Résolution du Parlement européen du 16 janvier 2019 sur la situation des droits fondamentaux dans l’Union européenne en 2017 (2018/2103(INI))
Le Parlement européen,
– vu le traité sur l’Union européenne (traité UE) et le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (traité FUE),
– vu la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant,
– vu la convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées et son entrée en vigueur dans l’Union le 21 janvier 2011, conformément à la décision 2010/48/CE du Conseil du 26 novembre 2009 concernant la conclusion, par la Communauté européenne, de la convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées(1),
– vu la directive 2000/43/CE du Conseil du 29 juin 2000 relative à la mise en œuvre du principe de l’égalité de traitement entre les personnes sans distinction de race ou d’origine ethnique(2),
– vu la directive 2000/78/CE du Conseil du 27 novembre 2000 portant création d’un cadre général en faveur de l’égalité de traitement en matière d’emploi et de travail(3),
– vu la décision-cadre 2008/913/JAI du Conseil du 28 novembre 2008 sur la lutte contre certaines formes et manifestations de racisme et de xénophobie au moyen du droit pénal(4),
– vu le rapport annuel 2017 de la Commission sur l’application de la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne(5),
– vu le rapport anticorruption de l’UE 2014 de la Commission (COM(2014)0038),
– vu la communication de la Commission du 6 juin 2011 intitulée «La lutte contre la corruption dans l’Union européenne» (COM(2011)0308),
– vu le socle européen des droits sociaux,
– vu la deuxième enquête de l’Union européenne sur les minorités et la discrimination (EU-MIDIS II),
– vu la communication de la Commission du 30 août 2017 intitulée «Examen à mi-parcours du cadre de l’UE pour les stratégies nationales d'intégration des Roms» (COM(2017)0458),
– vu les références faites dans les précédents rapports relatifs à l’état des droits fondamentaux dans l’Union européenne,
– vu les résolutions antérieures du Parlement européen et des autres institutions et agences européennes et internationales,
– vu les différents rapports des ONG nationales, européennes et internationales,
– vu les travaux menés par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne, le Conseil de l’Europe et la Commission de Venise,
– vu le rapport annuel 2017 sur les droits fondamentaux de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne(6),
– vu le rapport de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne intitulé «Antisemitism – Overview of data available in the European Union 2006-2016» («Antisémitisme. Synthèse des données disponibles dans l’Union européenne 2006-2016»),
– vu la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne et de la Cour européenne des droits de l’homme,
– vu sa résolution du 15 avril 2015 à l’occasion de la journée internationale des Roms – antitsiganisme en Europe et reconnaissance par l’Union européenne de la journée de commémoration du génocide des Roms durant la Seconde Guerre mondiale(7),
– vu sa résolution du 25 octobre 2017 sur l’intégration des Roms dans l’Union du point de vue des droits fondamentaux: lutter contre l’antitsiganisme(8),
– vu sa résolution du 1er juin 2017 sur la lutte contre l’antisémitisme (9),
– vu sa résolution du 12 avril 2016 sur la situation en Méditerranée et sur la nécessité d’une approche globale de la question des migrations de la part de l’Union européenne(10),
– vu sa résolution du 7 février 2018 sur la protection et la non-discrimination des minorités dans les États membres de l’Union européenne(11),
– vu les travaux de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures, de la commission des affaires constitutionnelles, de la commission des droits de la femme et de l’égalité des genres, de la commission de l’emploi et des affaires sociales et de la commission des pétitions,
– vu l’article 52 de son règlement intérieur,
– vu le rapport de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (A8-0466/2018),
A. considérant que le respect de l’état de droit est une condition indispensable à la préservation des droits fondamentaux et que les États membres sont, en dernier ressort, responsables de la protection de tous les droits de l’homme par l’adoption et l’application des traités et conventions internationaux relatifs aux droits de l’homme; que l’état de droit, la démocratie et les droits fondamentaux doivent être constamment consolidés; que toute remise en cause de ces principes se fait au détriment non seulement de l’État membre concerné, mais aussi de l’Union dans son ensemble; que la corruption constitue une menace grave pour la démocratie, l’état de droit et les droits fondamentaux, préjudiciable à tous les États membres, ainsi qu’à l’Union dans son ensemble; que la mise en œuvre du cadre juridique de la lutte contre la corruption reste variable d’un État membre à l’autre;
B. considérant les demandes répétées du Parlement dans ses résolutions et rapports afin que les États membres mettent en place des politiques à même de garantir le plein exercice de leurs droits sociaux, politiques et économiques par les personnes handicapées, les personnes âgées et les personnes les plus vulnérables de la société; que les droits des minorités et le principe de l’état de droit sont étroitement liés; que l’article 2 du traité UE mentionne expressément les droits des personnes appartenant à des minorités et qu’il convient de traiter ces droits comme les autres droits consacrés par les traités;
C. considérant que l’arrivée de migrants et de demandeurs d’asile en Europe a continué en 2017, mais que les frontières et les ports sont de plus en plus fermés; que cette réalité appelle une véritable solidarité au sein de l’Union européenne pour mettre en place des structures d’accueil adéquates pour les plus démunis et les plus vulnérables; que de nombreux migrants et demandeurs d’asile qui cherchent à gagner l’Europe mettent leur vie entre les mains de passeurs et de criminels et sont vulnérables aux violations de leurs droits, y compris par la violence, les abus et l’exploitation; que les femmes et les enfants sont plus exposés à la traite et aux abus sexuels entre les mains des trafiquants et qu’il faut donc mettre en place et renforcer des systèmes de protection des enfants afin de prévenir et de combattre la violence, les abus, la négligence et l’exploitation dont sont victimes les enfants, conformément aux engagements du plan d’action de La Valette, ainsi qu’à la résolution du Parlement du 3 mai 2018 sur la protection des enfants migrants(12);
D. considérant que le rapport du rapporteur spécial du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste affirme que les États ont l’obligation de protéger leurs populations contre les actes terroristes, mais que les mesures de sécurité, y compris les mesures de lutte contre le terrorisme, doivent être mises en œuvre dans le cadre de l’état de droit et doivent respecter les droits fondamentaux;
E. considérant que le rapport de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne intitulé «La violence à l’égard des femmes: une enquête à l’échelle de l’Union européenne», publié en mars 2014, fait apparaître qu’en Europe, un tiers des femmes ont déjà été au moins une fois victimes de violence physique ou sexuelle dans leur vie d’adulte, que 20 % des femmes ont fait l’objet d’un harcèlement en ligne, qu’une femme sur vingt a été violée et que plus d’une femme sur dix a subi une violence sexuelle impliquant l’utilisation de la force, et souligne que la violence à l’égard des femmes est un problème qui se pose dans tous les États membres de l’Union, notamment ceux qui n’ont pas encore ratifié la convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (convention d’Istanbul), étant donné l’ampleur du problème, ainsi que les conséquences graves et les effets d’une telle violence sur la vie des femmes et pour la société dans son ensemble; que les femmes handicapées sont plus susceptibles de subir des violences domestiques et des agressions sexuelles que les femmes valides;
