La 11e année d'occupation de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol par la Fédération de Russie et la détérioration de la situation des droits de l’homme en Crimée occupée, notamment les cas d'Iryna Danylovych, de Tofik Abdulhaziiev et d'Amet Suleymanov
Bernard Guetta, auteur. – Monsieur le Président, «Mais elle est russe!», protestent les amis de Vladimir Poutine. Eh bien non, la Crimée est avant tout tatare et fut bien des choses avant que la Russie ne l'eût conquise. «Mais justement, elle était devenue russe», s'écrient alors les mêmes, en oubliant qu'elle était devenue ukrainienne après avoir été russe. «Mais ce n'était qu'un jeu d'écriture, une modification des frontières internes de l'URSS!», s'écrient-ils alors. Eh bien non, cette modification avait un très grand sens, car lorsque Khrouchtchev cède la Crimée à l'Ukraine, c'est une indemnité qu'il lui paye, une indemnité de guerre qu'imposait l'Holodomor. La Russie ne peut se dédire de ce dû et, quoiqu'il en soit, c'est Crimée comprise que l'Ukraine avait recouvré son indépendance dans des frontières internationalement reconnues. L'histoire est une chose complexe, discutable et éternellement discutée. Le droit international en est une autre, claire, nette et indiscutable.