à instaurer une clause de caducité permettant de supprimer les mesures redondantes; relève que la législation devrait être soumise à des analyses d'impact visant à en évaluer les incidences négatives sur la création d'emplois et les normes environnementales;

22.

demande à l'Union de renforcer la capacité des pays en développement à mobiliser les revenus nationaux afin de lutter contre la fraude fiscale, la corruption et les flux financiers illicites et, en particulier, de donner aux pays les moins avancés et aux États fragiles les moyens de mettre en place des institutions de gouvernance plus efficaces et stables, notamment par l'élaboration de systèmes fiscaux équitables et efficaces; invite l'Union, à cet effet, à renforcer l'assistance technique et financière qu'elle apporte aux pays en développement afin de garantir un niveau plus élevé de transparence et de responsabilité; invite l'Union et ses États membres, toutes les organisations concernées ainsi que les pays développés et en développement signataires du partenariat de Busan 2011 pour une coopération efficace au service du développement, à honorer leur engagement de redoubler d'efforts pour lutter contre la corruption et les flux financiers illicites;

23.

invite les DG Devco et Growth de la Commission à collaborer afin de reproduire dans les pays en développement les structures d'appui régionales en faveur des MPME, sur le modèle du réseau Enterprise Europe, dans le but d'aider ces dernières à se conformer à la législation, à accéder aux financements et aux capitaux ainsi qu'aux marchés et à surmonter les obstacles juridiques, et préconise de soutenir en particulier le renforcement des organisations intermédiaires qui représentent ces entreprises; souligne que ces structures pourraient également devenir le point de départ de partenariats public-privé régionaux dans des secteurs allant de l'agroalimentaire à la formation professionnelle en passant par les programmes de soins de santé, facilitant ainsi le renforcement des capacités, le transfert de connaissances, l'échange d'expériences et la mise en commun de ressources locales et internationales;

24.

réaffirme qu'il incombe à l'Union de contribuer à la mise en place d'un système fiscal équitable à l'échelle mondiale, ce qui nécessite d'imposer aux sociétés transnationales des obligations effectives concernant la publication d'informations pays par pays, de mettre en place des registres publics répertoriant les bénéficiaires effectifs des entreprises, des fiducies et des entités juridiques similaires et de garantir l'échange automatique de données fiscales ainsi que la juste répartition des droits d'imposition lors de la négociation de conventions fiscales et d'accords d'investissement avec des pays en développement; estime également que les institutions de financement du développement ne devraient investir que dans les sociétés et les fonds qui sont prêts à divulguer l'identité des bénéficiaires effectifs et à publier leurs comptes financiers pays par pays;

25.

rappelle que les régimes tarifaires sont des composants essentiels d'un environnement réglementaire favorisant un développement du secteur privé ainsi que la création d'emplois au bénéfice des plus pauvres; relève toutefois avec inquiétude que les accords de partenariat économique (APE) prescrivent la réduction des droits à l'importation dans un grand nombre de secteurs économiques des pays ACP, alors que la suppression des droits sur les importations de l'Union se traduirait par une baisse considérable des recettes douanières, qui pourrait atteindre 15 % à 20 % des recettes publiques dans certains cas; demande instamment à l'Union d'élaborer sa politique commerciale conformément au principe de la cohérence des politiques au service du développement;

26.

se félicite que la BEI ait débloqué une enveloppe de financement avec impact de 500 millions d'euros au titre de la facilité d'investissement de Cotonou afin d'intensifier son soutien aux acteurs privés opérant dans des secteurs plus risqués et des environnements plus difficiles; déplore en revanche que la BEI ait décidé de réduire son enveloppe de prêts en faveur de l'Asie; souligne que tous les investissements de la BEI au titre de la facilité d'investissement de Cotonou devraient tenir compte des stratégies de développement nationales, conformément au principe d'appropriation démocratique;

27.

souligne que dans les États fragiles ou sortant de conflits, les obstacles au développement du secteur privé sont plus importants qu'ailleurs et nécessitent une approche plus ciblée afin d'améliorer le climat d'investissement, d'éliminer les réglementations commerciales excessives et obsolètes ainsi que les comportements prédateurs et d'endiguer la corruption endémique; recommande à la Commission, à cet égard, d'engager un dialogue sur la réforme avec les pays partenaires et le secteur privé afin de surmonter la profonde défiance entre les pouvoirs publics et le secteur privé, qui trouve généralement son origine dans la «course à la rente», le favoritisme et le manque de légitimité;

28.

demande à la Commission, aux États membres et aux pays en développement d'intensifier leurs efforts afin de promouvoir l'émancipation économique des femmes et de mettre en place des mécanismes d'aide aux femmes entrepreneurs; relève qu'en matière d'intégration économique des femmes, la démarche axée sur l'épargne a fait ses preuves; recommande d'adopter une démarche tenant compte des questions d'égalité hommes-femmes dans tous les programmes de partenariat et d'y associer des programmes de formation à l'entrepreneuriat à l'intention des femmes, des jeunes et des personnes handicapées ainsi que des réseaux d'investisseurs providentiels ciblés sur les femmes; préconise que les femmes entrepreneurs locales bénéficient d'un soutien accru pour leur permettre de tirer parti de la croissance générée par le secteur privé; recommande d'adopter des mesures pour le suivi du processus d'émancipation économique des femmes et relève que selon le FMI, le revenu par habitant pourrait progresser sensiblement si les femmes contribuaient à la main-d'œuvre sur un pied d'égalité avec les hommes;

Encourager les entreprises européennes et internationales à contribuer aux objectifs de développement durable

29.

souligne que la contribution potentielle du secteur privé au développement durable à long terme ne s'arrête pas à ses ressources financières, son expérience et ses compétences, et qu'il inclut la création au niveau local de chaînes de valeur et de canaux de distribution, qui se traduit par la création d'emplois, l'atténuation de la pauvreté et des inégalités, le développement des droits et des perspectives des femmes, la viabilité environnementale, une augmentation de la portée et de l'efficacité, ainsi qu'un accès accru à des produits, services et technologies disponibles sur le marché à un prix abordable; demande que les efforts déployés par l'Europe en matière de développement contribuent de manière significative à la mise en œuvre des normes établies au niveau international, telles que les principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme ou les normes de l'Organisation internationale du travail, et notamment qu'elle collabore avec les entreprises et les investisseurs afin de garantir que ceux-ci respectent les principes directeurs de l'OCDE pour les entreprises multinationales dans le cadre de leurs activités commerciales et de leurs chaînes d'approvisionnement dans les pays en développement;

30.

souligne que le dialogue social est essentiel pour garantir l'engagement effectif du secteur privé dans le développement; insiste sur la responsabilité qui incombe aux pays en développement de favoriser le dialogue social entre les employeurs du secteur privé, les travailleurs et les pouvoirs publics afin d'améliorer la gouvernance ainsi que la stabilité des États; invite les pays en développement, en particulier, à garantir que le dialogue social englobe les zones franches industrielles et les pôles industriels;

31.

insiste pour que le secteur privé, et notamment les PME locales, soient associés au dialogue sur les politiques à suivre, à l'instar de tous les autres partenaires dans le domaine du développement, afin de faciliter la compréhension mutuelle et de répondre aux attentes, en garantissant l'efficacité et la transparence; souligne à cet égard l'importance du rôle des délégations européennes dans les pays en développement en tant que plateforme de dialogue; souligne le rôle positif des coopératives en tant que catalyseurs d'un développement axé sur l'intégration sociale, ainsi que leur capacité à rendre autonomes les communautés par la création d'emplois et de revenus; insiste en particulier sur le fait que les travailleurs ont créé des associations et des coopératives dites de services communs qui favorisent le travail indépendant dans l'économie informelle, tandis que dans les zones rurales, les coopératives d'épargne et de crédit donnent accès à des services bancaires qui sont absents dans de nombreuses communautés et financent la création de petites entreprises et de microentreprises; reconnaît que le secteur privé inclut des acteurs tels que les entreprises sociales et les organisations de commerce équitable, qui ont intégré des principes sociaux et environnementaux dans leurs activités; invite la Commission à reconnaître ces efforts dans ses travaux sur le rôle du secteur privé dans le développement;

32.

demande à la Commission de défendre la proposition des investisseurs et d'autres parties prenantes visant à soutenir la mise en place de règles contraignantes sur l'établissement de rapports en matière de droits sociaux, environnementaux et humains par les entreprises, conformément à la directive de l'Union sur l'information non financière, règles qui figurent également parmi les nouveaux objectifs de développement durable proposés par les Nations unies;

33.

invite l'Union à contribuer au renforcement et à la mise en place de structures, de réseaux et d'institutions réunissant les acteurs nationaux du secteur privé, particulièrement les MPME, qui prennent part à l'élaboration des politiques à l'échelon national et régional;

34.

souligne que l'une des principales contraintes empêchant le secteur privé de participer plus activement aux efforts déployés dans les pays en développement est liée à l'absence de projets susceptibles d'être financés, elle-même liée à la faiblesse des cadres juridiques, institutionnels et fiscaux, des capacités d'application et des ressources disponibles pour la planification des investissements et la préparation des projets; préconise de renforcer l'assistance technique apportée au secteur des entreprises publiques dans les pays partenaires afin d'améliorer leur capacité à assumer la gestion des PPP et d'en permettre l'appropriation à l'issue du processus; insiste sur le fait que les acteurs du secteur privé doivent prévoir les retours sur investissement à long terme car, en fonction de leurs actionnaires, ils risquent dans le cas contraire d'être privés de la vision à long terme nécessaire à engendrer, dans le domaine social, les retombées si importantes pour le développement humain;

35.

relève que la contribution du secteur privé au développement des infrastructures dans les pays en développement a augmenté de manière significative, passant de 18 milliards de dollars en 1990 à 150 milliards de dollars en 2013; invite le secteur privé, à cet égard, à poursuivre sur cette voie, et signale que l'absence d'accès aux infrastructures constitue, pour la croissance du secteur privé, une contrainte majeure qui nuit à la production et à la création d'emplois;

36.

souligne que dans le secteur de l'agriculture, les PPP recèlent un potentiel important pour autant qu'un cadre législatif solide et clairement défini régisse les droits de propriété et la sécurité foncière afin d'empêcher l'accaparement de terres et de garantir l'augmentation et l'efficacité de la production agricole; salue le lancement, en 2014, d'un programme de l'Union visant à renforcer la gouvernance foncière dans certains pays africains; recommande à l'Union et à ses délégations de développer la collaboration avec les gouvernements partenaires ainsi qu'avec la BEI, le Fonds international de développement agricole (FIDA) et d'autres organismes similaires, en vue d'inciter le secteur privé à élaborer, au regard des problématiques agricoles, des solutions fondées sur des mécanismes de marché; souligne la nécessité de mettre en place des incitations financières pour éviter l'exclusion des populations pauvres et isolées ainsi que des agriculteurs dont la production ne présente pas d'intérêt commercial majeur ni d'attraits particuliers pour les partenaires du secteur agroalimentaire; fait valoir que les mesures de protection devraient comprendre une évaluation des risques sociaux et environnementaux, la consultation obligatoire des représentants légitimes des communautés concernées, l'obtention de leur accord préalable libre et éclairé sur les différents projets, ainsi que la fourniture de conseils juridiques à ces communautés si elles en ont besoin; prie la Commission d'assortir les projets de procédures de suivi et de négocier la révision des contrats dans les cas où ils s'avèrent préjudiciables à la population locale;

37.

souligne les risques associés aux PPP dans le secteur de l'agriculture, notamment l'accaparement de terres, qui doit être empêché; insiste sur le fait qu'il est important de concentrer l'aide sur les petits agriculteurs, en particulier les femmes; demande à Commission d'associer tout PPP dans le secteur agricole utilisant des fonds de l'Union à des dispositifs élaborés de protection des petits agriculteurs, des éleveurs et des autres utilisateurs vulnérables de terres contre une éventuelle perte d'accès à la terre ou à l'eau; fait valoir que les mesures de protection devraient comprendre une évaluation des risques sociaux et environnementaux préalablement à la réalisation de tout projet ainsi que la fourniture de conseils juridiques à ces communautés si elles en ont besoin; recommande de remplacer les projets de la Nouvelle alliance du G8 par des initiatives s'inscrivant dans le cadre du programme détaillé de développement de l'agriculture africaine; souligne que les compensations financières et sociales doivent être des engagements contraignants et que d'autres plans de développement devraient toujours être examinés;

38.

recommande à l'Union de continuer à soutenir durablement des projets dans le domaine des énergies vertes et renouvelables dans les pays en développement, en particulier dans les zones rurales reculées; se félicite que, dans le cadre de son enveloppe de financement avec impact, la BEI ait élevé au rang de priorité l'investissement dans l'énergie, dont l'importance en tant que moteur de la croissance économique en Afrique est largement reconnue; s'attend à ce que les instruments financiers innovants favorisent les investissements du secteur privé dans les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique et l'accès à l'énergie; encourage la BEI et les institutions financières européennes de développement à renforcer le financement de projets d'investissement en faveur de l'atténuation du changement climatique et de l'adaptation à celui-ci en Afrique, conformément aux engagements de l'Union et aux obligations qui lui incombent au titre de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC); rappelle que dans le domaine des énergies renouvelables, il convient d'accorder la priorité à des projets à petite échelle, hors réseau et décentralisés afin de garantir l'approvisionnement en énergie des zones rurales tout en évitant les éventuelles retombées sociales et environnementales négatives des infrastructures énergétiques de grande envergure;

39.

demande instamment à l'Union de mettre en place un cadre réglementaire solide fondé sur des critères d'efficacité du développement dans les limites duquel le secteur privé doit exercer ses activités, notamment pour ce qui est de promouvoir les PPP à long terme de type contractuel; prie l'Union de ne promouvoir les PPP que dans le cas où une analyse coûts-bénéfices montre qu'il n'existe pas d'autres options de financement moins coûteuses et moins risquées; demande à l'Union d'appliquer des mesures efficaces de protection dans le cadre des PPP afin de garantir le respect des droits fondamentaux, et notamment des droits des femmes;

40.

se félicite des résultats obtenus dans le cadre de la mise en commun de ressources publiques et privées visant à améliorer les soins de santé et l'accès aux médicaments ainsi qu'à mieux exploiter le potentiel de transfert de technologies dans les pays en développement; estime que l'Union devrait jouer un rôle de médiateur dans la mise en place d'une coopération visant, au-delà de l'accès aux médicaments, à réformer les systèmes de soins de santé défaillants dans les pays en développement; souligne que le soutien aux PME/PMI locales peut être intensifié non seulement par des instruments financiers, mais également par le transfert de technologies, le renforcement des capacités, le développement durable des fournisseurs et l'établissement de liens commerciaux;

41.

souligne qu'il importe de combler le fossé entre le système éducatif et le marché du travail dans les pays en développement; demande à la Commission européenne de soutenir les programmes et les PPP qui englobent toutes les parties prenantes concernées, des écoles, universités et centres de formation aux acteurs du secteur privé afin d'ouvrir des perspectives de formation et d'apprentissage en adéquation avec le marché; encourage la création d'établissements de formation professionnelle en alternance permettant aux jeunes de suivre un programme de stage axé sur les aspects pratiques d'un métier et, dans le même temps, d'assister à des cours théoriques dans des écoles spécialisées de formation professionnelle;

42.

souligne que le renforcement des capacités des pouvoirs publics des pays en développement en matière de réglementation est indispensable au développement durable;

Principes de la coopération avec le secteur privé

43.

souligne que la coopération avec les entreprises doit s'appuyer sur une démarche souple, qui tienne compte non seulement des résultats escomptés, mais également de la mesure dans laquelle l'environnement local est favorable aux entreprises et aux investissements privés; recommande l'adoption d'une démarche différenciée à l'égard des pays les moins avancés et des États fragiles; relève que l'investissement et l'engagement du secteur privé à l'égard des ODD varient fortement selon les pays en développement; préconise que l'aide apportée par les bailleurs de fonds aux pays les moins avancés prennent principalement la forme de subventions;

44.

