Gaza : « Chaque jour sans cessez-le-feu apportera davantage de tragédies »
Le chef de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a de nouveau souligné la nécessité d'un cessez-le-feu à Gaza dans une déclaration publiée jeudi sur la plateforme de médias sociaux X.
Philippe Lazzarini a souligné qu'aucun endroit ni personne à Gaza n'est en sécurité depuis le début de la guerre en octobre 2023.
« Alors que l’année commence, nous avons reçu des informations faisant état d’une nouvelle attaque contre Al Mawasi, qui a fait des dizaines de morts et de blessés », a-t-il déclaré, qualifiant cela de « nouveau rappel qu’il n’existe pas de zone humanitaire, et encore moins de 'zone de sécurité' ».
Il a averti que « chaque jour sans cessez-le-feu apportera davantage de tragédies ».
Les médias attaqués
Par ailleurs, l’UNRWA a rappelé que les autorités israéliennes continuent d’empêcher les médias internationaux d’opérer et de faire leur travail à Gaza.
« L’accès des journalistes internationaux pour qu’ils puissent faire leur travail librement depuis Gaza doit être accordé », a déclaré l’agence.
De son côté, le bureau des droits de l’homme des Nations Unies, le HCDH, s’est dit profondément préoccupé par la suspension par l’Autorité palestinienne des activités de la chaîne d’information Al Jazeera en Cisjordanie occupée.
La chaîne basée au Qatar a été accusée de diffuser des « documents incitatifs » qui « étaient trompeurs et semaient la discorde », selon des rapports de médias internationaux qui citent l’agence de presse officielle palestinienne Wafa.
Ce développement intervient dans un contexte de « tendance inquiétante » à la répression de la liberté d’opinion et d’expression dans le territoire palestinien occupé, a déclaré le HCDH, exhortant l’Autorité palestinienne « à changer de cap et à respecter ses obligations en vertu du droit international ».
L'OMS dénonce la lenteur des évacuations médicales
Pour sa part, le Directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Dr Tedros, a déploré jeudi la lenteur du rythme des évacuations médicales de Gaza.
Seuls 5.383 patients ont été évacués avec le soutien de l'OMS depuis octobre 2023, dont seulement 436 depuis la fermeture du point de passage de Rafah.
Plus de 12.000 personnes ont encore besoin d'une évacuation médicale. À ce rythme, il faudrait 5 à 10 ans pour évacuer tous ces patients gravement malades, dont des milliers d'enfants. « Entre-temps, leur état s'aggrave et certains meurent », a dénoncé le chef de l'OMS.
Il a exhorté Israël à augmenter le taux d'approbation des évacuations médicales, y compris en ne refusant pas les patients mineurs ; à accélérer le processus d'approbation des évacuations médicales ; et à permettre l'utilisation de tous les couloirs et passages frontaliers possibles pour des évacuations médicales en toute sécurité.
Il a appelé également tous les pays à apporter leur aide en accueillant des patients et en offrant des soins de santé spécialisés pour éviter davantage de souffrances et de décès.
Mépris flagrant du droit à la santé
De leur côté, deux experts indépendants des Nations Unies ont appelé, dans un communiqué conjoint publié jeudi, à mettre un terme au mépris flagrant du droit à la santé à Gaza, suite au raid de la semaine dernière contre l’hôpital Kamal Adwan et à l’arrestation et à la détention arbitraires de son directeur, le Dr Hussam Abu Safiya.
« Nous sommes horrifiés et préoccupés par les informations en provenance du nord de Gaza et en particulier par l’attaque contre les professionnels de santé, notamment le dernier des 22 hôpitaux aujourd’hui détruits : l’hôpital Kamal Adwan », ont dit le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit de toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible, Tlaleng Mofokeng, et la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Francesca Albanese.
« Nous sommes très préoccupés par le sort du Dr Hussam Abu Safiya, un autre médecin harcelé, kidnappé et détenu arbitrairement par les forces d’occupation, pour avoir défié les ordres d’évacuation et de laisser ses patients et collègues derrière lui », ont-ils ajouté.
Plus de 1.057 professionnels de la santé et de médecine palestiniens ont été tués jusqu’à présent et beaucoup ont été arrêtés arbitrairement.
Les deux experts onusiens ont souligné que le personnel médical est constitué de civils exerçant une fonction essentielle au moment le plus critique et qu’il bénéficie donc de protections spéciales en vertu du droit international humanitaire. Ils ne sont pas des cibles légitimes pour les attaques et ne peuvent pas non plus être légitimement détenus pour avoir exercé leur profession.
« Nous exhortons Israël à mettre fin à son assaut actuel contre Gaza et à cesser ses attaques contre les établissements de santé. Ils doivent également assurer la libération immédiate du Dr Hussam Abu Safiya et de tous les autres professionnels de santé détenus arbitrairement », ont-ils déclaré.