F. considérant qu’au sein de l’Union européenne, femmes et jeunes filles sont confrontées à des inégalités structurelles en raison de leur sexe, lesquelles s’exercent dans les cadres les plus divers et prennent des formes variées, dont notamment la discrimination fondée sur le sexe, le harcèlement sexuel, la violence fondée sur le genre et les discours de haine à teneur misogyne, et les entravent fortement dans l’exercice de leurs droits et dans leur participation sociale à égalité avec les hommes; qu’au cours de l’année 2017, le mouvement #MeToo a mis en lumière l’ampleur et la prégnance du harcèlement sexuel et de la violence sexiste et de genre auxquels sont confrontées les femmes; que le mouvement #MeToo a pu dans une certaine mesure impulser une dynamique favorable à l’égalité entre les femmes et les hommes mais que les situations de harcèlement sexuel et de violences à caractère sexiste et fondées sur l’identité de genre restent monnaie courante; que, depuis quelques années, des rapports font état d’un recul progressif des droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes au sein de l’Union européenne; qu’au sein de l’Union les femmes ne sont pas égales devant le droit à l’avortement car les politiques et les législations en vigueur diffèrent d’un État membre à l’autre;
G. considérant que, dans les sociétés démocratiques, la liberté d’expression et la liberté de réunion sont, pour les femmes et les hommes, un des instruments de participation au débat public et de production de changement social; que la liberté, le pluralisme et l’indépendance des médias sont des composantes essentielles du droit à la liberté d’expression et sont indispensables au fonctionnement démocratique de l’Union et de ses États membres; que des journalistes et autres acteurs des médias au sein de l’Union sont susceptibles d’être victimes d’attaques, de menaces, de pressions et même d’assassinats de la part d’acteurs étatiques comme non étatiques; que la journaliste Daphne Caruana Galizia, spécialisée dans les enquêtes sur des scandales d’évasion fiscale et des affaires de fraude fiscale, de corruption et de blanchiment d’argent, a été assassinée à Malte après avoir plusieurs fois fait état de menaces, et que des enquêtes indépendantes sont désormais demandées pour permettre la pleine identification des auteurs de ce crime en vue de leur traduction en justice; que la presse et les organisations de la société civile jouent un rôle fondamental en démocratie;
H. considérant que l’article 21, paragraphe 1, de la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne dispose qu’est interdite toute discrimination fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, un handicap, les origines ethniques ou sociales, les caractéristiques génétiques, la religion ou les convictions, la langue, l’appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance, l’âge ou l’orientation sexuelle; que la liberté de pensée, de conscience et de religion est garantie par l’article 10 de la charte des droits fondamentaux et par l’article 9 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales; que des positionnements racistes et xénophobes bien enracinés sont en cours de banalisation dans les États membres et sont, dans toute l’Union, adoptés par des personnalités écoutées par l’opinion et des femmes et hommes politiques, qui entretiennent ainsi un climat social propice au racisme, aux discriminations et aux délits et crimes inspirés par la haine; que ces positionnements vont à l’encontre des valeurs communes européennes que tous les États membres se sont engagés à défendre;
I. considérant que les migrants, leurs descendants et les personnes appartenant à des groupes socio-culturels minoritaires continuent de subir des discriminations à grande échelle dans l’ensemble de l’Union européenne, et ce dans tous les domaines de la vie; que les études de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne font apparaître que les victimes qui sont en situation irrégulière sont réticentes à signaler les abus aux autorités publiques et que le statut d’immigrant accroît le risque d’être victime d’infractions pénales; qu’en dépit des nombreux appels à la Commission, seules des mesures limitées ont été prises pour garantir une protection réelle des minorités;
J. considérant que l’Agence des droits fondamentaux est devenue un centre d’excellence en matière de fourniture aux institutions de l’Union et aux États membres d’éléments de preuve dans le domaine des droits fondamentaux;
État de droit, démocratie et droits fondamentaux
1. affirme que la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice sont essentielles au bon fonctionnement de l’état de droit dans toute société; rappelle que le concept d’état de droit est consacré dans la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et à l’article 47 de la charte des droits fondamentaux, qui énoncent les principes d’égalité devant la loi, de présomption d’innocence et de droit à être entendu équitablement et publiquement par un tribunal compétent, indépendant et impartial établi par la loi; rappelle que ces valeurs fondamentales ont été à l’origine des articles introductifs des traités européens, que tous les États membres ont volontairement souscrits et se sont engagée à respecter; souligne à nouveau que ni la souveraineté nationale, ni la subsidiarité ne sauraient justifier la soustraction systématique d’un État membre au respect des valeurs fondamentales de l’Union européenne et des traités européens;
2. rappelle que l’état de droit est une composante et une condition de la protection de toutes les valeurs énumérées à l’article 2 du traité UE; invite tous les acteurs concernés aux niveaux de l’Union et des États membres, y compris les gouvernements, les parlements et le pouvoir judiciaire, à redoubler d’efforts pour faire respecter et consolider l’état de droit; rappelle qu’il incombe à ces acteurs de répondre aux inquiétudes en matière d’état de droit et qu’ils jouent un rôle important dans la prévention de toute érosion de l’état de droit, lequel n’est pas l’application inconditionnelle de la loi mais le consentement démocratique à être soumis à la loi, dans le strict respect des conventions internationales ainsi, en particulier, que du droit à l’opposition démocratique et des droits des minorités ;
3. condamne fermement les efforts déployés par certains gouvernements des États membres pour affaiblir la séparation des pouvoirs et l’indépendance du pouvoir judiciaire; est préoccupé par le fait que, bien que la plupart des États membres aient adopté une législation garantissant l’indépendance et l’impartialité de la justice conformément aux normes du Conseil de l’Europe, des problèmes subsistent dans la manière dont ces normes sont appliquées, laissant les autorités judiciaires nationales sujettes à des pressions politiques et renforçant le sentiment au sein de l’opinion publique d’ingérences dans les procédures judiciaires et de partialité de certains juges; rappelle que, conformément à l’article 17, paragraphe 1, du traité UE, la Commission, en tant que gardienne des traités, possède la légitimité et l’autorité de veiller à l’application des traités ainsi que des mesures adoptées par les institutions en vertu de ceux-ci, et notamment au respect par tous les États membres des principes d’état de droit et des autres valeurs consacrées par l’article 2 du traité UE;
4. prend acte des efforts déployés par la Commission et le Conseil pour garantir que tous les États membres respectent pleinement l’état de droit, la démocratie et les droits fondamentaux, mais relève aussi les effets limités, à ce jour, des procédures engagées en application de l’article 7, paragraphe 1, du traité UE; est d’avis que l’Union européenne devrait pouvoir engager des procédures d’infraction à l’encontre des États membres qui ne respectent plus les valeurs consacrées à l’article 2 du traité UE et qu’il devrait être recouru à l’article 7 du traité UE en cas de défaillance de tous les autres moyens; est d’avis que l’incapacité de l’Union à mettre un terme aux violations graves et persistantes dans certaines États membres des valeurs énoncées à l’article 2 du traité UE mine tant la confiance entre les États membres que la crédibilité de l’Union; souligne en outre que l’impunité continuelle face à ces dérives a encouragé de nouveaux États membres à suivre la même voie; invite le Conseil à examiner et à suivre toute proposition de la Commission européenne et du Parlement européen relative aux procédures d’infraction et aux sanctions possibles;