se félicite des critères définis dans la communication de la Commission sur le secteur privé et le développement pour apporter un soutien direct aux acteurs du secteur privé; préconise d'établir un cadre clairement défini régissant tous les partenariats avec le secteur privé en recourant à des indicateurs de référence tels que les mesures axées sur les microentreprises, les stratégies pour l'accès au crédit ou encore l'insertion professionnelle des groupes désavantagés, des femmes et des jeunes, qui doivent garantir le respect du principe de la cohérence des politiques au service du développement, des principes d'efficacité du développement ainsi que des objectifs de la politique de développement, en particulier la réduction de la pauvreté et des inégalités; estime que toute décision visant à promouvoir des partenariats public-privé par le recours à des financements mixtes dans les pays en développement doit reposer sur une évaluation rigoureuse des mécanismes en jeu au regard de leur incidence sur le développement, de la responsabilité et de la transparence, ainsi que sur les enseignements tirés des expériences antérieures;

45.

est préoccupé par l'absence, dans certains cas, de mesures de protection visant à garantir que les financements publics sont utilisés à bon escient; souligne qu'il y a lieu de convenir d'indicateurs de résultat et de mécanismes de suivi et d'évaluation dès la phase préparatoire du projet, ainsi que de veiller à ce que les investissements soient réalisés dans le respect des droits de l'homme, des normes sociales et environnementales et du principe de transparence, et à que les entreprises du secteur privé s'acquittent de leur juste part de taxes et d'impôts; souligne l'importance que revêtent l'évaluation des risques, l'analyse de la soutenabilité de la dette, la transparence et la protection des investissements; insiste sur l'importance de la fonction de consultation et de contrôle des parlements nationaux et de la société civile au regard de l'obligation de rendre des compte ainsi que de l'impératif de transparence; estime qu'il convient de garantir l'accès effectif à la justice et l'indemnisation des victimes d'exactions commises par des entreprises dans les pays où un projet de développement est mis en œuvre;

46.

demande à la Commission et aux États membres de veiller à ce que les entreprises engagées dans des partenariats pour le développement tiennent compte des ODD et se conforment aux principes de responsabilité sociale des entreprises (RSE); soutient résolument la diffusion et l'application effective, au sein et hors de l'Union, de l'intégralité des principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme, et souligne la nécessité de prendre toutes les mesures politiques et législatives nécessaires pour remédier aux lacunes dans l'application de ces principes, notamment en ce qui concerne l'accès à la justice; recommande que toutes les entreprises qui exercent des activités dans les pays en développement garantissent un niveau de transparence conforme aux principes directeurs de l'OCDE pour les entreprises multinationales au regard du respect des droits de l'homme, de la contribution concrète au bien-être social et environnemental des pays en développement ainsi que de la coopération avec des organisations de la société civile; souligne qu'il convient que les États membres élaborent des plans nationaux en vue de l'application des principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et, en particulier, des principes établis par le Guide OCDE sur le devoir de diligence pour des chaînes d’approvisionnement responsables en minerais provenant de zones de conflit ou à haut risque;

47.

souligne que la politique de l'Union en matière de commerce et de développement ne doit pas empiéter sur la marge de manœuvre économique et politique des pays en développement, en particulier des pays les moins avancés, pour leur permettre de maintenir les droits à l'importation essentiels si nécessaire, et doit promouvoir la création d'emplois qualifiés et décents au sein des industries manufacturière et agro-alimentaire locales, lesquelles sont susceptibles de favoriser la croissance de la valeur ajoutée nationale et de l'industrie ainsi que l'augmentation et la diversification des exportations, qui sont autant de facteurs déterminants pour un progrès économique et social bénéficiant à tous; invite l'Union et ses États membres à adopter des mesures concrètes pour que les multinationales soient taxées dans les pays dans lesquels elles génèrent leurs bénéfices et à promouvoir la publication, par les entreprises du secteur privé, d'informations pays par pays, de façon à renforcer les capacités de mobilisation des ressources nationales et à favoriser une concurrence plus équitable;

48.

encourage l'Union à soutenir le processus engagé par les Nations unies en vue de l'élaboration d'un instrument international juridiquement contraignant pour les sociétés transnationales et les autres entreprises commerciales en matière de respect des droits de l'homme, car un tel instrument précisera les obligations qui incombent aux sociétés transnationales à l'égard des droits de l'homme ainsi que des États et établira des voies de recours effectif pour les victimes lorsque les tribunaux nationaux ne sont manifestement pas en mesure de poursuivre efficacement les sociétés concernées;

49.

salue l'opinion de la Commission selon laquelle il convient de promouvoir les piliers stratégiques de l'agenda pour le travail décent de l'OIT en vue de lutter contre les inégalités et l'exclusion sociale, en particulier des personnes les plus marginalisées, y compris les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées; souligne qu'il convient que les entreprises favorisent le traitement équitable des travailleurs et instaurent des conditions de travail sûres et saines, une protection sociale et un dialogue social, tout en veillant à ce que les travailleurs, l'encadrement et les contractants entretiennent des relations constructives;

Perspectives: dispositions à prendre pour faire du secteur privé un partenaire durable de la politique de développement

50.

demande aux institutions et organes européens d'établir un cadre précis, structuré, transparent et assorti d'une répartition claire des responsabilités en vue de réglementer les partenariats et alliances conclus avec le secteur privé dans les pays en développement; souligne que, parallèlement au renforcement du rôle du secteur privé, il importe de mettre en place les garanties et de renforcer les capacités institutionnelles appropriées;

51.

invite l'Union et ses États membres à élaborer une stratégie claire et concrète pour garantir l'alignement du secteur privé sur les priorités en matière de développement des pouvoirs publics nationaux et de la société civile dans les pays en développement;

52.

préconise d'établir au niveau de l'Union des plateformes sectorielles multipartites rassemblant le secteur privé, des organisations de la société civile, des ONG, des groupes de réflexion, les autorités partenaires, les bailleurs de fonds, des organisations coopératives, des entreprises sociales et d'autres parties prenantes, afin de surmonter les réserves et la défiance entre les partenaires et de résoudre les problèmes qui surviennent de manière inopportune dans le contexte de projets communs de développement; souligne, à cet égard, l'importance du rôle de médiation des délégations de l'Union dans les différents pays à l'égard de ce type de dialogue; relève que la proposition de la Commission visant à renforcer les mécanismes existants, tels que le Forum politique sur le développement, constitue un pas dans la bonne direction;

53.

adhère à la recommandation de la Cour des comptes qui préconise, dans le contexte de projets à financement mixte, que la Commission démontre de manière probante l'additionnalité des subventions de l'Union sur le plan financier et sur le plan du développement; soutient la Commission dans son intention d'étendre le champ d'application du financement mixte de manière à y inclure, au-delà des infrastructures, l'agriculture durable, le secteur social ou encore le développement du secteur privé local, par exemple, pour autant que la Commission justifie sa démarche; insiste toutefois sur la nécessité de veiller à ce que toutes les opérations de financement mixte respectent pleinement les principes de l'efficacité au regard du développement, tels que l'appropriation, la responsabilisation et la transparence, et qu'elles soient conformes aux ODD; demande à la Commission d'évaluer les mécanismes de panachage de prêts et de subventions et de renforcer ses capacités de gestion de projets à financement mixte, conformément à la recommandation de la Cour des comptes; invite la Commission à ouvrir la structure de gouvernance de la plateforme de financement mixte de l'Union ainsi que des mécanismes régionaux de financement mixte en collaborant avec toutes les parties prenantes concernées au niveau local, notamment les pouvoirs publics partenaires, les parlements nationaux, les acteurs du secteur privé, les syndicats et les communautés locales; presse la Commission de renforcer les critères régissant l'octroi des subventions et la détermination de leur montant, et d'indiquer de manière concise la valeur ajoutée du financement mixte pour chacun de ses projets;

54.

demande que l'actuel mandat de financement extérieur de la BEI soit étendu pour lui permettre de renforcer son rôle dans la réalisation du développement durable et, en particulier, de participer plus activement à la nouvelle stratégie pour le secteur privé en contribuant au financement mixte, au cofinancement de projets et au développement du secteur privé local; demande en outre de renforcer la transparence et la responsabilisation dans les partenariats et les projets auxquels la BEI est associée; rappelle que les opérations de financement réalisées par la BEI dans les pays en développement avec l'appui de la garantie que lui accorde l'Union devraient avoir pour objectif premier la réduction et, à long terme, l'éradication de la pauvreté; invite la BEI et les autres institutions financières de développement des États membres à s'assurer que les entreprises qui bénéficient de leur aide ne pratiquent pas la fraude fiscale;

55.

demande à la Commission de garantir que les partenariats noués avec le secteur privé et les prêts dont celui-ci bénéficient dans les pays à faible revenu et les États fragiles sont associés à des subventions directes aux organisations de la société civile et tiennent compte des priorités de développement du pays concerné, afin de veiller à la participation des citoyens et à la mise en place de processus multipartites entre les organisations de la société civile, les pouvoirs publics locaux et les syndicats;

56.

demande à la Commission de veiller à ce que toutes les délégations de l'Union disposent d'un personnel formé et qualifié, activement préparé à faciliter et à mettre en œuvre des partenariats avec des acteurs du secteur privé; signale que la décision d'accélérer l'implantation de bureaux de la BEI au sein des délégations de l'Union constitue un pas dans la bonne direction; demande à la Commission d'appliquer, sur le terrain, les bonnes pratiques des États membres, dont les ambassades servent souvent de «premier point de contact» pour les acteurs du secteur privé;

57.

demande à la Commission de s'engager plus résolument à faire usage de son poids politique et des mécanismes de dialogue dont elle dispose à l'égard des gouvernements partenaires et des autorités locales afin de favoriser une interaction plus grande et plus constructive avec le secteur privé; fait remarquer que les documents de stratégie par pays, les programmes indicatifs nationaux et les opérations d'appui budgétaire pourraient être des instruments particulièrement indiqués pour ouvrir la voie à des réformes des milieux d'affaires et promouvoir l'industrialisation au niveau national; recommande à l'Union d'adhérer au plan d'action de la CNUCED pour les investissements dans les ODD; attire l'attention sur le fait que la conception, la structuration et la mise en œuvre des PPP restent une entreprise difficile et complexe et que leur succès dépend également de l'environnement dans lequel ils sont mis en œuvre;

58.

insiste sur le fait que la responsabilité d'une action commune efficace n'incombe pas uniquement aux bailleurs de fonds et aux entreprises participantes, mais aussi aux pouvoirs publics partenaires; invite l'Union à œuvrer au renforcement des capacités des pays partenaires afin de déterminer le moment propice pour s'engager dans des projets de PPP; insiste sur le fait que la bonne gouvernance, l'état de droit, un cadre approprié pour la réforme du secteur des entreprises, des mesures anti-corruption, une gestion saine des finances publiques et des institutions publiques efficaces sont indispensables à l'investissement, à l'innovation et au développement du secteur privé;

59.

recommande de consacrer davantage d'attention à l'amélioration de la coordination des bailleurs de fonds et de la programmation conjointe, ainsi que de se concentrer sur la production de résultats mesurables et concrets en termes de développement, afin de maximiser l'incidence de la politique de développement de l'Union et de garantir la pleine responsabilité pour les dépenses réalisées dans ce domaine;

o

o o

60.

charge son Président de transmettre la présente résolution à la Commission, au Conseil, à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au secrétaire général des Nations unies, à la CNUCED, à l'UNIDO, ainsi qu'au groupe de haut niveau sur le programme de développement pour l'après-2015.


(1)  http://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/wir2014_overview_fr.pdf.

(2)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0163.

(3)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2014)0059.

(4)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0196.

(5)  Textes adoptés de cette date, P7_TA(2014)0250.

(6)  http://www.oecd.org/fr/cad/efficacite/49650184.pdf.

(7)  http://www.mofa.go.jp/mofaj/annai/honsho/seimu/nakano/pdfs/hlf4_5.pdf.

(8)  http://www.ifc.org/wps/wcm/connect/topics_ext_content/ifc_external_corporate_site/idg_home/p4p_home.

(9)  http://daccess-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N11/476/11/PDF/N1147611.pdf.

(10)  http://www.ohchr.org/Documents/Publications/GuidingPrinciplesBusinessHR_FR.pdf.

(11)  http://www.oecd.org/corporate/mne/34873731.pdf.

(12)  http://unctad.org/en/PublicationsLibrary/diaepcb2012d5_en.pdf

(13)  http://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Policy-Documents/2013-2017_-_Stratégie_de_développement_du_secteur_privé.pdf.

(14)  http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_emp/---emp_ent/documents/publication/wcms_124923.pdf.

(15)  https://www.unido.org/fileadmin/user_media_upgrade/Who_we_are/Structure/Policymaking_Organs/Lima_Declaration_FR_web.pdf

(16)  http://www.un.org/french/disabilities/default.asp?id=1413

(17)  http://www.fao.org/nr/tenure/voluntary-guidelines/fr/.

(18)  http://www.unido.org/fileadmin/user_media/Services/PSD/WP4_2014_Industrialisation_and_social_well-being.pdf

(19)  Groupe de la Banque mondiale, «Doing business 2014: comprendre les réglementations pour les petites et moyennes entreprises», 29 octobre 2013.

(20)  http://unctad.org/en/PublicationChapters/wir2014ch4_en.pdf

(21)  http://www.unido.org/fileadmin/user_media/Services/PSD/WP4_2014_Industrialisation_and_social_well-being.pdf

(22)  «Building an employment-Oriented Framework for Strong, Sustainable and Balanced Growth», in Challenges of Growth, Employment and Social Cohesion, document de synthèse pour la conférence conjointe de haut niveau entre l'OIT et le FMI, OIT, 2010

(23)  https://www.unido.org/fileadmin/user_media/Research_and_Statistics/UNIDO_IDR_2013_main_report.pdf

(24)  ActionAid (2005): Real Aid, An Agenda for Making Aid Work, p. 4.


II Communications

COMMUNICATIONS PROVENANT DES INSTITUTIONS, ORGANES ET ORGANISMES DE L’UNION EUROPÉENNE

Parlement européen

Mardi 12 avril 2016

15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/223


P8_TA(2016)0099

Demande de levée de l'immunité de Hermann Winkler

Décision du Parlement européen du 12 avril 2016 sur la demande de levée de l'immunité de Hermann Winkler (2016/2000(IMM))

(2018/C 058/24)

Le Parlement européen,

vu la demande de levée de l'immunité de Hermann Winkler, transmise en date du 25 septembre 2015 par le ministère public de Leipzig en liaison avec une enquête préliminaire relative à un accident de la route (sous la référence 600 AR 3037/15), et communiquée en séance plénière le 14 décembre 2015,

vu que Hermann Winkler a renoncé à son droit d'être entendu conformément à l'article 9, paragraphe 5, de son règlement,

vu les articles 8 et 9 du protocole no 7 sur les privilèges et immunités de l'Union européenne ainsi que l'article 6, paragraphe 2, de l'acte portant élection des membres du Parlement européen au suffrage universel direct, du 20 septembre 1976,

vu les arrêts rendus par la Cour de justice de l'Union européenne les 12 mai 1964, 10 juillet 1986, 15 et 21 octobre 2008, 19 mars 2010, 6 septembre 2011 et 17 janvier 2013 (1),

vu l'article 46 de la loi fondamentale allemande (Grundgesetz),

vu l'article 5, paragraphe 2, l'article 6, paragraphe 1, et l'article 9 de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires juridiques (A8-0062/2016),

A.

considérant que le ministère public de Leipzig (Allemagne) a demandé la levée de l'immunité parlementaire de Hermann Winkler, député au Parlement européen, en lien avec le lancement d'une procédure d'enquête relative à une infraction présumée;

B.

considérant que l'article 9 du protocole no 7 précité dispose que les membres du Parlement européen bénéficient, sur leur territoire national, des immunités reconnues aux membres du parlement de leur pays;

C.

considérant qu'en vertu de l'article 46, paragraphe 2, de la loi fondamentale allemande (Grundgesetz), un député ne peut voir sa responsabilité mise en cause pour un acte passible d'une sanction qu'avec l'autorisation du parlement, à moins qu'il n'ait été appréhendé en flagrant délit ou le lendemain du jour où il a commis cet acte;

D.

considérant que la demande est liée à une enquête préliminaire portant sur un grave accident de la route survenu le 23 septembre 2015 et impliquant Hermann Winkler;

E.

considérant que la procédure pénale en question ne concerne pas une opinion ou un vote émis dans l'exercice des fonctions de député au Parlement européen au sens de l'article 8 du protocole no 7 sur les privilèges et immunités de l'Union européenne;

F.

considérant qu'à la lumière des informations dont dispose la commission, il n'y a pas lieu de croire que l'intention sous-jacente de la procédure pénale est de nuire à l'activité politique du député (fumus persecutionis);

G.

considérant que l'infraction présumée n'a visiblement pas de lien avec les fonctions de Hermann Winkler en tant que député au Parlement européen;

H.

considérant qu'il convient par conséquent que l'immunité parlementaire soit levée dans le cas présent;

1.

décide de lever l'immunité de Hermann Winkler;

2.

charge son Président de transmettre immédiatement la présente décision et le rapport de sa commission compétente aux autorités allemandes et à Hermann Winkler.


