12 juillet 2022

En mars 2022, le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, António Guterres, a nommé un groupe diversifié d’experts afin d’aider les acteurs non étatiques, y compris les entreprises, les investisseurs et les villes et régions à « [tenir] parole quant à [leurs] promesses [pour atteindre zéro émission nette] ».

À l’appui de l’appel du Secrétaire général à des engagements de zéro émission nette plus audacieux assortis d’actions concrètes, les dix-huit membres du Groupe d’experts de haut niveau sur les engagements de zéro émission nette des entités non étatiques, qui rassemble des experts d’un large éventail de secteurs tels que les entreprises, les banques, les groupes de réflexion et les universités, ont été chargés d’élaborer des normes plus strictes et plus claires, ainsi que des critères d’évaluation des engagements des acteurs non étatiques à atteindre zéro émission nette.

 

 
 

 

« Malgré la multiplication des promesses d’action climatique, les émissions mondiales ont atteint un niveau record. Elles continuent de progresser. Pour éviter une catastrophe climatique, nous avons besoin d’engagements audacieux accompagnés d’actions concrètes, [mesurables]. Des normes zéro net plus strictes et une responsabilité renforcée autour de la mise en œuvre de ces engagements peuvent entraîner des réductions d’émissions réelles et immédiates », a déclaré le Secrétaire général, soulignant le travail essentiel du groupe.

Dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat, accord décisif adopté en 2015, les pays ont convenu de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C pour éviter les pires répercussions du changement climatique et maintenir une planète habitable. Aujourd’hui, la planète est environ 1,2 °C plus chaude qu’elle ne l’était à la fin du XIXe siècle, un écart qui devrait plus que doubler la limite de 1,5 °C d’ici la fin du siècle.

« Mais cela ne concerne pas seulement les gouvernements », déclare la Présidente du Groupe d’experts, Catherine McKenna, ancienne ministre canadienne de l’Environnement et des Changements climatiques, au sujet de la responsabilité d’agir.

« Cela concerne aussi les acteurs non étatiques. Qui sont-ils ? Ce sont des entreprises, ce sont des banques [et des investisseurs], ce sont des villes [et] ce sont des régions. Et ils ont tous un rôle très important à jouer. Et je pense que c’est le véritable message auquel nous devons tous réfléchir au sujet du changement climatique : l’Accord de Paris concernait certes les pays, mais c’est tous ensemble que nous devons agir afin de pouvoir nous assurer d’avoir une planète sûre. »

Afin de limiter le réchauffement climatique, les émissions de gaz à effet de serre doivent d’abord cesser d’augmenter et commencer à baisser de toute urgence, en diminuant de 45 % d’ici 2030 et en atteignant zéro émission nette d’ici 2050, ce qui signifie réduire les émissions aussi près que possible de zéro et s’assurer que les émissions restantes sont absorbées de l’atmosphère par les puits de carbone de la planète tels que les océans et les forêts.

« Donc, si vous êtes une entreprise et que vous dites : “Salut le monde, j’atteindrai zéro émission nette d’ici 2050”, les gens ont besoin d’y croire. Et c’est pour cela que la chose qui inquiète le plus le Secrétaire général, c’est ce qu’on appelle l’“écoblanchiment”. Les gens annoncent des engagements qui sonnent vraiment bien. Mais si vous creusez un peu, il n’y a pas d’actions, et notamment il n’y a pas d’actions immédiates. »

En fin de compte, tous les engagements de zéro émission nette, qu’ils émanent des gouvernements ou des entreprises, doivent être ambitieux et crédibles, respecter les normes les plus élevées d’intégrité environnementale, conduire à des actions concrètes et mesurables et entraîner des réductions d’émissions réelles et immédiates.

« La bonne nouvelle à propos du changement climatique, c’est que nous connaissons beaucoup de solutions, mais nous devons nous assurer de les adopter. Prenons l’exemple de l’énergie renouvelable : nous devons faire un choix. Et en ce moment, avec la guerre en Ukraine, c’est très compliqué. Comment s’assure-t-on, à mesure que certains pays s’éloignent du gaz russe et doivent faire d’autres choix, qu’on ne reste pas bloqués sur les infrastructures de combustibles fossiles ? Cela aurait pour conséquence de rendre impossible la lutte contre le changement climatique, de rendre impossible le fait d’être à la hauteur de la science et de ses exigences. »

La transition vers un monde à zéro émission nette est l’un des plus grands défis de notre époque. Elle n’appelle rien de moins qu’une transformation complète de la façon dont nous produisons, dont nous consommons et dont nous nous déplaçons. Les gouvernements ont peut-être la part du lion de la responsabilité en ce qui concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais chacun a un rôle à jouer pour éviter les pires effets du changement climatique et mettre le monde sur la voie d’un avenir plus sûr et plus sain.

« Nous pouvons lutter contre le changement climatique ; tout ce que nous avons à faire, c’est changer notre façon de voir les choses. Nous devons arrêter de considérer cette lutte comme un problème pour 2050. Et nous pouvons y arriver. Il ne s’agit pas seulement de moi, il ne s’agit pas seulement de notre groupe de travail [groupe d’experts], il ne s’agit pas seulement du Secrétaire général : il faut que tout le monde reconnaisse que nous sommes tous dans le même bateau », déclare Catherine McKenna.

Dans le cadre de ses efforts de transparence et d’inclusivité, le Groupe d’experts sollicite l’avis de personnes de tous les secteurs de la société dans le monde entier sur des domaines critiques afin d’améliorer la crédibilité des engagements de zéro émission nette et d’assurer l’intégrité environnementale, y compris par l’établissement de normes claires et concrètes pour les objectifs de réduction des émissions, de mesures de transition ainsi que de mécanismes de vérification, de plans de mise en œuvre pour atteindre zéro émission nette d’ici 2050 et de possibilités de réglementation. Cet appel à contributions écrites du public sera ouvert jusqu’à la fin du mois d’août 2022.

« Selon vous, que doit-il se passer pour garantir que non seulement ces promesses sont crédibles, mais aussi qu’elles se traduisent par des actions concrètes ? C’est seulement comme ça qu’on arrivera à proposer au Secrétaire général des recommandations solides qui pourront changer les choses : en écoutant des gens parler des problèmes qui les préoccupent et des liens entre ces problèmes », ajoute Catherine McKenna.