5. rappelle la nécessité d’une évaluation impartiale et régulière de la situation de l’état de droit, de la démocratie et des droits fondamentaux dans tous les États membres; souligne que cette évaluation doit être fondée sur des critères objectifs; rappelle, à cet égard, que le Conseil a également un rôle primordial à jouer dans la sauvegarde de l’état de droit et des autres valeurs visées à l’article 2 du traité UE et salue les efforts de certains États membres pour instaurer au sein du Conseil une évaluation périodique de la situation de l’état de droit dans chaque État membre; appelle le Conseil à progresser rapidement sur cette voie ; rappelle en outre sa résolution du 25 octobre 2016 contenant des recommandations à la Commission sur la création d’un mécanisme de l’Union pour la démocratie, l’état de droit et les droits fondamentaux(13); invite une nouvelle fois la Commission à soumettre, sur la base de l’article 295 du traité FUE, une proposition en vue de la conclusion d’un pacte de l’Union pour la démocratie, l’état de droit et les droits fondamentaux, sous la forme d’un accord interinstitutionnel fixant des dispositions pour faciliter la coopération entre les institutions de l’Union et les États membres dans le cadre de l’article 7 du traité UE; estime que ce mécanisme constituerait un instrument juste, équilibré, régulier et préventif pour répondre aux éventuelles violations des valeurs énumérées à l’article 2 du traité FUE, qui pourrait fonctionner comme le Semestre européen pour la coordination des politiques économiques; rappelle le lien intrinsèque qui existe entre l’état de droit et les droits fondamentaux et la nécessité de renforcer la sensibilisation de tous les Européens aux valeurs communes de l’Union et à la Charte; souligne l’importance de l’envoi par le Parlement européen de délégations ad hoc dans les États membres lorsque des éléments probants démontrent clairement l’existence de violations graves de la démocratie, de l’état de droit et des droits fondamentaux
6. partage l’avis selon lequel toute évaluation de l’état de droit devrait être fondée sur des données et des analyses solides, objectives et comparables; rappelle que les droits fondamentaux devraient être intégrés à l’analyse d’impact effectuée pour toutes les propositions législatives; se réjouit à cet égard du nouveau système d’information européen sur les droits fondamentaux (EFRIS) de l’Agence des droits fondamentaux, qui regroupera toutes les informations existantes relatives aux droits fondamentaux fournies par l’intermédiaire de différents mécanismes au niveau des Nations unies, du Conseil de l’Europe et de l’Union européenne;
7. insiste sur le fait que l’amélioration de la qualité, de l’indépendance et de l’efficacité des systèmes judiciaires nationaux, en particulier au niveau des juges, procureurs et avocats, demeure une des grandes priorités de l’Union européenne; souligne qu’il est urgent d’introduire une prise en considération de la dimension de genre dans les systèmes juridiques et judiciaires des États membres, notamment en accordant une place plus importante et plus institutionnelle à la dimension de genre dans les programmes de formation du personnel judiciaire dans son intégralité;
8. souligne que la corruption non seulement constitue un obstacle systémique considérable à la réalisation de la démocratie et au respect de l’état de droit, mais est également susceptible d’engendrer de nombreuses violations des droits fondamentaux, ce qui en fait une menace grave pour le principe d’équité de traitement entre tous les citoyens; s’inquiète des initiatives législatives présentées dans certains États membres, qui pourraient revenir sur des réformes précédemment entreprises pour renforcer la prévention de la corruption; demande à tous les États membres et aux institutions de l’Union, à cet égard, de combattre résolument la corruption systémique et de concevoir des instruments efficaces de prévention, de lutte et de sanction à l’encontre de la corruption, de lutte contre la fraude et de suivi régulier de l’utilisation des fonds publics; invite, à cette fin, les États membres et les institutions de l’Union à faciliter la mise en place, le plus rapidement possible, du Parquet européen; invite les États membres qui ne l’ont pas encore fait à annoncer leur intention de ratifier cette convention; déplore à cet égard la décision de la Commission de ne pas publier son second rapport semestriel sur l’état de la corruption dans l’Union européenne et prie instamment la Commission de continuer à publier ses rapports anticorruption; insiste sur le fait que disposer de fiches d’information sur la lutte contre la corruption dans le cadre du Semestre européen n’est pas une mesure suffisamment efficace pour garantir que la lutte contre la corruption figure sans équivoque parmi les priorités; se félicite que la Commission ait déclaré, dans sa communication intitulée «La lutte contre la corruption dans l’Union européenne», qu’elle solliciterait l’autorisation d’entrer au GRECO, le réseau de lutte contre la corruption créé par le Conseil de l’Europe;
9. insiste sur l’importance de la liberté de circulation et de séjour, qui fait partie des principaux droits fondamentaux garantis par l’Union; souligne que le Brexit a des effets directs sur la vie de millions de citoyens européens, en particulier les ressortissants d’États membres de l’Union européenne qui résident au Royaume-Uni et les citoyens britanniques qui vivent dans l’Union à 27, et insiste sur le fait que la préservation des droits fondamentaux des personnes devrait être considérée comme un aspect tout aussi important que les autres; demande que les droits fondamentaux des citoyens de l’Union qui se sont déplacés au sein de l’Union au titre de la liberté de circulation, et ceux de leurs familles, soient préservés après le Brexit;
10. souligne que toute mesure de lutte contre le terrorisme ou la criminalité organisée doit respecter la démocratie, l’état de droit et les droits fondamentaux au sein de l’Union; constate avec inquiétude que les pouvoirs publics recourent de plus en plus à des mesures administratives incompatibles avec les principes qui fondent l’état de droit et que les politiques menées en ce domaine sont étendues à un nombre croissant de crimes et délits, notamment dans le cadre de mesures prises dans le cadre d’un état d’urgence; demande aux États membres de veiller à ce que toute législation d’exception soit conforme aux principes de proportionnalité et de nécessité et que les mesures prises dans ce cadre soient clairement limitées dans le temps et contrôlées démocratiquement et régulièrement; s’oppose à tout amalgame entre immigration et terrorisme et à toute utilisation de mesures de lutte contre le terrorisme à des fins de contrôle de mouvements migratoires;
Migration
11. condamne les abus et les violations des droits de l’homme dont sont victimes certains migrants et réfugiés, en ce qui concerne notamment l’accès au territoire, les conditions d’accueil, les procédures d’asile, la rétention des migrants et la protection des personnes vulnérables et rappelle combien il est important que les États membres respectent et transposent intégralement le train de mesures commun en matière d’asile adopté par l’Union; rappelle que les enfants représentent près d’un tiers des demandeurs d’asile et sont particulièrement vulnérables; appelle l’Union et ses États membres à renforcer leurs efforts pour empêcher la disparition de mineurs non accompagnés; rappelle que le droit d’asile est garanti expressément par l’article 18 de la charte des droits fondamentaux; relève avec inquiétude qu’avec les procédures accélérées, les listes de pays sûrs et la procédure de renvoi au titre des règles de Dublin, les demandeurs d’asile lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués (LGBTI) courent un risque plus grand d’être contraints au retour avant d’avoir pu étayer leur demande d’asile dans des pays tiers ou d’autres États membres lorsqu’ils craignent d’être persécutés en raison de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre, de l’expression de leur genre ou d’autres caractéristiques sexuelles;