(1)  Arrêt de la Cour de justice du 12 mai 1964, Wagner/Fohrmann et Krier, 101/63, ECLI:EU:C:1964:28; arrêt de la Cour de justice du 10 juillet 1986, Wybot/Faure et autres, 149/85, ECLI:EU:C:1986:310; arrêt du Tribunal du 15 octobre 2008, Mote/Parlement, T-345/05, ECLI:EU:T:2008:440; arrêt de la Cour de justice du 21 octobre 2008, Marra/De Gregorio et Clemente, C-200/07 et C-201/07, ECLI:EU:C:2008:579; arrêt du Tribunal du 19 mars 2010, Gollnisch/Parlement, T-42/06, ECLI:EU:T:2010:102; arrêt de la Cour de justice du 6 septembre 2011, Patriciello, C-163/10, ECLI: EU:C:2011:543; arrêt du Tribunal du 17 janvier 2013, Gollnisch/Parlement, T-346/11 et T-347/11, ECLI:EU:T:2013:23.


III Actes préparatoires

PARLEMENT EUROPÉEN

Mardi 12 avril 2016

15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/225


P8_TA(2016)0094

Produits originaires de certains États ACP ***I

Résolution législative du Parlement européen du 12 avril 2016 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil appliquant aux produits originaires de certains États appartenant au groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) les régimes prévus dans les accords établissant ou conduisant à établir des accords de partenariats économiques (refonte) (COM(2015)0282 — C8-0154/2015 — 2015/0128(COD))

(Procédure législative ordinaire — refonte)

(2018/C 058/25)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2015)0282),

vu l'article 294, paragraphe 2, et l'article 207, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auxquels la proposition lui a été présentée par la Commission (C8-0154/2015),

vu l'article 294, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 8 octobre 2015 (1),

vu l'accord interinstitutionnel du 28 novembre 2001 pour un recours plus structuré à la technique de la refonte des actes juridiques (2),

vu la lettre en date du 16 septembre 2015 de la commission des affaires juridiques adressée à la commission du commerce international conformément à l'article 104, paragraphe 3, de son règlement,

vu les articles 104 et 59 de son règlement,

vu le rapport de la commission du commerce international (A8-0010/2016),

A.

considérant que, de l'avis du groupe consultatif des services juridiques du Parlement européen, du Conseil et de la Commission, la proposition de la Commission ne contient aucune modification de fond autre que celles identifiées comme telles dans la proposition et que, en ce qui concerne la codification des dispositions inchangées des actes précédents avec ces modifications, la proposition se limite à une codification pure et simple des actes existants, sans modification de leur substance;

1.

arrête sa position en première lecture en faisant sienne la proposition de la Commission et en tenant compte des recommandations du groupe consultatif des services juridiques du Parlement européen, du Conseil et de la Commission;

2.

demande à la Commission de le saisir à nouveau, si elle entend modifier de manière substantielle cette proposition ou la remplacer par un autre texte;

3.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  JO C 32 du 28.1.2016, p. 23.

(2)  JO C 77 du 28.3.2002, p. 1.


P8_TC1-COD(2015)0128

Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 12 avril 2016 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2016/… du Parlement européen et du Conseil appliquant aux produits originaires de certains États appartenant au groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) les régimes prévus dans les accords établissant ou conduisant à établir des accords de partenariats économiques (refonte)

(Étant donné l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil, la position du Parlement correspond à l'acte législatif final, le règlement (UE) 2016/1076.)


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/227


P8_TA(2016)0095

Accord de partenariat dans le secteur de la pêche avec le Danemark et le Groenland: possibilités de pêche et contrepartie financière ***

Résolution législative du Parlement européen du 12 avril 2016 sur le projet de décision du Conseil relative à la conclusion au nom de l'Union européenne du protocole fixant les possibilités de pêche et la contrepartie financière prévues dans l'accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre la Communauté européenne, d'une part, et le gouvernement du Danemark et le gouvernement autonome du Groenland, d'autre part (11634/2015 — C8-0377/2015 — 2015/0152(NLE))

(Approbation)

(2018/C 058/26)

Le Parlement européen,

vu le projet de décision du Conseil (11634/2015),

vu le projet de protocole fixant les possibilités de pêche et la contrepartie financière prévues par l'accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre la Communauté européenne, d'une part, et le gouvernement du Danemark et le gouvernement autonome du Groenland, d'autre part (11633/2015),

vu la demande d'approbation présentée par le Conseil conformément à l'article 43, à l'article 218, paragraphe 6, deuxième alinéa, point a), et à l'article 218, paragraphe 7, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (C8-0377/2015),

vu l'article 99, paragraphe 1, premier et troisième alinéas, et paragraphe 2, ainsi que l'article 108, paragraphe 7, de son règlement,

vu la recommandation de la commission de la pêche et les avis de la commission du développement et de la commission des budgets (A8-0067/2016),

1.

donne son approbation à la conclusion du protocole;

2.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission, ainsi qu'aux gouvernements et aux parlements des États membres et du Groenland.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/228


P8_TA(2016)0096

Accord UE-Macao sur certains aspects des services aériens ***

Résolution législative du Parlement européen du 12 avril 2016 sur le projet de décision du Conseil relative à la conclusion de l'accord entre l'Union européenne et le gouvernement de la région administrative spéciale de Macao de la République populaire de Chine sur certains aspects des services aériens (05255/2014 — C8-0040/2015 — 2012/0015(NLE))

(Approbation)

(2018/C 058/27)

Le Parlement européen,

vu le projet de décision du Conseil (05255/2014),

vu le projet d'accord entre l'Union européenne et le gouvernement de la région administrative spéciale de Macao de la République populaire de Chine sur certains aspects des services aériens (08179/2012),

vu la demande d'approbation présentée par le Conseil conformément à l'article 100, paragraphe 2, à l'article 218, paragraphe 6, deuxième alinéa, point a), et à l'article 218, paragraphe 8, premier alinéa, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (C8-0040/2015),

vu l'article 99, paragraphe 1, premier et troisième alinéas, et l'article 99, paragraphe 2, ainsi que l'article 108, paragraphe 7, de son règlement,

vu la recommandation de la commission des transports et du tourisme (A8-0072/2016),

1.

donne son approbation à la conclusion de l'accord;

2.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission, ainsi qu'aux gouvernements et aux parlements des États membres et au gouvernement de la région administrative spéciale de Macao de la République populaire de Chine.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/229


P8_TA(2016)0097

Taux normal minimal de la TVA *

Résolution législative du Parlement européen du 12 avril 2016 sur la proposition de directive du Conseil modifiant la directive 2006/112/CE relative au système commun de taxe sur la valeur ajoutée en ce qui concerne la durée de l'obligation de respecter un taux normal minimal (COM(2015)0646 — C8-0009/2016 — 2015/0296(CNS))

(Procédure législative spéciale — consultation)

(2018/C 058/28)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Conseil (COM(2015)0646),

vu l'article 113 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auquel il a été consulté par le Conseil (C8-0009/2016),

vu l'article 59 de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires économiques et monétaires (A8-0063/2016),

1.

approuve la proposition de la Commission telle qu'amendée;

2.

regrette que la Commission ait publié sa proposition si tardivement, de sorte que l'application du taux normal minimal de TVA sera rétroactive;

3.

invite la Commission à modifier en conséquence sa proposition, conformément à l'article 293, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne;

4.

invite le Conseil, s'il entend s'écarter du texte approuvé par le Parlement, à en informer celui-ci;

5.

demande au Conseil de le consulter à nouveau, s'il entend modifier de manière substantielle la proposition de la Commission;

6.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.

Amendement 1

Proposition de directive

Article 1 — point 1

Directive 2006/112/CE

Article 97

Texte proposé par la Commission

Amendement

À partir du 1er janvier 2016 et jusqu'au 31 décembre 2017 , le taux normal ne peut être inférieur à 15 %.

À partir du 1er janvier 2016 et jusqu'au 31 décembre 2018 , le taux normal ne peut être inférieur à 15 %.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/230


P8_TA(2016)0098

Accord sur la coopération stratégique entre le Brésil et Europol *

Résolution législative du Parlement européen du 12 avril 2016 sur le projet de décision d'exécution du Conseil portant approbation de la conclusion, par l’Office européen de police (Europol), de l'accord sur la coopération stratégique entre la République fédérative du Brésil et Europol (13980/2015 — C8-0010/2016 — 2016/0801(CNS))

(Consultation)

(2018/C 058/29)

Le Parlement européen,

vu le projet du Conseil (13980/2015),

vu l'article 39, paragraphe 1, du traité sur l'Union européenne, tel que modifié par le traité d'Amsterdam, et l'article 9 du protocole no 36 sur les dispositions transitoires, conformément auxquels il a été consulté par le Conseil (C8-0010/2016),

vu la décision 2009/371/JAI du Conseil du 6 avril 2009 portant création de l'Office européen de police (Europol) (1), et notamment son article 23, paragraphe 2,

vu la décision 2009/934/JAI du Conseil du 30 novembre 2009 portant adoption des règles d'application régissant les relations d'Europol avec ses partenaires, notamment l'échange de données à caractère personnel et d'informations classifiées (2), et notamment ses articles 5 et 6,

vu la décision 2009/935/JAI du Conseil du 30 novembre 2009 établissant la liste des États et organisations tiers avec lesquels Europol conclut des accords (3),

vu l'article 59 et l'article 50, paragraphe 1, de son règlement,

vu le rapport de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (A8-0070/2016),

1.

approuve le projet du Conseil;

2.

invite le Conseil, s'il entend s'écarter du texte approuvé par le Parlement, à en informer celui-ci;

3.

demande au Conseil de le consulter à nouveau, s'il entend modifier de manière substantielle le texte approuvé par le Parlement;

4.

demande à la Commission d'évaluer, après l'entrée en vigueur du nouveau règlement relatif à Europol (2013/0091(COD)), les dispositions contenues dans l'accord de coopération; demande à la Commission d'informer le Parlement et le Conseil des conclusions de cette évaluation et, le cas échéant, de formuler une recommandation en vue d'autoriser l'ouverture d'une renégociation internationale de cet accord;

5.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'à Europol.


(1)  JO L 121 du 15.5.2009, p. 37.

(2)  JO L 325 du 11.12.2009, p. 6.

(3)  JO L 325 du 11.12.2009, p. 12.


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/231


P8_TA(2016)0101

Animaux reproducteurs et leurs produits germinaux ***I

Résolution législative du Parlement européen du 12 avril 2016 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif aux conditions zootechniques et généalogiques applicables aux échanges et aux importations dans l'Union d'animaux reproducteurs et de leurs produits germinaux (COM(2014)0005 — C7-0032/2014 — 2014/0032(COD))

(Procédure législative ordinaire: première lecture)

(2018/C 058/30)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2014)0005 — 2014/0032(COD)),

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2014)0004 — 2014/0033(COD)),

vu l'article 294, paragraphe 2, l’article 42 et l’article 43, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auxquels la proposition lui a été présentée par la Commission (C7-0032/2014),

vu l'article 294, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 25 mars 2014 (1),

après consultation du Comité des régions,

vu l'engagement pris par le représentant du Conseil, par lettre du 18 décembre 2015, d'approuver la position du Parlement européen, conformément à l'article 294, paragraphe 4, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'article 59 de son règlement,

vu le rapport de la commission de l'agriculture et du développement rural et l'avis de la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (A8-0288/2015),

1.

arrête la position en première lecture figurant ci-après;

2.

estime qu'en raison de l'incorporation du contenu de la proposition de la Commission COM(2014)0004 dans cette position, la procédure 2014/0033(COD) est éteinte;

3.

demande à la Commission de le saisir à nouveau, si elle entend modifier de manière substantielle sa proposition ou la remplacer par un autre texte;

4.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  JO C 226 du 16.7.2014, p. 70.


P8_TC1-COD(2014)0032

Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 12 avril 2016 en vue de l’adoption du règlement (UE) 2016/… du Parlement européen et du Conseil relatif aux conditions zootechniques et généalogiques applicables à l'élevage, aux échanges et à l'entrée dans l'Union de reproducteurs de race pure, de reproducteurs porcins hybrides et de leurs produits germinaux et modifiant le règlement (UE) no 652/2014 et les directives du Conseil 89/608/CEE et 90/425/CEE, et abrogeant certains actes dans le domaine de l'élevage d'animaux («règlement relatif à l'élevage d'animaux»)

(Étant donné l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil, la position du Parlement correspond à l'acte législatif final, le règlement (UE) 2016/1012.)


Mercredi 13 avril 2016

15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/232


P8_TA(2016)0111

Mobilisation du Fonds européen d’ajustement à la mondialisation: demande EGF/2015/009 SE/Volvo Trucks

Résolution du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil relative à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (demande de la Suède — EGF/2015/009 SE/Volvo Trucks) (COM(2016)0061 — C8-0033/2016 — 2016/2022(BUD))

(2018/C 058/31)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2016)0061 — C8-0033/2016),

vu le règlement (UE) no 1309/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 relatif au Fonds européen d'ajustement à la mondialisation pour la période 2014-2020 et abrogeant le règlement (CE) no 1927/2006 (1) (ci-après dénommé «règlement relatif au Fonds»),

vu le règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 du Conseil du 2 décembre 2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020 (2), et notamment son article 12,

vu l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (3) (ci-après dénommé «accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013»), et notamment son point 13,

vu la procédure de trilogue prévue au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013,

vu la lettre de la commission de l'emploi et des affaires sociales,

vu la lettre de la commission du développement régional,

vu le rapport de la commission des budgets (A8-0077/2016),

A.

considérant que l'Union a mis en place des instruments législatifs et budgétaires pour apporter une aide complémentaire aux travailleurs subissant les conséquences de modifications majeures de la structure du commerce mondial ou de la crise économique et financière mondiale, et pour les accompagner dans leur réinsertion sur le marché du travail;

B.

considérant que l'aide financière de l'Union aux travailleurs licenciés devrait être dynamique et fournie avec toute la rapidité et l'efficacité possibles, afin de faciliter le redéploiement et la réinsertion des travailleurs licenciés, conformément à la déclaration commune du Parlement européen, du Conseil et de la Commission adoptée lors de la réunion de conciliation du 17 juillet 2008, et dans le respect de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 en ce qui concerne l'adoption de décisions relatives à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (ci-après dénommé «Fonds»);

C.

considérant que l'adoption du règlement relatif au Fonds reflète l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil en vue de réintroduire le critère de mobilisation relatif à la crise, de fixer la contribution financière de l'Union à 60 % du coût total estimé des mesures proposées, d'accroître l'efficacité du traitement des demandes d'intervention du Fonds au sein de la Commission ainsi que par le Parlement et le Conseil en resserrant les délais d'évaluation et d'approbation, d'étendre les actions admissibles et les bénéficiaires potentiels aux indépendants et aux jeunes, et de financer des incitations pour que les bénéficiaires montent leur propre entreprise;

D.

considérant que la Suède a déposé la demande EGF/2015/009 SE/Volvo Trucks en vue d'obtenir une contribution financière du Fonds à la suite des licenciements intervenus dans le secteur économique relevant de la division 29 (Construction de véhicules automobiles, de remorques et semi-remorques) de la NACE Rév. 2, dans la région de niveau NUTS 2 du Norrland septentrional (SE33), et que 500 des 647 travailleurs licenciés susceptibles de bénéficier d'une contribution du Fonds devraient participer aux mesures; considérant que 470 des travailleurs ont été licenciés chez Volvo Group Truck Operation EMEA à la suite de restrictions au sein de l'usine d'Umeå, et que 177 autres ont été licenciés chez quatre fournisseurs ou producteurs en aval (IL Logistics AB, Lemia, Caverion et Isringhausen);

E.

considérant que la demande a été introduite au titre du critère d'intervention visé à l'article 4, paragraphe 1, point a), du règlement relatif au Fonds, qui exige qu'au moins 500 salariés soient licenciés sur une période de référence de quatre mois, dans une entreprise d'un État membre, y compris les salariés licenciés par les fournisseurs ou les producteurs en aval et/ou les travailleurs indépendants en cessation d'activité;

