C’est un plan « sans équivalent », qui a commencé à porter ses fruits. « À ce jour, détaille Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, dans un entretien au quotidien La Croix, 66 cathédrales – contre 13 en 2019 – disposent d’un plan de sauvegarde des biens culturels, qui permettent d’identifier les œuvres importantes et de prévoir leur protection et évacuation par les pompiers en cas de sinistre. Nous disposons aussi de 56 cahiers des charges d’exploitation – qui précisent la coordination des différents acteurs – contre 16 en 2019 ».
Ces résultats concrets – et bien d’autres encore – sont une conséquence directe du plan de « sécurité des cathédrales », mis en place par le ministère de la Culture après le choc de l’incendie de Notre-Dame de Paris survenu le 15 avril 2019, pour renforcer la sécurité des 87 cathédrales dont l’Etat est propriétaire. Convaincue qu’il faut aller plus loin, la ministre de la Culture a annoncé le 11 avril, à l’occasion d’un déplacement à la cathédrale d’Amiens, une « amplification » du plan « sécurité des cathédrales ».
Un niveau général de sécurité relevé dans les cathédrales
En 2021 et 2022, le ministère de la Culture a consacré plus de 167 M€ aux cathédrales, dont 25 M€ pour la sécurisation des édifices, qui passe notamment par l’installation de colonnes sèches, le recoupement des combles et l’installation ou l’amélioration des systèmes de sécurité incendie. « Aujourd’hui, le niveau global de sécurité des cathédrales a été très nettement relevé. Et, plus globalement, il y a eu une véritable prise de conscience collective des risques et de la manière de les gérer », souligne la ministre de la Culture. Ces travaux de restauration des cathédrales se traduisent concrètement dans nombre d’édifices, dont Orléans, Rodez, au Puy-en-Velay ou encore à Dijon où les chantiers se terminent.
Ce plan a porté ses fruits puisque 20 cathédrales bénéficient désormais d’un niveau de sécurité « de référence », c’est-à-dire dont les caractéristiques vont au-delà des exigences réglementaires, où la sécurité des personnes est renforcée et l’intervention des secours facilitée ; c’est six de plus qu’en 2020. « Il faut mesurer le chemin accompli. Jusqu’en 2019, seule la question de la sécurité des personnes était prise en compte en cas d’incendie. Pas celle du patrimoine. On peut donc parler d’une véritable révolution d’approche. En trois ans, bien plus a été fait qu’en trente ans ! », poursuit Rima Abdul Malak.
Un plan amplifié et de nouvelles mesures en 2023
L’objectif est aujourd’hui d’atteindre au plus tôt le niveau réglementaire pour l’ensemble des cathédrales. Le ministère a donc décidé « d’amplifier » le plan « sécurité des cathédrales » pour 2023 avec un budget de 52 millions d’euros, soit 23 % d’augmentation par rapport à 2022, hors plan de relance. Cette enveloppe permettra, pour 40 millions d’euros, de financer les travaux de restauration des cathédrales de Clermont-Ferrand et de Beauvais par exemple, et 12 millions seront alloués à la sécurité incendie.
Prenant appui sur les retours de terrain, la ministre de la Culture a également décidé de compléter le plan « sécurité des cathédrales » par de nouvelles actions (voir encadré). Parmi celles-ci, on retiendra notamment l’installation généralisée de caméras thermiques et l’appui d’experts externes, auprès des DRAC, pour accompagner les Architectes des bâtiments de France dans leur rôle de responsable unique de sécurité.
De nouvelles actions pour le plan
« sécurité cathédrales »
Le plan « sécurité cathédrales » comporte désormais 58 actions, soit 11 de plus que le plan initial. Parmi elles, l’installation généralisée de caméras thermiques pour détecter les zones de chaleur avant l’apparition des fumées d’incendie et intervenir plus rapidement, expérimentation déjà menée à Notre-Dame de Paris et à Saint-Pierre de Beauvais. La surveillance sera renforcée avec une présence humaine permanente pendant les heures d’ouverture au public et une télésurveillance externalisée 24h/24. Pour limiter les risques d’incendie, les installations à risques non nécessaires à la conservation ou au fonctionnement des cathédrales seront supprimées. Cela concerne, à court terme, les antennes de radiotéléphonie, les chauffages d’appoint, les branchements sauvages, mais également, à moyen terme, les réseaux installés sur les édifices. Les chantiers seront sécurisés grâce à la vigilance des coordonnateurs de sécurité et de protection de la santé. Les permis-feu, document qui regroupe les mesures de prévention à mettre en place lors de la réalisation ponctuelle de travaux par points chauds (soudure, meulage, etc.) seront formalisés et des caméras thermiques provisoires seront installées.
Les acteurs intervenants dans les cathédrales seront accompagnés grâce à des documents-types de gestion (cahier des charges d’exploitation, plan de sauvegarde des biens culturels, règlement intérieur…) et des plans de formation (initiale et continue). Ainsi, 17 fiches pratiques et un glossaire des termes techniques et administratifs seront publiés sur le site du ministère. Les prestataires seront formés pour accompagner les architectes des Bâtiments de France dans leur rôle de responsable unique de sécurité, à concurrence d’un ou deux prestataires par DRAC. Ce soutien est estimé à deux jours et demi par mois et par cathédrale, soit
700 000 € par an d’ores et déjà financés en 2023 par le ministère. Enfin des audits de sécurité/sûreté approfondis seront généralisés et réalisés par des prestataires indépendants, à l’image de ceux conduits par les DRAC Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et Île-de-France.
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