12. invite les États membres à demander à leurs autorités de vérifier si leurs objectifs légitimes pourraient être atteints moyennant des mesures moins coercitives que la rétention et de justifier de manière complète à partir de faits et d’arguments juridiques le choix de la rétention dans le cas de demandeurs d’asile, de réfugiés et de migrants; rappelle que tous les États membres sont signataires des conventions de Genève et qu’il leur incombe, par conséquent, de s’assurer que toutes les dispositions de ces conventions sont respectées quelles que soient les circonstances; souligne la double discrimination à laquelle sont confrontées les migrantes, en tant que personnes migrantes et en tant que femmes, et les situations particulières auxquelles elles peuvent être confrontées durant leur parcours migratoire, y compris dans les centres de rétention ou d’accueil, notamment le harcèlement, les atteintes à leur sécurité, à leur intégrité physique et à leur vie privée, et leur besoin d’accès aux produits d’hygiène féminine et aux soins de santé génésique; demande la mise en place et le renforcement des systèmes de protection des femmes afin de prévenir et de combattre la violence, les abus, la négligence et l’exploitation dont elles sont victimes, conformément aux engagements du plan d’action de La Valette;
13. rappelle que l’UNICEF a affirmé à de nombreuses reprises que la rétention ne peut en aucun cas être dans l’intérêt supérieur de l’enfant et qu’il y a lieu de concevoir des solutions de remplacement à la rétention, que les enfants soient ou non accompagnés de leur famille; demande l’élaboration et la mise en place de procédures spécifiques afin d’assurer la protection de tous les enfants conformément à la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant; souligne que la séparation des membres de la famille, même en cas de rétention, expose les femmes et les enfants à des risques plus grands; souligne en outre la primauté du principe de l’intérêt supérieur de l’enfant dans toutes les questions concernant des enfants, ainsi que de l’application concrète du droit à être entendu; rappelle que l’article 14 de la charte des droits fondamentaux et l’article 28 de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant garantissent à tout enfant, y compris migrant et réfugié, et ce, quel que soit son statut, accompagné ou non accompagné, le droit à l’éducation et le droit de ne pas être scolarisé à part ou mis à l’écart; exhorte par conséquent les États membres à s’assurer que les enfants migrants et réfugiés ont accès à un enseignement formel et informel dans les plus brefs délais suivant leur arrivée; souligne qu’il incombe aux États membres de veiller à ce que les enfants migrants et réfugiés bénéficient d’un accompagnement linguistique, social et psychologique efficace, fondé sur l’évaluation au cas par cas de leurs besoins; se préoccupe des besoins et des vulnérabilités particuliers aux demandeurs d’asile issus de groupes marginalisés et invite les États membres à veiller à ce que leurs besoins particuliers en matière de sécurité, de soins de santé et de reconnaissance juridique soient satisfaits;
14. rappelle que la solidarité doit constituer le principe directeur de l’action de l’Union en matière de migration et condamne les États membres qui l’enfreignent de manière flagrante; demande au Conseil de faire avancer la réforme du règlement de Dublin, qu’il entrave actuellement, ce qui empêche le régime d’asile européen commun de fonctionner correctement; insiste sur le fait que les États membres devraient procéder à la mise en place d’une combinaison de régimes liés à la protection, tels que la réinstallation et l’accueil humanitaire, qui peuvent donner aux personnes ayant besoin d’une protection internationale la possibilité d’entrer dans l’Union européenne pour y demander l’asile; encourage les États membres à faciliter l’octroi de visas humanitaires et l’existence de régimes de mobilité régulière afin de développer des voies d’accès légales et sûres vers l’Union européenne, notamment pour les personnes ayant besoin d’une protection, et à garantir aux personnes concernées l’accès aux services et l’exercice de leurs droits fondamentaux, quel que soit leur statut; souligne que les États membres doivent être tenus responsables de l’externalisation des politiques migratoires de l’Union, notamment la coopération avec des pays tiers dans lesquels le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés fait état de violations graves et répandues des droits de l’homme et d’abus à cet égard; estime que l’Union devrait jouer un rôle clé dans les efforts de réinstallation au niveau mondial ; rappelle que toute action entreprise par un État membre dans le périmètre du droit de l’Union doit être conforme aux droits et principes énoncés dans la charte des droits fondamentaux; invite les États membres à assurer un droit d’asile individuel réel et à accepter la réinstallation des réfugiés présents dans les États membres qui connaissent le plus grand nombre d’arrivées; invite, en outre, les États membres à respecter le principe de non-refoulement et à mettre en place les garanties procédurales nécessaires dans le cadre de leurs procédures d’asile et de leurs procédures aux frontières; dénonce avec force le fait que certains États membres ne respectent pas la législation européenne en matière d’asile et de retour et enfreignent les droits des migrants et des demandeurs d’asile, par exemple en ne leur permettant pas d’accéder effectivement aux procédures d’asile, en ne leur fournissant pas d’informations claires sur les voies de recours juridique possibles à la suite d’une décision de retour, en les privant de nourriture ou en recourant de manière automatique et systématique à la rétention;
15. salue le travail effectué par différentes ONG en mer Méditerranée, qui œuvrent à sauver des vies et à apporter une aide humanitaire aux personnes en détresse; rappelle que le sauvetage en mer est une obligation légale en vertu du droit international, notamment de l’article 98 de la convention des Nations unies sur le droit de la mer (ratifiée par l’Union ainsi que tous ses États membres), qui impose de porter secours à toute personne en détresse en mer; rappelle sa résolution du 5 juillet 2018 sur les lignes directrices destinées aux États membres pour empêcher que l’aide humanitaire ne soit érigée en infraction pénale(14); exhorte les États membres à apporter leur soutien aux ONG, au lieu de les empêcher d’accomplir leur travail, et invite la Commission et les États membres à préparer et à garantir la conduite d’opérations de recherche et de sauvetage; demande à l’Union et à ses États membres d’allouer des fonds suffisants aux opérations de recherche et de sauvetage dans le contexte d’une opération humanitaire d’envergure européenne; demande aux États membres de transposer l’exemption pour cause d’aide humanitaire prévue par la directive sur l’aide aux migrants afin de limiter les conséquences non souhaitées que le train de mesures relatives aux passeurs pourrait avoir pour les citoyens et les organisations qui apportent une aide humanitaire aux migrants, ainsi que pour la cohésion sociale des sociétés d’accueil;
16. souligne que la réponse aux vulnérabilités et aux besoins particuliers des migrants devrait faire partie intégrante du processus d’intégration; rappelle qu’il convient de procéder à une évaluation régulière et aussi longue que nécessaire des besoins des migrants, sachant que ces besoins et la situation des migrants peuvent évoluer et varient considérablement suivant leur pays d’origine; souligne que le regroupement familial est un excellent moyen de donner aux migrants plus d’autonomie et le sentiment de pouvoir commencer à s’installer et à s’intégrer dans leur nouvelle société d’accueil; insiste sur le fait que la politique d’accueil seule ne suffit pas et que le défi auquel doit faire face l’Union européenne est la réalisation d’une politique d’intégration efficace; appelle à cet égard au renforcement de l’échange de bonnes pratiques entre États membres en matière d’intégration;