F.

considérant qu'en vertu de l'article 21, paragraphe 1, du règlement relatif au Fonds, le contrôle financier des actions bénéficiant de l'aide du Fonds relève de la responsabilité de l'État membre;

1.

convient avec la Commission que les conditions fixées à l'article 4, paragraphe 1, point a), du règlement relatif au Fonds sont remplies et que, par conséquent, la Suède a droit, au titre de ce règlement, à une contribution financière d'un montant de 1 793 710 EUR, ce qui représente 60 % du coût total de 2 989 518 EUR;

2.

relève que les autorités suédoises ont présenté la demande de contribution financière du Fonds le 16 septembre 2015 et que la Commission a clôturé son évaluation le 16 février 2016 et l'a communiquée au Parlement le même jour;

3.

regrette qu'en raison d'une pénurie exceptionnelle de personnel, la Commission n'ait pas pu achever l'examen de cette demande dans les délais; rappelle que, dans l'intérêt des bénéficiaires, l'aide devrait être mise à disposition le plus rapidement et le plus efficacement possible; invite les États membres et les institutions de l'Union participant aux décisions touchant au Fonds à tout mettre en œuvre pour réduire le temps de traitement et simplifier les procédures de manière à assurer l'adoption rapide et fluide des décisions relatives à la mobilisation du Fonds;

4.

souligne que le secteur de la construction de véhicules commerciaux n'est plus dominé par les constructeurs européens et nord-américains, en raison de l'émergence de constructeurs de camions asiatiques; souligne que la production de véhicules commerciaux lourds a reculé dans l'Union en 2014, comme les exportations de véhicules commerciaux lourds, de bus et d'autocars (qui ont baissé de 6,3 milliards d'euros, soit - 11 %), tandis que les importations totales de véhicules commerciaux dans l'Union ont augmenté (+10 %); souligne que l'industrie des poids lourds a eu des difficultés à accepter les grandes mutations et la nécessité de s'adapter dans un contexte de mondialisation croissante; souligne que les autorités suédoises font valoir que la délocalisation partielle de l'usine de Volvo Umeå est dictée par la nécessité d'accroître l'efficacité et de comprimer les coûts afin de faire face à la concurrence mondiale actuelle et future, dans le cadre du programme d'optimisation de Volvo;

5.

souligne que les licenciements constituent une épreuve dans la région du Västerbotten (dont Umeå est la capitale) étant donné que les offres d'emploi dans la région s'adressent à du personnel hautement qualifié tandis que la plupart des travailleurs visés n'ont qu'un niveau d'enseignement secondaire; souligne que la demande fait référence à un rapport récent indiquant que 40 000 travailleurs supplémentaires seront nécessaires dans la région de Västerbotten; se félicite des mesures visant les travailleurs qui ont besoin d'une formation spécialisée;

6.

invite les États membres à élaborer, en collaboration avec les partenaires sociaux, des stratégies visant à anticiper les mutations du marché du travail prévues et à protéger les emplois et les compétences disponibles au sein de l'Union, sur la base des analyses d'impact détaillées réalisées par la Commission pour chaque accord commercial;

7.

souligne que les jeunes qui ne font pas d'études, n'ont pas d'emploi et ne suivent pas de formation ne sont pas couverts par la demande en question, étant donné que cette région ne peut pas prétendre à ce type d'intervention dans le cadre de l'initiative pour l'emploi des jeunes;

8.

se félicite que les autorités suédoises aient commencé à proposer les services personnalisés aux travailleurs concernés le 30 janvier 2015, sans attendre la décision d'octroi d'un soutien du Fonds pour l'ensemble coordonné proposé;

9.

note que la Suède envisage les neuf types de mesures ci-après en faveur des travailleurs licenciés visés par la présente demande: i) analyse approfondie et planification individuelle, ii) diverses activités de recherche d'emploi et accompagnement, iii) motivation et mesures en matière de santé, iv) entrepreneuriat et création d'entreprise, v) éducation et formation, vi) validation des compétences, vii) aide à la recherche d'emploi fournie par des prestataires de services privés, viii) frais de voyage et frais connexes, ix) allocation de recherche d'emploi;

10.

se félicite des mesures portant sur la motivation et la santé des travailleurs; estime que ce type d'actions est nécessaire pour renforcer la motivation et aider les personnes dont la santé s'est détériorée à la suite de leur licenciement; se félicite, en outre, des mesures destinées à valider les compétences des participants;

11.

constate qu'un montant élevé sera consacré à des allocations et à des mesures d'incitation; souligne que le financement de ces mesures est limité à 35 % du coût total de l'ensemble coordonné de services personnalisés, tel que prévu dans le règlement relatif au Fonds, et que ces actions sont subordonnées à la participation active des bénéficiaires à des activités de recherche d'emploi ou de formation;

12.

attend une réponse de la Commission confirmant que l'allocation de recherche d'emploi proposée ne se substitue pas à l'obligation qu'ont les États membres de mettre en place des mesures actives de mise à l'emploi ou des mesures de protection sociale; appelle, par ailleurs, de ses vœux la réalisation d'une analyse de la complémentarité des mesures financées au titre du Fonds;

13.

souligne que l'ensemble coordonné des services personnalisés a été élaboré en consultation avec les bénéficiaires visés et leurs représentants ainsi qu'avec les acteurs publics locaux;

14.

rappelle que, conformément à l'article 7 du règlement relatif au Fonds, la conception de l'ensemble coordonné de services personnalisés devrait anticiper les futures perspectives sur le marché du travail et compétences requises et être compatible avec la transition vers une économie économe en ressources et durable;

15.

rappelle l'importance d'améliorer l'employabilité de tous les travailleurs grâce à une formation adaptée et à la reconnaissance des aptitudes et des compétences acquises tout au long de leur carrière professionnelle; escompte que la formation offerte dans l'ensemble coordonné de mesures soit adaptée non seulement aux besoins des travailleurs licenciés, mais aussi à l'environnement réel des entreprises et aux perspectives d'avenir des secteurs professionnels;

16.

demande à la Commission de détailler davantage, dans ses futures propositions, les secteurs dans lesquels les travailleurs sont susceptibles de trouver un emploi et d'indiquer si la formation offerte sera adaptée aux futures perspectives économiques et aux besoins du marché du travail des régions concernées par les licenciements;

17.

souligne que les autorités suédoises ont confirmé que les actions admissibles ne bénéficiaient d'aucune aide provenant d'autres instruments financiers de l'Union; demande une nouvelle fois à la Commission de présenter une évaluation comparative de ces données dans ses rapports annuels, afin d'assurer le respect intégral des règles existantes et de veiller à ce qu'il ne puisse y avoir de double emploi dans les services financés par l'Union;

18.

souligne qu'à ce jour, le secteur de la construction de véhicules automobiles, de remorques et semi-remorques a fait l'objet de 22 demandes d'intervention du Fonds, la présente demande comprise, douze d'entre elles étant fondées sur la mondialisation des échanges et dix sur la crise financière et économique mondiale;

19.

invite la Commission à évaluer avec soin les cas où un financement du Fonds est demandé pour faire face à des licenciements résultant de stratégies de délocalisation et à s'assurer que les entreprises concernées respectent pleinement les obligations qui leur incombent à l'égard des travailleurs licenciés en vertu du droit national ou des conventions collectives et que le Fonds est utilisé à titre de mesure complémentaire;

20.

rappelle que l'aide apportée par le Fonds ne doit pas se substituer aux actions relevant de la responsabilité des entreprises en vertu du droit national ou de conventions collectives, ni aux mesures de restructuration des entreprises ou des secteurs;

21.

se félicite de la procédure améliorée mise en place par la Commission à la suite de la demande du Parlement d'accélérer le déblocage des subventions; prend acte des contraintes de temps imposées par le nouveau calendrier ainsi que de l'impact potentiel sur l'efficacité de l'examen des dossiers;

22.

rappelle à la Commission la responsabilité et l'obligation qui lui incombent de fournir en temps utile des informations confirmant que l'allocation de recherche d'emploi proposée ne se substitue pas à l'obligation qu'ont les États membres de mettre en place des mesures actives de mise à l'emploi et des mesures de protection sociale ainsi qu'une analyse approfondie montrant que les mesures financées par le Fonds viennent compléter celles-ci;

23.

demande à la Commission de garantir l'accès du public à l'ensemble des documents relatifs à des demandes d'intervention du Fonds;

24.

approuve la décision annexée à la présente résolution;

25.

charge son Président de signer cette décision avec le Président du Conseil et d'en assurer la publication au Journal officiel de l'Union européenne;

26.

charge son Président transmettre la présente résolution, y compris son annexe, au Conseil et à la Commission.


(1)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 855.

(2)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 884.

(3)  JO C 373 du 20.12.2013, p. 1.


ANNEXE

DÉCISION DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL

relative à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (demande de la Suède — EGF/2015/009 SE/Volvo Trucks)

(Le texte de la présente annexe n'est pas reproduit étant donné qu'il correspond à l'acte final, la décision (UE) 2016/618.)


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/237


P8_TA(2016)0112

Mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation: EGF/2016/000 TA 2016/Assistance technique sur l'initiative de la Commission

Résolution du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil relative à la mobilisation du Fonds européen d’ajustement à la mondialisation (EGF/2016/000 TA 2016 — Assistance technique sur l’initiative de la Commission) (COM(2016)0078 — C8-0095/2016 — 2016/2025(BUD))

(2018/C 058/32)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2016)0078 — C8-0095/2016),

vu le règlement (UE) no 1309/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 relatif au Fonds européen d'ajustement à la mondialisation pour la période 2014-2020 et abrogeant le règlement (CE) no 1927/2006 (1) (ci-après dénommé «règlement relatif au Fonds»),

vu le règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 du Conseil du 2 décembre 2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020 (2), et notamment son article 12,

vu l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (3) (ci-après dénommé «accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013»), et notamment son point 13,

vu sa résolution du 24 juin 2015 sur la proposition de décision du Parlement européen et du Conseil concernant la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation, conformément au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (demande EGF/2015/000 TA 2015 — Assistance technique sur l'initiative de la Commission) (4),

vu la procédure de trilogue prévue au point 13 de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013,

vu la lettre de la commission de l'emploi et des affaires sociales,

vu le rapport de la commission des budgets (A8-0078/2016),

A.

considérant que l'Union a mis en place des instruments législatifs et budgétaires pour apporter une aide complémentaire aux travailleurs subissant les conséquences de modifications majeures de la structure du commerce mondial ou de la crise économique et financière mondiale, et pour les accompagner dans leur réinsertion sur le marché du travail;

B.

considérant que l'aide de l'Union aux travailleurs licenciés devrait être dynamique et fournie avec toute la rapidité et l'efficacité possibles, conformément à la déclaration commune du Parlement européen, du Conseil et de la Commission adoptée lors de la réunion de conciliation du 17 juillet 2008, et dans le respect de l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 en ce qui concerne l'adoption de décisions relatives à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (ci-après dénommé «Fonds»);

C.

considérant que l'adoption du règlement relatif au Fonds reflète l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil en vue de réintroduire le critère de mobilisation relatif à la crise, de porter la contribution financière de l'Union à 60 % du coût total estimé des mesures proposées, d'accroître l'efficacité du traitement des demandes d'intervention du Fonds au sein de la Commission ainsi que par le Parlement et le Conseil en resserrant les délais d'évaluation et d'approbation, d'étendre les actions admissibles et les bénéficiaires potentiels aux indépendants et aux jeunes et de financer des incitations pour que les bénéficiaires montent leur propre entreprise;

D.

considérant que le montant maximal du budget annuel disponible pour le Fonds s'élève à 150 millions d'euros (aux prix de 2011) et que, conformément à l'article 11, paragraphe 1, du règlement relatif au Fonds, 0,5 % de ce montant (soit 828 060 EUR en 2016) peut être affecté, sur l'initiative de la Commission, à l'assistance technique pour financer les activités de préparation, de surveillance, de collecte de données et de création d'une base de connaissances, le soutien administratif et technique, les activités d'information et de communication ainsi que les activités d'audit, de contrôle et d'évaluation nécessaires à l'application du règlement relatif au Fonds;

E.

considérant que le Parlement européen a maintes fois souligné qu'il fallait renforcer la valeur ajoutée, l'efficacité et l'employabilité des bénéficiaires du Fonds en tant qu'instrument de la solidarité de l'Union à l'égard des salariés licenciés;

F.

considérant que la somme proposée de 380 000 EUR correspond à environ 0,23 % du montant maximal du budget annuel disponible pour le Fonds en 2016;

1.

salue les mesures proposées par la Commission à titre d'assistance technique afin de financer les tâches visées à l'article 11, paragraphes 1 et 4, et à l'article 12, paragraphes 2, 3 et 4, du règlement relatif au Fonds;

2.

rappelle l'importance de développer des réseaux et d'échanger des informations sur le Fonds; est favorable, dès lors, au financement du groupe d'experts des personnes de contact du Fonds et aux séminaires de développement de réseaux consacrés à la mise en œuvre du Fonds; espère que cet échange d'informations contribuera également à l'élaboration de rapports de meilleure qualité et plus détaillés sur le taux de réussite des mesures soutenues par le Fonds dans les États membres, en particulier sur la portée et le taux de réemploi des bénéficiaires; appuie également toutes les initiatives en faveur d'une participation renforcée et de la consultation des autorités locales qui gèrent quotidiennement les mesures soutenues par le Fonds;

3.

se félicite de la poursuite des travaux sur la mise en place de procédures normalisées pour les demandes d'intervention du Fonds et la gestion du Fonds qui s'appuient sur les fonctionnalités du système électronique d'échange de données (SFC2014), lequel permet de simplifier et d'accélérer le traitement des demandes ainsi que d'améliorer les rapports; note que la Commission entend faire une priorité de la préparation et de la finalisation du module concernant les rapports finaux relatifs à la mise en œuvre de chaque contribution financière du Fonds en 2016; relève cependant que les coûts du processus lié au SFC2014, financés sur le budget du Fonds, restent relativement élevés;

4.

se félicite de l'intégration de l'élaboration des rapports dans le système électronique d'échange de données (SFC2014); considère que cela allégera la charge administrative pour les États membres et facilitera l'utilisation des rapports à des fins d'évaluation;

5.

relève que la procédure visant à intégrer le Fonds dans le SFC2014 est en cours depuis plusieurs années et que les coûts pertinents du Fonds ont été relativement élevés; considère que ce niveau devra être maintenu pendant une année supplémentaire et qu'ensuite le coût de la gestion diminuera;

6.

regrette que la Commission n'ait pas présenté l'état de l'avancement de l'intégration au système SFC2014 depuis début 2011 jusqu'en 2014, comme le Parlement l'a demandé dans sa résolution du 24 juin 2015 sur la proposition d'assistance technique en 2015; rappelle à la Commission de présenter l'état d'avancement comme demandé, y compris les récents développements;

7.

est d'avis que le SFC2014 pourrait également être utilisé pour permettre à la Commission de recueillir des données détaillées sur l'incidence des financements versés au titre du Fonds, en particulier quant au taux de réemploi des personnes licenciées qui ont bénéficié de cette aide; insiste sur le fait de disposer d'une meilleure évaluation du type et de la qualité des emplois trouvés et sur la tendance à moyen et à long terme en ce qui concerne le taux de réintégration atteint par les interventions du Fonds;

8.

se félicite que la Commission ait décidé d'investir 70 000 EUR du budget disponible au titre de l'assistance technique pour, notamment, améliorer le suivi et l'évaluation des retombées de l'aide apportée au titre du Fonds pour chacun des participants; recommande:

que le budget consacré au suivi et à l'évaluation soit utilisé pour apprécier les retombées à long terme pour les bénéficiaires du Fonds, l'effectivité et l'efficacité de l'aide apportée sur le terrain, ainsi que pour effectuer une analyse approfondie des changements économiques qui sont à l'origine des licenciements des bénéficiaires du Fonds;

que le coordinateur du Fonds et l'État membre fournissent des données fiables et complètes sur les retombées en matière d'emploi pour les bénéficiaires douze mois après la mise en œuvre des mesures. Il conviendrait que la Commission agrège ces données, y compris les taux de réemploi des bénéficiaires, et les mette à la disposition du Parlement et du Conseil;

que des informations plus détaillées sur les mesures prises en faveur des différents participants soient consignées et communiquées clairement de façon, par exemple, à permettre une évaluation plus claire du rapport coûts-avantages des différentes mesures, notamment dans la perspective de coûts administratifs plus élevés (actions relevant de l'article 7, paragraphe 4, du règlement relatif au Fonds);

que l'approbation des rapports finaux et la clôture finale s'accompagnent de la fourniture d'informations complètes sur les retombées pour les bénéficiaires (à un niveau agrégé);

