Verdissement d’image – les tactiques trompeuses qui se cachent derrière les affirmations environnementales

Le verdissement d’image constitue un obstacle important à la lutte contre les changements climatiques. En faisant croire au public qu’une entreprise ou une autre entité fait plus pour protéger l’environnement qu’elle ne le fait, le verdissement d’image favorise de fausses solutions à la crise climatique qui détournent l’attention d’une action concrète et crédible et la retardent.

Le verdissement d’image se manifeste de plusieurs manières, certaines plus évidentes que d’autres. Les tactiques sont les suivantes :

  • Prétendre être sur la bonne voie pour réduire les émissions polluantes d’une entreprise à zéro émission nette alors qu’aucun plan crédible n’est réellement en place.
  • Être délibérément vague ou imprécis sur les activités d’une entreprise ou les matériaux utilisés.
  • L’utilisation d’étiquettes intentionnellement trompeuses telles que « vert » ou « respectueux de l’environnement », qui n’ont pas de définition standard et peuvent être facilement mal interprétées.
  • Laisser entendre qu’une amélioration mineure a un impact majeur ou promouvoir un produit qui répond aux exigences réglementaires minimales comme s’il était nettement meilleur que la norme.
  • Mettre l’accent sur un seul attribut environnemental tout en ignorant les autres impacts.
  • Prétendre éviter des pratiques illégales ou non standard qui ne sont pas pertinentes pour un produit.
  • Communiquer les caractéristiques de durabilité d’un produit indépendamment des activités de la marque (et vice versa) – par exemple, un vêtement fabriqué à partir de matériaux recyclés, mais produit dans une usine à fortes émissions qui pollue l’air et les cours d’eau avoisinants.

 

Pourquoi se préoccuper du verdissement d’image et quel est son rapport avec le changement climatique ?

Les données scientifiques sont sans équivoques ; les émissions de gaz à effet de serre, tels que le carbone et le méthane, provenant des activités humaines enveloppent la Terre d’une couverture de pollution qui a réchauffé la planète et entraîné de graves conséquences telles que des tempêtes plus intenses, des sécheresses, des inondations et des incendies de forêt.

Pour limiter les changements climatiques et préserver une planète vivable, les émissions doivent être réduites de près de moitié d’ici à 2030 et ramenées à un niveau net nul d’ici à 2050. Chaque fraction de degré de réchauffement compte et, comme l’a dit l’ancien président du groupe d’experts de haut niveau sur les engagements des entités non étatiques en matière d’émissions nettes zéro, « la planète ne peut pas se permettre de retards, d’excuses ou d’autres opérations de verdissement d’image ».

Le verdissement d’image sape les efforts crédibles de réduction des émissions et de lutte contre la crise climatique. En usant d’un marketing trompeur et de fausses affirmations de durabilité, le verdissement d’image induit en erreur les consommateurs, les investisseurs et le public, entravant la confiance, l’ambition et l’action nécessaires pour provoquer un changement global et garantir une planète durable.

 

Une pancarte lors d'une manifestation, sur laquelle est écrit en anglais "la planète au-dessus des profits"

 

Comment l’Organisation des Nations Unis s’attaque-elle au verdissement d’image ?

Depuis l’adoption de l’Accord de Paris en 2015, un nombre croissant d’entreprises se sont engagées à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre jusqu’à zéro émission nette – un niveau où toute émission restante serait absorbée par les forêts, l’océan ou d’autres « puits de carbone ». Toutefois, ces affirmations sont souvent fondées sur des plans discutables, notamment la compensation (« offsetting ») des émissions et l’« insetting », plutôt que sur des réductions réelles des émissions. Ainsi, la transparence et l’intégrité de ces affirmations restent extrêmement faibles et risquent de créer une incapacité à mettre en œuvre une action urgente en faveur du climatique.

En réponse à l’augmentation du verdissement d’image dans les promesses de zéro émission nette, le Secrétaire général a créé un Groupe d’experts de haut niveau chargé d’élaborer des normes plus strictes et plus claires pour les promesses de zéro émission nette des entreprises, des institutions financières, des villes et des régions, et d’accélérer leur mise en œuvre. Dans son rapport intitulé « Integrity Matters », le groupe d’experts a formulé dix recommandations pour des engagements crédibles et responsables en faveur de l’objectif « zéro émission nette » et a fourni une description détaillée des éléments à prendre en compte à chaque étape pour atteindre l’objectif « zéro émission nette » et faire face à la crise climatique. Une liste de contrôle à l’intention des entreprises est disponible ici.