17. constate la mise en place de plusieurs nouveaux systèmes d’information à grande échelle et l’objectif d’améliorer leur interopérabilité tout en instaurant les garde-fous nécessaires, notamment à l’égard de la protection des données et de la vie privée; invite les États membres à mettre en place des garanties spécifiques pour garantir que l’interopérabilité des systèmes informatiques à grande échelle respecte les droits fondamentaux de tous les citoyens, en portant une attention particulière à ceux des enfants et des personnes vulnérables, telles que les demandeurs et bénéficiaires d’une protection internationale, et ne permet pas l’établissement de profils; invite les États membres à veiller à ce que la mise en œuvre de l’interopérabilité respecte les objectifs de protection des enfants, par exemple l’identification d’enfants disparus et l’aide au regroupement familial;
Droits des femmes
18. relève avec inquiétude qu’un document de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne de 2017, intitulé «Challenges to women’s human rights in the EU» («Problèmes en matière de droits fondamentaux des femmes dans l’Union européenne»), confirme qu’au sein de l’Union, femmes et jeunes filles continuent d’être confrontées à des discriminations fondées sur le genre, des discours de haine à caractère sexiste et une violence fondée sur le genre, qui les entravent fortement dans l’exercice de leurs droits et dans leur participation sociale à égalité avec les hommes;
19. relève avec inquiétude que le rapport du Forum européen des personnes handicapées intitulé «Ending forced sterilisation of women and girls with disabilities» («Éliminer les pratiques de stérilisation forcée des femmes et des filles handicapées») établit que des femmes handicapées continuent de faire l’objet de décisions arbitraires en vue de leur stérilisation sans en être informées et sans que leur consentement ne soit requis ni leur autorisation demandée;
20. invite, à cet égard, les États membres à renforcer leur action dans six principaux domaines d’intervention, afin de mieux protéger la dignité et les droits des femmes et des jeunes filles, comme le suggère le rapport de l’Agence des droits fondamentaux: donner aux organes compétents en matière d’égalité les moyens de traiter de l’ensemble des problèmes qui touchent aux droits des femmes, depuis l’égalité entre les femmes et les hommes jusqu’à la violence à l’égard des femmes, améliorer la sécurité en ligne, promouvoir plus efficacement l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’éducation et dans l’apprentissage tout au long de la vie, introduire des quotas par sexe, qui constituent une mesure vigoureuse en vue d’une action concrète, intégrer les problématiques d’égalité entre les femmes et les hommes dans la coordination des politiques économiques au sein de l’Union dans le cadre du semestre européen, et améliorer la collecte des données et la diffusion des connaissances sur toutes les formes de discrimination et de violence à l’égard des femmes et des jeunes filles;
21. condamne avec force toutes les formes de violence à l’encontre des femmes et invite donc la Commission à présenter un acte juridique destiné à soutenir les États membres dans leurs actions de prévention et d’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des jeunes filles ainsi que de violence fondée sur le genre; demande au Conseil d’activer la clause passerelle, en adoptant à l’unanimité une décision définissant la violence à l’égard des femmes et des jeunes filles (et les autres formes de violence fondée sur le genre) comme l’une des formes de criminalité énumérées à l’article 83, paragraphe 1, du traité FUE; se réjouit de la signature par l’Union, le 13 juin 2017, de la convention d’Istanbul, qui constitue le premier instrument global juridiquement contraignant au niveau international sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence fondée sur le genre, notamment la violence domestique, bien que cette signature ne soit valable que dans deux domaines; regrette qu’à ce jour, seuls 20 États membres aient ratifié la convention; déplore que, dans certains États membres, les débats sur la ratification de la convention d’Istanbul s’accompagnent d’interprétations trompeuses quant à la définition des termes de «violence fondée sur le genre» et de «genre»; encourage les États membres non encore parties et le Conseil à achever le processus d’adhésion de l’Union à la convention et à trouver un accord sur le code de conduite associé afin d’assurer la mise en application de la convention par l’Union européenne; prie instamment la Commission et les États membres de soutenir de toutes les façons possibles les organisations de la société civile qui travaillent avec les victimes de violences fondées sur le genre, y compris en leur apportant un soutien financier régulier;
22. souligne que le sexisme et les stéréotypes de genre, qui produisent de la domination et de la discrimination vis-à-vis des femmes, sont lourds de conséquences pour les droits fondamentaux des femmes dans tous les domaines de la vie; rappelle que les femmes sont souvent victimes de discriminations multiples, entre autres lorsqu’elles appartiennent à une minorité ethnique, présentent certaines orientations sexuelles, sont porteuses d’un handicap ou ont le statut de migrante; insiste sur la nécessité de l’éducation à tous les niveaux et à tous les âges en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, de rôles non stéréotypés des unes et des autres et de respect de l’intégrité personnelle afin de remédier à toutes les formes de discrimination; encourage les États membres à garantir un traitement adéquat de ce sujet dans les programmes scolaires; déplore les inégalités dont continuent d’être victimes les femmes au travail, telles que les moindres taux d’emploi, les écarts de rémunération, la plus forte prévalence de l’emploi à temps partiel, les droits à la retraite amoindris, la spécialisation sexuée des carrières et les progressions de carrière plus lentes; invite les États membres à lever les principales barrières structurelles à l’émancipation économique des femmes et à remédier à leur sous-représentation dans le monde professionnel, les instances de prise de décisions et la sphère politique, qui sont le fruit de formes multiples et conjuguées d’inégalités, de stéréotypes et de discriminations dans les sphères privée et publique; invite les États membres à prendre des mesures pour remédier au harcèlement sexuel et aux violences sexuelles dans l’espace public, sur les lieux de travail, en ligne et hors ligne, et à proposer aux victimes de violences fondées sur le genre des services d’hébergement et des services de soutien intégrés et ciblés en quantité suffisante, y compris le soutien et le conseil aux personnes traumatisées; invite les États membres à échanger leurs bonnes pratiques et à assurer des formations régulières à destination du personnel policier et judiciaire sur toutes les formes de violence contre les femmes;
23. exprime son soutien aux manifestations qui ont eu lieu en 2017 dans plusieurs États membres à la suite de régressions liées aux droits en matière de santé sexuelle et génésique et de la forte médiatisation de cas de harcèlement sexuel; affirme résolument que le refus d’accorder des services liés aux droits et à la santé sexuels et génésiques, y compris la possibilité d’avorter de manière sûre et légale, constitue une forme de violence à l’encontre des femmes et des jeunes filles; insiste sur le fait que les femmes et les jeunes filles doivent avoir le contrôle de leur corps et de leur sexualité; encourage les États membres à prendre des mesures efficaces pour faire respecter et garantir les droits sexuels et génésiques des femmes, en lien avec un ensemble de droits civiques, politiques, économiques, sociaux et culturels, dont les droits à l’intégrité physique, à la santé, à la protection contre la torture et les mauvais traitements, à la vie privée, à l’égalité et à la non-discrimination; souligne, à cet égard, que les personnes handicapées peuvent prétendre à l’exercice de leurs droits fondamentaux sur un pied d’égalité avec les personnes valides; invite tous les États membres à garantir une éducation sexuelle complète et un accès aisé des femmes à la planification familiale et à l’ensemble des services de santé sexuelle et génésique, y compris les méthodes modernes de contraception et l’avortement sûr et légal; souligne qu’une telle obligation devrait emporter la suppression des lois, politiques et pratiques qui portent atteinte aux droits des femmes dans ce domaine, ainsi que la prévention de toute érosion des protections en vigueur; insiste sur le rôle de l’Union en matière de sensibilisation à ces questions et de promotion des bonnes pratiques;