9.

insiste sur la nécessité de renforcer les liens entre tous les acteurs intervenant dans les demandes relatives au Fonds dont, en particulier, les partenaires sociaux et les autres acteurs à l'échelon régional ou local, pour produire un maximum de synergies; souligne que les interactions entre la personne de contact au niveau national et les partenaires chargés de la mise en œuvre au niveau régional ou local devraient être renforcées et que les dispositions en matière d'appui et de communication ainsi que les flux d'informations (divisions internes, tâches et responsabilités) devraient être explicites et convenus par tous les partenaires concernés;

10.

demande une fois encore à la Commission de convier le Parlement, dans des délais raisonnables, aux réunions et aux séminaires du groupe d'experts conformément aux dispositions correspondantes de l'accord-cadre sur les relations entre le Parlement européen et la Commission européenne (5);

11.

prie la Commission de motiver sa décision de sous-traiter à un partenaire externe l'évaluation à mi-parcours requise à l'article 20, paragraphe 1, point a), du règlement relatif au Fonds; demande à la Commission de décider de la marche à suivre en fonction d'une analyse coûts-avantages clairement axée sur l'objectivité, les résultats, la valeur ajoutée, l'employabilité et l'efficacité;

12.

demande à la Commission d'intégrer à l'évaluation à mi-parcours du Fonds tous les aspects concernant le rapport coût-efficacité de l'ensemble des projets du Fonds, des données concernant les aides financières directes ainsi que des suggestions pour l'amélioration de la participation des États membres au Fonds et la création de synergies avec les mesures prises au titre du FSE ou de programmes nationaux; fait remarquer qu'il convient de s'employer, en complément de cet exercice, à mettre en place une base de données complète sur les résultats des interventions du Fonds; réclame un débat sur les résultats de l'évaluation à mi-parcours, dans le but de déterminer si le Fonds est l'outil le plus efficace pour relever les défis en matière de licenciement;

13.

invite la Commission à inclure une analyse qualitative et quantitative de l'aide apportée par le Fonds aux jeunes âgés de 25 ans ou moins qui ne travaillent pas et ne suivent pas d'études ou de formation, et de prolonger cette mesure au-delà de décembre 2017, de manière permanente et durable en proposant un nouveau règlement relatif au Fonds, notamment dans la perspective de l'application de la garantie pour la jeunesse et au vu de la crise actuelle du chômage des jeunes;

14.

insiste sur l'importance de faire mieux connaître le Fonds au grand public et d'accroître sa notoriété; rappelle aux États membres présentant des demandes qu'ils sont tenus, en vertu de l'article 12 du règlement relatif au Fonds, d'assurer la publicité des actions financées par le Fonds auprès des bénéficiaires visés, des autorités, des partenaires sociaux, des médias et du grand public;

15.

invite les États membres et l'ensemble des institutions concernées à consentir les efforts nécessaires pour améliorer encore les dispositions pratiques en matière de procédure et de budget, de façon à renforcer l'efficacité du Fonds; relève, à cet égard, que le Parlement rédige actuellement un rapport d'initiative sur la base de l'évaluation de la Commission afin de dresser le bilan du fonctionnement du règlement relatif au Fonds et des demandes examinées;

16.

se félicite de la procédure améliorée mise en place par la Commission à la suite de la demande du Parlement d'accélérer le déblocage des subventions; prend acte des contraintes de temps imposées par le nouveau calendrier ainsi que de l'impact potentiel sur l'efficacité de l'examen des dossiers; invite les États membres à recourir plus souvent à l'aide de la Commission avant de présenter les demandes formelles;

17.

invite les États membres et toutes les institutions concernées à défendre une utilisation plus large de la dérogation pour les seuils d'admissibilité en favorisant aussi les PME, l'extension des périodes de référence, ainsi que la possibilité d'inclure les travailleurs licenciés en offrant des services aux travailleurs licenciés de l'entreprise de référence, contribuant ainsi à une utilisation plus efficace et adéquate du Fonds;

18.

demande aux États membres de faire apparaître plus clairement la plus-value des financements du Fonds et les liens de celui-ci avec les autres fonds, et d'examiner les moyens les plus adéquats par lesquels le Fonds pourrait créer une valeur ajoutée, assurer des synergies avec d'autres fonds et éviter les déplacements et chevauchements;

19.

approuve la décision annexée à la présente résolution;

20.

charge son Président de signer cette décision avec le Président du Conseil et d'en assurer la publication au Journal officiel de l'Union européenne;

21.

charge son Président de transmettre la présente résolution, y compris son annexe, au Conseil et à la Commission.


(1)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 855.

(2)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 884.

(3)  JO C 373 du 20.12.2013, p. 1.

(4)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0237.

(5)  JO L 304 du 20.11.2010, p. 47.


ANNEXE

DÉCISION DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL

relative à la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (EGF/2016/000 TA 2016 — Assistance technique sur l'initiative de la Commission)

(Le texte de la présente annexe n'est pas reproduit étant donné qu'il correspond à l'acte final, la décision (UE) 2016/619.)


15.2.2018   

FR

Journal officiel de l'Union européenne

C 58/242


P8_TA(2016)0113

Projet de budget rectificatif no 1/2016: nouvel instrument destiné à fournir une aide d'urgence au sein de l'Union

Résolution du Parlement européen du 13 avril 2016 relative à la position du Conseil sur le projet de budget rectificatif no 1/2016 de l'Union européenne pour l'exercice 2016, nouvel instrument destiné à fournir une aide d'urgence au sein de l'Union (07068/2016 — C8-0122/2016 — 2016/2037(BUD))

(2018/C 058/33)

Le Parlement européen,

vu l'article 314 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'article 106 bis du traité instituant la Communauté européenne de l'énergie atomique,

vu le règlement (UE, Euratom) no 966/2012 du Parlement européen et du Conseil du 25 octobre 2012 relatif aux règles financières applicables au budget général de l'Union et abrogeant le règlement (CE, Euratom) no 1605/2002 du Conseil (1), et notamment son article 41,

vu le budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2016, définitivement adopté le 25 novembre 2015 (2),

vu le règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 du Conseil du 2 décembre 2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020 (3),

vu l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (4),

vu la décision 2007/436/CE, Euratom du Conseil du 7 juin 2007 relative au système des ressources propres des Communautés européennes (5),

vu le règlement (UE) 2016/369 du Conseil du 15 mars 2016 relatif à la fourniture d'une aide d'urgence au sein de l'Union (6),

vu le projet de budget rectificatif no 1/2016, adopté par la Commission le 9 mars 2016 (COM(2016)0152),

vu la position sur le projet de budget rectificatif no 1/2016, adoptée par le Conseil le 16 mars 2016 et transmise au Parlement européen le 17 mars 2016 (07068/2016 — C8-0122/2016),

vu la lettre de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures,

vu les articles 88 et 91 de son règlement,

vu le rapport de la commission des budgets (A8-0130/2016),

A.

considérant que l'afflux massif de réfugiés et de migrants en Europe a créé une situation exceptionnelle dans laquelle un grand nombre de personnes ont besoin d'une assistance humanitaire d'urgence dans l'Union; que cette situation d'urgence a dépassé les limites de la capacité de réaction des États membres les plus touchés; que l'Union ne disposait d'aucun instrument approprié pour répondre aux besoins humanitaires des populations victimes de catastrophes au sein de l'Union;

B.

considérant que, le 2 mars 2016, la Commission a présenté une proposition de règlement du Conseil visant à combler le vide existant dans la palette des instruments disponibles afin de pourvoir aux besoins humanitaires sur le territoire de l'Union; que ce règlement se fonde sur l'article 122, paragraphe 1, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, qui ne prévoit pas de rôle pour le Parlement européen; que le règlement (UE) 2016/369 a été adopté par le Conseil le 15 mars 2016;

C.

considérant que la Commission a ensuite proposé un projet de budget rectificatif destiné à créer la structure budgétaire nécessaire à cet instrument et à mettre à disposition, grâce à un redéploiement au sein de la rubrique 3 du cadre financier pluriannuel (CFP), 100 millions d'euros en crédits d'engagement et 80,2 millions d'euros en crédits de paiement pour les besoins de financement immédiats;

D.

considérant que la Commission estime que 300 millions d'euros seraient nécessaires en 2016 pour ce nouvel instrument (et, ensuite, 200 millions d'euros en 2017 et 200 millions d'euros en 2018), mais que d'autres besoins pourraient survenir si les flux de migrants et de réfugiés se maintenaient au niveau actuel;

E.

considérant que la Commission propose également de renforcer les effectifs du centre européen de la lutte contre le terrorisme au sein d'Europol et de prévoir les crédits d'engagement et de paiement correspondants pour un montant de 2,0 millions d'euros provenant d'un redéploiement à partir du Fonds pour la sécurité intérieure;

1.

se félicite de la proposition de la Commission visant à prévoir, dans le budget de l'Union, la possibilité de fournir une aide d'urgence sur le territoire de l'Union afin de faire face aux conséquences humanitaires de la crise actuelle des réfugiés; souligne la détérioration de la situation des migrants et des demandeurs d'asile, notamment en raison du manque de coordination entre les pays européens, ce qui rend une telle aide d'urgence d'autant plus nécessaire et urgente; insiste sur la nécessité de se montrer solidaire avec les États membres qui rencontrent une telle situation d'urgence sur leur territoire;

2.

prend acte de la solution proposée par la Commission en tant que mesure d'urgence; relève qu'après la création de deux fonds fiduciaires et d'une facilité en faveur des réfugiés en Turquie, un nouveau mécanisme ad hoc a été mis en place sans prévoir de stratégie d'ensemble pour faire face à la crise des réfugiés et sans veiller au respect intégral des prérogatives du Parlement en tant que colégislateur; attire l'attention sur le problème posé par le fait que le nouvel instrument ne repose pas sur une proposition de règlement de la Commission dans le cadre de la procédure législative ordinaire; souligne que le Parlement a toujours agi de manière constructive et rapide pour apporter son soutien à toutes les initiatives liées à la crise des réfugiés, ce qu'il continue de faire en adoptant sans délai ce budget rectificatif;

3.

considère qu'il convient d'envisager un cadre juridique et budgétaire plus durable afin, à l'avenir, de pouvoir mobiliser l'aide humanitaire au sein de l'Union lorsque les circonstances l'exigent; fait observer qu'un tel financement d'urgence, destiné à répondre aux crises et aux situations imprévues, devrait, de par sa nature même, être couvert par des instruments spéciaux et être comptabilisé en dehors des plafonds du CFP;

4.

se félicite de l'engagement pris par la Commission de ne pas réaffecter des crédits issus du budget de l'aide humanitaire externe; relève que la Commission propose de financer la première tranche destinée au nouvel instrument grâce à un redéploiement des crédits du Fonds «Asile, migration et intégration» (FAMI), qui visaient déjà à assurer un partage des charges entre les États membres en ce qui concerne la prise en charge des réfugiés; estime que l'intégralité du montant ne peut être couverte par des redéploiements sans que cela ne porte atteinte au fonctionnement du FAMI, qui sera mis sous pression cette année et qui pourrait nécessiter de nouveaux renforcements si le mécanisme de relocalisation atteint sa vitesse de croisière; considère, dès lors, ce montant de 100 millions d'euros comme un engagement anticipé de crédits qui devra être compensé ultérieurement; relève qu'il ne subsiste aucune marge dans la rubrique 3 et que l'enveloppe prévue pour l'instrument de flexibilité est déjà totalement épuisée en 2016; soutient dès lors la mobilisation de la marge pour imprévus pour le montant restant pour cette année, dès que cela sera nécessaire, et invite la Commission à présenter une proposition à cet effet; prévoit qu'une révision à la hausse des plafonds du CFP pour la rubrique 3 sera inévitable afin de faire face à l'ensemble des besoins liés à la crise des réfugiés et des migrants;

5.

approuve la proposition d'augmentation des effectifs du centre européen de la lutte contre le terrorisme au sein d'Europol compte tenu de la situation actuelle en matière de sécurité dans l'Union européenne; observe que ces augmentations s'ajoutent à celles qui ont déjà fait l'objet d'un accord dans le cadre de la récente révision du cadre juridique d'Europol;

6.

prie instamment la Commission d'exclure toutes les agences concernées par la migration et la sécurité au sens large de l'objectif de réduction de 5 % du personnel, étant donné qu'elles sont toutes en sous-effectif en raison de l'important surcroît de travail et de tâches ces deux dernières années; demande à la Commission de garantir un équilibre entre les agences relevant de la justice et des affaires intérieures en ce qui concerne leur charge de travail et leurs tâches;

7.

affirme qu'il est déterminé à adopter le projet de budget rectificatif no 1/2016 tel que présenté par la Commission, au vu de l'urgence de la situation;

8.

approuve la position du Conseil sur le projet de budget rectificatif no 1/2016;

9.

charge son Président de constater que le budget rectificatif no 1/2016 est définitivement adopté et d'en assurer la publication au Journal officiel de l'Union européenne;

10.

charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la Cour des comptes ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  JO L 298 du 26.10.2012, p. 1.

(2)  JO L 48 du 24.2.2016.

(3)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 884.

(4)  JO C 373 du 20.12.2013, p. 1.

(5)  JO L 163 du 23.6.2007, p. 17.

(6)  JO L 70 du 16.3.2016, p. 1.


15.2.2018   

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Journal officiel de l'Union européenne

C 58/245


P8_TA(2016)0114

Nomination d'un membre de la Cour des comptes — Samo Jereb

Décision du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la nomination proposée de Samo Jereb comme membre de la Cour des comptes (C8-0025/2016 — 2016/0804(NLE))

(Consultation)

(2018/C 058/34)

Le Parlement européen,

vu l'article 286, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auquel il a été consulté par le Conseil (C8-0025/2016),

vu l'article 121 de son règlement,

vu le rapport de la commission du contrôle budgétaire (A8-0060/2016),

A.

considérant que sa commission du contrôle budgétaire a évalué les qualifications du candidat proposé, en particulier au regard des conditions énoncées à l'article 286, paragraphe 1, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne;

B.

considérant que, lors de sa réunion du 15 mars 2016, la commission du contrôle budgétaire a procédé à l’audition du candidat proposé par le Conseil à la fonction de membre de la Cour des comptes;

1.

rend un avis favorable sur la proposition du Conseil de nommer Samo Jereb membre de la Cour des comptes;

2.

charge son Président de transmettre la présente décision au Conseil et, pour information, à la Cour des comptes ainsi qu'aux autres institutions de l'Union européenne et aux institutions de contrôle des États membres.


15.2.2018   

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Journal officiel de l'Union européenne

C 58/246


P8_TA(2016)0115

Nomination d'un membre de la Cour des comptes — Mihails Kozlovs

Décision du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la nomination proposée de Mihails Kozlovs comme membre de la Cour des comptes (C8-0411/2015 — 2015/0814(NLE))

(Consultation)

(2018/C 058/35)

Le Parlement européen,

vu l'article 286, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auquel il a été consulté par le Conseil (C8-0411/2015),

vu l'article 121 de son règlement,

vu le rapport de la commission du contrôle budgétaire (A8-0059/2016),

A.

considérant que sa commission du contrôle budgétaire a évalué les qualifications du candidat proposé, en particulier au regard des conditions énoncées à l'article 286, paragraphe 1, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne;

B.

considérant que, lors de sa réunion du 15 mars 2016, la commission de contrôle budgétaire a procédé à l’audition du candidat proposé par le Conseil à la fonction de membre de la Cour des comptes;

1.

rend un avis favorable sur la proposition du Conseil de nommer Mihails Kozlovs membre de la Cour des comptes;

2.

charge son Président de transmettre la présente décision au Conseil et, pour information, à la Cour des comptes ainsi qu'aux autres institutions de l'Union européenne et aux institutions de contrôle des États membres.


