Désinformation et falsification de l'histoire par la Russie pour justifier sa guerre d'agression contre l'Ukraine (débat)
Christophe Gomart (PPE). – Madame la Présidente, chers collègues, la désinformation est depuis toujours une arme. Elle fait partie de ce que l’on appelle aujourd’hui la cyberguerre. Internet est un lieu de conflictualité désormais naturel pour des armées modernes. Certains pays de l’Union européenne ont des unités militaires cyber. La France elle‑même dispose d’un commandement cyber. En tant que militaire, je peux vous dire que cette arme est une arme stratégique, car elle a les moyens aujourd’hui de faire basculer un conflit et d’influencer les relations internationales, voire de décider du résultat d’une élection. Autrement dit, le scandale n’est pas que Poutine déforme l’histoire, falsifie les informations et développe un récit pour justifier sa guerre – nous sommes en effet en pleine guerre de l’information. Non, le scandale, selon moi, c’est que nous comptons trop les points sans agir. Nous cherchons trop peu à savoir ce qui se passe vraiment et à croiser nos informations.
Pourquoi, à titre d’exemple, ne nous appuyons‑nous pas davantage sur l’Intcen, l’agence de renseignement de l’Union européenne, qui se nourrit des informations des agences des pays membres? Mieux savoir ce qui se passe en toute autonomie, sans être influencés par d’autres, nous permettrait de mieux agir. Le scandale, c’est aussi que nous n’avons pas de contre‑discours. Quelle est notre guerre d’influence, et de quels outils disposons‑nous, nous qui n’avons même pas de réseaux sociaux puissants et souverains? Cela devrait être notre priorité pour protéger nos démocraties.