Liberté des médias, liberté d’expression et liberté de réunion
24. rappelle que l’article 11 de la charte des droits fondamentaux consacre pour tout individu le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions, le droit à la liberté d’expression et le droit de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit;
25. souligne que la délibération et le débat publics sont essentiels au bon fonctionnement des sociétés démocratiques et encourage, à cet égard, l’Union et les États membres à prendre des mesures supplémentaires pour garantir et protéger la liberté d’expression et la liberté de réunion, qui sont des droits fondamentaux et des principes au fondement des processus démocratiques; rappelle que, selon le rapport 2017 du secrétaire général du Conseil de l’Europe relatif à la situation de la démocratie, des droits de l’homme et de l’état de droit, les possibilités de manifester pacifiquement sont limitées lorsque la liberté de réunion publique fait l’objet de restrictions indues; condamne fermement, à cet égard, les restrictions croissantes à la liberté de réunion, imposées dans certains cas par les autorités au moyen d’un usage disproportionné de la force à l’encontre de manifestants pacifiques; rappelle que, dans l’exercice de leurs fonctions, les agents des services répressifs doivent respecter et protéger la dignité humaine et défendre et faire respecter les droits de l’homme de toute personne; souligne que les forces de police sont d’abord au service de la sécurité et de la protection des personnes et que tout usage excessif et injustifié de la force par les agents des services répressifs doit faire l’objet d’une enquête impartiale et approfondie des autorités compétentes de chaque État membre;
26. invite les États membres à prendre des mesures à même de préserver et favoriser l’existence de médias pluralistes, indépendants et libres; condamne fermement la tendance observée dans certains États membres à la concentration des médias dans les mains d’acteurs économiques proches du pouvoir et à l’utilisation abusive des médias du service public pour la seule diffusion de messages émanant du pouvoir; fait observer que le rôle des médias est d’encourager une délibération saine et qu’ils constituent de ce fait un pilier de la démocratie;
27. exprime ses préoccupations face à la rareté des cadres politiques ou juridiques spécifiques en vigueur au niveau national dans les États membres pour protéger les journalistes et les professionnels des médias contre la violence, les menaces et les intimidations; rappelle que, selon le Conseil de l’Europe, les menées et les crimes à l’encontre des journalistes pourraient inciter à une autocensure potentiellement sévère, lourde de conséquences sur l’exercice de la liberté d’expression et délétère pour les droits des citoyens à l’information et à la participation; exprime sa profonde préoccupation face aux assassinats encore perpétrés contre des journalistes dans certains États membres; invite instamment les services répressifs nationaux à prendre toutes les mesures possibles pour prévenir ces actes de violence, à coopérer davantage avec Europol et à accélérer les enquêtes sur les meurtres de journalistes dans l’Union européenne; est également préoccupé par la précarité des conditions de travail de nombreux journalistes et professionnels des médias et par l’intensité des violences physiques et psychologiques qu’ils subissent, qui peuvent entraver leur capacité à faire leur travail, au détriment de la qualité du journalisme et de l’expression de la diversité journalistique; souligne l’importance de projets à l’échelle de l’Union tels que l’outil de suivi du pluralisme des médias et la plateforme «Mapping Media Freedom» (cartographie de la liberté des médias), qui surveillent les risques qui pèsent sur le pluralisme des médias dans toute l’Europe, cartographient les limitations, les menaces et les violations à l’encontre de la liberté des médias, organisent des campagnes de sensibilisation et apportent un soutien aux journalistes menacés et au journalisme d’investigation transfrontière; souligne que le financement de ces projets et de projets similaires devrait être garanti dans le nouveau cadre financier pluriannuel;
28. met en évidence le rôle essentiel joué par les lanceurs d’alerte dans la sauvegarde de l’intérêt public et dans la promotion d’une culture de responsabilité vis-à-vis de l’opinion publique et d’intégrité au sein des institutions tant publiques que privées; souligne que l’existence de lanceurs d’alerte est essentielle au journalisme d’investigation et à la liberté des médias; dénonce les menaces, les représailles et les condamnations auxquelles sont toujours confrontés les lanceurs d’alerte dans l’Union; rappelle, à cet égard, sa résolution du 24 octobre 2017 sur les mesures légitimes visant à protéger les lanceurs d’alerte qui divulguent, au nom de l’intérêt public, des informations confidentielles d’entreprises et d’organismes publics(15); fait observer que, selon la communication de la Commission du 23 avril 2018 intitulée «Renforcer la protection des lanceurs d’alerte au niveau de l’UE»(16), seuls dix États membres se sont dotés d’une législation complète pour protéger les lanceurs d’alerte; salue la proposition de la Commission du 23 avril 2018 d’une directive transversale sur la protection des personnes dénonçant les infractions au droit de l’Union(17) et insiste sur l’importance d’un suivi rapide par les colégislateurs, afin que la proposition puisse être adoptée avant la fin de la législature en cours;
29. salue la communication de la Commission du 26 avril 2018 intitulée «Lutter contre la désinformation en ligne: une approche européenne»(18) et les mesures qu’elle contient, qui visent à créer un écosystème en ligne plus transparent, plus fiable et plus responsable, à améliorer la sécurité et la résilience des processus électoraux, à promouvoir l’enseignement et l’éducation aux médias, à accroître le soutien en faveur d’un journalisme de qualité et à renforcer les capacités de communication stratégique de l’Union; exprime sa préoccupation face à la menace potentielle que la notion de fausses informations pourrait entraîner pour la liberté de parole et d’expression et pour l’indépendance des médias, tout en insistant sur les répercussions négatives que la diffusion de fausses nouvelles pourrait avoir sur la qualité du débat politique et sur la participation éclairée des citoyens à la société démocratique; considère que c’est avant tout par le développement de l’éducation et la formation à l’esprit critique que les citoyens peuvent se faire leur propre opinion; souligne que le profilage politique, la désinformation et la manipulation d’informations peuvent être utilisés par des partis politiques et des entités privées ou publiques à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union et peuvent constituer une menace pour les valeurs démocratiques de l’Union, comme lors du scandale Facebook-Cambridge Analytica; invite la Commission à poursuivre ses actions destinées à prévenir de telles pratiques et à garantir la protection des données, la transparence et la cybersécurité;