15.2.2018   

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C 58/247


P8_TA(2016)0116

Nomination d'un membre de la Cour des comptes — Jan Gregor

Décision du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la nomination proposée de Jan Gregor comme membre de la Cour des comptes (C8-0412/2015 — 2015/0815(NLE))

(Consultation)

(2018/C 058/36)

Le Parlement européen,

vu l'article 286, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auquel il a été consulté par le Conseil (C8-0412/2015),

vu l'article 121 de son règlement,

vu le rapport de la commission du contrôle budgétaire (A8-0057/2016),

A.

considérant que sa commission du contrôle budgétaire a évalué les qualifications du candidat proposé, en particulier au regard des conditions énoncées à l'article 286, paragraphe 1, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne;

B.

considérant que, lors de sa réunion du 15 mars 2016, la commission du contrôle budgétaire a procédé à l’audition du candidat proposé par le Conseil à la fonction de membre de la Cour des comptes;

1.

rend un avis favorable sur la proposition du Conseil de nommer Jan Gregor membre de la Cour des comptes;

2.

charge son Président de transmettre la présente décision au Conseil et, pour information, à la Cour des comptes ainsi qu'aux autres institutions de l'Union européenne et aux institutions de contrôle des États membres.


15.2.2018   

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C 58/248


P8_TA(2016)0117

Nomination d'un membre de la Cour des comptes — Ladislav Balko

Décision du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la nomination proposée de Ladislav Balko comme membre de la Cour des comptes (C8-0413/2015 — 2015/0816(NLE))

(Consultation)

(2018/C 058/37)

Le Parlement européen,

vu l'article 286, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auquel il a été consulté par le Conseil (C8-0413/2015),

vu l'article 121 de son règlement,

vu le rapport de la commission du contrôle budgétaire (A8-0055/2016),

A.

considérant que sa commission du contrôle budgétaire a évalué les qualifications du candidat proposé, en particulier au regard des conditions énoncées à l'article 286, paragraphe 1, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne;

B.

considérant que, lors de sa réunion du 15 mars 2016, la commission du contrôle budgétaire a procédé à l’audition du candidat proposé par le Conseil à la fonction de membre de la Cour des comptes;

1.

rend un avis favorable sur la proposition du Conseil de nommer Ladislav Balko membre de la Cour des comptes;

2.

charge son Président de transmettre la présente décision au Conseil et, pour information, à la Cour des comptes ainsi qu'aux autres institutions de l'Union européenne et aux institutions de contrôle des États membres.


15.2.2018   

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Journal officiel de l'Union européenne

C 58/249


P8_TA(2016)0118

Nomination d'un membre de la Cour des comptes — Janusz Wojciechowski

Décision du Parlement européen du 13 avril 2016 sur la nomination proposée de Janusz Wojciechowski comme membre de la Cour des comptes (C8-0414/2015 — 2015/0817(NLE))

(Consultation)

(2018/C 058/38)

Le Parlement européen,

vu l'article 286, paragraphe 2, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auquel il a été consulté par le Conseil (C8-0414/2015),

vu l'article 121 de son règlement,

vu le rapport de la commission du contrôle budgétaire (A8-0061/2016),

A.

considérant que sa commission du contrôle budgétaire a évalué les qualifications du candidat proposé, en particulier au regard des conditions énoncées à l'article 286, paragraphe 1, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne;

B.

considérant que, lors de sa réunion du 15 mars 2016, la commission du contrôle budgétaire a procédé à l’audition du candidat proposé par le Conseil à la fonction de membre de la Cour des comptes;

1.

rend un avis défavorable sur la proposition du Conseil de nommer Janusz Wojciechowski membre de la Cour des comptes;

2.

charge son Président de transmettre la présente décision au Conseil et, pour information, à la Cour des comptes ainsi qu'aux autres institutions de l'Union européenne et aux institutions de contrôle des États membres.


Jeudi 14 avril 2016

15.2.2018   

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Journal officiel de l'Union européenne

C 58/250


P8_TA(2016)0124

Décision de ne pas faire objection à un acte délégué: modalités de certaines dispositions du code des douanes de l'Union

Décision du Parlement européen de ne pas faire objection au règlement délégué de la Commission du 5 avril 2016 rectifiant le règlement délégué (UE) 2015/2446 de la Commission complétant le règlement (UE) no 952/2013 du Parlement européen et du Conseil au sujet des modalités de certaines dispositions du code des douanes de l'Union (C(2016)01934 — 2016/2639(DEA))

(2018/C 058/39)

Le Parlement européen,

vu le règlement délégué de la Commission (C(2016)01934),

vu la lettre de la Commission du 11 mars 2016, par laquelle celle-ci lui demande de déclarer qu'il ne fera pas objection au règlement délégué,

vu la lettre de la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs au président de la Conférence des présidents des commissions, en date du 7 avril 2016,

vu l'article 290 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu le règlement (UE) no 952/2013 du Parlement européen et du Conseil du 9 octobre 2013 établissant le code des douanes de l'Union (1), et notamment son article 160 et son article 284, paragraphe 5,

vu la recommandation de décision de la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs,

vu l'article 105, paragraphe 6, de son règlement,

vu qu'aucune opposition n'a été exprimée dans le délai prévu à l'article 105, paragraphe 6, troisième et quatrième tirets, de son règlement, qui expirait le 13 avril 2016,

A.

considérant que, après la publication du règlement délégué (UE) 2015/2446 (2), deux erreurs ont été détectées;

B.

considérant que la première erreur concerne la déclaration en douane présumée prévue par l'article 139 du règlement délégué (UE) 2015/2446 pour certains types de marchandises visés à l'article 136, paragraphe 1, de ce règlement; que l'ordre des marchandises répertoriées à l'article 136 du règlement délégué (UE) 2015/2446 a été modifié au cours de l'examen final de ce règlement en amont de son adoption mais que, par erreur, les références à ces marchandises dans l'article 139 du règlement délégué n'ont pas été mises à jour; considérant qu'il convient par conséquent de corriger les références en question;

C.

considérant que la seconde erreur concerne l'article 141, paragraphe 1, du règlement délégué (UE) 2015/2446; que l'article 233, paragraphe 1, point b), du règlement (CEE) no 2454/93 de la Commission (3), qui dispose que, dans un nombre limité de cas très spécifiques, l'acte de franchissement de frontière est considéré comme une déclaration en douane aux fins de l'importation provisoire, de l'exportation ou de la réexportation, n'a pas été inclus dans le règlement délégué (UE) 2015/2446 et qu'il est donc impossible de déclarer certaines marchandises par le seul acte de franchissement de frontière du territoire douanier de l'Union; qu'il convient, par conséquent, de corriger l'article 141, paragraphe 1, du règlement délégué (UE) 2015/2446;

D.

considérant que ces deux erreurs auront une incidence sur les flux commerciaux ainsi que de lourdes répercussions pour les autorités douanières si elles n'étaient pas corrigées avant le 1er mai 2016, lorsque le règlement (UE) no 952/2013 entrera en vigueur;

E.

considérant que le règlement délégué ne peut entrer en vigueur qu'au terme de la période d'examen dévolue au Parlement et au Conseil, si le Parlement ou le Conseil n'a exprimé aucune objection ou si, avant l'expiration de ce délai, le Parlement européen et le Conseil ont tous deux informé la Commission de leur intention de ne pas exprimer d'objections; qu'en vertu de l'article 284, paragraphe 5, du règlement (UE) no 952/2013, la période d'examen est fixée à deux mois à compter de la date de notification de l'acte, à savoir jusqu'au 5 juin 2016, et qu'elle peut être prolongée de deux mois supplémentaires;

F.

considérant toutefois que, en raison de l'urgence de la question, la Commission a demandé, le 11 mars 2016, que le Parlement avalise plus tôt le règlement délégué, avant le 1er mai 2016;

1.

déclare ne pas faire objection au règlement délégué;

2.

charge son Président de transmettre la présente décision au Conseil et à la Commission.


(1)  JO L 269 du 10.10.2013, p. 1.

(2)  Règlement délégué (UE) 2015/2446 de la Commission du 28 juillet 2015 complétant le règlement (UE) no 952/2013 du Parlement européen et du Conseil au sujet des modalités de certaines dispositions du code des douanes de l’Union (JO L 343 du 29.12.2015, p. 1).

(3)  Règlement (CEE) no 2454/93 de la Commission, du 2 juillet 1993, fixant certaines dispositions d'application du règlement (CEE) no 2913/92 du Conseil établissant le code des douanes communautaire (JO L 253 du 11.10.1993, p. 1).


15.2.2018   

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Journal officiel de l'Union européenne

C 58/252


P8_TA(2016)0125

Protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel ***II

Résolution législative du Parlement européen du 14 avril 2016 sur la position du Conseil en première lecture en vue de l'adoption du règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données, et abrogeant la directive 95/46/CE (règlement général sur la protection des données) (05419/1/2016 — C8-0140/2016 — 2012/0011(COD))

(Procédure législative ordinaire: deuxième lecture)

(2018/C 058/40)

Le Parlement européen,

vu la position du Conseil en première lecture (05419/1/2016 — C8-0140/2016),

vu les avis motivés soumis, par la Chambre des représentants belge, le Bundesrat allemand, le Sénat français, la Chambre des députés italienne et le Parlement suédois, dans le cadre du protocole no 2 sur l'application des principes de subsidiarité et de proportionnalité, déclarant que le projet d'acte législatif n'est pas conforme au principe de subsidiarité,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 23 mai 2012 (1),

vu l'avis du Comité des régions du 10 octobre 2012 (2),

vu les avis du Contrôleur européen de la protection des données du 7 mars 2012 (3) et du 19 novembre 2015 (4),

vu l'avis de la Commission (COM(2016)0214),

vu sa position en première lecture (5) sur la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2012)0011),

vu l'article 294, paragraphe 7, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'article 76 de son règlement,

vu la recommandation pour la deuxième lecture de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (A8-0139/2016),

1.

approuve la position du Conseil en première lecture;

2.

constate que l'acte est adopté conformément à la position du Conseil;

3.

charge son Président de signer l'acte, avec le Président du Conseil, conformément à l'article 297, paragraphe 1, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne;

4.

charge son secrétaire général de signer l'acte, après qu'il a été vérifié que toutes les procédures ont été dûment accomplies, et de procéder, en accord avec le secrétaire général du Conseil, à sa publication au Journal officiel de l'Union européenne;

5.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  JO C 229 du 31.7.2012, p. 90.

(2)  JO C 391 du 18.12.2012, p. 127.

(3)  JO C 192 du 30.6.2012, p. 7.

(4)  JO C 67 du 20.2.2016, p. 13.

(5)  Textes adoptés du 12.3.2014, P8_TA(2014)0212.


15.2.2018   

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Journal officiel de l'Union européenne

C 58/253


P8_TA(2016)0126

Traitement des données à caractère personnel à des fins de prévention des infractions pénales ***II

Résolution législative du Parlement européen du 14 avril 2016 sur la position du Conseil en première lecture en vue de l'adoption de la directive du Parlement européen et du Conseil relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel par les autorités compétentes à des fins de prévention et de détection des infractions pénales, d'enquêtes et de poursuites en la matière ou d'exécution de sanctions pénales, et à la libre circulation de ces données, et abrogeant la décision-cadre 2008/977/JAI du Conseil (05418/1/2016 — C8-0139/2016 — 2012/0010(COD))

(Procédure législative ordinaire: deuxième lecture)

(2018/C 058/41)

Le Parlement européen,

vu la position du Conseil en première lecture (05418/1/2016 — C8-0139/2016),

vu les avis motivés soumis par le Bundesrat allemand et le Parlement suédois, dans le cadre du protocole no 2 sur l'application des principes de subsidiarité et de proportionnalité, déclarant que le projet d'acte législatif n'est pas conforme au principe de subsidiarité,

vu l'avis du Comité des régions du 10 octobre 2012 (1),

vu les avis du Contrôleur européen de la protection des données du 7 mars 2012 (2) et du 19 novembre 2015 (3),

vu l'avis de la Commission (COM(2016)0213),

vu sa position en première lecture (4) sur la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2012)0010),

vu l'article 294, paragraphe 7, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'article 76 de son règlement,

vu la recommandation pour la deuxième lecture de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (A8-0138/2016),

1.

approuve la position du Conseil en première lecture;

2.

constate que l'acte est adopté conformément à la position du Conseil;

3.

charge son Président de signer l'acte, avec le Président du Conseil, conformément à l'article 297, paragraphe 1, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne;

4.

charge son secrétaire général de signer l'acte, après qu'il a été vérifié que toutes les procédures ont été dûment accomplies, et de procéder, en accord avec le secrétaire général du Conseil, à sa publication au Journal officiel de l'Union européenne;

5.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  JO C 391 du 18.12.2012, p. 127.

(2)  JO C 192 du 30.6.2012, p. 7.

(3)  JO C 67 du 20.2.2016, p. 13.

(4)  Textes adoptés du 12.3.2014, P8_TA(2014)0219.


15.2.2018   

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Journal officiel de l'Union européenne

C 58/254


P8_TA(2016)0127

Utilisation des données des dossiers passagers (UE-PNR) ***I

Résolution législative du Parlement européen du 14 avril 2016 sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil relative à l'utilisation des données des dossiers passagers pour la prévention et la détection des infractions terroristes et des formes graves de criminalité, ainsi que pour les enquêtes et les poursuites en la matière (COM(2011)0032 — C7-0039/2011 — 2011/0023(COD))

(Procédure législative ordinaire: première lecture)

(2018/C 058/42)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2011)0032),

vu l'article 294, paragraphe 2, l'article 82, paragraphe 1, deuxième alinéa, point d), et l'article 87, paragraphe 2, point a), du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auxquels la proposition lui a été présentée par la Commission (C7-0039/2011),

vu l'article 294, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu les contributions présentées par le Parlement bulgare, le Sénat tchèque, le Bundesrat allemand, le Sénat italien, la Première Chambre néerlandaise, le Conseil national autrichien, le Parlement portugais et le Sénat roumain sur le projet d'acte législatif,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 5 mai 2011 (1),

vu l'avis du Contrôleur européen de la protection des données du 25 mars 2011 (2),

vu l'arrêt rendu le 8 avril 2014 par la Cour de justice dans les affaires jointes C-293/12 et C-594/12, Digital Rights Ireland et Seitlinger e.a. (3),

vu la directive 95/46/CE du Parlement européen et du Conseil, du 24 octobre 1995, relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données (4),

vu l'engagement pris par le représentant du Conseil, par lettre du 7 décembre 2015, d'approuver la position du Parlement européen, conformément à l'article 294, paragraphe 4, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu les articles 59 et 188 de son règlement,

vu le rapport de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures et les avis de la commission des affaires étrangères ainsi que de la commission des transports et du tourisme (A7-0150/2013),

vu la décision de la Conférence des présidents du 18 septembre 2014 sur les questions en instance à la fin de la septième législature,

vu le deuxième rapport de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures et les avis de la commission des affaires étrangères ainsi que de la commission des transports et du tourisme (A8-0248/2015),

1.

arrête la position en première lecture figurant ci-après;

2.

demande à la Commission de le saisir à nouveau, si elle entend modifier de manière substantielle sa proposition ou la remplacer par un autre texte;

3.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  JO C 218 du 23.7.2011, p. 107.

(2)  JO C 181 du 22.6.2011, p. 24.

(3)  Arrêt de la Cour de justice du 8 avril 2014, Digital Rights Ireland et Seitlinger e.a., affaires jointes C-293/12 et C-594/12, ECLI:EU:C:2014:238.

(4)  JO L 281 du 23.11.1995, p. 31.


P8_TC1-COD(2011)0023

Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 14 avril 2016 en vue de l’adoption de la directive (UE) 2016/… du Parlement européen et du Conseil relative à l'utilisation des données des dossiers passagers (PNR) pour la prévention et la détection des infractions terroristes et des formes graves de criminalité, ainsi que pour les enquêtes et les poursuites en la matière

(Étant donné l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil, la position du Parlement correspond à l'acte législatif final, la directive (UE) 2016/681.)