 

A quote by Catherine Mckenna, chair of the High Level expert group on net zero emissons. Saying To avert a climate catastophe, we need bold pledges but matched by concrete, measurable action

 

À la suite de ce rapport, ONU Climat a publié un cadre de reconnaissance et de responsabilité ainsi qu’un projet de plan de mise en œuvre afin de commencer à mettre en œuvre les recommandations du groupe d’experts, d’améliorer la transparence et de renforcer au maximum la crédibilité des promesses, des plans et des progrès de la transition en matière d’action climatique.

Afin d’accélérer l’action et d’obtenir un retour d’information de la part des « premiers à se mobiliser pour agir afin de faire bouger les lignes », le Secrétaire général des Nations Unies organise un sommet sur l’ambition climatique au siège de l’Organisation à New York le 20 septembre 2023. Ce sommet comportera trois volets : l’ambition, la crédibilité et la mise en œuvre. Il ne laisse « aucune place à ceux qui marchent à contre-courant, aux écologistes de façade, à ceux qui rejettent la faute sur autrui ou à ceux qui reconditionnent les annonces des années précédentes ».

 

Que faire ?

  • En savoir plus : en tant que consommateur, il est essentiel de comprendre les tactiques courantes de verdissement d’image et ce qui constitue des pratiques et des produits durables pour reconnaître et éviter cette pratique.
  • Dépensez judicieusement : dans la mesure du possible, prenez le temps de rechercher et de choisir des produits provenant d’entreprises qui utilisent les ressources de manière responsable et qui s’engagent à réduire leurs émissions et leurs déchets. Pour commencer vos recherches, vérifiez si la société s’aligne sur l’une des initiatives de l’ONU en matière de climat et de développement durable, telles que la campagne Objectif zéro de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ou la Charte de l’industrie de la mode pour l’action climatique, et l’Alliance des Nations Unies pour une mode durable, entre autres.
  • Tenir compte du cycle de vie d’un produit : lors de l’évaluation d’un produit, il est essentiel de tenir compte de l’ensemble de son cycle de vie, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à son élimination finale, tout en prenant également en considération les conséquences environnementales associées à ses matériaux et à son emballage.
  • Rechercher la transparence et la responsabilité : il est souvent difficile de savoir si les sociétés sont sur la bonne voie pour respecter leurs engagements en matière de zéro émission nette, et l’absence de données normalisées et comparables rend difficile l’évaluation des progrès. Les normes et critères de crédibilité soutenus par l’ONU permettent de récompenser les entités de premier plan qui prennent des mesures audacieuses et crédibles.

Pour plus de conseils sur les actions que vous pouvez entreprendre pour une planète saine, consultez la campagne Agissons.

 

 

 Gros plan sur l’industrie de la mode

En raison de l’extraction des matières premières, des longues chaînes d’approvisionnement et de la production à forte intensité énergétique, l’industrie de la mode est responsable de 2 à 8 % des émissions mondiales de carbone (à titre de comparaison, l’industrie du transport maritime et de l’aviation combinée représente environ 5 % des émissions mondiales).

Des efforts considérables sont déployés pour réduire la pollution de l’industrie de la mode, notamment grâce à la Charte de l’industrie de la mode soutenue par les Nations Unies, mais le verdissement d’image reste un défi. Il ressort d’un rapport récent que 60 % des déclarations de durabilité des géants européens de la mode sont « non fondées » et « trompeuses ». Il en résulte une certaine confusion pour les consommateurs et une méfiance croissante à l’égard de ce qui est ou n’est pas durable.

Mais avec l’un des moteurs de marketing les plus influents de la planète, l’industrie de la mode a le potentiel de conduire des changements positifs et d’impulser la marche vers un avenir plus durable, à la fois par l’action et par la communication. Le « Sustainable Fashion Communication Playbook » est un guide destiné aux communicateurs de la mode – marketeurs, responsables de marques, créateurs d’images, médias, influenceurs et autres – pour aider à contrer le verdissement d’image et à progresser vers l’Accord de Paris et les objectifs de développement durable.

 

 

En savoir plus…

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