30. exprime ses préoccupations face aux obstacles que rencontrent les défenseurs des droits de l’homme, y compris les organisations de la société civile qui interviennent dans le domaine des droits fondamentaux et de la démocratie, dans leur travail, notamment des restrictions graves à la liberté d’association et à la liberté d’expression de ces organisations et des citoyens concernés, ainsi que des restrictions en matière de financement; reconnaît le rôle essentiel de ces organisations pour que les droits et valeurs fondamentales deviennent une réalité pour chacun et insiste sur la nécessité de leur permettre d’accomplir leur travail dans un environnement sûr et favorable; s’inquiète de la fermeture de l’espace dévolu à la société civile dans certains États membres; invite l’Union européenne et ses États membres à s’attaquer sans plus attendre aux causes profondes du rétrécissement de cet espace et à défendre les droits fondamentaux; rappelle, comme le souligne la résolution du Parlement européen du 19 avril 2018 sur la nécessité de mettre en place un instrument pour les valeurs européennes(19), qu’il convient de prévoir un financement spécifique pour soutenir les organisations de la société civile qui œuvrent à la promotion des valeurs fondamentales dans l’Union européenne et de prévenir tout détournement de ce financement;
Racisme, xénophobie, discrimination, discours de haine et autres formes d’intolérance
31. insiste sur le fait qu’il convient que l’Union et ses États membres répondent et s’attaquent efficacement au phénomène des incidents discriminatoires et violents contre la scolarisation d’enfants migrants et réfugiés, d’enfants roms et d’enfants appartenant à des groupes minoritaires, à la fois en apportant des réponses juridiques et en encourageant la compréhension mutuelle et la cohésion sociale; encourage les États membres à veiller à ce que les programmes scolaires en vigueur comprennent des mesures efficaces garantissant et encourageant le respect de la diversité, de la compréhension interculturelle et des droits de l’homme; encourage à cette fin les États membres à promouvoir l’éducation inclusive dès le plus jeune âge dans les établissements scolaires;
32. souligne que les violences et les atteintes motivées par le racisme, la xénophobie, l’intolérance religieuse ou par des préjugés à l’encontre du handicap, de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre entrent dans la catégorie des infractions motivées par la haine; condamne tous les types d’infractions motivées par la haine et de discours de haine qui se produisent au quotidien au sein de l’Union européenne et sont désormais banalisés dans certains États membres; dénonce avec la plus grande fermeté la montée en puissance des mouvements d’extrême-droite et s’inquiète de la banalisation des discours de haine imputable à certaines personnalités politiques; demande l’adoption d’une pratique de tolérance zéro à l’égard de tout type de discrimination; invite le Conseil à immédiatement débloquer et conclure les négociations relatives à la directive sur l’égalité de traitement; rappelle que la décision-cadre 2008/913/JAI du Conseil du 28 novembre 2008 sur la lutte contre certaines formes et manifestations de racisme et de xénophobie au moyen du droit pénal, qui aurait dû être mise en œuvre par les États membres au 28 novembre 2010, fournit une base juridique à l’application de sanctions aux personnes morales incitant publiquement à la violence ou à la haine contre un groupe minoritaire;
33. rappelle qu’il convient que les États membres qui enregistrent, recueillent et publient de manière systématique chaque année des données ventilées sur toutes les formes de discrimination et d’infractions motivées par la haine le fassent dans le seul but d’identifier les racines des discriminations et de les combattre, et que ces données soient totalement anonymes afin d’éviter tout profilage ou statistiques dites ethniques, tout en permettant aux États membres, aux côtés d’autres acteurs clés, d’élaborer des réponses juridiques et politiques efficaces et fondées sur des éléments probants à ces phénomènes; rappelle que toute collecte de donnée doit se faire dans le respect des cadres juridiques nationaux et de la législation de l’Union européenne en matière de protection des données; se félicite de l’élaboration, par le groupe de haut niveau sur le racisme, la xénophobie et d’autres formes d’intolérance, de principes directeurs sur les infractions motivées par la haine à l’intention des services répressifs et des autorités judiciaires pénales, ainsi que sur l’accès à la justice, la protection et le soutien des victimes de ces infractions; réaffirme que la manipulation psychologique d’enfants, le cyberharcèlement et la vengeance pornographique constituent de nouvelles formes d’infractions en ligne et peuvent avoir des incidences extrêmement graves, notamment chez les jeunes et les enfants; rappelle à cet égard la nécessité de l’éducation aux médias et à l’information, notamment pour les enfants, en vue d’une utilisation responsable de l’internet; exprime son inquiétude devant la rareté des signalements par les victimes d’infractions motivées par la haine, due à l’inadaptation des protections et à l’incapacité des autorités à enquêter correctement et à prononcer des condamnations lorsque de telles infractions sont commises au sein des États membres; insiste, par conséquent, sur la nécessité d’encourager les victimes à signaler les infractions motivées par la haine et les discriminations et à accorder à ces personnes une protection et un soutien adéquats;
34. invite les États membres à poursuivre leurs efforts pour assurer l’application pratique effective de la directive 2000/43/CE du Conseil relative à la mise en œuvre du principe de l’égalité de traitement entre les personnes sans distinction de race ou d’origine ethnique (directive sur l’égalité raciale)(20) et la mise en œuvre effective de la décision-cadre sur le racisme et la xénophobie afin de lutter contre les discriminations persistantes à l’encontre des Roms, et contre l’antisémitisme, l’islamophobie, l’afrophobie, l’antitsiganisme et l’aporophobie; souligne que les États membres devraient revoir leurs stratégies nationales en matière d’intégration et les modifier si nécessaire afin de garantir à toute personne la possibilité réelle de participer de façon effective au processus d’intégration, par la promotion et la protection de ses droits fondamentaux;
35. s’inquiète de n’avoir constaté aucune amélioration notable en 2017 dans la réalisation des objectifs des stratégies nationales d’intégration des Roms; souligne que les ressources des Fonds structurels et d’investissement européens (Fonds ESI) ne sont pas liées aux stratégies nationales d’intégration des Roms et profitent rarement aux Roms; condamne la discrimination, la ségrégation, les discours de haine, les infractions motivées par la haine et l’exclusion sociale vécus par les Roms; condamne les discriminations qui persistent à l’encontre des Roms dans l’accès au logement (notamment les expulsions), l’accès aux soins de santé, l’éducation, le marché du travail, la justice et l’égalité devant la loi; attire l’attention sur la grande vulnérabilité des enfants et femmes roms;
36. déplore qu’en 2017, des personnes LGBTI aient encore été victimes de persécutions, de harcèlement et de violence et aient été confrontées à des discriminations multiples et à la haine, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé, du logement et de l’emploi; est préoccupé par la stigmatisation, la violence et la discrimination fondées sur le genre que continuent de subir les personnes LGBTI ainsi que par le manque de connaissances et d’interventions des autorités répressives, en particulier par rapport aux personnes transgenres et aux personnes LGBTI marginalisées, et encourage les États membres à adopter des lois et des politiques pour lutter contre l’homophobie et la transphobie; condamne avec force la promotion et la pratique de thérapies de conversion pour les personnes LGBTI et encourage les États membres à ériger ces pratiques en infractions pénales; condamne également avec force la pathologisation des identités transsexuelles et intersexuées; rappelle que la lutte contre la violence liée à l’identité de genre, à l’expression du genre, aux caractéristiques sexuelles ou à l’orientation sexuelle d’une personne relève des compétences de l’Union en matière de violence fondée sur le genre; demande à la Commission d’intégrer la dimension de l’identité de genre à son champ de compétences; prie instamment tous les États membres d’adopter des mesures pour faire respecter et défendre de manière similaire les droits à l’identité de genre, à l’expression du genre, à l’intégrité physique et à l’autodétermination; invite les États membres à mettre à jour leurs codes pénaux conformément à la directive sur l’égalité des races; estime que l’orientation sexuelle et le handicap devraient tous deux figurer dans toute liste des caractéristiques protégées contre la discrimination; se félicite de la mise en œuvre de certaines des mesures figurant sur la liste d’actions de la Commission pour promouvoir l’égalité en faveur des personnes LGBTI (2014-2019); invite la Commission à maintenir sa planification pluriannuelle ambitieuse en la matière, en étroite coopération avec les organisations de la société civile actives dans ce domaine;