15.2.2018   

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C 58/256


P8_TA(2016)0131

Protection des secrets d'affaires contre l'obtention, l'utilisation et la divulgation illicites ***I

Résolution législative du Parlement européen du 14 avril 2016 sur la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil sur la protection des savoir-faire et des informations commerciales non divulgués (secrets d'affaires) contre l'obtention, l'utilisation et la divulgation illicites (COM(2013)0813 — C7-0431/2013 — 2013/0402(COD))

(Procédure législative ordinaire: première lecture)

(2018/C 058/43)

Le Parlement européen,

vu la proposition de la Commission au Parlement européen et au Conseil (COM(2013)0813),

vu l'article 294, paragraphe 2, et l'article 114 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, conformément auxquels la proposition lui a été présentée par la Commission (C7-0431/2013),

vu l’article 294, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'avis du Comité économique et social européen du 25 mars 2014 (1),

vu l'engagement pris par le représentant du Conseil, par lettre du 18 décembre 2015, d'approuver la position du Parlement européen, conformément à l'article 294, paragraphe 4, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu l'article 59 de son règlement,

vu le rapport de la commission des affaires juridiques ainsi que les avis de la commission de l'industrie, de la recherche et de l'énergie et de la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs (A8–0199/2015),

1.

arrête la position en première lecture figurant ci-après;

2.

demande à la Commission de le saisir à nouveau, si elle entend modifier de manière substantielle sa proposition ou la remplacer par un autre texte;

3.

charge son Président de transmettre la position du Parlement au Conseil et à la Commission ainsi qu'aux parlements nationaux.


(1)  JO C 226 du 16.7.2014, p. 48.


P8_TC1-COD(2013)0402

Position du Parlement européen arrêtée en première lecture le 14 avril 2016 en vue de l’adoption de la directive (UE) 2016/… du Parlement européen et du Conseil sur la protection des savoir-faire et des informations commerciales non divulgués (secrets d'affaires) contre l'obtention, l'utilisation et la divulgation illicites

(Étant donné l'accord intervenu entre le Parlement et le Conseil, la position du Parlement correspond à l'acte législatif final, la directive (UE) 2016/943.)


15.2.2018   

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C 58/257


P8_TA(2016)0132

État prévisionnel des recettes et des dépenses du Parlement européen pour l'exercice 2017

Résolution du Parlement européen du 14 avril 2016 sur l'état prévisionnel des recettes et des dépenses du Parlement européen pour l'exercice 2017 (2016/2019(BUD))

(2018/C 058/44)

Le Parlement européen,

vu l'article 314 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne,

vu le règlement (UE, Euratom) no 966/2012 du Parlement européen et du Conseil du 25 octobre 2012 relatif aux règles financières applicables au budget général de l'Union et abrogeant le règlement (CE, Euratom) no 1605/2002 du Conseil (1), et notamment son article 36,

vu le règlement (UE, Euratom) no 1311/2013 du Conseil du 2 décembre 2013 fixant le cadre financier pluriannuel pour la période 2014-2020 (2),

vu l'accord interinstitutionnel du 2 décembre 2013 entre le Parlement européen, le Conseil et la Commission sur la discipline budgétaire, la coopération en matière budgétaire et la bonne gestion financière (3),

vu le règlement (UE, Euratom) no 1023/2013 du Parlement européen et du Conseil du 22 octobre 2013 modifiant le statut des fonctionnaires de l'Union européenne et le régime applicable aux autres agents de l'Union européenne (4),

vu sa résolution du 28 octobre 2015 relative à la position du Conseil sur le projet de budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2016 (5),

vu sa résolution du 25 novembre 2015 sur le projet commun de budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2016, approuvé par le comité de conciliation dans le cadre de la procédure budgétaire (6),

vu le rapport du Secrétaire général au Bureau en vue de l'établissement de l'avant-projet d'état prévisionnel du Parlement pour l'exercice 2017,

vu l'avant-projet d'état prévisionnel établi par le Bureau le 11 avril 2016 conformément à l'article 25, paragraphe 7, et à l'article 96, paragraphe 1, du règlement du Parlement,

vu le projet d'état prévisionnel établi par la commission des budgets conformément à l'article 96, paragraphe 2, du règlement du Parlement,

vu les articles 96 et 97 de son règlement,

vu le rapport de la commission des budgets (A8-0131/2016),

A.

considérant qu'il s'agit de la deuxième procédure budgétaire complète menée au cours de la nouvelle législature et de la quatrième procédure du cadre financier pluriannuel 2014-2020;

B.

considérant que le budget 2017, tel que proposé par le Secrétaire général dans son rapport, serait marqué par la poursuite et l'intensification de la politique de l'institution consistant à réaliser des gains d'efficacité dans tous les domaines possibles sans nuire à la qualité de l'environnement de travail des députés et du personnel;

C.

considérant que le Secrétaire général a proposé quatre objectifs prioritaires pour le budget 2017, à savoir: la sécurité et la cybersécurité, supprimer progressivement les mesures dérogatoires en ce qui concerne la langue irlandaise, les mesures en cours pour donner plus de moyens aux députés dans l'exercice de leur mandat et rendre le Parlement plus attrayant pour le public et les visiteurs;

D.

considérant que, compte tenu de l'évolution du contexte politique et des conditions de sécurité à la suite des attentats terroristes en Europe, la procédure budgétaire 2017 devrait donner lieu à un renforcement de la sécurité et de la cybersécurité du Parlement;

E.

considérant qu'un budget de 1 910 073 000 EUR a été proposé par le Secrétaire général pour l'avant-projet d'état prévisionnel du Parlement pour 2017, ce qui représente une hausse globale de 3,9 % par rapport au budget 2016, dont 1,7 % est considéré comme correspondant à des dépenses ordinaires, et constituerait 19,26 % de la rubrique 5 du CFP 2014-2020;

F.

considérant qu'entre 2017 et 2022, la dérogation entraînant la non-traduction de tous les documents officiels en irlandais sera progressivement supprimée, ce qui implique que tous les documents officiels seront également traduits en irlandais, et que 3,7 millions d'euros en dépenses extraordinaires supplémentaires sont proposés pour respecter cette nouvelle exigence linguistique, ce qui correspond à 0,2 % de la hausse globale;

G.

considérant que des investissements extraordinaires supplémentaires à hauteur de 47,6 millions d'euros sont requis pour renforcer la sécurité et la cybersécurité, ce qui correspond à 2,6 % de la hausse globale;

H.

considérant que les taux d'inflation ont constamment diminués depuis 2011; que le taux d'inflation réel sur les lieux de travail du Parlement en 2015 et en 2016 était inférieur au taux réel d'augmentation de son budget;

I.

considérant que près de 60 % du budget se compose de dépenses indexées qui, pour la plupart, ont trait aux rémunérations des députés et du personnel, adaptées conformément au statut des fonctionnaires, et d'obligations contractuelles, qui correspondent à des indexations sectorielles, qui sont généralement plus élevées que le taux d'inflation normal;

J.

considérant que, dans sa résolution du 29 avril 2015 sur l'état prévisionnel des recettes et des dépenses du Parlement européen pour l'exercice 2016 (7), le Parlement a souligné que le budget pour 2016 devrait s'appuyer sur des bases réalistes et respecter les principes de discipline budgétaire et de bonne gestion financière;

K.

considérant que la crédibilité du Parlement européen en tant que branche de l'autorité budgétaire dépend en grande partie de sa capacité à maîtriser ses propres dépenses;

L.

considérant que, le 26 octobre 2015, le Bureau a adopté une série de règles nouvelles applicables à la gestion de l'indemnité d'assistance parlementaire, lesquelles renforcent les exigences relatives au remboursement des contrats conclus avec des assistants locaux, notamment en affectant au moins 25 % de l'indemnité aux dépenses d'assistants accrédités;

Cadre général

1.

souligne que la part du budget du Parlement en 2017 devrait être maintenue sous les 20 % de la rubrique 5; relève que le niveau de l'avant-projet d'état prévisionnel pour 2017, tel qu'indiqué dans la position du Bureau du 9 mars 2016, correspondait à 19,26 %, taux inférieur à celui de 2016 (19,39 %) et deuxième taux le plus bas depuis huit ans pour la rubrique 5; réduit encore sa part dans la rubrique 5 pour atteindre 19,17 % pour 2017;

2.

considère, cependant, que, compte tenu du ralentissement de l'activité économique dans les États membres, le taux d'inflation prévu pour 2017 ne devrait pas être considéré comme la principale référence pour les hausses des dépenses ordinaires;

3.

confirme que des dépenses extraordinaires, représentant, par rapport au budget 2016, une augmentation de 0,2 % pour la suppression progressive des mesures dérogatoires temporaires relatives à l'utilisation de la langue irlandaise qui avaient été fixées par le règlement (CE) no 920/2005 du Conseil du 13 juin 2005 (8), ont été demandées;

4.

prend note de la demande d'une augmentation de 2,6 % pour la sécurité et la cybersécurité, ce qui ferait plus que doubler les moyens alloués en 2016; demande instamment au Secrétaire général de communiquer à la commission des budgets des informations détaillées, de manière transparente, sur les mesures actuelles et imminentes en matière de sécurité et de cybersécurité, ainsi que la ventilation de leur coût;

5.

approuve l'enveloppe des dépenses extraordinaires pour les investissements en matière de sécurité en 2017 à la suite de l'analyse présentée au Bureau en février 2016 et complétée par l'évaluation réalisée après les événements du 22 mars 2016 (47,6 millions d'euros) et l'enveloppe des dépenses extraordinaires liées à la suppression progressive de la dérogation temporaire relative à l'utilisation de la langue irlandaise (3,7 millions d'euros);

6.

limite l'augmentation de ses dépenses ordinaires pour 2017, sans tenir compte des deux enveloppes extraordinaires, à 1,4 % par rapport aux dépenses ordinaires du budget 2016, et à 0,6 % par rapport au budget 2016;

7.

fixe le niveau total de son état prévisionnel pour 2017 à 1 900 873 000 EUR, ce qui correspond à une augmentation totale de 3,4 % par rapport au budget 2016;

8.

souligne que le Parlement doit disposer des moyens suffisants pour exercer sa mission première de législateur et d'autorité budgétaire; souligne que, dans le contexte économique actuel, ces ressources doivent être gérées avec rigueur, pragmatisme et efficacité; fait observer que, si la volonté de garantir un niveau de financement suffisant du Parlement est appropriée pour l'exercice de la démocratie européenne, les efforts visant à chercher des moyens de réaliser des économies et à rendre encore plus efficace l'utilisation des fonds publics devraient être fortement encouragés;

9.

souligne que la majeure partie du budget du Parlement et son indexation annuelle sont fixées par des obligations légales ou contractuelles que le Parlement ne peut pas influencer au cours de la procédure budgétaire;

Transparence, accessibilité et lisibilité

10.

demande au Secrétaire général d'avancer une proposition visant à présenter le budget au public sur le site internet du Parlement avec un degré de précision approprié et de manière intelligible et conviviale, afin de permettre à tous les citoyens de mieux comprendre les activités et les priorités du Parlement ainsi que la dynamique des dépenses correspondante; estime qu'une première étape pourrait être de publier sur le site internet du Parlement les informations graphiques qui sont actuellement disponibles sur l'intranet;

11.

estime que, comme dans le cas de la procédure budgétaire, il convient de transmettre toute information pertinente aux membres du Bureau et de la commission des budgets à chaque étape de la procédure en temps utile, de manière intelligible et avec suffisamment de données détaillées et ventilées, afin de permettre au Bureau, à la commission des budgets et aux groupes politiques de procéder à des délibérations en bonne et due forme et d'avoir une vision complète de l'état et des besoins du budget du Parlement pour prendre des décisions en connaissance de cause;

12.

souligne la nécessité de faire preuve de précision et de transparence quant à l'évolution du budget d'une année à l'autre; considère que si certaines dépenses extraordinaires, par exemple en faveur de la sécurité, se justifient dans le budget 2017, le recours de plus en plus fréquent à des dépenses extraordinaires annuelles pose problème en termes de contrôle et de stabilité budgétaires; demande une définition plus précise des dépenses extraordinaires; estime que, dans un souci de responsabilité et de comparabilité des données dans le budget général, il convient d'évaluer si les dépenses extraordinaires doivent être comprises dans la base de calcul de la différence de pourcentage entre les budgets d'une année à l'autre;

13.

plaide une nouvelle fois en faveur d'une programmation budgétaire à moyen terme et à long terme faisant une distinction claire entre les investissements et les dépenses opérationnelles relatives au fonctionnement du Parlement et à ses obligations statutaires (notamment sur les loyers et les acquisitions), conformément à sa résolution du 29 avril 2015 sur son état prévisionnel des recettes et des dépenses pour l'exercice 2016 (9) et demande par conséquent une modification de la présentation séparant clairement les dépenses d'investissement et de fonctionnement;

14.

salue le Bureau et la DG ITEC pour la nouvelle présentation des pages personnelles des députés sur le site officiel du Parlement car elles offrent plus de transparence sur la composition et le statut de leur équipe (création d'un nouvel onglet «assistant» comportant les sous-rubriques suivantes: assistants, assistants accrédités, assistants accrédités (groupements), assistants locaux, prestataires de services, tiers payants, stagiaires); demande au Secrétaire général de procéder aux contrôles nécessaires à la mise en œuvre des nouvelles règles applicables à l'indemnité d'assistance parlementaire adoptées par le Bureau le 26 octobre 2015;

15.

demande que, tous les cinq ans au minimum, le budget soit établi sur la base des besoins réels de chaque poste et non selon un système de coefficients;

Sécurité et cybersécurité

16.

plaide en faveur d'une programmation budgétaire à moyen terme et à long terme, comportant des informations claires en ce qui concerne les dépenses relatives à la sécurité et à la cybersécurité; invite en outre le Bureau, compte tenu des événements récents, à mettre à jour et à communiquer au plus vite le concept de sécurité globale, et ce pour juin 2016 au plus tard;

17.

estime qu'en la matière, toute mesure devrait être fondée sur une évaluation précise des besoins du Parlement et de la proportionnalité par rapport aux risques encourus; invite le Secrétaire général et le Bureau à présenter à la commission des budgets, en temps voulu avant la lecture du Parlement sur le budget 2017, un concept de sécurité globale comprenant une évaluation globale des risques présumés et des mesures de sécurité envisagées ainsi que des autres options possibles, accompagnée d'une analyse détaillée de leur incidence budgétaire sur le budget 2017 et les budgets suivants, présentant une distinction claire entre les investissements et les dépenses récurrentes, ainsi qu'à détailler les mesures envisagées pour renforcer la sécurité du Parlement à l'intérieur de ses bâtiments et au-dehors, ainsi que l'impact de ces mesures sur le budget 2017; demande des informations sur les conséquences financières de l'accord de coopération administrative interinstitutionnelle dans le domaine de la sécurité;

18.

demande au Secrétaire général de déterminer s'il est nécessaire de revoir les contrats d'assurance existants (pour les députés et le personnel) à la lumière des menaces terroristes et, le cas échéant, de soumettre des propositions pour combler les éventuelles lacunes;

19.

estime que la sécurité en dehors des bâtiments du Parlement devrait continuer d'être assurée par les autorités belges;

Donner plus de moyens aux députés dans l'exercice de leur mandat

20.

prend acte des mesures en cours pour donner plus de moyens aux députés dans l'exercice de leur mandat;

21.

salue l'extension du portail des députés (e-Portal), mais, dans le cadre de l'initiative visant à se débarrasser du support papier, invite toutefois le Secrétaire général à réaliser des améliorations en ce qui concerne le système actuel consistant à envoyer une copie papier des bordereaux de paiement aux députés, en vue de le supprimer à terme avant la fin de l'année 2017; estime qu'il convient que le portail des députés offre par défaut cette fonctionnalité par voie électronique à tous les députés, ce qui permettrait de réaliser des économies considérables de temps et d'argent;

22.

se félicite de l'amélioration de la qualité des conseils prodigués aux députés et aux commissions et des travaux de recherche qui leur sont fournis; rappelle qu'une évaluation à mi-parcours de l'efficacité de la coopération entre le service de recherche du Parlement européen (EPRS) et les départements thématiques était prévue lors de la création de l'EPRS en 2013; demande dès lors au Secrétaire général de réaliser une telle évaluation et d'en présenter les résultats à la commission des budgets avant la fin de l'année 2016; estime que cette évaluation doit contenir des propositions visant à ce que l'appui fourni par l'EPRS soit le mieux articulé possible avec les évolutions dans les commissions thématiques respectives, tout en répondant aux besoins des différents députés, et ne fasse pas double emploi avec les activités des départements thématiques ou n'encourage pas la concurrence entre services;

23.