37. souligne la nécessité de lutter contre la discrimination à l’encontre des minorités religieuses; s’inquiète de la montée de l’antisémitisme et de l’islamophobie; insiste sur le fait que les discours de haine et les infractions motivées par la haine doivent être combattus afin de lutter contre la multiplication et la radicalisation des racistes et des xénophobes, et rappelle que le racisme et la xénophobie sont des infractions et non des opinions;
38. rappelle que la convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées est un traité international juridiquement contraignant, signé et ratifié par l’Union et actuellement mis en œuvre dans le cadre de la stratégie européenne 2010-2020 en faveur des personnes handicapées, dont l’objectif est de garantir l’égalité des chances en matière d’accessibilité, de participation, d’égalité, d’emploi, d’éducation et de formation, de protection sociale, de santé et d’action extérieure de l’Union; souligne que, dans son rapport de février 2017 sur la mise en œuvre de la stratégie européenne en faveur des personnes handicapées, la Commission relève que, malgré les progrès accomplis, en particulier grâce à l’acte législatif européen sur l’accessibilité proposé en 2015, les personnes handicapées sont encore défavorisées et discriminées en matière d’emploi, d’éducation et d’inclusion sociale; souligne à cet égard que les objectifs de la stratégie restent d’actualité, que des actions spécifiques sont prévues pour la période 2017-2020 et que la résolution du Parlement du 30 novembre 2017 sur la mise en œuvre de la stratégie européenne en faveur des personnes handicapées(21) recommandait des exigences contraignantes en matière d’accessibilité des espaces publics, un pourcentage minimal pour l’emploi des personnes handicapées, des garanties en faveur d’une éducation ouverte à tous, y compris l’accès à des initiatives telles qu’Erasmus+, et une attention particulière portée aux femmes et aux enfants handicapés;
39. invite tous les États membres à concevoir un plan national de lutte contre toutes les formes de violence à l’égard des enfants; demande une nouvelle fois à la Commission de renouveler son engagement à présenter un nouveau programme de l’Union européenne en matière de droits des enfants et une nouvelle stratégie sur les droits des enfants, ainsi que de tenir compte des droits des enfants dans toutes les politiques, actes législatifs et décisions financières de l’Union et lors de la programmation et de la mise en œuvre des politiques régionales et de cohésion;
40. déplore les discriminations multiples et intersectionnelles auxquelles sont confrontées les personnes âgées dans une société européenne vieillissante; invite les autorités publiques de tous les niveaux à mieux intégrer cette dimension lors de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques, y compris dans la mise en œuvre du socle européen des droits sociaux;
41. considère que l’évolution rapide du monde numérique requiert une protection plus efficace des données à caractère personnel et de la vie privée; souligne que si l’internet et les autres médias sociaux sont de formidables outils de communication, qui servent notamment de sources d’information pour les citoyens, ils peuvent aussi être utilisés comme des outils technologiques de contrôle de la société civile et menacer les groupes vulnérables, notamment les enfants et les femmes, en particulier par la traque furtive, le harcèlement et la publication de photos à caractère sexuel ou de personnes nues sans consentement; invite les États membres à garantir le droit de recevoir et de diffuser des informations conformément à l’article 11 de la charte, par une approche équilibrée de la réglementation des contenus en ligne; prend acte de la proposition de la Commission d’un règlement pour prévenir la diffusion de contenus terroristes en ligne et invite le Conseil et le Parlement à travailler sur le texte afin de garantir l’existence d’un contrôle par la justice des décisions de suppression d’un contenu en ligne;
Rôle et mandat de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne
42. se réjouit des conclusions encourageantes de la deuxième évaluation externe indépendante de l’Agence des droits fondamentaux pour la période 2013-2017 (rendue en octobre 2017), ainsi que des recommandations du conseil d’administration de l’Agence qui y sont associées;
43. se réjouit du travail opérationnel réalisé par l’Agence dans différents domaines, par exemple aux points d’accès pour les migrants en Grèce et en Italie, ainsi que de ses activités de sensibilisation et de formation en matière de droits de l’homme; demande que la mission statutaire globale de l’Agence soit élargie pour comprendre la mission opérationnelle de fournir une assistance technique, des formations et un renforcement des capacités en ce qui concerne les questions liées aux droits fondamentaux aux institutions, organes et organismes de l’Union, ainsi qu’aux États membres lorsqu’ils appliquent le droit de l’Union;
44. prend acte des avis émis par l’Agence des droits fondamentaux et encourage vivement les États membres à prendre en considération et mettre en œuvre les recommandations de l’Agence afin de garantir le strict respect des droits fondamentaux au sein de l’Union européenne;
45. demande une nouvelle fois l’harmonisation du mandat de l’Agence avec le traité de Lisbonne, y compris par la mention explicite du fait que la coopération policière et judiciaire entre dans le champ du règlement portant création de l’Agence;
46. salue les avis rendus par l’Agence des droits fondamentaux sur les propositions et projets d’actes législatifs européens et approuve la position de son conseil d’administration selon laquelle, lorsque le législateur de l’Union européenne traite de dossiers législatifs qui soulèvent des questions touchant aux droits fondamentaux, il convient que l’Agence puisse apporter son assistance et son analyse si et lorsque cela est nécessaire, et non uniquement sur demande officielle, et que, afin de profiter pleinement de l’analyse de l’Agence dans le processus législatif, le règlement portant création de celle-ci devrait lui permettre de rendre de sa propre initiative des avis non contraignants sur les propositions ou projets d’actes législatifs de l’Union;
47. est d’avis que les institutions de l’Union devraient prévoir des formes renforcées de consultation, d’analyse d’impact et de contrôle juridique, y compris en demandant des conseils à des organismes spécialisés indépendants, tels que l’Agence des droits fondamentaux, dès lors qu’un dossier législatif est susceptible d’avoir des incidences soit favorables, soit préjudiciables sur les droits fondamentaux; estime, à cet égard, qu’une consultation plus régulière de l’Agence des droits fondamentaux pourrait être prévue dans une version révisée de l’accord interinstitutionnel «Mieux légiférer»;
48. recommande aux législateurs de l’Union de solliciter les conseils externes et indépendants de l’Agence des droits fondamentaux en matière de droits de l’homme dès lors qu’un dossier législatif suscite des inquiétudes sérieuses en matière de droits fondamentaux; demande que la Commission veille à ce que l’Agence bénéficie des mécanismes ad hoc lui permettant de remplir l’intégralité de sa mission;
o o o
49. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission.
Rapport de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions, Commission européenne, https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:52018DC0396&from=FR
Rapport sur les droits fondamentaux 2017, Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne, http://fra.europa.eu/en/publication/2017/fundamental-rights-report-2017