estime qu'il y a lieu d'évaluer les besoins des députés dans leurs circonscriptions respectives, compte tenu de leurs différences, afin de leur permettre de mieux s'acquitter de leurs activités dans leurs circonscriptions; estime que des espaces de travail mobiles pour les députés ainsi qu'une assistance pour les députés dans leurs circonscriptions devraient se fonder sur une évaluation des besoins réels et de l'utilisation et ne devraient pas engendrer de coûts supplémentaires significatifs ou récurrents pour le Parlement; insiste pour qu'aucun équipement informatique ne soit fourni étant donné que l'indemnité de frais généraux offre des moyens suffisants pour acheter du matériel de pointe; s'interroge quant à la nécessité de développer un espace de travail mobile privé pour les députés, étant donné que cela ne semble pas correspondre pas à la manière dont les députés et leurs bureaux s'organisent;

24.

convient que les outils informatiques constituent, pour les députés, des instruments importants dans l'exercice de leurs fonctions; rappelle cependant la nécessité de permettre l'installation de logiciels libres, qui engendrerait d'importantes économies dans les frais de communication et améliorerait le flux de travail des bureaux des députés, tout en tenant compte de la cybersécurité et en assurant la protection des données;

25.

demande que la possibilité de signer électroniquement tout type de documents internes, tels que les formulaires et les déclarations écrites, soit généralisée et que, parallèlement, la fiabilité et la sécurité soient garanties; demande d'évaluer la possibilité de mettre en place un système de vérification de type TAN sur les portables des députés; estime par ailleurs qu'il y a lieu de décourager l'utilisation du télécopieur et de l'éliminer progressivement, sur décision individuelle des députés;

26.

salue la réforme récente des questions écrites supplémentaires adoptée le 3 septembre 2015 par la commission des affaires constitutionnelles à la demande de la commission des budgets lors de l'adoption du budget du Parlement pour 2016; demande au Secrétaire général de procéder aux contrôles nécessaires à la mise en œuvre de cette nouvelle interprétation; invite la Conférence des présidents à effectuer une évaluation de ce nouveau régime des questions écrites en ce qui concerne les questions supplémentaires afin d'analyser les économies réalisées, et à informer la commission des budgets des résultats de cette analyse pour août 2016 au plus tard, avant la lecture du budget par le Parlement à l'automne 2016;

27.

juge qu'il est approprié de maintenir les crédits pour les dépenses relatives à l'assistance parlementaire pour 2017 au même niveau que pour 2016, moyennant une indexation juridiquement contraignante applicable en vertu du statut des fonctionnaires;

28.

estime que la description actuelle des activités parlementaires des députés sur le site internet du Parlement n'est pas suffisamment précise et qu'elle ne reflète pas les activités et la participation réelles des députés; propose d'abandonner le recours actuel au classement des sites internet et d'améliorer les informations relatives aux activités des différents députés figurant sur le site internet officiel du Parlement; demande une évaluation de la présentation, notamment des explications de vote et des interventions d'une minute, y compris de la possibilité qu'elles se trouvent indiquées de manière séparée des interventions en plénière, ainsi qu'une évaluation de la valeur ajoutée des explications de vote et des autres options possibles; attend du groupe de travail compétent du Bureau en charge de ces questions qu'il présente son programme et ses conclusions à la commission des budgets dès qu'ils seront disponibles;

Frais et indemnités des députés

29.

demande une nouvelle fois au Bureau de définir des règles plus précises en matière de responsabilité pour les dépenses autorisées au titre de l'indemnité de frais généraux, qui pourraient comprendre des mesures présentant un bon rapport coût-efficacité telles que la publication par les députés du relevé de leurs dépenses, ce qui est déjà pratiqué par un nombre croissant de députés, et qui pourraient s'accompagner d'un système simplifié de remboursement des fonds inutilisés; rappelle que ces mesures ne doivent pas nécessiter de ressources humaines supplémentaires dans l'administration du Parlement;

Politique immobilière

30.

rappelle que la stratégie immobilière à moyen terme, adoptée par le Bureau en 2010, est en cours de révision; déplore que le Bureau n'ait pas encore conclu ses délibérations concernant la stratégie immobilière du Parlement à moyen terme; invite le Secrétaire général à présenter à la commission des budgets la nouvelle stratégie immobilière à moyen terme dans les meilleurs délais et au plus tard en août 2016, avant la lecture du budget par le Parlement à l'automne 2016;

31.

demande au Bureau de présenter une stratégie immobilière à long terme pour le Parlement; rappelle que les investissements à long terme, tels que les projets immobiliers du Parlement, doivent faire l'objet d'une gestion prudente et transparente; insiste sur la nécessité de faire preuve de rigueur dans la gestion des coûts ainsi que dans la planification et le suivi des projets; demande une nouvelle fois d'assurer la transparence du processus décisionnel dans le domaine de la politique immobilière, sur la base d'une information précoce, dans le strict respect de l'article 203 du règlement financier; estime qu'un rapport sur les raisons du retard et de l'augmentation des coûts de la Maison de l'histoire européenne doit être intégré dans la stratégie immobilière à long terme;

32.

demande une traduction budgétaire fidèle de la situation du parc immobilier du Parlement; demande en ce sens que le coût du bâtiment KAD apparaisse clairement dans le budget final du Parlement, et qu'à l'avenir les investissements immobiliers soient budgétisés afin d'éviter le recours à la technique du ramassage;

33.

estime que, dans le contexte économique actuel, aucun nouveau projet de Parlementarium ne devrait être mis en chantier sans la consultation et l'approbation préalables de la commission des budgets;

34.

propose dès lors d'avoir recours, dès 2018, à une nouvelle ligne budgétaire spécifique pour les investissements dans les constructions immobilières, qui se servirait des fonds proposés en 2017 pour les dépenses extraordinaires comme base de financement en 2018;

35.

propose, compte tenu des circonstances extraordinaires en 2017 qui nécessitent des investissements importants dans les infrastructures de sécurité, d'employer tous les fonds non utilisés à la fin de l'année 2017 pour payer les frais de construction du bâtiment KAD afin d'éviter le plus possible de devoir rembourser aux banques des taux d'intérêts pour les emprunts contractés afin de financer la construction;

36.

demande davantage d'informations sur le statu quo du projet de rénovation du bâtiment PHS; demande que ce projet de rénovation fasse l'objet d'une étude qui sera examinée par le Bureau; attend du Bureau qu'il tienne compte de l'importance d'assurer des conditions de travail saines et sûres au moment de fixer le calendrier des travaux de rénovation; demande au Bureau d'informer rapidement la commission des budgets à toutes les étapes; invite, dans ce contexte, le Bureau à préparer le terrain pour la transformation du bâtiment PHS en construction exemplaire et à la pointe en termes d'efficacité énergétique et à procéder rapidement à sa modernisation;

37.

invite les vice-présidents compétents à présenter à la commission des budgets un rapport sur l'état d'avancement du bâtiment KAD;

38.

estime que les réformes structurelles et organisationnelles destinées à améliorer l'efficacité, la viabilité environnementale et l'efficience devraient se poursuivre par l'examen approfondi de toutes les synergies et de toutes les économies possibles; rappelle que des économies considérables pourraient être réalisées si le Parlement disposait d'un seul lieu de travail au lieu de trois (Bruxelles, Strasbourg et Luxembourg); souligne que cet examen devrait avoir lieu sans nuire à l'excellence législative du Parlement, à ses compétences budgétaires, à ses compétences de contrôle ou à la qualité des conditions de travail des députés, des assistants et du personnel;

Questions relatives au personnel

39.

salue la proposition de réduire son tableau des effectifs de 60 postes en 2017, dans la logique de l'accord conclu avec le Conseil sur le projet de budget général de l'Union européenne pour l'exercice 2016, approuvé par le comité de conciliation dans le cadre de la procédure budgétaire le 14 novembre 2015;

40.

rappelle que le niveau total des effectifs des groupes politiques doit être exempté de la réduction visée de 5 % du personnel, prévue dans les décisions concernant les exercices financiers 2014, 2015 et 2016;

41.

soutient la demande de création de postes supplémentaires pour la traduction et l'interprétation en langue irlandaise; exempte ces nouveaux postes de la réduction visée de 5 %, conformément à la recommandation formulée par la Commission; demande au Secrétaire général de consulter les députés irlandais afin d'évaluer la possibilité de rationaliser l'utilisation de la langue irlandaise sans toutefois porter atteinte aux droits garantis aux députés;

42.

soutient la création d'une interprétation en langue des signes internationale de l'ensemble des débats de plénière afin de rendre au moins ceux-ci réellement accessibles à tous les citoyens européens;

43.

salue les progrès accomplis en termes d'efficacité des services d'interprétation et de traduction; reconnaît la qualité et la valeur ajoutée des prestations fournies par les interprètes; demande que le Secrétaire général et les représentants des interprètes parviennent rapidement à un accord durable assurant à la fois des conditions de travail de qualité et une gestion efficace, afin d'éviter que les interprètes ne se trouvent confrontés à des situations de déséquilibre en termes d'heures de travail et d'insécurité en général, en tenant compte des droits sociaux; demande au Secrétaire général de présenter davantage de propositions de rationalisation, par exemple en faveur d'un recours accru à la traduction et à l'interprétation à la demande, en particulier pour les activités des intergroupes du Parlement européen; considère que le système de profilage linguistique utilisé depuis octobre 2014 pour les amendements en commission offre un exemple des gains d'efficacité qui peuvent être réalisés et développés plus avant; estime que l'interprétation et la traduction sont au centre d'une démocratie européenne ouverte à tous, et appelle en ce sens à ne concéder aucune réforme qui nuise à l'accessibilité la plus large et la plus inclusive aux activités et documents du Parlement;

44.

demande au Bureau d'évaluer et, le cas échéant, de réviser les règles régissant le statut des stagiaires, notamment en prévoyant une rémunération minimale et en harmonisant les tarifs des services de restauration proposés à tous les stagiaires, aussi bien ceux employés au sein de l'administration du Parlement que dans les bureaux des députés, de manière à garantir l'égalité de traitement et la protection des droits sociaux des stagiaires;

45.

demande au Bureau de réviser les règles régissant le remboursement des frais de mission liés aux déplacements entre les différents lieux de travail du Parlement et engagés par les assistants parlementaires accrédités afin de les aligner sur les règles applicables au reste du personnel;

46.

estime qu'il convient de mettre en place une troisième procédure pour permettre de mettre fin par consentement mutuel à un contrat liant un député à un assistant;

Services de chauffeurs/mobilité

47.

émet des réserves concernant la proposition d'internaliser le service de chauffeurs et de remplacer le prestataire externe par des agents contractuels du Parlement, qui engendrera approximativement 3,7 millions d'euros de dépenses supplémentaires immédiates; considère qu'un marché extérieur bien organisé et conclu selon les règles de marchés publics en vigueur, par lequel le contractant externe est clairement tenu d'assumer la responsabilité des contrôles de sécurité et de la vérification des antécédents ainsi que de garantir des conditions de travail et une rémunération décentes, devrait être considéré comme une solution de remplacement possible; ne serait disposé à considérer une internalisation que si les coûts engendrés à ce titre n'excèdent pas les coûts liés au système actuel et à condition d'assurer des conditions de travail et une rémunération décentes aux chauffeurs, ainsi que de veiller à un meilleur équilibre entre les hommes et les femmes et d'utiliser des véhicules plus respectueux de l'environnement; demande que des informations détaillées soient communiquées à la commission des budgets avant l'adoption de toute décision en la matière;

48.

demande au Secrétaire général de consulter les autorités belges en vue d'assurer un accès aisé et la meilleure utilisation possible de la nouvelle connexion directe en train entre la gare ferroviaire de Bruxelles-Luxembourg et l'aéroport de Zaventem, ce qui pourrait passer par l'acceptation des badges des députés au lieu du système actuel des laissez-passer;

49.

estime que le parc automobile doit se composer de voitures plus sûres, plus économes en carburant et d'un meilleur rapport coût-efficacité; souligne qu'il y a lieu de privilégier un service de bus et de minibus à destination et en provenance de l'aéroport, à horaires fixes; demande au Secrétaire général de faire rapport sur la possibilité d'une transition totale vers des moyens de locomotion électriques d'ici la fin de la décennie;

50.

demande au Secrétaire général de s'entretenir avec l'agence de voyages du Parlement; encourage l'agence de voyages à recourir davantage à la comparaison des prix; invite l'agence de voyages à rechercher activement les billets les moins chers lors des réservations et, en général, à proposer des prix plus compétitifs aux députés et à toutes les catégories de personnel, en veillant à assurer des conditions adaptées pour l'échange des billets;

Communication

51.

demande de disposer des résultats de l'évaluation ex post de la stratégie et de la méthodologie globales de la campagne d'information et de communication déployée en 2014 (le rapport d'évaluation était attendu pour le second semestre de 2015);

52.

demande de nouveau au Secrétaire général de présenter à la commission des budgets une évaluation de la campagne électorale parlementaire de 2014 et de l'efficacité des mesures de communication du Parlement à l'intention du public;

53.

reconnaît le rôle de sensibilisation aux activités du Parlement et de l'Union en général que jouent les bureaux d'information du Parlement; estime qu'il convient d'envisager des mesures pour renforcer l'efficacité des bureaux d'information du Parlement; considère que les bureaux d'information du Parlement doivent autant que possible occuper le même bâtiment que les représentations de la Commission et partager des services administratifs avec celles-ci; demande d'évaluer les objectifs, les tâches et les performances des bureaux d'information du Parlement, et, sur cette base, de définir les priorités;

54.

demande d'examiner la possibilité d'établir une coopération plus étroite avec ARTE à Strasbourg en vue de la création d'une plateforme médiatique européenne pour la formation des jeunes journalistes;

55.

demande au Secrétaire général de présenter un rapport sur les entreprises et organisations qui ont obtenu l'accès au Parlement pour y tenir des forums liés à leurs activités; demande au Secrétaire général de maintenir un équilibre entre les différents secteurs et les différents types d'organisations à qui il est donné accès au Parlement;

Autres questions

56.

prie instamment le Secrétaire général de présenter un rapport détaillé sur la mise en œuvre des volets administratifs des accords de coopération conclus entre le Parlement, le Comité des régions et le Comité économique et social européen, ainsi que d'imaginer, sur cette base, les modalités envisageables en vue de renforcer la coopération administrative dans des domaines tels que la logistique, les infrastructures et la sécurité;

57.

demande instamment au Secrétaire général de fournir des éclaircissements concernant la gestion actuelle de la salle de fitness du Parlement et son utilisation actuelle par le personnel du Parlement; demande, en outre, des précisions concernant le litige en cours et les options envisagées afin de garantir une gestion efficace et rentable de la salle de fitness à l'avenir;

58.

considère qu'il est possible de faire d'autres économies sur les dépenses en matière de mobilier, estime en effet qu'une augmentation de 3 589 832 EUR pour 2016 et qu'une augmentation analogue pour 2017, contre 2 415 168 EUR en 2015, sont loin d'être raisonnables;

59.

se félicite de l'utilisation plus limitée et plus efficace des cantines; encourage le partage des cantines pour les déplacements à Strasbourg;

60.

demande au Secrétaire général de mettre pleinement en œuvre le règlement financier, dans son esprit comme dans sa lettre, en matière de marchés publics écologiques et présentant un rapport coût/efficacité satisfaisant, en renforçant la stratégie de marchés du Parlement à cet égard;

61.

encourage à poursuivre sur la voie des économies d'énergie, en particulier en ce qui concerne les systèmes d'éclairage et de chauffage des bâtiments, les discussions sur le budget 2016 ayant montré que des améliorations sont encore possibles;

62.

appelle à promouvoir davantage les aliments sains et biologiques; demande donc également au Bureau d'examiner les possibilités de fournir des produits alimentaires sains, non seulement en veillant à une diversification des services mais aussi, et surtout, en veillant à fournir des fruits et des légumes frais à des prix plus abordables;

o

o o

63.

arrête l'état prévisionnel pour l'exercice 2017;

64.

charge son Président de transmettre la présente résolution et l'état prévisionnel au Conseil et à la Commission.


(1)  JO L 298 du 26.10.2012, p. 1.

(2)  JO L 347 du 20.12.2013, p. 884.

(3)  JO C 373 du 20.12.2013, p. 1.

(4)  JO L 287 du 29.10.2013, p. 15.

(5)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0376.

(6)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0407.

(7)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0172.

(8)  JO L 156 du 18.6.2005, p. 3.

(9)  Textes adoptés de cette date, P8_TA(2015)0172.